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Bulletin SAF 1889


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Les âges préhistoriques

M. Halna du Frétay

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LES AGES PRÉHISTORI U S
ET LE DÉBUT DE L'ÈRE CRHÉTIENNE

Incinérations et inhumations dans le Finistère
de la Bretagne.
et l'ouest

MON BUT

Je voudrais faire la lumière sur bien des points très contro­
versés de nos temps préhistoriques. Faut-il oser quand on est
vrai? Je le crois, et c'est ce qui m'en­
persuadé d'être dans le
courage à entreprendre cette tâche bien difficile .
J'ai trouvé un encouragement dans l'avis d'hommes émi-
nents, archéologues des plus distingués, qui ont dit de moi,
réunion importante, à propos de certaines assertions
dans une
ce qu'on était convenu généralement d'admettre
contraires à
ce jour, que j'étais un chercheur infati­
comme vraies jusqu'à
un observateur des plus conscieneieux, et qu'il fal·lait
gable et
renoncer, avec les preuves que je donnais à l'appui, à des opi-
nions et à de vieilles théories que l'on avait crues jusqu'à ce
au sujet de l'histoire de l'homme
jour aussi vraies que possible,
primitif et des générations successives des temps préhistoriques,
aux 'idées nouvelles que je vellais émettre sur cette
et croire
question.
effet,. par la pioche à la main de mes nombreux
C'est, en
aides, bi'avant le soleil et les intempéries fréquentes de notte
climat, que j'ai cherché mes preu ves tl'ès sérieuses, et, par
suite de comparaisons successives, je suis arrivé à des certi ....
tudes que mes lecteurs partageront, je n'en doute pas.
Cette appréciation de mes travaux, par mes collègues, et le
souvenir de toules mes fouilles et observations pendant trente

années de recherches et de silence me portent aujourd'h ni à
être absolument affirmatif et à émettre mes conclusions dès le
début de ce mémoire.

P Toutes les sépultures, où, Il n'y a pas eu incinération,
sont postérieures au début de l'ère chrétienne. Je constate,
toutefois, que je suis le premier à le dire; di vers écri vains ont
émis seulement t'opinion q~e J'antiquité des sépulcres en
pierre, où on trouvait des cadavres, n'était pas bien démontrée. ,
Dans deux publications parues depuis moins d'un an, il est·
dit, à propos des Stone · Cists (coffres en pierre ou sarcophages),
dans l'une, qu'ils ont précédé les dolmens; clans l'autre, qu'ils
sont de !'âge du bronze, c'est-à-dire de la fin de la période
néolithique. Il ya erreur de part et d'autre . .
Une pre.uve des plus sérieuses, qui met à néant les assertions
voulant rattacher ces coffres en pierre à une date quelconque
de l'époqlle néolithique, ce sont les restes d'étoffes, de vête-
ments et de coiffures que ces messieurs avouent avoir trouvés
adhérents aux ossements.
clait' que, si notre sol sablonneux tout à fait per­
Il est bien
méable, alternativement humide et sec et absolument dé-
pourvu de calcaire, n'a pu, nulle part et dans des circons-
pendant très peu d'années
tances très diverses, conserver que
les ossements; les tissus, les étoffes et produits organiques
divers provenant du règne animal devaient disparaître aussi
sans laisser aucun vestige, ainsi que toutes les matières li-
gneuses en général.
Je ne peux donc ' admettre en aucune manière les conclu­
sions des publications dont je viens de parler, dont l'une donne
aux Stone Cisls une origine antél'ieure aux dolmens. Il faudrait
croire alors que ces étoffes se sont conservées dans notre sol
pendant cinq mille ans environ.
Je crois la question jugée. Nous ne sommes pas en Egypte,
berceau de la civilisation du monde, et les monuments clans
on a trouvé les rnomies égyptiennes ne ressemblent
lesquels

guère aux petits Stone-Cists en pierres brutes de notre pays,
généralement de dimensions rest.reintes (faute de matériaux
grands ou d'un outWage assez complet) et dont le sommet,
assez
quand on les décou vre aujourd'hui, est presque ft fleur de
terre ou à une légère profondeur au-dessous du niveau du sol.
Celtes et les Gaulois con­
Il serait inouï d'avancer que les
Cette hypothèse seule pourrait ,
naissaient les embaumements_
une longue conservation des cadavres, et,
expliquer pourtant
ce point de vue je suis bien forcé de dire qu'après avoir lu le

dans le Finistère et décrites tou-
récit de tant de fouilles faites
jours sans en tirer aucune conclusion, je trouve vraiment fâ-
cheux que la première conclusion émise dans la publication
que je viens de citer soit une si profonde erreur.
Il est, en effet, de toute notoriété que, par tradition, on

inhumait encore de nos jours, à l'île du Loc'h et générale-
ment dans tout l'archipel des Glénans, les naufragés dans des
en pierre où le corps est plus ou moins replié
petits coffres
suivant la dimension des pierres brutes.
Voilà bien les Stone-Cists tels qu'ils ont existé à partir des
inhumations c'est-à-dire à dater de l'ère chrétienne.
ayant eu l'occasion d'aller souvent dans les îles
Mon frère
diverses des Glénans a fouillé un très grand nombre de ces
n'y a jamais trou vé autre chose que des osse­
tombes, et il
ments non incinérés, presque toujours bien conservés.
ont été trouvés dans le
Beaucoup d'autres du même genre
Morbihan (voir le bulletin de 1888 de la société polymathique,
132, 134, mémoire de M. l'abbé Lavenot). Il y
pages 129,
a vait près de ces coffres, contenant des 'squelettes, des débris
falte au tour, des briques gallo-romaines,
de poterie •
11 ne faut donc pas en conclure, comme le dit M. l'abbé
Lavenot, qu 'il y a eu là succession de populations, d'abord de
l'âge des dolmens, ensuite de l'époque gallo-romaine.
Tout indique comme je viens de le prou ver, que partout le
ce mode d'inhumation est aussi la premièr~ année de
début de
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. -- TOME XVI. (Mémoires). 21

l'ère chrétienne. Les longues chevilles en fer avec le bois de
y adhérant encore et provenant d'une grande barque,
chêne
rumi­
les aut.res objets trouvés, dents de chiens, mâchoires de
nants, etc ... , nous prouvent très clairement, par suite de leur
conservation, que les morts dont on en a ouvert là les tombeaux
et fouillé les stations étaient les descendants chrétiens des
Gallo-romains.
en fer qui pouvaient exister à l'intérieur
Les armes et outils
ou aux environs de ces sépultures n'ont pu résister non plus .
A cette époque, le fer était devenu d'un usage journalier et
beaucoup plus employé que le bronze, ce qui n'empêchllit pas
d'employer la pierre polie et la pierre taillée, mais cela explique
cependant le peu de richesse du mobilier trouvé dans ces
St.one-Cists. Une autre remarque, c'est que dans le même
on découvre aussi les sépul­
pays où l'on trouve ces coffres,
tùres par incinération. Il y a donc eu, sur place, succession de
populations et de coutumes, et non alternement comme certains
écrivains superficiels l'ont écrit encore tout récemment.
Le principe, pour les mobiliers /'uneraires, c'est que le debut
de l(~ civilisation a diminué b'wn vile le nombre des o~jels
accompagna[tt une sépulture et que let civilisation a supprimé
à peu près complètement cet uSftge.
Il est cependant possible et tout à fait admissible de trouver
un riche mobilier du début du christianisme avec ce nouveau
par ensevelissement dans bien des sépul­
mode d'enterrement
tures; j'y vois un reste des usages cl u passé transmis de
. génération en génération, devoir encore sacré pour la famille,
mais qui disparaîtra peu après.
ne possédions aucun document précis sur
Quoique nous
l'histoire des premiers siècles après l'in vasion romaine, nous
pouvons admettre que le christianisme, introduit assez vite
dans les Gaules, ne s'est avancé que plus tard dans le nord .
C'est pour cela que dans un si grand nombre de sépultures
D<;lnemark et du nord, on trouve tant de bronze dans les

tombeaux, avec les deux modes d'incinération et d'inhumation.
La période dü métal, avec dépôts accompagnant les sépul­
tùres, a duré beaucoup plus longtemps pour ces pays que pour
len6tre et toujours avec 'un progrès croissant de façon, pour
les armes et pour les ornements. Plus tard, malgré la tradition
ne fait exception et on ne dépose un
des siècles passés, on
mobilier funéraire que pour de très grands personnages. Je ne
citerai qu'un exemple puisé dans une exhumation toute récente
faite en avr-il 1889, l'ouverture, à la chartreuse de Pavie du

sarcophage contenant les restes du premier duc de Milan,
Jean Galeaz Visconti, mort le 3 septembre 1402, et de sa
première femme Isabelle de Valois.
On reconnaissaIt encore le velours cramoisi des vêtements
gante~ets ornementés de fils d'or, et, en outre, on trouvait
et les
dans le tombeau, près des mains jointes du duc, les restes
d'un missel dont une page était encore lisible, avec les élégants
fermoirs et signets d'or bien conservés.
gauche du corps étaient la large épée; le poignard et
A la
deux grands éperons de bronze doré du plus fin travail.
Aux pieds se trouvaient trois vases funéraires, dont deux en
terre cuite et le troisième en majolique, portant, en émail,
quatre écussons aux armes des Visconti.
On a incinéré les morts à une époque bien ancienne.
Avant les dolm~ns, dans ces temps absolument primitifs du
début de la période néolitbique, on se contentait de rouler une
grosse pierre brute sur les cendres au milieu desquelles on
plé'.çait parfois un sou venir, ou ti 1 ou arme en pierre. Cette
coutume s'est continuée in variablement pour tous les monu­
ments, tumulus, dolmens, jusque et pendant l'invasion 1'0- .
mame. .
à cette occupation le prou- .
Toutes les sépultures antérieures
vent, et ce ne sont pas les· Romains, incinérant eux-mêmes
leurs morts, qui ont introduit cet usage ou l'ont changé .
ne savaient guère, du reste, avant la conquête ce qui se
Ils

passait dans les Gaules, et quelle autre cause que le christia­
nisme aurait p 1 changer cet usage séculaire et universel en
Europe de l'incinération 1
Le christianisme s'est introduit pendant cette occupation, les
monuments funéraires se sont un peu modifiés, et, à la table
vOLlie en pierres sèches
supérieure des dolmens, a succédé la
sur des murs.
posée
Dans ces cryptes, à fleur de terre, on trouve un ou plusieurs
cadavres; plus tard, on a creusé la terre un peu plus profon­
dément pour le tombeau; voilà les stone-cists de toutes tailles,
réunis souvent en très grand nombre. Les habitants étaient
devenus plus sédentaires, et la difficulté d'avOIr des pierres de
grande dimension a fixé la forme réduite de ces cotfres où le
~adavre était assis très replié. Ces peuples avaient dù trouver
un moyen beaucoup plus rapide d'ensevelissement
à aussi
lue celui des murs et des voùtes en pierres sèches et c'est pour

~ela que cet usage a subsisté longtemps.
ont succédé
A ces coffres, avec la perfection de l'outillage, (
dans la pierre avec la forme du corps;
es sarcophages creusés (
nais 110US voilà déjà au début du moyen-âge: arrêtons-nous.

2° Le deuxième point dont je ne vais parler que très briè-
ce premier aperçu, ce sont les silex.
Tement dans
Pourquoi faire une quantité d'âges différents des silex?

autre série d'âges ~
Pourquoi établir cette
1: Pierre taillée.

II. Pierre polie.
Il I. Bronze.
IV. rer.
J'ai trouvé ensemble les silex taillés, les haches en pierre
olie, l'or, le bronze, le fer, les grossiers usoirs dans des dol­
tumulus' absolument fermés, et j'ai eu dans les
lens sous
tains, l'année d'ernière, un grattoir en silex qui m'a été mon­ •
'é par un des archéologues les plus distingués de notre temps,

I. René Kerviler, et provenant d'une fabrique de silex

taillés qui existait encore, il ya cinquante ans, pour les besoins
tanneurs de la Loire. Les vieilles coutumes sont tenaces et
des
je pourrais citer bien d'aulres preu ves absolument concluantes.
Il ne faut donc pas s'étonner du genre de mobilier funéraire
trou vé a vec les corps ensevelis; on a con tin ué à fabriq uer les
outils et les armes en silex en grande quantité, concurem­
ment avec l'usage des métaux, or, bronze et fer. Les métaux
ét.aient encore assez rares, cela explique tout, et le8 haches en
pierre polle exigeaient un temps plus considérable pour leur
fabrication que les silex taillfls, malgré le moyen trouvé à cette
époque de les polir beaucoup plus vite que par les usoirs, avec
sur axe horizontal.
les meules vèrticales
Quant aux différents âges que certains archéologues, pour
multiplier les coupures et augmenter l'importance apparente

de leurs ouvrages, ont donné ·à la pierre taillée, je ne dirai
iu'une chose, me réservant de m'expliquer plus clairement
luand j'aborderai la période paléolithiq ue, c'est qu'il est abso­
ument impossible, lorsqu'on n'a pas de grands types .entre les
cn.ains, de distinguer, par exemple, les petites lames mouste-
~iennes, des petites lames magdeléniennes, il n'y a qu'à les
nélanger pour arriver à cette conclusion, vis-à.-vis d'objets on
le peut plus authentiques; c'est que, partout et à toutes les
~poques, les matériaux ont été plus ou moins bons et les
lOmmes plus on moins habiles.
On a trouvé des silex taillés dans les deux grottes qui ont

lonné leurs noms à ces silex, voilà tout ce qu'il y a de vrai, et
Drsqu'un amateur viendra dire à propos de petits silex trouvés
par suite du hasard ou d'une fouille,
n nombre très restreint,
u'ils sont franchement de l'époque mousterienne et une a'Jtre

lui répondrai ou je penserai
)is de l'époque magdelénienne, je
u'il n'en sait absolument rien, pas plus que moi.
Ce que je dis de ces deux grottes, je pourrais le répéter pour
d'autres qui ont été découvertes successivement un peu
ien

partout. Dans 'quelques-unes, les silex taillés forment roche
fos15iles de genres variés. .
avec des
Période paléolithique.
J'ai dit, dans mon mémoire .la Bretagne antedilulJienùe
(silex quaternaires en Guengat, Finistère), (extrait du volume

de la Société polymathique du Morbihan, 2 semestre de 1887),
que. l'histoire de la Basse-Bretagne préhistorique co~nmençait
à cette découverte considérable; la seule de ce genre se rappro­
chant de l'extrême ouest, étant la station de la Ganterie à la
limite de l'Ile-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord, fai1e par
MM. Micault et Fornier.
A Keramouster, en Guengat, les types de la plus grande
taille à la plus petite se comptent par milliel's et sont absolu-
ment la reproduction exacte de ceux de Saint-Acbeul et de
yen avait là un gisement, le silex avait été
Mencbecourt. Il
trou vé en rognons sur place dans le ~oul-sol, et ce terra111 est
couvert de blocs de quartzite de toutes les nuances .
Les séries de preuves se suivent dans les collections dù
Vieux-Châtel.
La matière première était là en telle abondance que, maigr'é.
la proximité de la mer, ces hommes, au lieu d'aller y chercher
des galets comme partout ailleurs pour pierres d9 fronde, en
fabriquaient sçr place, par la, taille, en quantitè inouïe. En
outre de celles que j'ai mises dans ma collection, j'en ai bien

cet'tainement en caisses plus de vingt mille; il Y en . a même
de très soignées, ce sont les projectiles allongés à deux pointes.
On lés trouvait déjà à cette époque si reculée su périeurs aux
projectiles ronds et beaucoup plus meurtriers, ce que nous
avons trouvé nous-mêmes, à une epoqlle encore bien récente,
celle de la substitution des boulets et des balles coniques aux
projectiles ronds de notre armement qui avaient beaucoup
moins de pénétration.

Je demande, au sujet des frondes et de leurs pierres, la
permission de quitter un instant la période paléolithique, pour
mais très rapidement, car mon
parler des temps postérieurs,
éminent collègue, M. René Kerviler, a traité cette question
un de ses mémoires, en disant que les Gaulois se sont
dans
certainement servis du projectile allongé en forme d'olive;
j'en ai la preuve dans mes collections, non seulement pour
les Gaulois, mais pour toute la période néolithique, ayant
trouvé souyent dans les sépultures qui se sont succédées, pen­
dant cette longue suite dé siècles, ainsi que dans les campe- '
mènts et petites stations, ce genre de projectiles en pierre polie
et en silex taillé, sou vent aussi en schiste et en quartz;
Dans d'autres continents, les Européens, en y pénétrant,
ont trouvé les peuplades sauvages en possession de pièrres de -
du même genre, forme olive, très amincie des deux
fronde
bouts; de même qu'ils avaient aussi la hache en pierre polie.
Partout l'homme primitif a eu les mêmes instincts et de
tous temps.
Le plan qui est joint au mémoire dont je viens de parler
Guen­
indique l'emplacement exact de l'atelier quaternaire de
gat, et je ne veux pas revenir sur ce que j'ai dit à ce sujet.
J'ajouterai seulement que les haches, depuis la plus grande '
dimension, les marteaux, les poinçons pour enlever les éclats,
les grattoirs, les coups-de-poing, les pointes d'épieux, de lances

et de flèches étaient en telle quantité, qu'après avoir mis plus
:Jans ma collection, pour la démonstration
de sept mille types
prouvant irréfutablement l'âge quaternaire,
scientifique, en
j'en ai encore en réserve un nombre respectable de caisses. Il
est vrai que j'y ai mis le temps et le nombre d'hommes néces-
saires; mais j'ai tout enlevé. .
Ces silex étaient tous enfouis dans une couche compacte
d'argile et bien au-dessous de la terre végétale.
La profondeur est, du reste, pOlIr plusieurs localités une
question secondaire: les outils du type chelléen trou vés dans

; alluvions quaternaires ne sont très souvent qu'à une faible
ofondeur et à très peu de hauteur au-dessus du niveau des
ce qui est bien le cas pour la station de
urs d'eau actuels,
lengat. Ils appartiennent alors à la terrasse la plus inférieure
nt la formation n'est que le dernier épisode d'une longue
fois.
riode d'érosions interrompue et reprise plusieurs
Je ne crois pas qu'on puisse qualifier d'atelier, une localité
l'on a trouvé quelques centaines de silex, outils, lames ou
lples éclats sans gisement. Je ne vois là que des renseigne­

le passage des peuplades de la période néolitbique.
nts sur
1 fait plusieurs trouvailles de ce genre. qr
... a mer, à toute époque, a charroyé des. rognons de silex, et
populations qui se sont succédé s'en sont servies pour faire
pointes de flèches et des petits outils.
1 est bien certain, en tous cas, que ces très petits ateliers
au~une manière à l'épo--}ue paléolithique •
)partiennent en
url
iuaternaire.
elui de la pointe du Souc'h, sur la côte qui sépare les
Plozévet' et de Plouhinec, est de l'époque des
munes de
oens, et celui du Loch, en Plogoff, côte nord du cap Sizun,
le t'époque des Stone·Cist.,. Les sépultures nombreuses qui
plu
3té trou vées au centre même de ces petites stations l'ind i­
It d'une façon précise, et d'autant plus que les silex relevés
; les sépultures sont identiques à ceux que l'on trouve aux 187
tior
à la surface du sol.
rons
lith
li décou vert également des petites stations du même genre
faut classer à l'époque des dolmens, sur le bord de la baie Gui
les commuues de Poullan, Ploaré et
)ouarnenez, dans tère

évez-Porzay.
et gr'mds monu­ tant
r d'autres côtes, très riches en dolmens
mot:
Crozon par exemple, on trouve fort peu
s mégalithiques,
erres taillées.
ilà ce que j'ai vu; je ne connais que par ouï dire la dé­
d'ab
à quatre cents lames ou éclats de silex, faite
!rte de trois

1 une époque récente dans la commune de Guiclan, à Parc-ar­
>lenen, sur les bords de la Penzé, et à Roc'h-Toul, en Kero­
ony-Izella. Les quartzites avaient été trouvés sur place, les
)gnons de silex avaient été évidemment apportés de la mer.
L'auteur de ces découvertes et ceux qui en ont parlé depuis
très petites lames à l'époque moustérienne;
ttribuent ces •
lais ni eux, ni moi (les gros types manquant ainsi que les
telTain), ne pourrions l'affirmer sans les plus
mditions de
,trêmes réserve::-, et je préfère dire que ces ateliers très peu
appartiennent à l'époque néolithique. Roc'h-Toul,
lportants
lOique ca verne, a pu être habitée pendant cette dernière
:l'iode, et il ne s'en suit pas du tout, parce qu'une habitation
été souterraine, que cette occupation ait eu lieu nécessaire-

:=mt à l'âge quaternaire, ce qu'on est trop pressé souvent
tvancer.
Dans d'antres grottes du Finistère on a trouvé, du reste, des
[les cinéraires et des haches polies, ce qui indique parfaite­
,nt que ces grottes n'ont été habitées que depuis l'époque
)lithique.
En résumé, je ne vois dans le Finistère qu'un seul atelier
Iternaire, celui de Guengat. POLlr celui-ci les preuves les
s caractérisées et de tous genres abondent.
'e sais que la carte de la Gaule antehistorique, publiée en

15, par la commission de topographie de la Gaule, ne men­
me, en Basse-Bretagne, qu'une station de l'époque paléo­
ce1l0 de Roc'h-Toul, près du moulin de Luzec, en
ique,
:clan, canton de Taulé, arrondisserrient de Morlaix (Finis­
), dont je viens tout-à-l'heure de nier le grand âge. Je
à cette époque la. découverte si impor­
ais pas fait, en effet,
et quartzites quaternaires de Kera­
e de .l'atelier des silex
lster, eri Guengat, puisque je ne l'ai faite que dans l'été de
3, onze ans plus tard. , '
oc'h-Toul est une caverne néolithique, tout le prouve;
ord la petite dimension des pierres taillées qui y ont été

trouvées et dont on ne peut tirer que des conclusions néga­
ti ves; ensuite, l'inventaire des ca vernes similaires signalées
jusqu'à ce jour da~s Je Finistère. Toutes appartiennent incon-
testablement à l'époque néolithique. .
Le cas de Roc'h-Touln'a pas été assez vérifié, voilà tout, et
l'inventeur de cette caverne paléolithique a été cru sur parole.
Kj..-ükennux~ddings (debris de cuisine) .
Je n'en ai pas trouvé en Bretagne, mais il a clù en exister
Presque tous ces amas, situés
beaucoup et de considérables.
sur les bords de la mer et détruits par les empiétements ou
à la mer ou sont venus grossir la surface
les pluies, sont allés
vall~es voisines.
des terrains d'alluvions des
Il ne faut pas d'ailleurs attribuer à ceux qu'on a découverts
une origine bien ancienne. Dans ceux du Danemark on a
trouvé des objets, outils et hameçons en os bien conservés,
indiquant une époque relativement récente.
n'a été colonisé par les Danois qu'en 1721, et
Le Groënland
. les découvertes de ce gent'e qui y ont été faites indiquent
parfaitement qu'en général ces amas ne remontent pas à une
haute antiquité, quoiqu'on y trouve en même temps que l'os,

le bois, le fer travaillés, des pierre8 polies et des pierres taillées.
mémoire et pour preu ve, u ne pointe de flèche
Je cite, pour
percée en . pierre pour faire office de harpon (musée de Copen­
en 1791 dans le corps d'un phoque tué à
hague), trouvée
Egedesminde.
Ce que je dis des kjœkenmœddings du Danemark et de
qui ont
l'extrême nord peut s'appliquer à notre pays, et ceux
été découverts appartiennent à la fin de la période néolithique
ou au début de notre ère.
la plus vraisemblable, si on
Cette dernière hypothèse serait
y a trouvé, comme cela a été écrit, des poinçons en os; l'os ne
se conservant pas du tout, surtout au bord de la mer, dans
notre pays au sol extrêmement perméable .

La présence d'un cadavre n'indique pas grand'chose, car il
a pu être placé là après la création de ces amas. Tout au pl us
pourrait-elle faire croire que ces amas datent du début de l'ère
à l'incinération.
chrétienne, époque postérieure
met si som'ent en
Les preuves anthropologiques que l'on
avant ne sont pas très concluantes. Les différences de types
que l'on observe actuellement dans les diverses parties du
changements
monde nous disent assez qu'avec les siècles les
de peuples, sur un même point, ont aussi changé les types;
mais il ne faut pas tirer de là des conclusions absolues; à des
de lieues de nous, on trouvera, aujourd'hui au milieu
:nilliers
de populations d'un aspect absolument opposé au nôtre, des
au type français
types dont le crâne ressemblera exactement
actuel, à la moyenne du moins, car il y a des différences très
sur le hasard qui pro­
sensibles, et il faut compter d'ailleurs
duit, souvent à côté l'une de l'autre, des figures absolument
dissemblables.
Ce qui est vrai de nos jours devait l'être alors; les types,
surtout après plusieurs siècles, devaient avoir entre eux de
en même temps que des retours fré-
très notables différences
quents aux lypes divel's primitifs. .
J'aime à penser, du reste; que les premiers hommes, à leur
début sur la terre, ne devaient pas . différer d'une façon si
l'homme actuel, sw.rtout dans la forme cl u crâne,
grande de
ne devait guère être affecté par les habitudes journalières
qui
premiers habitants de la terre dont l'unique préoccupa-
de ces
tion était d'obéir à l'instinct de conservation et de repro-
duction.
Les preuves que nous possédons nous donnent de prime
Obligés
abord la pensée que ces occupants de la première heure,
d~ tout inventer, ont pu se suffire à eux-mêmes, et qu'ils ont
fait preu ve d'imagination et d'mgéniosité dans toutes leurs
d~ leur personne. .
inventions pour la conservation

Sépultures néolithique •. .
Les sépultures néolithiques nous disent l'histoire de cette
,ériode.
âge fau t-il faire remonter l'incinération des morts
A quel
[ans notre pays ~
Des fouilles et des observations répétées pendant plus de
ans m'engagent à croire absolument que l'incinération
rente
:les morts a commencé avec l'usage habituel du feu.
des
Les premiers habitants de notre pays n'avaient que
)utils on ne peut plus simples et de peu d'effet, et ils ne pou­
à cette première époque, creuser profondément
vaient guère,
la terre; de là l'idée de . l'incinération.
Dans cette hypothèse que je prouverai tout-à-l'heure, il
faut abandonner radicalement l'idée de la réduction des
davres par l'exposition à l'air pour pouvoir ensuite en placer
dans un sarcophage de dimensions restreintes.
plusieurs
La conservation des ossements indique, en Bretagne, une
origiI;le relativement peu ancienne à cause de l'absence dans
notre sol des agents chimiques de conservation, et s'il a été
trouvé (ce que je n'ai pas vu) dans un même sarcophage, trop
petit pour les contenir, même repliés, les cadavres de deux
indi\idus, c'est qu'il y avait eu transport d'une sépulture
provisoire, comme cela se fait encore de nos jours et s'est
pratiqué à toutes les époques de l'ère chrétienne.
Les inhumations par ensevelissement et sans incinération
dans les tombeaux en maçonnerie ou en sarcophages de tous
tumulu8, datent du début des premiers
genres, avec ou sans
En lisant de Caumont, on voit quelle était la
missionnaires.
ce qui a
prospérité de la Gaule sous la domination romaine,
aux premiers apôtres chrétiens de s'avancer avec sU0cès
permis
vers l'ouest.
Les véritables Romains ne sont guère venus du reste en
Bretagn~, où on trouve relativement . au midi de la France

très peu de vestiges de villas et peu de sépultures, surtout de
à Toulouse par exemple.
grands cimetières, comme
et de leurs stations sont
Les traces du passage des armées
ces armées se composaient en grande
très nombreuses, mais
aux autres peuples soumis du
partie d'hommes appartenant
qui connaissaient peu
nord et de l'est, et ces soldats assimilés,
la civilisation romaine, n'ont pu guère changer les coutumes
f't les mœurs des Gaulois qui ne voulaient pas accepter la
ni en prendre les coutumes. Les
domination du vainqueur
chefs restaient dans le midi de la Gaule où on a trouvé bien
plus de richesses et de monnaies dans les campements, et des
avant la mort .
sépultures indiquant le rang élevé occupé
Le christianisme seul a apporté un nouveau mode de sépul-
ql1i était une coutume
ture et fait abandonner l'incinération
peuples; on a enterré les morts, mais on
commune aux deux
a continué une partie des cérémonies funèbres des siècles
passés.
On n'a plus élevé de grands monuments mégalithiques,
tumulus renfer­
mais on a continué d'élever encore quelques
mant des cryptes, en maçonnerie sur les côtés, d'abord recou­
dalle, puis bientôt d'une voûte en pierres sèches
vertes d'une
et renfermant souvent plusieurs morts.
Ces cryptes, avec murs et voÎlte en petites pierres, n'ont pas
été construites, ainsi que cela a été dit récemment, parce que
d'autres pierres plus grandes manquaient. Plusieurs monu-
ments de ce genre ont été signalés, qui étaient placés dans des
Oil les petites pierres informes n'étaient guère abon­
endroits
daGtes, tandis que les grands monolithes, épars et détachés de
la surface du sol, étaient en grand nombre. Il faut donc voir
là, pour les Gaulois, le commencement de l'instinct de la
Romains, du reste, leur donnaient
maçonnerie dont les
l'exemple, et l'âge le plus rapproché de nous.
Plus tard, les tum ulus disparaissent pour faire place aux
grandes urnes, immenses jarres comme on en fabrique encore

dans certains pays, ou. aux petits sarcophages où ]e corps était
pour ainsi dire.
replié, assis
piene et
Les derniers sarcophages sont ceux creusés dans la
ayant à peu près J.a forme du corps qui y était déposé allongé.
en cryptes ou en sarcophages, de
Avec toutes ces sépultures
sans tumulus, on a continué cer­
formes différentes, avec ou

taines coutumes de l'époque précédente de l'incinération; les
ont été conservés. J'ai
armes, les outils des siècles antérieurs
parlé, comme exemple, au début de ce mémoire du spécimen
encore, il y a cinq uan te
des grattoirs en silex dont se servaient
ans, les tanneurs cie la Loire, outils ab501ument identiques à
ceux de l'époque gauloise.
étonnant que ces coutumes se ~oient conser­
Il n'est pas
vées.
On voyait encore en Bretagne, il y a quelques années,
partout où les voies de communication et les relations n'avaient
pas encore changé les habitudes, des usages variés remontant
à bien des siècles, et j'en pourrais ci.ter de très nombreux

exemples. .
. Je reviens à l'inciné(ation pour dire qu'elle a été: depuis les
jusqu'à l'introduction du Christianisme,
temps les plus reculés
la coutume invariable de toutes les peuplades qui se sont suc-
cédé sur le sol de la Bretagne.
parle que de cette contrée, n'en ayant pas exploré
Je ne
d'autres; mais je crois qu'on peut tirer de mes observations
les mêmes conclusions pour le reste de l'Europe.
On peut même avancer avec certitude que les différents
peuples, à l'époque néolithique, ayant toujours avanc8 de
l'Est vers l'Ouest, ce qui est vrai ici doit l'être aussi bien
partout ailleurs.
J'ai fait bien des fouilles de sépultures provenant d'époques
vé la preuve indiscutable
bien différentes, et j'ai toujours trou
de l'incinération. .
sur la terre, à l'endroit
Après avoir laissé les cendres d'abord

même où le corps avait été brûlé et reCO'.lvert après d'une
grosse pierre brute, l'idée est venue de mettre ces cendres dans
un vase grossier, fabriqué à la main, peu ou pas cuit, et
à la surface de la terre, mais recouvert d'un
reposant aussi
tumulus et plus tard d'un monument mégalithique avec ou

sans tumulus.
Cet usage s'est continué de siècle en siècle et a traversé

ainsi l'époque des dolmens. Les Romains, envahisseurs de
Gaule, avaient la même coutume de l'incinération, avec ..Jette
seule différence que, dan~ leurs sépultures isolées et tous leurs
l'urne
cimetières, on se contentait presque toujours de mettre
seule en terre. On n'a rencontré que rarement l'urne avec un
mobilier et mise en sarcophage.
Pour les tèmps qui ont précédé la période néolithique, toutes
France et
les fouilles des terrains quaternaires du nord de la
ont donné
d'autres régions, lés fouilles des cavernes du Midi
quantités considérables d'ossements d'animaux réunis aux
des
silex taillés; mais pas d'ossements humains, ou du moins les
lju'on peut dire que ce
cas sont tellement rares ou douteux,
à ~ne règle générale.
sont alors des exceptions complètes
où des
Tout doit dépendre d'ailleurs de la position exacte
ont été trouvés. Il peut y avoir eu superposition à
ossements
des époques éloignées l'une de l'autre, puis un remaniement
du terrain.
A u bout de deux ou trois siècles, cet te terre est devenue de
l'on
nouveau très compacte, surtout dans certains terrains, et
trouve ensemble des objets qui ne devaient certainement pas
etre reUnIs.
Plusieurs mémoires, écrits à la suite de fouilles faites dans
discu­
des conditions semblables, me semblent absolument
tables; mais je sais qu'il est difficile de mettre en doute les
n'a fait qu'une fouille
assertions de l'amateur d'occasion, qui
et l'explique longuement.
à {( l'histoire primitive de
Dans les matériaux, pour servir

l'homme Il, numéro de janvier 1888, un de ses deux direc­
teurs dont la grande compétence est si connue, M. E. Car­

tailhac, pose la question: incinération ou exposition à l'air
libre.
(c Il regarde les preuves comme plus que suffisantes pour
« prouver que l'incinération était pratiquée à l'âge de la pierre
« polie et que cette coutume étatt · certainement bien plus
« répandue qu'on ne l'avait cru d'obord, l'incinération étant
« le meilleur moyen pour réduire rapidement un cadavre à sa
« plus simple expression. Toute l'ethnographie con6rmant
« cette coutume, si bien qu'il eût été extraordinaire de ne pas
« la rencontrer chez les pr'imitifs de l'Europe. »
M. Cartailhac dit aussi:
« L'incinération devait être en vigueur un peu partont et
CI. ses traces un peu fugitives ont été souvent méconnues par
« des explorateurs trompés par les théories en cour's et croyant
« toujours à des violations de sépultures ou à des ensevelis­

« sements postérieurs à l'âge de la pierre.
« Peut-être un jour sera-t-il démontré que l'incinération a
« été fort en usage aux débuts de la période néolithique et
« qu'elle a persisté. )
Tont ce que j'ai lu, en dehors de cet extrait, quoiqu e les
mon opinion
conclusions soient toujours contraires, confirme
à ce sujet. On s'est trop basé en effet sur les
et mes assertions
seulement (~ertains auteurs fidèles ont
vieilles théories, et non
conservé aujourd'hui les époques séparées des pierres taillées,
puis polies, puis du bronze et enfin .du fer, mais ils ont encore
âges des époques de
trouvé le moyen d'établir entre tous ces
et danr:; des ouvrages souvent très longs, qui ne
transition,
peuvent intéresser un moment que par les plcmches représen
~ant les objets trou vés o.U vus, ils ont mis ce ~ ; 'dessins à pro fi t

Jour les besoins de leur cause, en essayant de prouvér, par

eurs trou vailles, les âges successifs indiqués dans leurs écrits.

Il n'y a qu'à réfléchir pour comprendre le néant de pareilles

opiniûns, puisque la réuniûn des armes, ûutils et ûrnements
en métaux et en pierres de tûus genres est prûuvé dans des
sépultures inviûlées; et de plus' ûn peut faire remarquer à
à côté d'un cadavre inhumé,
certains écrivains qu'en indiquant
des pûteries fines faites au tour, d'autres ûbjets très sûignés,
des cûnstructiûns mêmes avec étages, il faut se garder de
le mût néûlithique et penser que la civilicatiûn et le
pronûncer
christianisme fixent une tûute autre épûque.
Pûur mûi, il y a tûujo.urs eu incinératio.n; vûilà la vraie
to.ut à fait exclusive po.ur tûute la pério.de
cûnclusio.n et j'ajûute
néûlithique et le début de l'ûccupatio.n ro.maine jusqu'à l'ère
chrétienne.
je le répète, aucune sépulture de celte
Je n'ai jamais tro.uvé,

èpo.que pûuvant do.nner tûut ûU partie d'un squelette. Tûutes
do.nné la preu ve certaine de l'incinératiûn par le mélange
ûnt
de petits ûssements incûmplètement cûn~umés à une cûuche .
no.ires au centœ du mûnument.,
de cendres et de matières
du cilarbûn et à la terre
mêlés presque tûujûurs à la masse
le feu; preuve incûntestable que
rûugie et nûircie, calcinée par
le fûyer avait été établi là.
à reconnaître à première vu~, car
La cendre est très facile
ûn la trûu ve géûéralemen t par bo.u les ûu par paquets; la vue en
premier abo.rd dans les sépultures dûlméniques
est frappée an
d'un galgal mais elle est bien facile à recûnnaître
surmûntées
les tumulus en tene, d'autant plus qu'elle s'y
aussi dans
tro.uve sûuvent en quantité cûnsidérable.
ûu en mûins prûvient de
La différence de quantité en plus
l'endro.it Ûlt le cadavre a été incinéré. S'il y a eu transpûrt. de
o.n en tro.u ve beauco.u p mo.ins, mais ûn en vûit tûu­
cendres
jo.urs assez, la règle est invariable .
..... ~àg.~ des lu(nulus et des dive.-s 1l1onUlnent.8
Inégalithiques avec incinération.
J'ai tro.uvé mes preuves, pûur ces sépultures, par inciné­
Celtes et des Gaulûis, avant et pendant le début de
ratiûn, des
BULLETIX ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XVI. (Mémoires). 22,

l'occupation romaine, par les fouilles que j'ai faites dans le
Finistère et une partie des Côtes-du-Nord et du Morbihan, et
comme je l'ai déjà fait remarquer, tout ce que j'ai lu des
fouilles faites ailleurs, m'a confirmé dans mon opinion; malgré
des conclusions "Opposées qui me laissaient voir des lacunes et
me donnaient la certitude qu'il y avait des erreurs bien
grandes pour la date indiquée des sépultures par ensevelisse-
ment. .
On ne s'est jamais basé que sur les objets trouvés près des
morts, en quoi on a eu tort, car cette preuve n'est que bien
relati ve; je ne cesserai de le répéter.
Le premier monument établi pour honorer la mémoire d'un
mort a été une simple pierre brute roulée sur les restes inci­
nérés. Puis sont venus, avec un bien pauvre outillage encore,
les très petits tumulus recou vrant les cendres. Là on trou ve la
terre brute mélangée aux cailloux du sol natureL La forme est
sphérique; on trouve à la base des cendres .et des charbons,
pas de galgal, le mobilier funéraire est rare, peu d'armes en
pierre, peut-être y a-t-il eu des outils et des amu lettes en os,
façonnés, en tous cas, très grossièrement, comme les similaires
trou vés dans les pays calcaires; mais dans le nôtre, s'il y en
a eu, le tout est décomposé. Dans d'autres tumulus de la même
époque, presque tout est galgal, peu ou pas de terre; pas de
dolmen. .
La collection du Vieux-Châtel s'est augmentée pourtant par

le grand nombre de fouilles de ce genre, d'objets très intéres-
sants : haches en pierre polie, silex taillés, usoirs et percuteurs.
Tout récemment, en Crozon, sous deux pierres brutes à côté
l'une de l'autre, j'ai trouvé les cendres indiquant deux sépul­
tures et, en plus, sous l'une, un usoir-polissoir à quatre faces,
et, sous l'autre, la plus grande et la plus belle hache en fibro­
lite de ma collection, très large du tranchant et faite avec les
usoirs et polissoirs fixes et mobiles.
Non loin de là, dans un dolmen, -j'ai trouvé une petite hache

en diorite faite à la me1Jle, ce qui m'indiquait pour cette sépul-·
ture une clate postérieure de bien cles siècles.
Plus tard, les tumulus é;randissent; la terre qui a servi à .
les élever est mieux choisie, sou vent pri~e clans la station-camp
qui est à .côt-é et remplie pal' suite de petits débris de poterie
et souvent de silex.
grossière
n'y a pas encoré de galgal, surmontant un dolmen,
comme cela se fera plus tard, les cendres sont moins décom­
par les eaux, et on en trouve davantage ainsi
posées ou lavées
que du charbon. On voit parfois des débris d'urnes très épaisses

et fabriquées d'une façon très grossière.
une époque ultérieure, et sur cles poteries faites encore
pourtant sans le secours du tour, on sent un grancl progrès.
la même époque, je vois ensuite deux genres de tumulus,
.égaux par leur apparence extérieure, mais très différents à
l'intérieur.
Dans les uns, il ya un cromlech à la base, pas de dolmen
ni de galgal a l'intérieur, des cendres et quelques débris de
poterie. Dans les autres, grands tumuius aussi comme les
pr~cédents, il y a au cen tre une énorme pierre brute posée sur
le sol, les vides ou interstices du pourtour bouchés avec des
petites pierres brutes.
Sous ces tombeaux primitifs que j'ai trouvés en grand
nombre, il y avait des cendres et des débris d'ossements
très petits, imparfaitement incinérés, des silex taillés, quelques
haches en pierre, rares encore, souvent brisées intentionnelle­
ment, des usoirs à une ou plusieurs faces, un grand nombre
. de rondelles, les unes en granit de 3 à 6 centimètres de dia­
mètr.es et beaucoup d'autres de très petites dimensions, en
schiste et en silex, très finement retaillé pour obtenir la circon­
parfaite; et dans l'un, deux morceaux de marteau ou
férence
en pierre poUe avec grand trou d'emmanchement.
casse-tête
Les urnes, très grossières encore étaient toujours très décom­
posées et détrûites presque complètemént par le temps .

Dans les tumulus de ce genre que j'ai fouillés à Plonévez­
Porzay et dans les communes voisines, les silex taillés étaient
très nombreux; mais à mesure que je me suis éloigné de la
côte, ils sont devenus de plus en plus rares.
arrivons aux tumulus de l'âge des dolmens.
Nous
Ces monuments, contemporains des dolmens, ont été élevés
où il n'y avait que peu ou pas de
près de camps-stations,
pierres; généralement ils sont grands et sphériques.
J'en citerai seulement quatre différents, affectant la forme
d'un cône pointu, tous en ligne de l'est à l'ouest dans la même
pièce de terre en Saint-Hernin .
eux contenaient chacun une urne sans mobi-
. Trois d'entre
lier; le quatrième nJest pas encore fouillé, son propriétaire se
réservant, in petto, d'y trouver un trésor.
Quand il n'y a aucune pierre on trouve l'urne posée sur le
sol naturel à la base du tumulus, quelquefois entière, le plus
sou vent affaissée sous le poids de la terre.
Les urnes sont moins épaisses, faites avec infiniment plus
Ce ne sont plus
de soin, quoique sans le secours du tour.
maintenant les poteries p:-imitives, grossièrement formées du
celtique; la période gauloise a perfectionné
début de l'époque
de plus en plus les vases de tous genres et la matière première
est mieux choisie et plus tr'availlée. CeLte re,marque est géné-
rale à toutes les urnes trouvées s.ans les tumulus de râg~ des
ni galgal ni sarcophage ou crypte .
dolmens ne contenant
Quelques-uns de ces vases et surtout les mortiers en terre
cuite étaient fabriqués d'une façon qui n'est guère usitée
aujourdJhui. La terre pétrie était posée sur une platefol'me e~,
on la pressait fortement à la main pour lui donner la forme
vou 1 ue. On laissait sécher et on retou rnait le vase qui a vai t,
pendant la première façon, l'entrée de l'orifice sur la plate­
forme, pour arriver ensuite à produire la partie creuse avec un
couteau en silex. Les 'parois devaient être ensuite repassés en
mouillant légèrement p'our donner le poli.

Ces tumulus, souvent énormes, recouvrent la sépulture d'un
chef important; mais quand on trouve un tumulus dans ces
qu'à cette époque,
conditions, on peut être absolument certain
aux environs de l'endroit 01.1 le chef était mort, il n'y avait p~s
de pierres à la surface de la terre, et dans ces temps les moyens
manquaient entièrement pour certaines distances.
de transport
ce genre que j'ai fouillé est le grand
Le plus beau type de
tumulus' de Kerleic, en Plévin (Côtes-du -Nord). Il avait
4 mètres de hauteur à la perpendiculaire du centre SUl'
30 mètres de diamètre, et il était fmmé entièrement d'argile
Qase on voyait l'aire de feu qui
compacte sans pierres. A la
avait profondément calciné le sol sur un diamètre de près de
trois mètres. La couche de cendres et de charbon étaient très
sur toute l'étendue. Au nord-est de cette aire de feu,
épaisse
sur les cendTes deux urnes pareilles l'une à CÔlé
étaient posées
de l'autre, et à deux mètres, vers le sud-ouest, se trouvait une
troisième urne, œlle-ci différente de forme, toutes les tl'ois
rem plies de cendres et de très ' petits ossements inciliérés, et
d'une petite pierre plate en schiste; pas de
l'orifice recouvert
mobilier funéraire.
tumulus de
Citons encore, parmi bien d'autres, le grand
Tyroué, en Landeleau que son propriétaire, M. Le Breton,
ma disposition. Je
a vait mis, avec la plus grande amabilité, à
Il avait 3 mètres de hauteur au
l'ai fouillé en septembre 1888.
sur 31 mètres de diamètre; au fond, énormément de
centre
cendres et d'ossements incinérés, très réduits et ressemblant
de la poussière très fine de bois pourri.
avait une
A l'angle sud-est de cet amas de cendres, il y
urne, à deux anses, encore entière, mais fendue et
grande
le poids des terres. Je l'ai reconstituée: elle est
affaissée par
en poterie épaisse mais bien cuite et régulière quoiqu'elle n'ait
pas été hite au tour. Elle était remplie de cendres et de petits
sur une grande molette
ossements calcinés et réduits, et posée
0 m. 25 sur 0 m. 18.
plate très polie et rectangulaire de

Je fouillais le même jOllr, à c6té, ayant pu céder une partie
de mon personnel à mon aide-surveillant, un tumulus plus
petit et très régulier de la même époq \le. J'y ai t1'OU vé, au
milieu des cendres, une pointe de flèche en silex rouge, à
ailerons et pédoncule, barbelée sur' les deux c6t~s .
En résumé, ces diverses sépultllres sous tumulus simples
contenant des urnes bien soignées, mieux cuites et souvent
ornées au poinç'}n de lignes et de pointillé, avec un mobiliee
funéraire interessant, indiquent un tribut de reconnaissance à
un chef réellement vénéré, et en même temps une époque de.
p1'Ogrès où on travaillait l'argile après l'avoir lavée ou nettoyée ,
pouvoir plus facilement après orner et cuire ces vases.
pour
qui fait que presque toujours on ne trouve rien que des

débris de poterie dans les premières sépultures de l'époque .
celtique, c'est qu'on se servait de · vases faits vivement à la
main, composés de mor'ceau'{ d'argile à peine pétris, super­

posés sans union intime, et sou vent, très probablement, on

employait pour urnes des récipients déjà hors d'usage ou
fabriqués hâtivement pour la circonstance.
Une remaL'que, d'ailleursgénél'ale, est celle-ci: dans tous les
monuments funéraires de toutes formes, des habitants de la
Gaule, les urnes sont toujours remplies de cendres.
J'ai lu, dans le récit de certaines fouilles, qu'il en avait été
. autrement et qu'on avait trouvé des urnes vides. J'avoue que
j'ai toujours vu le contraire, et je conclus en disant que les
monuments avaient déjà été fouillés ou qu'on s'est trompé. .
grands tumulus, il faut dire aussi un
Après avoir parlé de
mot de ces multiples sépultures réunies, ou disséminées et

appartenant à toute l'époque néolithique.
Il est évident qu~on n'a pas élevé , pour tous les morts des
tumulus et des dolmens. Partout, surtout en Bretagne et en
Danemarck on a trou ve en très grand nombre, des armes et
des ou tils réunis généralement par deux ou trois, sou vent un
objet seul.

Ce petit nombre de souvenirs enlève l'idée d'une cachette,
ne sont pas nou plus les ex-voto déposés dans un sanc­
. tuaire q lJi n'existe pas, et on doit admettre que ce sont des
petits mobiliers funéraires joints probablement à une urne
plus ou moins parfaite et décomposée, ainsi que les cendres
n'étant pas protégées par un monument, ont été presque
qui,
par les eaux.
toujours vite lavées
un exemple seulement:
Je cite
Presque à la surface du sol, dans un endroit oil il m'avait
semblé voir un peu de cendre mêlée à de la terre, j'ai trouvé
ensemble deux très jolies pointes de flèche en silex à ailerons
et pédoncule.
Ces sépultures dépourvues de tumulus étaient simplement
à la terre, à une très légère profondeUl', les
des dépôts confiés
une
cendres mises dans le premier récipient venu, quelquefois
meule ou un mortier creux et accompagnés souvent d'objets,
posés à côté.
en petit nombre,
Ces sépultures se trouvent partout en dehors et souvent très

éloignées des campements et des stations. Ce qui me donne la
d'une sépul-
certitude que ces trouvailles forment le mobilier
ture, c'est que, aidé un peu par le hasard, je dois le dire,
n'y a aucune marque extérieure, j'ai trol1vé jusqu'à
puisqu'il
quatre sépultures avec mobilier sUl'la même ligne et espacées
à des intervalles réguliers.
. Dans les sépultures de ce genre, j'ai trouvé les haches en
les mm'tiers, pilons et molettes, les perüuteurs, les
pierre polie,
silex taillés, etc .. , et je crois qu'il yen a eu à toutes les époques.
On n'avait pas toujours aux environs une grosse pierre à
a été, comme je l'ai dit, la première défense des
rouler, ce qui
cendres des morts.
Un autre genre de sépultures qui appartient presque à toutes
les époques, ce sont les dolmens en miniature composés de
pienes plates de très petites dimensions; ,les plus grandes

posées de champ par trois on par quatee, n'ayant pas plus de
o m. 50 de hauteur sur 0 m. 20 à 0 m. 30 de largeur.
Ce,> .réductions de monuments sont qulqnefois recouverts .
d'une très petite dalle supérieure qui affleure à la surface du
le plus souvent ces pierres se rejoignent par le haut,
sol, mais
à leur base l'espace nécessaire pOUl' poser l'ume cii1é­
laissant
raire et le rnobiliér funéraire. Dans ce genre de sépultures,
vé surtout des outils en pierre et des silex taillés, réunis
j'ai trou
ai récolté
. aux cendres, charbons et débris de poterie, mais j'y
pour la
aussi des haches en pierre polie. C'est en démolissant
culture une petite sépulture de ce genre, que M. Cospérec,
propriétaire à Langonnet (Morbihan), trouva une grande lame
yu'il m'a
de silex qu'il perdit et deux haches en pierre polie
données et ayant chacune un cachet particulier. L'une très
plate, très soignée en silex transl'Jcide, l'autre en fibrolite
vénée de rouge,à tranchant extrèmement aiguisé, mais presque
transversal.
Cette particularité, qui a fait l'objet d'un mémoire récent,
la cause précise, n'est
mais sans conclusions indiquant
et on peut voir plusieurs haches de ce
d'ailleurs pas très rare,
genre dans les collections d II Vieux-Châtel.
Ce sont simplement des armes ou outils ébréchés par le
service et réaignisés par- leurs possesseurs qui faisaient en
le moins possible
sorte, pendant cette opération, de diminuer
de la pierre en profitant du travail déjà fait.
la longueur
Ces hacbes appartiennent à l' époq ue des meule" verticales
tournant sur axe horizontal, ce qui permettait de les fabriquer
de les réparer bien plus rapidement qu'avec des
et surtout
USOlrs. .
il est question de cette hache trou vée sous
Le mémoire où
un tumulus, en Plouhinec~ signale, comme un fait nouveau,
ce monument, il y avait des pierres calcinées pro­
que, dans
Ce genre de tumulus se rencontre assez
tégeant les cendres.
soùvent; ces pierres sont celles qui avaient entoure le cadavre

pendant l'incinération; et j'ajoute que fréquemment dans les
localités où il y a des pierres, j'ai remal'qué ces petits galgals
pour protéger les cendres ou l'urne. Je signale spécialemént
toute la chaine de montagne du Menez-C'hom, où j'ai vu le fait

souvent reproduit. '
undesplus gl'ands de ces tumnlus, situé en Saint-Nic,
Darts
SUl' une grande lande remplie de pierres, petites et moyennes,
au lieu d'être plus ou moins aplati, était
le cône de protection,
très reievé, et l'urne était posée Sur le sous-sol argileux, battu
et recouvert de sable de mer très fin.
Ce monument était réellement curieux pal' le soin mis à sa ,
constl'llction. Je l'ai fouillé en 1888; l'utne à deux anses fait
partie de mes collectioilS, mais elle ne contenaiL pas la totalité
des cendres, dont la plus grande partie était autour et au-dessus.
Un dernier mot sur les tumulus en terre de l'âge des dol ..
mens; si on y trou ve généralement des pierres polies on
taillees, on y rencontre aussi les métaux, bronze et fer. Je l'ai
Un des derniers de ce genre que j'ai fouillés, le plus
constaté.
grand des nombreux tumulus ou verts par moi; en Telgruc,
contenait, posée au milieu des cendres, à côté de l'urne, une
twcille très épaisse en fel', avec douille d'emmanchement;
elle est bien conservée et fait pal,tie de mes collections.
Dans un autre grand tumulus, en ' Plonévez-Porzay, j'ai
trouvé, à côté de l'urne, une tl'anche en fer de très petite
dimension. •
Nous voici aux dolmens; les monuments vont grandir et
devenir 'plus imposants partout Oll on peut se procurer la
pIerre.
Le premier dolmen, avec ou sans tumulus, a été la suite de
l'idée d'agrandir les pierres uu galgal pro~égeant la sépultu're
et. de former une sorte de sépulrre préservant l'urne.
Les proportions ont, augment6 ensuite; voilà l'origine des
Inutile de dire que tous sont
dolmens, allées cou vertes, etc.
des tombeaux, les premiers posés sur la surface du sol; d'autres,

d'époques ultérieures, entrant de plus en plus profondément
en terre.
. Ces derniers monuments mégalithiques ne sont pas très
anciens. J'ai trouvé, dans un grand nombre de dolmens, ror,
. le bronze, le fer, réunis à la pierre polie et aux silex tailléii.
On ne peut pas faire remonter ces derniers monuments, ayant
tous une crypte sépulcrale souterraine, à plus de six à sept

avant notre ère. Cela est d'autant plus vrai, que j'ai
siècles
trouvé, dans plusieurs de ces sépultures, le fel', qui ne se
La collection d'u Vieux-Cbâte~ possède des
conserve guère.
fusaïoles, socs de charrues, pics, faucilles, pinces et marteaux
de fondeurs, des boulets en fer réunis à d'autres, en granit,
trouvés à côté d'une grande pierre en granit, sur laquelle j'ai
sur une face et douze sur l'autre.
compté onze cupules
J'ai reconnu, près de plu1Siet1rs d8 ces tombeaux, les traces
fourneaux de fonte de fer et une quantité de scories. Bien
d'autres objets, certainemen t moins bien fabriqués ou pl us
exposes, ne se sont pas conserves Jusqu a nos Jours .
Voilà donc un outillage complet, presque parfait, et l'on
comprend ainsi comment ces peuples pouvaient, dans notre
dur sol breton, enfouir, à un mètre au-dessous du sol et quel­
quefois plus, les supports des tables.
des silex OLl autres pierres emmanchées
Ce n'est pas avec
avec des andouillers de cerf qu'ils pouvaient faire un aussi
serieux .. ra vail. -
Ils n'ont pu se servir de ces instruments primitifs que dans
des sols plus faciles et pour des tra va ux moins considérables,
dans la terre cal-
comme, par exemple, l'extraction des silex
caire maniable où jl abonde. '
à cryptes souterraines sont donc d'une époque
Les dolmens
et il est proQvé qu'on y a trouve à
relativement peu éloignée,
peu près partout) avec le bronze, les pointes de flèche à aile­
rons, les pointes de lance et couteaux en silex, les sei es en silex

tl'ès soignées, les haches en pi~lTe polie, etc ... , ct u i ont contin ué
à servir pendant cette période. -
Dans d'au tees dolmens plus anciens et posés sur la surface
sol simplement gratté, on n'a pas trouvé de métaux, mais

des pierres admirablement travailléès, haches en jadelte, grains
de collier en calIaïs, etc.
dolmens ou ces allées couvertes appartiennent ft l'époque
Ces
précédente; mais je ne mois pas qu'on puisse donner à cette
période une durée beaucoup plus longue qu'à cf'lle qui marque
ce qui mettrait l'âge des
son début par l'introduction du métal,
tom belles du Morbihan, par exemplt:, à moins de
gl'ancles
mille ans avant notre ère. '
deux
Si des pierres grossièrement taillées ou de simples galets de
la mer sont aussi trouvés quelquefois en grand nombre, et
il faut ad­
indépendants du pavé dans les derniers dolmens,
mettre que ce sont des ex- voto fabriqnés ou chel'chés pour la
sernce
funèbre ou " des objets que l'on avait en
cérémonie
fau te cl-'autres.
La fronde était très employée à l'âge des dolmens comme
et quand on n'avait pas de pierres de fronde taillées en
avant,
~ilex, quartz, gl'ès ou schiste, on employait des galets choisis
le ri vage de la mer. "
sur
Les dolmens non cou verts de tumulus ont été ainsi " cons-
traits avec intention, sans idée de les recouvrir. Ils sont beau­
coup plus élevés que les autres au-dessus du sol, quoiqu'avec
incl'Ustés en terre, et ils sont de
des piliers très profondément
êpoque,
la dernière
En r~~umé, tous les dolmens, n'importe à quel genre ils
appartiennent, ont recouvert des morts.
Il faut renoncer à cette vieille légende des autels, pour les
à leur surface ou
dolmens comme pour certaines roches usées
pour de très grandes
crensées, qui sont simplement des meules
molettes ou des mortiers fixes. "
Les roches de ce genrê ne sont pas-rar6S dan(le Finistère,

et la légende, qui les fait regarder comme des autels et lieux
de sacri Fiees, est très tenace.
J'ai vu souvent des habitants du pays tellement persuadés
de la vérité de cette légende, qu'ils croyaient, j'en suis sùr,
que je me trompais quand je leur expliquais ce que c'était
réellement. . ,

Tous les habitants de notre pays, pendant la longue période
néolithique, se sorit servis de ces 'plateformes de roches pour
en faire des meules dormantes. Un grand nombre a beaucoup
servi; cal' le granit est devenu du pl!Js parfait poli; les molettes
étaient parfois très lourdes. Je possède un spécimen des plus
remarquables, qui ne pOLI vait être manœuvré qu'à deux
mams.
Dans d'autres roches, la plate-forme est remplacée par d0s
mortiers· en forme de cuvettes, avec rigole d'écoulement un
peu au-dessus du niveau du fond. Sur le même groupe de
j'en ai compté jusqu'à dix, et, en cherchant au pied
rochers,
des roches, j'ai troll vé les molettes. En nn mot, pas de clou te
à avoir sur l'usage.
Les dolmens les plus anciens, remontant à une très haute
antiquité (trois mille ans peut-être avant notre ère), sont les
dolmens sans table, toutes les pierres posées presque vertica­
au nombre de deux seulement ou davantage, se rejoi­
lement,
gnant par le haut et formant ainsi toiture.
Quelques pierres brutes, constituant des contreforts et en
même temps des ,alignements, les solidifient par le bas. Une
suite de ces dolmens forme par le fait une allée couverte.
Je n'en connais que deux très remarquables dans le Finis­
tère: l'un à Poullan, composé de seize grands mégalithes, y
compris les deux qui le ferment aux extrémités; il est orienté
du nord au sud. Le deuxième est celui de Castel-Ruffec, en
Saint-Goazec.
Le(dolmens ordinaires qui ont été construits après ce pre­
mier essai sont composés de trois, quatre ou cinq supports sur

lesquels on posait une table; mais 'ces pierres sont encore
monument, sou vent, n'est pas tl'ès
brutes, peu choisies; le
régulier.
Dans ces dolmens, comme dans tous èeux dont je parlerai
ily a toujours des cendres avec débris d'urnes,
tout-à-l'heure,
ou des urnes entières dont beaucoup sont ornées de piqÎlres ou
à la main avec le poinçon.
de traits faits
Toutes celles que j'ai vues contenaient des cendres ou des
ce n'est que pOUl' les sépul-
débris d'ossements incinéres, et
tures de l'époque de l'invasion romaine que j'ai. trOll vé des
urnes vides, mais dans la terre et pas dans les dolmens.
aux belles allées· cou­
Le progrès continue; nous arrivons
du Finistère et aux magnifiques tombelles du Mor­
vertes
bihan, dont plusieurs portent de.s figures val~iées sur les
supports; ce sont les plus beaux souvenirs de l'art mégali-
thique. .
d'u Port-Blanc, les tumulus dl.l Rocher,
Je cite les dolmens
de Tumiac, du Moustoir-Carnac, de Manné-Lud, de Manné­
du Mont Saint-Michel, et enfiri Gavrinis, le plus
er-H'roek,
remarquable de tous.
Ces tombelles, de 120 mètres de diamètre sur Il mètres de
hauteur, avec leurs allées et chambres couvertes posées sllr le
sol nettoye et gratté jusqu'au roc, représentent un gigantesque
voir au musee de la Société polymathique à
tl'avail, et il faut
Vannes les splendides et longues haches en jadéïte et les perles
en callaïs formant coll iers, tro,l1 vés dans ces
et pendeloq ues
monuments,
Nos allées couvertes, pour la plupart non surmontées d'un
tumulus, comme celles dont je viens de parler pour le Mor-
tihan, sont généralement remplies de terre jusqu'au sommet
des supports qui soutiennent la table. Cette terre alterne
presque toujours avec des pierres plates, provenant souvent
. d'un endroit assez éloigné, et posées à plat les unes sur les
autres avec beaucoup de soin. .

Nos dolmens du Finistère, sllfmontés d'un tumulus, sont
au contraire toujours vides; on n'y trouve que la sépultur6
sans détritus. '
Dans les plus anciens, les tables reposent sur des supports;
, plus tard, ces piliers ont été remplacés par la maçonnerie en

pierres sèches.
Un des plus curieux de ce genre, par le soin extrême apporté
à sa construction, est celui que j'ai ouvert en Saint-Goazec.
L'épaisseur de terre sur le haut du tumulus était de om80,
le galgal avait une grande étf'ndue avec une hauteur de Om80
au-dessus, des tables. Il était composé de grosses pierres de
et de schiste, placées sans beaucoup d'ordre et laissant
quartz
des petits vides sur le pourtour du tumulus; ma'is autour du
dolmen, il n'y avait plus ,que des schistes, tous posés à plat SUl'
plusieurs rangs, dans un ordre parfait; le diamètre total du
monument était de 20 mètres.
La crypte souterraine, recou verte par trois tables, avait, en
dimensions intérieures: 2 30 de longueur, 1 m50 de hauteur
et en largeur 1 m25 en bas et Om60 en haut, de sorte que les
murs, faits très régulièrement en pierres plates de schiste
avançant l'une sur l'autre, tendaient à se rejoindre vers le
haut. Il n'y avait pas de pavé, le fond se composait d'argile
grise battue; l'orientation de l'est à l'ouest.
L'urne, très soignée, à quatre anses, forme sl1rbaissée,
admirablement conservée, était placée à Om40 de la paroi est.
Elle était remplie de cendres et 'était parfaitement debout SUL>
le fond de la crypte recouvert, autour de l'urne, d'environ
3 centimètres de cendres, sur lesquelles on avait jeté quelques
petits galets de rivière.
Ce tumulu~, quoique de la dernière époque, ne contenait
aucun mobilier, ni bronzes, ni a.rmes en pierre.
, Cette urne, ainsi que d'autres des derniers dolmens, était
au tour.
faite
Je pourrais citer encore des Un1es faites aussi au tour et

ayant t0ut à fait le st.yle romain, trouvées à la place ordinaire,
tumulus, ce qui fait écarter l'idée d'une violation
au fond du
d'une nouvelle sépulture romaine la
de sépulture gauloise et
remplaçant à une si grande profondeur .
. J'en conclus, avec raison, que les tumulus, comme les dol­
ont continué à s'élever pendant la conquête, et qu'il est
mens,
possible, le christianisme s'étant introduit pendant cette
inhumations sans incinérations
occupation, de trouver des
sous un petit nOlubre de vrais tuml,.lllls.
Dans les uns comme dans les autres de ces dolmens à une
ou plusieurs tables, il y a généralement un pavé rudimentaire,
et le monument est recouvert d'un galgal, puis de la terre
mêlée ou nGn de pierres qui termine le tumulus. Quelquefois,
rarement, le pavé est remplacé par une grande dalle.
mais
sont toujours par­
Les crypt.es souterraines de ces dolmens
faitement fermées et orientées de l'est à l'ouest, sauf les
e.xceptions. J'en ai trouvé aussi avec l'orientation du sud au
nord et les intermédiaires.
En général, l'entrée est à l'est, et c'est par ce côté que le
monument funèbre a été fermé. On ne pourrait y entrer par
ailleurs sans tout démolir.
le remplace, a été parfois
Le pavé, ou la terre battue qui
d'un lit de bois formant une sorte de plancher pour
recou vert
recevoir l'urne ou le sarcophage en bois contenant les cendres
et autour le mobilier funéraire.
Nous trou vons dans ces beaux monuments souterrains, mais

toujours réunis à la pierre polie ou taillée, les ornements et les
arines en bronze que l'on n'a pas trou vés dans les magnifiques
tombelles du Morbihan, dont la base, nous devons nous le
rappeler, est à fleur de terre.
non cou verts de tumulus ont été les derniers.
Les dolmens
terre, ils s'élèvent sou vent
A vec les assises profondes en
beaucoup au-dessus du sol. C'est dans ceux-là que l'on trou ve
quelquefois de ror, torques, colliers et ornements divers, et,

pour le reste, le même mobilier que dans les autres, qlJand ils
n'ont pas été visilés à une époque précédente pal' les chercheurs
d'or.
Dans l'un d'eux, à Saint-Nic, sur les pentes de la chaîne de
montagne de Ménez-C'hom, j'ai trouvé une partie d'un collier
d'or large et mince, percé de petits trous. La fouille précédente
a.vait dù avoir lieu de nuit et l'instrument dont se servait l'in­
conscient fouilleur l'avait coupé.
En Moëlan, j'ai trouvé au fond d'une allée couverte, sous
de" couches de schistes répétées et formant une hauteur de
o m. 85 au-dessus des cendres et du charbon, toutes ces
à plat et apportées d'ailleurs (cette roche n'exis­
pierres posées
tant pas aux en virons), une rondelle d'or percée de deux trous
au ceatre et ornée d'un double pointillé au pourtour. Le dia­
mètre est de trois centimètres et demi et ce devait être un bijou
de femme. .
Il Y avait, à côté de cette rondelle d'or, des silex taillés et
dont un surtout avait énormément servi.
des usoirs,
Voilà donc toujours les métaux, même l'or, joints à la pièrre.
Cette sépulture devait être, du reste, celle d'une personne d'un
rang élevé; un alignement faisait face au centre du dolmen.
Dans la même commune, pour un autre dolmen, les pierres
plates, pêle-mêle avec la terre à côté du monument et recou­
très enracinées, m'ont indiqué de suite
vertes de végétations
que cette sépulture avait été violée à une époque très ancienne.
J'ai eu vite la preu ve de ce que je croyais: le dolmen a ,-ait
été vidé pour placer assez profondément une sépulture par en-
ensuite de terre; et au fond du dol­
sevelissement, recouverte
men, à 1 m.20 de profondeur sous la terre amoncelée, j'ai
troll vé u ne monnaie d'argent de Charlemagne.
Dans la même catégorie de dolmens, où ont été trouvés les
funéraires :, j'en citerai encore un autre
pins riches mobiliers
que j'ai fouille, toujours en Moëlan. Le dolmen, sous tumulus,
était petit, formant un rectangle parfait à rainures, toutes les

pierres s'emboîtant l'une dans l'autre; il contenait avec les
cendres et silex taillés, une fusaïole en fer bien conservée, une
très belle hache, des grains d.e collier et des pendeloques en
tel~re cuite, en quartz et en ambre.
La commune de Moëlan m'a beaucoup fourni, surtout des
et de toutes tailles, en jadéïte, fibro­
haches très .remarquables
lite de nuances variées et diorite.
On peut citer encor~ du même tem.ps le tumulu3 de Carnoët
(forêt de Quimper.lé), fouillé par M. Peyron avec le consen­
tement de l'administration des forêts, et contenant, clans la
chambre sépulcrale, des chaînes et des bracelets en or, argent
et bronze, des arm,es en bronze et des pointes de flèche à aile-
en silex, mais bien inférièures,comme perfection, aux
rons
soixante-deux pointes à ailerons allongés et pédoncule 'court,
du plus remarquable travail, que j'ai trouvées, avec les épées,
lances, poignards et grandes haches en 'bronze, dans les deux
dolmens sous tumulus de Kervini, en Poullan, dont,je Jais la
description dans le mémoire lu au congrès de l'Association '
bretonne, le ,20 septembre 1887, et relaté dans le volume de
1887. J'ai fixé l'âge cle ces deux dolmens entre le quatrième
et le septième siècle avant notre ère; c'est dire 'qu'ils sont
d'une époque antérieure à ceux dont je vien:-; de parler, malgré
la plus grande perfection des pointes de silex.
A partir de cette époque, l'invasion romaine est commencêe~
L'incinération continue, étant commune aux deux peuples;
mais les sépultures ,gallo-romaines n~ contiennent plus géné-

ralement de souvenirs. Il n'y a plus que des urnes posées -
à fleur de terre ou sous de très petits tertres.
presque
Je cite quelques exemples.
, Au Vieux-Châtel, en Plonévez-Porzay, une lj.r:ti~ cinéraire,
amphore de taille moyenne, contenant seulement des cendres
et à côté, mais vides, deux vases, J'un en terre cuite, forme
d'un pichet à anse, l'autre en verre, genre banap, le tout sous
un tertre. '
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE... TOME XVI. (Mémoires). 23

En Plevin (Côtes-du-Nord), trois grandes urnes contenant
une amulette en terre cuite, des épées et un
des cendres,
casque brisé en fer et des clous.
Huit urnes ensemble dont sept à base plate, en Spézet, con­
une seule à base
tenaient toutes des cendres seulement et
pomtue~ un anneau en bronze.
Sept urnes, prèsdu château de Tréfry, en Quéménéven, toutes
à un mètre l'une de l'autre, quatre en ligne et les trois autres sur
la perpendiculaire de la quatrième. Les trois premières avaient
été brisées par des ouvriers inconscients, en creusant la douve
d'un fossé. Prévenu par mon ami Césaire de Poulpiquet, j'ai
découvert les quatre autres le 15 avril 1889.
ainsi que d'autres à Ploaré, par e'IC.em­
Toutes ces sépultures,
pIe, où neuf urnes ne contenant que des cendres, avaient été
trouvées à côté l'une de l'autre, contenaient les restes de sol­
dats de l'armée romaine et aussi de Gaulois promptement
assimilés.
Une partie de la population a dû forcément se rallier et c'est
sous ce point de vue qu'il faut juger une autre sépulture que
j'ai trouvée à Plomodiern. Il y avait à côté des cendres et de

l'urne placée sous un petit tertre recouvrant une ancienne exca-
avait eu lieu l'incinération, une
vation en forme de losange, où
en terre cuite ayant la forme d'un cône tronqué. Ces
fusaïole
objets font partie des collections du Vieux-Châtel. .
Les Iltenhirs.
A la séance du 30 octobre 1888, mon éminent et bien sympa­
Société
thique collègue, Monsieur Le Méné, président de la
po~ymathique du Morbihan, émettait cette opinion, à la suite
d'une excursion faite à Carnac, qu'il était disposé à ·partager
l'avis de plusieurs de ses devanciers qui supposaient que les
menhirs et les alignements de Carnac avaient été élevés · dans
un but funéraire, ou étaient au moins les acce~soires des
sépultures.

L'avis d'un archéologue aussi savant et aussi sérieux que
Monsieur Le Mén~ est certes d'un bien grand poids; mais il
permettra, je l'espère, à un collègue de causer également de
cette question si difficile à résoudre et d'émettre son opinion.
Je suis d'un avis qui diffère un peu du sien, et je pense que
tous les menhirs, contemporains des dolmens, ne sont pas,
sauf de bien rares excE'ptions, des sépultures, comme on le
croit généralement.
Il faut d'abord se dire qu'il y a des menhirs de toutes tailles
et que tous les alignements sont formés par une suite de pierres
levées debout, soit une suite de menhirs rangés sur une ou
plusieurs lignes, avec d'autres isolés, ou offrant des lignes per­
pendiculaires sur les premières.
Dans d'autres endroits, nous les trouvons, en lignes ou
J'en
isolément, à très peu de distance des dolmens-sépultures.
ai vu, dans ce dernier cas, qui avaient été évidemment dégrossis
la forme de la hache celtique.
et qui affectaient
dans ces menhirs comme dans les alignements, un
Je vois,
hommage rendu à la divinité pour protéger les morts ou la
statign temporaire occu pée par la tribu.
Le fait n'est pas douteux pour les alignements si curieux de
Crozon et la question est jugée d'a vance surtout pour l'un de
ces groupes de menhirs alignés, le plus remarquable de tous.
monument qu'ils ont l'au' de protéger est, à n'en pas douter,
un sanctuaire, un lieu de réunion, et la tradition a conservé
nom en l'appelant encore la chaise du prêtre ou la maison
son
du curé (je tr'aduis du celte: Kador al' person, Ty-ar-c'huré).
Même remarque à faire pour les menhirs du temple des
faux dieux.
D'autres menhirs, formant une enceinte, portent le nom de
Cromlech. C'est encore un lieu de réunion, une sorte de sanc­
et les' menhirs isolés, que l'on voit sou vent aux en virons
tuaire
ne peuvent être~ comme ceux qui forment l'en­
du Cromlech,

ceinte que des ex-voto à la divinité à qui l'on rendait hommage

dans ces réunions; et les objets trouvés à l'intérieur de ces
c·romlechs ne font pas partie d'un mobilier funéraire, ce sont
aussi des ex-voto.
figures," d'autres de cupules ou affec­
Les menhirs ornés de
tant une forme particulière, la forme arrondie si caractéris­
tique, par exemple, sont évidemment des menhirs-autels.
Les peuples primitifs ont dû avoir, comme les Romains, des
cultes bien divers, pour ne pas dire très bizarres. La tradition
s'en est conserTrée, du reste, et certains menhirs sont encore
aujourd'hui l'objet d'un ,culte tout à fait particulier et très
spécial de la part des deux sexes qui vont y faire leurs dévo­
un costume primitif.
tions dans
Je n'ai trouvé, au cours de mes pérégrinations, qu'un seul
menhir qui devait être une ~épulture, mais je dois dire qu'il
formait le centre d'un tertre visiblement artificiel. Cette espèce
tumulus avait été, non pas fouillé, mais ravagé; je
de petit
l'ai refouillé quand même, pour mon instruction, et décider
ce qu'il avait pu être dans le principe. Les cendres et les débris
indiquaient une sépulture multiple; on n'avait pas
de poterie
trouvé d'autres pierres pour faire ün dolmen et les urnes .ciné­
raires avaient été enterrées successivement dans ce petit tertre.
Le menhir ne représentait pIns là que la protection aux morts
et la prière à la di vinité protectrice.
Ma curiosité d'aller parfois fouiller après les autres

sou vent servi au-delà de toutes mes espérances. Il y a tant de
gens qui, en croyant garder tout l'honneur pour eux, ne récol­
tent que la peine qu'ils se sont donnée, et d'autres, en voulant
s'occuper d'une science dont ils ne savent pas le premier mot,
d'une sépulture sans la distinguer, ou ne voient
passent à côté
pas le mobilier funéraire en faisant l'ouverture du monument.
J'en donne un exemple frappant dans mon mémoire sur les
tumulus de Kervini, en Poullan.
Si, au pied de certains menhirs, on a trouvé des cendres,
ç1u charbon et quelques rares débris de poterie, il faut mettre

cela sur le compte des infiltrations. Les pâtres, à toutes les
époques, se sont mis à l'abri des menhirs, y ont cassé leurs
grossiers ustensiles et fait du feu.
Souvent aussi des écobues ont été pratiquées dans les par­
celles où se trouvent des menhirs. Les taupes, les mulots, les
ont ensuite fait le reste.
labours et les pluies
L'analyse des terres récoltées au pied de quelques menhirs
chaux; ne prouve pas grand'­
et contenant du phosphate de
chose; si le fait est réel; ce sont des cas isolés et rien ne dit
ce phosphate de chaux provienne d'une sépulture et sur­
que
tout d'une sépulture de l'âge des dolmens .
on a trouvé du bronze au pied de quelques
Très rarement
menhirs, mais c'étaient des cachettes fai tes par des hommes
venus après ceux qui avaient élevé ces gros mégalithes.
Ils servaient simplement de repère pour trou ver la cachette,
à tontes celles de même nature que l'on a trouvées
semblable
dans des endroits si divers.
Il faut beaucoup voir par soi-même avant d'émettre nn avis ,
Il ne suffit pas de travailler dans un bureau, après avoir vn,
lu les ouvrages de ses devanciers, et il fant
des musées et
craindre surtout les récits où perce trop l'enthousiasme inex­
n'a fait que peu de fou,illes ou les a
périmenté de celui qui
faites avec des idées préconçues.
En tout cas et partont, il peut y avoir des exceptions à des
coutumes presque invariables, mais ces exceptions ne peuvent
il faut toujours admettre pour
infirmer la règle générale, et
temps reculés, la cause subite d'un changement momentané
ces
Oil le passage possible d'une famille venue de très loin et
conservant, dans les installations successives de sa marche
les coutumes de son pays d'origine, même Péut,­vagabonde,
être après plusieurs générations.
un moment ces exceptions particulières
Mais, en admettant
à un point du territoire extrêmement restreint, on ne peut en
tirer uile conclusion générale.

La trouvaille, au pied ou à côté d'un menhir, de silex
taillés, d'usoirs, de meules, même d'une hache en pierre, ne
signifie pas grand'chose ; on trouve tous ces objets disséminés
à la surface du sol ou légèrement enfouis par le temps partout
011 les hommes de cette époque ont travaillé et séjourné.
Lê résumé de toutes mes observations me porte à croire que
isolés ou réunis en alignements ou en crom­
ces monolithes,
lechs, ne sont pas, en un mot, des sépultures, mais des monu­
ments essentiellement religieux, et que les objets que l'on
peut trouver au centre d'un cromlech ou au pied d'un menhir
sont alors, je le répète, des ex-voto, quand ce n'est pas, comme
dit tout à l'heure, une cachette, une infiltration ou l'effet
je l'ai
II hasard. .
En somme, on perd son temps en fouillant au pied des .
m~nhirs ; la récolte laisse beaucoup à désirer.
Les Métaux.
Je n'en dirai que peu de chose; car ce n'est pas un âge
été tant répété; l'usage des pierres
particulier, comme cela a
a continué avec l'introduction du bronze et du fer qui
probablement a précédé le bronze enfin avec l'or. Exemple,
tant d'autres: une sépulture en Beuzec-Conq, contenant
après
une spirale 4'or, une grande hache plate en bronze, deux
pointes de flèches à ailerons en silex et une pendeloque en
pierre polie.
Dans la nomenclature des monuments gaulois du Finistère,
qui vient d'être publiée, il y a une errenr qui met ensemble
deux trou vailles bien distinctes près du château de Lesnevar,
en Beuzec-Conq: une sépulture et une cachette de l'âge de
Je viens de décrire le mobilier de la sépulture; dans la
bronze.
cachette de bronze, il y avait 5 haches à ailerons et 17 lingots;
une pal'tie de ces objets font partie de ma collection, les autres
sont entre les mains de mon frère qui avaitfait ces deux décou­
vertes.
Pourquoi le fer n'aurait-il pas précédé le bronze 1 On en

trouve partout à la surface du sol, et les morceaux de minerais
pl~s ou moins riches, ' mêlés aux cendres des campement.s et
s'y fondant ont dû donner très vite aux Celtes l'idée de la fonte .
Cesar ecrit que les Gaulois, qui lui ont résisté, avaient des
en fer, ce qui indique une longue pratique.
armes
Les fours très primitifs que l'on découvre et dont les parois
d'un petit monticule, faisaient les premiers frais avec
coupées
un certain nombre de pierres ramassées aux environs, la com­
scories qu'on trouve au fond de
position encore assez riche des
le nombre inouï d'autres scories que l'on ren­
ces fours,
contre partout, en est la preuve.
il faut observer que le fer s'oxydant rapidement,
Seulement
on ne trouve que peu ou de faibles traces des outils ou armes
le bronze se conserve intact.
fabriqués, tandis que
ma collection, plusieurs galets ayant une rai-
J'avais, dans
nure circulaire profonde; on ne peut mieux les désigner qu'en
les nommant des poulies en pierre. Je les avais trouvés dans
des campements et ne m'expliquais pas bien.leur usage. Enfin
j'ai trouvé une pierre semblable dans un tumulus, mai:") la rai­
un fort cercle de fer qui devait se terminer
nure remplie par
un anneau ou une tige malheureusement disparus, ]a
par
à l'abri du tumulus n'ayant pas été complète;
préservation
dans les deux hypothèses, l'arme était dangereuse.
il y ' a bien peu de temps encore, contraire aux
Il était,
vieilles théories de trouver du fer dans les dolmens; aussi ceux
qui en découvraient se gardaient bien de le dire. Aujourd'hui
'ct la chose est admise. Aussi je ne com­
tout est bien changé
à fait
prends vraiment pas que, dans des publications tout
encore parler de l'âge de fer comme époque
récentes, on vienne
spéciale.
Au congrès de 1887 de l'Association bretonne, un illustre
P. de Lisle du Dreneuc, disait, et avait bien rai­
archéologe, M.
à mon avis, que beaucoup de haches en pierre avaient été
son
un métal, et il ajoutait le fer.
taillées avec

Je l'ai déjà dit pOUl' le bronze, mais je suis convaincu que
ayant précédé le bronze, ce travail s'est fait auparavant
le fer
et en même temps avec le fer. Mais on ne retrouvera proba-
blement jamais aucun poinçon, comme j'en ai trouvé en bronze
l'époqu~ paléoli­
pour l'époque néolithique et en silex pour
thique .

Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu aussi des poinçons

en silex pour l'époque néolithique; la collection du Vieux-
si ricbe en silex, n'en possède pas, voilà tout, de cette ·
Cbâtel',
dernière période.
Avant çle quitter les métaux, je dois parler de plusieurs
n'a encore
découvertes de cacbettes de bronze dont personne
rien dit.
jamais
1 Au Vieux-Châtel, en Plonévez-Porzay, en 1888, cachette
gâteaux; il n'y avait
contenant vingt-quatre lingots ou grands
aucune arme.
Cette particularité des lingots seuls et la découverte sur

plusieurs points de moules à bacbesprouveraient que l'industrie
en partie.
était locale, du moins
,venait le enivre 6? Mystère pour le moment. L~alliage,
D'où
en tont cas, pouvait se trouver dans le pays, aux mines de la
Villeder (Morbiban), par exemple, dont plusieurs filons ont
3té attÇlqués à une époque très ancienne.
La matière première que l'on croyait venue de très
été souvent trouvée dans le pays, exemple le jade
loin, a
)u ses similaires.
On disait toujours que les haches en jadéïte venaient de
'Orient et celles en fibrolite d'autres contrées, et qu'elles
lvaient été apportées par ces premiers occupants, avançant
:oujours vers l'ouest.
Dans son catalogue des minéraux du Morbihan, mon bonoré
It bien savant collègue le comte de Limur classe le jade breton
IU'il a découvert en roches dans le Morbihan; il Y a trouvé

aussi la fibrolite, que j'ai découverte également sur plusieurs
points du Finistère.

2° A l'extrémité sud de la commune de Ploaré, au village de
contenant en tou.t 31 haches, partie à
Kervellou deux cachettes
talon à anneau latéral et d'autres à douille. A Kerfréaust, une
cachette de 18 haches à douille, dont plusieurs avec ornemen-
tations. .
3° Au Run, ausRi eri Ploaré, une cachette contenant cinq
haches à douille. Une grande partie de ces haches font partie
de mes collections.
Le tranchant des haches à talon de Kervellou était infini­
ment moins large que celui des 13 haches à arête médiane de la
en Collorec, dont
cachette signalée, déjà depuis longtemps,
quatre sont en ma possession, les plus grandes qui sont vrai­
ment très belles.
Mais j'en ai ici dont le tranchant est encore bien plus large.
Les moules de ces haches sont, en effet, on ne peut plus
variés.
La plus récente des découvertes du Finistère a été faite à
Hanvec, d'une cachette contenant des haches à douille, qua­
drangulaires avec anneau latéral. Vingt-quatre font partie des
du Vieux-Châtel. .
collections
A l'extrémité nord-est de la commune de Plonévez-Porzay,
au village de Nergoz, le propriétaire a trouvé, en défrichant,
une hache plate, en. bronze, qu'il m'a remise il y a quelques

mOlS.
Ces haches plates se trou vent généralement seules et je
serais porté à croire, comme cela a déjà été dit, que ce· son t
en bronze. Elles sont du reste
les plus anciennes des armes
en pierre, et les autres modèles de
l'imitation des haches
n'ont dû être fabriquées que postérieure-
haches en bronze
ment.

Le groupe des tunlulus et des dohnens
de la chaine du énez.C~holn.
Dans l'étude qui ,précède, j'ai eu l'occasion, et je n'y reviendrai
pas, de parler de quelques-uns des monuments de cette série
qui s'étend sur tout l'espace compris entre la mer et le sommet
de la montagne, à tL'avers la grande commune de Plomodiern,
puis celle de Saint-Nic, Telgruc, Argol, Dinéault et la partie
sud-est de la commune de Crozon, avec extension sur une
partie de celle de Landévennec.
Dans les grands champs cultivés, en si grand ' nombre, de
la partie la plus rapprochée de la mer, la culture a depuis
longt~mps , tout détruit. On voit partout, pour supporter les '
barrières des champs et à l'entrée des cours de villages, les
grands mégalithes servant de supports ou de piliers.
Tout ce pays était littéralement couvert de sépultures, ~t
ces vestiges de l'âge néolithique, très différents entre eux,
indiquent nn séjour prolongé pendant toute la période.
Commençons par les tumulus qui sont de toutes tailles.
Les petits, avec la terre non choisie de la montagne et mêlée
de petites pierres, sont de, la plus haute antiquité. On n'y
trouve plus d'urnes qui sont entièrement décomposées, mais
on y voit toujours des cendres et de la terre brûlée; preuve
que l'incinération a eu lieu a 'la base des tumulus.
Dans l'un d'eux, j'ai trouvé une sépulture d'un genre
nouveau. Les cHndres avaient été placées dans l'in frac­
tuosité d'ulle grosse roche naturelle et le tout recou vert de
terre, de sorte que par son apparence extérieure, il ressemblait
aux autres.
Dans d'autres tumulus, un peu plus grands, j'ai troùvé
plusieurs fois nn petit galgal de pierres qui avaient servi
auprès ,du foyer et rangées ensuite pour protéger la sépulture.
J'ai relevé quelquefois des urnes, mais pas toujours; il n'y
avait souvent que des débris de poterie.

Je cite specialement une urne à trois anses, bien conservée

et une autre en forme de rectangle. Le mobilier se composait
du début de la pieere polie, et d'outils et armes en
de haches
pierres taillées, quartz, schiste et grès à cause de la rareté du
silex.
I~s grands tumulus: dans l'un d'eux l'urne ét1ilit à
Enfin
plus d'un mètre de profondeur, au-dessous du sol, au fond
d'un cône très étroit du bas et terminé par de l'argile battue.
un autre, à côté d'un demi-mètre cube de cendl'es
Dans
environ, et près des débris de l'urne, j'ai trouvé les dents d'un
cheval; pas un seul ossement autrement.
Les objets trouvés dans ces tumulus sont très variés;
mortiers, meules, molettes, rondelles, pierres tailleeG, une
pierre celtiforme et un très joli tl'Ïturateur ayant beaucoup
à la main, beaucoup plus grosse
servi, la partie qui était tenue
étaient très
et très arrondie. Quelques-uns de ' ces triturateurs
J'en cite un autre de ma collection, mais celui-ci
soignés.
trouvé en Moëlan, qui est poli d'un côté et rugueux intention­
pour la main.
nellement de l'autre, avec l'emplacement creusé
n'ai trouvé, clans ces tumulus de grande taille, qu'une

hache polie en fibrolite.
Je ne peux signaler, parmi cette longue suite de sepultures,
cryptes: l'une, très souterraine et non recouverte
que deux
d'un tumulus, a été détruite par le propriétaire en faisant un
défrichement. Elle se composait, sur les côtés, de grandes
en schiste, le tont recouvert d'une seule grande table
dalles
Ce grand coffre contenait
également en schiste et très plate.
'leux urnes et une hache de 15 centimètres de
des cendres,
en sJlex rouge poli qui m'a été remise.
longueur
L'autre crypte que j'ai ouverte, en Telgeuc, était surmontée
d'un très grand tumulus de 22 mètres de diamètre sur 3 mètres
3 vec galgal.
de hauteur,
Le sépulcre était orienté du nord au sud et la table, au
niveau du sol, était posée ~ur maçonp.erie sèche, à murs per-

pendiculaires," avec un fond sans pavé composé d'argile battue.
à l'intérieur 2 mètres 20 centimètres de lon­
La crypte avait
gueur sur 1 mètre 20 centimètres de largeur et 1 mètre 95 cen­
par une seule table de 0 m. 35
timètres de hauteur, recouverte
centimètres d'épaisseur débordant les murs, à l'extérieur, de
tQUS les côtés.
Ce très beau monument, évidemment de l'époque des
aucun vestige; l'urne était seule,
métaux, n'en contenait
accompagnée de quatre petits silex taillés. .
à un autre monument: la tombelle signalée en
Je passe
1835, dans l'ouvrage du chevalier de Fréminville. " Les
intiquités du Finistère.
Cette grande tombelle, appelée dans le pays t.ombeau d'Artus,
~tait située près du manoir de Trébéron et d8 la chapelle de
Saint-Laurent, entre Crozon et Landévennec. Elle n'existe
Glus depuis qllelques mois; toutes les pierres du galgal ont été
mlevées et le terrain nivelé. .
Un explorateur qui m'a précédé dans ce pays, il y a quelques
m'a-t-on dit, voir cette tombelle, mais il
mnées, était allé,
il'y avait vu qu'un tas de cailloux retirés des cultures voisines
lt en a parlé dans ce sens, au cours d'un mémoire qu'il a publié
:ur les sépultures de l'âge de la pierre et du bronze dans les
mvirons de Crozon. Pour moi, confiant dans le nom que la
le monument était très
égende lui donnait, j'ai pensé que
aux cultures et d'ailleurs son apparence m'engageait
ntérieur
. le fouiller.
La tombelle était orientée du nord au . sud; 25 mètr.es de
Dng sur 6 mètres de large, profondeur 4 mètres. Le galgal
tait composé entièrement de gros galets de la mer, qu'il avait
allu' aller chercher à plus d'un kilomètre. Seulement il y a
tumulus qui ont le galgal en
,ne différence avec les autres
essous et la terre par dessus.
le contraire; 2 mètres de terre
Dans la tombelle, tout
essous, dont. un mètre au-dessous du sol et 2'mètres de galets

par dessus. Au fond, il y avait tout du long une prodigieuse
quantité de charbon et de cendres, quelques très petits osse­
ments dont l'incinération n'avait pas été complète et beaucoup
de débris de poteries .grossières faites à la main, sans le secours
du tour. Comme mobilier, j'y ai relevé une pointe de lance en
grès, un usoir à plusieurs faces et des pointes de flèches en
grès et en silex.
En résumé, mon opiniou est que ce n'était pas le tombeau

d'un seul mais bien la sépulture, par incinération, d'une tribu
très ancienne et pauvre .
J'ai dit que ce pays avait été couvert de dolmens; mais
.depuis mes fouilles de l'année dernière, j'.en ai encore vu dis­
paraître trois, dont un était réellement tout à fait r.emarquable.
Les habitants du pays ne respectent rien, quand ils sont gênés
par un dolmen ou un menhir pour leur culture ou qu'ils ont
besoin de piel'res.
Le~ dolmens du Ménez-C'hom sont du reste de la dernière
. époque.
dans.Ia terre, à une profondeur
Avec des supports incrustés
de 0 m. 90 c. au moins, ils se détachent clairement au-dessus
des végétations du terrain et on peut les voir de très loin.
J'ai trouvé le fer dans la plupart et en plus des pierres de
fronde, une molette extrêmement curieuse et plusieurs haches
en pierre dont l'une en jadéite avec dépression des deux côtés
pour l'emmanchement.
Un seul dolmen était d'une époque antérieure. Il se com-
posait d'une seule table presque au ni veau du sol et un peu
surélevée d'un bout, lequel était soutenu par un seul support,
à. l'est.
11 y avait dessous des cendres et un très long coup-de-poing
à pointe aiguë en grès taillé.
Une particularité de tous les dolmens du Menez-C'hom, c'est
qu'ils ont invariablement leur ouverture à l'ouest, regardant
la mer; les pierres levées ne forment pas supports de ce cô

et ne soutiennent pas la table supérieure du dolmen, qui ne
sur les supports des trois autres côtés. .
repose que
Il ne faut donc pas admettre l'ouverture invariable à l'est.
d'une allée couverte,
Je termine cette étude par la fouille
allant du nord au sud, avec alignements vers le sud et le nord,
et recouverte de quatre grandes tables. Elle avait été visitée
par les chercheurs d'or qui avaient jeté en dehors un marteau
à deux côtés. Dans la partie non visitée, par découragement je
des
pense, j'ai trouvé des couches de terre alternée avec
schistes, posés à plat, et dessous: 1 une urne très plate ayant
la forme d'un compotier très ouvert du haut et ornée au poin­
sur tout le pourtour; 2 une très belle hache en diorite
tillée
et un poinçon plat large à sa base en silex jaune poli et for-

mant des deux côtés une scie de première qualité. Cet instru-
ment très soigné, d'une longueur de 12 centimètres, est le plus
remarquable que je connaisse en ce genre, et cette trouvaille a
l'été
clos très heureusement, en fin de saison, les fouilles de

CONCLUSION.
Dans son abécédaire d'archéologie, M. de Caumont dit,
'page 452 :
« M. de la Saussaye, dans le cimetière romain de Neung,
(f en Sologne, a remarqué des groupes d'urnes' séparées des
« autres et en quelque sorte à l'écart, qu'il suppose appartenir
« à une époque où déjà l'usage d'incinérer les corps n'était
« plus général.
« Dans les cimetières de Bordeaux, les recherches de M.
« Jouannet ont prouvé que les deux modes de sepulture, l'in­
« einération et l'enterrement étaient en usage dans le même

« temps, mais que le premier mode était de beaucoup le plus
« généralement suivi à l'époque olll'on se servait de ce cime­

e tière.

« Des tombes bien observées montraient à quelles places,
« lorsque le corps était inhumé en entier, <;m déposait les vases
« qui accompagnaient ailleurs les urnes. C'était près de la tête,
« près des hanches et à côté des pieds. »
Voilà les premiers changements opérés par le christianisme
et les efforts de ses premiers apôtres qui ne tardent pas à
produire un progrès considérable dans les mœurs et dans les
institutions et, profitant de l'abaissement où était tombé
puissance romaine, il s'impose bientôt complètement et l'orga­
religieu~ avec quelques différences de
nisation pal' l'ordre
un régime qui allait périr au milieu des
formes maintint
barbares.
Sans se prononcer absolument, comme je le fais au cours
de cet ouvrage, M .. de Caumont, citant MM. de la Saussaye.
et Jouannet, pressentait la vérité.
Il faut quelquefois un certain courage pour écrire ce que
l'on sait être vrai. C'est souvent le contraire de ce qu'on a écrit
On craint, d'autre part, de déplaire à
soi-même dans le passé.
des collègues qui ont écrit et qui ne veulent pas que l'on
à l'arche sacro-saint.e où ils ont réfugié les croyances -
touche
dites admises. .
D'autres ont écrit d'après les mémoires lus dans les bulletins
Sociétés. Très souvent ces mémoires sont loin d'être irré­
des
prochables et presque copiés les uns ·sur les autres; il résulte
des conclusions très fausses, résul tat d'idées préconçues.
Je ne parle pas de ceux qui veulent toujours rapporter la
à la plus haute antiquité.
découverte qu'ils ont faite
Ce n'est que p~r des recherches répétées que l'on finit par
s'identifier avec ces peuples préhistoriques dont on veut écrire
il faut de bien longues études et observations com­
l'histoire et
parées sur place, pour parfaitement comprendre les procédés,
les habitudes et tous les instincts de ces hommes. La vue d'un
musée et les lectures ne suffisent pas. . .

A un autre point de vue, les orientations, 'groupements etc.,
{lherchés ,par q nelques écrivains sont des preu ves bien fugi,ti ves
de la date à donner aux monuments mégalithiques.
Je ne vois là, pour le nombre des monuments, que l'agglo­
mération :plus ou moins grande de la population et pour l'orien­
tation, r.i.en autre chose que le caprice des constructeurs.
Cela est d'autant plus vrai que des monuments évidemment
de ~a même époque, élevés par les mêmes hommes, sont
orient~s de façons différentes à des distances très rapprochées.
Cette observation s',applique à beaucoup de localités et j'ai
eu roccasion de la faire bien des fois.
En résumé, j'ai posé dans cet ouvrage les bases de la science
préhistorique. Les publications qui suivront complèteront cette
étude de tant de siècles et quand j'aurai tout reuni et publié
sous un titre unique, on ne me refusera pas, je l'espère, le
titre d'historien de la Bretagne préhistorique.
C'est la seule récompense que j'ambitionne pour mon travail.
Baron HALNA DU FRETAY.

aJ1/l ..

el' UIl'l.e.-