Responsive image
 

Bulletin SAF 1891


Télécharger le bulletin 1891

La vie de Saint-Guillaume

M. Luzel

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes


BUREZ AN AUTROU

PATRON AR GUIR
PENITANTET . .

TENNET EVES AR MARTYROLOG nOMEN
AVES SCRIDOU ·ANDJt.É DU VAL, CORNEILLE
HAG AN ESCOP THEOBALDUS. .

LAQUET E CARMOU BREZONNEC GANT N .. HA
MISSIRE GUILLEHl\I DU BOISHARDY , BlELEC.

Gant IAN PERRIER, imprimeUl~

LIB RER EUS AN ESC 0 P T Y GUE R N E
( E KEMPER. )

LA VIE DE MONSIEUR
SAINT
GUILLAUME
LE PATRON DES VRAIS
PENITENTS .
TIREE DU MARTYROLOGE ROMAIN
ET DES ÉCRITS D'ANDRÉ DU VAL, CORNEILLE,
ET L'ÉVÊQUE THEOBALDUS.
MISE EN VERS BRETONS PAR N. ET
MISSIRE GUILLAUME DU BOISHARDY, PRÊTRE.

Par JEAN PERRIER, imprimeur
LIBRAIRE DE L'ÉVÊCHÉ DE CORNOUAILLE
(A QUIMPER.)

VII.

BUHEZ AN AU TROU
SANT GUILLERM
DUC A GUIENNE, COl\ITE A POITIERS HA PATRON AR PENITANTET.

Voar ton ar Gernès.

Va sicouret, Ô Speret Glan,
Da discleria da bep unan
Buhez ha conversion
Ves a sant Guillerm va paësron.
Pa deuer da consideri
Er commansamant anezi,
N'en eus den na 've estonnet
o songeaI penaos voue senchet.

An dra man voue eur miracl braz,
Pa un den na 1'e quet agas
Eves a Pap, nac a Roue
Voue gret servicher da Doue.
da un Duc deus a Frans
Mab oa
En devoa mel,lrbet a chev-ans,
Quement aon en doa rac é col,

Ma é lesé atto en
Iaouanc voa pa varvas etat,
A neuse en em roas timat

D'ar cherou mat, d'an debauchou,
D'al' bordel ha d'an tavargniou.
Quer cruel voa à quer estranch
. Ne deué den en é presans,
A dal ma"vize ~ dOler,
Na ranné 0 pen dre nanter.

LA VIE DE MONSIEUR
SAINT GUILLAUME

. DUC DE GUIENNE, qOl\'ITE DE POITIERS ET LE PATRON DES PENITENTS
Sur l'air du gwerz de La Famine.

Aidez:-:moi, ô Esprit-Saint,
A divulguer à chacun
La vie et la conversion
de saint Guillaume, mon parrain .
Quand on vient à réfléchir

Sur son commencement,
Il n'est personne qui ne s'étonne
En songeant comme elle changea.

Ce-ci fut ":ln grand miracle,
Puisqu'un homme qui ne faisait cas
De Pape ni de Roi
Devint un serviteur de Dieu .
Il était fils d'un duc de France,
Qui avait beaucoup de chevanc~ (biens) i
Il (son père) avait tant de crainte de leperdre,
Qu'il lui laissait toute liberté.
Il était jeune, quand mourut son père,
Et alors il s'adonna tout de suite
. A la bonne chère, à la débauche ,
Au bordel et aux tavernes .
Il était si cruel et si étrange,
Que nul ne venait en sa présence,

Du moment qu'il était en .colère,
Qu'il ne lui fendit la tête par la moitié.

Quel' bras voa ev el eur geant,
Quer cruel evel un tyrant;
Tl·8.ïtour~ memes el'é vignonet,
Den en é quer n' é fizié quet .

creiz eur solennité bras.

Priet é vreur à ravissas.
Tri bloas é joüissas a nezi ,
ermeas é ti.
Goudé é taoulas
A hoüarn atto voa armet,
Na Roué na Prins ne dougé quet"

Laquat en dut d'en em laza .
A voa tremen amser deza.

Dre arrach ha dre ur malis

E persecutas an ilis, .
Ma renquas al' Pap dont é Franç
tec'het rac é ·puissanç.
Evit
Elec'h J nnocent, Anaclet
mal' el' bet,
A laquas, hep
Da Bap, elre é authorité,
Dre é gallout a cruauté.
da heretic,
Disclel'iet voué
Discleriet voué da schismatie.
Gant al' Pap voue escumunuguet,
Emès an ilis voue taoulet.

En eur coler ec'h antreas,
Hac an esqueb à chasseas:
Ha confisca 0 oH madou
Ha laquat eu é tensoriou.

Il était grand comme un géant,
Cruel comme un tyran,
amis ,
Traître, même envers ses

Personne ne se fiait à sa parole.
Au milieu d'une grande solennité,
Il ravit la femme de son frère;
Il en jouit pendant trois ans,
Puis, il ra jeta hors de sa maison.

était toujours armé de l'el' l
Il ne reconnaissait ni roi ni prince,
Exciter les gens à se tuer réciproquement
Et~it un passe-temps pour lui.
Par rage et par méchanceté,
Il persécuta l'Eglise, '
Si bien que le Pape dut se réfug'ier en France,
Pour fuir sa puissance. '

En la place d'Innocent, Anaclet,
Il institua, sans nul doute au monde,
Comme Pape, par son autorité,
Par sa puissance et sa cruauté.

Il fut déclaré hérétique,
II fut déclaré schismatique:
Par le Pape il fut excommunié,
Hors de l'Eglise il fut jeté.
Il entra dans une (grande) colère,
Et chassa les évêques,
Et confisqua tous leurs biens
Et les mit dans ses trésors.

Da clasq 'é laquat en hent mat,
Sant Bernard à quersas timat

. . D'é caout d'é convertissa,
Mœs é laza a fallas dezan.
Er-fin, gant Doué inspiret,

Ar sant a yeas da quemeret
Al' Sacramant eus an auter,
Ha d'é doug'en dre drouc amser .
Ar sant, gantan al' Sacramant,
A deuas da rencol1tl' an tyrant
Hac a compsas en eur fύon
N"é voué quet neubeut e eston.

Ar compsot,l-man a lavaras: .
- Te zo goas eguis eut' Judas ,
Persecutour out an Ilis ,
D iabol ic ê da mal is.
Ar Pap en deus da suppliet
Ha ny oIl hon eus da pedet ,

Ha no neus obtenet netra ;
Evit Jesus gr.adé un dra .

Etre va daoüarq 'é telc'han
An hini à var no al' bet man ,
An hini à zo da Doué
Da tat, da Salver ~ da Houé.
An hini en de,Us da pIjenet ,
Gant ar goad en deus, seuillet
Hac à condaoul1o evit mat,

A zo dirac da daoulagat .

Pour essayer de le mettre dans le bon chemin,
Saint Bernard marcha aussitôt
Pour l'aller trouver et le converti l' :

Mais, il voulut le tuer'.

de Dieu,
Enfin, inspiré
Le saint alla prendre

Le Saint-Sacrement, sur l'autel,
Et le porta par contre-temps (?)

Le saint, portant le Sacrement,
Vint au devant du tyran,
Et parla d'une façon
ne fut pas peu étonné.
Dont il
Voici les paroles qo'il prononça :'
- Tu es plus méchant qu'un Judas ,;
Tu es persécuteur de l'Eglise,
Diabolique est ta malice .

Le Pape t'a supplié,
Et nous tous nous t'avons prié,
Et nous n'avons rien obtenu;
Pour Jésus fais 'quelque chose.
, Entre mes mains je tienR
Celui qui jugera ce monde,
Celui qui est ton Dieu, .

Ton père, ton Sauveur, ton Roi.

Celui qui t'a racheté,
Par le sang qu'il a répandu, .
Et qui te condamnera sans appel,
Est (ici) devant tes yeux.

Avis à té é refuzo ,
out es eo maro ,
Hac evit
Deus prest eta, a guir galon,
Deus da goulen outan pardon .

. Neuté souden, dre miracl bras, .
Var é faç d'an 'doüar é coüesas,

Ha quen terribl voué é estlam,
Ma couese ato à neves flam.
Ar fin, pardon à goulennas,
Hac hor Salver el' pardonnas,
Var é daoulin en em laquas,
Heman so eur chengeamant bras .

Quent voa ur leon arraget,
. Ha breman es eo dous meurbet,
Dirac Doué es eo un oan, .
Hac exe.mpl mat da pep unau.

Va Doué, emezan, 0 pet trues ,

Me 0 ped, dre 0 madeles , .

o pet trues eus ur paour qures ,

En deus 0 offancet alies.
antreït quet é jugeamant,
Pe collet on assuramant,

N'en deus den quel' santel el' bet,

Mar quirit na vezo daounet .

Hesolvet on bete al' maro
Da obel' pinigen garo

Eves ma buhes debordet, .

Ha ma pec'hedou commetet.

Vois si tu le repousseras ,
Car pour toi il est mort?
Viens donc vite, de cœur sincère,
Viens lui demander pardon. ))

" Alors soudain, par un grand miracle,
Il tomba, la 'face contre terre,
Et si terrible fut sa frayeur,
. Qu'il retombait de nouveau (quand on le relevait.) .

Enfin, il demanda pardon,
Et Notre Sauveur lui pardonna; •
Sur ses genoux il se mit, ;
Ce-ci est un gl'and changement!

Auparavant, c'était un lion enragé,

Et maintenant il est on ne peut plus doux,
C'est un agneau devant Dieu, .
Et un bon exemple pour chacun .

- Mon Dieu, dit-il, ayez pitié!
Je vous prie, par bonté,
Ayez pitié d'un pauvre homme
offensé! .
Qui vous a souvent
N~entrez pas en jugement (ne m~ jugez pas),
je suis perdu, assurément, .
personn" e de si saint au monde,
Il n'existe
Qui , si vous le voulez , ne soit damné.

Je suis résolu, jusqu'à la mort,
De faire rude pénitence
ma vie débordée (de désordre),

Et des péchés que j'ai commis.

Beza es eas da caout un Hermit,

Un den santel hac a mel'it,
En disposas d'an absolven ,
Hac a roas dezan pinigen .
An hermit dezan a lavaras :
Beza oc'heus gret tri pec'het bras,
.Teir seurt pinigen a so l'et,
Mar fel d'eoc'h beza pardonnet .
Madou an His oc'heus volet,
o c'hoar caër oc'heus violet,
er bet ;
Ha laza, hep trues
An dê à reman tri pec'het .
ar pez oc'heus laëret,
Evit
Oc'h oU madou prest a roët
D'al' paour, hac a pedo Jesus
Ma veze ouzoc'h truezus .

Evit ho c'hoar, so violet,
Eur rochet l'un prest à douguet,
Breman hac oU het 0 buhez,
à reot yves.
Ha yun bemdeis
Evit al' muntrou oc'heus gret
Un dillat hoüarn à guisquet,
Voar 0 croc'hen noas é douguet,
Ha beté ar marc à dalc'het.
Oc'h pen es oc'h scumunuguet,
Hac se prest da Rom es eet,

Da goulen pardon oc'h al' Pap,
Recevet vihot evel é map. .

Il alla trouver un ermite!
Un homme saint et de mérite,
à (recevoir) l'absolution,
Qui le disposa
Et lui donna une pénitence (à faire).
L'ermite lui dit:
- Vous avez commis trois grands péchés,
Il vous faut (faire) trois sortes de pénitences,
Si voue voulez être pardonné.

Vous avez volé les biens de l'Eglise,
beUe~sœur,
Vous avez violé votre
Et vous avez tué, sans aucune pitié:
Ce sont là trois péchés.
Pour ce que vous avez volé,
Vous donnerez immédiatement tous vos biens
et il priera Jésus
Au pauvre,
D'être pour vous compatissant.
Pour votre sœur, que vous ayez violée,
Vous porterez immédiatement une chemise de crin
présent et durant toute votre vie, [(un cilice),
Et vous jeûnerez aussi, tous les jours.

Pour les meurtres que yous avez commis,
Vous revêtirez des habits de fer,
Sur votre peau nue youS les porterez,
Et jusqu'à la mort les conserverez.
De plus, vous êtes excommunié,
C'est pourquoi vous irez immédiatement à Rome,

Pour demander pardon au Pape;
Vous serez reçu comme son fils;
BULLETIN ARCHÉOJ" DU FINISTÈRE. TOME XVIII. (Mérnoiresl.e

E Rom evel mac'h anl1'eas,

Da treïd al' Pap en em taoulas ,
Ar pen teir guez voué reüset,
. Hac ar Pap n'er pardonge quel..

Er fin al' Pap, gant tI'ues bras,
Da Jerusalem er cassas,
Hac eno é voué absolvet
Evez é casiaou reservet.

En un toul moguer voué nao bloas,
Oc'h obel' ur pinigen bras,
Var ur men qualet é cous que ,
Dour ha bara à quemere. .
Clasquet voué gant an tut é ti ,
o clasq songeaI e distreï ;
Pa ne allent é resolvi,
o deus son jet é anlevi.

E dre 0 fesson a quittas (?)
Ha d'an desert prest e tec'has ,
Hac eno, hep beza troublet,
Ec'h eure pinigen calet .
Ar plaç-se a yoa carguet
Al loënet goues ha serpantet,
Mres a-paoué m'ac'h antreas ,
à nezo ne fIachas .
Nicun
Sur un horrol bras voa clevet
An trous à rea an Drouc-Speret,
Lies bemdeis oc'h é sponta,
o elasq dont à pen à nesan.

Dans Rome, sitôt qu'il entra,
Aux pieds du Pape il se jeta,
Et trois fois il fut refusé,
Et le Pape ne voulait pas le pardonner.
Pape, par grande pitié,
Enfin le
A Jérusalem l'envoya,
Et là il fut absous
De ses cas réservés.
Dans un trou de muraille il fut neuf ans,
Faisant grande pénitence;
Sur une pierre dure il dormait,
Il ne vivait que de pain et d'eau.
Il fut recherché par les gens de sa maison,

Qui voulaient le détourner;
Comme ils ne pouvaient le décider;
Ils songèrent à l'enlever.
leur façon (d"agir) il quitta (ce lieu),
(Voyant)
Et s'enfuit, vite, au désert,
Et là, sans être troublé ('1)

Il fit pénitence dure.

Ce lieu-là était chargé
De bêtes sauvages et de serpents ,
.l\Iais, une fois qu'il y fut entré,
Aucun d'eux ne bougea.

. C'était, certes, une g-rande horreur d'entendre
Le vacal'me que faisait l'Esprit du Mal,
Plusieurs fois par jour, pour l'effrayer,
Cherchant à venir à bout de lui .

A-visiou evel ur plac'h coant '
ur serpa nt,
A-visiou evel
ulleon é furi
Hac evel
E rea seblant d'e devori.
quel' cruel
Cannet voué gantan
Ma voué darbet dezan mervel ;

Ar Verc'hès, en ur touch outan,

Aeureu salo à nezan.

Quen admirabl voa é buhez
Ma teue ar pobl hac an rolez
D'é servicha ha d'é velet,
D'é pedi ha d'é darempret.
al' prinsset
Ar roüanez hac
A digacé hep mal' el' bet
D'é caout pa pidi Jesus
Ma vizé outo truezus.
Sant Guillerm, dree exempl mat:
A obligeas cals da cuittat,
Da cuitat bombansou al' bet,
Ha d'en ein rentet hermitet.
Sant Guillerm, gant é pedenaou,
A re à cals à miraclou,

eur guir remet
E dorn a yoa
Da guellat da pep sort clevet.

E Chatillon, ' é hostisez
A deuas da col é buhez,
Sant Guillerm e ressussitas, '
eur miracl bras.
An dé eman

Parfois (il se montrait) en jolie filte ,
Parfois (sous la forme d'un) serpent,
Et, comme un lion furieux,
Il faisait semblant (de vouloir) le .dévorer.
par lui si cruellement,
Il fut battu
Qu'il fut sur le point d'en mourir;
La Vierge, en le touchant,
Le fit sain. et sauf.
Si admirable était sa vie,

Que venaient le peuple et les anges
Le servir et le visiter,
Le prier et le fréquenter.

Les rois et les princes
Députaient, sans aucun doute,
Vers lui (pour lui demander) de prier Jésus
D'être compatissant pour eux.
Saint Guillaume, par son bon exemple,
Obligea (amena) beaucoup de gens à quitter,
A quitter les vanités du monde,
Et à se faire ermites.

Saint Guillaume, par ses prières,
Faisait beaucoup de miracles;
Sa main était un véritable remède
Pour guérir toute sorte de maladie.

A Châtillon, son hôtesse
Vint à perdre la vie;
Saint Guillaume la ressuscita;

Ce-ci est un grand miracle.

Lamb ar Sacr'amant an ilis
A torr as Sathan, dre malis,

An 011 eol d'an doüar a scuillas,
An tan dre arrach a lazas .
Ar sant, en eur pèdi Doué,
adarré
A deuas da 1aquat
A 1amb en eur pes, hac an tan
Allumas à nesan é unan.
Hac oc'h pen, prophet voa yvé,
d'an dut é lavaré
Alies
Ober guir pinijen, à bret,
Pe autramant é voant collet.
Da un doctor é lavaras :
- Va den, grit prest pinigen bras,
Abars un heur es oc'h rnaro; ,
Pedit Doué, astit affo.
Er fin, pa voa cos meurbet,

E teuas dezan eur clevet,
Hac é advertisset gand an œl,
E santas é voa poent rnervel.

al' sent ha santezet,
Dirac
Etre daoüarn Salver al' bel,
E teuas da renta é ené,
Ha da pignat gantan en ê.
Pemp cant bloas so var andro
sant Guillerrn maro,
A-bas eo

Gant ar Pap voué canoniset,
al' sent à voue laquet (1). .
E renc

. (t) Ar Pap Celestin II en deues à canoniset, en amser ma voa Roué en
li"ranç Louis VII à hanvo. .

La lampe du Sacrement, dans l'ég'lise,
Satan -la brisa, par II).alice,
Toute l'huile à terre il è'n répandit,
Et le feu (la lumière), de rage, il éteignit.
Le saint, en priant Dieu,
Parvint à rétablir .
La lampe en son entier, et le feu (la lumière)
S'alluma de lui-même.

Et de plus, il était aussi prophète,
Souvent aux gens il disait
De faire pénitence, de bonne heure,
Autrement, ils étaient perdus.
A un docteur il dit :
- Mon ami, faites, vite, grande pénitence,
mort;
Dans une heure, vous êtes

Priez Dieu~ et dépêchez-vous.

Enfin, étant très vieux,
Il lui vint une maladie,
Et il fut averti par un ang'e,

Et sentit qu'il était près de mourir .
En présence des saints et des saintes,
Entre les mains du Sauveur du monde,
Il rendit son âme,
Et monta avec lui au ciel.

Il Y a cinq cents ans, environ,
Que saint Guillaume est mort;
Par le Pape il fut canonisé,

Au rang des saints il fut mis (1) .

(1) Le Pape Célestin II l'a canonisé, du temps qu'était roi en France
Louis septième de nom. (Note de l'auteur du GW61·Z).

E Maleval, eur k~r é . Franç,
Erna é corf, en assuranç,
Erna é bez hac é ilis,
Haceno el' peder berndeis

eo bet enterret
.Ar plaç mas
Gant ur pobl bras so frequantet,
d'al' bursudou
A palarnour
ra eno berndeis goulon. .

An dud dal 0 deus ar gouelet,
An dut .irnpotant, ar querset, .
dut bouzar, al' clevet,
Hac an
dut clân 0 deus yec'het.
Hac an

Bref, den tout ne da d' e ty,
ar sant d'é consoly,
Na deu
Salver ar bet
Ha da pidi
Da accordi desan é requet.
Guir patron al' penitantet,
'l'rues ouzomp-ni quemeret,

En han Doué evidomp pedit,
Ma vimp salvet dre 0 merit.
AMEN!

A.ta pœnitenclu/tn, in hoc sœcuto,
A:ut pœnitenclum" in lutnro .

\. Maleval, une ville de France, (1)
Est son c0rps, assurément,
Sont son tombeau et son église,

Et là l on le _ prie tous les jours.

Le liell où il a été enterré
Par le peuple, en grand nombre, est fréquenté:

A cause des miracles
Qu'il y fait chaque jour. .
Les aveugles recouvrent la vue,
1 le marchee,
Les impotents (les invalides)
Et les sourds, l'ouïe,
Et les malades, la santé.
Bref, nul ne vient à sa maison (église),
Que le saint ne console,
Et qu'il ne prie le Sauveur du monde
sa requête.
De lui accorder

Vrai patron des pénitents ,
Prenez pitié de nous,

Au nom de Dieu, priez pour nous,
Afin que nous soyons sauvés par votre mérite_ !

(1) Maleval est en Toscane et non en France .

Cette vie de Saint Guillaume, devenue d'nne graI}.de rareté,
à Quimper par Jean, Perrier. Elle n'est pa~
a été imprimée
datée, mais tout porte à croire qu'elle est des dernières
du XVIIe siècle. On connaît, . en effet, plusieurs
années
impressions de cette époque sorties. des presses de Jean
Perrier, à qui succéda Simon Perrier, et, plus tard, la
famille des Derrien . Je l'ai trouvée dans un recueil factice,
fort enfumé, appartenant à un paysan de Fouesnant nomm~
Jean Quilfen. Ce recueil avait appartenu avant lui à Yves Le
Queffellec, de Gouesnach. La pièce est imprimée sur feuille
et destinée 'au colportage par les chanteurs popu­
volante
laires et ambulants qui fréquentaient les pardons, les foires
du pays bretonnant. Une réimpression en a
et les marchés
été faite, à Morlaix, je crois, au commencement de ce siècle,
quant à l'orthographe
avec des différences assez sensibles,
. surtout ; mais elle .est devenue presque-aussi rare que l'édi­
tion de J. Perrier, et on ne la réimprime plus, depuis long­
temps. .
Le recueil f~lCtice de yves Le Queffell~c et Jean Qu ilfe 11 ,
. dont j'ai parlé plus haut, se compose d'abord du lient a1"
Baradas, du P. Julien Maunoir, imprimé aussi par Jean
Perrier, sans date, et à la suite duquel ont été cousues, assez
maladroitement, et non par un relieur de profession, les
suivantes: 1° Cantic spirit'l.œl en enor d'an ilutmu
pièces
Christ, han Salvef, imprimerie Jean Perrier; 20 Cantie
spirituel vaar a?" sepanttio'n eus an erlA eunts hae é garf, -

imprimerie J. Perrier; 30 liistO'i' etts arbuhez an Itfan
. santes Barba, camposet gant G. DU BOISHARDY, bœlee,­
iniprimerie J. Pm'riel'; 4° Cantie spirituel eus an . ilnaon

'I"etardet er Pttrgatar, imprimeri(} J. Perrier; 50 CanNe
spirituel eus an Eternité, et sur la même feuille, Cantie hue
·un exempt à balamou1' da eur femmelen yaaüane danseres ft
'Doé dannet, en defot beza sentet eus é zat hae é mam. .

imprimeri.e J. Perrier ·; 60 Canticspidtuel vaar buhez .M.it1'y

. iEgyptianes, et sur le même cahier, Cantic spirituel ·voar
a,r v·uhez Mary ~{agdalen, et Cantic spù'it-uel voar ar
IJassion hor Saloet, imprimerie J. Perrier; 7 Can­
tic an Autrou Sant Budoc, imprimé au . recto seulement
et avec une gravure sur bois représentant saint Goueznou ;
pas de titre ni de nom d'imprimeur; semble être une épl'enve
d'imprimerie; 8° Autre cantique, dans les mêmes conditions,
sur une apparition de la Sainte-Vierge, imprimerie J. Per-
riel' ; 9° Cantique de Notre-Dame-des-Portes, à Châteauneuf-
elu-Faou, dans les mêmes conditions, et avec une gravure
sur bois représentant Notre:-Dame-eles-Portes; 10 Cantic
spiritttel en eno1" d'an Autrou Sant Julian, incomplet, pas de

d'imprimeur; 11 Cantic spirituel voal' buhez /w maro
nom
Etron Santes Agnès, {juerc'hes ha merzeres, en oat à trizec

bloas~imprimerie J. Perrier; 1.2 Cantic spiritttel voar 01'
Bureté, suivi de Cantic 'voar an importanç eus ar silvidigue. ::,
sans nom d'imprimeur; 130 Cantic voar al' buhez a1' mab
Prodic, é Quirnper, gar,,-t GauIter BUITINGH, imprimer ha
librer eus an Escopty ; 14 Cantic nevez voar un exmnpl daou
. croüaclur, daou rnab à 'IJoa desobeissant .. à parres LocqUirec, d
quichen Guengœmp (?); pas de nom d'imprimeur. Cette pièce,
imprimée d'un seul côté, est datée par raut~ur lui-même, cln

1.607 ; 15 Cantic spirituel voar jugeamant an de: 1'/; er Farn
general, tennet à latin en Brezonnec ; pièce incomplète ; ras
de nom d'imprimeur .
un assez bon nombre de pièces populaires sOl'ties
. Voilà
des presses des imprimeurs de Quimper, dans les derll ièl'es
du XVIIe et les premières du XVIIIe siècle. Il serait
années
intéressant de pouvoir dresser pour chaque imprimeur
breton le catalogue de ses impressions bretonne~. J'ai réuni
un assez bon nombre de renseignements sur celles des deux
JAdan, de Morlaix, les plus féconds d'eux tous, ce seinble,
et je compte revenir un jour sur ce sujet.
Les 1l0rnS dt':::' <:wtellr.-\ de nOs pOI~sics popn18ii'E's (CanliCOtl,

G-werziou, Soniou), ~ont généralement inconnus. Ici, nous
un rom d'auteur, Guillaume du
trouvons exceptionnellement
Boishardy, prêtre, qui déclare avoir mis en vers bretons La.
Vie de Saint-Guillaume et La Vie de Sainte Barbe. Son nom
seulement et sa pf'ofession, c'est tout ce que nous connais­
Sons de lui, et nous iguof'ons et sa résidence et l'époque

précise où il viyait; nous pouvons seulement conjecturer que
('·8 devait être dans les dernièees années du XVIIe siècle et

les premières années du XVIIIe, étant- contemporain de
l'imprimeur Jean Penie: e. Une seule des pièces du recueil de
Le Quefl'ellec et Jean Quilfen nous donne une date
Yves
pt'écise ; c'est celle qui porte ce Litre: Cantique nouveau Cl1b

s'njet de l'exe1nple de deux c1'IJatures, deux fils (deux frères)

désoùéissan·ts à letbF père et à leU'f mère, de let paroisse dl!
Locquirec, près de Guingamp (sic). On y lit, en effet, tout à
la fin: Composé en l'an mil sept cent et sept en plus. Cette
être à peu près celle des autres pièces du recueil.
date doit
Tout nous conduit, en · effet, à cette conClusion, et les noms
des irnprimeul's Jean Perriel' et Gaulter Buitingh, et l'ortho-
graphe et certaines form'es grammaticales aujourd'hui inu-
sitées. C'est aussi l'époque de transition provoquée par les
réformes du P. JuLen Maunoil', et c'est sous ce rapport.,
pr'incipalement, que j'ai pensé que la reproduction rigoureu-
sement textuelle d'une pièce au moins du recueil formé par
Yves Le Quefl'ellec et Jean Quilfen devait avoir son impol'­
et intéresser particulièrement nos philolog'ues bretons.
tance
Je signale.rai seulement quelques exemples, comme ves el

eves, pour eus, eveus, ouz, oc'h, notre préposition de, en
Je manque fréquent de l11uabilité des COB.sonnes~
fr'ançais;
dahs plusieurs eas où nous la pratiquons aujourd'hui, comme
par exemple : Pa deuer clet conside1'i, au lieu de : Pa deuer
er e
det gonsideri, au 1 vers du 2 couplet; pa varvas état,
pour pa val'vets é dat, 1 Cl' vers du couplet 5 ; Na rannéo
pP.'1l dre nanter, pour Na rann(f 0 (en llre 'n a.nter, dernier

ver~ cAu couplet 6 ; , Del,/; en é quer n'é fLzie q'uet, POUl' den
.en e guer ou en é c' her, dernier vers, couplet 7, etc ... Le g
n'a pas le son dur du gamma grec, exemple: Na Roué nŒ
prins na dougé /cet; nous disons aujourd'hui na dou.ié
fret, le dernier mot par un k, au lieu de qu, 2 vers ,
couplet 9; un et nr presque constamment aü lien de eun
et eur, qui pourtant, comme par incertitude, paraissent
aussi quelquefois. Au dernier- vers du couplet 18, gradé est
pour gra, te, fais, toi. Rernarquer Be.za es eas, pour il alla,
au tel' vers du couplet 28. Je ne sais pas bien comment
traùuire le 1 el' vers du couplet 39, E dro 0 tesson a quittas;
il me semble qu'il doit y avoir là une altération du texte.
43, on trouve le mot eureu, avec
Au dernier vers du couplet
la signification de fecit, fit, préterit du verbe ober;
partout ailleurs , nous voyons et!Jré, avec le même sens. Dans
eureu, nous avons une version plüs rapprochée du mot ieurn,
que l'on rencontL'e fréquemment dans les inscriptions gau­
loises, et que l'on soupçonne d'avoir la même signification
euré ou et~reu.
que notre
La versification laisse assez souvent à désirer, sous le
rapport de la métrique, et nombre de vers sont ou trop
courts ou trop longs , l'octosyllabe étant le mètre adopté.
Est-ce de la faute de l'auteur ou du compositeur-typographe?
Je ne saurais le décider, mais de celle de l'un et dé l'autre,
probablement, et surtout du premier. .
Il y aurait encore d'autres observations de ce g'enre à
je m'en tiendrai là. .'
faire, mais
Le même Guillaume a fourni aussi le sujet d'un drame
à Morlaix, en 1815, chez Guilmer, (1) et
breton, imprimé
qui contient quelques scènes vraiment belles. Le Guillaume
du drame et du gwer.z ou cantique, " car c'est le même, -
n'est pas un personnage imaginaire. Ce comte de Poitiers,

(1) Cette première édition est épuisée. Une seconde a été faite à Morlaix,
vet'S 1869, par l'imprimeur Haslé. .

nons dit E. Souvestre', comme on l'appelle dans l'histoire
du temps, fut un des plus spirituels troubadours et l'un des
On l'accusa de sortilèges,
plus vicieux princes de son temps.
de parti avec le démon, ce qui était la folie de l'époque j mais
ses exactions, ses cruautés et ses déportements sont restés
trop certains. Il avait enlevé la femme d'un de ses parents:
le vicomte de Chatellerault, et l'avait épousée, du vivant de
à prononcer
son mari. L'évêque de Poitiers ayant commencé
eontre lui l'excommunication, il voulut le frapper; l'évêque
demanda un instant de repos, acheva la formule d'excom-
cria: « Tue-moi, maintenant! ))
munication, puis lui
, , ( Je m'en garderai bien, répliqua Guillaume j tu
«: irais tout droit en paradis ! )) .
Lorsqu'on prêcha la croisade, le comte de Poitiers f;ut un
à eélébrer cette sain te entreprise, dans ses
des premiers
"ers, et à prendre la croix. (1)

P.-M. LUZEL .

{I) Voit' l'analyse du drame breton dans les IJerniers Brclons de E.
Souvestre, au début de la seconde partie dè l'ouvrage.