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Bulletin SAF 1892


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Pleyben, église, calvaire, etc

Abbé Abgrall

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. PLEYBEN

Calvaire.· Ossuaire. " Chapelle
Eglise.
de N.-D. de Lannélec .

L'église de Pleyben, dédiée à saint Germain-l'Auxerrois:
et construite en 1564, comme nous le verrons par une ins­
cription intérieure, est un des grands et beaux monuments
l'eligieux de notre pays. De quelque côté qu'on l'aborde,
elle présente un coup d'œil admirable, à cause du groupe­
ment de ses deux clochers, très différents de forme et cepen-
dant s'harmonisant si bien ensemble.
Occupons-nous d'abord de l'extérieur, en commençant
par la façade ouest. .
Sur cette façade, offrant les caractères de la dernîère
période du style ogival, est planté le petit clocher gothique
si léger, si élégant, si original, avec la galerie aérienne qui
le relie à la tourelle octogonale servant de cage d'escalier.
Sous ce clocher s'ouvre la porte double à anse de panier et
accolade qui donne accès dans le bas de la nef, et qui est

surmontée d'un grand tympan encadré par des moulures et
une contre-courbe feuillagée.
Sur la façade sud, immédiatement après la première
travée, nous trouvons le porche surmonté du grand clocher.
Cette partie a été ajoutée plus de vingt ans après la cons­
truction du reste de l'édifice, puisque à l'intérieur de l'église
on lit la date de 1564 et que dans le porche se trouvent les
dates de 1588 et 1591.
Quoique séparées par un si court espace de temps, ces
deux constructions offrent des caractères tont-à-fait diffé-

rents. Tout l'ensemble de l'église est bâti dans les données

gothiques; le clocher au contraire et le porche nous repor­
tent en plein style de la renaissance.
Ce porche est, par sa date, le premier exemplaire des
et remarquables de ce genre, exécutés
édifices nombreux
la caractéristique, ce sont les
dans ce style. Ce qui en fait
deux colonnes engagées qui soutiennent la grande arcade
et qui se compo~ent de tambours cannelés alternant
d'entrée,
avec des bagues ornementées et saillantes: sur le modèle des
colonnes et des pilastres inventés par Philibert Delorme pour
l'ornementation extérieure du Palais des Tuileries: et qu'il
nomma: colonnes françaises.
Nous retrouvons ce genre de colonnes et de pilastres dans
une foule d'autres porches bâtis vers la même époque, mais
Pleyben :
tous postérieurs à celui de
Saint-Thégonnec,' 1597-1605. Landerneau, 1604.
Guimiliau, 1606-1617. Bodilis, 1631. Goueznou , 1642.
- Ploudiry, 1665. ' Plabennec, 1674, etc ...
Ces dates nous donnent la solution d'un problème inté­
ressant : à savoir quelle est, des deux tours de Pleyben et
Saint-Thégonnec, celle qui a servi de modèle. Dans ces
deux églises nous trouvons des analogies frappantes : même
au bas de la nef, même grosse tour
petit clocher gothique
carrée surmontant un porche sur le côté méridional. C'est
Pleyben qui a la priorité de quelques anné~s, et c'est de là
que l'idée est partie pour être appliquée neuf ans après à
Saint-Thégonnec.
Pleyben a sa base entourée d'un cordon de
Le porché de
niches assez élevées mais peu profondes, formant plutôt une
d'arcature extérieure. Les colonnes à tambours can ...
sorte
nelés et à bagues saillantes dont nous avons déjà parlé, sont
couronnées de chapiteaux corinthiens, très finement sculptés.
qui soutiennent une archivolte terminée par une belle clef
en kersanton, avec volute en feuille d'acanthe , au-dessus de
01). lit la date de 1588.
, laquelle

Sm' cette façade et sur les contreforts qui en ornent les
ang-les, les niches prennent une plus grande valeur, s0!lt
-ornées de belles colonnettes et surmontées de frontons
courbes. Dans les soubassements des contreforts, dans les
bases des colonnes extérieures et dans la frise qui règne à
l'intérieur du porche sous les niches des apôtres, on trouve
absolument les mêmes caractères que dans le porche de
Guimiliau : panneaux à forts encadrements, cartouches,
têtes grimaçantes, le tout travaillé moins richement, il est
vrai, et , plus grossièrement, à cause du grain de la pierre
mise en œuvre. Sur la frise intérieure, du côté est, on lit la
date de 1591. Comment la faire concorder avec celle de la
façade qui est. , antérieure de 3 ans ? Il est vrai qu.e cette
diversité de dates se rencontre 'dans plusieurs autres por-
ches, ce qui indiquerait simplemeùt, peut-être: qu'on passait
plusieurs années à les ·construires. ' .
Les apôtres, dans leurs niches, sont un peu raides de
mancpient 'pas de grandeur. Chacun d~eux
maintien, mais ne
porte son attribut et tient 'un phylactère avec un article de
symbole. Au-dessus de la porte du fond est une statue du
Sauveur: vêtu d'une robe à longs plis serrés, sans ceinture.
. D'une main il tient le globe du monde et de l'autre il bénit.
Sur le socle de cette statue est gravée cette inscription :
M. JAN. COFFEC. RECTEVR. 1654.
Cette représentation de N.-S. en robe longue, sans cein­
ture: se trouve dans un grand nombre de porches de cette
_époque : Landivisiau, Landerneau, Bodilis, Guimiliau,

Brasparts, Plomodiern, Loc-Mélard, etc.
La voûte qui surmonte le porche est découpée de nervures
moulurées, arcs-ogives et liernes. "
Au-dessus de l'entablement de la façade sont -les statues
agenouillées de la Sainte- Vierge et de l'ange' Gabriel, sè .
faisant face et représentant l'annonciation. L'ange tient ub'é ·
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTERE. TOME XIX. émoires).

" b~nderolle avec les paroles de la salutation : AVE. MARIA,
GRATIA. PLENA., sur le socle on lit: M : Y : P.

Au milieu se trouve une belle niche abritant la statue de
patron de réglise. Il est vêtu d'une chape
Saint-Germain,
ornée d'orfrois historiés, porte une crosse très riche et est
coiffé d'une mitre couverte de belles broderies. Sur le socle
de cette statue est gravée cette inscription :
EN.LHONNEVR.DE.DIEV.ET.NOTRE.DAME.ET
MONSEIGNEVR. S : GERMAIN : CESTE : CROIX :
FVST. COMMENCE.
Pour comprendre ce texte il faut savoir que le calvaire, '
Se trouve maintenant à quelque distance de l'église, se
qui
tout prês de la façade du porche; et c'est
trouvait autrefois
là ce qui est indiqué par l'inscription.
,Plus haut règne une galerie ou balustrade, puis vient la
bas'e de la tour percée de deux longues baies sui' chacune

et couronnée par une balustrade en encor­
de ses faces, '
bellement. Aux angles se dressent quatre beaux clochetons,
au milieu desquels s'élève une grosse coupole octogonale
elle-mèm,fl d'une lanterne élancée et élé-
qui est surmontée
, gante, formant. un très heureux couronnement au clocher.
Passons outre ét admirons dans les travées suivantes les,
deux fenêtres sui'montées de leurs jolis pignons, et la porte
qui les sépare, encadrée dans ses petits contreforts, ses
pinacles, son accolade feuillagée ; puis contournons la bran­
che du transsept sud dont nous remarquerons les belles
dimensions et les jolis clochetons couronnant les contreforts

d'angle.

Nous trouvons ensuite la Saèristie qui, à elle seule,
un monument très remarquable.
suffirait pour constituer
C'est le même plan qu'à Guimiliau, mais encore avec des
dispositions plus heureuses : une coupolè centrale flanquée
et pour séparer ces der­
de quatre demi-coupoles latérales,
nières, des contreforts surmontés de pinacles superposés,

Lan mill eccc. IIIJxx et X fut londé cette église, c.e que
signifierait 1490.
Aux différentes colon nés sont adossées des statues repré-
sentant: N.-D. de Pitié; - sainte Barbe; saint Jean,
l'évangéliste; - un saint évêque.
Au-dessus des autels latéraux sont les statues de la sainte
Vierge portant l'Enfant-Jésus, rappelant par son costume la
granùe statue du maitre-autel; . un saint évêque ayant
encore les tl'aces d'une belle décoration polychrome; saint
Mathieu; saint André. .
Au sommet dela maîtresse-vitre, considérablementendom-
magée, on voit un écusson contenant cinq fusées de gueules,
l'appelant celles de Jean de Bouteville qu'on tl'011ve ' à sainte
Barbe et à saint Fiacre du Faouët. Les sujets restant dans
cette verrière sont:
N.-S. en croix, avec la sainte Vierge et saint Jean à ses
côtés; sainte Barbe; . N.-D. de Pitié tenant le corps de
N.-S. sur ses genoux. Au bas de ce panneau est une inscrip­
tion malheureusement frustre: Lan mil ..... fut cette vitre .....
Le lambris porte aussi une inscription, mais beaucoup
plus récente: :
F: FAIR: P: M: LEON: REeT: DE: PLEYBEN: GVIL-
LAVME: LE:BORN: GA: PALANT: MATHIAS:DIRESON:
FABRIC: FAIT: LAN: 1772: YVES: RIVOAL: FABRIC .

Mars 189Z.
Abbé J.-M. ABGRALL,
il rehi tee te .