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Bulletin SAF 1890


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Le couvent des Carmes de Pont-l’Abbé

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J'extrémité d'une banderolle dont l'autre bout va se perdre
dans la gueule de son lion ailé. La banderolle porte en pein­
ture cette inscription: ZEDOIT NOECE H>91, et sur le cul­
de-lampe en pierre on lit: 6 1578. VIBOUS .
Les autres statues que l'on voit dons la chapelle sont celles
de saint Ronan, Notre-Dame des Portes, sainte Anne, saint
Herbot et saint Urlou. .
22 novern bl'e 1890.
J.-M. ABGRALL,
Prètre .

XXXIII.

tE COUVENT DES CARMES

DE PONT-L'ABBÉ.
Ce couvent dépendait autrefois, c'est-à-dire avant 1790, de
la paroisse de Loctudy. Il fut bHti en 1383, sur l'emplacement
du manoir de Keranguen, qui appartenait aux seigneurs du

Pont.
La charte de fondation est ainsi conçue: « A tous ceux qui
« ces présentes lettres verront et oiron t, Hervé, seigneur du
« Pont, salut en Dieu. Comme les frères de l'ordre de Notre­
« Dame-du-Carmel soient(sic) en propos et parfaite volonté
«( de faire et édifier un couvent de leur ordre en notre ville de
« Pont-l'Abbé, sur quoi nous auraient requis et supplié leur
« pourvoir de place et lieu comme leur fondateur, nous Hervé,
« seigneur du Pont, leur donnons .et octroyons une .
« maison avec son courtil, etc., à la charge d'une basse messe
« quotidienne perpétuelle. La messe sera dite à hore (heure)
« de prime pour l'âmé du donateur et celle de sa chère com-
« pagne, Perronnelle de Rochefort, avec une recommandation
« solennelle à chaque dimanche. La fondation est faite en

« honneur de Notre-Dame et de son benoist fils. Elle n'aura
« son exécution qu'autant que le très redouté et souverain
« seigneur Mgr le duc y consente et que ce soit son plaisir et
« non autrement. Les donataires devront bailler bonnes et
(c suffisantes lettres de leur consentement ou acceptation et les
« faire confirmer par leur provincial avant tout. » Elle finit
par ces mots: cc Et en certification de ces choses, nous leur
« avons donné ces présentes lettres scellées de notre propre
« scel, le 4 jour du mois de mai de l'an mil Ille quatre vingt
« trois. »
Le duc Jean IV confirma cette donation et donna aux Carmes'
une place auprès du couvent, avec exemption du droit d'amor­
tissement, à la charge aux religieux. de dire et célébrer solen­
nellement une messe à notes, tous les samedis, pour lui,' ses
prédécesseurs et successeurs. De quoi il tira obligation du
prieur et des religieux, le 3 août 1383. (Inventaire des ti tres
du château de Nantes.)
Par lettres patentes données à Nantes, le 9 janvier 1466,
François II, duc de Bretagne, confirma les privilèges du
couvent et le prit, lui et les religieux, en sa protection et
sauvegarde.
Ce couvent ne 'formait qu'un seul et même tout, autrement
dit, il était sans mense ni bénéfice, ni offices claustraux, du
moins avec des fonds particuliers affectés à leur destination .
Il relevait, quand à la hiérarchie régulière, du provincial des
Carmes de Touraine et il était gouverné par un prieur
particulier.
Les Carmes de Pont-l'Abbé appartenaient en dernier lieu à

la congrégation ou réforme de Rennes. Les constitutions de
ces religieux réformés furent dressées en 16315, par les pères
de ladite province de Tours, approuvées en 1638, puis con­
firmées successivement par le pape Urbain VIII en 1639 et par
le pape Innocent X en 1645.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XVII. (~1émoires ) . 18

Ces religieux réformés comptaient dans la province de Tours:
20 communautés d'hommes, 2 hospices et 4 monastères de
femmes.
L'origine de l'ordre des Carmes (carmelitffi ou fratres
carmelitani) est des plus obscures. On.croit qu'il a dû prendre
naissance vers la fin du IVe siècle, alors qu'un essaim de
moines de Saint-Antoine, ayant embrassé la règle de Saint­
Basile, sous la conduite de Jean, patriarche de Jérusalem, se
retirèrent en Palestine sur le mont Carmel, d'où leur est
venu le nom de Carmes. .
Il est vrai que cet ordre rapporte sa primitive institution et
succession aux prophètes Elie et Elisée, mais cette opinion a
toujours été tenue pour fausse et elle a été combattue par le
jésuite Papebroock au XVIIe siècle. Après une polémique
ardente de plusieurs années entre ces religieux et leurs adver-
saires, survinrent, en 1698, un décret de la congrégation du
Concile de Rome et un bref du pape Innocent XII, qui impo­
sèrent un silence perpétuel sur la question de primitive ori­
gine et qui défendirent, sous peine d'excommunication, aux
deux partis, de s'agiter désormais à ce sujet.
Ces religieux n'apparurent en France qu'en 1264. Le cou­
vent de Ploërmel fut la première communauté de Carmes
fondée en Bretagne. Le duc Jean II, alors comte de Richemont,

qui s'était croisé avec son père Jean 1 dit Le Roux avait
ramené du mont Carmel deux de ces religieux et les avait
établis à Ploërmel où il leur fit construire une église et un
couvent, dont ils prirent possession en 1296 (1). D'après dom
Morice, on voyait sur la porte de l'église des Carmes de Ploër-
. mel, une ancienne figure dù prophète Elie, revêtue d'une robe
barrée de blanc e.t de brun, qui est l'habit que les premiers

(1) Les ducs Jean II et Jean III furent enterrés dans l'église des Carmes
de Ploërmel. Les riches tombeaux en marbre de ces princes ont été dé-
truits pendant la Révolution. On n'a conservé que les statues .

Carmes de France ont porté et qui les fit appeler les pères
barrés.
Le couvent des Carmes de Pont-l'Abbé subsista jusqu'à la
Révolution. Les charges, offices ou juridictions hiérarchiques
un prieur, un sous-prieur, un syndic,
du couvent comprenaient
un procureur, un sacriste, un vicaire et un définiteur.
Après la Révolution, lorsque les édifices religieux furent
au culte, l'église du couvent des Carmes devint l'église
rendus
de Pont-l'Abbé, ce qui la préserva de la destruc­
paroissiale
tion. Cette église n'offre en plan qu'un seul collatéral appliqué
la façade septentrionale d'une nef rectangulaire. De sveltes
sur
les deux parties de l'édifice dont les fenêtres
arcades séparent
la façad~ sud et flamboya.ntes dans le
sont rayonnantes dans
collatéral nord. Des tombeaux sous arcades, où les écussons
les restes des barons de Pont­
sont martelés, renfermaient
l'Abbé dont le lion de gueules en champ d'or brille encore au
tympan de la plupart des fenêtres. Mais la partie la plu::;
remarquable de l'édifice et malheureusement la plus mutilée,
la maîtresse vitre du chevet, présentant une rose de très
c'est
une arcature trilobée. Les bâti-
grande dimension, portée sur'
élevés au commencement du XVe siècle et
. ments claustraux,
du cloître comme autour d'un centre commun,
réunis autour
sont restés pendant longtemps propriété particulière. Ils ont
été acquis, il y a quelques années, par la ville . qui y a ins­
ses écoles publiques. Les appropriations faites dans ce
tallé
but ont complètement mutilé cet édifice qui était d'une rare

et le cloître, qui offrait un ensemble aussi gracieux
élégance
que complet, n'est plus aujourd'hui qu'un souvenir. Ce, pré­
qui a été décrit par M. Bigot, architecte
cieux monument,

diocésain, ' dans ' le bulletin de .la SO.ciété (année 1884), était
c~pendant, à coup sûr, au hombre de ceux sur lesque~s aurait
dû s'étendre la sollicitude de l'administration. Hier, le cloître
de Pont-l'Abbé, aujourd'hui, le manoir de Rustéphan, demain,

sans· doute, quelque autre monument tout aussi curieux ; c'est
ainsi que nous verrons disparaître, les unes après les autres,
toutes les richesses monumentales du Finistère .

--._It:O:co...-
XXIV.
NOTE SUR LES ŒUFS DE CO S

La croyance populaire qui attribue à la prétendue ponte
d'üne forme particulière trouvés parfois dans
du coq les œufs
les poulaillers, est fort ancienne et non spéciale à la Basse­
Bretagne.
Les naturalistes sont d'accord, maintenant, pour recon­
<;Bufs sont seulement des germes avortés pro­
naître que ces
venant de poules trop jeunes ou trop vieilles.
Certains auteurs du Moyen-Age, et la tradition encore
vivante dans toute la Bretagne, en Poitou et dans le centre
la France se plaisent à accorder à l'œuf de coq des pro­
priétés. fantastiques: il est considéré, notamment, comme
à un animal étrange ou malfaisant .
devant donner naissance
Le scientifisme merveilleux du Moyen-Age appèlle cet
animal la codrille ·ou cocadrille. Le souvenir de ce terme est
cocatru, sous laquelle on
reproduit dans la dénomination de

par l'accouplement de la
désigne en Poitou l'œuf produit

avec un serpent ou avec un crapaud : cet œuf offre les
poule
dangers que l'œuf de coq, connu anssi dans les
mêmes
légende$ de cette province. Mais, d'après la majorité des
traditions" telles qu'elles subsistent aujourd'hui, c'est un
serpent qui est destiné à sortir de l'œuf du coq, si on a
de le laisser couver. .
l'imprudence