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Bulletin SAF 1891


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Procès-Verbaux

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Séance du 29 Janvier 1891 .

Présidence de M. le V HERSART DE LA 'VILLEMARQUÉ,
membre de l'Institut.

Le Bureau se réunit à une heure et demie.
Etaients présents: MM. DE LA VILLEMARQUÉ ,
LUZEL, SERRET et LE MAIGRE .
M. Hardouïn, toujours souffrant, s'excuse de ne
pouvoir assister à la f:iéance. .
M. de la Villemarqué donne connaissance d'une
lettre de M. le n1aire de la ville de Quimper réclamant
la rest.itution du manuscrit du Cartulaire de Landé~
vennec. Notre président, qui a rapporté ce manuscrit,
de Rennes, le reInet, en présence du Bureau, à -
M. Gauguet, bibliothécaire de la ville.
A deux heures commence la séance.
Etaient présents: MM. LUZEL, MALEN, BIGOT,
DIVERRES, l'abbé ABGRALL, LE MAIGRE, JEN-
KINSJONES, SERRET, PEYRON. . -
Nomination de la Commission de comptabilité. Les
anciens membres, MM. Vesco, de Bécourt et Serret,
sont réélus.
Présentation de M. l'abbé Favé, vicaire d'Ergué-

Gabéric, par MM. Peyron et Abgrall.
M. Hard.ouïn annonce la remise du dossier du legs
de M. Le Bos en faveur de la Société . .
est transmis à la Préfecture.
Le dossier
Ouvrages offerts : _
Académie d'Hippone, réunion du 16 octobre 1890:

Société archéologique de nordea ux , tôme XIII,
-'te fascicule, tôme XV,_ 1 er fascicule.
Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie,
année 1890, nO 3 .
Bulletin du Comité des Travaux historiques et
scientifiques, année 1890, nO '1. ,
Journal des Savants-, novembre et décembre 1890.
1 \1. Diverrès lit une intéressante notice sur la
paroisse de Guengat.
On donne lecture d'une note de M. Trévédy sur une
lutte à Rennes en présence de Henri IV. .
M. le conde de Saisy, pour compléter la notice
parue nu dernier bulletin sur les inscriptions de clo­
ches, communique une petite note indiquant, dans la
paroisse de Paule, près de Maël-Carhaix (Côtes-du­
Nord), l'existence d}une cloche hexagonale, provenant

de la chapelle de Saint-Symphoeien, aujourd'hui dé-
truite. Le saint Symphorien patron de cette chapelle
n'est pas probablement le jeune martyr d:Autün, mais

un des soldats romains convertis par saint Sébastien
et qui subit également le martyre. La fontaine voisine
porte aussi son nom et est très remarquable par son
captage d'eau. Elle alimentait autrefois un camp
romain & ,djacent, situé sur la voie romaine de Carhaix

à Vannes et portant le nom de Castel-Odia (Eudes,

Oelious, Othon). Ce eamp est un quadilatère obéissant
à toutes les règle.s de Polybe, avec son tribunal inté-
rieur et .'.la porte elécurnane.
Le jour du pardon on sonne cette cloche
au-dessus
de ceux qui souffrent de maux de tête.

-" III --

M! _ l'abbé Abgrall lit une étude -très .complète
et très détaillée sur l'église de Lampaul-Guimiliau.
Cette étude, écoutée avec le plus vif intérêt, · donne
lieu à plusieurs remarques sur différents monuments
ayant dans leurs détails certains rapp.orts ~vec l'égl~se
de LampauL . - _
M. de la Villemarqué donne lecture d'un e~trait du
discours de' Mgr Ad. Pel'raud à propos d'une visite au
champ des Inartyrsbretons de l'année 725, en Bour- '

gogne. - ,
Pour terminer la séance, communication-du texte
et de la musique d'un cantique breton sur Sainte-Anne,
- imprimé en 1628, copié par M. Ernault dans un
ancien recueil de cantiques. M. l'abbé Peyron fait
observer qu'il y aurait à signaler ces cantiques.

-Le, Président, ..
. - H. DELA VILLEMARQ DÉ.

Le Secrétaire, •
A. SERRET.

Luttes bretonnes li Rennes devant Henri IV 15 H 3 .

L'année dernière, je montrais les Lutteurs bretons, choyés
par nos ducs, et présentés par eux faisant assaut de force et

d'adresse à la cour de France; puis concourant aux fêtes
à la rein- e Anne dans son voyage triomphal de Bre-
données
tagne, en 1~O~; enfin émerveillant le duc d'Etampes, comte
de Penthièvre, gouverneur de Bretagne, le vicomte de Rohan, .
le comte de La~al et l'illustre Ambroise Paré, en 1~43 (1). .

(1) Les Luttes bretonnes ... Voyage d'Ambroise Paré en Basse-Bretagne.
T. XVII, 2 partie, p. 9.

.le puis ajouter que, cinquante-cinq ans plus tard, des lut­
en spectacle au Roi Henri IV,
teurs bretons ont été donnés
quand il séjourna à Rennes, en mai 1598. Le curieux et
(1), nous permet de suivre
indiscret, mais véridique Pichart
le Roi pas à pas pendant la semaine qu'il passa à Rennes.
Voici l'emploi des journées des 13 et 14 mai (2) :
« Le mercredi 13 may au dit an (1598), environ les onze
heures du matin, le Roi fut à la messe à Saint-Pierre, puis
à la pauime ; et, après midy, fit faire monstre à ses soldats
alla
. de ses gens de régimens françois au Pré, où fut la monstre
des Rennois. Lorsqu'il arriva il fut assisté de tous les seigneurs
de ce pays. Puis il alla à la chasse à la Prévalaye
et noblesse
où fut pris un loup; puis fait des l,uites .... ))
.le m'arrête ici: pas un mot de plus sur ces luttes... le Roi
y prit-il plaisir? C'est ce que Pichart ne nous dit pas. POUl'
Pichart, l'intérêt du séjour du Roi à la Prévalaye est ailleurs. -
... Continuons de le lire .. .-
« .,. et prindrent un lièvre monstre ayant deux corps, huit
une · teste et trois oreilles, ainsi que plusieurs on t
jambes,
rapporté qui estoient à la dite prins~ ... »
Si ce lièvre monstre a été pris (n'en doutons pas: Picharl.
l'a vu par les yeux de plusieurs!) c'est dans la ~hasse qui a
précédé les luttes. On peut craindre que l'esprit ,des spect.a-
teurs n'ait été trop occupé de lui pour s'intéresser aux lutteurs.
Ce lièvre monstre a dû être le héros de la journée. .

J. TRÉVÉDY.

(1) Journal de Me Jehan Pichart, notaire royal et procureur au parle-
Morice, Pl'. III. Col. 1695 à 1758. Sur son exactitude. V. Dom
ment ...
Taillandier. Morice II. p. II.
(2) ' Pichart. Col. 1757. . Je d!s 13 et U mai, car Pichart passe du 13
au 15 mai. Il résulte clairement de la phrase qui va suivre que le Roi
partit pour le Prévalaye après la revue des milices de Rennes, et y resta
le lendemain (14) pour rentrer seulement le 15 en ville. .

. Séance du 26 Février 1891.

Présidence de M. le V HERSART DE LA VILLEMARQUÈ,
membre de l'Institut.
Etaient présents: 1\1 M . LUZE L, BIGOT père, lnajor
FATY, MALLEN, l'abbé PEYRON, ALLAIN, l'abbé
ABGRALL, DIVERRÈS, .JENKfNS' (.Joncs), LE MAI­
GRE, LE BRAZ.
. Ouvrages reçus et déposés à la Bibliothèque ,- depuis
la dernière réunion:
Annales du Musée Guinwt. (Les Hétéens, traduc-
tion de M. Sayce). '
Revue de l'llistoire ,des ReligioTl-s, 'le année, ton1e
XXII, n° 3, novembre-décembre .
Revue celtique, vol. XII, n° t.
, Rulletin de la Société d'Archéologie de iVantes ,
tome 28. "
e re
Revue de l'Ouest, 7 année, t livraison. , '
Bulletin cle la Société bl'etonne de Géographie i
iO année, n° 46. .
Bulletin de la Société de Géogtaphie de Saint­
N aza'ire, VII.
Société d'Ernulatien des Côtes-d u-N ord, 16 février

Idem, Mé1noil'es, tome XXVII.
Le procès-verbal de lu séance précédente est lu et
, adopté.
M. DivelTès achève la lecture de son travail sur
Guengat.
M. le Présiden t donne la parole à kl. l'abbé Abgrall,
pour une intéressante monographie sur le calvaire de
Mellac, détachée d'un travail d'ensemble que l'auteur
destine à l'importante publication entreprise par M.
Robuchon sur les monuments et paysages de la Bre­
tagne.

La Corn mission de comptabilité devait ' aujourd'hui
donner lecture de son rapport sur l'état des finances
la Société. Le rapporteur, 1\1. Yesco, demandant à
ajourner son travail ju~qu'à la prochaine séance, il
est décidé, d'un commun avis, que cette séance sera
avancée de huit jours, et qu'elle aura lieu le jeudi
19 mars, à cause du Juedi-Saint.
111. Le l\1Iaigre demande la parole pOUl' deLlx recti­
fications à apporter à la liste des membres de la So~
ci été , telle qu'elle a été publiée en têto du premier
Bulletin de l'année '1891. La pren1ière concerne M . .
Allain, bibliothécaire adjoint, dont 10 nom a été omis;
la seconde est relative à MM. de Carné, dont les titres
et qualités ont été énuncés d'une façon inexacte. Il
faut, à leur endroit, lire commc suit: .
1 Comte de Carné (Edmond), à Quimper;
2 Vicomte de Carné (Olivier) , lieutenant de vais-
seau, à Marseille. -
Al. Luzel fait appel aux lumières des membres
présents pour éclairer la signification de quelques
noms de rue d'une ville aujourd'.hui détruite, à physio­
nomie bretonne~ quc M. Trévédy a relevés, au courant
d'un travail sur les 'sècheries de nos côtes, dans des
documents relatifs à Penmarc'h.
Suit la communication d'un curieux travail de M.
l'abbé Euzenot sur la seigneurie Kerhorlay, en Guidel ,
dùnt lecture est faite par M. Le Braz.
M. le Préside-rl.f présente, de la part de l'auteur,
une notice proposant un classement nouveau des
monnaies bretonnes.
Des cendres trou vées dans la chambre d'un dolmen'
détruit ont été remises à 1\1. 10 Président. Renvoyées
à l'obligeance de M. le baron Halna du Fretay, si
expert en ces matières.
Avant de lever la séance, M. de la ViUemarqué fait part
à la Société de la mort de M. Fischer, décédé à Brest.
M. Fischer était un artiste de ,,·aleur. Plus d'.une fois,
voulut bien cOInmuniquer à la Société Archéolo­
gique cles études accompagnées de remarquables des-

sins. Il avait des c.:hoses bretonnes un sentiment très
YiL Un instant, il rêva d'être lïllustl'ateur de l'œuvre .
de Brizeux. NI. le Président posi;ède ,de lui des cartons
où -sont interprètées cl 'un crayon très pur lef; 'scènes
les plu!'; exquises du poëme de lVIurie. '
Des croquis de dolmens connu:; qu'il a faits seront
, mis sous les yeux de la Société.
La séance est levée à 1 h. 1/2.
Le Président,

. HERSA.RT DE LA VIL'LEMARQUE.
POUl' les seC"0tal,'es empêchés:
Le sectéfn ire-~ldjoi11'l:,
A. 'LE 8RAZ. ,

GOlw:;n ac'll, 28 .Tanvipr 18!)!.
En :ianYiel' 1889, un cultivateur (J, B), de Gouesnac'h, -
un champ attenant à sa maison ... A un moment
bêchait dans
donné, notre brave cultivateur sent que sa brêche donne contre
Pour la dégager, notre homme donne des coups· de
une pierre.
bèche de droite, de gauche ... et parvient à mettre à nu le
sommet de la pierre. Alors, il fouille avec la main tout autour .
Remarquant qu'elle présentait une forme arrondie, notre
bêcheur se met de nouveau à l'œuvre, poussé un peu, comme
il me l'a raconté, par la curiosité.
Il découvre une pierre de granit, posée debout, à un pied à
peu près sous terre. A la base, tout autour, on avait posé de
sept à huit petits gallets, qui lui servaient comme de tuteurs ou
de coins pour la consolider. .
Notre cultivateur, voyant tous ces galets si bien posés, si
bien arrangés autour de la pierre principale, s'attendait natu­
à trouver un trésor en cet endroit.
rellement

VIII

Quelle ne fut pas sa déception! Il n'y Lrou ra absolument
rien. Temps, travail, fatigues, sueurs, tout fut perdu.
Aussi, après cette déception, s'empressa-t-il de porter la
grosse pierre sur le fossé et de rejeter les galets SUl' la rouLe.
Je possède cette pierre de forme ovale et deux des galets qu i
lui ont servi comme de tuteurs.
En voici les dimensions:
1. -- Grosse pierre .

1 Longueur.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . O D4.
20 Circonférence dans la plus grande

. largeur ou épaisseur. . . . . . . . . . O 84 .

3 Poids. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 Unes .

Le bout le plus mince de la grosse pierre éLait fiché en lerre.
Le sommet porte de sept à huit traces de coups de bêche;
cependant, ces coups ne l'ont pas dégradé sensiblement.
II. Un des galets.

1 Longueur. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. OmJ 3
2 Largeur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Omg

30 Epaisseur. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. O 06
J'ai pensé que ce groupement de cailloux n'était pas un
simple jeu du hasard, et que ' quelques membres de notre
Société pourraient, peut-être, avoir connaissance de quelques
trouvailles analogues, et dire si nous devons y yoir un mo­
nument dû à la main des hommes.
L'Abbé FLOC'H ,
Recteur de Gouesnac'h .

Séance du 19 ]dars 1891
Présidence de M. LUZEL, Vice-Président.
"fltaient présents: MM. LUZEL, DUCü"URTIOUX,
l'abbé FAVÉ, l\fALEN, JONES, FATY, LE MAIGRE,
SERRET, BIGOT père, LE BRAZ.
l\1lvI. de la Ville-marqllé et de Blois s'excusent par
lettre de ne p'Juvoir assister à la séance.
Notre président, 1 \11. de la Villemarqué pense que
grâce aux démarches de MM. Hardouin et Hémon, la
Société pourra b~ntôt recueillir le legs fait par M. Le
Bos. ' Une lettre du Ministère demande la communica-
1 tion de différentes pièces afin que cette affaire ait une
'prompte solution.
La Commission financière présente le cOIbpte de
gestion pOllI'l'année 1890.
M. Luzel donne lecture de la vie de saint Guil-
laume Buhez an autrou sant Gu-illerm, poème de la
fin du XVIIe siècle. Cette pièce a été imprimée par
Jean Perrier, imprimeur et libraire à Quimper, qui
a publié également les œuvres du P. J. Maunoir. Dans
cet ouvrage, il donne une histoire merveilleuse de
saint Corentin. Un autre imprimeur éditait aussi
des guerziolt et des feuilles volantes que l'on vendait
. dans les pardons.
L'intérêt d€ la vie de saint Guillaume est surtout
remarquable comme spécimen de la langüe et de
l'orthographe à la fin du XVIIe siècle. Saint Guillaume
,est populaire en Bretagne, bien qu'il ne soit pas de
·ce pays. Un mystère de saint Guillaume a été publié
à Morlaix, en 1815, et est fort rare aujourd'hui .

L'auteur est connu: le poëme a été mis en ,"crs
bretons par Messire Guillaume du Boisharcly.
M. Luzel donne ensuite lecture d'un document
inédit provenant des Archives départementales. C'est
une enquête de 1653 SUl' la prise de Quimperlé, en
1590, par un détachement de l'armée royale, sous les
ordres du capitaine de la Tremblaye.
Des travaux sur les voies romaines en Bretagne ont
déjà été publiés dans le flulletin de l'Association
Bretonne, par :\1M. de la Monncraye et Bizeu!.
M. Flagelle s'en est particulièrement occupé, pour
le Finistère. M. Ducourtioux, directeur des Contri­
hutions directes à · Quimper, se propose de revenir
sur cette question, pour ce qui regarde Quim­
per et ses environs, en se servant des études déjà
faites et en utilisant les plans du cadastre, où les
tronçons de ces voies S-0nt déjà indiqués. Il y a un
certain nombre d'années, M. le docteur I-Ialléguen,
se livrant aux mêmes recherches, crut détermin~~r
l'emplacement de plus de 500 camps romaips dans le
département du Finistère. Il y a là, sans doute? de
l'exagération. Quoi qu'il en soit, l'on ne saurait trop
encourager notre honorable collègue dans l'étude qu'il
veut entreprendre et qui aura une grande importance
au point de vue de la géographie de la Bretagne;
pendant la période romaine.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à.
::3 l1eures 1/2.
• Le Président,
lI. DE LA VILLEMARQUE.

Le Becrétaire,

A. SERRE'!'.

~umhl"ll des Sociélaires
Société AI chéologique 0 du ~'inistère
au pr jUllvierl8!H : 139
Gestion de 1. 890

:YlessieUl'Sl
Votre Commission des finances, réunie le 25 Mars, Cl
l'honneur de vous exposer les résultats du travail cl'apure~
ment de la Gestion 1890, arrêté au 31 décembre.
La vérification des recettes et des dépenses a donné les

['ésültats suivants :
HECETTES.
N" 1. Reliquat (exercice 1889) ............. .

2. Vente des bulletins de la Société ....... 0
3. Vente du catalogue du Musée •.........
4. Vente du Cartulaire de Landévennec .. .
5. Vente o de J'ancien plan de Quimper .... .
6. Mandtlt préfectoral du 12 avril ........ .
7. Montant des cotisations ........ ' ...... .
DÉPENSES.
N- 1. Payé àM. Lefebvre, relieur, pour brochage
ns (exercice 1889) ........ .
de bulleti
2. Payé à M. Foulquier, pour cliehés divers.

3. Payé pour préparer la salle des séances.

4. Payé à M. Alain, bibliothécaire adjoint.

5. Payé à 1\-1. Coton nec, pour impressions.
6. Payé à M. Lefebvre, relieur, pour bro-

chage de bulletins (année 1890) ..... .
7. Payé à M. Lebras, libraire, pOUl' fourni-

tures .. ,. ............ ,. ,. ............ . 16 50
8. Remboursé au trésorier pour frais d'af­
franchissement ............•........ 54 20
9. Honoraires du trésorier pour l'exercice

RÉCAPITU LATION.

Montant des recettes ............. .

Montant des dépenses
Excédent des recettes
_ \.rrêté le reliquat au 31 décembre 1890 à la somme ùo
neuf cent cinquante-six {'rancs seize centimes.
QuÎm per, le 25 Mars 1891.
Si~né : Le Trésorier,

LE MAIGRE.

XlI
COMPTABILITÉ MATIÈRES .

1 Bulletins de la Société .
D'apl'è:; l'inventaire au 1 Cl' janviel' 1890, il exislait 1,H14
volumes aux archives; M. le bibliothécaire el) a \'(~ndu 3

(9 francs ) reste au 1 janviel' 1891 : 1,811 volnmes.
,20 CataJog'Ue du Musée.
Il a été inventorié l'anuée dernièl'c 763 exemplaires;
72 onl été vendus depuis; reste à ce JOUi' : 69:3 exemplaiL·es .
3° Cart1ûai'l'e de Landévennec.
l.,'inventaire de l'année dernière accusait 245 exemplaires
en ])ibliothèque,. 4 ont été vendus; il ['este donc entre les
mains de notre ll'ésorier, qui en est détenteul', 241 exem­
plaires.
'Nous constatons que la somme de ·1.f>3 l'mncs, due pOUl'
22 exemplaires livrés l'année derniè~'e et non payés, n'a pas
été vel'sée à notre caisse.
eneOl'e
4.0 AnC'Ïen plan de Qt~ùnpe]' .
M. Lebras, libraire, avaiL en dépôt au ter janvie,' 1890
17 exemplaires. Aucun. n'a été vendu .

Yu et approuvé p[ir la Commission des fmances :
Le. Président, . Les Membres de la Commission,
N. YESCO. . DE BÉCOURT, SERRET.

- XIII -

Séance du 30 Avril 1891.
Présidence de M. le Vicomte DE LA VILLEM,ARQUÉ,
membre de l'Institut.

Présents: MM. LUZEL, Jenkins JONES, BIGOT,
D UCOUR'rIOUX, directeur des Contributions directes,
abbé PEYRON, MORCRETTE, abbé FAVE, abbé
ABGRALL, MALLEN, LE MAIGRE et de BLOIS.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et
adopté sans observations.
Ouvrages reçus et déposés à la bibliothèque dans le
courant du mois :
1° Hevue histnrique de l'Ouest, livraison de
mars 1891 ; ,
2° Bulletin archéologique du Cmnité des Travaux
historiques, nO 4, année 1890 ;
3° Revue de l'I-listoire des Religions, 'l2 année,
nO 1, janvier-février;

4° Museum of Arnerican Archeology, 1890 ;
5° Revue celtique, 12° vol., n° 2, avril 1891 ;
6° Revue rnensuelle de l'Ecole d'Anthropologie de
Paris, janvier 1891 ;

7° Société bretO?'lne de Géographie, 10 année ,

......;.. XIV -

8° Bulletin philologique du Cornité des Travaux .
h'istoriques, 1890 ;
9° Journal des Savants, livraisons de janvier et
février 1891 ;

10° 1Vu1nismatique de la France, 1 re partie.
M. le Président commence par adresser de chaleu­
à M. Luzel à l'occasion de la
reuses félicitations
distinction dont il a' été l'objet de la part de l'Académie
française qui a décerné un prix de 500 francs au
nouvel ouvrage que le brillant auteur a publié récem­
luent en collaboration avec un autre de nos confrères,
M. Le Braz. Cette récompense témoigne à la fois du
mérite des écrivains et de l'intérêt qui s'attache à notre
vieille littérature bretonne. Elle était demeurée inconnue
jusqu'au jour où parut la première édition du Barzaz-

Breil. Le succès fut considérable; une mine précieuse
était ouverte, d'autres n'ont pas cessé de l'exploiter.
C'est donc justice de rappeler ces souvenirs du passé
c'est une bonne fortune d'entendre aujourd'hui
comlne
notre président applaudir au talent couronné de ses
émules et de ses heureux continuateurs .
Mais de même que la vie humaine, la vie des sociétés
une succession de joies et de tristesses.
littéraires est
Aussi devons-nous n1aintenant payér un tribut de
regrets à la luémoire de M. le baron Pol de Courcy,
qu'une mort inopinée vient d'enlever aux lettres et à
la Société d'archéologie du Finistère. !,e moment n'est
pas venu, dit M. le Président, de parler de son œuvre,

vient de dire ici la part qu'il prit aux principales publica­
tions de notre province; articles de revue, notices spiri-
tuelles et savantes, itin~raires de voyage, tout' ce qui
sortait de sa plume était marqué du même cachet de
distinction et d'originalité. Mais ce qui a fondé
surtout sa réputation, c'est son nobiliaire de Bretagne
et sa belle édition des grands officiers de la couronne
du Père Anselme, livres d'érud-ition et de conscien-

cieuses recherches.
M. Ducourtiotix, à propos des voies romaines dont
il a relevé les traces et établi la direction aux envi-
rons de Quimper, indique le profit que l'on peut tirer
à priori de l'examen attentif des plans du cadastre.
Quand l'œil se porte sur une carte d'assemblage par
exemple, il est quelque fois étonné de rencontrer de
longues lignes droites, d'une largeur uniforme et
paraissant destinées à relier des centres de population

distants souvent de plusieurs kilomètres. Faut-il
admettre là un caprioe du hasard? Nullement. Car, si
l'on se transporte sur les lieux, on remarque que la
eulture n'a guère utilisé ces parcelles étroites resser-
rées entre deux talus, et que la plupart du temps ' les
ont plantées d'arbres qui leur donnent
propriétaires les
l'aspect cl'interminables avenues. Quand des sondages
pratiqués clans le sol mettent ensuite à nu l'aire d'une
route abandonnée depuis longtemps, il semble que
l'on
se trouve en face des vestiges d'une ancienne voie

-, XVI-

r.omaine. -En réunissant d'autres indices, cette première
appréciation peut, en bien des cas, devenir définitive.
M. Ducourtioux se propose de continuer ses recherches
et de tenter de nouvelles ' explorations dans ses
moments de loisir.
1 \1[. le Président a reçu de M. Emile Ernault l'envoi
d'un cantique en l'honneur de Sainte-Anne d'Auray ,
. composé ou du moins imprimé en '1628. Le texte
breton et la musique originale sont accompagnés
d'une traduction et de notes intéressantes. La Inusique
bretonne a déjà donné lieu à M. Burgault-Ducoudray
de faire de curieux rapprochements entre ses rythmes
et ceux de l'ancienne Grèce ; nos collègues , laissant
ce point de côté, s'appliquent à étudier les transfor­
mations subies par le langage depuis le commencement
du XVIF siècle, et engagent une discussion à laquelle
prennent part MM. Luzel, Jones, de la Villemarqué,
Abgrall et Favé.
1\1. l'abbé Peyron a la parole pour lire un mémoire
sur La Martyre et sa foire. Les habitants de cette
çmt toujours attribué la plus vénérable
petite localité
antiquité à Jeur bourgade. Elle remonterait, disent
leurs titres de fabrique, jusqu'au VIe ou au VIle siècle.
Mais'les années n'ont pas suffi à développer cette agglo­
Inération rurale qui a eu pourtant une réelle prospérité
grâce à ses foires franches établies dans le courant du
XIIIe siècle et qui comptèrent parmi les plus impor­
la Bretagne. De bonne heure la ville de
tantes de

- , XVII - '
Landerneau et les seigneurs de Rohan se montrèrent
jaloux du commerce de La Martyre et tentèrent, à
maintes reprises , de détourner sur le territoire de
leurs domaines la manne dorée qui enrichissait leurs

petits voisins. Ceux-ci ne s'effrayèrent pas de la lutte
contre de pareils compétiteurs et réussirent à garder
leurs positions. Les archives nous renseignent encore
sur l'importance, l'administration et l'emploi des
de~icrs de la communauté, deniers qui provenaient
principalement de la location de boutiques construites
sur la place de l'église aux marchands qui se ren­
chaque année à la foire. Au XVIIe siècle, les
daient
revenus s'élevaient à environ 2,000 livres , plus 800
livres d'oblations. Si l'on en croit .les plaintes du curé,

portées devant l'évêque de-Quimper, l'intégrité n'au-
rait pas toujours été la vertu des fabriciens; ceux-ci ,
à leur tour, accusaient le recteur, et lès deux partis se
Inettaient à la fin à la décision de leur supérieur
ecclésiastique. A une époque plus rapprochée, La
Martyre aurait été le centre choisi par les conspi­
rateurs qui, sous l'influence de Pontcallec, essayèrent
d'organiser un soulèvement de la province. C'est là
que les conjurés auraient jeté les bases de leur asso­
ciation. M. Abgrall tient ces détails de M. Delaunay,
ancien recteur de' la paroisse.
IV!. de la Villemarqué annonce la~ldécouverte à
Quimperlé d'une crosse abbatiale en bronze, mIse au
jour par des ouvriers occupés à creuser les fondations

- XVIII -
d'une maison entre l'ég'lise de Sainte-Oroix et les ruines
de Saint-Colomban. Oette crosse, déposée sur le bureau ,'
est en assez bon état de conservation: la cassure que
l'on remarque verS' le nœud supérieur a été faite par
un coup de pioche au moment des fouilles. MM. AbgraIi
et Bigot n'hésitent pas à reconnaître dans cet objet
à la fin du xe ou au
un beau spécimen de l'orfèvrerie
commeneement du XIe siècle. Il est inutile d'en donner •
la description après M. de la Villemarqué; bornons­
nous à mentionner la figure d'un coq inscrite dans ]a
volute qui sert de terminaison à cette crosse, parce
que la présence de cet oiseau a donné lieu à une assez
longue discussion. Les habitants de Quimperlé veulent
y voir les armoiries de leur cité ainsi décrites par M. de

Courcy: cl' hetmines au coq cle gueules, barbé, ,nern-
bré et cl'étécl'or. D'autres, et en particulier M. le
vicomte de Blois, pensent que le coq est simple­
ment remblême de la vigilance pastorale. Ils font de
plus ren1arquer qu'au xe et XF siècle l'usage des
était peu répandu , mais qu'à cette époque
armoiries
l'abbaye de Quimperlé était gouvernée par d'illustres
personnages tels ciue Gurloës et Benedict, le premier
depuis longtemps placé sur les autels. Dès lors, n'est-il
que leur erosse: conservée et exposée dans
pas possible
l'église, soit devenue un objet de vénération comme la
saint Pol ou-lacorne du bœuf de saint Ronan ,
clochette de
et que plus tard la communauté de ville, toujours COI1-
[jante dans leur protection, ait voulu rappeler leur

-' XIX-
souvenir en plaçant le coq clans les armoiries de Quim­
perlé. Une hypothèse de, ce genre sort évidemment du
et il est permis à chacun de l'adopte}'
domaine historique
la rejeter. Pour les anciens hérauts d'armes, le
ou de
coq avait une autre signification; ~insi Wulson de la
Colombière écrit dans la Science héroïque, ouvrage
composée en 1664,: « Le coq est symbole de querelle,
de combat, d'orgueil et de victoire, car il aime mieux
mourir que quitter le combat. Milon de Crotonne, le
plus fort et le plus robuste de son temps, portoit dessus
lui, au dire de Pline, une petite pierre nommée ALLET­
l'ORlA (alectoria gem1nt:J.) ou autrement un -petit os
pétréfié qui se trouve dans le ventricule du coq, pour
être, par ce secret et vertu occulte, toujours victorieux
contre ceux qu'il combattait corps à corps ». Plus loin ,
\tVulson ajoute que le coq fait trembler le lyon par ,
son chant et par son regard, aussi, lorsque nous vou­
lons représenter un Espagnol vaincu par un Français,
nous figl!fons ,dit-il, un lyon qui s'enfuit devant un coq. Et
l'auteur termine par cette remarque, qui nous ramène
à notre Ruiet: qu'on a accoutumé de mettre la figure
cet oiseau au plus haut des clochers des églises
paroissiales pour donner à entendre aux prélats qu'ils
doivent être vigilants sur leurs troupeaux.
NI. d(J Blois commence la lecture du 'mémoire de
M. Trévédy sur les sécheries de Bretagne.
L'heure avancée oblige le président à interrompre et
à renvoyer à une prochaine séance la suite de l'ordre

du jour et la communication de deux lettres: l'une de
M. Le Guay, l'autre du bal~on Halnadu Fretay en réponse

à une demande insérée au bulletin.
La séance est levée à 4 heures :1/2.
Le Présiden t,
HERSART DE LA VILLEMARQUÉ.

Le Secrétaire,
Vicomte de BLOIS .

- ' XXI (

Séance du 27 Mai 1891'.

Présidence de M. LUZEL, Conservateur des Archives.
Présents: MM. Vicomte DE LA VILLEMARQUÉ, '
FAVF~, LE MAIGRE, SERRET, .JONES, ABGRALL,
~IORCHETTE, BIGOT, DUOOURTIOUX, PEYRON
et DE BLOIS.
Ouvrages reçus et déposés à la' bibliothèque depui~
la dernière réunion : .
. 1° Académie d'I-lippone, mémoire 1890;
2° i.Yémoires de la Socl:été nationale d'A ngers ,
.'30 Joul'nal des Savants, livraisons de mars et
cl 'avril 1891.
Al. Luzel, déférant aux pressantes instances de
M. de la Villemarqué, vient occuper le fauteuil de la
présidence.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et
adopté sans observations. .
Al. le Présiden t communique une note de 1\1. Albert
Le Guay relative à la découverte d'une sépulture
ancienne dans la commune de Plovan (Finistère). Au
mois de mars dernier, le propriétaire du village de
Kerleoguy, en labourant son champ, situé à environ
deux cents mètres de la route de Pont-l'Abbé à Pont-

- XXII -' .
Croix, mit à jour une pierre plate mesurant 1 m. 35
en longueur, 0 m. 95 en largeur et 0 m. 15 en épais-
seur. Cette dalle, supportée par quatre petits piliers
de 0 m. 30 à 0 m. 10 de hauteur, fut SOLl-
informes

levée et on recueillit sur le sol les objets en décompo-
sition qui ont été précédemment exposés sur le
bureau.
Les traditions loc.ales font mention d'un château qui
aurait été élevé autrefois sur le coteau d'ailleurs bien
choisi de Kerleoguy, mais le fait a besoin d'être

contrôlé.
M; le ba1'on du Fretay, au sujet des débris d'osse-
ments trouvés dans cette exploration, tient à faire
remarquer qu'ils se composent de terre mêlée d'un
peu de cendre et chargée de très petites parcelles d'os
calcinés, et en outre de collules creuses de forme
arrondie et allongée, qui sont simplement des chrysa-
li ration a donc dû être le rite funéraire pratiqué pour

çette sépulture.
M. le vicomte de la Villemarqué exhibe plusieUl's
planches de dessins offerts à la Société par M. le
Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts ,
que nous devons remercier de sa libéralité. Ces feuilles
représentent plusieurs types de Minerve, empruntés à
la décoration des vases étrusques les plus anciens,
et, chose à noter, dans chacune de ces compositions ,
l'image de 'la déesse est accostée de deux colonnes

XXIII -

nité.
. lU. de la V'illemarq-ué prie la Société de bien
vouloir accepter pour son musée la crosse déeouvette
à Quimperlé, qu'il a eu la chance de pouvoir acquérir
à son intention. M. le Président Luzel remercie M. de
de cette libéralité et annohce qué cet
la Villemarqué
objet curieux sera incessammeht placé sous les vitritles ,
comme il convient. .
l'rf. l'abbé Abgrall a recherché, dans des ouvrages
spéciaux, la description des crosses des XI et XIIo
siècles. On y voit souvent le serpent et le dragdn
figurés comme motifs d'ornement:.ttion, pas une fois le
coq. Il est donc probable que celui de Quimperté est
à la fois unique et inédit.
A!. Morcrette dit que) dans l'iconographie chrétienne
des premiers âges, le coq était pris comme symbol~ (\e
la résurrection.
1 \1. de la Vïllernarqué souhaiterait que quelqu 'un
de ses confrères s'attachât à rechercher et à définir les
ct la soeiété chrétienne
la société païenne
idées que
sous l'emblème du coq.
ont eu coutume de rappeler,
Aristophane, par exemple, nomme le coq l'oiseau de
Mars ) à cause ~le son caractè)'e belliqueux. Lucrèce le ,
célèbre comme le trompette d'Apollon et l'avant­
coureLll' de l'aurore.
Aw'oram clarâ consuetum voce Docare

~, XXIV.-
d'autres auteurs ont consacré le coq à Mercure et à

Esculape , comme signe de vigilance. Mais, pourquoi
à Miner'.:e? Serait-ce parce que,
le donne-t-on aussi
dans la merveilleuse st.atue de cette déesse sculptée
p~r Phidias, cet artiste avait placé un coq pour servir
de cimier au casque? Est-il permis d'omettre le coq
.4u Moyen-Age, cet oiseau est représenté
des Gaulois?
dans ·la fameuse tapisserie de Bayeux, contem poraine
de Guillaume, le Conquérant, et qui depuis a exercé
sagacité de tant d'archéolog'ues.
M. l'abbé Abgrall explique qu'il a été obligé' de
modifier la notation du cantique de Sainte Anne, a.fin
do lui donner la mesure de nos chants bretons. La
mélodie de ce morceau est d'ailleurs assez pauvro,
eHe s'est inspirée sans succès du rithme de l'hymne
de prime d'après l'hymnaire Grégorien, mais le com­
lJositeur était peu au courant de ce chant et Chl mou­
vement des gwerz bretons.
M. Duco'Urtio'Ux est d'un avis différent: il a entendu
chanter l'air primitif avec accompag'nemcnt de piano ,
et.la musique, quoique monotone , lui a paru agréable.
M. Serret achève la leeture du mémoire de M. 'l'ré ...
védy sur les pêcheries de Basse-Bretagne .
M. l'abbé Favé raconte ensuite, avee ' une bontle
humeur communicative, l'histoire de la petite localité
d'Ergué-Gabéric , de 1678 à 17 t 6, composée cl 'après
des renseignements extraits des' registres paroissiaux.
Il est question ,de tout, dans cet article fort intéres-

-" xxV -
sant: des usages, de la statistique, du commerce, de
éclipses de lune: Mais pourquoi M. Favé a-t-il ainsi
circonscrit son travail à ces quarante années? Il Y a
une grande lacune à combler, et c'est le seul défaut
eieuse étude; .
AI. l'abbé Abgrall demande à résumer .en quelques

mots une visite 'qu'il a faite aux monuments religieux
de plusieurs églises du département. .
Ainsi, à sigrùller au presbytère de Trégunc une belle
crosse en argent avec cette inscription :
Yves .:. DE .:. Rocherouze .
Sieur .:. DE .:. PENANRVN .:. EN
LAN. 1611·:· A .:. BAlLE .:. cette
A .:. N RE .:. DAME .:. KVEN.

volute a
Elle mesure 0 4 t de hauteur et la grande
011112 de diamètre. Au-dessus de l'inscription, est un
nœud eomposé d'èves et de rais do cœur en haut et
en bas. Le milieu est étranglé par une gorge autour
de laquelle sont rangés de petits anges drapés, portant
des banclel'olles, et entre deux de ces anges se trouve
un écu portant les trois fleurs de ly.:; de France avec
une étoile en chef. A partir de ce nœud, les deux eotés .
de la volute sont couverts d'une série de petits eom-
pal'timents carrés, daus lesquels se répète toujoUl's.le
même motif: un pot de fleurs à deux anses, au pied
duquel se trouv,e de chaque côté la lettr.e . H surmonté~

- XXVI-
d'une fleur de lys; au hau t: du bouquet, sortant du
vase, une troisième lettre H. Ce motif~ touj0urs le
même, se rapetisse, à mesure que la volute se rétrécit.
Dans le vide de celle-ci, une petite statuette de la
Sainte-Vierge.
La crosse paraît plus ancienne que la donation
rapportée à l'année 1611. Ne serait-elle pas du temps
d'Henri II ou d'Henri III? Outre cette crosse, le trésor
de l'église possède encore une croix de procession

monumentale.
A Spézet, près de Carhaix, se trouve la chapelle de
N otré-Dame-de-Cran, rel?1arquable par ses anciennes
verrières bien conservées: 1 fenêtre, côté nord, trois
baies: Baptême du Christ N. S., saint Jean et anges.
'le fenêtre, transept nord :
1 ° adoration des Mages;

2 adoration des bergers.
Les dais de couronnement, dans le style de la
Renaissance, sont absolument les mêmes que ceux
du vitrail de la chapelle du Rosaire, a Pont-l'Abbé, et
ont dû être exécutés par le même artiste.
3 fenêtre; tr ansept nord: Saint Laurent sur le gril;
une foule nombreuse assiste à son supplice. Inscrip­

tion mil v cinquante III (1553). Charles. Quampion ..
Fabrique.
Ile fenêtre , au chevet: 1 ° entrée de N. S. à J érusa­
lem; 2° prière au jardin des Oliviers; 3° baiser de
Judas; 4° Cène (changé de place); 5° N. S. devant
Pilate; 6° Flagellation; 7° Couronnement d'épines ;-

-' XXVII --

SO Ecce Homo.; go Pilate se lave les mains; t n Por-
tem,ent de Croix; 1 '1° Cnwifiement; 12° Résurreot.ion,
Dans le tympan se "oient oes scènes du jugement
dernier.
56 fenêtre, transept sud: '1° Saint Jacques, dans un
chariot trainé par des bœufs; 2° et 3° Saint .Jacques,
. lIn bateau; 4° , et 5° Martyre de l'Apôtre; 6° Saint
(ans '" .

(15. 18). Charles Quampion. Fabrique.
(-)c fenêtre: t ° Mort de la Sainte-Vierge, scène d 'une
oTandeur et d'une noblesse admirable; 2° l'âme de la
Sainte-Vierge est transportée au Ciel par N. S.; 3°
Notre-Dame est couronnée' au Ciel par le Père-Ihernel
et N. S. entourés d'anges.

7 fenêtre, côté nord, saint Eloy ferrant un cheval
'1550. V. D. ; deux niches à volets abritent les statues

de N. S. et de Notre-Dame.
A Trémaouézan, le porche de l'églü;(> rappelle celui
de Guimiliau. Sur la frise, est sculptée l'inscription
suivante: D01nus, mea, donl,us orationis 1)ocebitur.
1623. La grande galerie ménagée sur la façade a pu
servir de chaire à prêcher. Sur la frise intérieure, la
date de 1610; Sur le socle de la statue de saint Pierre
Au fond du porche, se trouvent deux portes gémi-
nées tout-à-fait gothiques, ornées . de beaux felûllages
et séparées par un trumeau auqu'el est adossée une
statu~ de la Sainte-Vierge, drapée comme les statues

, . XXVIII .'
du Folgoët. Il en est de même de quelques-unes de
celles des apôtres, tandis que d'autres ont des cheve-
lures à la Louis XIV,
Les dates de 1577 et 1630 sont gra\'ées sur le côté
sud de l'église. A remarquer enfin, à l'intérieur, un
catafalque en bois, très curieux , ayant' des sculpturos
du temps de François lei'. .

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à
4 heures 1/2.

Le Président,
F .'-M. LUZEL .
Le Secl'étaire,
Vicomte DE BLOIS ,

XXIX

Séance du 25 Juin 1891.
Présidence 'de . M. le Vicomte DE LA VILLEMARQUÉ,
membre de l'Institut.

Présents: MM. ~10RCRETTE, GUÉPIN, LE CAR-

GUET, ABGH,ALL, FAVE, MALLEN, JENKINR
JONES, LE MAIGRE, PEYRON et DE BLOn~. '
Le procès-verbal est lu 'et adopté, après avoir donné
lieu à plusieurs rectifications. Ainsi, M. l'abbé Abgrall
qu'il a simplement modifié la notation
fait observer
en musique du cantique breton de Saiilte-Anne d'Auray
et conservé au contraire, sans y rien changer, la no­
tation du plain-chant.
1 '1. le Président relève une autre inexactitude. Les
cendres soumises, à l'exalllln de .M.le baron du Fretay
n'ont pas été recueillies dans la sépulture anc.ienne , de
mais dans ' un moi1ument funéraire ' déjà ,
Kerleoguy,
fouillé par Cambry, situé au Poteau-Rouge, près " de
Quimperlé.
Enfin, on a signalé la similitLlde des décorations qui
existe entre les verrières de la chapelle de N.-D. de
Cran et celles de l'église paroissiale de Pont-l'Abbé;
c'est Pont-Croix que l'auteur avait désigné.

Ouvrages reçus et déposés à la bibliothèque depuis
l;;t dernière réunion:
1 ° Revue historique.de .z'Oue6t, mai 1891 ;
'20 Histoi -re cles Religions, 12° année, livraisons de
mars et avril; ,
3° Société archéologique de Bordeaux, t. 14 et 15;

IJ:° Société I-Iâvraise d'études, les quatre trimestres

5° Revue d'Anthropologie, 17- année , t. 3.
lU. le Président a de plus reçu de M. le Ministre de
l'Instruction publique un 'envoi de dessins représen-

- xxx-
tant des sujets tirés de la célébration des jeux olym­
piques (vasi panathenaici). Nous possédons, grâce à
la libéralité de l'Etat, une série de 23 planches fort
être réunies dans un album spécial
curieuses qui vont
et placées au Musée ~épartemental, conformément aux
intentions de Son Excellence.
M. Luzel, retenu hors de Quimper par le service
d'inspection des archives communales, 'n'a pu déposer
rapport relatif à l'acceptation du legs de 1,000 fI'.
son
fait à la Société d'archéologie du Finistère.. M. le
Président le supplée. Lorsque s'ouvrit la succession
du testateur, la Société, qui n'était pas encore reconnue
comme établissement d'utilité publique, se trouvait inca­
legs. Les héritiers ne ti~rent pas
pable de recueillir ce
cette déchéance pour définitive, et quand la reconnais­
sance officielle de la Société eut été obtenue, ils voulurent
remplir les intentions de leur pare,nt. Avec autant de
zèle que de compétence, MM. Luzel et Hardoüin s'em­
pressèrent alors de former le dossier de cette délicate
affaire et de la soumettre à l'approbation des pouvoirs
publics. Dans ces circonstances, le concours de NI .
Hémon, député de Quimper et notre confrère, a été
partieulièrement utile. Ses démarches auprès de Ja
section du Conseil d'Etat et du Ministre de l'Instruction
publique ont pleinement réussi, et aujourd'hui le Préfet
du Finistère vient d'adresser à M. de la Villemarqué
ampliation du décret présidentiel qui autorise la 80-
ciété à accepter définitivement le legs en question .
Nous devons, à notre tour, des remerciements sincère~
à MM. Hémon , Luzel et Hardoüin pour leurs bons
offices. .
n membr~ de la Société ' des bibliophiles bretons
et de la Société archéologique des Côtes-du-Nord de­
mande si ces titres lui donnent le droit de profiter de
la réduction de prix accordée aux membres . de notre
Compagnie pour l'acquisition du Cartulaire de Landé­
vennec. On décide qu'il n'y a pas lieu de donner
suite. à cette proposition. D'ailleurs , l'ouvrage n'est
pas terminé. .
. Et à ce propol , lV,[. le Président est heureux de dire

, ' XXXI - ,
e M. de la Borderie met la d'ernière main à l'intl"ü-
( u, . l' , 1 fi d'
o ; malS auteur n a vou u lxer aUcune ate, a
chaIll
trepris le nouvel academlClOn et qu Il mene de front.
;vI. le Secr'éta'irc donne lecture d'une lettre par la-'
avait deJa faIte en 1879, de ceder gratUItement 'a la
Société la propriété d'un dolmen qu'il possède dans
la commune de Brennilis. Suivant l'acte d'achat passé
devant Me Le Guyader, notaire à Brasparts, l'immeuble
se compose d'un lllonument antique, appelé Dol-l\Ien,
situé dans la garenne dite Goarem-Boudiquet, inscrite ·
au plan caùastral de la commune de Loqueffret, sec­
tion de Brennilis, avec un emplacement et une largeur
de terrain de deux . mètres trente-trois centimètres
environ tout autour du dolmen, y compris le fossé que
l'acquéreur aura le droit de faire; ladite largeur de
terrain devant se mesurer à partir de la seconde rangée
de pierres qui entoure le monnment.
Les membres de la Société accueillent avec faveur
cette communication et expriment leur gratitude à M. de
Kerret pour l'intérêt qu'il prend à la conservation de
nos vieux monuments celtiques. Si cette offre avait
revêtu la forme d'un projet d'acte de ' donation, la
Société aurait pu solliciter l'autorisation d'accepter
eette libéralité et subordonner sa réponse à la décision
de l'autorité. En tout eas, il convient d'exposer la
difficulté actuelle à 1\1. de Kerret, et de rechercher,
d'ici la prochaine réunion, les moyens de réaliser ses
intentions en accomplissant toutes les prescriptions .
légales.
AI. Le "Ca1'guet exhibe plusieurs spécimens de haches .
ou instruments en pierre dont il explique la destina­
tion et l'usage. Il donne, en outre, d'intéressants détails
sur les stations gauloises et romaines qu'il a explorées
ct sur les objets qu'il y ,a découverts .
. Notre confrère offre à la bibliothèque de la Société
un volume ~le la Revue d'Anthropologie .

. . XXXII
l'v!. l'abbé Favé lit un luémoil'e qu'il intitule mo­
destement Recherches sur l'ancien Cantique de Ker­
clevot, et qui devient sous sa plume une page émou­
vante de l'histoire maritime de la France au commen-
cement du XVIIF siècle. Le cantique de 56 strophes
fut composé en '1712. Deux faits bien déterminés en
fixent la date. Au début, l'auteur explique qu'il écrit onze
ans après l'accident qui détruisit la tour de l'église, acci­
dent survenu, comme on sait, en t 701; et, plus loin, il
raconte avec détails la protection obtenue par des
. luarins venus en pèlerinage pendant le carême précé­
dent pour accomplir un vœu qu'ils avaient fait à N.-D .
de Kerdevot dans un moment de pressant danger. Il
s'agit de la terrible tempête qui assaillit, à la hauteur
des Açores, la flotte de Duguay-Trouin lorsqu'elle
rentrait en France a.près la prise de Rio-Janeiro. L'in­
trépide marin a laissé dans ses mémoires une descrip­
tion saisissante de cette tempête. Le Lys, qu'il com-
111andait, se trouva tout-à-coup englouti jusqu'à son
gl"and-mât : « l'effort qu 'il fit pour déplacer cette
fi: épouvantable colonne d'eau dont il était affaissé,
« nous fit dresser les cheveux et envisager penda.nt
C( quelques instai1ts une mort inévitable au milieu des
« abymes de la mer. La secousse des mâts et de toutes
« les parties du vaisseau fut si grande, que c'est une '
« espèce de miracle que nous aions pas péri; et je ne
cc le comprends pas encore. » Voilà le danger auquel
avaient échappé nos vaillants marins et dont ils ren­
daient grâce à N.-D. de Kerdevot.
M. Morctette dépose sur le bureau un long et patient
travail dans lequel il a inscrit, sous forme de tab le
générale, tous les nlémoires qui ont été publiés par la
Société depuis dix-sept ans, le nom des auteurs, les
. numéros et les pages du Bulletin où l'on doit les re­
chercher.' Ces indications précieuses seront imprimées
à la suite du volume en cours de publication .

Notre confrère, revenant SUl' sa communication de
la séance du 27 mai, à propos du coq de Quimperlé,
soumet à la réunion la note sui vante contenant quelques '
l'enseignements SUl' le coq , emblème ou symbole.

-" XXXIII . _

cc Le coq paraît avoir été pris comme emblème depuiR
temps les plus reculés; il figurait sur les monu- '
les
ments antiques auprès de quelques divinités dont il
e;~t le symbole, et Pausanias nous apprend notamment
que le casque de Minerve, dans la citadelle d'Ells,
était surmonté d'un coq.
« Les Grecs avaient la cOllitUll1e de sacrifier un coq ,
à Esculape lorsqu'ils relevaient de maladie e~ l'on sait
que Socrate., quelct.ue~, instants avant de .mourir, rt:­
commanda a ses dISCIples de ne pas oublIer de sacrl­
Der un coq à Esculape, sans doute parce qu'il consi­
dérait la mort comme une délivrance des maux de
cette vie.
c( Le coq joue un grand rôle dans l'iconographie
ehrétienne : il est donné comme emblème à saint
Pierre, qui fut rappelé au devoir par son chant. Mais
c'est surtout éomme symbole de la résurrection que le
coq figure sur les tom beaux chrétiens des premierf:;
'siècles. Ce fait est expliqué par un passage de sain t
Clément: Dies et nox resuri'ectionem nobis dccla­
l'an t : cubat nox, exsurgit dies. Il est donc naturel
que voyant dans ]e jour et la nuit une image de la
résurrection, on ait pris comme symbole de la résul'­
rection le coq, ce héraut du jour, prœco diei, comme
rappelle saint Ambroise, dont le chant annonce, dès
l'aurore, le réveil de la ùature.
cc Ce qui avait contribué à faire regarder le coq comme
un emblème de la résurrection, c'était la croyance
généralement répandue que le coq avait annoncé la
résurrection du Christ. .
« N'oublions pas d'ajouter que le coq est. peis aussi
eomme symboh~ de la vigilance chrétienne.. '
1( Enfin, les musulmans eux-mêmes paraissent avoil'
adopté le coq. D'après les traditions orientales; chaque
matin, dans le paradis de Mahomet, un coq gigan­
tesque fait entendre un chant de louange en l'honneur
d'Allah et les eris nlatinaux des coqs ' de la terre ne
sont que la répétition de ce chant. ». ,
Cette note intéressante est extraite du Grand Dic-

XXXIV '-
tionnaü'e du XIXe siècle de Laroul:lse, dont la ~eience.
si souvent en cl.éfaut, est ici justifiée par 1er.; faits.
Le Président termine la séance par l'exhibition
d\m 1nércau très curieux, trouvé à Quimperlé clans
les fondations de l'ancien presbytère de la ville, en
même temps que la crosse abbatiale dont il a ék
question.
La séan~e . est levée à 4 helIres '1/2.
Le Président)
HER8ART DE LA VILLEMAR(~UE.
Le Secrétaire)
VIC0111'E DE BLOIS .

ASSOCIATION BRETONNE
.j.je SESSION

Classe d'Archéolo e et d'IIistolre

PROGRAMME
IJes (J:l.w.slion.') rn"oposées au Congrès qui sou'rri'l'a ri St-Servan
. le 7 Septembre 1891.

Histoire générale de la Bretagne .
t. Décrire les mou yemen ts du sol. et la formation d LI
littoral de la Bretagne depuis les temps les plus anciens.
principalement dans la région comprise entre le cap Fréhel
et le Mont Saint-Michel.
2. Étudier les monuments mégalithiques et les antiqui- '
tés préhistoriques de la péninsule armoricaine . .

- ' xxxv _.
, 3. Dresser la liste. complète des · saints de Bre~agne:
étudier spécialement les moins connus.
4. Histoire de l'agriculture en Bretagne; documents sur
sur la culture de la vigne, au moyen-âge, dans les diverses
de notre province. .
parties
a. Documents sur les haras et sur l'élève des chevaux
en Bretagne, antérieurement au XIXe siècle.
6. Histoire de la milice garde-côtes et de la milice pro-
viilciale en Bretagne, aux XVIIe et XVIIIe siècles.
7. Signaler les principaux monuments existant hors de
Bretagne, et aussi les principaux documents écrits, recueil­
lis en dehors de notre province, qui peuvent, les uns et les
autres, éclairer son histoire.
8. Principales publications récentes relatives à l'histoire
de Bretagne.

Histoire locale.
~. Aleth à l'époque ancienne, d'après les documents
historiques et les ruines gallo-romaines de cette ville . .
'10. Aleth aux époques mérovingienne et carlovingienne ;
origine et formation de l'évêché d'Aleth.
'11. La Bretagne dans les chansons de geste, et en par-
ticulier, la ville et le pays d'Aleth dans la Chans-on d'Aquin.
'12. L'ancienne cathédrale d'Aleth ; translation de l'évè-
ché à Saint-Malo.
13. Origine, développement, histoire de la ville de Saint.-
Servan. .
'l4. L'architecture militaire en Bretagne au moyen-âge;
·de la tour Solidor.
histoire et description
1 .a. La Rance : htstoire de ce fleuve et des seigneuries,
paroisses, églises, châteaux, monuments divers situés sur ses ,
deux rives, de Saint-Serval}. à Dinan.
'.16. Les A.nglais à Saint Servan, en 17a8.
III. .
Philologie, histoire littéraire et artistique.
17. Langue, chansons, contes et usages populaires de )a
:lIaute-Bretagne, spécialement dans le pays de Saint-Servan,
Dol et Saint-Malo. .

XXXVI -

18. Histoire littéraire de la Bretagne ' et Biographie
bretonne (études sur les hommes illustres et les hommes
remarquables de cette province) spécialement en-' ce qu i
touche le même ,pays.
19. Présenter au Congrès le plan d'une Iconographip
b1'etonne, c'est-à-dire d'un Catalogue métodhique et raisonné
de tous les dessins, gravures, peintures, sculptures, statues el
images quelconques, relatiyes à l'histoire de la Bretagne ou à
celle des Bretons. Signaler les monuments et documents dr.
toute nature propres à prendre place dans ce cat.alogue,
. lIotamment en ce qui touche les saints de Bretagne.

En debors des que~tions qui précèdent, tous aulr'es sujets
concernant l'histoire de Bretagne peuvent êtl'e traités dans les
séances du Congl'ès, mais seulemellt avec l'autorisation expresso
. (lu bur'eau de l'Association br'elonne .

Aux termes de l'article Î des statuts de l'Association l)/'elOl\lle,
toute discussion l'eligieusc ou politique est interdite .dans les
seances du COllgr'ès.
Pendant la semaine du Congr'ès, la classe d'Ar'chéologie do
l'Association bl'etonne tient Lous les jours une séance particulière
a 8 heur'es du matin, et une séance publique à 8 heu l'CS du sail'.
Un des jours de la semaine es\, consacré à \.llJ e .excut·sion
al'chéolog~que, dont la date est fixée à la premi{'rc séance .

XXXVII -
Séance du 30 Juillet 1891.
Présidence de MM. BIGOT et Vicomte DE LA VILLEMARQUÉ,
membre dé l'Institut.
Présents: MM. LUZEL; .1ENKl~S JONES; DE
BÉCOURT; LE MAIGRE; 'MALLEN; baron DU
FRETAY; LE CARGlJET; ABGRALL; DUCOUR-
TIOUX; FAVE; DIVERRES; René ALLAIN; SER-
RET et DE BLOIS.
L'ordre du jour a fixé , au commencement de cette
séance, l'élection des men1bres appelés à compo8er le
bureau annuel de la Soeiété, conformément aux dispo­
sitions du règlement.
NI. Bigot, architecte diocésain et doyen cl 'âge,
ayant pris place au fauteuil, déclare la séance ouverte
et invite les sociétaires présents à dépose!' leurs votes
dans l'urne du scrutin.
Après le dépouillement des bulletins, le président
annonce que le nouveau bureau se trouve composé de
la manière suivante:
Président :. H e1'8a1't de la Vi lleJnn1'qué, membre
de l'Institut; .
Vice-présidents : AINl. Luzel, conservateur des
archives; Baron du Fretay; Abbé Paul Peyron,
chancelier de l'évêché ;
Secrétaires : l\lM. Vicon7,le de Rlois, SeTrel et
Le Braz ;
Trésorier: 1.1. Le l'\1aig1'e.
M. Bigot réclame, clans les termes les plus aima­
bles et les plus délicats, comme un privilège .de sa
fonction intérimaire, le droit d'adresser ses sincères
, compliments à M. de la Villemarqué, dont le zèle et
dévouement constants ont si puissamment contribué

XXXYIH . _

depuis quinze ans et vont de nouveau contribuer au
développement et à la prospérité de la Société archéo­
logique du Finistère.
1 '1. de la V illerna l'qué remercie et attribue la
meilleure part du succès aux travaux justement
remarqués de ses collègues. En tête des services
rendus à l'archéologie et aux beaux arts, il faut placer
la construction des admiracles flèches do la cathé­
drale de Saint-Corentin, exécutées d'après les plans de
M. Bigot. C'est un chef-d'œuvre dont nous devons
être fiers, parce qu'il prouve que les grands architectes
du moyen-âge ont laissé parmi nous des maîtres
capables de comprendre et d'achever leur œuvre .
J.\1. de Bl07:S, un cles secrétaires, donne lecture du
procès-verbal qui est adopté sans observations.
Liste des ouvrages reçus et déposés à la biblio-
thèque depuis la dernière réunion :
1° Re-vue celtique, juilletJ891, vol. XII, n° 3 ; ,
2° Société Bretonne de Géog l'aphie , '1 Qe année, 1891 ;
.']0 Journal des Saoants, livraisons de mai et
juin 1891 ;
4° Bulletin hisloriqu.e et phûoloÇJique du C01nité
T-ra-vaux historiques el scientifiques, 1891 ;
des
5° Bibliographie des TTavaux hisloriq aes et archéo­
logiques, publiés par les Sociétés savantes de France,

tome II, 2 livraison.
M. Luzel annonce que M. Joseph Loth, dont le
bulletin do notre Société a souvent mentionné les
savantes publications, vient d'être nommé doyen de
la faculté des lettres de Rennes. Nous applaudissons
'chaleureusement, dit M. le Président; au choix du
ministre, car personne n'est l,lus propre que le nouveau ·
titulaire à occuper le poste laissé vacant par la mort '
du regretté M. Dupuy et il donner une sérieuse im-

. ""XIv
puü;ion aux recherches historiques et linguistiques
qui éclairent les premiers âges des peuples (le la .
péninsele armoricaine.
Ai. le Président fait ouvrir une caisse envoyée par
M. le vicomte de Kerret et contenant un vase et des
ossements recueillis par M. F'uric, ancien maire de
Locqueffret, dans un dohnen de cette commune.
Le vase, en terre noire , d'un grain assez grossier,
a deux anses presque plates; autour du gouleau,
plusieurs rangées cil'culaires de traits couchés l'epré-
' sentant des feuilles de · fougère; sur la panse, des
chevrons entrelacés. En somme, cette poterie, d'ori- ,
gine Gauloise, est plus remarquable par son bon état
de conservation que par. le mérite de son orneme'n- ,
tation. Elle a du servir d'urne funéraire. Cependant,
les ossements que l'on a joints à cet envoi, s'ils pro­
viennent de la même chambre sépulcrale , ne parais­
sent pas avoir été soumis à l'action du feu.
Ai. le Baron du Fi'elay ne voudrait pas 'que l'on
tirât de cette apparence une conclusion, parce que,
dit-il, dans l'accomplissement du rite funéraire, il
n'était pas ,nécessaire que les os fussent littéralement
réduits en cendre; des circonstances particulières
avaient bien pu rendre incomplète la cOInbustion du
corps exposé sur le bûcher. ,
1\1. l'abbé l-1bg1"all rend compte de l'exploration
.d'une voie romaine , qu'il a suivie depuis Quimper
jusqu'à Tronoën, en compagnie de M. Ducourtioux.
L 'honorable directeur des contributions directes
avait relevé la direction de cette voie sur les plans
du cadastre d'uue manière tellement exacte que les
voyageurs n'ont eu qu'à vél~ifier sur les lieux les indi­
cations four'nies par les cartes et à questionn er les
voisins SUl' les traditions du pays.

Depuis son point de dépal't de Quimpel', la yoie suit
une ligne droite qui, prolongée, passerait au n1iliell
de la station de TI'onoën, vaste eamp retranché, don t
le côté mesure environ 800 mètres de longueur; mais,
à trois kilomètres en avant de l'oppidum, la voie se
bifurque et forme deux tronçons menant le pr·emier
au nord, le second au midi des retranchements. Un
examen plus attentif des lieux fournirait pent-être
l'expliea,tion de ce tracé singulier qui pourrait être
justifié par les nécessités de la défense.
1\11. Le Ca1'gw-et, à propos de l'église fort curieuse

de Saint-Ujen, située vers la pointe cl'A udierne, a
une gerbe précieuse de traditions et de vieilles
cueilli
légendes qu'il a contées avec un charme qui séduira
tous les lecteurs du bulletin. Analys~r serait déflorer
son récit. Il suffit de savoir qu'en lisant ce mémoire
on apprendra pourquoi le saint guérit de la rag'e ; la
confiance qu'il faut. avoir dans la clé miracüleuse
conservée dans le beau reliquaire d'al'gent de régli~e ;
la yertu spéciale, pour calmer les maux de dents~ des
p~tits p~ins bénits marqués avec la clé et appelés Bara
ann.Altë; enfin l'expulsion des Ang'lais et le triomphe
des Bretons. .

La séance est levée a cinq heures.
Le Pl'ésident,
HERSAnT DE LA VILLEMARQUE.
Le Secrétaire,

Vicomte de BLOIS.

.. ;XLI - '

Séanèe du 27 Août 1891 .

Présidence de M. le V HERSART DE LA VILLEMARQUÉ,
membr.e de l'Institut.

Présents: MM. LUZEL, BiGOT, MALLEN', Baron
DU FRETAY, Vicomte DE VILLIERS DU TERRAGE,
ABGRALL, LE CARGUET, LE MAIGRE, René
ALLAIN.
Après lecture et adoption du procès-verbal de la
séance précédente, M. le Président fait obse~ver que
si, lors de la réelection du ba,reau de la Société, on
à tl'0is le nombré des vlce-'presi4.
a porté seulement
dents, c'est par déférence respectuel!lse 'pour Inn titu­
laire qui existait eNcore en ce moment, rn-ais qui ne
jouissait plus que cl 'un reste de vie. Oepuis eetle da,te)

le 16 de ce mois, Mgr du Marhallac'l'la rendu le
dernier soupir, et n0US portons aujourd'hui le d,euil
de celui qui fut si longtemps notre confrère, èt ;pendant
dix-sept ans 'vice-président ele :rlotre Société.
M. le PrésidC'1~t ~ regardé comme un devoir rle.
pron'Ûncer im'B1édiatemeJilt féloge funèbre dll regretté
et vénéré ùéfuut, et dans un langage ému .il a ,rendu

- XLII -
un juste hommage à ses talents si rares, à ses qua­
lités éminentes et en en même temps si modestes.
Quelques membres ont exprimé le regret que
M. Trévédy, notre ancien vice-président, ait été
comme l'objet d'un oubli lors des éleetions. Notre
honoré et dévoué confrère, qui nous fournit tant de
travaux savamment étudiés, n'a point été réellement
victime d'un oubli, mais plutôt d'une omission invo­
lontaire : s'il l1'a point été réélu comme vice-président,
parce que son éloignement de Quimper rend pour lui
impossible toute présidence effective, on lui a maintenu,
d'après le vœu unanime des membres présents, le
titre de vice-président honoraire.

Ouvrages reçus et déposés à la bibliothèque depuis

la dernière réunion :
Notice sur le monument circulaire de J.Villizien,
en Silfiac (i'vIorbihan) , par M. Le -Brigand;
Bulletin de l'Acadérnie Delphinale ; ",
iVléÎnoires et bulletin de la Société des Anti-
quaires de Picardie;
Revue histo'rique de l'Ouest;
de l\Tantes;
Bulletin de la Société archéologique
Mémoil'es de l'Acadé1nie de Nîmes;
Bulletin arChéologique. - Envoi du ministère de
l'Instruction publique et des Beaux-Arts;
Heche" rches historiques sur les O1'igines littéraires
de l'ancienne pro'l,;'Ïnce de Bretagne, par dom Plaine i

- XLIII -
L es symboles, les emblê1nes et les accessoires du
culte chez les An nanûtes, par J. Dumontier. '
Est admis comme membre de la Société: M. l'abbé
Arhan, vicaire à Lanmeur, présenté par MM. Peyron

et Abgrall. '
Sur la proposition de M. le rnarquis de Brérr.wnd
d'Ars, de MM. Astor,' Louis Hémon, de , Kerjégu 'et
de Raisrnes, nos confrères, le , Conseil , général , du
Finistère a porté à 700 francs, au lieu de 200, l'allo-
cation annuelle qu'elle faisait a notre ' Soci.été. Le

rapport a été " fait par M. de Bremond cl'Ars.' La

Société archéologique adresse ses vifs renierciements
, au Conseil général, sur la bienveillance et la sym-
pathie duquel elle est habituée à compter.

11ft. le Président, faisant à juste titre remarquer la

beauté et la valeur de notre galerie ethnographique,
et considérant que le stoc des photographies ou des
dessins gravés représentant cette collection originale
se trouve à peu près épuisé, e~prime le vœu qu'il en
soit publié des dessins en couleur. Cette reproduction

coloriée ferait mieux ressortir la richesse et la yariété

de nos vieux costumes bretons, et la vente des dessins

pourrait ainsi prendre plus d'extensiOri. Il y aurait

donc lieu d'inviter M. Beau, directeur du musée et
organisateur de cette galerie, à refaire son : beau
cressin à l'encre de Chine, on plutôt à exécuter une
nouvelle aquarelle }lu'il ferait ' reproduire en cou-

leurs, par les procédés les plus perfectionnés. '

- ' XLIV -
h{. Luzel donne lecture c\e la suite du. travail de
M. Trévédy sur les pêcheries et sécheries de Léon e·t

de Corno'uai lle.
Ensuite', M. l'abbé Abgrall lit le préambule d'une
étude qu'il intitule : Iconographie bretonne~ et qui
se limitera nécessairement aux reprësentations sculp­
tées et figurées du seul département du Finistère ..

- Al.' le baron du Fretay, avant de lire un mémoire

annoncé . pour cette séance, demande la pp.rmission de
à titre de document plutôt historique que
signaler,

géologique, des traces nombreuses de pluies de mé-
, téorides sur plusieurs points du département, et no­
tamment à la pointe de Losmarc'h, ' en Crozon. Ces
météorides affectent la plus grande variété, comme
forn1es et comme dimensions .

. AI. du Fretay lit ensuite la relation de ses fouilles
d'abris sous roches et de dolmens aux environs de
Penfoënnec, en Poullan. La description de ces monu-
ments est faite avec une grande clarté, et la pomen-

clature des o,bjets qui en formerlt ·le mobilier est
détaillée avec soin .

A 'propos d't.~n de ces abris, cQnp.u sous le nom de
Kambr-ar-Geor, et qu'on traduit dans le pays par
Chambre de la Chèvre, M. de la Villemarqué et
M. L,uzel font remarquer qu'il s'est établi une confu-
sion, que le mot primitif
signifiant géant en breton,

est Gawr ou Gaur. Il
e~t dOllq probable qqe pe

- ' XLV -"

oreux de rocher signifiait originairement « chambre ·
géant», comme Ga wrinis doit Fignifier aussi :

cc île du géant ».
/'.1. Le Carguet dit, aVQir fouillé qifférents abris
couverts et quelques grottes, qui portent le même
nOln et dont I exploration lui a toujours fou.rni des
gaulois.
objets
M. de Villiers du Terrage demande si cette déno­
ne p.eut pas êtr-e rapPI.'ochée c'e c.~lle des
mination
grottelil de Gargasse, dans. le L01.,et-Garo~nç, QÙ l'on
des mobilier~ très riches et ç\ont le nOql a..
a trouvé
quelqu. rapports aveç celuj cle Gar-gantlla, qui est

c\ésofma~$ la personnification du gçant.

La séance est levée à 4 heures 1/2.

~e Préside.nt,.
HERSAHT DE LA VILLEMARQUE.
Pour le S(}crétair:e,

_. XLVI -

ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL
MONSEIGNEUR DU MARHALLAC'H

· La presse a énumél~é les mérites de l'homme éminent qui
eut voulu rester inconnu et être compté · pour rien. On 'a dit
sa naissance dans une famille de croisés authentiques; ses
. etudes de droit et de médecine entreprises pour servir les

pauvres de son pays; son entrée au grand séminaire de
Quimper, après la mort d'une jeune femme et de trois enfants
son .départ, à l'âge de soixante-deux ans, pour la
chéris;
guerre de 1870, comme aumônier des mobiles du Finistère;
, sa décoration sur le champ de bataille; sa nomination comme
député, puis comme curé d'une île sauvage sans église et sans
pasteur, puis comme grand-vicaire du diocèse, enfin comme
proto-notaire apostolique, par le Saint-Père. Il reste à parler
de l'archéologue qui a été pendant dix-sept ans vice-président ·
de la Société archéologique du FinistèI:e.
Bien avant 1873, époque où, sous la présidence du savant
modeste Aimar de Blois, il partagea chez nous les fonctions
de son beau-frère, M. le comté de Carné, de l'Académie
il avait fait ses preuves en découvrant les ruines·
française,
romaines, si célèbres, du Pérennou. L'éloge du jeune anti­
depuis le Bulletin monumental de M. de
quaire est partout;
Caumont jusqu'au Guide-Joanne de M. Pol de Courcy, tous

-' XLVII -
les maîtres en archéologie ont , loué sa méthode et sa perspica-

cité.

Dernièrement encore, dans le !lulletin de 1890, (t. XVII,.
p. 2n8), notre confrère M. l'abbé Abgrall publiait le plan et
la description de la villa et des thernes du Pérennou, d'après
des fouilles nouvelles de Mgr du Marhallac'h. On peut voir
une partie du résultat dans la salle du musée de Quimper,
Mgr du Marhallac'h a fait don de plusieurs tuiles de
auquel
couverture recueillies dans les déblais .mêlées à des fragments
de vase en terre de Samos. La cour du même musée a été

ornée par sa générosité d'un fac-sùnile de l'hypocauste des
bains romains, construit avec des piles et des carreaux en
bl'iques apportés du Pérennou. '

Les ruines romaines "ou gallo-romaines fouillées à l'aide
des journaliers de son père, à qui la Révolution de juillet
de faire des loisirs, amenèrent le jeune antiquaire à
venait
où son esprit critique fit preuve
étudier d'autres ruines
en ce temps-là.
d'aptitudes expérimentales tout à fait rares
Il trouva le moyen de rattacher scientifiquement la plus.
poésie des Armoricains à celle des Gaulois. De
ancienne
là des études solides qui ont donné une base sérjeu~e à
des imaginations patriotiques; plus d'une, attribuée à M. Louis

de Carné, a même reçu l'hospitalité dans le Dictionnair'e de la
conversation, et le journal des Débats a fini par leur donner sa
consécration littéraire. On en jugera par les extraits d'un
rapport vraiment magistral:

« Un mouvement remarquable se produit dans les études
historiques, écrit-il, le 19 octobre 1838, date importante à cons­
tater. Les provinces de France qui jouirent d'une existence

- XLVIII -"
prop"ri:~, " ne la voient pas s~éteindre san's jeter un coup d'œil de
regret sur un passé sans avenir. Des bardes chantaient à leur
bètcêàu; des antiquaires s'efforcent, à leur 'déclin, d"arracher
311 néant des souvenirs d'une vie qùi s'èèhappe. On se plaît
àu récit mi'nùtièux d'e's gloires domestiques,; on s'attaché avec
arnouî' à ce'S ruihe's croulantes 'qu'un flot nivele'ur envahit, et,
prètà g'èfIàéer dahs l'Dcéàn de l'oubIl, on veut aù moins
lal'ssel' à 1a surf~ce ~''i'l\ventahè d"é 'Ses monuments et les actes
aut'hel'rtiq'ùes "de so'n histoü'e. » ,",
Parmi les diverses nationalités absorbées par la centrali-
sation françaîse, la Bretagne lui semble avoir conservé le plus
de force vitale, le plus d'individualité. « Son isolement, sa
langue, ses anciens privilèges, son immobilité dans ses viei1les
" croyances, cOl'lî'me dé's -ancres mou'tl1ée's dM1S le cou'rant des
s1'ècles, dit-il, avec autant d:e sagess-e qùe d"él oq'u è'n ce , sOnt
autant 'èJ~ po'irits d'appui cO'ntre l'invincible fOl'ce , ,qui 'l'en-
traîne. »

De l'autre côté de la Manche, il trouve une race de même
ol iginé 'qUè lè's Bretons du co'ntinent 'et q'ui a lutté conti'e les
en'Vahisserrre-ilts de l'Angleterre a'Yec la mêmé léna-cité. Il
disÙrrgû'e qùe'lques caractères commuhs chez les gens du pays de
Gài1es et 'chez nous; èe ri~est pas s'ans un èertatn charme qu'il
recoilnatt 'ici et là des 'ti'arts 'à dem" i-'efIacé's :
. « Nulle part, depuis cinquante ans, reinarque-t-il, on ne
fouille avec plus d'ardeur la poussière du passé; lesparche­
mins vermoulus sortent des archives, on publie les vieùx
mahü'scrits, on 'l'eéUei11e les éhants populaIres el 1'on 'se prend
à 'vénérer 'lés d~bris des te" mps a:ntiques. Livrés à des études
an'alog'Oes, '}lu'isant souVent aux mêmes so"U'rces, les Bretons

XLIX

et les Gallois se trouvent naturellement rapprochés par les
mêmes sympathies. »
Le critique ajoutait avec une pointe de poésie pleine de,
sens: (( Si l'on ne retrouve plus l'aliment nécessaire à la
flamme sacrée qui répand la chaleur· et la vie dans le corpsf
on peut encore f~ire jaillir le feu d'artifice dont l'éclat
social,
et pénétrant illumina un instant la nuit. »
rapide
Cette nuit, il lui fut donné d'y assister le 1:2 octobre 1838,
et il l'a décrite.
FL'3ppé de cet étrange mouvement national, Lamar­
ne dédaigna pas de célébrer la frater-
tine lui-même
des Bretons et des Gallois, dans la ville
nité renaissante
ses Recueillements ]JOétiq'ues, il en
d'Abergavenny; si, dans
place, par distraction, la scène en Ecosse, ses vers n'en sont
pas moins vibrants. Voici le toast où le grand poète prêta sa
voix aux Bretons d'Armorique:
Quand ils se rencontraient sur la Yagne ou la grève;
En souvenir viv:Jut d'uu antiCJue départ,
Nos pères se montraient les deux moitiés d'un glaive
Dont chacun d'eux gardait sa symbolique part..
I~rère, se disaient-ils, reconnais- tu la lame,
Est-ce bien là l'éclair, l'ean, la trempe et le 111 ?
le même jet de flamme,
Et l'acier qu'a fondu
il fibre se rejoint-il ?
Fibre
Et nous, nous vous disons : « 0 fils des mêmes plages,
Nous sommes. un tronçon du vieux glaive vainqueur :
Regardez-nous aux yeux, aux cheveux, au visage;
Nous reconnaissez-vous à la trempe du eœur? J) .
Mais ce nefut pas uniquement (( à la trempe du cœur )) que
les Bretons et les Gallois se reconnurent: un chant armoricain,
en !'honneurdes aïeux communs, fut chanté à la fête, où l'auteur

s'était seni, autant que possible, de termes encore "usités dans
le pays de Galles: « Nous ne soupçonnions pas dans le peu,ple
qui nous entourait, dit M. du Marhallac'h, assez de foi dans

la religion du passé pour prévoir l'effet magique produit par
cette démonstration vivante d'une origine commune. Étonné
de comprendre la voix de l'auteur, il se dressait sur les bancs,
les chapeaux s'élevaient dans l'air, et les trépignements qui
ébranlaient la salle n'étaient plus un simple témoignage de

satisfaction, ils trahissaient une émotion réelle. » (JO'Ltrnal

des Débats, 22 octobre 1838.)
Quelque cinquante ans après, le 23 décembre 1890, Mgr du
Marhallac'h écrivait: « Désormais, hélas! je suis le seul

témoin de la fête. »
A son retour, on lui demanda pour le Diction­
naire de la conversation de nom"eaux articles, et il
-répondit par un tableau des monuments et paysages du
Finistère, où son pays natal était peint de manière à faire
envie à celui qu'il venait de visiter.
L'âme de nos monuments teligieux, le culte conservé des
patrons de la race le frappait surtout en Basse-Bretagne. Ainsi,
quand il fut devenu Grarid-Vicaire de Quimper, l'évêque fit.
appel à la science exacte de notre vice-président: Mgr Nouvel
le pria d'examiner sévèrement l'authenticité des reliques du
patron du diocèse,saint Corentin. La conclusion des rech~rches
parut si importante à la Société archéologique du Finistère,
qu'elle sollicita du critique la communication des pièces: la
réponse ne se fit pas attendre: « En lisant votre lettre, répli­
quait l'auteur (1 juillet 1880), j'ai ' regretté de me voir
devancé par notre président auquel je devais, à plus d'un titre,
le résultàt de mes recherches "sur une relique qui a eu ses jours

de gloire. Je mets à la poste un exemplaire de mon rapport.
Non seulement j'en offrirais un à la Société d'archéologie,
si elle le désirait, je lui communiquerais les documents.
mais,
qui servent de preuves à mes conclusions. »

Le rapport en question a été analysé ici même par M. Serret~
et il est inutile de refaire ce qui a été si bien fait.
Le procès-verbal de la séance du 27 aoùt 1885 est d'ailleurs
les mains et chacun voudra le relire. Mais ce
dans toutes
qu'on n'y trouvera pas ce sont les photographies jointes à
l'original. M. du Marhallac'h a en efIet poussé le scrupule­
jusqu'à demander à la photographie « le témoignage sensible
des indications répandues dans son Mémoire. »
Un dernier hommage devait être fait par lui à notre Société,
de laquelle il. regrettait de ne po"uvoir assister
aux séances
cessé de diriger,. avec la solli­
toujours, mais qu'il n'a jamais
citude d'un membre fondateur. Dans le but de complèter
de M. Pol de Courcy, il s'amusait, à la fin
l'armorial breton
de sa vie, à étudier historiquement la science du blason.
Son olJvrage va même être publiée par les soins de son
neveu M. le comte Edmond de Carné. Touchante abnégation! .
il eût voulu qu'on le publiât sans nommer l'auteur. Pourtant

il céda, moyennant je ne sais quel compromis délicat: « Le
seigneur de céans », écrivait-il de son manoir du Pérennou,
pourrait dire avec le poète: .
J'ai mis sur le cimier doré. du Gentilhomme
Une plu.me de ter qui n'est pas sans beaüté.
Cette plttlne de fer, il l'ajoutait volontiers aux armes d'une
avec lui, laquelle portait d'or, c'est-à-dire
famille éteinte
« constance dans les périls etfermeté dans la Foy», avec trois

-' LII -

burettes de gueules ou de sang, et la devise: Usque ad al'a·8
(jusqu'aux autels).
En les regardant de son lit de mort, le saint prêtre ne
de rêvet : d'autres y voyaient une
pouvait s'empêcher

prophétie. .

HERSART DE LA VILLEMARQUÉ.

LIll
Séance du 28 Octobre 1891 .

Présidence de M. le V HERSART DE LA VILLEMARQUÉ,
membre de l'Institut.
Présents: MM. LUZEL, LE CARGUET, PEYRON,
Baron HAL.NA DU FRETAY, LE MAIGRE, FAVE,
ALLAIN, MALLEN, DUCOURTIOUX, ABGRALL,
BIGOT et DE BLOIS.
Le pr.ocès-verbal de la séance précédente est lu et
.adopté sans observations. .
Ouvrages reçus et déposés il, la bibliotheque depuis
la dernière réunion .
1° Société bretonne de Géographie, nO 49, 1891 ;
2° Bulletin historique et philolugique du Co'mité
·des T1'avaux historiques et scien.tifiques, nOS 2 et 3,

3° Revue de l'Ouest , livraison de septembre 1891 ;
4° .Journal des Savants, juillet et août 1891.
Admission de nouveaux sociétaires: MM. Paul Le
Guillou de Penanros, à l'île Tristan (Douarnenez);
,J oseph Le Guillou de Penanros, à Penfouennec, en ' .
Poullan; Emmanuel de Lécluse, propriétaire à Douar­
nenez ;.Eugène Oamey, notaire à Douarnonez; Daniélo ,
négociant à Douarnenez; Gautier, négociant à Douar­
nenez; Comte de Boissier, à Châteaulin, présentés par
MM. le Baron Halna du Fretay et Luzel.
j'vI. le Président donne lecture- de la lettre suivante:
« Rennes, le 26 aoùt 1891.
« Monsieur et cher Compatriote,
« Je suis très touché des sentiments de sympathie qu'a
·exprimés la Société archéologique à l'occasion de ma nomi­
nation comme doyen, et j'y suis d'autant plus sensible que
cette manifestation a été provoquée par vous. Je vois avec
plaisir qu'il y a un terrain sur lequel nous sommes tous
d'accord: celui de l'amour de la Bretagne et celui du culte
de tout son passé .

LIV
« Soyez assez bon pour transmettre mes remerciements à
la Société archéolo ique, et recevez, Monsieur et cher compa­
triote, l'assurance e tout mon respect et de toute ma recon-
naIssance.
« J. LOTH. »
(Britto Brittonissimo.)
Par lettre aussi, l'vI. le Présiden t Trévédy remercie
ses uonfrères du nouveau témoignage de bienveillance
. qu'ils lui ont donné, en lui conférant, malgré son
absence, le titre de vice-président honoraire .
M. Luzel est chargé par hotre confrère M. Hémon de
soumettre une proposition à la Société: Ce serait de pré­
lever sur l'allocation départementale obtenue pcIT l 'hono­
rabledéputé dë Quimper et plusieurs de nos confrères
une somme de cent francs destinée à payer les frais de
garde du concierge préposé à la surveillance des
galeries de tableaux de la ville et des collections
ethnographiques et vitrines du Musée départemental.
Cette motion paraît jnstifiéel Mais pour se conformer
aux prescriptions rè"glementaires, M. le Président
annonce qu'il en saisira, avant la prochaine séance,
le bureau, à qui appartient le droit de statuer.
lVI M. de la Villema t'qué et A bgrall signalent les
réclam~Ltions de nombreux visiteurs qui ont éprouvé
de grandes diffic.ultés' pour se procurer la photographie
des groupes du Musée ethnographique. Ne pourrait-on
pas donner satisfaction à ces désirs très lég'itimes et
profiter de l'ocuasion pour faire exécuter un dessin colo­
rié de grande dimension où chaque type apparaîtrait
d'une mt:>.nière bien dist.incte. M. Luzel sait que
M. Beau, conservateur du ,Musée, mis au courant de
ce projet, a spontanément offert son précieux concours
pour la composition d'un nouveau dessin répondant à
toutes les réclamations. Il reste à examiner le prix
q1}e coùterait une édition .artistique de cette œuvre.
Le bureau du congrès des Sociétés savantes, pour
1892, vient ·de ptlblier le programme des questions
qui seront étudié~s lors de la prochaine assemblée.
1\1 .'le Président ,en d0rine -connaissance . et signale sp.é.­
c,ialement celles qui présentent un i'ntérêt 'particuher
pour l 'histoire de notre province.

Il Y a, dans la commune ,de Ploaré, un village
appelé Plomarc'h. Le8 gens du paysprétende,nt
que ce nom lui a été donné à cal,.lse cl 1,.1 roi
March, des vieilles légendes bretonnes, d'ont on
voyait même la tête ornée de longues oreilles
sculptée SUI' une des pierres de taille d,e la vieille
demeure; mais ce fut en vain que M. Luzel et d'autres
sociétaires f:;e transportèrent un jour sur les lieux et
entreprirent de rechercher la ' curieuse image royale.
Les anciens en avaient bien souvenir, mais elle avait
disparu. lVI. le baron Halna du Fretay, servi, par un
heureux hasard, vient de retrouver la pierre sculptée
parmi d'autres matériaux transportés clans une ftlrme
du voisinage, et son propriétiare, M. de Penanros, s'est
empressée d'en faire don au musée où elle sera bientôt
déposée. '
IV!. l'abbé A bg l'a-Zl exhibe une nombreuse série de
photographies reproduisant les principaux mOl1umen,ts
du Finistère. On remarque avec curiosité les vues de
, l'église de Saint-Ugen et du dolmen de ,Goarem-ar-'
' Boudiguet, en Loqueffret, qU,e M. ' le vicomte de
Kerret a offert de donner à la Société. M. de Blois
explique ' que la chose aurait déjà été faite, si l'état de
min'Jrité clans lequel est placée la Société n'obligeait
pas celle-ci à remplir certaines formalités administl'a­
ti ves. Pour hâter une solution désirée ,de part et
d'autre, il conviendrait de préparer la rédaction d ~un
acte de transmission conforme aux instructions minis-
térielles. M. Ducourtioux, directeur des contributions
directes, veut bien se charger de la solution de cette
affaire. '
1 11. l'abbé Abgl'all est invité ensuite à donner lec­
ture de son mémoire sur la chapelle et le calYaire de
N otre-Dame-cle-Tronoën.
1\1. le baron IJalna du Fretay communique de
nouvelles observatio'ns sur les monuments préhisto­
riques de la péninsule bretonne. L'auteur, à l'appui '
des thèses qu'il soutient avec l'ardeur d'une profonde
conviction, cite des faits nombreQx et concluants. '
Cette étude, frnit de longues recherches et de patientes

LVI
explorations, sera publiée intégralement dans le
bulletin de la Société avec quelques observations du
président de l'Association bretonne. .
M. le vicornte de Blois demande enfin à compléter
les indications fournies par M. le président Trévédy,
dans son opuscule sur les pêcheries de Basse-Bretagnè,
au sujet des causes de la décadence du port et de la
ville de Penmarch. Il est certain que Penmarch, situé
sur la pointe de ce nom dans l'évêché de Cornouaille,
dans le passé d'une importance considérable.­a joui
habitants, groupés en plusieurs forts villages
Ses
rapprochés les uns des autres, avaient acquis une
réelle aisance comme le marquent encore les vestiges
de quelques grands manoirs de noblesse et les ruines
de plusieurs belles églises. _ Comment cette prospérité
a-t-elle subitement disparu? Un grand événement
militaire ne suffit que trop à l'expliquer. La richesse
des habitants de Penmarch avait tenté la cupidité dm)
Anglais. En 1403, une escadre de cette nation sortit
de Plymouth, sous les ordres de l'amiral William
Wilford et vint débarquer inopinément devant le port
de cette ville qui fut prise, sa6cag~e et brûlée. Cet
événement est rapporté dans l'histoire des amiraux
d'Angleterre, par J. Cambell, Londres, 1781, t. II,
. p. ·445. Depuis lors la cité maritime et commerçante
ne parvint jamais à se relever de ses ruines. Son port,
combla de sable. Il y faisait quelques
négligé, se
affaires sans importance lorsqu'en 1595, durant les
guerres de la ligue, le fameux partisan Eder de la
Fontenelle surprit les habitants, les pilla et ravagea
tellement ce lieu que les pêcheurs commencèrent, dès
ce moment, à transporter leur industrie à Douarnenez,
dont il n'est guère fait mention avant cette époque.
La séance est levée à 4 heures 1 j2 .
Le Président,
HERSART DE LA VILLEMARQUE.
Le Secrétaire,
Vicomte DE BLOIS .

LVII

Séance du 26 Novembre 1891.
Présidence de M. LUZEL, archiviste du département. ·

Présents: MM. BIGOT, LE MAIGRE, DUCOUR-
TIOUX, BEAU, .JENKINS .JONES, ABGRALL,
ALLAIN, MALLEN, FAVÉ et DE BLOIS.
Le procès-verbal de la dernière séancè est lu et
adopté sans réclamations.
MM. de la Villemarqué et du Fretay s'excusent par
lettre de ne pouvoir assister à la réunion de ce jour.
M. le Président annonce que le bureau de la Société
vient d'adopter à l'unanimité la proposition présentée
par M. Hémon et tendant à prélever sur les .fonds
alloués par le Conseil général une somme annuelle de
cent francs destinée à pourvoir aux frais de surveil­
lance des galeries du Musée départemental.
Par une secondeclécision, le bureau a autorisé le
Président de la Société cl 'Archéologie à acquérir au
nom de celle.,..ci et à titre onéreux le dolmen de . Goa­
rem-ar-Bodigued que M. le vieomte de Kerret offre
de céder aux conditions les plus généreuses et les
plus avantageuses.
j'VI. Ducourtioux, directeur des contributions di­
rectes, invité à fournir quelques explications au sujet
de cette vente, expose que M. le vicomte de Kerret
avait eu tout d'abord rintention de faire donation de
ce monument à. la Société. Mais la réalisation de son
projet eût été entravée par l'accomplissement de for­
malités administratives longues et compliquées. La
cessi'Jn du dolmen sous forme de vente simplifie, au
Qontraire, la procédure: il suffit, ' dans ce cas, que le
Président, dûment · autorisé par le bureau, se rende
.acquéreur au nom de la Société et que le contrat,
régulièrement passé, soit approuvé par un arrêté
préfectoral. La chose e:-;t donc facile. Une autre consi-.
dération dont il y a lieu de tenir compte, puisque
M. de Kerret entend acquitter tous les frais, c'est que

LVIII
• le coût de l'acte sera diminué. Enfin, pour tout dire
sur ce ehapitre, la Société aura à payer un centime
pour l'impôt foncier, plus cinq centimes pour frais
avertissement.

. 1\1. Jones pense que le nom de Goarem-ar-Bo-.
diguet ou Boudiguet doit se traduire en fi'ançais
. c( Lande des Fées ». Le dictionnaire de dom Le

Pelletier donne en effet le mot bo-uclic, pluriel boudi­
ghed, avec la signification dt:\ fée.
1~1. D-ucou-rt-ioux ajoute que la pièce de terre voi­
sine est marquée au cadastre sous le nom de Goarem­
ar-Marc'hir. Quelle est l'origine de cette dénomina­
tion? Aurait-elle un rapport quelconque avec ces
groupes équestres ou anguipèdes découverts par
exemple au Guelen, en Briec, et à Saint-Mathieu, en
Plouaret? San::; chercher à tirer aucupe conséquence
d'un accident peut-être fortuit, on peut cependant
remarquer que les groupes étaient placés à proximité
des voies romaines et que le Goarem-ar-Marc'hir longe
la voie qui reliait Carhaix à Landerneau .
AI. Beau, conservateur du Musée de Quimper,
demande à revenir sur la question de reproduction
des groupes du Musée des co~tumes bretons, soulevée
dans une précédente séance. Le désir exprimé par la
Société a été pour ainsi dire imposé par les réclama­
tions du public. Comment pourrait-on le réaliser? Le
mieux serait sans doute d'obtenir des images chromo­
lithographiques, mais la gravure et la chromolitho­
graphie ont l'inconvénient de coûter fort cher. M. Beau
entre dans des détails techniques qui expliquent ces
hauts prix et prouvent que ces dépenses excèdent les
ressources de notre budget. Si nous ne craignions de
sortir d'une réserve pleine de discr'étion, nous dirions
volontiers que le Ministre devrait charger de ce travail'
les artistes de l'imprimerie nationale et que le crédit
de nos député;:; s'emploierait utilement en nous pro-
curant cet avantage. •
En attendant, la Société examine les propositions .
par un photographe de talent, M. Foulquier, et
faites

LlX

charge M. Beau de commandee il. cet artiste 50 photo­
graphies des groupes bretons, grand modèle et 100 dil
modèle moyen.
J.f. le Président communique la lettre suivante
adressée à M. Hémon par le Ministre des beaux-arts.
. Monsieur le député et cher collègue,
Comme suite à ma lettre du 23 juillet dernier, j'ai l'hon­
neur · de vous faire savoir que je viens de soumettre à la ~
signature de M. le Président de la République un décret auto­
risant la mise en dépôt au musée archéologique du Finistère,
à Quimper. d'une collection composée de '100 antiquités
égyptiennes provenant du musée du Louvre.
Ces monuments seront très prochainement expédiés contre
remboursement des frais d'emballage et de transport à l'éta­
blissement concessionnaire.
Je suis heureux etc ...

Des remerciments sont votés à M. le Ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts et à notre
confrère M. Hémon, député de Quimper.
La ~ociété d'Emulation des Côtes-du-Nord a pris
l'initia.tive de provoquer des mesures pour assurer ltt
conservation des anciens registres paroissiaux qui
contiennent non sèulement les actes civils des français
avant la Révolution mais encore des renseignements
curieux, sur les événements locaux, les usages, l'agri­
culture, la statistique, etc. Le projet élaboré par un
ancien magistrat, M. Fraboulet, est accueilli avec
faveur et les conclusions de son rapport adoptées par
la Société d'archéologie du Finistère. .
M. le Président analyse une notice adressée par
Mme la comtesse du Laz, membre 'de la Société, sur le
château de Kerlouet et ses anciens seigneurs. Par
l'importance des souvenirs, par le rôle politique ou
militaire joué par les propriétaires de Kerlouet, cette
monographie d'un château breton a tout l'attrait d'une
page d'histoire; les érudits y trouveront de plus des
documents nouveaux ou peu connus .

M. l'abbé Favé dépose sur le bureau plusieurs coins
bronze trouvés à Ergué-Gabéric dans · un champ
nommé Parc-Keroyan, au village de Niverrot.
Ils ont environ 12 à 13 centimètres de longueur sur
3 de largeur, sans ornement ni trace d'affutage .
L'an dernier un seul fut trouvé à l'époque des
semailles; la semaine dernière on découvrait les onze
autres. Ill; avaient été tous déposés, la pointe en bas,
dans un vase de terre, dont les débris, lors de la der­
nière trouvaille, renfermaient sept coins admirablement
serrés et arrimés; quatre autres gisaient à côté.
M. Favé présente ensuite des considérations nou­
velles sur le rôle que les historiens attribuent au duc
de Mercœur pendant les trouble/? de la Ligue. Ce
mémoire sera publié dans le prochain bulletin.
Ai. l'abbé Abgrall continue ses études d'architecture
religieuse par une description minutieuse du porche
de l'église de Landiyisiau, construit en 1554.
1\1. le Président a reçu, par les soins de M. du
Penhoat, les manuscrits légués à la Société d'archéo­
logie par M. Le Bos; plusieurs de ces documents sont
inédits, ils ont trait à des questions controversées de
l~nguistique, dont l'auteur s'était vivement épris. Il
convient de faire un choix dans ces pages trop nom­
breuses pour être imprimées au bulletin; MM. Luzel,
Abgrall, Jones et Favé acceptent de rechercher dans
ces manuscrits ce qui serait de nature à intéresser la
vraIe SCIence.
La séance est levée à 5 heures.
. Le Président,
F.-M. LUZEL.
Le Secrétaire,
Vicomte DE BLOIS .

LXI -

Séance du 31 Décembre 1891.

Présidence de , M. le baron HALNA DU FRETAY,

vice-président.

Etaient présents: MM. LUZEL, l'abbé ABGRALL, '
MALEN, ALLAIN, LE MAIGRE, LE BRAS, SERRET,
BIGOT, JENKINS JONE, l'abbé PEYRON.
La séance est ouverte. Le procès-verbal 'de la der­
nière séance est lu et adopté.
ouvrages suivants ont été déposés sur le bur~au
Les
pour notre bibliothèque :
Bulletin de la Société ' acadé1nique de Bl'est,
deuxième série, tome XVI, 1891 ;
Journal des savants, septembre et octobre 189~.
NI. Luzel rappelle que, lors du renouvellement. du
bureau, M. le baron Halna du Fretay a été nommé
vice-président, et il le prie de vouloir bien accepter la
Ce dernier remercie M. Lu-
présidence de cette séance.
'et prend place au fauteuil. '
zel

I\1.. Luzel demande à M. du Fretay si, dans ses nom­
breuses fouilles, il a souvent trouvé des haches en
bronze dans des vases.
A cet égard, il n'y a pas de loi déterminée. Les
haches en bronze se rencontront souvent isolées, dans

les champs. Notre bulletin et divers mémoires men-
tionnent également de nombreuses trouvailles faites

~XlI

clans des vases, où ·les haches se trouvent alors réunies
en une quantité plus ou moins considérable. Quel­
comme dans la trouvaille de Ménez-Tosta, en
quefois,
Goùésnac'h, on les trouve enfermées entre des plan-
ches placées de manière à formel' une espèce de boîte .
Le legs de M. Eugène Le Bos est uniquement

réservé à la Société archéologique, qui est une Société

. complètement distincte du musée départemental. .

Présentations de MM. · :
Comte de Saint-Simon, château de Kerwazee, com­
mune de Saint-Goazec;
Ch. du Fretay, chateau de Kerlouarnec, commune
de Ploaré;
Césaire de Poulpiquet de Brescanvd, château de
Trefry, Quéménéven ;
par MM. Luzel et le baron Halna du Fretay .

Lorsque le temps le permettra, M. le baron Halna

du Fretay apportera pour notre musée une figure en
pierre, représentant la tête du roi "A1arc' h.
Notre collègue, 1 11. · Trévédy, écrit pour donner sa
nouvelle ac1rBsse et il en, profite pour offrir à tous les
membres de notre Société ses vœux pour l'année qui

va commencer.
On connaît toutes les recherches faites· pour recueillir
. les vieilles chansons et les anciennes légen·des bre-
tonnes. La musique même en' a été aussi notée par

LXln
M. Burgault-"Ducoudray, pI~ofesseur au Conservatoire
de Paris, qui en a fait , un recueil spécial.
Il ya quelque ten1 ps , l'orchestre du
Concert
Lamoureux, à Paris, a exécuté une Rapsodie bretonne
de - M. Camille Saint-Saëns. C'est une composition assez
courte, qui se distingue par une grande elarté. Le~
thèmes originaux s'y retrouvent complets. Ces thèmes,
que 1\1. Saint-Saëns est allé chercher en Bretagne,
sont entourés d'une orchestration délicate et de belle
allure.
M. du Fretay, dans ses déplacements pour la
recherche de nos anciens monuments luégalithiques , a
eu l'occasion d'entendre, dans la commune de Motreff,
deux chanteurs accompagnés d'un biniou et d'une
bombarde. Ces musicions, qui sont de vrais artistes
de talent en leur genre, désireraient se faire entendre
Quirnper. Ce ~erait une véritable occasion à saisir, car,
en général, nous ne connaissons guère la musique
bretonne que par les sons faux et discordants que l'on
entend clans les foires et les pardons; aussi tous les
membres présents sont-ils d'accord pour que la
Société archéologique organise sous ses auspices un
grand concert. Dans une de nos prochaines réunions ,
une commission, qui sera nommée à cet effet, s'occupera
des détails pour l'exécution de cette proposition.
1 11. M orcrette présente un intéressant travail qui

nO~lS sera d'une -gTande utili.té.: c'est la table 'générale

- LXIV -
des articles parus dans notre bulletin de 1873 à
1891 inclus. Des remerciements sont votés à son

. auteur, et ce travail sera l'objet d'un tirage à pagi-
nation spéciale, annexé au bulletin .
M. l'abbé Abgralldonne lecture de sa monographie

de Sainte-Marie du Menez-Hom (1), en Plomodiern.
L'ordre du jour étant épuisé la séance est levée
Le Vice-Président,
Baron HALNA DU FRETAY.
Le Sécrétaire,
A. SERRET .

(1) L'orthographe de Ménez-Hom présente de nombreuses variantes .