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LA LÉGENDE DE ( TO'UL-AR-SERPANT »
EN TRÉMÉOC
Il existait autrefois, et il existe encore aujourd'hni, mé
la paisible population des' poulaillers, une race de
langée à
coqs endiablés: ces coqs sont pondeurs. Maintenant qu'on
connaît bien tous les maléfices dont ils sont capables, on a
soin de détruire les œufs de ces méchantes bêtes, lorsqu'on
les trouve parmi ceux des autres volailles: ces œufs sont
petits, de forme longue, la coque est colorée en jaune et
l'intérieur ne contient que du blanc. .
. L'histoire prouve que l'on a bien raison de ne pas laisser
les poules couver ces œufs; car si l'on raconte encore
aujourd'hui qu'il peut en sortir des reptiles, c'est que ceci
est arrivé, dans l'ancien temps, à la ferme de Kerlagadec,
en la paroisse de Tréméoc. .
Les coqs endiablés étaient surtout dangereux à.l'époque
pas une de ces belles hor-
où chaque bonne maison n'avait
loges, comme on en voit maintenant. En effet, ces animaux
heure la plus noire de la nuit, lorsque
possédés chantaient à l'
la ' ferme avaient besoin d'aller en route, et
les gens de
malheur à ceux qui se réglaient sur leur mauvais signal:
presque toujours on était attaqué sur la route déserte par
des malfaiteurs. . •
A la ferme de Kerlagadec, où il existait un de ces coqs,
ou eut l'imprudence de laisser couvér son œuf, dans la
basse-cour. Sans que l'on s'en aperçut, il en sortit un ser
pent, qui vécut d'abord parmi le bois de chauffage, près du
foyer. Il grandit là, jusqu'au jour où les gens de la maison
le découvrirent et le chassèrent. Le reptile sortit en se dé-
roubnt et en devenant peu à peu un monstre effrayant de
force et d'impétuosité. On le vit passer rapidement à travers
les prairies qui sout en pente devant Kerlagadec, franchir
les terres du moulin, qui s'appelle encore aujourd'hui Troserf,
par corruption de Traon al" Serpant; puis il escalada vivemen t
une côte rocheuse, qui se trouve en face du moulin. Tout-à
coup on le vit donner tête baissée dans le roc et s'y frayer
un passage, laissant derrière lui une large ouverture béante,
qui se nomme encore, à l'heure actuelle, Toul-ar-Serpant,
c'est-à-dire le Trou du Serpent. On peut facilement pénétrer
dans l'orifice de la caverne, qui marque le passage du ser
pent; il Y a des hommes âgés qui ont suivi longtemps, sous
la terl~e, le chemin ouvert par le reptile: les enfants s'y
introduisent encore, durant un certain parcours, malgré les
éboulements que le temps a produits; mais tout le monde
sait, par les récits des anciens, que la route frayée par le
monstre passe sous l'église de Combrit, et ce que chacnn
peut vérifler, c'est que le serpent gagna la mer, en sortant
de terre, à travers les rochers de la pointe de Combrit, où
il existe Ulle ouverture analogue à celle que l'on montre dans
la campagn~ de Tréméoc. Le monstre se précipita dans la
mer, faisant un bruit terrifiant, que l'on entendit de bien loin.
Voilà la légende; mais le profit que je voudrais voir en
retirer, ce serait de la part des archéologues une visite au
Toul-ar-Serpant: l'excursion est des plus faciles, car la
caverne est située à cent mèt.res de la station de Combrit-
Trémeoc, en face de la maisonnette de garde n° 531. Mes
confrères ne seraient-ils pas tentés de rec.onnaître avec moi,
dans cet orifice, dont la légende · seule suffirait à prouver
l'ancienneté, un travail fait de main d'homme et pour lequel
on aurait peut-être utilisé d'abord une anfractuosité natu
relle du rocher? On remarque, en efTet, roulés sur la décli
vité de la côte, au-dessous de Toul-ar-Serpant, un certain
nombre de blocs de pierre, qui proviennent incontestable-
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XVII. (Mémoires). 17
ment, me semble-t-il, de la cavité pratiquée au milieu de la
colline. Si mon observation est exacte, on se trouverait en
présence d'une habitation sous roche datant de l'époque
- préhistorique: il y aurait d'autant plus d'intérêt à en cons
tater officiellement l'existence, que les abris sous roches ou
cavernes ayant pu servir à l'habitation humaine out été, il
me semble, rarement signalés en Bretagne. L'anfractuosité
à laquelle je fais allusion mesure environ deux mètres d'ou
verture, trois mètres de profondeur et un mètl'e de hauteur.
LE BOURDELLÈS .
XXXI.
VILLA & BAINS DU PERENN 0 U, EN PLOMELIN .
M. de Caumont a décrit dans le Bulletin monumental ces
deux restes de l'architecture gallo-romaine dans notre pays,
et il en donne le plan tel qu'il a pu le voir il y a environ un
demi-siècle. Mgr du Marhallac'h, notre honoré vice-président,
ayant fait dans le courant de l'année dernière déblayer la
villa, et les substructions de cet établissement étant mainte-
na nt parfaitement apparentes dans leur ensemble, il convient
d'en publier le plan et d'en donner une description succincte
dans le bulletin de la Société .
I. VILLA .
La villa, située sur un coteau dominant la rivière de l'Odet
et donnant vue par une percée sur un coin de la haute mer,
se compose de trois ailes dont la principale mesure 38 m. 40 de
longueur, et les deux latérales 17 mètres. ,
La façade principale est tournée au midi et la coûr centrale
comprise entre les trois ailes est entourée d'un couloir ou
portique formant un promenoir couvert et desservant les