Bulletin SAF 1891

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Sainte-Marie du Ménez-Hom

Abbé Abgrall

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CHAPELLE DE SAINTE-MARIE DU M 1NEZ-HOM
EN PLOMODIERN
Sainte-Marie est une vaste et belle chapelle construite à
196 mètres d'altitude, au bord de la grand'l'oute qui mène de
Châteaulin à Crozon, sur un plateau situé entre deux des
principaux mamelons qui forment le massif du Ménez-Hom.
31 mètres de longueur, en y comprenant
Elle mesure environ
la sacristie qui s'avance plus loin que le chevet.
Clocher.
Ce qui frappe d'abord l'attention, c'est le clocher à dômes
superposés, un des plus jolis des monuments de ce genre qui
la chaîne des montl,lgnes
semblent s'échelonner le long de
noires. On en trouve des exemplaires fort remarquables à
N.-D. de Châteaulin, N.-D. de Kergoat, à Plogonnec; à
Edern, à l'église paroissiale et aux chapelles de Laninon et
j à N.-D. des Portes, de Châteauneuf: à Saint­
du Niver.
Goazec, et plus loin à Roudoualec et à Gourin, dans le Mor­
bihan.
Ce clocher s'élève sur l'angle sud-ouest de cet édifice, et
et voûtée qui est percée à sa base forme
la porte profonde
cGtte porte sont des pilas­
porche latéral. De chaque côté de
tres ioniques au-dessus desquels on lit dans ta frise la date
Sur le ressaut qui existe au milieu de la corniche, au pied
de la niche qni la surmonte, est sculpté en relief le nom de
JACQVES-NICOLAS.
Au-dessus, une niche, accostée de deux grandes volutes,
sur une
abrite une statue de Notre-Dame-de-Pitié, montée
petite pile en gaîne et cannelée .

A 8 mètres de hauteur règne, sur la face sud, une petite
galerie saillante et robuste, avec deux petits édicules ou 1
ternes carrées, correspondant aux contreforts d'angle. Puis,
5 mètres plus haut, une seconde balustrade, portée sur un
ericorbellement, contourne les quatre côtés et est ornée à ces
quatre angles de canons en pierre faisant office de gar­
gouilles. A ce niveau commence la chambre des cloches . Sur
la pierre qui fait linteau ou traver38. à mi-hanteur des arca­
des est sculptée cette inscrîptioB. :
MISSIRE. MATHIAS
JEAN. LE. QVINQVIS
PLASSART. RECTEUR
FABRICQVE. 1772
et sur la pile de l'angle sud-ouest de la galerie, cette autre:
GERMAIN. BILlE. 1773
Au-dessus des cloches vient une troisième galerie sur­
montée d'un premier dôme, puis d'un 'second formant lan­
terne octogonale, et enfin d'un troisième tout à fait minus-
cule qui sert de support à la croix.
Pourtour extérieur.
Au haut de l'up. des pignons sud de l'église est gravée
inscription:
cette
MISSIRE : M : CRA VEC : RECTH

DE : PLOMODIERN: GVILL : LE
DOARE : PHETRE : VICAIRE
C : ROIGNANT : F : 1766
Le côté nord, contrairement à l'usage habituel, est plus
rieheque le collatéral sud; il est du reste plus ancien,
tout à l'heure par les dates. Il est orné
comme on le constatera
de trois beaux contreforts anciens et d'un autre, de cons ..
truction récente, élevé pour consolider un point faible; et
trois pignons agrémentés de gargouilles, de crochets ·et de
fleurons, surmontent trois fenêtres dont une est bouehée par

une maçonnerie de moëllon. Au-dessus de cette dernière , une
pierre porte cette inscription:
GVILLAVME DHERVE F
Une petite sacristie ancienne, ou chambre du trésor, est
placée au bas du collatéral nord. Au haut du pignon de cette
sur la route on lit la date 1577, et plus
chambre qui donne
bas:
H: HO: MOREAV
F : EN : LAN: 1570
Le pignon qui correspond au bas de la nef principale est
de même date que le clocher et porte une ornementation de
même caractère .

Intérieur .
Comme distribution intérieure, la chapelle se compose
d'une nef centrale, d'un collatéral sud, qui devient double
pour former transsept ou branche de croix, et de deux col­
latéraux nord.
ins-
Au-dessus des arcades nord de la nef on lit ces deux
crlptlOns:
1: MAVGVEN AV: MOREAV
FAB: LAN: 1574 FAB: LAN: 1591

Au bas de la nef, des corbeaux en pierre, sortant dll mur,
indiquent l'existence d'une tribune ancienne.
Dans l'uue des chapelles formant le collatéral nord le
remarquable:
plafond ou lambris a été orné avec une richesse
les nervures sont moulurées, les neuf clefs de voûte sont
sculptées profondément, et sur la sablière ou corniche sont
représentés des sujets variés : deux évêques en guise de
à deux têtes. Deux renommées tenant
corbeIs un aigle
un cartouche allongé qui porte au milieu la croix avec la
rapporter
couronne d'épines, et des deux côtés, Judas venant
les trente deniers et le prince des prêtres qui les refuse .

Sur un autre cartouche, tenu par une femme assise et un
personnage nu, est représentée la fuite en Egypte. Enfin une
mouvementée: quatre chevaux attelés
scène excessivement
à une charrue, un homme les conduisant, deux autres menant
la charrue, un quatrième tombé sous les pieds des chevaux
et à moitié écrasé; tout cela avec des costumes, des postures
et des contorsions impossibles à décrire. La tradition du
là traduction d'une légende d'après
pays dit que c'est
laquelle ces gens, labourant leur champ, se seraient moqués
de la Sainte Vierge et de Saint Joseph fuyant en Egypte, et
auraient été ainsi punis sur le coup et blessés par leurs che-
, vaux pris d'une terreur panique. .
Autels.

Aux trois piliers qui font ligne entre la nef et ce que l'on
peut considérer comme le transsept, sont ~dossés trois autels
en pierre dont deux reposent sur des massifs en granit, et le
sur deux colonnes. L 'lme de celles-ci porte une
troisième
petite console pOUl' l~ecevoir les burettes .
Les trois autels en pierre' de l'abside sont recouverts de
tout surmonté de l'étables et de
coffres en bois sculptés, le
niches à colonnes torses, d'une richesse prodigieuse.

Autel nord.
A l'autel du côté nord on voit les statues de Saint-Jean­
Baptiste, Saint-La~rent Saint-Louis 'et Sainte-Marie-Made-

leine portant un vase de parfums. Au-dessus de chacune de .
ces statues, des bas-reliefs représentent:
Saint-Jean-Baptiste baptisant N. S.
Saint-Laurent avec son gril, écoutant'un petit personnage
qui ressemble à un ange sans ailes. .
un des clous
Saint-Louis tenant la couronne d'épines et
de N .-S. '

Les trois Marie allant au tombeau avec leurs vases d'aro­
mates, et trouvant un ange à l'entrée du tombeau vide.
Autel principal.
Statues de Sainte-Marie-du -Ménez-Hom, Saint-Joseph,
. Sainte-Anne et Saint-Joachim. Sur la porte du tabernacle,
le sacrifice d~Abraham; dans les côtés les quatre évangé­
listes. Dans le l'étable et dans le coffre de l'autel, quatre
petits bas-reliefs: l'Annonciation, la Visitation, la Nativité,
Sur les boiseries près du maître-autel, sont
l'Assomption.
gravées ces inscriptions:
VE : DI : ME : OL :
M : L : GVILLEHMOV
BOVHDVLOVS: H.
CVRE : 1710 .

Autel sud.
Statues de Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-Philippe, ayant
pour attribut une croix et un autre apôtre sans attribut.
Dans divers bas-reliefs on voit:
Saint-Pierre marchant sur les eaux~
Saint-Pierre pleurant son pêché:
Noli me tangere. N.-S. sous la figure d'un jardinier, la
à ses pieds .
Madeleine

Deux petits anges assis et entourés de jolies draperies au
haut d'une corne d'abondance.
d'Emmaüs, N.-S. marchant entre les deux
Les disciples
et conversant avec eux.
pélerins
• Enfin les quatre évangélistes en statuettes méplates. ' .
Cet autel est ainsi daté :

N : & D : MHE : OL : BOVHDVLOVS : H.
NICOLAS: F : 1715 .
GVILLAVME :
Autres statues .
Deux évêques, un très beau Saint-Laurent, Saint-Hervé,

sur l'épaule de son petit guide Guicharan
l'aveugle, appuyé

qui conduit le loup traditionnel. Ces quatres statues sont

et sculptées dans le style de la d.ernière
en Kersanton,
période gothique, XVe ou XVIe siècle.
y a quatre autres statues un peu plus modernes, en
bois: Saint-Michel, Sainte-Barbe, un saint moine et Saint­
Eloi, frappant sur l'enclume.

Arc-de-triomphe.
Un joli arc-de-triomphe, composé d'une grande porte
et de deux petites arcades latérales, forme l'entrée
centrale
du cimetière. Sur la face ouest, tournée vers la route, on lit
la date: 1739.
Dans la niche est une statue de la Sainte-Vierge, et du
se trouve un Saint-Hervé guidé par Guic'haran,
côté opposé
mais sans loup cette fois.
Telgruc et à Argol, paroisses voisines, se trouvent

aussi des arcs-de-triomphe à peu près semblables, mais de
moindre importance; celui d'Argol pdrte la date de 1659.
Calvaire.
Un calvaire, ayant beaucoup de ~apport avec ceux de Loc­
et de Lopérec, se trouve dans le cimetière, entre l'arc­
Mélar
et l'église. A la croix principale, sous les pieds
de-triomphe
N.-S., sont deux anges recueillant le Précieux-sang dans

Snr le croisillon supérieur est Saint-Longin, à
un calice.

cheval. coiffé d'une sorte de turban ou de bonnet pointu. La
lance dont il perce le côté à N.-S. a. dispàru. Le centurion à
cheval, qui lui faisait pendant de l'autre côté, est tombé aussi
et se trouve tout mutilé dans le réduit de la vieille sacristie
avec les débris des larrons.
, Sur le croisillon inférieur sont les statues de Saint-Jean
l'évangéliste et de l'une des trois Marie, portant un vase de
parfums. Au milieu est N.-D. de pitié. Derrière, et sculptés
dans les mêmes blocs de pierre que les statues précédentes,

on voit Saint-Pierre et Saint-Yves qui porte un parchemin
et son sac à procès. Il est coiffé du bonnet carré et a les
épaules couvertes d'un camail avec chaperon. Saint-Yves,
était, semble-t-il, très honoré dans ce pays, car nous retrou­
vons son image sur une autre croix à l'entrée du bourg de .
Plomodiern.
milieu, entre ces deux statues, se trouve celle de N.-D .

debout, portant l'Enfant-Jésus. Au pied de la croix, la Made-
leine est à genoux, les mains jointes, les yeux levés vers
Au haut du s'Ocle carré, qui sert de base à la croix, on
lit cette inscription sculptée en jolies lettres gothiques
fleuries:
JE HAN. JE. ALOND~R. FABRICQUE. FEIST. CESTE
CROIX. FAIRE. L. M. Ve XL. lIn (15[14).
Deux autres bases et deux autres fùts restent seuls de ce
qui constituait autrefois les croix des larrons.
Décembre 1891.

. J.-M. ABGRALL, prêtre .