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VIII .
LES SANCTUAIRES GAULOIS
Quand on parle des temps préhistoriques, s'il est une
question qui a donné lieu à des controverses multiples, c'est
celle des pierres levées, isolées ou réunies en groupes.
Il a été répété souvent dans ces derniers temps, et par les
hommes les plus compétents, que les menhirs étaient comme
les dolmens des sépultures, que peu de menhirs, il est vrai,
avaient été fonillés, mais qu'on avait trouvé à peu près le
même genre d'objets que sous les dolmens.
Je viens combattre une dernière fois cette opinion: les
menhirs sont la protection d'une sépulture ou d'un sanc
tuaire, l'hommage à la divinité, et on ne trouvera pas
de mobilier funéraire au pied d'un menhir, mais bien à côté
de ces pierres sacrées, lorsque réunies elles forment le
sanctuaire.
Alors on peut trouver une quantité énorme d'armes et
d'outils, offrandes pieuses et ex-voto, dans toutes les parties
du sanctuaire, mais toujours à une certaine distance des
menhirs.
Dans un de mes ouvrages, paru en 1889, Les Ayes pré
historiques, je disais déjà, au sujet des menhirs et des ali
gnements, que je ne voyais pas là de sépultures, mais le
culte rendu à la divinité pour protéger les morts et la station
de la tribu.
J'ajoute que le fait n'est pas douteux pour .les alignements
si curieux et le cercle de menhirs de Morgat, en Crozon
(Finistère). Le monument, protégé par les lignes de grandes
pierres levées, est à n'en pas douter un sanctuaire, un lieu
, de réunion, et la légende, par une tradition vivace, a con
servé dans le pays la certitude de la destination religieuse
de ce remarquable souvenir mégalithique, appelé enco~e
traduis du celte : J( adurn ar person, Tg ar e'huré).
Voilà la vérité, et nous avons à Crozon une donnée histo-
donner la même conclusion pour tous les monuments SImI
laires?
J'en suis absolument persuadé, et rien pour moi ne pourra
jamais changer cette conviction, résultat de mes observa
tions pendant trente-six années de recherches assidues et de
fouilles tOUjOUl'S renouvelées dans un des pays du monde le
plus habité par les populations préhistoriques, qui y ont
laissé à chaque pas le souvenir de leurs passages répétés.
Aussi ai-je pu former moi-même, par mes découvertes
quaternaires et néolithiques, un musée où plus de cinquante
mille objets de premier choix donn" ent les preuves complètes
sur l'histoire de l'humanité depuis les temps les plus reculés
jusqu'à notre ère.
Les enceintes sacrées dont je m'occupe aujourd'hui affec~
tent toutes les formes; leurs dimensions sont très diverses,
ainsi que les matériaux employés à leur construction; mais
avant de les définir, je tiens à dire que l'on peut trouver des
sépultures à l'intérieur de ces lieux consacrés; le fait est
rare, mais je l'ai pourtant constaté plusieurs fois: il faut
voir là le dépôt, dans cette enceinte fermée, des cendres du
chef religieux, du druide, qui devait reposer dans le sanc":
tuaire, comme de nos jours, les évêques dans leurs cathé
drales.
On a appelé les grandes enceintes de pierres levées des
cromlechs, mais sans spécifier la destination; j'accepte le
nom de cromlech, mais je l'appliquerai à toutes les formes:
le carré, le rectangle, l'ellipse, le cercle, de même qu'à "
l'entourage de pierres levées, en pierres brutes amoncelées,
terre lorsque le" manque de grandes pierres ne p.er-
enfin en
mettait pas d'élevel' des menhirs et forçait les constructeurs
à employer d'autres matériaux, en ajoutant que souvent en
dehors de l'entourage on constate d'autres menhirs, soit à
proximité, soit à l'intérieur des sanctuaires.
Les quadrilatères ne sont pas rares en Bretagne; je citerai
d'abord le monument du Manio (Morbihan), fermé par des
menhirs contigus, orientés de l'ouest à l'est sur une longue'ur
de 36 mètres, une largeur de 9 m. 40 à l'est et de 5 m. 80 à
l'ouest; une autre enceinte contiguë à l'est mesure 7 m. 60
sur 9 m. 40; le monument dans son ensemble a donc un
développement total hors d'œuvre de l'est à l'ouest de 45
mètres .
D'autres quadrilatères ont été découverts dansle Morbihan
au mané Pochat, au mané Tyec, au mané Clud-er-y el' et ~ur
d'autres points dans la presqu'île de Bretagne, et on n'a
trouvé nulle part aucune trace de sépultures à l'intérieur;
j'ai seul constaté ce fait rare, comme je viens de le dire.
J'ai fait plusieurs découvertes d'enceintes avec cette forme
rectangulair'e; la dernièl'e, inédite encore (fig. 1), n'avait à
l'intérieur que 3 mètres sur 13 mètres, entourée de grands
menhirs, avec une grande pierre encore plus haute et plus
large élevée au milieu. .
Ce monument mégalithique, extrêmement rare et curieux,
était situé à peu de distance de l'extrémité ouest de la forêt
de Conveau, près du village de Penhoat (Morbihan), et j'ai
fait cette fouille le 4 juillet 1892.
Il formait, comme l'indique la figure, deux rectangles
séparés par un immense menhir en schiste de 2 m. 90 hors
de terre avec 1 m. 60 en terre, soit 4 m. 50 de longueur ,
totale sur une largeur de 1 m. 70; on peut signaler ce fait
particulier que ce menhir central, au contraire de tous les
autres restés bruts, avait été arrondi en demi-cercle dans sa
partie supérieure, peut-être avec des percuteurs en pierre,
mais plus probablement avec des marteaux de fer. ,
Le cromlech était orienté dans la longueur du nord au sud
le second 6 mètres sur une largeur à très peu de chose pres
égale, de 3 mètres. . .
Les deux menhirs des extrémitès nord et sud mesuraIent
en moyenne 2 m. 70 et étaient enterrés à 1 m. 80, hauteur
totale 4 m. 50; tous les autres, d'une longueur moyenne
40, ressortaient à 2 m. 60 du sol, où ils étaient
de 4 m.
entel'rés à 1 m. 80.
Deux de ces menhirs étaient en grès, tous les autres en
schiste et tous avaient été certainement trouvés très près de
là, car on voit partout dans les environs des pierres simi
laires en gros blocs séparés, c'est ce qui de prime abord m'a
fait renoncer à l'idée d'une allée couverte non terminée,
faute de tables pour la recouvrir.
Les pierres de côté formaient à l'ouest un alignement de
sept menhirs, à l'est au contraire l'alignement en comptait
huit et dans· les deux les menhirs étaient assez rapprochés
pour interdire tout passage, mais il n'en était pas de même
entre les alignements des deux côtés et les trois menhirs du
centre et des extrêmités qui laissent des deux côtés un
espace où l'on pouvait passer.
Les 'objets trouvés dans cette fouille poussée au niveau de
la hase des menhirs sont les suivants:
1 ° Une pointe de lance en schiste très dur, finement re
taillée, de 0 m. 14 de longueur.
2° Deux rondelles épaisses, en schiste compact, ustensiles
de cuisine, comme j'en ai souvent trouvé; l'une a 0 ni. 28
de diamètre, l'autre 0 m. 30 .
3° Un galet apporté des grèves du Finistère et ayant servi
de percuteur.
En conclusion, les offrandes au lieu sacré n'ont pas été
nombreuses et ce cromlech n'a pas servi longtemps, mais sa
destination est certaine; il faut écarter absolument l'idée
possible d'une habitation ou d'une sépulture; les rondelles
n'avaient jamais servi et n'étaient pas allées au feu; il n'y
avait d'ailleurs ni débris de poterie, ni cendres, ni charbon,
et il est bien évident que pour une habitation temporaire et
isolée on n'aurait pas déployé la force énorme nécessaire
pour déplacer ces dix~huit menhirs dont la base était enterrée
si profondément.
Cette profondeur indique l'époque d'une façon approxi
mative; il fallait des outils pour creuser dans la terre dure
remplie de pierres et j'ai trouvé d'ailleurs des scories de fer.
Nous sommes donc en plein progl'ès dans l'époque du fer,
l'apparition du bronze est proche et je donne à ce monument
une antiquité de huit siècles avant notre ère.
Dans la forme circulaire, je peux citer le double cromlech
ayant la forme d'un 8, dans l'île d'Er-Lanic (golfe du Mor-
bihan) ; le tout est entouré de grands menhirs et deux autres '
se montrent à l'est et -à l'ouest. Le monument a en tout
62 mètres sur 54 mètres.
L'espace me manque pour donner des détails sur tous ces
cercles et je rappelle seulement une autre forme, l'ellipse,
ou plus tôt comme je l'ai fait remarquer l'été dernier à mes
collègues de la Société archéologique du ' Finistère, celle
d'un celtœ.
Ce monument situé sur le sommet du Ménez-C'hom (Fi
nistère), à 330 mètres d'altitude, entour'é de gl'andes pierl'es
en grès, amoncelées, a dans ses deux axes 200 mètres sur
100 mètres, et la forme arrondie d'un côté et angulaire de
l'autre rappelle bien en effet la forme de la hache celtique;
on trouvera d'ailleurs la description de ce monument dans
l'annexe à la suite de cet ouvrage, sous le titre: Les crom
lechs du Ménez-C'hom (figure 2).
Les objets trouvés dans les enceintes sacrées sous la,
première couche de terre sont souvent très nombreux :
y cA. C-
c.Jt..O"tI.>
OUlt .. ~.
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~'\., ja:-d.v •
ett~ «- ~ ~\A.lX- oli1·Vttt...~ ,\').4 ,
etl'\.- ·6 Cr ')\. (..
ébauches, objets soignés, il y a de tout; on voit que chacun
Je termine cette étude rapide par la descrlptIoR medIte du
dernier cromlech que j'ai fouillé, au mois de juillet dernier,
en Plomodiern (Finistère), près du village de Kervigeri, à
quelques pas de la mer. Ce sanctuaire était entouré d'un
fossé continu en terre, sans douves, de un mètre de hauteu'f
avec une étendue de forme ovale très régulière de' 10 mètres
sur 15 mètres à l'intérieur (figure 19).
Dans le plus grand axe, les yeux étaient tout d'abord
frappés par un alig'nement de trois menhirs enteri'é~ à 0 m. 80
dans le sol. Tous avaient été arrondis en demi-cercle â coups
de pierre dans la partie supérieure, la plus large de beau-
coup; ils étaient l'imitation de la hache celtique et leurs
dimensions étaient presque égales: 1 m,55 de' hauteur hors
de terre, 1 m. 40 de largeur en haut èt 0' ru. 35 d'épaisseur,
tous en schiste compact (figùre 20).
Ce n'est pas la première fois que je constate ce fait des
menhirs taillés en forme de haches et j'en connais plusieurs
dans le Finistère.
Pour faÏl'e cette fouille, il m'a fallu enlever les trois men
hirs et creuser jusqu'au roc; le nombre des objets trouvés
est considérable et la collection absofument remarquabfe.
Je cite sp'écialement :
° Un usoir à haches en porphyre, noir avec
rainures profondes sur les deux faces.. . . . . . . .
fig. 3.
2° Un galet à rainure circulaire en diorite .....
fig. 4.
3° Une rondelle en schiste avec deux rainures
crOIsees. . . . . . . . . . . . . .
fig, 5.
4° Un grand galet symbolique avec signes gravées
creux sur les deux faces ............ ,. fig. 6.
J'ai dit symbolique', mais j'en s'l.lÏs moins certain que pour
d'autres objets du même genre, mais plus petits, que l'on
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. tOME XX. (
peut voir au musée de Vieux-Châtel et qui, à n'en pas douter,
sont des fétiches.
Ce galet à deux faces gravées pourrait être un moule, et
pourtant je n'ai trouvé à côté ni bronzes, ni traces de fonte
comme j'en ai trouvé ailleurs, mais le fait n'en est pas moins
possible, et j'indique d'ailleurs à la fin de ce mémoire le Vile
siècle avant notre ère, c'est-à-dire l'époque du bronze pour
l'âge de ce monument si curieux à tant de points de vue.
Le marteau orpé de gravures nO 12 des planches a dû être
travaillé avec un poinçon en bronze.
j'ai parlé des pierres
Dans un de mes derniers Quvrages,
façonnées finement par les poinçons en ~ronze, et j.'ajoutais
que je pouvais montrer ces poinçons dans ma collection.
5° Une. hache en jade vert clair, plus épaisse et
plus arrondie que celles des grandes tombelles du
et dont la matière n'a pas été prise comme
Morbihan
pour ces dernières dans le filon de Roguedas près
de Vannes. Cette hache est nn objet de premier
ordre.. . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
fig. 7.
6° Quatre usoirs en fibrolite à deux dépressions
et ayant la forme d'un celtœ. . . . . . . . . . . . . fig. 8 .
7° Une hache herminette en ,diorite avec courbe
très prononcée. . . . . . . .. . . . . . . . . . . . .
fig. 9.
8° Une grande hache, massue, à deux larges tran
. . chants en schiste compact taillé, avec renflement
au centre des deux côtés pour la prise en mains;
longueur, 0 m. 38: . . . . . ' . . . . . . . . . . . . fig. 10.
9° Un sceptre cn schiste finement taillé et rappe
lant la faucille d'or des druides si souvent reproduite. fig. 11.
10° Un marteau, massue, extrêmement lourd en
diorite amphibolique d'un brun très foncé, très
chargé de fer et très compact, couvert de cercles
gravés et enchevêtrés en tous sens, pièce absolu
fig. 12.
rare et très curieuse. . . . . . . . . . . . . .
ment
11 ° Des boulets en pierre (pierre de fronde).
ffi. 035 de
120 Une fiue rondelle en grès ' blanc de 0
diamètre.
130 De nombreùses rondelles en schiste et en grès, de
nuances variées et d'épaisseurs diverses, avec un diamètre
variant de 0 m. 04 à 0 m. 12, les unes taillées, d'autres
polies.
140 Cent trente-quatre silex types de premier choix. Je
cite d'abord une série tout à fait remarquable de grattoirs
de toutes tailles formant demi-cercle, avec grandes et fines
dentelures et dépression pour prise à la main; puis des silex
peut plus soignés à encoches, des outils de chüurgie
on ne
de la plus grande finesse, des harpons à crans, des pointes
de flèche variées, etc ... ; tous ces objets taillés d'abord à
grands éclats, puis terminés par de fines retouches à petits
éclats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. fig. 13.
Je ne compte pas six cents silex, éclats ou objets rejetés
par moi comme pas assez parfaits. Tous portaient néanmoins
la trace du service et chacun d'eux avait été aussi une
offrande. Tous ces silex avaient été taillés dans le pays, mais
la rareté rendait précieux le moindre débris.
Pour ces hommes, le moindre .de ces objets représentait
une nécessité, et je montrais, à la dernière séance de notre
Société, un éclat barbelé formant gratto~r et fourni par
l'écorce d'un rognon de silex.
En tous cas, ces objets utiles ou sans but bien défini
avaient pourtant Ulle destination spéciale, c'étaient des
ex-voto, des symboles, des fétiches ; laIssés dans le sanctuaire
pour appeler la protection divine.
15° Un long couteau_en silex, importé ..... .
fig. 14.
16° Une hache très fine en silex poli. . . . . . .
fig. 15.
17° Une hache en fibrolite à tranchant transversal.
fig. 16.
18° Six haches en diorite poli de 9 à 12 centi-
mètres de longueur.
19° Deux pesons de filets, l'un percé au centre, 17.
fig.
l'autre à une extrémité et ·en biais. . . . . . . . .
fig. 18.
20° Une série de petits galets.
21 ° Douze pointes de lances, deux grandes gouges et deux
celtiformes en schiste de 14 à 16 centimètres de longueur.
22° Trente usoirs et percutcurs de toutes formes et gran
deurs en diorite, en grès et en porphyre.
Jiai déjà dit dans mes précédents ouvrages qu'on ne trou-
vait rien au pied des menhirs, en voici une nouvelle preuve:
j'ai trou.v~ ces richesses archéologiques accumulées à peu
près au milieu, surtout dans le premier milieu à l'ouest entre
le 1 et le 2 menhirs, etlIn moins grand nombre toujours
au milieu entre le 2 et le 3 menhirs . .
bien dans un sanctuaire. Ce n'est ni une
Nous sommes
sépulture ni une habitation, il n'y a aucun 'vestige de cendres,
de charbon, de débris de cuisine; ce n'est pas un mobilier
aux
funéraire qui a été découvert, mais l'hommage répété
heures de la prière.
L'ép.oque du reste est facile à fixer. J'ai relevé des scories
fer; j'ai vu d'autre part des traces de fer travaillé et
décomposé. Il faut donc fixer une époque qui doit être celle
la dé.couverte du bronze et indiquer une date très rap
prochée du VIle siècle avant notre ère.
Je dois ajouter que le fossé d'enceinte devait être plus
élevé à l'époque de l'occupation gauloise; les Romains ont dû
charger un peu le fond, les deux couches ne se ressemblaient
pas; ils ont occupé ce point culminant comme poste près
d'une de leurs routes stratégiques qui passait à quelques pas
de là.
J'ai trouvé tous les objets au-dessus de la base cherchée
pour les menhirs, mais très sensiblement au-dessoüs de· la
surface, et au moment de la fouille rien, du reste, n'avait été
remanié, car les couches de terre étaient uniformes dans
toute leur étendue .
Au fond, la terre était moins légère, plus compacte ~n un
ont été ensuite enlevés, car je n'ai constaté aucune
cadavres
ace d'ossements.
Cette couche inférieure contenait plus d'éléments étran-
gers au sol primitif, mais il faut aussi tenir compte pour cette
terre déjà remuée des infiltrations passées au travers de la
couche supMieure desséchée, surtout pour un poste occupé
après les Gaulois, pendant un temps peut-être , prolongé;
mais, je le répète~ malgré mon attention "soutenue et la pré- .
rompus à tous les
sence continue de mes deux surveillants
secrets des fouilles, on n'a rien pu découvrir pouvant infirmer
une conclusion qui s'imposait absolument, celle d'un sanc
tuaire très fréquenté et rempli d'hommages successifs à la
divinité.
Il ne faut pas penser à un mobilier funéraire, surtout
quand toutes les traces d'un rite quelconque mortuaire man-
quent absolument et qu'on peut constater ce grand nombre
suc
d'objets déposés, hommages répétés à des intervalles
cessifs au Dieu adoré à cette époque lointaine; ce serait
contraire à toutes les règles d'une expérience longuement
acqUIse. .
Je parlais tout à l'heure de sacrifices, je ne reviendrai pas
sur une question dont je me suis déjà occupé; les roches à
cuvettes ou à bassins dites pierres de sacrifices, avec gorge
d'écoulemeQt pOllr le sang, Qnt été le sujet d'une question
tout dernièrement
d'archéologie; cette théorie ne vaut pas mieux que celle des
autels: j'ai déjà expliqué qu'il faut voir là des mor
dolmens
tiers où on écrasait le grain ou les graines avec des molettes
pierre que j'ai trouvé bien souvent au pied de ces roches.
Il. n'y a jamais eu de preuves absolument certaines, malgré
le dIre de quelques écrivains latins, de sacrifices humains
par les druides; les écrits, les tableaux sur ce sujèt, n'ont
d'autre origine que l'imagination; il n'y a pas l'ombre d'une
donnée historique sérieuse. J'ai déjà donné le dernier coup
à la théorie des dolmens-autels, et bientôt, je l'espère, il ne
restera plus rien dans l'histoire sur les mœurs gauloises de
cette légende des sacrifices humains. .
Pour les animaux, j'ai une toute autre opinion, et les têtes
de chevaux échappés à l'incinération dans les grandes tom-
belles du Morbihan prouvent le sacrifice des bêtes de chasse
et de combat, qui ne devâ.ient pas survivre au chef.
Dans mes longues recherches si consciencieuses des stations,
sanctuaires, je n'ai constate que deux
des sépultures et des
fois avec certitude le sacrifice des chevaux dans les tuihülus
du Finistère et jamais la plus légère trace de sacrifices
humains; la civilisation relative de ce peuple devait du reste
s'opposer formellement à cette coutume.
termine: on restera dans le faux, et toutes les fouilles
qui seront faites, toutes les découvertes de l'avenir, n'appor =
teront aucune lumière nouvelle sur l'histoire préhistorique,
tant qu'on n'aura pas admis sans hésitation et sans retour
vers des écrits fautifs ou douteux du passé les bases que j'ai
posées dans mes écrits. . .
:J'ai eu à ce sujet l'occasion de dire dans une réunion
presque toute l'histoire préhis
archéologique récente que
torique était'à refaire et que c'était la tâche qUe je m'étais
Imposee.
Baron HALNA DU FRETAY,
Vice-Président de la Société Archéologique du Finistère.~
Château du Vieux-Châtel, par Quéménéven (Finistère) .
-_.o~oooo-