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Bulletin SAF 1892


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Fenêtres des églises du Finistère

M. Bigot

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FENETRES DES I~GLISES DANS LE FIN ISTERE

depuis le XIW siècle jusqu'à la fin du XVI p-.
Toutes ces fenêtres sont ogivales; elles se divi sent en
deux classes qu' il est convenu de d6si gner sous la dénomi­
nalion de rayonnantes !=lt de flamboyantes . La premi ère
classe se rapporte généralement aux con structions des XIIIe
el XIve siècles, et la seconde à celles des XV~ et XVlp sièeles.
Cependant, il n'est pas rare ell Bas::;e-Br'elagne d' en rencon­
trer faisant exception à cette règle.
C'est au XIIIe siècle que l 'cu't, ogival appan.ü sous les
es plus simples . Dans le pi'Îll ei po, les fenêtres
forme s l
nt géminées en accentuant U11 eeraetère architectural
étaie
plus sévère ; vers la fin de èette p(~l'iode, en prenall t un plus
gl'and développement, elles se divisaient en deux sec ti ons.
accouplées, ainsi qu'on le voit daus la chapelle absid iale de
la cathédrale de Quimper , au fond de laquelle est un e baie
fOl't 'remarquable" ainsi qu'oll le \'oit encore, mais pIn s
simples derrière le maître-autel de l'ég'lise de Bénodet.
Au nombre des fenêtl'es les pIns belles du Finistère, je

citerai les sui vantes:

D'abord , celle du tl'allsept mér'idionul de la cathédrale de
Saint-Pol-de-Léon.
Sa rose enkersanlon a G métres 40 de diamètre. L 'orne­
mentat.ion de son dessin représente huit comparLiments sous
d'ogives très évasées, dont la naissance contourne
la forme
tit rayon central. Chacun de ces compartim ents ren­
le pe
ferme huit og ives tL'ilobées écourtées, au-dessus desquelles

viennent s'emmancher deux trilobes allongés et un autre lobe
à quatre feuilles . Cette rose s'appuie sur une traverse il
, larmier d'un profil de moulure d'une grande légéreté. Cette
traverse sert de liaison à l'ensemble décoratif de toutes ces
pierres à jour; en pénétrant dans les jambages de la baie.
cette traverse est elle-même supportée par des meneaux à
baguettes entre lesquels sont six ogives, ornées sur presque
la moetié de leur hauteur par . des 10bes superposés à trois
feuilles. Cette combinaison hardie et solide, très bien exé­
cutée, produit un admirable elTet. .

Fenêtre derrière le nlaÎtre-autel de l'église des Carnles
à Pont-l'Abbé.
Elle a 5 mètres 50 de largeur. Sa rose a un diamèt.re égal;
elle se divise en deux parties distinctes: la première com­
prend un rang de huit lobes imitant la forme ogivale et con-

vergeant vers le rayon central; puis un autre rang de huit
lobes allongés, dont l'axe se dirige en sens conLraire. La
deuxième section comprend huit grands compartiments
curvilignes s'entrecroisant. Chacun de ces compartiments
contient denx ogives geminées, ornées de quatre lobes sem­
blables à ceux de la première section. Chacun des intervalles
laissé entre l'extrémiLé des ogives est ajouré par un lobe à
quatre feuilles. A droite et à gauche de la rose au-dessus de
la traverse à larmier, 1'espace formé par la renca nire de deux
lignes droites et d'une autre cororbe est rempli par une pe­
tite rose à trois flammes s'enroulant entr'elles; puis , dans
les parties angulaires, sont quatre lobes, dont deux à trois
feuilles. Le soubassement de cette fenêtre à meneaux mou-
lurés et écourtés se divise en huit ogives trilobées, ornées
d'un rang' de lobes à t.rois feuilles.

Cette fenetre pourrait peut-etre merl ter une première
citation: carelle aussi est splendide,
Presque toutes les fenêtres de cette église sont 'très inté­
ressantes, principalement celles de la façade occideniale,
qui se distinguent par un caractère particulier.

III. !

Fenêtre derrière le ma,ître-autel de l'église du Folgoët.
Sa rose a 4 mètres 40 de diamètre. Du rayon central orné
d'un enroulement de petits cintres: s'échappent; comme une
fLlsée, seize ogives trilobées dont les longs meneaux sont
d'une extrême finesse, Au-dessus de ces ogives s'encadre un
rano' de seize lobes à c)uatre feuilles; l'intervalle entre leur
intersection est ajouré par ùes trilobes. Cette rose s'appuie
sur une traverse semblable ù celles précédentes. Ainsi qu'elle
rencontre clans toutes les fenêtres analogues: le soubas­
sement de cette baie compren dont les meneaux monlnrés sont, orn<~s de lobes ù trois
feuilles clans la partie ~upérielll'e.
Sous cette fenêtre se trouye une belle fontaine m:racu­
leuse. Dans le mur eu fonù de cette fonlaine est assis. ~ur un
cul de lampe, la statne de NoIre-Dame avüc l'Enfallt-Jésus.
Le galbe cle cette fontaine se tef'mine en forme d'une acco- '
à crochets fleuris ct dont la pointe s'épanouit clans un
laùe
fleuron panaché. Cette <.:ompositioll s'harmonise très heureu­
sement avec les lignes principales clu monument, actuelle-
, ment classé au nombre des monuments intitulés historiques.
Toutes les mItres fenêtres cle l'église clu Folgoët méritent
cl'ètre mentionnées; mais ce qui: généralement: fl'appe le
l'attention daus eette 6g1ise, C'cRt son jnh0 E'nkerSftnton,
plus
très renommé.

Fenêtre derrière le 11laitre-autel de l'ancienne église
des Jacobins à Morlaix .

Lorsque l'on songe que, depuis la Révolution jusqu'à près
de nos jour's, cette église a servi ùe magasin à fourrage pour
la cavalerie, on tiC deman'..lc comment cette jol.ie fenêtre a pu
échapper au vamlali:-lll1c. Ell e- fut heureus ement bouchée par
une maçonnerie en torchis. C'est à cette précaution proba­
blement que sa co nservation Cl été due. Maintenant: dégagée
et libre de toute entrave, elle apparrtît aux ~'eux de tous ceux
qui l'admirent.
Dans ce t emps d'aycuglemcut de l'art du moyen-âge,
d'autres monumeuh, ont passé sous le joug d'une pareille
profanation; tel rut 10 sort du Mont-Saint-Michel, qui est
une merveille unique daus le monde; t.el fut aussi celui de
l'ancieune église LIe Sai.nt-Julien à TOlles, qui est louéo à un
peoresseur d'équitation pOUl' ~ervil' de dépôt de fourrage
pour LIes l'hevaux clont l'éclll'ie avait pris sa place dans un
ancien eMecloil'e. Hélas! il en fut de même de tant d'autres .
. S'il est p(:~llible de l'appelee puerois : lorsque l'occasion se
présente, le souveuir d 'une époque aussi néfaste pour l'art
du moycn-ùgu cu France, il est nécessaire, quoi qu'il Cil
co ùte , de le' l'edil'c ; cal' l'esjlrit lturnain est mobile et. sa mé­
moiee es t si fragil e, quo l'oubli des faits péniblos du passé
s'efface av ec ILlS alles du tumps.
~Iais revenons à 1105 montons , (;'est-ô-d il'e ft la fenêtre
pei ncipale cles J Hcobins de Mol' laix.
Elle u. quelque analogie H vec celle précitt~e du Fol goët :
cependant, lu division des détails !l'est pa;; la même. Ici~ le
cercle central s'ouvre lal'goment et les seize ogives tl'ilobées
qui le co nLournent r epl)Sellt SUt' Ll~s melleau\. 6COllrt{~S, p OI'­
mettant de les eO UI'Olln el' par une série de sci%c ce l'cles~ dout

l'intél'ieue de chacun d'eux est. encadeé par un enroulement
de six petites couebures.
j'avais à me prononeer sur la préféeence à donner à .
l'une des Jeux fenêtr'es qui ont une l'es::iemblance de famille,
pour celle-ci, sans nuire le rnoindl'ement à sa
j'inclinerais
sœur.
Au nombre de::i baies éclairant le seul bas-cùté de l'église
des Jacobins , le dessin de l'une d'elles, quoique d'une échelle

méeite J 'ètee signalé, à 0ause de sa ral'eté. lei , la
moyenne,
très sirnple Ile compt'end qu'un enroulement de huit
rose
longues pointes ogivales, on laissant ainsi uu grand espace
ft l'artiste peintre veniel'. .
Fenêtre derrière le maître-autel de l'èglise de Saint­
Herbot, en Plonévez-du-Faou .
L'ornementation de cette baie, eu kersanton d'un grain
le plus fiu , est J 'uue extrême légé l'e1é. La composition
mme la plllpaL't des fenêtres llu Finistère,
dénuée de lobes, co
'est pas pour Gela moins remal'quabl.e. Sa rose a 3 m. D5
de diamètre; olle se divise en douze grandes ogives très
évasées s'ent"recl'OisauL Chacuno d'elles l'enferme dcux
ogives géminées terminées sons la form e d'enr·oulemellt. Le
soubassement de cette rose se divise eu six parties eutre les
meneaux desquelles sont des rinceaux à rais-de-cœur. Cette
composition J 'une grande unité et d'uue parfaite exécution
n'a pas J 'imitation; elle se distingue par l'engencement de
ses lignes pures d'où ressort une beauté particulière.
L'église lIe Saillt-Herbot est riche en objets J 'art ; elle
l'me le tombeau du saint ermite, sur lequel repose sa
renfe
statue cO llchée, puis Ull jubé en hOlf' (pli est 1ll1e merveille
de sculpture dentelée. .

Fénètre derrière le maître-autel de l'église de Pencran,
. près de Landerneau.
Sa rose a 3 m. 30 de diamètre; elle se divise en quatl'e
gl'undes ogives dont chacune renferme deux autres petites
géminées sur;montées d' Ull lobe à quatre feuilles. L ~inter­
valle laissé entre les compül'liments est ajouré pal' des lobes'
flamboy'ants accusant l'époque de transition de soubas­
sement est semblable à celui de Saint-IIcl'bot. Quoique le
dessin de cette fenêtre soit aussi sans imitation, il n'a pas la
valeur de celui de Sai nt-Herbot.
VII.
Fenêtre derrière le maître-autel de l'église du Creislrer,
à Saint-Pol-de-Léon.
Sa rose a 11 m. 30 de cliamètre.; elle comprend deux
cercles: dans le premier sont six lobes à quatre feuilles
contoumallt le rayon centeal; daus le second sont deux
lobes plus gl'Urids d'une forme sembl,able. Cette rose
s'implante entl'e les ogives de deux compements inférieurs
jumelés; ehacun de ceux-ci se divise en trois petites ogives
trilobées dout l'ensemble est surmonté de tl'Ois grands lobes
dont doux à trois feuilles. Tons les intervalles formés par la
diversité de;:; clétails sunt [~jourés. Cette t\mètre, ainsi que
toutes celles du Créiskei" se présentenl avec un caractère
très ferme. Toutos d'un dessin varié et dans une hautenr
élan<.;ée, méritent de fixer l'attention de l'm'tiste.
VIn.
Fenêtre de chape lIe en ruines de Saint-Guido,
en Plovan.
SUl' le bOl'd d'un potit chemiu: le touriste s'arrête à la vne
d'une fOllèLre d'un tl'ès beau style; elle se trouve dans une

chapelle ruinée dont il ne reste que des pans de murs;
\loique le dessin de cette baie soit mutilé, il serait facile
de le compléter .
mètres de diamètres; elle repré-
La rose de cette baie a 3
sente d'abord un contour de huit petites sections sous une
forme ogivale et donnant naissance à douze autres semhlables .
moins écourtées. Entee les pointes de ces dernières divisions
et le grand cercle s'enroulent douze lobes à trois et quatre
feuilles alternatives. L'intel'valle laissé entre le gl'and cercle
eL la tl'averse à larmier, sur laquelle la rose s'appuie, est
ajouré par les lobes à trois feuilles. Cette baie étanL ogivale,
le vide formé entre . le grand cercle esL rempli par des
flammes allongées. Le soubassement de la rose comprend
trois travées entre les meneaux desquelles sont des demi­
lobes.
est étonnant qu'avec si peu de motifs aussi simples, les
premiers maUres de l'œuvre aient pu produire des combi­
naisons heureuses, aussi variées; ce sont de véritables
dentelles de pierres dont la solidité a tI'aversé des siècles.
Actuellement elles nous se['vent d'étude et nous sommes
heureux de les imiter.
A la suite de fenêtl'es ['ayannr)ntes détaillées précédemment,
je mentionnerai plusieut's autl'es que j'ai dessinées, indépen-
damment de celles de la uef de la cathédrale de Saint-Pol-
de-Léon et du chœuI' de la eathédl'ale de Quimper, savoir:
Celle de l'abside de la chapelle de Lanvern, en PlonéouI' ;
cette petite église est, accompagnée d'un ossuaire, et plus
loin, sous elle, un~ fontaine miraculeuse apparaît.
Une fenêtre dans le chœur sie la chapelle de Kernitron,
en Lanmeur. .
La plupart des fenêtres de l'église de Humengo-l; une
autre dans la chapelle de Groanec,' en Plouguerneau; celles
ùe l'abside et dù transept de l'ég'lise de Plourin; celle de
l'abside de l'église de PluguafTan, et celle absidiale de la

chapelle de Tronoën, en Saint-Jean-Trolimon. Quelques
autres se font voir dans la chapelle de Languivoa: en
Plonéour; dans le chœue de Pouldavit, près Douarnenez i
oelles du chœul' de l'ancienne abbaye de Salnt-1Vlathieu, près
le Conquet.
Telles étaient aussi toutes les fellêtres de l'ancienne église
des Cordeliers à Quimper, actuellement démolie. ,
Ma:s, comme l'espace manque pOUl' en citer d'autres, il
convient de terminer ce récit par les fenêtl'es appartenant
franchement aux XVe et XVIe siècles.
Ces haies, les plus nombreuses entre toutes, sont tantôt
orllées de flammes, tnntôt elles n'ont que des meneaux
contournant en sens différents sous des formes très variées.
, Puisqu'il a été déjà dit que le XVe siècle avait donné
naissance dans le Finistère aux. fenêtees flamboyantes, il
n'est pas nécessaÏt'e de signaler dans cette catégorie celles
de la nef et du teansept de la cathédrale de Quiml)er et
celles du chœul' de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon .

Bornons-nous il mentionner d'autres baies daus les édifices
moins importants. Parmi la multiplicité plus nombrouse de
cette classe, nous prendrons au hasal;d celles ci-après,
situées dans de petites villes, bourgs et villages, savoir:
A Locronan, à Penmarc'h, à El'gué-Gabéric etdans sa
jolie chapelle de K81'dévot, à Ploal'é, au Jug, à Saint-Michel
de Quimperlé, à LamLour (en Pont-l'Abbé), à Pont-Croix
dans le chœur, à Beuzec-Conq, à Guengat, à Treffiagat:
à Kerfeunteun et à la chapelle de la 'Mère do Diou, à La
Forêt-Fouesnant, à Saint-Thomas, en Lallderlleau~ à Saint­
Mathieu (en Quimper), à Pleyben et à Confort dont les troi.s
fenêtres" des pans coupés de leur chœul', sont surmontées
de pignons aigus décorés pal' des chevronnières à enrou­
lement ajouré; à Peumerit, à Châteauneuf, à Briec, Coray,
Laz, Spézet, Lesneven, chapelle du Ménez'hum, à La Hoche,
près Landerlleau) à Poudiry, Goulyen, Plonévez-Porzay,

Brasparts, Gouesnou·: Carhaix: Poullan, Saint-Jean-du­
Doigt, Saint-Evarzec, Le Conquet, etc., etc.
Je ne puis ici parler de quelques fenêtres, assez rares du
reste, décorées de fleurs de lys, puisque M. l'abbé Abgrall
m'a devancé. Cependant, pour faire suite à celles qu'il a
signaléés dans le dernier bu1letin archéologique: j'en ai
remarqué d'autres, savoir:
Derrière le maître-autel de l'église de Plonévez-du-Faou.
il y a trois fleurs de lys; une autre se trouve à Ploaré, puis
à la chapelle de Tréminou, près Pont-l'Abbé; enfin, une
autre dans l'ancienne église reconstruite à Ployé, près .
Carhaix. J'aime à penser que, dans son nouvel œuvre, on
lui aura donné une petite place pour la reposer .

. BIGOT père, Architeciè . .