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Bulletin SAF 1892


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Incendie de l’évêché de Quimper, en 1595

Abbé Peyron

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UIMPER
INCENDIE DE L'ÉVÊCHÉ DE

En relisant ces temps derniers, l'histoire de la ligue du

chanoine Moreau, j'ai été surpris de trouver à la page 22e
de l'édition de 1857,.la date de 1620 citée par l'auteur lui­
même alors que le chanoine Moreau est mort le 29 juin'1617
(1); c'est une erreur, reproduite dans les deux éditions
et 1857 qui provient soit d'une faute d'impression,
soit d'une mauvaise lecture du manuscrit. Il faut lire il me

semble, l'an 1600, d'autant que dans ce passage l'historien
compare les indulgences accordées lors du jubilé de 1501
pour la construction de la cathédrale de Quimper « à celles
accordées dit.-il, de notre temps à Orléans savoir l'an 1620
pour même effet, savoir pour des o'ffrandes qui y tombaient,

faire rétablir leur église cathédrale de Sainte-Croix ruinée
par les' hérétiques ... »

Or, nous lisons .dans le guide Joanne La Loire, page 84,
que c'est préci~ément « le 18 avril 1601, qu'Henri IV vint
avec la Reine poser la Fe pierre de l'ég'lise actuelle de Sainte-
Croix, remplissant ainsi l'obligation que lui avait imposée
le Pape Clément VIII avant de l'absoudre de l'excorumu­
nication »; l'erreur me paraît donc évidente, et la correction
facile.
Mais ce que je voudrais relever aujourd'hui dans le récit

du chanoine Moreau c'est son assertion relative à l'incendie
de l'Evêché en 1595 dont il semble vouloir faire peser la
responsabilité sur Mgr du Liscoët lors Evêque de Quimper.

(1) M. de Mesmeur dans sa préface donne la date du 2;~ juin. M. Le
Men dans la monographie de la cathédrale donne la même date du 23 juin,
en ajoutant Ill" Kalend. Julii,qul est la date véritable, 29 juin.

L'historien, en effet, après avoir rapporté les circonstances
phrase: « quelques-uns disent que
de l'incendie ajoute cette
un juste jugement de Dieu, d'autant, disent-ils, qu'il
ce fut

y avait bal à l'Evêché au grand logis de Rohan, auquel lieu
présent l'Evêque. »
était
A la première lecture on est tenté de conclure que le juste
châtiment de Dieu se rapporte au scandale donné par un
Prélat assistant à un bal donné dans son Evêché .
Mais si l'on examine de plus près le texte il est facile de
n'est pas l'assertion de l'historien.
voir que telle
La forme dubitative qu'il emploie montre d'abord qu'il ne
connaît le fait que par des tiers auxquels il accorde une
médiocre confiance puisque sur leur témoignage il n'ose

sur la parole
l'affirmer, comme l'historien le fait d'ordinaire
de témoins dignes de foi.
n est donc douteux qu'il y eut bal à l'Evêché la nuit de
l'incendie, et par là même il n'est pas certain que l'Evêque
fut présent à l'Evêché au moment du bal; de plus en admet­
tant que l'Evêque fut présent à l'Evêché au moment de cette
l'auteur n'affirme en aucune façon que le
soirée mondaine
Prélat y assistat, et encore moins qu'il en fut l'organisateur .
n'est pas difficile de prouver que durant les
De fait il
troubles de la ligue notamment pendant les années 159[1-1595,
l'Evêché n'était plus à ·la disposition de l'Evêque, mais était
deveuu une forteresse garnie de canons jusque dans les
embrasures des fenêtres, et servant de caserne aux soldats
partis maîtres tour à tour de la ville. Le cha­
des différents
noine Moreau, nous donne lui-même un aperçu de lajoyeuse
vie qui y menait la garnison en atte~dant l'ennemi. En juillet
1594 lorsque Lezonnet 'vient surprendre la ville, ce sont les
ligueurs qui tiennent table ouverte à l'Evêché (1) ; c'était dit
l'historien « un des habitants nommé Jean l'honoré sieur de
(1) Chanoine Moreau, page 186, édition 1857 •

Kerambiguet qui payait à déjeuner ce jour là au manoir de
l'Evêché à tous les principaux presque de la ville où étaient
tous Messieurs les juges du Présidial et bonne troupe de
marchands. »
Au mois de septembre de la même année c'est le Duc de
Mercœur qui loge à l'Evêché. Le mois suivant le 12 octobre
c'est le Duc d'Aumont qui s'empare de Quimper pour le Roi;
Mgr du Liscoët peut bien reparaître en ville avec les gens
de son parti, mais l'Evêché n'en continue pas moins de ser­
vir à log'er la garnison qui aux plaisirs de la table fait suc­
céder le plaisir de la danse et en fin de compte laisse brûler
l'Evêché, sans quele Sgr Evêque puisse en aucune façon en
ètre responsable. .
La preuve de cette assertion, nous croyons l'avoir trouvée
dans les papiers conservés aux Archives départementales,
série G. carton 33 Nous y voyons en effet parmi les nom­
brauses pièces du procès intenté par les hériti8rs de Mgr du
Liscoët et par Mgr le Prestre à la communauté de ville pour
la restauration de l'Evêché, que la responsabilité de l'in­
et du triste état du manoir épiscopal retombe sur la
cendie
ville.
Dans un mémoire daté du 16 décembre 1623 l'héritier de

Mgr du Liscoët déclare « que le Sgr Evêque s'étant retiré
à Concarneau au party du Roy, les habitants de Quimper se
seraient emparé du dit manoir, y auraient mis un corps de
garde, logé des canons jusqu'aux salles hautes avec garnison
de soldats qui l'auraient ravagé et rendu inhabitable. » De
son côté Mgr le Prestre écrivait le 11 avril 1624, à nos Sei-

gneu1's de Parlement « que feu l'Evêque de Cornouaille étant
allé se rendre au party du .Roy, les bourgeois de Quimper
auraient logé ou souffert être logés au dit manoir épiscopal
gens de guerre qui auraient laissé brûler un corps de logis
et causé plusieurs autres ruines. »
Dans un mémoire contradictoire du 22 avril 1624 la Com-

munauté de ville attribue au contraire le fait de l'incendi~
aux servit.eurs de l'Evêque, mais en même temps, elle marque
qu'à l'époqu~ de l'incendie en 1595, le palai
positivement
épiscopal n'était plus babité par l'Evêque.
En effet voulant dégager sa responsabilité de l'état déplo_
pendant plus
rable de l'Evêché, elle l'attribue à ce fait que
de trente ans les Evêques ont cessé de l'habiter. Voici cQm­
ment s'exprime le mémoire:
« Adjoutent que le dit manoir épiscopal est un des plus
la Province basti par de bons et
somptueux bâtiments de
pieux Evesques des plus signalées maisons de la Province,
de Rohan, de Rosmadec et autres dont leurs armes rendent
témoignage de la magnificence, inhabité il y a plus de trente
ans et longtemps avant le décês du dernier Evêque qui fai­
sa cOI).tinuelle résidence au manoir d~ Lannyron à un
sait
demi-quart de lieue de la ville, ce qui aurait causé les dites
ruines faute d'habitatiorr et d'entretien dont il ne serait pas
raisonnable de faire porter les événements aux Demandeurs ))
. trente ans avant 162~, nous donne l'époque de 1594, depuis
laquelle l'Evêché a cessé d'être la résidence des Evêques.
guerres, nous dit un mémoire du 16 décembre
Après les

1623, Mgr du Liscoët restaura à ses frais le manoir de Lan-
niron et y fit sa résidence jusqu'à sa mort en 1614.
Son successeur Mgr le Prestre de Lézonnet, entrant à

Quimper ne put loger à l'Evêché et fut contraint de louer en
appartement dont il prétendait bien faire payer le
ville un
loyer par la ville jusqu'à ce qu'elle lui ait rendu son palais
état de réparation . .
en bon
Le 18 avril 1624 le Prélat suppliait nos Seigneurs de Par­
lement de considérer « que depuis 10 ans qu'il est pourvu de
l'Evèché ' de Cornouaille, il a tenté toutes les voies de dou­
ceur qui lui ont été possibles pour s'accommoder avec les
priés et fait
appelants (les bourgeois de Quimper), les a
prier en corps et en particulier de lui faire raison entr'autres

choses pour son logement, ayant toujours été contramt
d'être en maison d'emprunt comme locataire ... mais voyant
que par le conseil d'un petit nombre qui régentent en la
maison de ladite ville, ils se moquaient de ses' remontrances,
laissaient tomber la muraille de cette ville pour ruiner les
moulins et manoir du dit Evêché, et la dite muraille étant
tombée ne la voulant relever afin que le Suppliant ne se put
loget', parce qu"elle est joignante le dit manoir, aprèi avoir
patienté plusieurs années, il a été contraint de les actionner»
de fait quatre arrêts du Parlement condamnent là ville aux
réparations de l'Evêché (1).
Le 1 cr arrêt du 3 juin 1619 ne lui imposait que la réparation
du mur de la ville qui joint l'Evêché, mais les trois autres
arrêts du 5 mai 1621, 9 juillet 1621 et 7 mai 1622 « par une
évidente surprise, dis,ent les bourgeois d~ Quimper dans le
mémoire du 22 avril 1624, portaient condamnation contre les
demandeurs de faire toutes les réparations du manoir épis­
copal contre l'intention du premier arrêté, encore que les
ruines du dit manoir soient arrivées partie par incendie partie
par caducité à quoi il ne serait raisonnable ~'engager
les Demandeurs. »
Cependant au reçu des arrêts du Parlement condamnant
la ville, l'Evêque avait fait bannir l'adjudication des t.ravaux
qui furent adjugés le 2 décembre 1623 à un nommé Thomas
Le Roy de Nantes pour la somme de 80,000 livres.
Le devis des réparations conservé au carton G-29 des
Archives départementales, après avoir constaté « qu'un pan
de mura~ne de 8 toises d~ long sur 10 pieds de largeur est
tombé vis-à-vis de la cuisine du dit manoir et au devant des
moulins de l'Evêché ) déclare qu'il faudra refaire la cuisine
(c étant en appente contre la dite muraille; rebâtir la tourelle
de pierre de taille faisant le coin du grand corps de logis

(1) Production des nobles bourgeois de Quimper du 22 avril 1624. G. 33.

joignant ladite muraille et les deux fenêtre et lucarne à côté
tourelle.... rétablir le haut du pignon du dit
de la dite
grand corps de logis du côté oriental » c'est à dire la partie
au pignon de la chapelle actuelle; « réparer
correspondant
la muraille côtière de la première salle vis-à-vis de la maison
de Marguerite Bougeant » actuellement le salon à manger;

« refaire les murailles portes et fenêtres du corgs de logis
bâtiment de Rosmadec qui est joignant la porte et
appelé le
principale entrée du manoir épiscopal» aujourd'hui la salle
synodale.
travaux adjugés en 1623 à Thomas le Roy
Mais de fait les
pas exécutés, et comme nous l'avons vu dans son
ne furent
1624 la ville trouvait exhorbitant
mémoire du mois d'avril
d'être condamnée à une pareille dépense. A la même époque
l'Evêque, le 18 avril 1624, écrivrit à nos Seigneurs de Par­
lement : « si les dits Appelants (les bourgeois de Quimper)
10,000 livres· à plaider contre le Suppliant
ont dépensé
(l'Evêque) la cour a toujours jugé qu'ils ont eu tort; ils
leur argent à faire ce qu'ils sont obligés
devraient employer
sans ruiner le Suppliant en frais et dépens comme ils
de faire
font aux dépens des deniers publics de la ville ». Et dans une
autre supplique du commencement de mai 1624, l'Evêque
remarquer « que si les Appelants lors de la première
faisait
sommation eussent fait les réparations, elles n'eussent pas
coûté la douzième partie ni peut-être la vingtième de ce
qu'elles coûteront à présent, faute desquelles réparations
les ruines arrivent journellement rune sur l'autre. »
Un nouvel arrêt intervint le 31 mai 1624, condamnant les
« à faire rebâtir les murailles de la ville, la cuisine
Bourgeois
et autre chose du manoir· et à payer le louage du logis où
demeurait l'Evêque »; l'Evêché devait être remis en état au
bout de deux ans.
La ville commença les travaux mais sans grand empres­
sement car le 17 juillet 1629, dans une plainte au Parlement,

l'Evêque déclarait que « les Bourgeois n'ont nullement satIs-
fait aux susdites réparations » ; quelques travaux avaient été
exécutés aux murailles et au logis de Hohan mais il ne les
jugeait pas suffisantes « n'ayant pas été appelé, dit-il, au
renable .(réception des travaux). PHI' un grand nombre de
manquements et défectuosités, encore à présent le dit loge­
ment demeure inutile au Suppliant » et cependant les bour­
geois se refusaient à faire d'autres réparations, et à payer le
loyer de l'Evêque en maison d'emprunt, loyer qui s'élevait
ù la somme de 200 livres.
Mgr Guillaume le Prètre fut donc réduit à résider soit à
Lunniron soit à son manoir de Kervéguan en Scaër, où il
mourut le 8 novembre 1640. En supposant donc que l'Evê­
ché ait été habité par lui durant les dernières années de son
épiscopat, il est certain que depuis l'an 1594, jusqu'en 1630
au moins, les Evêques cessèrent d'en faire leur démeure.
On attribue généralement la reconstruction du bâtiment
incendié en 1595, à Mgr le Prestre de Lézonnet; cela doit
s'entendre en ce sens que le Prélat en conçut le dessein et
prépara les moyens d'exécution, mais de fait aucune pierre
n'avait encore été posée dans les fondations lorsqu'il mourut
le 8 novembre 1640 ; une pièce que nous avons trouvée aux
Archives départementales G-33, va nous donner des rensei­
gnements précis, sur l'état des lieux et des travaux prépa­
ratoires, un an après la mort du Prélat.
Cette pièce datée du 15 octobre 1641 est ainsi conçue:
C( Articule et entend prouver en la Cour du siège Pré­
sidial de Quimper... Reverend père en Dieu Messire René
du Louet Sgr de Kerguilliau, chantre-chanoine et premier
dignitaire de Léon et nommé par le Roy à l'Evêché de Cor-
nouaille... contre Messire François le' Prestre chevalier
Sgr de Lézonnet héritier principal de feu Mgr l'Evêque de
Cornouaille,
'C Que le dit défunt avait dès l'année 1635, pris résolution

de se bâtir un corps de logis qui était autrefois entre la
maison en laquelle il logeait et le portal de son manoir
épiscopal, ,
« Que l'applacement du dit corps de logis était lors chargé
d'attraits, immondices et pierres de maçonnage en grande
quantité, . lesquelles pierres le dit défunt fit tirer du dit
applacement en l'an 1636 et les amulonner en la basse cour
du dit manoir att.endant les employer au bâtiment proposé,
« Qu'en même temps il fît curer le dit applacement et en
tirer toutes les immondices qui l'encombraient pour effectuer
le dessein qu'il s'était proposé du dit bâtiment,
« Que puis l'an 1636 le dit défunt Sgr Evêque a de temps
en temps fait amasser et rendre au dit manoir épiscopal et
en la place au-devant d'iceluy quantité de matériaux aux fins
du même bâtiment, comme bois, pierres, chaux et sable,

« Qu'il aurait par plusieurs et réitérées fois conféré son
dessein avec architectes, ouvriers et autres et en avait fait
faire contract et modèle qui se trouvent en l'armoire des
titres et garants de l'Evèché,
« Qu'il avait fait couper et rendre au manoir épiscopal
grande quantité de pieds d'arbres de dessus les terres
dépendantes du temporel de l'Evêché tant en sa chatellenie
de Coray qu'ailleurs, pour être employés au dit bâtiment,
« Qu'il avait fait tailler les pierres de taille qui sont en
la place et en ladite basse cour suivant le dit modèle,
« Que souvent le dit défunt Evêque avait entré en marché
avec des ouvrier~, d'entreprendre la construction du dit ·

bâtiment, et en eut fait jeter les fondements en l'an 1639,
n'eùt été le malheur de la contagion qui affligea cette ville
la dite année et la plupart de la suivante,
« Que les maçons et autres ouvriers ont toujours de temps
en temps travaillé à préparer les dits matériaux puis le com­
mencement et l'amas d'ieeux, jusqu'à la dite année 1639,
même ont travaillé en l'année 1640,

( Que les dits faits sont vrais et notoires à la connais-
sance de plusieurs personnes dignes de créance,
« BILLOARD, advocat. »
U ne autre pièce du même carton G 33, confirme cette
assertion; «les pierres œuvrées ponr la nouvelle construc­
tion étaient amoncelées près l'église Cathédrale mais aucune
pierre n'avait été encore posée dans les fondations que le
Sgr Evêque avait fait simplement curer et en tirer toutes
. feu
les inimondices qui encombraient le dit applacement. ))
Cette pièce nous apprend également le nom de l'architecte
c'était le sieur Bertrand Moussill ; son plan comportait (( trois
étages et des greniers; au premier (c'est-à-dire au rez-de­
chaussée) devait êtl'e la cuisine avec ses offices, au second
grande salle de 30 pieds de long avec une chambre au
une
bout, et au troisième devait être un dortoir pour les officiers ·
dudit Evêque. » C'est ce plan qui fut exécuté sous l'épis­
.copat de Mgr du Louët, et on peut lire sur l'une des fenêtres
hautes de ce bâtiment la date de 1646.
Le manoir de Lanniron comme nous avons eu l'occas~on
de le dire, fut d'un grand secours pour le logement des
Evêques pendant cette longue période' de ruines et de répa­
rations de l'Evêché (1594-1646). Nous croyons donc ne pas
nous écarter de trop de notre sujet en donnant sur le manoir
rural comme on l'appelait, quelques détails inédits que nous
fournit le carton G 33, déjà cité, des Archives départemen­
tales.
Il est probable que le manoir de Lanniron, Lannidron ou
Lannifron, appartenait aux Evêques de Quimper de toute
antiquité, plusieurs actes du XIIIe siècle consignés au Cartu-
. ·laire de la Cathédrale, sont datés de Lanniron, qui dès lors
servait de résidence aux Evêques. C'est ainsi qu'en l'an 1218,
année de sa mort, Guillaume signa à Lannifron une donation
de plusieurs bénéfices en faveur de l'abbaye de Daoulas;

donation confirmée par son successeur Renaud en 1225.
Nous savons également par quelques notes du siècle dernier,
conservées aux aI'chives départementales (G 33) « qu'autre­
fois' il y avait un bourg et des habitants aux issues du
château de Lanniron, une église paroissiale avec son cime-
tière, des chemins et des rues dont l'une s'appelait la rue
aux moulins. Aujourd'hui (en 1749) il n'y a plus ni bourg, ni
église, ni cimet ière~ ni maisons, ni habitants autres que les
domestiques du Sgr Evêque, les anciennes habitations du
dit bourg étant réunies et annexées aux autres dépendances
du palais rural » ; dès 1682, l'aveu constatait que la paroisse
de Lanniron était depuis plusieurs années, desservie à la
Cathédrale et unie à la paroisse du Saint-Esprit ou de la
rue neuve .
Un aveu rendu en 1540 à Claude de Rohan par René
Moré et Léveneze Michel sa ' femme, mentionne qu'ils sont
tenus « nétoyer un ruisseau d'eau depuis la chaussée de
Pontustum au manoir de Lanniron, d'emporter des joncs
poar mettre au dit manoir lorsque le dit Sgr Evêque s'y
tient; sont sujets également à aouster le foin du feniet' de
Foënnec Pontustum et mettre le foin du dit Seigneur en la
maison où il est acoustumé le foin premier rendu au parloir
du dit.manoir, eux ayant leurs dépents du dit Seigneur et le
regain duclit fenier. »
Pendant la Ligue les bâtiments de Lanniron furent rendus
inhabitables non pas tant par le fait des troupes assiégeant
Quimp~r que par un excès de précaution des Bourgeois de
la ville. Mgr le prestre de I~ézonnet dans un mémoire du 16
. décembre 1623 (G 33) déclare en effet « que l'héritier de
Mgr du Liscoët a certifié que les habitants de Quimper
auraient rompu les planchers, portes et fenêtres du manoir
de LannÎl'Oll feignant craindre que quelques soldats ne s'y
fussent fOl'tifiés dUl'ant les guerres , que le dit Sgl' Evêqlle
l'aurait fait raccommoder à grands fl'ais pOUl' s'y retirer

après les guerre~. » De fait il y fit sa continuelle résidence
jusqu'à sa mort. .
A la fin du XVIIe siècle le manoir de Lanniron s'embellit,
l'épiscopat de Mgr de Coëtlogon, de magnifiques jar­
sous
dins dessiné sur les plans du fameux Le Nostre, et c'est sans
doute pour cette raison que dans le portrait de Mgr de Coët­
logon quo l'on voit dans la salle synodale, le fond de tableau
représente les jardins do Lanniron avec sa terrasse sur les
bords de l'Odet.
Mgr Annibal de Farcy de Cuillé (1739-1771), Y fit son
séjour habituel, nous l'apprenons par une lettre de M. Guil­
lou, curé d'Elliant, adressée à Mgr de Saint-Luc, au mois
septembre 1773 (1).
« Mgr de Cuillé depuis bien des années habitait presque
toute l'année le château de Lanniron parce qu'il y avait à lui
tout son temps pour vâquer au gouvernement de son diocèse,
au lieu qu'en ville il était importuné par dès visites inutiles
dès 7 heures ,du matin. »
L'inventaire des meubles, de la bibliothèque et des jardins
de Lanniron dressé à la mort du Prélat, peuvent lious don- '
ner une idée de l'Importance de cette résidence épiscopale.
C'est ainsi qu'au dire d'Alain Pernez, jardinier, demeurant
à Kerbaby en Lanniron, et de J osep Le Gall, jardinier,
demeurant rue Toul-al-Laër « 72 pieds d'orangers, citron-
niers, cédras, Bergamotes chinois et autres» sont estimés
12,000 francs. (2)

L'ABBÉ PEYRON, .
Vice-Président de la Société archéologique .

, _ " = F - s - _. " $ • I l G r

(2) Le testament de Mgr' de Cuillé et l'inventaire dr'essé à son décès
sont conservés aux archives de l'Evêché.