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Bulletin SAF 1890


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Notice historique sur la cathédrale de Quimper

M. Bigot

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DE LA

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CATHÉDRALE DE DI PER

NOTICE :IIISTORIQUE
l'AH M. BIGOT pÈnE
Avant la créafon des fonctions d'architecte diocésain
('1837), la conservation de la cathédrale ,de Quimper était
confiée aux ingénieurs des Ponts et Chaussées, depuis
1 Empire. Avant la Révolution, ce soin était
l'époque du
réservé aux évêques et au chapitre successeurs de leurs
devanciers qui avait élevé ce monument. .
Je ne saurais dire si, avant le XVIe siècle, il existait des
échoppes autour de la cathédrale, mais à cette époque les
titres disent qu'ils appartenaient à la fabrique. Presque
toutes ces échoppes se cramponnaient contre les murs de
l'édifice. Lorsque la Révolution apparut, l'Etat s'empara
de ces masures et les vendit à des particuliers. Dans toutes,
des débits de boissons et de tabac étaient établis; non seu­
lement la présence de ces échoppes offrait l'aspect le plus
hideux, mais encore celles-ci cachaient de nombreuses
mutilations jusque dans l'empâtement des fondations d'une
partie de l'édifice. C'est ainsi que les fenêtres du bas-côté
de la nef étaient aveuglées par une maçonnerie en torchis.
Entre les meneaux, on se servait de ce renfoncement pour y
placer des lits superposés. Il n'est pas nécessaire de faire
ressortir tout ce qu'un tel état présentait au bon sens d'idées
repoussantes.
Comme les saillies des moulures, culs de lampe, dais de
niche, aigrettes, fronton, etc., gênaient l'étroitesse de ces

logis, chacun des propriétaires les enlevèrent; on n'a pu
savoir à quelle époque.
On présume que c'est sous l'épiscopat de Mgr Dombideau
de Crouseilles (1802 à 1822) que furent ' faites à peu près
toutes les mutilations qui suivent et qui existaient encore en
1836, savoir:

1 ° A droite et à gauche du portail occidental, le porche
donnait entrée à un dépôt de chaux, d'échaffaudages et autres
matériaux. Ces chantiers postiches étaient clos par des murs
en moëllons, chacun d'eux 'percés d'une porte en taille sur
les bas-côtés de la nef. Là, on avait enlevé le dallage, en
partie, pour éteindre de la chaux. Pour penétrer dans ces
lieux, les clefs se trouvaie'nt entre les mains de l'entrepreneur "
et du conducteur des travaux.
2° SQus l'épiscopat de Claude de Rohan un commencement
des flèches avait eu lieu; l'une d'elles n'avait que les pre-
mières assises l'autre en avait quelques-unes de plus. Toutes
deux furent ensuite coiffées d'un éteignoir en plomb; mais,
pour leur doimer un aspect uniforme, on enleva les assises
, supérieures. Cette malheureuse opération a eu lieu en même
temps que la construction des chantiers précités; j'ai
découvert dans l'intérieur des murs de ceux-ci plusieurs
assises des flèches commencées.
3° Le soubassement de la statue équestre du roi Grallon
restait seul, depuis la Révolution, avec un débris de la

croupe du cheval. '
4° Autrefois les évêques se rendaîent à la cathédrale par
une petite porte ouvrant sur le transept sud, en traversant
une dépendance de l'évêché; cette étroite baie fut, murée et
remplacée par un vaste escalier à une seule rampe en pierre

prenant toute la largeur d'un des bas-côtés sud et la longueur
de deux arcades. Le palier de ce perron était de niveau avec
la salle synodale de l'évêché. Pour y pénétrer on convertit

une partie d'une fenêtre de la cathédrale en porte; le reste
fut bouché en torchis.
50 Le pilier central du portail occidental était enlevé avec
son tympan et ses portes géminées donnant entrée dans
l'église; à leur place se trouvait une· grande arcade. La
légende rapporte que ce travail très malheureux fut entrepris
pour permettre au dais de la procession de passer librement
sans ferrures ployantes.
6° A droite et à gauche des piliers, vers l'entrée du chœur,
se trouvaient dans le principe deux niches du xv siècle avec
dais et culs de lampe; dans l'une d'elles étaient les reliques
de Saint-Corentin et dans l'autre une statuette. On pense que

c'est vers les premières années du XIX siècle que ces détails
firent place à deux massifs piédestaux en maçonnerie sans
moulure, surmontés d'énormes statues en plâtre et terre cuite,
sans la moindre valeur artistique. Cette superfétation prenait
une place très grande près le chœur 1 non loin de la chaire à
prêcher.
7° Tous les murs, voûtes et arcades étaient badigeonnés
et les joints des pierres de taille formaient une saillie ou
bourrelets, pour mieux les faire ressortir.
8° Derrière l'emplacement de la stat.ue de roi Grallon on
·avait construit une grande guérite en maçonnerie de forme
carrée pour recevoir les timbres de l'horloge. Sur chaque
face était une baie cintrée fermée par une persienne épaisse,
goût de l'époque. .
dans ]e
go Les extrém.ités des tirants des fermes étaient en partie
. ruinés, ainsi que les ancres en fer qui les retenaient aux
murs ; les voûtes du chœur étaient fendues plus ou moins,
et les arcs-boutants et murs présentaient des vides plus ou
.. moins ouverts; la couverture des bas-côtés le plus près du
grand corps était surélevée au détriment de la partie infé­
rieure des fenêtres qu'eUe masquait, et une maçonnerie

bouchait ça et là quelques autres baies, notamment la
grande fenêtre entre les deux tours.
10° Dans la chapelle de Saint-Pierre, l'appui évasé de la
fenêtre ainsi que l'un des côtés des jambages et la voùt,e
disparu.
de l'enfeu inférieur avaient
Toutes les chapelles présentaient un triste aspect. Les
autels des transepts étaient assez ri10dernes; ils prenaient
tout le fond de l'espace, à l'imitation des ordres Toscan et
Corinthien. Le sanctuaire était clos par de gros barreaux 'de
fer) et le chœur par un mur formant soubassement, surmon_ té
d'une menuiserie simulant des pilastres méplats et des
chambranles en ogive .
11 Dans la chapelle absidiale, des travaux avaient été
faits en 1836 pour masquer les sapements et mutilations qùi
avaient eu lieu dans le XVIIe siècle. On fit alors des cloisons
en briques revêtues de stuc il l'imitation des échantillons de
marbre du dépôt appartenant à M. de la Fruglaye, de Morlaix .
Les enfeux de cette chapelle, de la fin du XIIIe siécle, ne se
voyaiènt pas, et la plus belle fenêtre de la cathédrale était

muree.
12 Pour toutes ·les applications relatées précédemment
dans tout l'édifice, les saillies des piliers étaient coupées avec
de lourds marteaux, et pour masquer la partie apparente des
mutilations, les bouchements se faisaient en plâtre.
13'0 Lorsqu'on exhaussa les fermes des bas-côtés, on fit
de nouveaux percements dans les murs du grand corps; ces
trous, plus ou moins grands et compromettants pour la
solidité de la maçonnerie, étaient restés oubliés, tant l'indif­
férence du monument se faisait sentir partout à cette époque.
14 Les petites pyramides qui ornaient l'extérieur de la
cathédrale menaçaient d'être renversées par les tempêtes, .
faute d'entretien, et présentaient un véritable danger pour
les habitants des échoppes ci-dessus mentionnées. Vers 1837} .,

ceux-ci firent une pétition collective à M. le préfet Boullé,
suspendues au-dessus de leur tête, comme l'épée de Damoclès.
pillsieu.rs de ces pyramides étaient tombées d'elles-mêmes.
150 La couverture du premier rang du bas-côté de la nef '
était dallée en pierre. L'humidité entrait par leurs joints: et .
étaient verdâtres. Les poinçons des
les enduits des voûtes
fermes du ' grand corps avaient disparu, ce qui affaiblissait
les tirants. Aucune précaution n'était prise pour empêcher
de marcher sur les voùtes -en moëllons, ayant 0 m. 20 ,
d'épaisseur.
160 Le garde-corps en pierre n'existait pas dans la galerie
supérieure et intérieure de la nef et du transept; il n'avait
jamais été construit si ce n'est dans le chœur, malgré ses
amorces apparentes.
17° Le porche nord était fermé par un mur percé d'une
porte cintrée et de deux impostes défendues par de larges
persiennes. Cette clôture se trouvait entre l'ossuaire et l'une
des échoppes précédentes; elle avait été élevée pour
que ce renfoncement ne pût recevoir un dépôt d'ordures de
toutes sortes. Aiusi masqué, ce charmant porche ne se faisait
voir qu'en partie.
18° L'un des arcs-boutants de la tour nord surplombait
d'une manière sensible, et ses claveaux avaient baissé'
quelques autres faux-aplombs existent encore, mais très peu
apparehts, si ce n'est dans l'un des piiiers de la grande
arcade recevant le petit buffet de briques. (1)
19° Dans l'intérieur des tours, certaines parois de murs
étaient en partie rongées par le salpêtre. -
20° Dans la troisième travée de la voûte du bas-côté sud
on avait laissé une trouée qui a pu être faite par la chute de
(1) Dans cette arcade il y a eu vice de construction et UUé poussée au
vide; mais le mouvement s'est arrêté depuis longtemps.-

quelques matériaux d'un poids lourd. Ce vide ,était rempli
par des lattes puinées de plâtrier .
la char­
, Enfin; dans beaucoup d'endroits, les sablières de
pente etaient vermoulues jusqu'à 0 m. 15 de profondeur.
Des plantés parasites croissaienf partout, principalement des
plantes de persil, que l'on semblait avoir semées. ,
Telles sont les déplorables mutilations auxquelles
porté remède depuis 1836.