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Bulletin SAF 1891


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Notice sur l’église de Lampaul-Guimiliau

Abbé Abgrall

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III.

NOTICE SUR L'ÉGLISE DE LAMPAUL-GUI
LIAU
(Finistére. )
L'église de Lampaul-Guimiliau, dédiée à Notre-Dame et
à Saint-Pol, premier évêque de Léon, est bâtie sur l'em­
placement d'un monastère fondé par ce saint dans le cours
de ses pérégrinations à travers le pays qu'il évangélisait.
L'édifice actuel, qui a dû remplacer une église romane
dont on ne trouve plus aucun vestige, a été construite par
parties à des époques diverses, comme le constatent" le
C'est par
style et les dates inscrites en différents endroits.
le porche et l'angle ouest du bas-côté sud qu'on a commencé
remontant à 1533. Là, l'ornementation
cette reconstruction,
et la structure sont encore absolument gothiques, avec
quelque mélange cependant de détails indiquant l'influence
de la Renaissance. '
Ce porche, comme la plupart de ceux de la contrée datant
de la même époque, semble avoir été préparé en carrière ou
d'un tailleur de pierre et imagier, du moins
dans les ateliers
pour ce qu~ regarde toutes les parties sculptées en Kersan­
ton, comme l'indiquent les marques d'appareilleurs gravées
sur ces pIerres.
La grande entrée consiste en une arcade composée de
moulures prismatiques séparées par des gorges profondes,
lesquelles gorges sont tapissées de feuilles découpées,
chardons, choux frisés et pampres de vignes. Les tiges de
ces plantes sortent, comme dans les autres œuvi'es analogues,
de la gueule de monstres variés: sourds, lézards, dragons
ailés.
Deux .contreforts, posés sur les angles, accostent cette
arcade, et sur les faces intérieures de chacun sont deux petits

anges tenant une banderolle avec ces légendes en caractères
gothiques:
Bonnes gens qui ycy passez priez Dieu pour les trépassés.
in nomine Domini.
Benedictus qui venit
Le tympan porte un cadran solaire au haut duquel deux
gras et joufflus tiennent une tête de mort. Plus haut
anges
est la date: A. D. m Ve XXXIII. Au-dessus, une sirène
à queue contournée, forme cul-de-lampe pour une
cornue,
jolie statue de saint Michel terrassant le dragon.
par un dais Renaissance sur
Ce saint Michel est couronné
lequel est portée la statue de Saint-Pol-Aurélien, tenant en
laisse un dragon ailé, au cou duquel il a passé son étole.
est abritée par une belle niche Renaissance,
Cette statue
surmontée des statues de la sainte Vierge et saint Jean, qui
accompagnaient autrefois un Christ en croix, maintenant
disparu.
A l'intérieur du porche, les niches des Apôtres sont très
variées dans leurs sculptures et leurs découpures flam­
boyantes. Dans les clefs-de-voûte, deux anges tiennent, l'un
la Passion, l'autre une légende difficile à
les instruments de
déchiffrer.
par un trumeau sont
Au fond, les deux portes séparées
encadrées de fines moulures et couronnées d'accolades orn'ées
Un riche bénitier, avec torsades, mo­
de feuilles frisées.
dillons, perles et feuillages, est fixé dans le trumeau. Au­
PAX-VOBIS,
dessûs, un personnage tenant une légende
soutient la statue assise de Notre-Dame de Lampaul. Des
sur des colonnettes prismatiques tournées en
deux côtés,
spirale, sont saint Fiacre tenant une bèche et un autre saint
tenant un livre.
Un détail à noter c'est, auprès de la statue de' saint Pierre,
un petit brûle-cierges en fer, sur lequel il est d'usage d'allu­
un malade est à l'agonie, afin qu'il
mer un flambeau quand
soit bien accueilli par le portier du ciel.

Les portes ont conservé leurs vantaux primitifs, et l'on ne
peut trop admirer cette menuiserie si bien assemblée, solide
et parfaitement raisonnée. .
En avançant vers l'abside, on trouve dans le bas-côté sud
et le couronnement présentent
une porte dont les pilastres
un curieux mélange de gothique et de renaissance. Sur l'en-
tablement se lit cette date: A : D : 1622 :
Le chevet de l'église offre à l'extérieur un coup d'œil ad­
mirable, avec ses fenêtres, ses gables, ses riches contreforts,
ses clochetons et ses lanternons si mouvementés et si diver-
sement étagés. Soit qu'on l'examine du chemin creux sur
lequel il semble surplomber, soit qu'on le voie du fond du
vallon ou des hauteurs de Croas-Pol, on ne peut qu'être ravi
en face de cette œuvre dépassant de beaucoup ce qu'on a
genre, les absides de
réalisé de plus beau dans le même
Gouesnou, de Ploaré et du Juch; on pourrait se croire
transporté devant des splendeurs de Chambord .
Dans le pignon qui couronne la fenêtre sud du chevet,
une pierre encadrée porte cette inscription:
BENE: FVNDATA: EST: DOMVS : DOMINI.
De l'autre côté, au-dessus de la fenêtre nord:
0: QVAM: METVENDVS: EST: LOCVS: ISTE.
La sacristie, bâtie plus tard et se rattachant très heureu­
sement à l'édifice, a une inscription qui en consigne la
date:
A: ET: Y: POVLIQVEN: LORS: FABRIQVES: 1673.
Elle est à pans coupés, et à chacun des angles monte un
contrefort puissant et très orné, couronné aussi d'un cloche­
ton. Autrefois cette sacristie avait un aspect plus pittoresque
plus artistique, lorsqu'elle était eouverte d'une toiture en .

pavillon avec deux beaux épis ou deux belles urnes en plomb
au-dessus des poinçons des croupes. Le toit de la tourelle
également surmonté d'un épi en métal.
d'escalier était
est beaucoup plus sobre, et cependant
Le bas côté nord

les contreforts y ont encore une certaine richesse et sont
amortis par des volutes ou consoles renversées. La porte
percée dans ce bas-côté est encadrée par deux colonnes
cannelées, le cintre est formé de claveaux saillants et la frise
est ornée de cette inscription: ANNO: DOMINI: 1609:

DIE: VLTIMA : MAIl. .

Au-dessus est une niche qui abrite actuellement une statue
de Saint-Jean l'Evangéliste.
Au lieu de compléter le 'tour extérieur de l'édifice, péné­
trons dans l'église par cette porte, et réservons pour plus
tard l'examen du clocher, de la chapelle de la Trinité, de la
croix du cimetière et de l'ar~-de-triomphe .
INTERIEUR.
En entrant dans l'église par la porte nord, nous trouvons
un bénitier en granit dont la cuve assez simple est surmontée
d'un dais orné de deux griffons et de palmettes.
Jetons immédiatement un regard sur ' l'ensemble de l'édi­
fice; il se compose de trois nefs égales, mesurant chacune
40 de largeur, divisées en sept travées donnant une lon­

gueur totale de 30 40, sans compter l'abside qui ajoute
4 mètres de plus. Les colonnes cylindriques qui séparent
ces nefs sont dépourvues de chapiteaux et surmontées d'ar-
cades ogivales ornées de deux gorges de chaque ·côté. .
Remontons le bas-côté nord, et sous la fenêtre qui précède
l'autel de Sainte-Marguerite nous trouvons une piscine avec
la date de 1609.
AUTELS.
L'église compte sept autels, ' tous du XVIIe siècle, sauf le
été-exécuté en 18+]6, mais autant que pos­
maître-autel qui a
sible dans le genre des anciens. Les coffres en bois plus ou
moins riches qui les constituent maintenant, recouvrent des
massifs et des tables de pierre. Une seule de ces tables est

visible, à l'autel de Sainte-Anne, du côté de l'épître. Ce qui
sont les rétables sculptés qui
fait la beauté de ces antels, ce
surmontent; quelques-uns sont d'une richesse prodi­
les
gieuse comme détails et comme travail artistique.
1° Autel de Sainte-Marguerite.
Dans le l'étable on remarque deux colonnes latérales
couronnées de chapiteaux corinthiens, puis deux colo,nnes
abrite Sainte­
torses plus petites formant une niche qui
Marguerite foulant aux pieds un dragon ailé. L'entablement
est surmonté de consoles renversées, d'urnes avec flammes
et d'une niche à fronton.
2r> Autel du Grand-Prêtre.
Cet autel doit son nom au prêtre qui est représ(}nté dans
la niche centrale, revêtu de l'aube, de l'étole, du manipule et

de la chasuble ' et tenant un livre ouvert dans les deux mains.
Quelques-uns sont portés à croire que c'est là une représen-
tation de Saint-Yves. '
Les colonnes latérales et les pilastres qui les séparent" de
la niche sont complètement évidés et découpés à jour. L'or-
nementation qui les couvre consiste en cartouches, têtéS de
rubans entrelacés couverts de perles et de dia­
chérubins,
mants, enroulements de vignes et enchevêtrements de
branches de laurier .
Dans les petites niches du bas se trouvent Saint-Laurent
et un saint "évêque ; dans les trois-du haut, Saint-Roch, la
et Saint-Sébastien .
Sainte-Trinité
. Au-dessus de la porte de la sacristie est un beau groupe
de Notre-Dame-de-Pitié: le corps de Notre-Seigneur est
étendu sur les genoux de sa mère; Saint-Jean et les trois
Marie assistent la Sainte-Vierge.
Sur la porte de la sacristie on lit cette inscription :
PAVL. LE. GOFF. FLOCH.
FAIT. FAIRE: P :-POVLIQVEN: FABRIQVE. 1679 .

3° Autel de la Passion.
Ici le rétable, comme celui qui lui fait pendant de l'autre
côté à l'autel de Saint-Jean, est accosté de quatre grandes
colonnes torses, tout entourées d'enroulement de vignes où
jouent des oiseaux. Entre ces colonnes se déploient diffé­
rents tableaux en haut-relief ou même en ronde bosse :

La dernière cène. Le lavement des pieds~
Le baiser de Judas. La flagellation.
Le portement de croix. Le crucifiement.
La descente dé croix. La mise au tombeall.
Au ' sommet est le' Christ ressuscité, entouré de deux
anges qui jouent de la guitare.cl de deux autres qui l'adorent.
Dans les deux grands panneaux qui forment comme les
çe rétable, sont les statues d'un saint évêque et de
ailes de
saint Miliau, prince breton, patron de l'église de Guimiliau.

Sous ces statues se trouvent deux bas-reliefs représentant:
la nativité de la Sainte-Vierge et le martyre de saint Miliau,
à mort par son frère Rivode, et portant sa tête dans ses
mis
mains de la même manière que saint Denis.
Plus loin, dans le sanctuaire, du côté de l'évangile, on
trouve la statue de saint Paul, apôtre, accompagnée de
bas-reliefs:
deux
Saint Paul renversé de cheval sur le chemin de Damas.

Saint Paul descendu dans une corbeille du haut des
murailles de cette ville.
saint Joseph et
Au fond de l'abside, statues récentes de
de saint Joachim.
Au côté de l'épître statue de saint Pierre, avec un bas-
relief représentant son crucifiement. '
la statue sont les figures allégoriques de
, Au-dessous de
la Foi, de l'Espérance et de la Charité .
4° Maître-Autel.
Le maître-autel est formé de cinq arcades renfermant des

arabesques et des cartouches et séparées' par des colonnes

torses entourées d'enroulement de vigne, de chêne et de
d'urnes avec bouquets de fleurs,
roses. Le rétable, surmonté
. contient en bas-reliefs:
Melchisédech offrant le pain et le vin.
L'ange apportant au prophète Elie le pain et le vin, pour
le réconforter.
5° Autel de saint Jean.
Même dispostion que dans l'autel de la Passion.
Ici les sujets traités dans le l'étable se rapportent à la vie
et à la mort du Précurseur :
1. L'Enfant Jésus et le petit saint Jean aux pieds de
sainte Elisabeth et de Zacharie. Trois anges assistent à
cette scène; l'un d'eux, d'une beauté remarquable, joue de
la harpe; les deux autres chantent.
2. Saint Jean dans le désert, entouré de quelques disciples
et de quelques pharisiens, montre au loin Notre-Seigneur:
ecce Agnus Dei.
3. Au haut, baptême de Notre-Seigneur. Le Sauveur et
saint Jean sont à genoux; à l'arrière-plan, trois anges dont
l'un porte respectueusement la Sainte-Robe.
4. Au milieu, Hérode sur son trône et martyre de saint

Jean. Au sommet, le Père-Eternel, entouré d'anges, plane
dans les nuages; le Saint-Esprit est plus bas, descendant
sur Notre-Seigneur. Au côté droit de ce rétable est la statue
de saint Jean-Baptiste, avec un bas-relief représentant la
prédication sur les bords du Jourdain. Au côté gauche, une
très belle statue de saint Michel et un très remarquable
bas-relief représentant le combat des bons et des mauvais
anges, et la chute des démons. Il est impossible de pousser
plus loin la variété et la vigueur des mouvements. Ce bas­
est une copie exacte d'un tableau de Boudt, de l'école
relief
allemande. Voir, au musée de Quimper, les albums des
, .pe série .
gravures) école allemande, volume 1

Cette particularité nous fait voir combien loin poussaient
leurs études les sculpteurs qui nous ont laissé de si beaux
et qui n'ont pas même signé leur œuvre.
travaux,

6 Autel de sainte Anne.
L'autel, en pierre, est à découvert, et, dans le rétable qui
grandes statues, le groupe
le couronne on trouve d'abord, en
de sainte Anne et de la Sainte-Vierge portant l'Enfant­
Jésus; puis,' dans les côtés, saint Joseph et saint Joachim.
Au haut, un saint Evêque: sainte Barbe et sainte Mar-
guerite. Dans les petites niches du bas, les statuettes de
saint Hervé l'aveugle, avec son loup traditionnel et Guic'ha­
l'an, son guide. Saint Yves assis, portant surplis, camail et
bonnet carré. Le Riche de saint Yves, tenant sa bourse et
son argent; le Pauvre de saint Yves manque. Enfin, saint
. Cadou, vêtu en moine, portant un livre et une cloche.
7° Autel de saint Laurent.
Disposé absolument comme l'autel de sainte Marguerite,
. auquel il fait pendant. Le saint Diacre martyr tient son
cœur enflammé de la main droite et son gril de la main
gauche.
, En terminant l'examen de ces autels, ne convient-il pas
de faire observer combien ces œuvres sont parfaites, d'abord
pour la correction du dessin général, ensuite pour l'agen­
cement et la distribution des détails, et enfin pour la vigueur
et le fini 'des sculptures? Le siècle de Louis XIV nous a
laissé dans le pays beaucoup de ' rétables sculptés et
colonnes torses. On ne pourrait pas en trouver de plus beaux
que ceux de Lampaul, et formant un ensemble plus harmo- '
meux.

BENITIER DES DIABLES .
Tout à côté de l'autel de saint Laurent est un beau béni-
tier en Kersanton sur les Lords duquel se tordent deux
démons dont les pieds plongent dans l'eau bénite et dont l'es

queues frétillent au fond de la cuve, sous forme de couleuvres.
Au-dessus est sculpté le baptême de N.-S.

FONTS-BAPTISl\'IA UX .
Continuant à circuler autour de l'église, on descend jus­
qu'au bas de la nef du midi, et l'on trouve les fonts-baptis-
maux. .
La cuve octogonale, sculptée dans le granit, a beaucoup
de caractère et porte cette inscription: F : F : LA yRENS :
ROPARTZ: E : L : ABGRALL : LORS: FABRICQVES :
LAN: 1651.
Le baldaquin en chêne sculpté qui surmonte cette cuve
n'a pas la valeur du baptistère de Guimiliau, auquel il est
antérieur de 25 ans, mais il a cependant grand aspect et a le
et d'inspiration pour ce tra-
mérite d'avoir servi de modèle
vail, qui est le chef-d'œuvre de la sculpture sur bois dans
cette contrée.
grand dôme est soutenu par huit colonnes dont quatre

sont torses et tapissées de pampres de vigne, les quatre
autres cylindriques, entourées d'enroulements de rubans et
branches de laurier. Plus haut règne une petite arcature
abritant le baptême de N".-S. et les statues des douze apôtres.
La frise courant au-dessus des premières colonnes porte
cette inscription: F: F: · P : MILLIO : ROPARTZ: E :
HERVE: ABGRALL : LORS: FABRICQVE : LAN: 1650 .
ORGUES.
La tribune des orgues est encore un beau travail du
XVIIe' siècle avec ses panneaux à grandes moulures, ses
colonnettes, ses festons, ses cartouches et les quatre statues
jouant de la trompette et d'autres instruments, près du petit
buffet du positif. Le buffet des orgues a été un peu modifié
il y a quelques années; mais tout en le diII\inuant comme
grandeur, on lui a conservé sa 'forme générale, et toutes
les sculptures sont anciennes. Les jeux anciens, devenus

hors d'usage par la vétusté, ont été remplacés par 'des jeux
dans le genre moderne; mais plusieurs à Lampaul se sou­
grands jours le
viennent encore d'avoir entendu dans les
sa trompette criarde et ses· innombrables
viel orgue, avec
tuyaux de fourniture dont le timbre et la sonorité nous
petits
reportaient de deux cents ans en arrière.
Sur la frise du côté nord on lit :
FAIT: PAR: G: BRAS: E : 1 : POVLIQVEN: FA­
BRIQVE ..
Il est regrettable qu il n'y ait pas de date inscrite; et le
nom de 1 : POVLIQVEN que l'on trouve aussi sur la chaire
à prêcher, avec le millésime de 1759, n'est pas une indication
car le travail de menuiserie et de sculpture est
assez fondée,
différent dans ces deux œuvres.
Une date aurait pu nous renseigner sur le nom du facteur
d'orgues qui a construit l'orgue primitif. M. Le Men, dans
la monographie de la cathédrale de Quimper, page 322 et
suiv., en énumère un certain nombre qui ont travaillé dans
quelques villes du Léon, notamment à Landerneau, Morlaix
Saint-Pol.
SÉI>ULCUE.
. Sur le linceul de N. S. sont gravés ces mots:
ANTHOINE : FECIT.
Et sur le tombeau:
M : H : GVILLERM : R: M : C : ABGRALL : C.
FAIT : F : PAR. J. LEGAT : H : POVLIQUEN :
FABRIQVE. 1676.
Lampaul, à cette époque, était trève de Guimiliau et gou­
vernée par un curé ou vicaire du nom de C. Abgrall, sous
la dépendance du recteur de Guimiliau, M. H. Guillerm,
travaux de sculpture sur
qui a fait exécuter les plus beaux
bois dans cette église, et qui avait succédé en cette place à
un autre M. Guillerm, . son oncle, devenu grand vicaire de
Léon .

Ce sépulcrc, plus récent d'un an que le baptistére de
se trouvait précédemment dans une sorte de
Guimiliau,
crypte sous l'autel de la chapelle de la Trinité où il était
déjà détérioré par l'humidité et menacé d'une destruction
complète. C'est un travail en pierre blanche et le plus rem ar-
quable dans ce genre qui existe dans le pays; il l'emporte
sur le sépulcre de Saint-Thégonnec, où il n'y
de beaucoup
personnages à avoir un mérite réel.
a que deux
personnages sont traités avec un art extraor­
Ici tous les
dinaire ; le corps de N. S. surtout et sa tête sont d'une
sur lequel il repose est orné
beauté admirable. Le tombeau
d'nne guirlande de feuilles de chêne vigoureusement sculptée,
mort et de larges draperies. Derrière le
puis d'une tête de
tombeau, saint Jean soutient la Sainte-Vierge qui est entou­
rée des trois Marie, toutes, les yeux fixés surIe visage
leur divin Maître. A la tête se trouve Joseph
inanimé de
d'Arimathie, portant la couronne d'épines; aux pieds, Ni­
tenant une des extrémités du Saint-Suaire; et à
codème,
côté de lui, un autre saint personnage, probablement Ga­
maliel, d'après une indication du vieux sépulcre de Sainte­
Croix de Quimperlé, maintenant hors de l'église.
En nous retournant dans le collatéral nord, nous trouvons
l'armoire des bannières, renfermant deux bannières vieilles
de plus de deux siècles, ehose assez rare désormais dans le
Sur un fond d'étoffe très solide couvert de fleurons et
pays.
de bouquets en broderie d'argent, sont brodés également les
sujets suivants: Saint Pol, patron de la paroisse, tenant son
dragon en laisse au moyen de son étole. Le crucifiement.
- Notre-Dame-de-Pitié. Le Saint-Sacrement adoré par
deux anges .
CHAIRE A PRÊCHER.
Quatre . panneaux sculptés d"une très grande finesse et
d'un excellent style représentent les quatre évangélistes et

les quatre grands docteurs de l'Eglise d'Occident qui leur
correspondent : .
Saint Mathieu et saint Augustin, tous deux avec un ange;
- saint Marc et saint Jérôme, avec un lion; saint Luc
ruche; saint Jean
avec le bœuf et saint Ambroise avec une
avec son aigle et saint Grégoire sans sa colombe.
1 : POVLIQVEN & y COLONEIR. FABRIQVES. 1759.
TREF ET CALVAIRE.
On donne le nom de tref aux poutres ornées qui, dans les
la représentation de N. S. en
anciennes églises, supportent
croix. A Lampaul, au milieu de disparitions déplorables, on
a eu du moins la bonne fortune de conserver ce calvaire, qui

donne tant de caractère à la nef.

Notre Seigneur en croix est d'une stature très élevée et
est absolument décharné. La Sainte-Vierge, plongée dans sa
douleur, est tout enveloppée dans son manteau. Saint Jean,
regarde son maître crucifié. Sous les pieds
les mains élevées,
de N. S., deux petits anges recueillent son Précieux Sang.
Aux extrémités du tref, deux gueules de monstres grand­
ouvertes et sortant de la muraille semblent soutenir cette
Sur la face principale, on a représenté une
poutre sculptée.
série de scènes de la Passion: l'Agonie au jardin, la
Flagellation, le Couronnement d'épines, l'Ecce-Homo,
-le Portement de croix, N. S. dépouillé, . le Crucifie-
la Descente de croix.
ment,
Sur l'autre face, on voit au milieu une Annonciation. Des
deux côtés, dans une suite d'arcatures sont sculptées en
portant différents emblèmes:
bas-relief des femmes assises
1. Un livre et une corne.
2. Un livre et un glaive.
3. Un livre et une torche.
4. Un livre et une croix.
Un livre seulement.

6. Un livre et un sablier.
7. Un livre et un vase de parfums .
8. Un livre et un rameau.
9. Aucun attribut.

10. Un sceptre. . .
11. Une parure de perles ou collier.
Un livre et un étendard.
Que signifient ces représentations? Sont-ce les Sibylles,
Testament? L'une ou
sont-ce les saintes femmes de l'Ancien
l'autre hypothèse est difficile à expliquer.

LES SAINTS PATRONS.
Aux deux piliers de l'entrée du chœur sont adossées les
statues des saints patrons de l'église: Notre-Dame de Lam­
et saint Pol Aurélien, premier évêque de Léon.
paul
Saint Pol foule aux pieds son dragon et est revêtu d'une
à beaux orfrois où sont représentés six des apôtres.
chape
Ces deux statues: sans être des chefs-d'œuvre, ont beaucoup
de style et de caractère.
TABLE DE COMMUNION, STALLES, BALUSTRADES .

La table de communion est une œuvre récente qu'il a fallu
exécuter par suite d'une modification dans . les dispositions
est composée de balustres en chêne très
du chœur. Elle
épais et richement sculptés, surmontés d'une frise en feuilles
à feuilles de chêne avec entr'elace­
d'acanthe et d'un tore
ments de rubans. On a tenu à ce que ce travail fut riche et
correct pour être en rapport avec les sculptures anciennes
la table de communion, on
de l'église. Aux extrémités de
d'un style et
voit deux sortes de griffons ou chiens ailés,

d'un mouvement extraordinaires. Ce sont deux pièces an-
ciennes qu'on a essayé de reproduire dans quelques églises
du voisinage, mais qu'on n'a pu imiter que très imparfaite-
ment. .

Les stalles aussi sont nouvelles, pour ce qui est de la
menuiserie; mais toutes les parties sculptées sont .anciennes
dragons qui forment les
ou imitées de l'ancien. Ainsi les
d'anges et les
accoudoirs, les bouquets et festons, les têtes
cariatides sont autant de détails pris dans les vieilles stalles
qu'il a fallu remplacer. . .
Les balustrades qui ferment lè chœur devant les autels
latéraux sont anciennes et n'ont subi qu'un simple remanie-
ment pour être consolidées. .
VITRAUX ANCIENS.
Autrefois la plupart des fenêtres de l'église de Lampaul
étaient garnies de vitraux peints dans le genre de ceux
à La Roche, à La Martyre et dans
que l'on admire encore
autres vieilles églises. La plus grande partie a
quelques
disparu par suite de la vétusté et de quelques violentes tem-
. pêtes. Quelques panneaux isolés, qui se trouvaient dans les
fenêtres du côté nord, ont été remis.en plomb et réunis dans
la fenêtre qui domine l'autel de la Passion. Ce sont les seuls
restent de ces vieilles verrières.
spécimens qui
SCULPTURES ANCIENNES DISPARUES,
Faut-il dire un mot des richesses qu'on voyait autrefois
dans cette église et qui maintenant ont disparu pour tou­
jours? Lors de la réfection du lambris et de la charpente en
remplacer les tirants ou poutres sculptées qui
1875, il a fallu
se trouvaient dans les trois nefs. Toutes étaient ouvrées et
couvertes de torsades et de fleurons, et la plupart avaient à
leurs extrémités les gueules de monstres qu'on voit à l'uni- {
que poutre qui a été conservée. Tout autour de l'église
régnait aussi une sablière ou cornicle sculptée, et de cette
par intervalles, en guise de corbeIs ou
corniche ressortaient
blochets, des anges portant les instruments de la Passion et
disposés dans l'ordre suivant:
1, Croix. 2, Echelle. 3, Tenailles. 4, Marteau. 5, Cloui.

6, Fioles de fiel et de vinaigre. 7, Lanterne. 8, Bâton torse.
9, Eponge. 10, Main de N. S. avec la plaie du clou. 11,
Ecusson. 12, Calice.
Sur le lambris de la nef étaient peintes en pied les images
des douze apôtres, séparées par une décoratian d'arabesques
qui leur formaient comme des niches. .
Enfin, au-dessus du sanctuaire existait une voûte en pierre
soutenue par d~ riches nervures et ayant à son milieu une
remarquable clef pendante. Tout cet ouvrage poussait les
murs au vide et menaçait de s'écrouler; il a fallu le rem­
placer par une voûte en bois plus légère.
CLOCHER.
Le clocher de Lampaul jouit d'une grande réputation dalls
tout le pays environnant, et c'est une réputation méritée.
En effet, avant qu'il fût découronné par la foudre, il était
après le Creisker le roi des clochers du Léon et sa hauteur
devait approcher de 70 mètres. Maintenant sa flèche réduite
est tristement terminée par une calotte en plomb,
de moitié
et pour lui rendre son ancienne hauteur et sa première élé­
gance, il faudrait malheureusement abattre ce géant et le
reprendre par la base, car la foudre ne s'est pas contentée
décapiter; elle a profondément labouré les flancs du
de le

colosse et compromis sa solidité qui semblait défier les
siècles. .
la tour sont percées deux belles arcades qui
Au pied de
livrent un large passage et donnent accès dans l'église par
la porte du bas de la nef. Des deux côtés de l'arcade sud,
surmontées de chapiteaux de
deux colonnes monolithes
Kersanton supportent une frise sur laquelle on lit la date du
commencement de la construction :

ANNO: DNI: 1573: DIE 19 APRILIS: FVDATA: FUIT:
TVRRIS.
HEC:
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XVIII. (Mémoires). 3

Plus haut, dans une niche, est placée la statue de Notre-
. Dàme, patronne de la paroisse. .
Huit puissants contreforts appuient les angles du clocher
et, coupés à différents intervalles par des corniches moulu­
jusqu'au deuxième rang de galeries. Ces
rées, montent
galeries, disposées en deux étages, sont formées d'arcatures
sur des corniches saillantes sou­
et de pilastres et portées
par des modillons ou de forts encorbellements .
tenues

A la deuxième galerie prend naissance la flèche accostée
11 mètres
de quatre clochetons qui ne mesurent pas moins de
de hauteur.
Cette tour renferme deux cloches qui s<;mt l'orgueil des
Lampaulais : en effet, leur voix, d'une sonorité merveilleuse,
La grande
se fait entendre aux quatre coins de la paroisse.
cloche pèse plus de 4,000 livres et mesure 1 m62 de diamètre.
la belle inscription dont elle est entourée et
Donnons ici
• est un chef-d'œuvre de style épigr. :.phique. Les mots que
qui
je sépare ici par des points, sont séparés alternativement par
des fleurs de lis de France et des hermines de Bretagne .
JESVS. MARIA. ANNO. DNI. 1715. ILLVSTRISSIMO .
ET. REVERENDISSIMO. D. IOANNE. LVDOVICO. DE .
LA BOURDONNAYE. SEDEM. LEONIJE. EPISCOPA-
LEM. OCCVPANTE. ET. M. IOANNE. LABOVCE. REC­
TORE. DE. GVIMILIAV. IMPENSIS. FABRICAE. DE.
LAMPAVL. FVSA.
LAVDO. DEVM. VERVM. PLEBEM. VOCO. CON-
CLERVM. TEMPESTATEM. FVGO. DEMONES.
GREGO.
REPELLO. DEFVNCTOS. PLORO. FESTA. DECORO.
NOB. &. POT. DOMINVM. IACOBVM. AEGIDIVM.
KERSAVSON. EQUITEM. LOCI. DICTI. &. CeET .

NEC. NON. SVPREMAE. RHEDO NENSIS. CVRIAE.
CONSILIARIVM. PATRINVM. AGNOSCO. NOB. VERO. .
&,. POT. DOMINA. FRANCISCA. ANTONIA. DE. MAR-

NIERE. MARCHONISSA. DE. BRESAL. &. CŒT. FRAN­
ME. NOMINE. DONAVIT.
CISCAE. IACOBEAE.
VE. ET. DIS. MI.. LAVRENS. GVEGVEN. PBRE. CYRE .
IOANNES. LARIVIERE. LE. BEVRIÉE. ET. IOANNES.
FRANCISCVS. LE. BEVRIÉE. ME. FECERVNT. .
IACQUES. ABGRALL. HERVE. POVLIQVEN. FABRI­
QVES.
V oici la traduction en français :
Jésus, Marie. L'an du Seigneur 1715, du temps de
Illustrissime et Révérendissime Seigneur Jean-Louis de La
Bourdonnaye, évêque de Léon, et de Missire Jean Labouce,
j'ai été fOI).due aux frais de la fabrique
recteur de Guimiliau,
de Lampaul.
J'ai pour mission de louer Dieu, d'appeler les fidèles, de
les
réunir le clergé, de chasser la tempête, de repousser
démons, de pleurer les morts, d'embellir les fêtes. J'ai
pour parrain noble et puissant seigneur Jacques-Gilles de
Kersauson, chevalier de Kersauson et autres lieux, conseiller
et pour marraine noble et puis­
de la haute cour de Rennes;
sante dame Françoise-Antoinette de Marnière, marquise de
et autres lieux, qui m'a donné le nom de Françoise­
Brésal
Jacquette. Vénérable et discret Missire Laurens Guéguen,

prêtre, Curé (vicaire). Jean Larivière Le Beuriée et Jean-
François Le Beuriée m'ont faite. Jacques Abgrallet Hervé
Pouliquen, fabriques .
La seconde cloche, qui doit peser près de trois mille livres
et qui mesure pn 30 de diamètre, a été refondue en 1872 et
porte cette inscription:
J'ai été nommée Marie-Pauline par Mr Abgrall et Barbe
Mgr Dom Anselme Nouvel, évêque de Quimper.
Pape.
Mr Tréguier, recteur de Lampaul. Vicaires MM. Jaouen et
M. Y. Corre, maire. Membres de la Fab. Abhervé,
Cévaër.
Boucher, Abgrall, Maguet et Mathurin Corre. Fondue à
Ploërmel par Frère Fulbert, 1872.

CHAPELLE DE LA TRINITE.
Dans le cimetière, comme auprès de la plupart des églises
de cette contrée, on trouve une chapelle dont la destination
devait être autrefois de recevoir les corps des morts avant
leur inhumation et de servir de chapelle ardente; c'est du
moins cé qu'on peut conclure des inscriptions et des em-
blêmes qu'on y trouve. A Lampaul, cette chapelle est sous
la Sainte-Trinité.
le vocable de
Le côté qui donne sur le cimetière est seul ornementé. Il
rangs d'arcatures, le premier formé par,
se compose de deux
des colonnettes détachées, avec fenestrage, le second faisant
une suite de niches séparéès par des pilastres.
Dans la frise de la porte on lit:
MEMENTO. MORI.
à pans coupés est surmontée de trois pignons
L'abside
élégants et de jolis clochetons, et percée de deux fenêtres
Sous la fenêtre sud-est se trouve cette inscription:
élancées.
1: GOFF: 1: GVILLOV: F. 1667.
A l'intérieur, on peut" admirer un très joli autel à colonnes
à la Sainte-Trin.ité. Au haut, on voit le Père­
torses, dédié
Eternel; au bas, le Fils ressuscité, et, entre les deux, le
Saint-Esprit. Dans les niches latérales, les statues de saint
saint Roch. Dans une belle clef pendante,
Sébastien et de
la voûte, est sculptée également une autre
descendant de
la Trinité. C'est sous le chœur de cette
représentation de
chapelie que se trouvait autrefois le sépulcre.
ARC-DE-TRIOMPHE.
Au XVIe et au XVIIe siècle, les paroisses qui se piquaient
importance, construisaient des arcs-de­
d'une certaine
à leurs cimetières. On en
triomphe pour servir d'entrée
trouve de remarquables à La , Martyre, à Sizun, à Saint­
Thégonnec et à la chapelle de Berven, en Plouzévédé.
Celui de Lampaul, sans avoir de très grandes proportions,

est d'une certaine noblesse. Il est accolé au fond de l'abside
de la chapelle de la Trinité et présente l'aspect des vieux
arcs-de-triomphe de Rome: une arcade creusée entre deux
puissants massifs qui forment pieds-droits, les faces ornées
de colonnes et d'un entablement, le tout couronné d'une
belle balustrade qui contourne la plate-forme, d'où émerge
un calvaire: la croix de Notre-Seigneur avec la sainte
Vierge et saint Jean, et de chaque côté les croix, des deux
larrons. .
Sur le côté qui regarde le cimetière est sculptée cette
inscription:
: A : RANNOU : c: KTANGUI: F. 1669.
Alain Rannou, curé; Kertanguy, fabrique, 1669.

CROIX DU CIMETIERE.
La croix du cimetière est une œuvre de style qui semble
uri peu postérieure au porche. Elle est montèe sur une
être
La tige est toute couverte
base formée de plusieurs degrés.
de bosses, comme le tronc d'un arbre. Au-dessu~ d'une pre­
mière traverse ouvragée formant console, s'élèvent la croix
de Notre-Seigneur et des deux larrons. Deux anges re­
cueillent le précieux sang de Notre-Seigneur dans un calice.
sur la
Au-dessous du bon larron, un ange tient un écusson
Sous le mauvais larron, un démon tire sur une
poitrine.
corde enroulée et nouée autour de ses pieds. L'hiver rigou­
reux de janvier 1891 a fait éclater et tomber ce démon. Il est
à souhaiter qu'il soit remis en place. ,
Sur l'arrière façade est une descente de croix mutilée.
Tout ce que nous venons de passer en revue forme une
partie intérèssante de nos richesses artistiques. Nous faisons .
vœux, pour que ces œuvres si belles vivent encore de
des
longs siècles. ,

Pour compléter la monographie de Lampaul, il est bon de
signaler ce qui, dans cette paroisse, est remarquable au
point de vue archéologique.
VOIES ROMAINES.
Son territoire est traversé par trois voies romaines:
La première, allant de Carhaix au Folgoët et à Plouguer­
neau, est connue sous le nom de Hent Gallec ou Hent Callac,
(chemin Gaulois ou chemin de Callac). Elle passe par les
villages du Pérennou, Croas-Pol, Coat-an-Escop, et prend
ensuite sa direction par Pont-Croas et Cân-ar-C'haro, pour
se confondre avec la route de Landivisiau à Lesneven. Sur
certains points, notamment près du Pérennou et au Vali­
route conserve encore toute sa largeur ancienne.
Névez, cette
On prétend qu'autrefoi& la Duchesse Anne l'avait fait paver
depuis Le Folgoët jusqu'à Huelgoët.
La seconde s'embranche sur cette grande voie à Créac'h-
ar-Bleiz, en Guimiliau, et traverse Lampaul prés de Beg-
Avel, au nord de Kergréven, à Lenn-Vihan, au Fozou, pour
courir droit sur Landerneau et Brest, en passant par Loc­
Eguiner; Ploudiry, La Martyre .
La troisième voie, qui pourrait être plus contestable au ju­
gement de quelques-uns, est à mon avis d'une parfaite authen­
ticité, car elle est jalonnée sur différents points par des
pour ce qui
vestiges ou des débris romains', notamment
regarde Lampaul, par des tuiles à rebord trouvées au bourg
et à la croix de Traon-ar-Vilin. C'est l'ancien chemin qui
conduisait directement du Faou à Saint-Pol-de-Léon en pas­
sant par Hanvec, Sizun, Loc-Mélar, Lampaul, et qui, sur le
terrain de Guiclan et de Plouénan, suit le sommet d'un pla­
teau, en prenant le nom de Bali-Castel (allée de Saint-Pol).
C'est cet itinéraire que la tradition fait suivre à saint Pol
lorsqu'il ramena du Faou le dragon qui ravageait ce pays,
pour le conduire à l'Ile-de-Batz. A Lampaul, ce chemin

passe à côté de Roc'h-Fily, à Lenn-Vihan, Roc'haouren,
pont-ar-Roudou, traverse le bourg et s'en va ensuite par
Croas-Pol, Ty-Men, Croas-Traon-ar-Vilin. C'est à Croas­
Pol, à l'endroit où cette route traverse la première voie que
j'ai signalée, que s'arrêta saint Pol pour attendre son grand
dragon auquel il avait donné ordre de retourner au Faou
pour prendre son petit qui, en grandissant, menaçait de
désoler aussi le pays à son tour. Un petit bois voisin porte
toujours le nom de Coat-ar-Sarpant .
CHAPELLE ET FONTAINES.
A quatre kilomètres au sud du bourg se trouve la chapelle
de Sainte-Anne, datant de la première moitié du XVIIe siècle
n'ayant rien de remarquable dans sa construction. Il n'y
à signaler dans cette chapelle qu'un écusson en pierre
portant un calice et un lion passant, puis un Christ en croix,
reposant sur le
revêtu d'une longue robe rouge, les pieds
globe du monde et la tête ornée d'une couronne fleurdelisée.

Le style de · cette couronne nous reporte au règne de
Louis XIII ou de Louis XIV. Je ne connais dans le pays que
trois autres exemplaires de ce Christ: à Sainte-Croix de
à Loc-Maria de Quimper, à la chapelle de Pont­
Quimperlé,
Christ, près de La Roche, et une copie moderne à la chapelle
de l'évêché de Quimper.
Quatre fontaines sont en vénération dans la paroisse.
1 ° Celle de Notre-Dame de Lampaul, au bas du bourg,
du côté est . .
2° La fontaine de Sainte-Anne, près de la chapelle dont
parler .
nous venons de
3° Feunteun-Bol, ou fontaine de Saint-Pol, près de Traon-
à cent pas de la route suivie autrefois par le saint
ar-Vilin,
évêque. Dans l'édicule qui forme la niche abritant la statue
deux écussons en kersanton, l'un por-
du saint, on trouve
t<;J.nt l(3s armes de la famille Lesénéchal qui habitait autre-

fois le manoir de Lézérasien, et qui est de sable à cinq fusées
d'argent, accolées en bande, accostées de six besants de même, "
trois de chaque côté; le second reproduit les mêmes armes
parties d'un autre blason portant trois fasces. Au bas se lit
la date 1661.
Cette fontaine est très vénérée, et la statue de saint Pol
y est honorée d'une manière toute spéciale le jour de sa fête,
c'est-à-dire le 12 mars. La veille de ce jour, les deux matrones
beaux
les plus conséquentes du village, vêtues de leurs plus
habits, viennent orner l'image du saint patron, et lui mettent
par-dessus sa mitre en pierre une autre mitre de soie et de
On prétend aussi que cette nuit, pendant que l'horloge
satin.
de Lampaul sonne les douze coups de minuit, l'eau se change
vin; mais il ne s'est trouvé encore personne assez brave
pour vérifier ce fait.
4° La fontaine de Sainte-Anastase, près de Traon-Louarn,
est l'objet d'un grand concours de dévots pélerins, surtout le
dimanche, pendant la betle saison. Il y a 50 et 60 ans, ce
et c'est par centaines
concours était encore plus considérable,
et par milliers qu'il fallait compter les foules qui y accou­
jours.
raient à certains
Sainte Anastase, qu'on y honore et qu'on y invoque, était'
la fille du seigneur de Daou-Dour-Coat-Meur et de sainte
Bider, patronne du Tréhou. Elle se plaisait à venir prier et
méditer auprès de cette source, loin du tumulte du château,
et c'est là que son père la mit à mort parce qu'elle refusait
de se marier à un comte Arthur, qui demeurait au château
du Penhoat, en Guiclan. Ces faits se trouvent relatés en
détail dans un vieux Guerz qui a été réimprimé en 1879.
CROIX.
La " tradition dit que la Duchesse Anne fit ériger de belles
croix de pierre à tous les carrefours qui se trouvaient sur la
grande voie allant du Folgoët à Huelgoët ; en effet, au bord

de ce chemin, les croix sont nombreuses, mais toutes ne sont
pas du temps de la bonne duchesse.
Sur le terrain de Lampaul, ces croix sont très multipliées
la paroisse;
le long de différents chemins qui sillonnent
quelques-unes, d'un travail remarquable, semblent remonter
premières années du XVIe siècle et doivent provenir
aux
d'un atelier de sculpteur analogue à celui de Yan Larhantec
qui aura fourni aussi, dans notre seconde moitié du siècle,
tant de croix artistiques à notre pays. '
Signalons-les par ordre, autant que possible:
1, Pérennou. 2, Kernévez. 3, Croas-Paul. 4, autrefois à
Pont-Croas. 5, Traon-ar~ Vilin. 6, Pengoassiou. 7, Croas-ar­
Ker-Roc'h. 10, Roz-ar-Yar.
Bourhis. 8, Sainte-Anne. 9,

11. Croas-ar-Brajen. 12, Croas-ar-Go. 13, Pont-ar-Roudou,
14, Roc'h-Fily " ; puis les quatre croix du bourg: celles
du Vilar, celle de l'Arc-de-Triomphe et les deux de l'ancien
et du nouveau cimetière.
à Lampaul le village de
Les évêques de Léon possédaient
Coat-an-Escop et le moulin du même nom, sur lequel on
un écusson surmonté d'une crosse et portant
voit encore
huit calices en sautoir.

J .-M. ABGRALL,
Prêtre.
27 Janvier · t891.