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Bulletin SAF 1892


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Le siège de Concarneau en 1619

M. Trévédy

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SIEGE DE CONCARNEAU

L 'histoire militaire de la vaillante place de Concarneau se
réduit pour plusieurs à ces trois points: Duguesclin l'a
emportée en 1373; le vicomte de Rohan l'a prise pour le Roi
de France en 1488; Jean de Baud, seigneur de la Vigne et
de le Houlle et son beau-frère, seigneur de Kermassonnet,
l'ont surprise en 1576. Ce "n'est pas là toute son histoire.
J'essaierai de récrire un jour; mais, en attendant, je puis,
dès aujourd'hui, grâce à notre éminent confrère M. de la
Borderie (1), vous -cDmmuniquer le récit contemporain d'un

évènement dont, je le crois du moins, aucun historien n'a
parlé:
(1) C'est M. de la Borderie qui m'a signalé la narration contemporaine
du fait, qu'on lira plus loin. "
Un auteur anonyme copiant mais corrigeant le chanoine Moreau (chap.
IV), (Fmistère de Quimper, 4 juillet 1883) fJassé et avenir de Concarneau:
a écrit II. Trois gentilshommes, les sieurs de Kermassonnnet, de la
Vigne et de la Houlle .... » Il dédouble Jean de Baud, auquel appartenaient
les deux dernières seigneuries.
la mort des trois
Quelques lignes plus loin, après avoir mentionné
seigneurs, il écrit : « Ou ne saurait soutenir que La Vigne soit l'auteur "
du curieux récit publié à Paris en 15i7 sous le titre: « Ample (lisez brief)
discours de la surprise de la ville de Conq »; que l'auteur se rassure!
Personne ue songea jamais à soutenir ce paradoxe. L'auteur" du discours,
du Léonais (selon Kerdanet, iVolices
Guillaume Lavigne, gentilhomme
nécrol ,qigues sur les écrivains brelans, p. 93), n'avait rien de commun
avec Jean de Baud, seigneur de La Vigne en Languidic (Ev. de Vannes).
L'auteur de Passé et avenir a lu trop vite Moreau et Kerdanet.
Une autre erreur et plus grave est de dire que Jean de Ri€;ux et les '
Anglais étaient, en 1488, adversaires de la duchesse Anne. C'est au con­
que le vicomte de Rohan lui
traire pour elle qu'ils assiégeaient Concarneau
enleva pour le compte du Roi de France.

Le Siége de Concarneau en 1619.

Ce n'est pas aux anciens généalogistes qu'il faut demander
toute la vérité sur les maisons qu'ils étudient. Leur première
préoccupation semble être de grandir les personnages dont
ils mentionnent les noms; quant à -la vérité historique elle
ne vient qu'en seconde ligne.
Ce matin même, je faisais une fois de plus cette réflexion,
après avoir feuilleté La Chesnaye des Bois et le comte
d'Hozier auteut' des Chevaliers de Saint-Michel. L'un et l'au­
tre ont écrit une notice sur Louis Le Prestre, seigneur de
Lezonnet, capitaine de Concarneau (1). Or l'un et l'autre se
gardent de nous dire que Lezonnet laissa maladroitement
surprendre Concarneau en 1576; l'un et l'autre nous laissent '
croire que depuis sa nomination, en 1571, jusqu'à sa mort,
en 1595, Lezonnet garda fidèlement la place pour le Roi. Un
, peu plus loiri, d'Hozier nous apprend que François de
Lezonnet, qui succéda à son père, se démit en 1619; mais,
bien que selon toute appare'rlCe d'Hozier n'ait pas ignoré les
causes de cette cessation de fonctions, il se garde bien de
nous en faire la confidence.
Après deux siècles et demi, nous rie sommes pas tenus à
tant de réserve, et je puis révéler aujourd'hui ce que les
peler dans les notes par eux remises à La Chesnaye des Bois
et ce que d'Hozier n'a pas voulu dire.
Mais, avant de laisser la parole à un contemporain qui
publiait son récit au lendemain de l'événement, en 1621, il
(1) Le mot est écrit Lézonnef ou Lesonnet, et même M. de Beau­

regard (Nobiliaire de Bretagne. 1840), écrit Leronnet (p. 30'2); mais que
d'autres erreurs en ce livre! Un exemple seulement pris au hasard; à '
l'article Rogon p. 319 on lit seigneur du Teetuc, de la Plait, de ()ueslan­
guy, de la Vitte- Ringaret. Comment reconnaître en ces noms ceux dll
1'ertre, de la Plesse, de Kertangtty, de la VtUe Hingant ?

est utile de remonter plus haut. Les faits antérieurs feront
. plus justement apprécier la conduite de François de Le-
zonnet.

Le nom de Le Prestre apparaît en 1379 ; une grande date
de notre h!stoire de Bretagne!
Jean IV, duc par la grâce du Roi d'Angleterre, ne sait pas
s'afl'ranchir du joug anglais. Les Bretons se détachent de
lui; pour se maintenir, il appelle une armée anglaise: c'était
appeler en Bretagne l'armée française commandée par du
Guesclin; le connétable n'a pas franchi la frontière que
la Bretagne est soulevée contre le duc et ses anglais;
toute
et, fugitif avant le combat, le triste souverain s'embarque à
Concarneau pour l'Angleterre (quasimodo de 1373) (1) .
Après des années de désordre, les seigneurs bretons réso-
lurent de faire ce que ne savait pas faire le duc: sauver la
Bretagne de l'anarchie et maintenir l'indépendance du pays.
27 avril 1379: ils formaient une ligue et juraient « de s'en­
trayder à la défense du droit ducal de Bretagne contre tous
prendre la possession du duché, excepté
ceux qui voudraient
à qui elle appartient en droite ligne (2). )) Quelques
ceux
jours après, dix-sept bourgeois de Rennes, des plus impor-
aux seigneurs et se liaient
tants sans doute, s'unissaient

entre eux par un serment analogue; dès le 4 mai, Jean IV
était rappelé en Bretagne (3). C'est à ces bourgeois de
Rennes comme aux seigneurs bretons, que la Bretagne dut
son indépendance. Au nombre de ces bourgeois patriotes
figure Pierrot Le Prestre. .
téméraire de supposer que la noblesse fut
II n'est pas
accordée à Pierrot Le Prestre, et M. de Courcy le reconnaît

(t) Lobineau, page 40li.
(2) Lobineau, pl'. col. 592~596.
(3) Lobineau, p. 422 •

les Le Pl'estre produisirent à la réformatIOn de 166.8, Ils ne
::;e réclamèrent pas du bourgeois de 1379, peut-être pour la
raison devant laquelle semble s'être arrêté La Chesnaye des
parce qu'ils ne pouvaient établir leur filiation par
Bois,
titres. Mais, si leur production ne commence qu'à Jean III du
La Chesnaye fait remon­
nom, que nous trouverons plus loin,
tOI' leur filiation jusqu'à l'aïeul de celui-ci, Jean pr (1).

Ill.
1. En VIOl, JeanLe Prestre épousait Isabeau Gicquel, sœur
d'Amaury, seigneur de la Lohière, paroisse de Loutehel.
II. Jean II du nom, hérita la Lohière par représentation de
sa mère. En 1437, il prêtait serment de fidélité au duc
parmi les chevaliers et écuyers de l'évêché de Rennes. (2)
Un peu plus tard, il figure à divers comptes de la chancel­
Rieux (3).
lerie comme homme d'armes du maréchal de
III. Jean III, son fils, seigneur de la Lohière, est nommé
parmi les seigneurs bretons ligués contre Landais, et qui,
le soir du 7 avril 1484, se saisissant du château de Nantes,
troupe se jeter aux pieds du duè François II,
vinrent en
demandant respectueusement dans la forme, mais en fait,
Quatre ans
imposant au duc l'abandon de son favori (4).
plus tard, le 17 novembre 1488, la duchesse Anne députait
Prestre, ambassadeur en Angleterre avec Olivier
Jean Le

(1) M. de Courcy compte neuf générations; elles nous reporteraient au
de Rennes. La production n'en mentiQnne que six s'arrêtant à
bourgeois
l'arrière petit-fils de Pierrot Le Prestre.
(2) Lobineau, pro col. 1047 .
. (~) Lobineau pr. col. 1198, 1 67-68, 1468. C'est de là que date l'in-
tu.ntté ent~'e les Le Prestre et la maison de Rieux, que prouvent plusieurs
faits mentIOnnés par La Chesnaye des Bois, et qui va se continuer pendant
plus d'un siècle. Lobineau, pro col. 141 H4'l6. .
(4) Lobineau, p. 740 .
. BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XIX. (Mémoires). 2.

de Coëtlogon, son procureur général (1). Jean Le Presb'e
vivait eJlcore en 1503 (2) .
Jean IV, son fils puiné, épousa (en 1520), Jacquette de
et il prit le
Coétlogon, dame de Lézonnet (par. de Loyat),
titre de cette seigneurie, titre qui passa de génération en
génération aux aînés de sa descendance. En 1517, le maré­
chal de Rieux, sire de Rieux et de l'ne-Dieu, lui avait donné

. le gouvernement de cet île (3). Son fils puiné, seigneur d'As-
dans cette charge. Jean IV vivait encore
sérac, le continua

en 1546 ; mais il était mort avant 1558. .
V. Jean V, seigneur de la Lohière du vivant de son père,
puis de Lezonnet, était né en 1519 (4)
Il allait jouir de la faveur sous les rois Henri II, François
II, Charles IX et Henri III. Le 7 août 1558, Jean de Brosse,

(1) Lobineau, p. 794. .
• ('2) C'est la date du mariage de son fils Jean IV, qui ne prend pas
le titre· de la Lohière.
encore
Jean III eut deux fils du nom de Jean. Son fils aîné Jean IV fut seigneur de la
j il eut un fils, Gilles, qui fut père de Françoise. « Elle épousa, dit la
Lohière

Chesnaye (3 édition, Vo Le Prestre), Jean de Lanros, écuyer, sire de Rieux,
Rochefort, maréchal de Bretagne, en 1499. » L'erreur est manifeste, jamais
ces titres; et il n'est pas nécessaire d'insister pour démon-
un Lanros n'a porté
trer qu'ils appar~enaient en 1499 à Jean IV de Rieux, qui avait été tuteur de la
duchesse Anne (v. sur ce point La Chesnaye. Rieux. p. 70 '. Lisez du reste
La Chesnaye, Ire édition, t. VI ou Ille du supplément, p. 197, vous y trou­
verez la même phrase ainsi libellée : Jean de Lanros, en présence. de
l'avis et du comentement de Jean, sire de Rieux. Rochefort, etc., etc. Le
nouvel éditeur a sauté une ligne. Il ne faudrait pas beaucoup d'erreurs
typographiques de ce genre pour discréditer la troisième et pour longtemps
dernière édition de la Chesnaye des Bois.
(:3) La Chesnaye esl très inexact quand il dit : « En 1517, ·Jean de
Malestroit, sire de Rieux et Rochefol't, lui donna le gouvernement de l'Ile­
Dieu. » En 1517, le seigneur de Rieux et de l'Ile-Dieu était Jean 'IV de
Rieux dont nous avons déjà parlé. Il n'avait pas le nom de Malestroit.
Il est vrai qu'il avait épousé, en 1451, Françoise Raguenel, dame de
Malestroit, morte en 1481 ; mais, depuis cette époque, Malestroit appartenait
à ~a fille unique née en 1461 et mariée en 1488 à François de Laval, sei­
de Château-Briant.
gneur

0!1 a quelque peine à admettre que de telles erreurs soient réimprimées
sans contrôle, et c'est un devoir de· les signaler.
(1) C'est la date donnée par d'Hozier et M. de Courcy .

comte de Penthièvre et duc d'Etampes, gouverneur de Bre·
tagne, chargeait Jean de Lezonnet d'évaluer les dommages
par les Anglais et les Flamands descendus au Con­
causés
quet, le 29 juillet précédent (1). Un peu plus tard, le duc
la garde d'une des clés de la Bretagne, Ancenis,
lui confiait
qu'il trouvait presque démantelée et qu'il remettait en état
En 1562, le roi François II accordait par grâce spéciale
à Lézonnet l'évocation de toutes ses causes devant le séné­
chal de Nantes : les lettres du Roi donnent à 'Lézonnet le

titre d'échanson ordinaire de la Reine (Marie Stuart).
1568, Lézonnet était nommé gouverneur de
Enfin, en
(3). Des actes postérieurs lui donnent les titres
Concarneau
de conseiller du Roi et maître ordinaire de son hôtel. de
pensionnaire du Roi au duché de Bretagne, enfin de cheva­
lier de Saint-Michel.
Jean de Lézonnet se démit du gouvernement de Concar­
en 1571 ; et il paraît
neau en faveur de son fils aîné Louis,
qu'il mourut peu après, puisque, l'année suivante, Louis
(( à la place de son père. »
devenait pensionnaire du Roi
De son mariage avec Françoise de Marconnay (1546) Jean
de Lézonnet laissait, outre Louis, un autre fils et une fille
à Jean de J égado, seigneur
nommée Suzanne, qui fut mariée
de Kerollain, gouverneur de Fort-Louis (4) .
(1) V. procès-verbal dressé par lui. Morice, pro III, col 1225. Des 450
m~isons existant au Conquet, il ne restait plus que huit entières.
(2) Morice, pro III, col. 1260 et 1305. limai 1560 et 6 mai 1562.
Dans cette dernière pièce, Lezonnet écrivant au gouverneur de Bretagne
lui fait les compliments de Madame de Rieux. ,La douairière de Rieux
était Suzanne de Bourbon, fille de Louis, prince de la Roche-sur-Yon; elle ,
mourut en février 1570, survivant depuis 38 ans à son mari Claude de ,
Rieux, otage de François 1 cr au traité de Madrid, mort en 1532.
(3) La Chesnaye dit partout Gonq et Gonca1'neau comme s'il y avait
deux villes, ou places; et on a réimprimé sans observation Gong et Con­
carneau,
(li) Locpéran, puis Blavet, puis Fort-Louis, aujourd'hui Port-Louis. -
Son fils que nous rencontrerons plus loin lui succéda dans ce gouver·

VI. Louis, seig~eur de Lézonnet après son père, avait été
pourvu le 6 juin 1571, du gouvernement de Concarneau;
l'année suivante, le duc de Montpensier, gouverneur de
Bretagne, lui fit obtenir la pension de 200 liv. qui avait
appartenu à son père. Lézonnet était en faveur, il devint
chevalier de Saint-Michel et gentilhomme de la Reine.

, Le 17 janvier 1576, il arriva au gouverneur de Concarneau
une fâcheuse aventure: il était absent, et la porte était négli­
gemment gardée; elle fut surprise par Jean de Baud, sei­
gneur de la Vigne-le Houlle et son beau-frère, seigneur de
Kermassonnet. Les nobles et les paysans du voisinage ne
laissèrent pas à Lézonnet le temps de réparer sa fàute ; ils
reprirent la place avant le retour du gouverneur (1). Il ne
paraît pas que le Roi ait tenu un compte rigoureux de cette
négligence, puisque, le 13 mars 1585, le duc de Mercœur,
alors gouverneur de Bretagne pour le Roi, nomma Lézonnet
capitaine du ban et de l'arrière ban dans l'évêché de Saint-
Malo. (2). . .
Lézonnet surpris une première fois devint plus prudent:
il sut désormais garder sa place; mais, dès 1589, il ne la
gardait plus pour le Roi. En effet, il s'était, des premiers,
déclaré pour Mercœur, quand celui-ci se fit chef de la Ligue

en Bretagne .
En 1590, Lézonnet se saisit du château de Pont-l'Abbé (3) .

nement. On lit dans les Chevaliers 1J,'etons de Saint ·:llichel (p. 181) que
Jean de Jégado (père) fut gouverneau de Concarneau. On peut douter de
l'exactitude de ce renseignem . tenu ce gouvernement depuis t 568.
(1) Moreau, chap. IV, p. GO
(t) Sans doute en sa qualité de seigneur de Lézonnet, terre située en
Loyat, alors évêché de Saint-Malo. Ce titre ne pouvait être qu'honorifique:
on ne comprend guère comment accot'der le commandement effectif d'une
compagnie de l'évêché de Saint-Malo, avec les devoirs sédentaires du gou­
verneur d'une place à l'autre bout de la Bretagne •
(J) Moreau, p. 57 et suiv. ct 169 •

Maître de Concarneau et de Pont-l'Abbé, dominant sur la
ville ligueuse de Quimper, Lézonnet tenait sous la main de
la Basse Cornouaille.
Mercœur toute
U ne seule fois il se vit m~nacé dans Concarneau; mais il
était sur ses gardes. Au commencement de 1591, Grézille
de la Tremblaye, capitaine de Moncontour, s'imagina de
courir sans ordre et secrètement à Concarneau. Il arrive à
l'aube il se tient caché en silence dans les bois et les bru-
yères du Moros; le soir venu, il envoie un soldat porter un
pétard à la porte dite Porte aux Vins et sa troupe suit. Mais
le factionnaire de la tour voisine tue le soldat et donne l'a­
larme; en un instant le rempart se couvre de soldats; et la
Tremblaye qui n'a plus rien à faire se retire en hâte laissant
plusieurs morts au pied des murs (1).
En juillet 1594, l'abjuration de Henri IV ramena Lezonnet
au Hoi. Lézonnet supplia, somma presque Mercœur de met-

tre bas les armes, et, ne pouvant vaincre son ambitieuse
obstination, députa au Hoi Jean de Jégado, son neveu, pour
offrir sa soumission (2). Le Hoi accepta ces ouvertures, les
premières qui lui vinssent de Basse-Bretagne; et, dès le 11
juillet, il accorda à Lézonnet un .don de 4,000 écus .
. Le mois suivant, Don Juan d'Aquila, colonel du corps
espagnol en Bretagne, venait à Eosporden et essayait de
s'introduire par surprise dans Concarneau. Mais Lézonnet
n'était pas homme à se laisser prendre aux ruses grossières
de l'espagnol (3); et celui-ci voyant qu'il n'y . avait rien
(1) Mémoire manuscrit de ce qui s'est passé à Concarneau pendant les
guerres civiles de la Ligue. Cité par M. Dellain, ancien commissaire
des classes de la marine, auteUl' ct' Emûs sur la. Ville de ()oncarrwau,.
Ce manuscnt sans date mais qui a du être écrit vers 1780 appartiént à
la bibliothêque de Brest.
Dom Taillandier mentionne « l'ent.reprise sur Concarneau» (p. 404);
mais sans aucun détail.
("2) Mémoire de Montmartin. Morice II, p. CCC.
(3) Moreau, chap. XXVII; il nomme les ruses de Don Juan « des attrapes
lourdauds. » C'est le mot propre .

à faire se retira. Lézonnet ne manqua pas d'envoyer à sa
suite; ' et ses soldats firent main basse sur l'arrière-garde
espagnole attardée à la maraude. Don Juan revenant sur ses
, pas, ne pouvant atteindre la garnison de Concarneau, vengea
la mort de ses hommes sur les paysans, bien
cruellement
ligueurs; il promena le fer et le feu sur les paroisses
que
voisines et incendia notamment Rosporden.
Mais garder Concarneau ne suffisait pas à Lézonnet : il
eut l'ambition de rendre Quimper au Roi. Il avait en ville
des amis sur lesquels il pouvait compter. Pour entrer à
Quimper, il essaya de l'adresse d'abord, puis de la force
il revint à Concar-
ouverte; mais frappé d'une arquebusade,

neau, le 6 septembre
De là, il entretenait des intelligences dans Quimper; et
quand, un mois plus tard, le maréchal d'Aumont appelé par
lui ' arriva devant la ville, il eut à peine le temps de faire
et la ville capitula (2). Lézonnet s'était
venir son canon,
ainsi vengé de l'égratignure qu'il avait reçue devant Quimper
en septembre 1594 (3); au printemps suivant, il en mourait (4).
Lézonnet avait rendu un grand service au Roi en lui re­
mettant Concarneau; mais on ne peut sans exagération et
~ans injustice dire avec La Chesnaye: « Pendant le fort des
guerres civiles, il réduisit l'Evêché de Cornouaille à l'obéis­
» On âirait en vérité que cette réduction se fit
sance du Roi.
sans l'armée royale commandée par le maréchal d'Aumont
qui vint mettre le siége devant le château de Morlaix, puis
devant Quimper et emporta de vive force le fort espagnol
Crozon!

. . (1) Sur ces points, Moreau, chap. XXIV .
('2) Moreau, chap. XXIV, p. 175.
(3) Le mot égratignul'e est de Lézonnct, d'après Moreau: « Ceux de
Quimper m'ont égratigné, mais je les écorcherai », p. t 79.
(~) Lettre de condoléance de Henri IV à sa veuve, 23 mai 1595 .

La Chesnaye des Bois n'est pas plus exact quand il dit au
même endroit quo le Roi fit Lézonnet « son lieutenant en
l'évêché do Quimper. 1) Le Roi ne pouvait pas lui accorder
cotto charge parce que René de Rieux, seigneur de Sourdéac,
le fidèle et valeureux gouverneur de Brest, en était pourvu
depuis plusieurs années (1).
Ce qui est vrai c'est que, à la mort de Lézonnet, Henri IV
se plaignait « de n'avoir pas eu le temps de reconnaître le
mérile de tant de pons services qu'il avait reçus de lui », et
promettait sa bienveillance à ses enfants. Le Roi tint sa
parole; et son fils après lui combla de faveurs la famille de
Lézonnet.
De sa pre-
Louis de Lézonnet avait été marié deux fois.
mière union avec Jeanne Glé de la Costardaye,' il laissa une
fille" nommée Suzanne. En 1594, elle fut mariée à Julien du
Pou, seigneur de Kermoguer, que le maréchal d'Aumont fit
gouverneur de Quimper, au mois d'octobre de la même année.
De son s'econd mariage avec Claude Bizien, dame de
Kergommar, outre deux filles, Lézonnet laissait quatre fils .

VII. L'aîné, François, devenu seigneur de Lézonnet, avait
onze ans à peine. Son père avait obtenu pour lui la survi­
vance du gouvernement de Concarneau. Jusqu'à sa majorité
les fonctions furent remplies pour lui par son cousin Jean
de Jégado. Celui-ci les ~xercait encore à la fin de mai 1597,
quand la Fontenelle essaya de s'emparer de Quimper (2) .

(1) Enreg au parlement, 23 décembre 1592. Morice, pr. III. col. 1551,
(n Moreau, p. 31? A ce moment Jean de Jégado, seigneur de Kerollain
la mort de son père, est nommé seigneur de Kfrtot par le chanoine
par
Or il n'avait ce titre que du chef de sa femme, Anne, héritière
Moreau.
de Trémillec. Il était donc mariè en 1597. D'Hozier met son mariage à la
de Ili'25. L'erreur est certaine. Moreau qui mentionne ce mariaae est
date
le '23 juin 1617. t>
mort
Jean de Jégado fut depuis gouverneur de Heunebont et Fort-Louis. Il

Né en mars 1584, François de Lézonnet avait vingt-cinq
à peine, lorsque, avant le mois de juillet 1609, le Roi
ans
Henri IV le fit Chevalier de Saint-Michel. Cette distinction
pas la récompense de services rendus, mais plutôt les
n'était
arrhes de services à rendre (1).
Le frère cadet, Ollivier, capitaine du navire le Saint-Paul,
obtint du duc de Vendôme, gouverneur de Bretagne (8 février
d'armer ce navire « pour aller aux Indes
1611), coinmission
et aux Isles courre aux pirates, forbins et troubleurs du
et commerce. »
repos
Le troisième, Guillaume, devint évêque de Cornouaille, ,
en 1614, quand il avait à peine vingt-sept-ans (2).
Le quatrième, Louis, seigneur du Vaublanc, fut page de
la Reine Marie de Médicis, et le Roi lui fit une pension de
600 livres « pour qu'il pût servir sous son frère à Concar­
neau. »

Ajouterai-je que la nomination de Julien du Pou au gou­
vernement de Quimper semble un cadeau de noces fait par
le Roi à la fille de Louis de Lézonnet ? Tout chevalier de
Saint-Michel qu'il fût, du Pou, comme dit Moreau « n'était

grand guerrier », et ce n'était assurément pas ses
pas un
talents militaires qui pouvaient justifier sa nomination au
était à Hennebont, lorsque, le 17 janvier 16'2:), Soubise infidèle aux serments
faits au Roi, entra à Fort-Louis avec cinq vaisseaux rochelois, et s'empara
de la ville. Jégado s'empressa de rentrer dans le fort; et le duc de Ven­
dôme survenant en hâte établit une batterie à Larmor. Soubise pris ainsi
entre deux feux se remit en mer sur un léger navire abandonnant ses cinq
vaIsseaux.
Le Mercure Françaiç X p. 851 a donné de cet évènement un récit bien
que celui d'Ogée. V. Le Port-Louis, I. p. 49.5.
plus détaillé
(1) D'Hozier a trouvé la preuve de sa nomination par Henri IV dans un
titre authentique de juin 1609 : François de Lezonnet prend la qualité de
Chevalier de l'ordre du Roi, dans un acte de baptême où il comparaît
comme parrain, le 31 juillet 1613. Arch. de Concarneau.

(2) Mort le 8 novembre 1640, à cinquante-trois ans, il était né vers
1587. . Morice II. p. XXIX. Morice donne à son père le titre de gouver­
neur de Quimper et Concarneau. Il ne fut pas gouverneur de Quimper.

loin d'être pacifiée ( 1) .
Les enfants de Louis de Lézonnet étaient ainsi comblés
comment François,
des faveurs royales. Nous allons voir
chef de la famille, marqua sa recounaissance au Roi Louis

XIII.

A cette époque, au lendemain des guerres civiles, le Roi
n'était pas assuré de l'obéissance surtout dans les pr'ovinces
Ceux mêmes qui étaient trop jeunes pour avoir
éloignées.
pris part à la guerre avaient appris que leurs pères et leurs
proches changeant brusquement de camp avaient, de leur
propre autorité, remis à leurs adversaires de la veille les
places qu'ils s'étaient chargés de garder contre eux. Louis de
Lézonnet n'avait-il pas fait passer la place de Concarneau du
Roi au duc de Mercœur et de Mercœur au Roi? La guerre était
finie; mais l'ordre n'était pas encor~ rentré dans les esprits;
et certains gouverneurs étaient trop enclins à considérer
comme à leur libre disposition les places remises à leur
garde.
La Bretagne l'avait bien vu en 1616. Thomas de Guéma­
deuc, gouverneur de Fougères, frappe mortellement aux
Etats de Rennes, son cousin le baron de Névet. Que fait-il?
Il court s'enfermer dans Fougères et attend l'armée que
commande le maréchal de Brissac. Or, ce -rebelle est le
fils d'un père mort au service du Roi; il est neveu propre de
(1) Quand Kermoguer apprena que la Fontenelle s'approche de Donar­
nenez, lui et du Pi'é, capitaine de la garnison « ne s'en remuent pas plus
que des souches » el la Fontenelle s'empare de l'Ile-Tristan sans coup
férir (p. cUQ). En mai 1.'>07, quand la Fontenelle attaque Quimper à force
ouverte, Kermoguer s'e!f'.we modestement je n'ose dire prudemment _.
pour laisser à son cousin Jédado le soin et l'honneur de mettre la Fonte-
. nelle en fuite; après la sortie de Jégado, Kermoguel' ne sait s'il doit tenir
« ouverte ou fermée» (p. 315;. Ces faits justifient le
la porte Médard
jugement de Moreau, témoin oculaire .

Toussaint de Beaumanoir qui a commandé l'infanterie royale
Bretagne; il est cousin germain de ~ébastien de Ros- '
madec, baron de Molac, nommé maréchal de France, quand
il mourut, en 1613; il est gendre de Gilles Ruellan si
dévoué au Roi, et dont le Roi a si richement payé le dévoue-
ment; il est allié d'uri fils du maréchal de Brissac, lieutenant
général en Bretagne (1).
Guémadeuc se rend à la première sommation; condamné
à mort il est décapité en place de Grève, son corps est porté
à Montfaucon et sa tête exposée sur la principale porte du
château de Fougères (septembre 1617). Ni les services de
ses proches, ni l'intercession du duc de Vendôme n'ont pu
le sauver (2).
Peut-être même l'intercession de Vendôme fut-elle fatale
à Guémadeuc? On a dit (3) (sans que d'ailleurs il y en ait
un mot dans l'arrêt de condamnation) que Guémadeuc avait
été compromis dans les intrigues ourdies en Bretagne par
Vendôme après la mort de Henri IV.
VII.
Sous les ducs « la puissance du ' Penthièvre avait été une
cause de luttes et de rivalités. » (4). La Bretagne devenue
province française, les Rois, semble-t-il~ auraient eu intérêt
à amoindrir les comtes de Penthièvre. François 1 cr l'avait bien
compris, et il avait maintenu la confiscation du Penthièvre
mise par le duc François Il ; mais, en 1535, il rendit le comté
à Jean de Brosse (5), héritier de la maison de Blois .

(1) Voir la généalogie à l'A IJ/JeIl(UCe à la suite de cette étude.
Cl) J'ai conté cette tragédie dans Sel.!7 nel.wie et seig neu/"s de Gl.lérnadeuc
(St-Brieuc 18~!) l '
(3) Levot. v. (j'lP,m1ldel/l: 1. S-fL L'auteur n'avait assurément pas III
l'arrêt de condamnation: il dit que Guémadellc fut condamné pour crime
de li~lonù~ à être' éC ,~tl'telé .. ; deux erreurs. Il y en a bien d'autres dans
l'article (jUli,mrulenc
(4) M. de la Borderie. E,Wl,l; SIl!' III G!~O?I' lplûe féO'lll(~ de lil Ilretagne.
p. 1 TL Lire le lumineux exposé des conséquences fatales à la Bretagne du
trop vaste apanage de Penthièvre.
(5) Le Roi mariait Jean de Brosse à Anne de Pisseleu, sa favorite, créée
ducbesse d'Etampes.

De ce moment, on dirait que les Rois. de France, héritiers
de Montfort, vont s'ingénier à perpétuer et à grandir en
BretaO'ne l'influence des héritiers de Blois. Ainsi ils vont
choisir les comtes de Penthièvre pour gouverneurs de la
province. C'est d'abord Jean de Brosse, nommé par Fran­
çois 1 , en 1542; c'est ensuite son neveu et héritier Sébas­
tien de Luxembourg nommé par Charles IX en 1566, et pour
lequel le Penthièvre sera érigé en duché pairie (1569) ; après
lui, c'estle gendre deLuxeml1ourg,le duc de Mercœur, nommé
par Hel1l~i III, contre l'avis un,anime de son Conseil, aux
débuts de la Ligue (1582). Enfio: Henri IV, si avisé pourtant,
commit la mème faute lorsqu'il donna le gouvernement de
la Bretagne à son fils, duc, de Vendôme, devenànt l'époux
de la fille de Mercœur, future duchesse de Penthièvre (1).
Le titre de duc souverain de Bretagne caressait-il l'or­
gueil de Vendôme ? Le duc fut-il excité par la veuve de
Mercœur (2) s'obstinant après la paix jurée dans ses rêves
ambitieux? Toujours est-il que, après la mort de
Henri IV, Vendôme sembla reprendre · les visées de Mer­
cœur.
Dès l'année 1616, le parlement de, Rennes « rendait arrêt
contre les sieurs d'Allègre, Saint-Denis Maillot, Pierrepont,
Roche-Giffard, Camors, Charnacé et La Barre Chivray, chefs
des troupes du duc de Vendôme. » Quelques-uns se sauvè­
rent en Normandie, Vendôme accueillit les autres dans sa ,
ville d'Ancenis, où l'encombrement engendra une maladie
(1) 26 avril 1598. Morice Pr. col. 1091. Mercœur avait résigné le
gouvernement, en faveur du mariage et moyennant la somme de 235,000
écus! Morice pro III. col. 1()(H. Traité de paix, articles secrets. I.
Chose curieuse ! Quand le Penthièvre sera sorti par une double aliéna­
(1623-lli87) des mains de la maison de Blois, le dernier duc de Pen­
tion
thièvre sera gouverneur de Bretagne. On dirait ce titre de gouverneur
la possession du Penthièvre .
attaché a
(2.) Mercœur mourut au-près de Nuremberg, le 19 Février 1602.. Sa veuve
survêcu t jusqu'en 1623.

contagieuse (1). De là leurs carabins essayèrent une course sur
les terres du duc de Retz « qui avait armé pour le Roi, mais
chargés et maltraités. »
ils furent
Donner asile aux condamnés du parlement n'est-ce pas
braver l'autorité du Roi? Faire ou même laisser entrer ses
cavaliers sur les terres d'un seigneur « armé pour le Roi »
n'est-ce pas commencer la guerre civile? On ne peut trop
• s'étonner qu'après de tels actes, Vendôme ait gardé pendant
dix ans le titre et l'autorité de· gouverneur de Bretagne.
L'impunité que le Roi lui accordait ne pouvait qué l'encou­
rager à continuer ses intrigues. Il n'y manqua pas.
Il se fit des partisans ou des complices en distribuant,
dit-on, cent vingt mille livres de pensions annuelles (2) ; et,
de son aveu, il avait « formé des entreprises sur Nantes,
Blavet et Brest (3). » Enfin, en entrant dans la conspiration
de Chalais contre le Cardinal, il força, on peut le dire, la
main au Roi. Le 2 juin 1626, venu à Blois où se tenait la
il fut arrêté et conduit à Vincennes.
Cour,
à la souveraineté de la Bretagne
Les anciennes prétentions
ainsi ravivées mettaient en péril le repos de la province.
En 1626, le Roi ouvrant les Etats à Nantes fut supplié par
eu~ ( de ne leur donner aucun gouverneur qui eût prétention
sur la Bretagne (4) ; » et quelques jours après (23 juin), les
Etats applaudirent à la nomination du maréchal de Thé­
mines qui arrivant aussitôt parcourut la Basse-Bretagne où
il fut accueilli joyeusement (5). .
(1) .I1crr:ure Pl'anc1,is IV. 41 .... « Il en logea le plus qu'il put .... ce
qui ruyna depuis non seulement ses subjets; mais l'air en fut tellement
la mortalité qui se mit pnrmy ses soldats que la plus grande
infecté par
des chefs de famille d'Ancenis en moururent celle année. Les
part
carabins .... etc. »

('2) Mercure Français. XU. p. 310 et suiv .
(:~) Mercure Français. Lettre du Roi à Vendôme. XV. p. \.12-I(j8.
(1) Mercul'e Français. XII. p. 318 el suiv.
(5) Mercure Français. XII. p. 4'! 1. Un an plus tard, le maréchal allait

Lézonnet avait-il été contre son devoir, plus dévoué à
qu'au Roi? Ce qui suivra ne permet pas de répon­
Vendôme
dre à cette question.
Quoiqu'il en soit, le châtiment infligé à Ç-uémadeuc, en
nature à retenir les gouverneurs dans la
1617, semblait de
fidélité jurée au Roi; il fut. une leçon insuffisante pour
Lézonnet.
Moins de deux ans plus tard, François de Lézonnet était,
sur l'ordre du Roi, le
à son tour, accusé de rébellion; et,
Brissac venait
duc de Vendôme, assisté du maréchal de
mettre le siége devant Concarneau.
A la nouvelle de leur venue, Lézonnet sortit de la place,
pour recourir', comme Guémadeuc, à la grâce du Roi,
non
mais pour recruter du secours; il laissait à uri lieutenant
l'ordre de résister jusqu'à son retour, et comptait
déterminé
sont exactes), que la place
(si les déclarations du lieutenant
tiendrait deux années .
Ces f?-its caractérisent la rébellion; mails quels actes .
raccusation portée au Roi? Voilà
antérieurs avaient motivé
,ce nous voudrions savoir .... et ce que ne révèle pas la relation
suit (1) :
qui

mourir à Auray, où il organisait une armée contre les Espagnols qui
Français. XIV. p. 422. .
menaçaient d'un débarquement (Mercure
En même temps qu'il donnait le gouvernement à Thémines le Roi dé-
fendait « aux officiers et domestiques» de Vendôme d'entrer aux Etats de
Nantes; et, sur la demande des Etats ordonnait la démolition des places ,
non frontièl'es, sauf exception, et surtout de celles du Penthièvre, notam-
ment Lamballe. .
(1) Ce récit se trouve au t. VI. p. 291-298, du Mel'cure Français, con­
tenant ce qui s'est passé de mémorable aux années MDCXIX-XX et XXI.
... A Paris chez Etienne Richer, rue St Jean de Latran à l'Arbre Ver­
. doyallt, et au palais sur le perron royal. MDCXXI. in-8° •

VIII. ' ' .

Prise et réduction de Conquerneau.

Le Roy Loms XIII étant à Tours au commencement de
eu advis des compoftemens du sieur de
juillet 1619 ayant
Lézonnet, gouverneur de Conquerneau, tendans à désobéis­
sance et mauvaise volonté, il se résolut de lui oster cette
place maritime, importante et forte d'assiette, pour luy
eIll:pêcher de mal faire; et, pour cest effet envoya Monsieur
de Vendosme en son gouvernement de Bretagne (1), et le
fit général d'une armée, laquelle consistoit en trois cents
chevaux des compagnies d'ordonnance et en trois cents
et quelques canons qui descendirent le long de la
suisses
Loire et furent conduits par mer; en six vingts soldats tirés
.gardes que le Roy donna à conduire au
des compagnies des
capitailles des gardes de S. M.
sieur de la Besne (2), l'un des
et en quelques compagnies des régimens de Picardie, Na-
varre et Beaumont.
la Besne fit telle diligence que s'estant
Le dit sieur de
embarqué à Tours, le lundi 29 juillet 1619, troisjollrs après
il descendit avec ses soldats entre Ingrande et l'abbaye St-
Florent et continuant son chemin par terre, en six jours
il se rendît à Quimperlé qui n'est qu'à cinq lieues de
après
57 lieues de Bretagne.
Concarneau, ayant fait
Le duc de Vendosme ayant eu advis de· sa diligence luy

manda de demeurer le jour de son arrivée à Quimperlé,
. (1) De . ce que le Roi dépêche Vendôme pOUl' assiéger Lézonnet dans
on peut conclme que Lézonnet n'était pas compromis dans
Concarneau,
les intrigues de Vendôme .

(2) La Besne ... Le jour de l'exécution en place de Grève de François de
Montmorency et de son cousin François de Rosmadec, comte des Chapelles,
le capitaine La Besne gardait avec sa compagnie « l'avenue de la rue de
la Vannerie. » Mercure français. XIII. p. 45!. . Voir le tragique récit
de M. G. de Carné: Le page de Louis XIII .

attendre, et cependant qu'il fist prendre toutes les
et l'y
!:lt besches qui se trouveraient dans la ville: ce qu'il
pelles
fit.
Ce jour mesme, le duc de Vendosme étant arrivé à Quim-
perlé, commanda à La Besne de se tenir prest avec sa troupe,
ses pelles et ses besches, pour partir le lendemain au point
du jour; ce qui fut faict avec telle affection que La Besne
arriva sur les trois heures de relevée devant Conquerneau et
se logea en un petit fauxbourg, à près de soixante pas du
pont · de la chaussée de la ville, ayant percé de maison en
maison. Là où il fut tiré sur luy et ses soldats plusieurs
coups de gros fauconneaux, et force monsquetades ; mais
aucun des siens ne fut blessé: il n'y eut qu'un seul homme,
celui qu'il avait pris pour luy monstrer les advenües qui
receut üne mousquetade dans la cuisse. Enfin il s'advança
tellement, perçant de maison en l'autre, qu'il logea les siens
dans la dernière maison la plus proche du dit pont de la
chaussée.
En mesme temps Monsieur . de Yendosme et le maréchal
de Brissac arrivèrent devant Conquerneau ; ayant vu comme
La Besne s'estoit logé, ils envoyèrent son tambour sommer
ceux qui estoient dans la ville de rendre la place au Roy. Ils
demandèrent quinze jours pour ad ver tir leur goùverneur le
sieur de Lézonnet (qui estoit sorti deux jours auparavent
pour aller quérir du secours). On leur dit qu'on ne leur
donneroit que. jusques au lendemain · du matin seulement;
ce que ne voulans accepter la trefve fut à l'instant rompüe,
et lors on commença à tirer de part et d'autre .
Sur cela Monsienr de Vendosme se reti~a en son quartier.
qui estoit à Chef-du-bois (1) à une lieue de la ville; et, sur
les onze heures du soir il manda à La Besne qu'il eust à
(1) Chef-du-bois, manoir prioral de Locaman, aujourd'hui commune de
la Forêt-Fouesnant, près de l'ancienne route de Concarneau à Quimper. .

demander à parler à l'Hospital, sergent-major (1) de dedans
la ville, et à luy déclarer que luy et ses compagnons eussent
à se saisir de Querchesne, qui commandoit dans Conquer­
neau, en l'absence de Lézonnet (2); et que dans le lendemain
du matin, ils eussent à le luy livrer, et la ville aussi, sinon
qu'ils n'auroient par la vie sauve.
Cela leur ayant été représenté par La Besne, l'Hospital
et ses compagnons respondirent que si le dit Querchesne
n'estoit comprins dans la capitulation ils se deffendraient si
bien et si longuement qu'ils ruyneroient l'armée du Roy,
pour soustenir le siège deux ans. 1
ayans assez de quoy
Sur ceste response La Besne leur répliqua: « Soldats qui
estes renfermez et qui parlez si hardiment, je ne sçay qu'un
la vie: que vous vous sai-
seul expédient pour vous sauver
. sissiez de ceux qui vous commandent, et qui font les mutins
aux dépens de vos vies que vous perdrez ignominieusement;
car vous serez tous pendus, c'est la grâce que l'on faict à
ceux qui tiennent contre le Roy, comme vous faictes. Ce

n'est pas pour vous montrer françois ainsi que vous dites
que vous estes; pensez y entre cy et demain matin, et consi­
dérez ce que je vous représente, et recognoissez vostre faute
au plus tost : encore vaudra-t-il mieux tard que point. »
Sur cela chacun se retira sans plus parler de costé ny
d'autre: néantmoins, à la pointe du jour, sur les trois ou
à parler au sieur
quatre heures. du matin, ils demandèrent
Courbe Hiré (3), capitaine de la garde de Monsieur de
de la
(1) « Sergent-major ou de bataille est un grand officier qui sert à cheval,
de faire faire l'exercice, de former le bataillon et d'en avoir
qui a soin
soin en toute occasion. » Trévoux.
("2) Ce nom est -écrit plus loin (juerchaisne.
(3) Ne faut-il pas lire : La Courbe de Brée, gentilhomme du Maine?
(Bl'ée aujourd'hui commune du canton de Montsurs). On voit au JJercure
. français de 16Z2 (T. VIII, p. 548) que la Courbe était capitaine des gardes
de Vendôme quand celui-ci passa à Nantes (avril 16'22), pour aller assièger
Saint Jean de Mon~ et l'Ile de Ré. ' Le Cornu, seigneur de la Courbe de

Vendosme. A quoy La Besne leur fit response que là qù
estoit un capitaine du régiment de la garde du Roy, comme
il estoit, il ne permettroit point (Monsieur de Vendosme
estant absent) qu'aucun autre que luy parlementast avec eux:
et qu'il estoit là pour conserv,er et tenir le rang de la garde
du Roy. Alors ils envoyèrent prier le dit sieur de La Besne
de les excuser et qu'ils avaient un grand désir de parler à
luy pour capituler.
Sur cela le dit sieur de la Besne fit faire trefve de part et
d'autre, puis s'en alla sur le bout de leur pont Il) où Quer­
chaisne et l'Hospital le prièrent d'intercéder envers Monsieur
de Vendosme, afin que luy Querchaisne fust comprins dans
leur capitulation. La Besne respondit que lorsque ledit La
Courbe seroit arrivé que tous deux ensemble en prieroie'nt
M. de Vendosme ; mais qu'il craignoit bien que cela ne leur
fust pas accordé, attendu qu'ils ne l'avoient pas cy devant
contenté par les rodomontades qu'ils avoient faites de s'opi­
lliastrer à vouloir soustenir un siège: que leur plus expédient
estoit de rendre à l'heure présente la place, sinon qu'ls
seroient tous pendus, et que le canon estoit arrivé par mer
avec l'armée.

Brée, maréchal de camp sous 'Henri III, fut accusé d'avoir livré à Mer­
cœur le secret des princes lors de l'expédition de Craon (Montmartin p.
CCXCIV). Il devint maréchal de camp de Mercœur et fut nommé capi­
taine de l'Ile Tristan avec La Fontenelle pour lieutenant. Malgré les avis
de Mercœur qui lui disait de se défier de la Fontenelle, La Courbe voulut
prendrepossession; mais en route, vers Châteauneuf-du-Faou, il fut attaqué
(D. TaillandIer, p. 447. Mathieu, hist. de
par Sourdéac, battu et tué.
Henri IV).
En 1 ()! 9, la terre de Brée était aux mains de Renée Le Cornu, mari8e
en secondes noces à Jean Le Maire, chevalier, seigneur de Millières ; après
à son fils d'un premier mariage, Henri, baron de Vassé.
elle, elle passa
(Monog. parois. de Brée, Mamers. 1884.
(1) En IGI9, comme au dernier siècle (voir plan de Bellin 1764) et
comme aujourd'hui, il y avait deux po,nts levis l'un à la suite de l'autre;
l'un donnant aecès à la chaussée et l'autre sur la ville close. L'auteur de
la narration c\istingue avec soin ces deux ponts. '

Les soldats de la ville lui dirent: qu'ils estoient tous ser-
viteurs du Roy, et qu'il ne tiendroit point à eux que la place
ayant entendu il leur dit
ne se rendist. Ce que Querchaisne
qu'il les poignarderoit tous et après luy mesme, s'ils n'a-
voient une honneste composition.

De tous ces pourparlers La Besne envoya aussitôt le ser-
gent de Bure à Chef-du-bois pour en advertir Monsieur de
Et en même temps arriva le capitaire La Courbe
Vendosme.
après avoir sceu du sieur de La Besne tout
de Hiré lequel,
pourparler qu'il avoit eu la nuict avec Querchaisne, l'Hos­

pital et les soldats, il fut advisé entre eux deux que
Courbe iroit parlementer avec eux pour les espouvanter par
menaces réitérées; et l'heure mesme La Courbe s'yen alla:
et cependant La Besne s'advança aussi sur le dehors au pont
arrivant il entendit La Courbe qui disoit
de la chaussée, où
aux soldats: « Saisissez-vous .de Querchaisne. » Ce qu'ayant

entendu. La Besne, il cria aussi tout haut: « Soldats jettez
sur Querchaisne, et le désarmez et le liez. C'est un
vous
mutin qui veut vous faire tous pendre.
Alors la plupart le saisirent et le désarmant dirent, :
« Nous l'allons livrer et mener. )) Ce que La Besne ayant
, entendu, il courut soudain dans sa tranchée et dist à ses
soldats : « Courage, compagnons, ils sont à nous, prenons
» Puis s'achemina- avec sa compagnie par ordre,
nos armes.
et fit halte à quarante pas du pont levis, où il s'en alla seul,
La Courbe auquel les soldats ayant abattu la
y rencontrant
entre les
planchette de la porte du fort, luy avoient délivré
mains Querchesne, duquel La Besne se saisit et luy dist que
à luy à qui appartenoit le prisonnier, comme com­
c'estoit
mandant à l'infanterie de la garde du Roy, et ayant assiégé

la dicte place. A quoi La Courbe condescendit volontiers .
Puis La Besne prit Querchesne par un bras et le mena à la
teste de sa compagnie le donnant en garde à un sergent.
Cela 'fait, La Besne s'en retourna à la planchette du pont

où il rencontra encore La Courbe, auquel on avait mis les
clefs de C(;mquerneau en main; ce que voyant illuy dit,
comme il avait fait du prisonnier : que les clefs lui appar­
tenoient : ce que lui ayant avoué encore le dit La Courbe, il
le pria néantmoins de luy permettre de les porter de sa part
à Monsieur de Vendosme, ce que La Besne avec courtOIsie
consentit, et fut entl'e eux accordé qu'il les lui présenterait
de la part de tous deux.
La Courbe alloit porter les clefs à Mon­
Cependant que
sieur de Vendosme, La Besne qui ne désirait perdre temps,
ayant crainte que les assiégez changeassent de volonté, tira
quarante mousquetaires et picquiers de sa troupe, avec
s'approcha tellement qu'il se jetta avec eux dans
lesquels il
le gros bastion du pont de la ville: ceux de dedans se vou-
lans défendre il ne leur en donna pas le temps, les ayant
surprins de telle façon ' qu'il leur. fit mettre armes bas: ce
faict, il passa du ravelin dans la ville, par une planchette
qui ne paraissoit point, laquelle il trouva abatüe: et fit
mettre armes basses à ceux de la ville, faisant tenir deux
heures les siens en bataille, sans quitter leurs rangs ny rien
piller, en attendant Monsieur de Vendosme et sçavoir sa
volonté.
La Besne ayant sceu qu'il arrivoit avec M. le mares chal de
Brissac lui alla au devant jusques au bout du pont. A l'ab­
bord Monsieur de Vendosme lui dit qu'il ne vouloit pas
qu'il entrast aucun soldat dans la place, et qu'on alloit faire
leur capitulation; mais La Besne l'assura qu'il y avoit jà
deux heures qu'il avoit surpris ville et fort, et qu'il avoit mis
les soldats de dedans en tel estat qu'il ne leur falloit qu'une
corde au lieu d'une capitulation signée: ce que le mareschal
de Brissac ayant entendu, dit à M. de Vendosme que La Besne
avoit faict son devoir de s'emparer de la place de la façon:
et à la mesme heure on fit le procès à Querchesne, lequel
pendu â une potence devant la porte du pont .
fut

Quant aux soldats, ils furent tous désarmez et envoyez
nuds sans manteau ' avec un baston blanc au poing: encore
on leur fit ce bien de les conduire trois lieues loin de la ville,
peur ' que le peuple des environs ne se jetassent sur eux.
On .mit cent soldats pour garder ceste place tirez des régi­
mens de' Picardie, Navarre et Beaumont, en attendant que
le Roy y eust pourvu d'un gouverneur.
perdit son gouvernement de Conquei'neau
Ainsi Lézonnet
que le Roya donné depuis au sieur de l'Isle Rouhé (1).
Remarquez ce t.rait de la narration qui précède, car il est
significatif : il faut faire escorter jusqu'à trois lieues les
soldats qui sortent désarmés; autrement ils seraient massa-
crés par les paysans. Et pourtant ces soldats n'ont pas fait
une résistance sérieuse: loin de là, ils ont lâchement, on
peut le dire, livré leur chef et ont ouvert la place; mais les
paysans ne leur tiendront pas compte de leur soumission aux
basse sur eux:
conseil des officiers du Roi, ils feront main
ils ne voient en eux que des complices d'une rébellion; or ils
l'apparence d'une guerre; leur amour
ne veulent plus même
de la paix se tourne en fureur. Les pauvres gens ont tant
souffert, il y a vingt-cinq ans à peine, des troupes de l'un
et de l'autre parti! (2)
(1) Le sieur de l'Ile Rouhé.... De son nom Pierre-Joseph de la Bérau­
de Concarneau.
dière. Il a signé plusieurs actes aux registres paroissiaux
ces actes le titre de ba7'on de Roué. M. de Courcy donne
Il prend dans
aux La Béraudière les titres de baron de Rouhet et de marquis de l'Ile­
De là peut être l'indication donnée par le Mercure: l'Isle-Roué.
Jourdain.
Le nOm de ce gouverneur apparaît pour la première fois aux registres
de Concarneau en 1 G30; mais il n'est pas douteux que sa nomination de
gouverneur a suivi de près le siége. La preuve, c'est que le Mercure qui
la mentionne a été imprimé en 1 G21.
("2) Il faut lire sur ce point Moreau et Montmartin. Je leur ai emprunté
Le Siége de {)rozon. Hevue de Bretagne, de Vendée
quelques traits dans
et d'Anjou.

Voilà le récit imprimé en 1621, avant que la Chesnaye et
d'Hozier aient écrit; et voilà ce que ni l'un ni l'autre ne
paraît savoir. .
François de Lézonnet ne rentra sans' doute pas dans Con­
carneau. On a peine à croire que, bien que dise d'Hozier, le
Roi lui ait laissé le loisir et le soin de résigner ses fonctions
de gouverneur: ce n'était pas pour obtenir une démission
qu'une armée avait été mise en campagne. En se bornant à
destituer le gouverneur rebelle, le roi lui accordait une
faveur bien inattendue .
François de Lézonnet vécut tranquille
Quoi qu'il en soit,
jusque après 1635; et il garda même à ce qu'il semble, son
collier de Saint-Michel. .
mourut sans enfants et la seigneurie de Lézonnet passa
par représentation à son neveu, René, fils d'Ollivier, qui
était mort en 1630.

Après François de Lézonnet, les Le Prestre abandonnèrent,
comme on disait alors, l'épée pour la robe. Nous ,allons sui ..
vre pendant un siècle et demi cette famille grandissant de
génération en génération. .
Hené, neveu et héritier de François, fonda au parlement
de. Bretagne une dynastie qui allait durer jusqu'à la Hévo­
lution. D'abord conseiller aux enquêtes, puis procureur
général à la cour des Comptes (1650), il devint conseiller au
parlement (1651). .

. Son fils, nommé Hené, son petit-fils Jacques-René, le fils
de celui-ci Hené-Jacques-Louis furent, l'un après l'autre,
conseillers puis présidents au parlement (1700-1724-1756).'
De même en 1.')98, quand un officier, un soldat et quelques paysans sur-
prirent le château de Corlay et furent conduits à Rennes olt le parlement
les deux chefs à mort, il fallut leur donner une forte
allait condamner
escorte commandée par un gentilhomme, pour les sauver de la fureur des
paysans. (Enq, de Février 1617 par Jacques Rullelet, lieutenant criminel
de St-Brieuc, sur les titres de Gouyguet, sénéchal de Corlay én 1598) ..
Arch. des Côtes-du-Nord .

Le frère puiné du dernier, nommé Auguste-Félicité fut con-
seiller au parlement de Hennes (1749), puis avocat général
(1753), enfin il devint président au parlement de Paris (1771)
et plus tard au grand conseil (1774) .
. René (1 du nom) avait transmis à son fils la seigneurie
de Lézonnet : elle resta aux mains de ses descendants; mais
son fils René (II du nom) ayant acquis la baronnie de Cha­
teaugiron (1701) le fils de celui-ci: Jacques-René, abandonna
pour prendre le titre de baron de
le nom de Lézonnet
Châteaugiron, puis, aprè8 l'acquisition du marquisat d'E­
pinay (1719), le titre de marquis de Châteaugiron qu'il
transmit à sa descendance.
René-Jacques-Louis, son fils, avait épousé en premières
noces Sylvie Descartes, petite nièce de philosophe (1750) :
elle lui donna un fils, René-Joseph, qui fut père, en 1774, de
René-Charles-Hippolyte, en qui devait s'éteindre le nom de
Le Prestre qu'il avait dignement porté.
Savant, spirituel, bibliophile, René Le Prestre a collaboré
à l'Histoire scientifique et militaire de l'expédition d'Egypte;
en même temps il a publié plusieurs œuvres littéraires, des
et des traductions d'ouvrages allemands.
réimpressions
Ancien officier d'état-major, il était devenu consul de France
à Nice, où il est mort en 1848.
Dans ma première jeunesse, j'ai vu' à Rennes le dernier
héritier du vieux nom des le Pl'estre; et je me rappelle
grand air du dernier marquis de Châteaugiron .
encore le

Appendice à la page 25 .
GENEALOGIE
:JACQUES DE BEAUMANOIR
1" mariage. Adelice de la Feuillée.
2' mariage. Jeanne du Quelenec.

Marguerite, mariée à Tanguy de
Anne de Gué­
Toussaint, marié à
Jacqueline, mariée li Thomas de
Rosmadec.
madeuc.
Guémadeuc.

Sébastien de Rosmadec, marié à
Hélène de Beanmanoir, sans hoirs. 1° Toussaint, sans hoirs; .
de Montmorency.
Françoise 2° Thomas, marié .à Jeanne Ruel­

lan.

Sébastien II continue ln descen­
Marie-Françoise, mariée au M;' de
dance.
Saint-Couria y. '.
Armand, duc de Richelieu, con­

tinue la descendance.

de Beaumanoir, vicomte du Besso
Jacques
(Saint-André-des-
fut marié deux fois.
Eaux)

I. Premier mariage avec Adelice de la Feuillée.
Margtœrite mariée en 1561 à Ta[)guy, seigneur de Rosmadec.
De ce mariage, Sébastien, premier marquis de Rosmadec. Il
épousa Françoise de Montmorency. Il meurt à Rennes en avril 1613.
Son cœur est déposé le 25 de ce mois chez le~ frères de Saint­
François à Dinan dont il était gouverneur.
II. De son second mariage (vers 1554) avec Jeanne du Quelenec,
de Charles, vicomte du Faou, baron de Pont (l'Abbé) et
sieur
à la Saint-Barthélemy, Jacques de Beau­
Rostrenen, etc., qui périt
manoir a un ms et une fille.
A. Toussaint, baptisé à Jugon, le 1 septembre 1554, marié à
Anne de Guémadeuc, baptisée à Québriac, ' le 25 novembre 1563,
de Thomas (v. ci-dessous). Blessé devant Ancenis, Taus-
sieur
saint meurt à Rennes, le 12 mars 1590. Vicomte de Besso, par
il était devenu, par représentation de sa mère, Qéritier de
son père,
son oncle Charles du Q~élénec.
Il laissait seulement une fille encore enfant, dont il avait conclu
le mariage avec René de Tournemine. Elle suit: '
Hélène, mariée: 1 le 16 janvier 1599, à René de Tournemine.
Blessé en duel par son cousin Toussaint de Guémadeuc (v. ci­
1606, il 'meurt en février 1607.
dessous) en novembre ou décembre
2 Le 12 août 1609, à Charles de Cossé, marquis d'Acigné, fils
puiné du maréchal depuis duc de Brissac, banni à perpétuité du
royaume, par arrêt du 22 janvier 1628. '
De nouveau veuve, Hélène meurt au château de Limoëlan
(Sévignac) et est inhumée, le 10 août 1636, chez les religieuses de
Sainte-Catherine à Dinan.
Elle laisse pour principale héritière et donataire sa nièce à la
mode de Bretagne, Marie-Françoise de Guémadeuc, mar'quise de
Pont-Courlay (v. ci-dessous).
Il. Jacqueline ou Jacquem'ine, née vers 1551, mariée avant 1580,
à Thomas de Guémadeuc, baptisée à Québriac, le 19 août 1556.
à Québriac, âgée de vingt-sept ans, le 27 janvier 1588 ;
Elle meurt
blE.ssé à ,Loudéac (mars ou avril 1591), meurt à Rennes,
Thomas
le 15 juillet 1592. .
De ce mariage huit enfants, baptisé~ à Québriac, parmi lesquels:
1 Toussaint, l'ainé, baptisé le 9 septembre 1582, tué en duel par
son cousin TOllrnemipé en décembre '1606, inhumé à Québriac, le
4 de ce mois. Sans enfants de son mariage avec Marie de Botloy, a
pour héritier son frère qui suit:

2° Thomas, baptisp. le 2 décembre 1586, marié à Jeanne Ruellan
dont la sœur cadette Guyonne, épousera, en février 1621, François,
futur duc de Brissac, frère ainé du marquis d'Acigné.
de Grève, le 17 septembre 1617, laissan1
Thomas meurt en place
une fille unique qui suit :
JJlarie-Françoise, 'mariée : 1 le 29 juin 1626, à François de
Vignerod, marquis de Poo t-Courlay, neveu ,du Cardinal de Ri-

chelieu .••
2° En 1647, à Charles Grive!" seigneur d'Ourouer, président de
la noblesse aux Etats de 1651, assassiné à Paris.
Du premier mariage : Armand-Jean, substitué aux armes de
son grand oncle le Cardinal, est la tige des ducs de Richelieu.

Les dates ci-dessus sont pour la plupart authentiques. J'en dois
à • Fouré, juge au Tribunal de Saint-Brieuc, qui
quelques-unes
les a puisées aux nécrologes des couvents de Dinan. Les autres ont
M. l'abbé Paris-Jallobert, aux archi~es de Québriac
été prises par
Ces dates démentent sur plus d'un point les
et autres paroisses.
le P. du Paz, et même les productions
généalogistes, notamment
à la réformation de 1668.
faites
Rien ne démontre mieux l'utilité de la publication des anciens
M. l'abbé Paris-Jallobert. '
registres paroissiaux qu'inaugure

Errata. Au tableau généalogique, p. 39, au lieu de
Saint-Courlay lire Pont-Courlay, comme plus loin.
P. 40. Lignes 10 et 15, au lieu de siwur lire sœur.
Ligne 34, au lieu de baptisée lire baptisé. '
J.TRÉVÉDY,
Ancien Président dt" Tribunal civil

de Quimper.

BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. - TOME XIX. (Mémoires).