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XII.
L'ÉGLISE DE SAINT-MA1'HlEU DE UI~IP~JR
Description du monument ..
Déjà M. l'élbbé Peyl~on a publi.é dans notre bulletin, Fe et
2 livraisons de 1893, une notice historique très détaillée
SUl' l'église de Saint-Mathieu. Maintenant que cette église
est sur le point de disparaître pour faire place à un monu-
ment nouveau d'une plus grande importance: il est bon de
lui fairl,3 nos derniers adieux et de lui adl'eSSel', en le retour-
nant un peu, le vieux salut dès vieux athlètes: Morituram
te sal utant. .
Mais elle ne mOUI'ra pas toute entière; il Y a dans cette
vieille église des éléments dignes d'intérêt et vraimeùt
artistiques, ils retrouveront leur place dans le nouvel édifice:
et l'œuvre des ouvriers du XVIe siècle aura comme une
nouvelle floraison à la fin du XlXe.
L'objet de cette note est de les passer en revue .
EXTERIEUn •
Autrefois le clocher de Saint-Mathieu, était attenant au
{côté nord de l'église, vel'S la partie du couvent des Ursu-
lines qui sert maintenant de prison. Ce clocher était entiè-
rement rejeté à l'extérieur, et la circulation pouvait se faire
1. au-dessous, par deux g!'af!des al'cades ouvertes. Les hommes
de cette génération ne l'ont vu qu'à l'état de ruine, avec ses
grands contreforts mas~ifs, quelques petites baies étroites,
" des colonettes frustes: et son beffroi inachevé, mal couronné
. par une lourde toiture en ardoise. C'est cet aspect, sur. deux
façades différentes, que donne la' phototypie ' annexée à ce
numéro; nous le devons à un relevé fait par M. Roussin
père, et reproduit par M. Serret ..
de Notl'e-Dame-du-Paradis.
La façade ouest actuelle, avec deux travées du côté midi
ct trois du côtë nord, a été refaite à l'époque où l'on a recons-
dans cette façade on a reconstitué les éléments anClens: la
pOl'te principale encadl'ée de quatre rangs de colonnettes et
de voussures et de deux guirlandes de feuilles de vigne et
de chal'don, puis les deux contreforts avec niches surmon- .
l.ées de dais à pinacles. Le clocher, œuvre de M. Big'ot père, '.
sera replacé, dans la nouvelle construction et exhaussé à.la
demande des plans dressés par l'architecte, fils du précédent,
ct qui se fait un devoit' de respecter les productions qui sont
la gloire de sa famille.
La façade nord compte quatre fenêtres à deux baies et
deux plus larges à quatre et cinq baies, toutes surmontées
de pignons aigus ornés de crosses végétales. Vers le milieu
de cette façade est une jolie porte entourée de colonnettes
et de nervures prismatiques et couronnée d'une accolade
feuillagée au-dessus de laquelle court une frise à feuilles de
chardon. Plus haut, une niche dont le dais est accosté d'un
cartouche portant en caractères gothiques l'inscription sui- .
vante:
EN LAN 1558 FUT
FAICT ...
Au pied de deux' meneaux de la grande fenêtre èxtrême,
on voit un écusson que nous retrouverons dans les vitraux
d'une fenêtre du côté midi: d'argent à la quintefeuille de
gueules (Le Baud). Les Le Baud étaient seigneurs de Crec'h-
marc'h, paroisse de Saint-Mathieu. .
La fenêtre absidale, ornée d'une verl;ière ancienne. a le
bas de ses baies bouché par une maçonnerie jusqu'à une
hauteur de 1 m. 60. Une autre fenêtre à quatre baies, der
rière l'autel du fond du bas-côté sud, se trouve aussi .com-
pIètement aV~llglée par une maçonnel'Îe de moellon qui
laisse cependant deviner l'élégance des dessins du tympan.
Sur le côté midi on compte cinq fenêtres à trois baies,
une à quatre baies et une porte' autrefois richement sculptée
'mais actuellement fort dégradée.
INTERIEUn.
A l'intérieur l'église se compose d'unener et de deux colla~
té eaux séparée par une série de six colonnes de chaque côté,
quatre cylindriques et les autres octogonales surpportant
les arcades à nervures déliées qui viennent y pénétrer sans
chapiteaux intermédiaires .
l..Ja longueur totale de la grande nef, à partir du clocher, .
est de 39 mètres, la largeur 6 nl. 85. La largeur' du bas-côté
nord, 4 m. 50 ; celle du bas-côté sud 4 m. 10; largeur totale,
L'église avait autrefois des poutres ouvrées, des sablières
sculptées et un lambris à nervures saillantes. Les poutres
ont été coupées, ce qui a déterminé l'écartement des murs de
la nef; les sablières ont été remplacées par une pauvre cor
niche en plâtre et le lambris par un plafond inrorme et tout
fendillé.
En ·rait de mobilier, il ne reste aucune pièce ancienne; et
comme statues, seulement une Notre-Dame des Portes et
une sainte Marguerite en bois, d'environ 1 mètre de hau- '
te"ur, mais de peu de valeur artistique.
Deux bénitiers sculptées, près des portes latérales peu
vent attirer l'attention, ainsi que quelques pierres tumulaires
bien faites, parsemées dans le pavé .
VITRAUX
Les documents les plus intéressants sont les restes de
vitraux, avec leurs blasons; encore ceux-ci ont-ils été bien
maltraités et dénaturés dans une restauration datant de
quarante ans. ... .
quelque
La maîtresse-vitre est une belle page de la peinture sur
verl'e a - XVIe. sièete. 'F;tlé pi;o-vTêî'1t du même atelier qne
Touec'h, et l'on peut. même reconnaîtee
celle de l'église de
que cc sont les mêmes cartons qui ont servi pour la comp~
siLion, de sOl'te que pOUl' reconstituel' les scènes de la baIe
du milieu qui ont été détruites li Saint-Mathieu et rem
placées pal' des fl'agments d'tm 31'bre de jessé, il suffira
d'aller à Toul'c'h copier le moùèle dessiné par le vieux pein
h'c-verriel'. Cette l'enètt,c, composée de 5 baies et maçonnée
à 1 m. GD do sa hauteur, comme je rai déjà dit, devait
contenir autrefois plusieurs scènes de la vie de Notre-Sei
gn'eul' et ne renfel'me maintenant que des scènes de sa
pa~sion, sauf celle de son baptême par saint Jean, mais qui
est interpolée. .
1. Notre-Seigneur devant Caïphe. Le pont.ife est coiffé
de la mitre, vêtu d'une robe verte et d'un riche manteau
rouge, doublé d'hermine, Notre~Seigneur a les bras chargés
de liens · et un soldat lui donne un soufflet; (sic respondes
pontifici ?) . . ' .
2. Baptême de Notre-Seigneur par saint Jean. Sujet
qui n'est pas li sa place.
3. Couronnemg'ht d'épines. Les soldats coiffés de toques
â plumets ont des expressions étranges de férocité.
4. Flagellation.
5. Notre-Seigneur condamné à mort. Pilate se 'lave les
mams.
6. Notre-Sei.gneu!' portant sa croix. Au haut de la même
baie.
7. Le crucifiement, comprenant les trois baies, du milieu.
- Malheureusement les personnages de la baie centrale ont
disparu et ont été très inhabilement remplacés. En les recons
tituant d'après ce qui existe à Tourc'h, nous aurons : Notre~
Seigneur en croix; saint Longin à cheval lui perce le côté
de sa lance; la Madeleine au pied de la croiX:. Sous le larron
de dl'oite on voit la Vierge éplorée, soutenue par saint Jean
et par une sainte femme; à l'arrière-plan, deux juifs debout,
puis un soldat casqué et un pharisien à cheyal. Sous le larroll
gauche, un centurion au costume très riche, monté Sur
un magnifique cheval, et au second plan, le prince des prê
tres et un pharisien aussi à cheval.
bonlaeron l'end le dernier soupir, et son âme sous la
d'un petit enfant nu, est portée au ciel par un ange,
forme
tandis que celle du mauvais 1al'ron est emportée par Ull _
démon hideux .
8. Mise au tombeau. La Sainte-Vierge ttent la main
gauche de son divin Fils, en même temps que rune des
saiutes femmes tient la droite et oint de parfums le corps
sacré. Joseph d'Arimathie et N'icodème soutiennent la tète
et les pieds en le déposant respectueusement dans le sépul-
cl'e. Derl'ièl'c on reconnaît saint Jean, une des trois Marie,
et IVlal'ie-Madeleine qui essuie ses larmes. 1
0. Résurrectioü, Notl'e-Seigneur sort g'lorieux du tom-
beau. On voit les gardes endormis ou renversés.
10. Au sommet du tympan, dans le soumet supériem', le
Père-Eternel, en tiare et chape, bénissant de la main
dl'oile et tenant de la mai n gauche le globè du monde. .
Plus bas, les instruments de la passion: la croix, la lance,
l'éponge, le marteau, les tenailles et le manteau de pourpre,
puis la colonne de la flagellation, les verges, le fouet, un
autre marteau et le glaive de saint Pierre. Dans les côtés,
un ange tenant une aiguière sur son plateau, un autre
ayant en main une lanterne.
11. Six des soumets de ce tympan contiennént des bla-
sons. (1). . .
N° 1. L'écu de France, soutenu par deux anges, entoul'é
(1) C'est à l'obligeance de M. Ducrest de Villeneuve que je dois ces notes
sur les blasons des vitraux CIe Saint-Mathieu. .
ÙU cOl'don de l'Ol'dre de Saint-Michel et sUI'Illonté d'une cou
l'onne non fer'mée, à fleurons fleUl'delisés.
~o 2. . Mi-parti de France et de Bl'etagne, supporté pal'
deux augcs: avec le même cOI'don et la même couronne.
N03. Ecal'telé, 1 pallé de 6 pièces d'argent et d'azul'
,Hosmadec). 2 d'azur au lion d'al'gent (Pont-Croix). Les deux
autres pièces sont frustes. ,
Nil Il. ECUl'telé, 1 pallé d'at'gent et ù'azur '(Hosmadee).
2, ('cmanié, ~~ d'azUl' au lieu d'arg'ent. 4, remarlle.
~o 5. Ecartelé, 1 ct 3, les mêmes, les autt'es pièces
remantees. .
N 6 . Ecartelé. 1 d'azul' au léopard d'ol' contourné . 2 et
::l t'efaits à la fantaisie du vitriel'. 4, d'herm ines au chef de
gueules chargé de 3 fleul's de lys d'or (du Quélennec). '.
Ces quatl'e det'Iiters écus sont entourés du collier de l'ordre
de l'épi. .
VITHAIL NOI\D .
Au haut de cette fetlêtl'8 sont tl'ois panneaux histot'iés.
1. Saint Yves, vêtu d'une robe bleue o~ violette, ShI' laquelle
est un autre vêtement blanc, plus court, en forme de surplis
et camail, avec ' mouchetures d'hel'mines. Devant lui, à
g'enoux, un pauvre portant besaqe. Au-dessous est une longue
inscription gothique. .
2. Saint Yves, costumé comme pl'écédemment, à genoux
. devant un ange vêtu d'une robe bleue, avec ailes vertes.
3. Un saint 'solitaire, probablement saint Fiac.re, prêchaut
deux petits personnages agenouillés à ses pieds.
Les blasons qui surmontent ces scènes sont:
En supériorité, de Bretagne. .
dessous: 1
1. Un écu portant de sable au chevron d'argent
accompa-
gné de 3 annelets d'or, .
Plus bas, dans le .. même panneau, un autl'e écu
mi parti
de sable à un dm11i-chevron d'argent et à un annelet et demi
d'or et losangé d'argent et de sable (L'Honoré).
2.' Ecu bri~é, et au-dessous un autre écu portant parti:
de sable à un demi-chevrond'argent et à un annelet et
demi d'or et d'azur à une demi eroix pattée d'argent.
VEBRIERE SUD.
N° 1, Ecu surmonté d'un heaume à cimier très orné
taré de face, portant parti, au premier: coupé 1 d'argent à
la macle de sable (Lohéac), 2 d'argent à la quintefeuille de
gueules (Le Baud): au 2 ; écartelé d'azur au lion passant
d'or, 2 d'hermines au chef de gueules chargé de ,3 fleurs de
lys (Quélennec) ; ~ d'argent à la fasce de sable (?) ; 4 d'azur à
la croix d'or (Lesongar?) ; chargé au cœur d'un écussonnet
portant d'argent à 3 trèfles d'azur, (Lagadec?)
N° 2. D'azur au sautoir d'or, cantonné de quatre croi-
settes d'or.
N° 3. ' Parti du précédent et d'or au croissant d'àZtll'.
N° 4. D'argent a la quintefeuille de gueules (Le Baud).
N° 5. Parti d'àrgent à une demi quintefeuille d'e gueules
et d'argent à un tr'èfle et demi d'azur (Le Baud et Lagadec).
N° 6. Parti d'azur à un demi sautoir d'or cantonné d'une
croisette et deux demi-croisettes de même, et d'argent à la
quintefeuille de gueules. '
DATE DE LA CONSECHATION DE LEGLISE
Lorsque l'ancien autel en pierre fut démoli, pour faire
place au maître-autel actuel, on trouva dans le sépulcre des
reliques une boîte en . plomb de 0 m. 10 de 10ngueUl' SUI'
o m. 08 de largeur et 0 m. 038 de hauteur, portant sur son
couvercle deux écussons ayant la quintefeuille de Le Baud,
l'un frappé à l'estampille, l'autre gravé au trait .
Le dessous de cette cassette porte, gravée au burin en
• J ._ca;tC~~;@,~~l,S'°~.I~\~~~~~l'inscription suivante.
Anno Dni millesimo quingentesimo
Decimo quarto die vigesima oetava
Mensis octobri~ fuit hec basilica
dno Gnillelmo
Consecrata procurante
Le Baud canonico corisopiten islius
Parochie vicario et originario.
L'inscription se termine encore par la quintefeuille des Le
Baud, et ceci nous explique aussi la présence de ces armes
au bas des meneaux de la gl'ande fenêtre nord et dans les
vitraux du côté midi.
, Cette date de 1514 assignée à la consécration de l'ég'lise
semblerait indiquer que le chiffre de 1558 qui slll'monte la
porte nord est la date d'une adjonction postérieure.
J .-M. ABGRALL .
Prêtre.
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