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Bulletin SAF 1893


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Note sur la vie rurale en Cornouaille aux deux derniers siècles

Abbé Favé

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NOTES
sur la vie rurale en Cornouaille
PENDANT LES DEUX DERNIERS SIÈCLES.
H. Taine, parlant de l'Ancien Régime, dit: « Il n'y a que
« les documents pour nous faire voir en détailla condition
CI. des hommes, l'intérieur d'un presbytère, d'un couvent,
« d'un conseil de ville, le salaire d'un ouvrier, le produit
« d'un champ, les impositions d'un paysan, le métieJ;' d'un
« collecteur .... Avec de telles ressources, on devient presque
« ie contemporain des hommes dont on fait l'histoire, et
« plus d'une fois, aux Archives, en suivant sur le papier .
(c jauni, leurs vieill-es écritures, i'éiais tenté de leur parler
(c tout haut.» (Orig. de la France contemporaine, t. 1 ,
({ pp. VII et VIII.)
Telle est la bonne façon d'entendre le passé et de le décrire

avec compétence, justice et exactitude, et c'est ce même sen-
timent qui nous fait déplorer avec amertume, la disparit.ion
d'une source féconde de renseignements sur la vie pu­
blique aux deux derniers siècles : nous voulons parler
des cahiers de délibérations du Général et du Corps
politique des paroisses. L'érudit y trouverait des faits pris
sur le vif, au jour le jour: la succession de ces fonctions
vitales qui expliquent toute la vie d'une époque et son orga­
nisation sociale.
Nous avons eula bonne fortune de recueillir deux spécimens

de ces précieux documents: le premier, un cahier de 18 rôles,
millésimé et paraphé par ni.essire Hervé-Gabriel de Silguy,
sénéchal, le 19 Janvier 1748, et fournissant deux années de

délibérations de la communauté d'Ergué-Gabéric. Les prêtres
y tiennent généralement la plume et signent pour les déli·
bérateurs et à leur requête. Les représentants de la commu­
nauté s'intitulent « le général de la paroisse )). On voit qu'à

cette époque on nomme encore des fabrices (ou fabriciens)
pour les chapelles de Saint-Gildas, à Locqueltas; de Sainte-
Apolline et de Saint-Joacbim.
Vingt ans plus tard, on ne trouve plus de traces de [Jouoer­
neurs pour ces chapelles, probablement délaissées faute
de ressources.
Pour Saint-Joachim, situé sur la route de Quimper à

Elliant, nous avons trouvé aux archives du Finistère un
renseignement assez intéressant dans une Déclaration et
dénombrement de Guy de Charmoy, pour Lézergué et
Kernaon. 0
Ses armes de gueule à trois épées d'argent doivent se
o trouver dans la maîtresse vitre de la Mère-Eglise, en supério­
rité après Sa Majesté ; et à Saint-Guézennec (Saint-Guénolé
d'Ergué) en la vitre, du côté de l'Evangile, et en bosse, dans le
clocher. Barthélémy Le Poupon tenait le lieu noble de
Gongalic, relevant de Lézergué, moyennant par an deux
combles de froment, huit combles de seigle, huit combles
d'avoine, quatre chapons, « plus payement de la somme de
quarante·-deux lim'es pour l~entretien du chapelain de
Saint-Joachim. »
, Sur le registre des délibérations que nous examinons nous
voyons mentionner au long les difficultés existant entre le
général et les héritiers de feu Sr .J. Edy, recteur d'Ergué, au
sujet des réparations de la maison presbytérale. Les avocats
consultants ordinaires du général sont maîtres Chit'on,
Rannou et Kerliézec. (Mai 17[18).
5 janvier 1749. Le général inscrit sur les registres la
notification en 8 paragraphes de l'arrêt du Parlement· cc con-
cernant le charroy des trouppes », en date du 18 février 1746,

et constate que ledit arrêt a été lu au prône de la Grand'­
Messe et déposé aux archives.
le reO'istre des inhumations d'Ergué-Gabél'ic nous

à la date du 31 mai 1742 : « Après que le sieur Trigue!',
l~ons c:. v
'tre est arrivé du heu de Lézergué où il a été faire la
« p rt> , , .• .
Cf levée du cadavre de Marle Duval, femme de feu DaIllel
c( Courtay, son Marie, et l'ayant conduit dudit village jusqu'à
« Léglise ou ayant été exposé sur les traiteaux au lieu ordi­
« naire pendant qu'on allait se disposer à chanter l'office
« pour luy, des femmes se sont attroupées pour percer dans
« Léglise pour ledit cadavl'e quoy qu'il y avoit une fosse
« faite dans le cimetière et l'ont inhumé. ainsi sans aucune
(c cérémonie de Léglise.
« Signé: J. EDY, recteur. »
Cette intervention des mégères dont il est question dans
le procès-verbal est une manifestation populaire au sujet
d'une 'procédure pendante à la Cour du Parlement à Rennes.
Les faits formant les éléments de la cause sont clairement
donnés dans la citation faite à Laurent Le Denval à Ja date
du 17 novembre 1741, pour s'être opposé « à ce que le cada-
« vre de Denis Calvé fut inhumé dans le cimetière de l'église
« paroissiale dud. Ergué, et d'avoir fait pel'cer dans l'église
« de leur propre autorité pour y faire lad. inhumation et
« led. Poulmarc'h accusé d'avoir à la sollicitation des dits
« Calvé, Kerhua et Denval, travaillé à faire dans ladite église
« la fausse où a été inhumé ledit cadavre ». (1) La citat.ion
l'appelait ainsi que les trois autres inculpés à comparaître au.
Présidial.
Me Royou avocat de :Messire Jean Edy taxe à 12 livres
« l'examen de la procédure instruite devant Monsieul'
« le Juge criminel à la requête du Hecteur du Grand-Ergué
« (quittance du 20 janvier I7 42. ) »
(1) Su,r les registres on ne trouve pas mention de l'inhumation de Denis
Le Calve.

Les accusés condamnés à Quimper firent appel au Parle­
ment, et Jean-Nicolas Lons, huissier, demeurant à St-Julien
signifiait à Messire Edy, parlant à sa servante domestique,
le 29 décembre 1741, le relief d'appel pris à la chancellerie
du Parlement, les condamnés constituant pour leur procureur
Maître François Nouvel, rue au FoulIons, paroisse Saint­
Gel'main de Rennes. Qu'advint-il de cet appel? Les trois
ou quatre pièces que nous possédons ne le disent pas. Tou­
tefois, ce procés, la revanche et les représailles impitoyables
exercées par les femmes d'Ergué-Gabéric, lors de l'enterre­
ment de Lézergué, indiquent une corrélation évidente entre
ces faits. ' . '
Jean Edy mourut le 18 décembre 1747, presque subitement,
après avoir été Recteur de la paroisse pendant vingt-deux
ans.
Aux archives départementales (B. 287. ) dans l'inventaire
des papiers après décès de Messire Jean Edy, on voit men­
tionner « une tran~;action passée entre ledit deffunct et
( Pierr.e Calvé, Jean Kerhua et Laurent Le DenvaL »
Son successeur ~mmédiat fut Messire Guillo, qui ne flt que
passer, trouvant, sans doute, la situation trop épineuse et la
succession trop lourde. P. A. de Kervégan de Suasse, lui
succéda.
Les esprits étaient montés et l'on ne voulait rien entendre
aux ordonnances' et arrêts défendant les inhumations dans
les églises. Le nouveau recteur dut compter avec cette effer­
vescence des esprits et put, maintes fois, contater que la
classe rurale avait une influence réelle et incontestable
avant 1749. C'est ce que nous montre le registre des délibé­
rations du généraL
2 mars 1749. « En l'endroit, le Sr Recteur de lad.
« paroisse a remontré auxd. dellibérateurs qu'il est besoin
« de faire paver le bas et le haut de l'église de lad. paroisse
« d'Ergué-Gabéric. Le général, répondant ~ la ditte remon-

« trance, a déclaré acquiescer à la construction dud. pavé,
(1 de l'employ des deniers de la fabrique. »
Mais le général pose une condition préalable « parce que,
II. dit-il, ledit sieur recteur ne s'opposera pas que les habitants
« defTuncts de laditte paroisse soient inhumés et entenés

tés
I( dans les cot de l'église. Ledit SI' recteur ne Doulant, .de

cc son cheJJ: se décider sur la demonde du général, en l'état,
« a remis à s'expédier à cet effet jusqu'à avoir l'avis du
« Seigneur Évêque.
, (c Signé: DE KERVÉGAN DE SUASSE. ))
16 mars 1749. Le recteur remo tre cc qu'il est en sa
« connaissance qu'il y a eu un arre du ' Parlement dont
(1 ledit recteur ne se rappelle pas la d tte, arret décrétant
« que nul cadavre ne serait inhumé dans les églises que
« pour les propriétaires des enfeux ou bien que payé ne soit
« une certaine somme à la fabrique: ladite somme n'estant
« point èon7l;ue encore audit recteur, par conséquent il ne
II. peut dérogel° à cet arrêt ni acquiescer à l'avis duel.
« général. »
Le général répond que « l'arret luy est inconnu et a 'prié
« led. Sr recteur qu'il trouvât bon qu'il se fit instruire des
Il dispositifs dudit arret. Après quoi led. général réserve de
(c se pourvoir en lad. Cour pour obtenir la permission, s'il
« est pussible, de se faire inhumer dans les bas costés de
(c l'église moyennant qu'ils en fournissent les pierres tom­
« baIes et fassent les charroys nécessaires pour faire le
« passage de lad. église, parce que la fabrice fera les frais
« -de l'œuvre de main tant pour la taille que pour placer les
« pierres. Tel fut l'avis dud. général. »
Dix mois se passent et le projet de pavage de l'église n'a
pas reçu le moindre commencement d'exécution : enfin, on
le reprend, mais toujours sur les bases d'un contrat bila­
téral.
14 décembre 1749. ' « En l'endroit s'est présenté le SI'

o Ù rectêur de laditte paroisse lequel a remontré aux delli­
« bérants q.u'il est nécessaire de faire paver la Mère-Eglise ...
(( et comme le général a témoigné qu'il souhaitait que les
« cadavres de la pal'oisse soient inhumés dans les bas costés
(( dû l'église, M. le recteur voulant obliger ledit général ne
(( s'oppose pas que lesdits cadavres soient inhumés dans les
(( bas cos tés de l'église parce que les paroissiens dudit
( Ergué feront les charroys des pierres et iront les prendre
(( dans les lieux qui leur seront désignés pour faire le pavé. »
Le général prendra, s'il le faut, sur les fonds des chapelles:
il prend charge 0 des charrois, mais (( pourvu qu'ils ne soient
( pas distants de ladite Mère-Eglise de plus d'une lieue ou
( de cinq quarts de lieue. »
Jean Kerhua, un lettré, un des délibérateurs du général,
à la signature belle et correcte, comme on peut le voir aux
procès-verbaux que nous venons de citer, n'était autre que
ce Jean Kerhua que défunt messire Edy devait recommander
avec trois autres au juge criminel de Quimper, en novembre
174.1, au sujet de l'aITaire d'enterrement, scandale passé
en l'église d'El'gué, à la mort de Denis Le Calvé. 0
29 septembre 1749. « A été remontré de la part d'Alain
c( Kernévez, fabrique en charge, qu'il est nécessaire de faire
cc faire une horloge neuve en l'église paroissiale d'Ergué­
' cc Gabéric, attendu que celle qui y est actuellement est de
« nulle valeur, auquel effet et pour y parvenir ledit Kernévez
« a passé marché avec Charles Guég'uen, horloger de pro­
« fession, demeurant à Pleiben, pour la somme de trois cents
( cinquante livres, compris une montre. Sur quoy il inter­
« pelle le général à dellibérer, lesquels dellibérants, après
(c avoir ouï la lecture de ce que dessus en breton, sont tous
« unanimement d'avis qu'on fasse faire une horloge neuve
« en ladite église paroissiale aux conditions ci-dessus et ont
(c approuvé le marché. »

« Et sont aussy d'aoîs lesdits dellibérateurs que l' horloge
« soit placée en l'église de Saint-Guénolé. »
On est bien tenté de sourire après avoir entendu attester
dans la première partie de la délibération que l'horloge ne
valait rien et, sans doute, pas même une réparation, de voir
les délibérateurs décider ensuite l'installation de ce vénérable
chronomètl'e à Saint-Guénolé.
Peut-être croyaient-ils que le changement d'air serait
al'rivé à bout de rétablir la régularité de son fonctionnement
et sa bonne entente avec la marche du soleil. En tout cas, il
est à croire que ce projet ne reçut pas d'exécution.
Hervé Lizien, du Mélennec, greffier des délibé­
du corps politique q'Ergué.
rations
Hervé Lizien n'était pas le premier de sà famille à avoir
pris rang dans cette classe moyenne de paysans dont l'éli.te
se rapprochait à certains égards de la noblesse. Comme le
remarque l'abbé Bernier (le Tiers-Etat en Basse-Nor'mandie
p. 172)1 cs. l'honneste homme ne se confond pas plus chez
« nous avec le gentilhomme campagnard que ch~z les Romaîns
« l'honestus homo ne se confondait avec le nobilis homo. 7>
Toutefois chez nous, et même ailleurs, le titre de noble
se substitua sans scrupules à celui d'honnête homme.
homme
Qu'ètait-ce que l'honnête homme ou noble homme rural?
Le dictionnaire de Trévoux le définit, ou mieux, le décrit ·
ainsi: c( C'est l'homme de bien qui a pris l'air du monde et
« qui sait vivre. » .
La famille d'Hervé Lizien avait pris « l'air du monde. »
Dans ses fréquentations, dans le cas qu'elle fait de l'ins­
truction, elle acquiert distinction de formes et notabilité.
Son arrière-grand-père, autre Hervé Lizien, se marie en
1662 à Marie Lozac'h : au contrat rédigé en 1657, alors qu'il
n'a que seize ans~ le père de sa fiancée cs. s'oblige de faire
« instruire ledit Lizien aux lettres, comme à l'homme de

« sa condition!! appartient, le tout sans espoir de récom­
« pense. » Qu'advint-il de cette clause? Ce qui est certain
c'est que si nous voyons souvent l'honorable homme intervenir
aux registres de la paroisse, jamais nous ne
comme témoin
apposant une signature quelconque: si le prêtre
le trouvons y
qui rédige le procès-verbal mentionne pour certains témoins
ont déclaré ne savoir signer, il ajoute par une
illettrés qu'ils
distinction subtile que « quant à Hervé Lizien, il a déclaré

« ne le voulloir faire. »
Mais il tiendra à ce que ses garçons et filles reçoivent une
leur permette de tenir leur rang et
certaine instruction qui
de couvrir les papiers publics d'une signature correcte et
experlmentee.
Evidemment le dernier enfant des écoles primaires pourvu
du certificat d'études prendrait en pitié l'orthographe
d'Hervé Lzzien, greffier des délibérations du Corps politique
d'Ergué-Gabéric.
Il sèmble prendre de grandes licences avec l'orthographe que
aujourd'hui; mais comme lorsque la loi n'existe
nous avons
pas, il n'y a pas à l'enfreindre, nous plaidons non cou­
pable pour Hervé Lizien. L'orthographe n'était pas fixée: on

écrivait comme on prononçait, et celà dans toutes les.classes
. de la société: nobles, prêtres et même littérateurs. Ce n'est
certes pas M. Gréard, membre de l'Académie et vice-recteur
·de la Sorbonne, favorable à cette réforme de l'orthographe
qui consiste à écrire comme on prononce, qui blâmerait
notre greffier des délibérations. Nous posons en thèse
que si Hervé Lizien procède avec un peu de liberté en
matière orthographique, sa prose, en revanche, n'est pas
émaillée des celticismes que l'on peut relever, chaque jour,
dans les rédactions françaises de nos contemporains bas­
bretons. Il dira bien que « le corps politique ont arrêté, etc. » ;
mais il ne fait qu'appliquer la règle: « Turba ruit ou ruunt, »
aussi conforme au génie du latin qu'à celui du breton. Le-

style est clair, précis, et e~prime aisément ce que le rédac-
teur du procès-verbal veut dire. .
NouS donnons, au reste, ici, un échantillon du style épis­
tolaire d'un paysan du temps qui nous semble avoir ces
mêmes qualités, avec une grande élé:vation de sentiments.
L'auteur est oncle par alliance d'Hervé Lizien, époux, de
Marguerite Le Niho~arn, de Kerganappé, en Plogonnec: il
s'entremet pour régler à l'amiable des difficultés provenant
de constitut.s.
L'adresse porte:
« La présante soit rendue à Hervé Ligen prés le bourg du
Grand-Ergué .Grand-Ergué. D
« J'ai receu vostre lestre en dabte du 6 de ce moy et je

« fais réponse dans le temps que vous m'avez marqué.
« Vottre belle-mère et votre beau-frèrre ne feront aucune
« difficulté de vous donner les comunication que vous désiré:
« lorsque j'ay. voullu vous acomoder sur vos différends, ce
« esté à la prière de vostre beau-père mourant, vostre fiancé
« est sa fille comme les autres, c'est la raison et la concience
« • qui nous doit tous guider, pour moy je ny suis pour rien
« que pour empescher les enffens de ce pauvre deffunt de
» dépanser, de répandre leurs biens mal à propos et dJen­
« richir leurs procureurs.
« Je met l'assignation au dimanche après la grand'messe,
« le 15 du mois, je prie Dieu que je sois ' assée heureux de ...
« vous pouvoir concillier.
« Je vous prie, mon cher Ligen, de me croire avec amitié.
« R. KERLÉAN.
« A Bonescat le 14 aoust 1763.
« Mes compliments à vostre feame.
« A Keranapé diner après la grand'messe.· ))

En 1776, le Corps politique est composé de 12 membres
qui rendent leur compte de gestion, non après trois mois,
comme cela se fait en plusieurs paroisses, mais le jour même

où ils signifient leur retraite. Lesjabriques comme l'attestent
les délibérations, se retirent le premier dimanche de mai:
« suivant la coutume de lad. paroisse» ; et « l'usage pratique
« dans la paroisse est de changer le procureur terrien le
({ premier dimanche de l'année. » Le Corps politique nomme
» le,s asséeurs pour asseoir et faire la cueillette de la capi­
« tation et du vingtième, » « les collecteurs pour les rolles
« de garnison », IJ. le député des grands chemeins. rj Sa
'compétence s'exerce sur les autorisations de poursuites pour
défendre les intérêts de la communauté, la rédaction des
contrats de constituts, leur remboursement, le renouvellement
d'obligations, les lettres recognitoires, etc ... Le Corps poli-
tique montre autant d'âpreté que d'honnêteté dans ses
r.evendications et démarches pOUl' assurer les intérêts tem­
porels de la paroisse. MMes Doucin, Coroller et de'Lécluze,
avec Me Chapentier, procureur, semblent constituer son
. conseil ordinaire en toutes difficultés de procédure. Hervé
Lizien fait parfois rédiger les procès-verbaux par son fils
Hervé-Corentin, qui signe alors a la requête de tout délibé­
rant illettré et en son nom.
Dans ces débris informes que nous avons disputé feuille
par feuille au temps, à l'humidité et aux rats, il doit y avoir
au moins 20 rôles paraphés. Voici les événements qu'ils
relatent et que ... Hervé Lizien enregistre pour l'histoire à
vemr. •
« A esté retirer du coffre-forre la somme de
« cinquante et trois livres quatorze sols pour payer les
« massons qui ont travaillé pour réparer le mur du scemétière
« â raison de vingt sols par jour. :1
Février 1776. Le Corps politique, « vu la circulaire de
« M. de Saint-Julien, receveur generall du clergé, en date
« du 28 décembre 1775, ont dellibéré de ne pas recevoir le
« remboursement de la somme qu'ils ont sur le clergé, mais
({ de nouveaux constitu au denier vingt-cinq, ont en consé-

« prés année, de donner à traiter à Monsieur Lennec
ante
1 l __ aënnec), receveur da clergé à Quimper. »
5 mai 1776. « S'est présenté Marc-Antoine Baldini,
« eintl'e de profession: qui s'est proposé de peindre l'église
« a .donné pouvoir et liberté dy travailler, sobligeant à luy
c( payer pour ladite ouvrage une somme de soixante-deux
« livres dont ils sont convenus, ladite somme lui ayant esté
CI comté et numéré par ce Corre politique. »
« Par suite ùe la mesme dellibération le Corre politique
« la auttorisé à peindre le grand autel de Km'dévot et ses
« deux autels collatéraux de lad. église et à commander luy
« payer la somme de cent livres à la fein de louvrage, à
« quoy ledit peintre a adhéré. 1)
28 juillet 1776, « En présence (des délibérateurs) a esté
« retiré du coffre-fOl're la somme de quinze livres pour payer
« le nommé Marc-Antoine Baldini, peintre, pour avoir
« peinte la croix de Mission, plus esté retiré du cofl're-forre
« de la chapelle de Nostre-Damme de Kerdévot pour payer
« ledit Baldini pour le marché consanty par luy au cor
c( poleticque (sic) en date du cinq mars mil sept cent soixante
« et treize, pour peindre le grand antel et les deux . autels
« collatero (sic) de lad. chapelle. Et a esté à land l'oit payé
c( et numéré audit Baldini la somme cy devànt dénomés. »
Nous ne savons rien autre du signol' Marc-Antoine Baldini;
toutefois ilOtre sympathie pour lui se trouve modérée parce
que nous le soupçonnons véhémentement d'être le manœuvre
qui prit sur lui de retoucher le compartiment . supérieur de
notre rétable de Kerdévot, représentant le Couronnement de
la Sainte Vierge.
Aux Archives départementales, série B, on trouve sôus
les nOS 805, 910, des procédures pour vols avec effraction dans
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XX. (Mémoires). 5.

la chapelle de Kerdévot, ' dans la sacristie : ces enquêtes
criminelles sont de 1774.
Plomeur, etc., avaient vu leurs sacristies et
Pont-l'Abbé,
leurs églises visitées par des bandes de rôdeurs et d'escrocs .
Le Parlemeut, pour arrêter ces dépradations, dut prendre
un arrêt des plus sévères. Nous en voyons la mention faite
aux délibérations du Corps politique d'Erg'ué. .
1 er décembre 1776. « Conformément à l'arrêt rendu sur
« les remontrances et conclusions de Monsieur le procureur
« généralle du roy qui ordonne exécution de l'arrêt du treiie
« décembre mil sept cent soixante et quinze et enjoint les
« paroisses deferre coucher les sacristins dans les scacresties
« depuis le premier novembre jusquJau trente avril de
« chaque année einsy la Cour faisant droit... ordonne que
« larret du 13 décembre 1775 sera bien dùment exécuté en
« toutes les paroisses de la Province. En conséquence
« enjoint et fait commander à ceux qui ont négligé l'exécution
« de sassembler huitaine après la réception du présent arret
«( pour charger le sacristain de coucher dans la scacristie
« lequelle sera tenu d'averltr les paroissiens soit par le
« son des cloches ou autrement des tentatives qui pourraient
c~ ètre faites pour s'introduire dans l'église ou dans la
CL sacrestie ou dans la chambre des dellibérations ... , et ce à
c( raison de trois livres par mois de rétributions qui seront
« alloués dans le compte des marguilliers. Ordonne pareil­
« lement que sur le refus desdits sacristains il sera sur le
CL champ nommé d'autres particuliers qui voudraient sous­
« crire lesdites conditions, et à défaut d'établir un gardien,
c( condamne les dellibérants de chaque paroisse où il sera
« fait eifractîon conjointement solirj,erement et sans répétition
« auz frais des réparations quelle occasionnera et ceux de -
« la descente des juges et experts auxquels elle donnera
« lieu. » En conformité, etc., en 1775, le Corps politique
« s'assembla à l'annonce de huitaine à Iuy faite et choisit

« cntl'e autl'es gens de probité Hervé Le Tytur pour garder
« et dOl'mir dans la scacrestie, etc .. : Ce qui fut exactement
« exécuté. ))
onformité du second arret du 12 novembre 1776, le

COI'PS politique fut assemblé... et connessant par conti-
« comme gardien de ladite sacrestie ou il a exactement
« couché à raison de trois livres par mois avec ordre de
« s'acquitter de toutes.les obligations portées dans larrest
« de la Cour ou à défaut de ce d'ètre· expulsé sur le champ
« et d'être à sa place nommé un autre. ))
14 novembre 1779. ' « Par suite de la délibération après
« iectures fettes au prone de la grand'messe de larré qui
« ordonne de nommer un garde pour la sacristie, le généralle
« a nommé et nomme à cet effet Jacob Le Calloc'h, qui,
(c après lectures dudit arret en langue vulguerre pour conêtre
« ses obligations et ]e somme de s'y conformer. »'
9 février 1777. Enregistrement d'un arrêt du Parlement
au sujet de la tenue des registres paroissiens,' condamnant
le recteur de Pluvigner pour défaut d'exactitude dans l'enre-
gistl'ement des actes de baptême, etc., et dans l'inscription
des témoins: commet le sénéchal d'Auray pour suppléer, le
tout aux f['ais du recteur de Pluvigner y compris l'envoi de
l'arrêté à lire aux pl'ônes des églises de la Province. Le
Corps politique certifie que lecture en a été faite cc en vulg ua ire
langue bretonne. » •
16 juin 1780. L'Assemblée révoque l'acceptation qu'elle
avait déjà faite d'un testaJ;nent le 16 mars 1777, parce que

c'était un testament mutuel lait conjointement entre mari et
lemme cc et qu'il y aurait une eimprudence inexcusable à
« demander l'exécution d'un testament radicalement nul » :
(c cc et comme à cause de la capitation on veut faire payer
(c les droits au lieutenant général des Fermes Unies de
cc Fl'ance, Sébastien Mahé, marguillier en charge, il ordre

« de notifier la révocation d'acceptation à Monsieur de
« Trémaudan, contrôleur actuel des actes à Quimper pour
« ferre cesser les suites. » .
28 septembre 1777. « Le Corps politique assemblé. -
« A représenté François Patérour, fabrice actuel de Saint-

« Guénolé, lurgent besoin de refondre la cloche de Saint":
« Guénolé fendue depuis longtemps et hors d'état de rendre
« aucun service de sonnement dans la parcelle, vue ce besoin
« et les désirs de ladite parcelle, le Corre politicq délibérant
« ont consent y et consentent qu'elle soit fondue et mise en
« bon état et qu'en conséquence elle fut voiturée à Quimper
« ché le sieur Goubellin, fondeur de profession, qui s'oblige
« à fondre laditte cloche moyennant cinq sols par livres
cc comme de coutume. Les dellibérants promettent au
« fabricque de le charger des deniers qu'il a en main et qui
« serviront au paiement ... en cas qu'il n'aie point entre les
(c mains les deniers suffisant pour faire le paiement. Ladite
« cloche a esté au poid du roy, elle se trouve pesé deux cents
cc quatre-vingt-onze livres. »
29 octobre 1780. « A représenté Louis Le Bian, fabrique
(c actuelle de la chapayle de Notre-Damme de Km'dévot
« quil estait nécessaire de délibérer sur l'offre faite par
c( Monsieur Marquer, facteur d'orgre, ayant son domicile à
«, Quimper, de faire les réparations portés audit devis pour
« la somme de Neuf cent francs, et lui S6ra ladite somme
('( payée par la moytier lorsque le somier et les soumets
« seront en place, et le reste à la fein de son ouvrage. »
Signé: F. MARQUER.
Avant de quitter le greffier du Corps politique disons que, .
du duc de Penthièvre, gouverneur général de la
au nom
province de Bretagne, il fut nommé li. capitaine de la
Compagnie du Gué de la paroisse d'Ergué-Gabéric (1 fé­
vrier 1787).

En avril 1790, il était commissaire nommé pour le Don
Jean Jaouen, du Poulduic, époux de Marie Lizien, prenait
ent de 12 livres: .
gem
enga
3 Iiv. pour Pierre Jaouen, son fils.
3 liv. pour Marie Pétillon, fille de sa femme du premier
lit.
3 liv. pour Gilles et Pierre Lizien, ses beaux-frères.

ANTOINE FAVE,
Vicaire à Ergué-Gabéric .