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Bulletin SAF 1890


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Le moulin du prieuré de Locmaria

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.X.XIX.
LE MOULIN DU PRIEURÉ DE LOCMARIA

Dans une des dernières séances de la Société d'archéo-
logie (juin 1890), M. le major Faty, revenant su'r une
au sujet d'une charte de
discussion précédemment ouverte,
donation consentie au nom du prieuré de Locmaria, a émis
cet acte pouvait
l'opinion que le moulin mentionné dans
bien être le moulin actuellement désigné sous le nom de .
Moulin des Couleurs. Un autre membre de la Société s'est
élevé contre cette opinion, l'existence du Moulin des Couleurs
lui paraissant relativement moderne, attendu que l'eau qui
sert à faire marcher la roue du moulin a été dérivée du
ruisseau de Melgven, au moyen de chaussées construites par
les propriétaires de la manufacture de poteries de Locmaria,
à la fin du .xVIIIe siècle.

Le moulin dont il s'agit, en tant que .1\1oulin des Couleurs,
ne remonte pas à une date aussi éloignée. Il n'existe que
à laquelle M. Caussy, directeur de la
depuis 1762, époque
manufacture de Locmaria, en fit l'acquisition. C'est à cette

époque, ou quelques années après, que M. Caussy, ayant
obtenu l'afféagement des terrains marécageux qui bordent
l'Odet, fit établir, dans l'intention de dessécher ces marais,
le canal de dérivation qui part du ruisseau de Melgven pour
aboutir à l'étang du Moulins des Couleurs, ce canal ayant
bien moins pour but d'amener les eaux du ruisseau de
Melgven dans l'étang que de recueillir au passage toutes les
eaux des sources qui jaillissent du pied des collines situées
sur la rive droite de l'Odet, et qui se perdaient précisément
dans lesdits terrains marécageux. .

Quoi qu'il en soit, il est certain qu'il existait déjà un
moulin en cet endroit, puisque ce manufacturier, nous apprend
M. Le Men,dans son Histoire de la manufacture de Locmaria,
fit, le 7 novembre 1772, l'acquisition du moulin à eau de
pour broyer
Locmaria, avec l'intention d'utiliser ce moulin
les couleurs employées dans la manufacture, opération qui
se faisait jusque là au moyen de chevaux et qui exigeait une
dépense consiclérahle.
Ce moulin à eau de Locmaria, qui devint par suite le
Moulin des Couleurs, était très probablement mis en mou­
par les eaux de la mer,qui entrent encore aujour­
vement, soit
d'hui dans l'étang, bien qu'il soit fort envasé, soit par les
eaux provenant du ruisseau qui passe à travers l'enclos du
Séminaire (1).
Il n'est pas téméraire de supposer que ce moulin à eau, dit
de Locmaria, bien qu'il fût situé sur la rive droite de la
n'était autre que l'ancien moulin du prieuré, le fief
• rivière,
de Locmaria s'étendant sur les deux rives. M. Trévédy
partager cette opinion, car voici ce qu'il
semble, d'ailleurs,
sa Promenade à Quimper: « En vous parlant de
dit dans
Locmaria., j'aurais dû signaler le moulin du prieuré, dit
aujourd'hui Moulin des Couleurs, parce qu'on y broie les
peintures employées dans une des faïenceries de Locmaria.
M. Trévédy, qui ajoute que le moulin était ruiné dès 1779,

paraît bien sûr de son fait. Au surplus, l'acte de vente, de
titres de la manufacture et
1762, doit encore exister dans les
il ne serait pas impossible de le retrouver. Il est surprenant
que M. Le Men, qui a dû avoir cet acte entre les mains,
la date, n'ait point cru devoir donner
puisqu'il en cite
(1) Nous avons sous les yeux une vieille carte des environs de Quimper,
carte d'après laquelle un canal naturel existait entre la partie S. 0 de
l'étang et le marais de Pénanguer. C'est, sans doute, ce canal que
M. Caussy a prolongé, en 1762, jusqu'au ruisseau de Melgven. SUI' cette
carte, l'emplacement actuel de l'usine à gaz formait une sorte d'ilôt entre
la rivière, le canal et l'étang.

quelques éclaircissements sur ce point. Peut-être a-t-il pensé
à cet égard, et que pour
qu'il ne pouvait y avoir de doute
tout le monde le moulin à eau de Locmaria, acheté par
M. Caussy, ne pouvait être que le moulin du prieuré, aucun
autre moulin n'existant sur le fief (2).
Un Membre de la Socîété.
CAPITAINES ET GOUVERNEURS DE UIMPER
(EHRATUM) .

M. Trévédy a publié dans le Bulletin de la Société,
année 1888, page 206, la liste des capitaines et gouverneurs
de Quimper. Sur cette liste figure Jean du Quélennec, sieur
de Saint-Quérec, avec la date de 1585 à 1592. Cette dernière
date est erronée; ce n'est sans doute qu'une erreur d'im­
pression, mais il est certain que Jean du Quélennec était

encore gouverneur de Quiinper, lorsque cette ville se rendit
au maréchal d'Aumont, le 12 octobre 1594. Son nom figure
même dans l'acte de capitulation, article 15, et le chanoine
Moreau dit, en termes formels, que le sieur de Saint-Quérec,
capitaine de la ville, fut appelé à 'comparaître devant le
mal'échal, à Locmaria, où il était logé au prieuré. Nous
croyons devoir souligner ces mots, parce que nous avons lu
quelque part que, pendant son séjour à Quimper, le maréchal
habitait le manoir de l'Isle.
('2) Le moulin donné au prieuré de Locmaria par Judith, veuve d'Alain
nommé dans la charte de donation: molendinum in ri.
Canhiard, est
Il est permis de croire que ce moulin était ainsi nommé parce qu'il avait
appartenu à Alain Cainhard ou Canhiard et à ses prtldécesseurs, les grands
le titre de Ri ou Reith. ln ri
chefs brelons portant, dans leur langue,
serait mis dans le texte latin pour an Ri ou en Ili (moulin du roi ou
moulin du chef). Dans le manuscrit, ainsi que le fait remarquer M. de
la Borderie, le nom du moulin est, en efIet, coupé en deux: in ri et non
lntt.