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Bulletin SAF 1891


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L’ancien cantique de Kerdevot

Abbé Favé

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XIII .
L' ANm~N CANTI UE DE KERDÉvorr

HECHERCHES sun LA DATE DE SA COl\lPOSIT[O~

Par l'abbé FAVÉ .

Ce 11 ' etit pa::; au poi nt de vue de la pureté de la langue que
,IIOUS désig'nel'olls ce cantique à l'attention du lecteur: c'es\;
là, sans conteste, du breton décadent, et , l'on voit vite que
le Hapsode inconnu prend bien des libertés avec notre vieil
idiome national. Exemples:
S'il rappelle les merveilles opérées ell cette chapelle bénie,
qu'il le fel'a sans arrière-pensée, sans intention
il pr'oteste
de rabaissei' les autres sanctuaires vénérés de la région :
" Hep choqu'i enep fœçoun ,ilis santel ebet» (7' couplet. )
S'il parle de l'admirable l'étable qui fait le plus bel orne-
ment de cette chapelle, il dira:
«( Laqucet eo eoc'h:'-Ill Autel' da velet daT public. ~) (14' couplet. )
Le cantique est de cinquante-six strophes, où, malgré les

longueurs et les répétitions, passe, parfois, un souille poé-
tique fort appréciable. Il est de 1712 : il justifie sa date par
les évènements auxquels il fait une brève et disc)'ète allusioll.
eomme un auteur qui parle ù des contemporains très au
('·OUl'ant. ; il apporte aussi, quoique léger, son contingent de
l'enseignements sur son époque, et à ces titres nous croyons
qn'il vaüt la peine d'être classé avec sa date.
l.. .. orsque l'auteur doit fixer dans la mémoire populail'e k
sOLlvenÎl' d'un épisode de quelque conséquence, il le rend en
1 l'ois strophes, formant, à l'occasion de chaque épisode, ce
«llLe nous appelleri.ons un petit poëme , cqncis , complet et

exact. Tel est l~ procédé de composition de l'auteur' , et les
eouplets 41, 42, 43 nous montreront l'ouvrier à l'œuvre.
Il y est question de la catastrophe du 2 février 170t, .~ Kel'­
Ergué-Gabéric .
dévot, en
Maintenant, il y a eu onze ans à la fète de la Chandelel1l',
Par tonnerre et tourbillon de vent était tombée la tour,
Un homme, hélas! fut surpris sous les pierres: [sur son dos.
La contenance de douze charretées, assurément~ était tombée
Malgré cela, il était entendu, criant, se lamentant,
se recommandant à vous, Vierge puissante,

Pour qu'il fu t par votre vrai secours déli vré de là :
Tous ses membres brisés, broyés, émiettés, massacrés.

La moindre de ces pierres était assez pour le tuer,
Si vous ne l'aviez empêché, ô Dame Marie!
Il se confessa avant de mourir, avec regret de ses péchés;
Maintenant il a la gloire de vous voir au séjour de vos joies • .
- Le récit est bien le même que celui que Messire Jan
Baudour, recteur d'Ergué-Gabéric, consignait sur les re-
gistres paroissiaux, le 4 février 1701, à part que ce dernier
nomme deux victimes, Alain Coetmen, tué sur le coup, et
-François Le Gounidec, le seul dont le cantique parle, à cause
de l'assistance spéciale dont il fut favorisé par ]a Sainte­
Mère de Dieu. Ses os émettiés, ses chairs ne présentant plus
qu'une bouillie sanglante, « son corps brisé à la -réserve de
sa teste)) , dit Jan Baudour, il résiste de sept heures du
matin à sept heures du soir: il a la grâce de pouvoir St'
eonfesser au curé, Guénolé Hamon. Malgré la pureté exem­
plaire de sa vie, dont son recteur se porte garant, la fragilitt1
humaine est si grande, que peut-être, en cette âme, grand
était le besoin d'un pardon, d'une réconciliation, que la
bonne Dame de Kerdévot sut procurer au malheureux qui
l'invoquait. Les chrétiens se rappellent cette prière: « Ab
improvisa et s'lfbitœnea rnorte, Zibera nos, Domine. » .

)lotee eautiquc se trouve parfaitement d.até, et c'est lui-
mème qui nous dit qu'il fut composé onze ans après l'acci-
dent du 2 février 170J : donc il est clair qu'il est de 1712.
Nous en trouvons la confirmation dans d'autres endroits de
la même œuvre. 1712! Trois des premiers couplets rendent
bien la physionomie de cette année tounnentée _ du règne de
Louis XIV. On y retl'ouve un écho des malheurs du peuple

et ,des difllcultés ,e;xtrêmes de la ,monarchie.
Après une invocation à la Sainte-Trinité, le 2 eouplet
débute en ces termes :
Jamnis, Chrétiens, hélas! nous n'avons eu plus grand besoiu
, De supplier Notre Sauveur et la Vierge sa Mère
De donner la gràce il notre Roi d'être vainqueut'
Sur tous ses ennemis, adversaires de Jésus.
Je ne vois que tristesse depuis longtemps, dans le monde;
La disette, nous avons commencé à la voir:
, Nous assistons chaque jour à des enterrements
Des gens de nos quartiers, ainsi qu'à leurs services.
Il n'y a que la peste qne nous 'n'ayons pas encore vue
Au milieu de nous : que Dieu ep soit loué.
L 'histoire générale, notre histoire locale surtout, pourrait
expliquer, donner des éclaircissements sur la situation à
laquelle fait allusion l'autelu du cantique.
Le traité un long repos ]ui était nécessaire pour répal'er ses forces
épuisées . L'inquiétude et le malaise devaient encore survive(-\
longtemps à la guerre.
L'agriculture était ruinée, le comrneree interTompu, les

chemins défoncés et détruits. La mort frappait à chaque
instant la famille royale. Jamais on avait été dans une plus
gTande détresse!
Les couplets 30, 31, 32, nous fournissent encore une date
qui confirme de plus en plus la date précitée. ,

Un pèlerin de Q:uimper vient remercier la bonne A/ère:
avec lui, nous retrouvons un nom glorieux et cher ~l nos
CŒurs bretons: Duguay-Trouin! Il Y a là un épisode bien
intéressant: l'escadre est en perdition, en détresse: les
braves marins bretons qui forment les équipages de marine
et les troupes de débarquement, en face de la mort dure,
si loin du pays, songèrent instinctivement à Kel'clévot. Quel
résultat? Notre rapsode le d'ira, mais sans faire
en avait été le
marché des témoignages. cal' il tient à les citel' :
bon
Un soldat de Quimper, nommé M. Deschamps,
En visitant Kerdévot, le dernier carême,
A dit au Fabricien qu'il a été secouru
Par Marie, dans sa. aampagno, pendant l'l1ivel' passé.
C'est à la fin de l'héroïque campagne de 1711 où, en onze
jours, Duguay-Trouin détruit les fortifications de Rio de
Janeiro. (1)
Le 13 janvier 1712, l'escadre se trouvant dans le sud-ouest
des Açores, fut accueillie par un vent violent, variable de
l'est au sud. Sa violence augmenta pendant plusieurs .jours
consécutifs. Le 19, les vaisseaux arrivaient à la hauteur des
Iles; jusque là ils s'étaient conservés, mais ce même jour, le
commandant perdit de vue le Mars et le Fidèle. Le 21, ]a
tempête reprit avec une nouvelle fureur, et tous les vaisseaux
furent en danger de périr. Le Lys r.eçut un coup de mer si
violent que Duguay-Trouin crut, un moment, la mort inévi-
au milieu des abîmes de l'Océan. Cet orage ' s'apaisa
table
, et le Lys, rejoignant le Brillant, l'Argona'ute, la Bellone,
l'Astrée et l'Amazone, rentra avec eux dans le port de
Brest, le 6 février 1712.
pèlerins de Kerdévot étaient ces vaillants survivants
Ces
de la campagne de 1711, n.OLlS croyons pouvoir l'affirmer,
arrivés à Brest, le 6 février 1712, se mirent en mesure,
qui,

(1) Voir dans la Biographie bretonne l'article que M. Ch. Eunat con­
sacre à Duguay-Trouin, son compatriote.

sans retard, d'accomplir le vœu fait à N,-D. de Ket'dévot. 'an
milieu de la tourmente:
Les soldats qui avaient été avec 1\'1. Duguay
Ne pouvaient plus retrouver leur route pour revenir il la maison.
En danger ils étaient de périr sur la mer périlleuse.
à la Vierge glorieuse ...
Ils se sont alors voués
Ils sont venus la remercier quand ils sont venus à Quimper,
Ils lui ont fait présent d'un magnifique chapelet,
Et de plus une autre offrande et des honoraires de messes,
Soutenez-les encore, ô Vierge, dan.s leurs combats.
Certes, on sent bien là que le patriotisme ne date pas
d'hier, dans cette strophe émue célébrant des héros inconnus,
soutenant haut et ferme l'honneur du pays.
V raisemblablement, ce cantique fut chanté pour la pre­
mière fois ie jour du pardon, c'est-à-dire le dimanche après
septembre 1712. En cette même année, le brave Des­

champs était venu pour gagner les indulgences, octroyées aux
tldèles, en ce sanctuaire, à chaque vendredi du carême.
pourrions dire le jour, à quatre ou cinq vendredis près,
Nous
car, en cette année 1712, le carême s'ouvrait le mercredi
des Cendres, 10 février, et Pâques tombait le 27 mars. Cest
donc vers le commencement de 1712 qu'il faut placer l'évè-
ment qui apporta à Kerdévot l'Ex-Voto et les hommages des
braves gens qui servaient sous l'illusfre homme de meL',
Dllg'uay-Trouin, le gi'and Malouin.

A~TOJXE FAVE , Prêtre.

L'ANCIEN CANTIQUE DE ICER])EVOT

CANTIC SPIRITUEL
E gloar DOUE hac an ITRON VARrA KERDEVOl', pelüni ell
de-us u,r chapel caër e Parres Ergue- Vras, e q'uichrm

Ouimper-Cau,rintin, e pehini e rrt bemde.z miraclou bra=.
V AR TON : Sl1nte& Mari, etc.
Vos omnes sWentes, venite ad aquas !
C'hui pere oc'h eus seyel; deut da el'a '
dar Feunteun a vuez!
:1. 'l'ad, Map ha Speret Santel, tei Ferson en un DOIl0 ,

)1'ho suppli, a vil' galon hag a greis va enc

Da dirigea va memor ha ma ententamant

'NIa com.posin eur c'hantic clar Verc'hes puissant..
2. Biscoas, Christenien, sioas! n'hor boa brassoc.'h eZOIll, .

Da supplia Hor Salver hac al' Verc'hes he Vam,
Da rei al' c'hrac d'hon Roue da veza victorius
Var he oU ennemie t, adversourien Jesus.
3. Tristidiguez a velàn, allas! peU so el' bed,
Quernez hon eus bet ivez commançet da velet,
Assista a reomp bemdes en enterramanchou
hor c'hanton, hag en ho servichou .
Demeus a dud
4. N'en deus nemet al' vocen n'hon eus quet c'hoas guelet
En hon touez er vro-mâ, Doue ra vezo meulet :
Pedomp an Dreinded Santel hag al' Verc'hes Vari
Ma vezimp guitibunan preservet diouti.
0. Ar voyen d'en em as suri eus ar guir joausdet,
Ha da bossedi da jamres eur peoc'h hir ha parfet..
Eo supplia al' Verc'hes da bidi evidomp,
. Pa na vel'itomp, sionas ! a selle Doue ouzomp .

G. Meur a blaç santel dezi el' bed a so savet

Eleac'h ma zeo enoret, caret hac invoquet,
Eleac'h ma accord Doue, dee e intercession
Graçou bras dar bec'herien p'e fedont a galon
7. Hep choqui e nep fύon Ilis santel ebet
Me souten, goude cals a dud gant lealdet,
Em.edi en hor c'hanton an Ilis d.evota
E deus al' Verc'hes Vari hl!c al' principala
B. Coms a ràn. deoc'h., Christenien, eus an Templ biniguet
Tost da Guemper-Caurintin, Kercle'wt, guir han'vet,
So batisset dar Verc'hes dre vir devotion,
. An His ancienna e deveus 8]' c'hanton .

n. C'hui Ergueiz-Gaberic, a bossed al' c'haera
Demeus an oU tensoriou a so var al' bed-mâ ,
Ar sourcen eus ar c'hraçou an Drindet adorabl,
Elec'h ma arru bemde Miraclon surprenahl.
Un histor a rapporter dign da veza discleriet ,
, Penaus al' Verc'hes Vari, evit ma vise g'oueet
Er c'hantoniou divar dro , Santela plaç e voa
Eleac'h ma cleo al' pec'hour gant caranter. ha jOCl.
LL. A ]aval'as expressamant d'ur munuser yaouan c
Obel' dezi un ouvraich a vise excellant,
Un ouvraich al' parfeta e oui sie da obel',
paet en Eon gant Jesus e Mab-Qnel'.
Hac e vise
Pa vise achu gantan, e ambarcse timat

En l!lr chaloUp var al' mol' : chelaouet at' Mirael ,
Ha Doue el' c'honduje dan devota Ilis
oa dar Verc'hes Vari batisset e Breiz .

1.3. Pa voa voar al' mor ha guelet gant an dut, ' ..
E teue al' Veleyen, Fabrijen a bartout,
NIres ne dostaas ous nicun quen na voa arruet
Person an Ergue-V ras ha Fabric Kerdevot.
1lL An ouvraich santel neuse dan douar a abordas,
Ar Fabric a Kerdevot hep dale e c'hemeras, .'
E Kerdevot e voa rentet g'ant lU' pomp magnific,
Laqueet eo eoc'h an Auter da velet dar public.
J.3. Eürus bras 0 cavàn, habitantet Ergue,
Da veza, dre breferanç dan oU dud al' c'hontre,
Enoret demeus un Dis quel' caër ha quel' santel:
Mainmen an oU miraclou ha graçou eternel.

16. Paressionis Elliant a outre lavaret
Peger santel al' plaç-man dar Verc'hez binniguet:
Na dleont quet ancouât al' l'est eus ho buhe

An obligation 0 dells da Vari, Mam Doue .
17. Attaquet oant gueichal gant eur c'hlenvet cruel,
Ur pestilanç dangerus, commanç a reent vervel ;
Ker stanc e varvent bemde quen na vanque loënet
Ha quiri d'ho c'hass dar vorc'h dan doual' binnignet.
18. Pa v~lzont an danger bras e oant oU da vervel ;
o devoue recours ouzoc'h, Guerc'hes Sacr ha Santel ;
En em voestla a resont gant cals devotion,
Da Kerdevot dar pardon gant ho Frocession.
in. Er moment ma partijont eus parres Elliant,
Da vonet da Kerdevot, 0 doa soulageamant,
Hentet pare ha dispos, ha yac'h eus ho c'hlenvet ;
Guerc'hes Glorius Vari, ra viot binniguet.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XVIII. (Mémoires), 12 .

Obel' a resont neuse eur vœu perpetuel
Ma teusient ur veich peb bloas da Ergue, dho chapel,
D'ho trugarecât, Guerc'hes, demeus ho tonœson,
Nobl ha partabl, Beleyen gant ho Frocession.
:H. Meur a den bet massacret, ha voar al' mol' beuset,
Dre ho calloud, ô Guerc'hes ! so bet ressucitet :
Cals a dud, dre accidant privet eus al' guelet,
o deveus e Kerdevot ar sclerijen cavet.
Dan dud trou blet a squiant, ha memes foll rentet,

Kerdevot so ordinal ur remed assuret ;
Bag an traou e ve Iaëret, pa vent gouestlet dezi,
Na ell quet e nep fœçon all laè"r 0 dransporti. .
2:1. Davantaich an nep a goues siouas en accidant,
Pe dalc'het ~ar al' guele gant clenvet languissant,
So guelleet e Kerdevot, pa zeuont a vil' galon

Da c'houlen digant Mari e intercession .

Er Paressiou divoar dro un nombr bras a Gueriou.

En danger da veza laquet e poultr hag e Iudu, .
Siouas ! dre un tan terrubl, a so bet sicouret
Er moment ma ûnt d'an Templ a Kerdevot gouestlet.
Beza eus tud var al,l doüar pere dre un domaich,
Pe dre ur fortun bennâc a goll prest 0 c'houraich,
Pe ma zint bet pell amzer gant clènvet languisset
Pe trist, melconiet, casi disesperet.

E Km'devot e caffint al' gonsolation,
Elec'h 0 zristidigues, mal' deuont a vir galon,
Prosperite er bed-man, el' bed-aU joausdet,
Rentet joaus ha contant, ha p'arfet a speret .

27, Ouspen ar graguez brases, pa vent estran ch e poan,

o clasq digaç voar al' Led 0 bugale bihan,
A so a Kerdevot diboanniet hep dale
Dre voyen al' Verc'hes Saer: meulet ra vezo Doue.

28. Mres bele vremâ n'em eus quasimant lard netl'a ;
. Chetu al' e'haëra miracl hag al' prin.cipala,
Ar pec 'herien obstinet a ehench oll 0 goall stat,
Pa z'euer d'o reeommandi d'al' Verc'hes honorabl.

Me a brouv quememâ dre al' personachou
So bet ganti sieouret en 0 necessiteou,
Me zisquei d'oeh sklreramant quement am' eus laret :
Clevit attentivamant, m'ho diselerio doc'h net.
.:.> • Ur soudard eus a Guemper, hanvet autrou Deschamps,
o visita Kerdevot el' e'hoaraïs divezan,
En deus laret d'al' Fabrie ez' e het sieourel

Gant Mari, en he gampagn, el' goan-mâ tremenet.
31. Ar sop.dardet a oa bet gant an autrou Duguay,
Na allent quet ranconlri an hent" da zont d'al' gueI\
. En danger da veza .collet var al' mor perillus,
l';:n em offret 0 deus Let dar Verc'hez glorius .
32. Deut int d'he Zl'ugareeat, pa int deut da Guemper

Roet o· deuz deZ'Î e presant ur chapelet eaër,
Ha roet un oIfranç-all e'hoaz hag guers offerennou .
Souteriet-v ("hoas. Gueec'hez. en 0 oU combatou.

3~~. Emis c'huevrel' diveza, chelaouet, me ho ped,
Un den a dl'eo Langolen eus. a Barres Briec,

o vont gant e varc'h, un deiz, dar Foar da Gastellin
. Oa var ar poënt dangerus en ur strer da veusi.

34. Dre bermission Doue e arruas un den,
o velas 0 vont oc'h tI'aon gant an dour, marc'h
ha den.
Var he zaoulin e stouas,' da Vari 0 gouestlas,
En e zi a Kel'devot, ebars en Ergue7Vras .
~5. Prest e voant da veza maro pa voant gouestiet der.Î,
En instant mà int gouestlet, sicouret int ganti ;
Un drà, eme an den mâ, dre bermission Doue,
Evel ur voguer crea 0 arretas en Eê .
36. Un nombr bras eus a dud a Guemper-Caurintin ,
A Barres Sant-Evarzec hac a Ergue-Vihan
A Ergue-Vras, a Vriec, a Barres Kerfeunteun
Barres Elliant hag a Barres Cuzon
Demeus a
37. Deus ho c'hlènvejou marvel a so bet delivret,
En 0 affiictionou a so bet consolet,
Deus a pleuresi, terc'hen, pourpr ha pep seurt clenvet ;
ez 'int bet antieramant yec'heet.
. E Kerdevot
Ur Bœlec originer: a Ergue-Gaberic

En deus bet e Kerdevot ~r yec'het manific ;
E spaç eus a bemp sizun e bet var al' guele
gant guement en guele.
Dilavar, abandonet
39. Eur. vourc'hises a Guemper, sioùas ! dre accidant
Rentet mudes pemzec de, privet eus al' parlant
So' bet gouestlet en Ergue d'ho Chapel binniguet,
Dre ho craç, Guerc'hes santel, en deus bet al' prezec.
40. Eus a Ergue-Gaberic eur vrœc borgnes rentet
Gant un taich var e lagat savet dre eur c'hlènvet,
E Kerdevot el' guelc'has gant an dour souveren

Eus al' feunteun ar Verc'hez, ·m' ·e devoue sclerijen .

ld. B ('eman eus bet unnec vloas da Vouel al' Chandelour,
Gant curun ,hac avel-foll e voa couezet an toUl',
surprenet un den , allas! dindan ar veill ,
Ma voa
Daouzec carl'at assuret a voa couet var e guein,
[ .. 2. Cousgoude e voa clevet 0 criaI, 0 lamant,
Oc'h enem recommandi deoc'h, Guerc'hes puissant,
Ma voe dre ho cuir sicoul' ac'hane dilivret,
E oll isily briset, brusunet, massacret.

[13. Ar biana eus al' vein oa capabl d'e laza ,
Pa ne m'hoc'h eus bet miret , ô Itron Varia!
Ma cofessas, quent mervel, gant cueuz e bec'hejou ;
Breman en deus an henor d'ho guelet er joayou.
[1,4. Un den a Barres Elliant prest da goll e broces
Gant un amezec dezan dre vil' traïtoures , '
A deuas da Kerdevot da visita Mari:
Gouneet en deus e broces dre voyen anezi.
45. Eus a Ergue~Gaberic ur vroec fur ha prudant,
En deus bet dre ur c'hlenvet collet e jugeamant,
terribl quen na voa ret d'e amezeyen
Mes quen
He divoal hac e staga en e zy gant querden.

[16. N'en deus den var an douar quel' calet a galon;
E guelfe el' stad trist-mâ hep caout compassion,
o chanchat var bleo e fenn, hac 0 straqual e zent,
terrubl coll al' guir sclerijen!
Ma Doue, en so
E priet hac e c'herent oùz e c'honsideri .,
Na zrebe na ne eve, tOl'ret e isilj ,

Defiguret e bisaich hag e sellou troet,
dar Verc'hes binniguet.
E gouestlas e Kerdevot

48. Incontinant e deus bet squiant a neve flam,
Jesus ra 'vo binniguet, al' Verc'hes sacr e Vam,
testamentet eur vros eus e dillal.
Hac e deus
Da enori al' Verc'hez, ha d'e zl'ugarecât.

Ar groasguez a ve poaniet en 0 g'uilioudou .
50 sicouret gant Mari bemnos, bemde C'hO~llou,
Hac 0 bugale vÏan, pa vent sempl, langüissant,
P 'o recommander dezi, 0 deus al' vadisiant.
50. Ho feunteull, Guerc'hez Vari, .a so bras e effet,
Guelaat a ra d'an derc'hen, catar, pep seurt clènvet,
Davantaich, ous e scarza e deus pep maguerez
Da vaga 0 c'hrouadur abondanç eus a Irez.

5t. Dont a ra da Kerdevot bep guener eus al' C'horaïs
U Il nombr braz a dut devot bep sul, hep gouel, hemdeiz ,
Pedet nos ha de al' Verc'hes ma ho guelo el' gloal'
Ha quement so devot dezi val' an douar. . .
quet quen alies a deis ebars el' bloa,
52. N'en deus
Evel a viracl a ra al' Verc'hes Varia:
Mar feU déoc'h en approui, en em recommandel
E Kerdevot da Vari, pa viol. affliget .

Hac-se et.a, Christenien, quemeromp esper'anç,

En His a Kërdevot, lequeomp hor c'honfianç,
pa omp het dal' Verc'hez caus da veza Mam Doue ,
Pedomp-hi ma vimp salvet pad an etel'Flite. •
rl4. COllsiderit~ Christenien, ptl eJ'I'uet en he zi ,
Emedi e Map JESUS et1'e he divrec'h ganti,
Evel pa e deffe desir d'e rei da vl'iata,
Dar belerinet devot a zeu die bisita .

55. D'al' yaou hanvet gouel Doue, ententet Bretonnet,

E casser al' Sacramant da Kerdevot benniguet:

Bet an anlZer a garo, e zer accustumet
Da gaç he Mabic JESUS d'al' Verc'hez binniguet.
Oferen-bret ha gousperou a ve ebars an de-ze ;
pehi~i a ve goude, .
Be'nediction Doue
Orgraou al' Verc'hez a son epad an 011 amzer
Da enori he NIab JESUS a so var an Autel'.

Dans cette pièce, dont la facture rappelle celle des Aven-
lures des Q'uatre Fils A ymon, les vers sont quelquefois
péniblement chevillés, mais on lui pardonnera ses ' défauts
en retour des qualités que révèlent les couplets 511 à 56,
natveté de si bon aloi et d'une piété si tendre .
d'une

Des additions furent faites quelques années plus tard ,à cet
intéressant cantique; mais la valeur n'est plus la mème :
(;'est la publication en rimes des indulgences que tout chré­
tien bien disposé peut g'agner à la chapelle vénérée de
Kerdévot.
A~TOINE FAVE,