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Bulletin SAF 1893


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Le mobilier et le vêtement dans la classe rurale aux environs de Quimper au XVIIè siècle

Abbé Favé

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XXI.

AUX ENVIRONS DE QUIMPER AU XVII' SIÊCLE,
Hervé Lizien, fils de Guillaume et de Jeanne Lamézec,
naquit, le 10 mai 1646,- au MélenTlec, paroisse d'Ergl).é-,.
Gaberic. Quand il fut fiancé, à l'âge de 11 ans, il habitait
avec sa mère à Kervaval, trève de Langolen, chez Yves
Barré, son second époux. Le contrat fut rédigé le 1 février
1657. La future était Marie Lozac'h, fille de Guillaume
Lozac'h et de Clémence Le Hénaff, (1) demeurant au village
de Trégagué, en Briec. Elle recevait~ en entrant en ménage,
3,000 livres tournois, pour « tenir lieu d'héritage )) et 100
livres de meubles : teneure ordinaire des conditions des
contrats de mariage que nous possédons sur cette époque et
sur cett.e elasse rurale, en voie d'arriver, par une évolution
lente et sùre, à la grande aisance et à une certaine influence
sociale. Quoiqu'il en soit, Hervé Lizien ne se maria que le
31 juillet 1662.
Sa belle-mère, Clémence Le HénafI, avait épousé en pre­
mières noces Michel Le Berre, veuf de Catherine Le Pétillon,
et son frère Yves du Guellen, était resté tuteur et garde de
ses enfants mi!leurs.
A la mort de Michel Le Berre, elle unit son sort à celui de
Guillaume Lûzac'h et ils donnèrent le jour à Marie, femme
d'Hervé Lizien.
(1) Inutile de faire observer que déjà l'article breton An avait été tra­
Lp., dans les noms. Brizeux a dit, à ce suje t :
duit par
Lâches et traitres,
Nous avons oublié les noms de nos ancètres.

A la mort de la Hénaff, deux curatel~rs se trouvèrent en pré­
sence: Pétillon, tuteur des enfants du premier lit, et Lizien,
comme garde des intérêts du fils de Marie. Lozac'h. A leur
!'cquête est rendue une sentence de la Cour et Présidial de
Quimper, du 30 avril 1678, autorisant et ordonnant la vente
des meubles provenant de la succession de Lozac'h et de sa
seGonde femme au profit des ayant-droits.
Date est prise pOUl' le 5 mai pour vaquer à la vente, par
l'office de Me Alain Dumoulin, commis-greffier du siège,
.demeurant en la Rue obscure, paroisse de Saint· René. A
neuf heures du matin, il est à Trégagué, accompagné de
de Glezean Couran, crieur publir. à l'occasion, en même
temps que sonneur de cloches au bourg d'Ergué-Gabéric, et
en plus de Vincent Le Houx, du bourg de Briec, faisant fonc­
tion de priseur. Intel'pellation est faite aux int.éressés s'ils
consentent à la vente · aux termes de leur demande et de la
sentence du Présidial, en présence de Jan Moisan, de la pa­
roisse de Landervast (Landrévarzec), et de Mre Hervé Gillard,
prêtre, demeurant auq paruisse de Grégoberic. Les deux
fautes vénielles que nous relevons en deux lignes sur la mi-

nute de l'honorable greffier semblaient indiquer où une dis-
traction de sa plume, où son peu de pratique du pays et de
sa prononciation parfois défectueuse.
La vente prit trois vacations. Le 5 mai, « obstant la nuict
« estant survenu », elle est remise à neuf heures du matin, le
lendemain, tandis qu'avec Pétillon et Lizien, Greflier reste
à Trégagué prendre son logis, chez Guillaume Le Berre,
fils aîné et majeur de la défunte.
Le 6, les opérations repl'ennent jusqu'au soir, où « la nuit
« estant » encore « survenu et l'heure de· six heures est.ant
« marqué au cadran au-dessus de la porte de la maison)). Ce .
il va prendre gîte au manoir de Kerholenen: pour s'en
soir,
retourner le lendemain à Quimper, assignallt la reprise de
la vente au 9 mai. A~ jour fixé, il est à son poste jusqu'au

moment où il lit six heures du soir sur le cadran solaire, et
se retire à Quimper, en remettant le rendez-vous au vendredi
13 mai.
supposer, avec les données
Hien de plus plausible que de
de l'almanach, que les fêtes de l'Ascension vinrent s'inter-
caler entre la date du 6 et du 13 mai. .
450 et ..... livres tournois furent payées au comptant par
les enchérisseurs; l'estait dû : 838 L. 8 s. 9 d. (c sauf erreur:
(c de gist et de calcul. » "
Le soir de chaque journée se présentait une formalité à
remplir: c'était la signature au bas des écritures et comptes
à donner par les parties illtéressées : ni l'une ni l'autre
-d'elles ne peut répondre à l'invitation faite, mais l'un'e
trouve pour l'éluder une formule charmante de naïveté et
d'amour-propre, que consigne gravement le procès-verbal:
(C ..... lequel desclarant ne vouloir signer quoyqu'il sçait
«( lire et escrire toutte sorte d'escriptures, m,lis n'avoir
« Jamols stgner. »
Les preneurs sont gens de qualité (tuel a stad) qui ne
dédaignent pas de faire quelqu'acquisition avantageuse,
.comme le sieur Thomas Calvez, du bonrg de Briec. M: Je
recteur de Briec consent à mettre trois sols dans « deux
. .Iailly fausilles. » Mademoiselle de Kergrois achète quarante-
deux sols une pièce do toile de lin et deux serviettes.
Messire Hervé Le Berre prend a quarante-deux livres
(c une grande paire d'armoires à deux pandeaux de bois de
c( chaisne » • . Messire François Gourlay, prêtre, donne qua­
rante-deux livres quinze sols d'une (c demy douzaine de ser­
( viettes de toile de lin tout neuf et deux sourdoreilliers
(( (sous oreillers) de mesme toile. »
. Messire Hervé Gillard achète huit aunes de toile de lin,
tandis que la noble dame de Kerabezan se voit adjuger plu­
sieurs lots de linceuls de fil de chanvre et de lin et en plus,
pour un sol, de même que la demoiselle de Kergouraz Le

Gac «( un petit bonet de dantelle ». Une bonne bourgeoise de
la ville de Quimper-Corentin jette son dévolu sur « un failly
«( curedan et dhoreille (à forme d'étoile de mer?) estans d'ar­
'« gent, pour cinq sols». Elle s'appelait Marie Gourvest.
La cuisine est la pièce importante de la place: là, l'hospi­
talité bretonne se montre aussi affable que digne: là est le
foyer, la pierre angulaire de la maison, l'indice de la fixité
du domicile. C'est là que l'on s'assemble pour le repas et la
veillée et là aussi qu'il fait plus chaud pour dormir et en-
tendre la bise souffier au dehors. .
C'est par cette pièce, du reste, que Maître Alain Dumoulin .
commence ses prudentes investigations et va nous initier à
la composition du mobilier meublant de son temps.
La « chaire de chaisne » patriarcale est allouée à Messire
Hervé Le Berre pour douze sols. C'est le fauteuil rustique
sans doute trouvé près du foyer. La « table coulante de
({ chesne avec ses deux escabeaux aussy de chesne » est
abandonné à six livres cinq sols. Le grand lit clos « bois de
« chesne près de la fenestre» est acheté dix livres quiilze
sols. Un autre meuble de chêne dans la cuisine quatre livres;
- une « grande paire d'armoires à deux pandeaux de chaîne
« garnye de la serrure, treize livres; une autre « grande
« paire d'armoires de chaisne à deux estaig'es estant dans la
« cuisine et estant sans cleff », cinq livres quinze sols;
une table de divers bois, huit livres deux sols.
Dans les autres parties de la maison se trouve:
Un lit clos de bois de chêne tout neuf: 17 livres 5 sols.
Un « grand lit clos de bois de chesne fassonné, ayant un
«( bancq y attaché aussy, de chesne» : 6 livres 10 sols.
Un « grand coffre bois de chesne garny de sa serrure et
(c cleff, lequel costé fassùnné » : 5 livres 5 sols.
Un « cha vas (?) de chaisne » : 30 sols.
Un «( grand grenier de chaisne ayant un combouet au mi­
lieu» : 9 livres 7 sols 6 deniers ,

Une « table de longes (?) de divers bois» : 8 livres 2 sols
6 deniers.
Un « petit lict d'esclipes estant à vides » : 7 livres 6 deniers.
Une « failly table de b (( et cleff » : 9 livres 8 sols.
Un « coffre neuf de bois de chaisne » : 8 livres 5 sols.
Une , table à charpentier. 1)
Ce qui ressort de ce rapide coup d'œil sur l'iillventaire que
nous examinons, c'est que, pour l'époque, ces paysans dè
Trégagué, en Briec, jouissaient d'un confortable relatif.
Voyez le mobilier et le train de vie qu'on y mène; comme
nous le verrons plus bas, ce sont presque ces gentilshommes
dont la vie est aussi simple que celle du domanier. Sur la
porte de la cour du do manier mettez un bois de cerf, des
pieds de chevreuil ou de loup, accompagnés d'oiseaux de
proie les ailes étendues, et l'illusion sera encore plus grande.
Que dire de particulier au sujet des armoires, bahuts et
lits clos, dont nous venons de faire une nomenclature quel­
conque? Le costume a varié, au moins tous les soixante ans,
dans quelques détails, « le meuble» est resté ce qu'il était
à l'époque où Me Dumoulin, commis au greffe, inventoriait
Trégagué.
Nous avons des meubles datés, portant le plus souvent les
noms des premiers propriétaires; et, depuis deux cents ans,
les mêmes sont restés, ou ceux qui les remplacent les imi­
tent, les copient servilement. Comme si le travail était fait
en Annnam, toujours les mêmes motifs: vigne, oiseaux, sei­
gneurs du temps du Roi-soleil, en perruques aussi ébourif­
fées qu'ébouriffantes, chassant avec des fusils dont la crosse
est celle d'un pistolet, le tout répété sur deux panneaux; ou
bien encore, ce qu'on rencontre souvent, un évêque mitré et
. crossé à cheval sur un quadrupède qui semble, de près ou
de loin, congénère du cerf. La seule modification que l'on
ait apporté, c'est d'agrémenter ces meubles originaux de

clous de fauteuil; c'est ai,nsi que les seigneurs de Louis XIV,
dont nous parlons, jouisseut désormais, dans la copie qu'en
font nos sculpteurs rustiques, d'un clou planté dans l'arcade
sourcilière et qui représente un œil. .
La cuisine:
Trégagué accuse quatre bassins d'airain, dont deux à
mettre du lait.
Plus un « autre bassin d'airain ayant une boucle, ' plus un
.« de deux barattées », etc ... ; en tout huit bassins d'airain.
« Trois g·allettouères.
« Deux sacs à sas. Un ribot de terre.
« Trois barattes. Un grand pot de fer: 2 livres 5 sols.
I( Un grand trépier et une crémaillière de fer: 25 sols.
« Un grand pot de terre à mettre de la farine.
CI. Un petit pot de fer.

Il Un devidouer à dévider de fill.
« Une petite poile à frire. Deux pots de quarle d'estain.
« Un grand cous1eau à deux manches de boyé. Une
« lanterne de fer blancq tout failly. U ne petite bouteille
« de terre à mettre du vinaigre. Une petite quélorne ser­
« vant à mestre de la patte pour faire de la bouly.
, « Un grand chandelier de quivre adjugé pour 27 sols 6 de-

« nwrs. »
Notons que le chandelier de cuivre est une des marques
d'aisance et de qualité de la maiSOJl où on la trouve. Trois
plats d'estain, mais dont deux, avouons-le, ' sont qua­
lifiés « failly ,).
« Un beurrier d'estain commun » : 17 sols.
On peut s'étonner du peu de vaisselle d'étain à Trégagué ;
lorsque Hervé Lizien mourut, en janvier 1693, il laissait

« cincq assiettes d'estain pour [13 sols 6 deniers. »
Il semble, d'après les inventaires postérieurs aux dates
que nous avons en vue (1678-1693), que la vaisselle d'étain
dans les ventes mobilières étaient cotée et prisée d'après le

poids vénal. Nous n'en citerons qu'un exemple entre cent:
Messire Jean Edy, recteur d'Ergué-Gabéric, meurt en 1748,
laissant entre choses: « 43 assiettes d'estain pesant ensemble
« 113 livres, vendues 87 livres. »
La principale branche de culture était celle des plantes
textiles, jusqu'aux premières années du XVIIIe siècle, où la
crise se fit sentir, pour plusieurs raisons, dans · cette in­
dustrie. 11 n'y a donc pas à s'étonner de trouVel!, en 1678, à
Trégagüé, en toiles non ouvrées, une valeur de cent aunes
de toile de lin. Dans la réserve faite pour le ménage on
trouve: « 33 aunes de toile d'estoupes SUl' chanvre pour 22
livres 5 sols 6 deniers; 16 aunes 1/2 de toile de lin sur chan­
vre, etc.; en outre, plusieurs lots de fil de lin blanc, vendus
14 livres, et une énorme quantité de fil d'étoupes.
La villageoise de Trégagué avait encore dans ses armoires,
mais non coupés, taillés ou travaillés: « 1 aune 1/2 de Londres
« rouge: 4 livres 10 sols; 3 aunes de charge de tannée: 6
« livres; 1 aune de drap de Haulonne ; 2 aunes 1/2 de toile
« de Quintin; un petit requin de toille de Quintin; deux

« petits bouets de dantelle; 2 aunes 1/2 de guy pure, et
« 2 aunes de g Elle a 23 linceuls de 4 aunes en moyenne, dont 3 de lin
tout neuf, et « sept grandes poches de toile d'estoupe à
« mettre du bled. » Elle possède en outre dalls sa lingerie:
« 10 serviettes de lin, 5 de toile de ménage et 3 de chanvre;
~( une grande nappe de toile de lin contenant 3 aunes 1/2
« (3 livres 13 sols), plus 4 autres de lin et de chanvre mêlés. »
VESTIAIRE D'UNE PAYSArtNE. En 1647, quand Jacques Le
Bouder. de Kernaon, maria son fils à la fille d'Alain Morel,
de Créac'hergllé, en la même paroisse, d'Ergllé-Gabéric on
lit dans le contrat intervenu entre eux, après d'autres con­
ditions « et en oultl'e doiM, promet et s'oblige ledict Morel
« bailler et faire avoir avec sa dite fille pour aller avec son
« promis (fiancé) demeurer audit lieu de Kernaon, lors de

« leurs espousailles, les meubles .cy-apprès, sçavoir: un coffre •
«( pour Ja valeur de vingt-sept livres th.: une vache avec son
« veau jusques à la valeur de vingt et une livres, un bassin
« d'œrain pour pareille somme de vingt et quatre livres, la
« garniture d'un lict pour quinze livres avec ses habits nup­
« tiaux suivant sa qualité. » ..
Le lecteur peut comparer et juger s'il y a eu en peu
d'années un progrès facile à vérifier.
Clémence Hénaff a douze chemises (iviz), de toile de lin,
une de raparon et quatJ;'e autres de chanvre; cinq corps
de chemise de toile de lin dont « un ayant un rabat à
cc .dantelle », pour 35 sols, plus c( une gemisette de drap
(~ ayant le corps rouge et le reste du bas blancq ».
cc Une paire de bas de boguette à l'ancq » : 15 sols.
assortiment de manches: '( 2 paires de bouet
Elle a un bel
« de manche à fraisseUe »; une autre de fut~ine blanche,
« deux failly paires de corps de manches de charge de can
« noir );, « une paire de manches de baguette blancq »; -
« d'autres de drap viollet » : 18 sols; « de quarisse
« viollet » : 46 sols; « de revesche bleuIT» : 42 sols.
Selon le jour et la circonstance, la HénaIT pouvait faire
choix dans la dou..zaine de jupes qu'elle possède en ses ar­
moires: jupes et cotillons de «falaise noir », « de drap de
« charge de Paris »), de « can noir )), de « éharfJe b!euff ».
Elle peut mettre son c( cotillon de quan mauve (?), ou bien
le beau cc cotillon viollet ayant le corps para vanté d'une
« tastre bleuff garny de trois passements noirs ), pour
7 livres 12 sols 6 deniers, ou eocore son « cotillon d'équar­
cc latte rouge ayant troistages de voulou noir au bas ») et
qui fut vendu 9 livres 2 sols 6 deniers.
Nous voyons Me Dumoulin déplier les tabliers, devanteaux
ou devantiers (diaraogen, tavancher), en Vannes: danter »):
notre villageoise en possède une dizaine: cinq en toile de
Quintin, dont un est garni de dentelles; ·un est «( de satin à

« fleue )l : elle a encore (f. un parmnanf de davanteau de
« srttin à fleue gruny de deu,~ brzs de dan telles ». Pour aller
au marché, elle a un davanleau de fatigue, pl.us chaud, c'est
son « davanteau de qurzmelut noir »). de même qu'elle a
aussi c( un manteau de drap de Paris )), estimé 46 sols,
pour les voyages et jours de deuil. .
Coiffes (Courichiers, 1572, gurichets): on en retrouve
vingt: 7 de toile de quintin, dont une « avec bandeau ); 9 de
toile de lin, et le reste en toile de ménage.
La femme de Trégagué pouvait avec complaisance étaler
ses bijoux : « 2 chapelets de getz l) : 12 sols, - « une
« vieille bague d'argent doné et une pettite aussy d'argent
c( dorl'é, le tout à la vieille mode » : 16 sols 6 deniers;
« un petit chapelet de coural avec des grains d'argent l) :
14 sols; c( une petite croix d'argent dorré à la vieille
« .lI.ode )l : 8 sols.
Avec un tel trousseau, Clémence Le Hénaff devait faire
bonne figure, lorsque montée sur sa « selle» (onze sols), et
au ti'ot d'un double bidet, elle allait à la noce ou au pardon.
Le trousseau de Guillaume Lozach semble sommaire quand
on le compare à celui de sa femme, mais il faut se rappeler
qu'il était mort depuis quelque temps, que sa garde-robe
avait été dispersée par vente, donation ou tout autre mo­
tif, et nous ne retrouvons ici que les pièces d'habillement
que sa veuve s'était réservées. Toutefois, on vend 6 che­
mises de lin et 2 de raparon, « une jupe de toile à l'usage
dudict défunt l) : 20 sols : ce qui donnerait à croil'e qu'à
l'ancienne mode, il pOl'tait jupe pour aller aux champs. Il
restait de lui : « une chemisette de drap demy-Londre J) :
48. sols 6 deniers, c( un haut-de-chausse de drapviollet II :
71 sols, « une paire de gamaches de quarisse d'Angleterre
« brun )l : 22 sols, c( une paire de bas de drap viollet J) :
18 sols 6 deniers, Cl 3 manteaux de drap dont un- « de
« Holande noir ayans des paramans de voulou, le collet

BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XX. (Mémoires). 22 .

« aus~y doublé de voulou » : 5 livres, « plus quatre rabas
« de toille tant de quü).tin que de lin » : 15 sols.
Pour sa défense personnelle et celle de ses amis, Lozac'h
avait un commencenient d'arsenal, composé « d'une halle­
« barde», qui, à la vente, fut adjugée à cc Le Droff, mounier
c{ (meunier), pour 3 sols ». Hervé Lizien, était mieux armé,
- car à son décès, au Mélennec, en janvier 1693, on vendait
son fusil, 15 livres 2 sols, à Yves Le Pétillon.
Au vu des autres inventaires, ce prix était élevé et suppose
que l'arme était en excellent état. Car le prix ordinaire est
de 4 livres et descend même jusqu'à 18 sols. -
Il est vrai que Albert Babeau (La vie rurale dans l'an­
cienne France, p. 37) parlant du fusil rustique, à cette
époque, constate que « la valeur vénale, en général, en est
{{ médiocre, et qu'il serait plus dangereux de s'en servir que
({ d'en affronter les coups » •
On peut comparer le vestiaire de Hervé Lizien (1693) à celui
tout en tenant compte de ce que nous
de Guillaume Lozac'h,
la vente du Mélennec qu'une moitié 8eule­
ne voyons figurer à
ment des vêtements et meùbles du défunt, conformément à
la requête de la veuve.
(culott~s) : 12, dont 10 de toile, un de
Hauts-de-chausse
berlinge : 2 livres 15 sols, et un autre de drap violet :5 livres
16 . sols; Camisoles: 17, dont la plus g-rande partie de
drap rouge ou bleu, et une « de frise» : 43 sols; che­
mises : 18; , 6 paires de gamaches ; 3 paires de sou-
liers; , un manteau; , 2 bonnets, l'un rouge, l'autre
blanc; 2 chapeaux.
La tasse d'argent du maître du Mélennec est vendue 18
livres; quelques années plus tard ces coupes ou tasses se .
Joseph Mahé, à Kerdévot, en
vendaient plus cher. Celle de
1726, est estimée, 24 livres.
Il semble que ce prix était uniforme, car on le retrouve
presque toujours dans les pièces que nous avons consultées.
ANTOINE F AVE,
Prêtre .