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Bulletin SAF 1889


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Procès-Verbaux

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Séance du 31 Janvier 1889.
Présidence de M. le Vicomte de LA VILLEMARQUÉ
membre de l'Institut.
Étaient présents: MM.L UZEL,SERRET ,ABGRALL,
LE BRAZ,. PEYRON, Conseiller HARDOUIN, DE
BLOIH.
Ou vrages reçus et déposés à la bibliothèque depuis
la dernière réunion:
1° L'Ancienne église de Riec et le château de la
Porte-1Veuve, par le marquis de Brémoncl d'Ar:;, an­
cien président de la Société d'archéologie de la Loire­
Inférieure;
IIO Bulletin de la Société cie géographie de Lorient,

IIIO Bulletin h·iBtol'ique et philologique, année
1888, nOS t et 2 ;
IVO .f?ulletin archéologique, année 1888, n° 2;
VO Société d'émulation des Côtes-du-Nord, 1888,
t. XXVI; >
VIO Société d'archéolog ie d'Ille-et- Vilaine, t. XVII ;
VIIO Revue de l'histoire des religions, go année,
t. XVIII.
Admission de nouveaux sociétaires: Mme la comtesse
Jégoti du Laz, née de Saisy, au château de Kerlo­
guennic, en Maël-Carhaix, Côtes-du-Nord, présentée
par MM. Luzel et de la. Villemarqué.
M. Schmitt, professeur d'anglais au lycee de Quim­
per, présenté par MM. Le Braz et Luzel.
M. Ch. de Keranflee'h, au chàteau du Quelennec,
par Mûr-de-Bretagne, Côtes-elu-Nord, présenté par
MM. de la Villemarqué et de Blois.
1\1. le président résume brièvement les prinoipaux
travaüx insérés au Bulletin pendant l'année qui vient
de s'écouler et constate avec plaisir que l'activité de

ses confrères ne s'est pas ' ralentie. Cette vitalité pro­
ductive est un signe de jeunesse et le gage d'une
longue et utile existence. Mais la vie des sociétés,
même littéraires, est soumise, comme celle des indi- ·
vidus qui les composent, à des nécessités matérielles
a.uxquelles il faut pourvoir. .
Aujourd'hui la question du budget, tant au point de
la création de ressources qu'à celui de l'apuration des
dépenses, doit être une de nos principales préoe­

cupations.
MM. Faty, Vesco et de Bécourt, membres nommés
de cette Commission, sont invités à dresser aussi
un état récapitulatif des sommes déjà versées par les ·
souscripteurs au Cartulaire et de celles qui restent
encore a recouvrer.
M. le docteur Ai oaligou a fait déposer sur le
bureau plusieurs pièces de monnaies bre.tonnes à l'effi­
gie de Jean III et de Charles de Blois, ducs de
Bretagne. Ces monnaies proviennent d'un trésor
enfoui au pied d'un chêne et mis à jour lors de la
chute de l'arbre par des cultivateurs du village de
Kerbiquet, en Mellac. Les types monétaires placés
sous nos yeux sont peu communs et assez bien con­
servés. Leur valeur intrinsèque est insignifiante; comme
spécimens dans une collection, ils ont plus de prix.
La Société est disposée à en faire l'acquisition si les
propriétaires n'élèvent pas de prétention comme cela
a el,! lieu plusieurs fois. Un crédit de 15 francs est
voté pour cet objet. .
M. le bibliothécaire de la ville de Quimper réclame
la réintégration du manuscrit de L.andévennec dans

le dépôt public dont la garde lui est confiée. Cette
demande est bien fondée et on s'empressera d'y donner

satisfaction. De plus,. dès que l'édition sera terminée,
la Société d'archéologie, désireuse d'acquitter en partie
la dette de reconnaissance contractée envers la muni­
cipalité, s'empressera de faire hommage à la ville d'un

exemplaire du cartulaire dont la bibliothèque avait si

courtoisement communiqué le texte original.
Les cotisations des membres et les subventions

- III-

départementales ont continué à alimenter notre caisse
d'une manièré régulière; mais, par contre, nos
dépenses ont atteint un chiffre anormal, parce qu'en
outre de la publication du Bulletin, nous avons à faire
face aux frais considérables .de l'impression du Cartu­
laire de Landévennec. Néanmoins, la situation finan- .
de la Société paraît être satisfaisante. L'absence -
cière
. regrettable du Trésorier, victime d'un fâcheux acci­
dent, empêche de produire des chiffres définitifs. La
Commission de comptabilité, dont le règlement fixe la
nomination à la première séance de janvier et déter­
mine les attributions, recueillera tous les renseigne­
ments nécessaires et présentera son rapport à la pro-
chaine réunion. .
M. Tanguy, vétérinaire à Landerneau et notre con­
frère, nous a adressé plusieurs numéros du journal
qu'il publie sous le titre La Chronique agricole. Nous
le remerCiions de son envoi, et, quoique les matières
trai té es par lui sortent du cadre ordinaire do nos
études, nous pouyons cependant affirmer que nous y
avons pris intérêt. .
Une dépêche de M. le Ministre des Beaux-Arts,
transmise par M. le Préfet du Finistère, annonce que
la demande formulée par la Société d'archéologie de
ce département en vue d'obtenir la reconnaissance
d'utilité publique venait d'être soumise à l'examen du
Conseil d'État. M. le conseiller Hardouïn avait pris
soin d'établir le dossier de cette affaire et de le com­
pléter par l'adjonction de nombreuses notes expliea­
tives.
Le service pénitentiaire a eu l'idée de préparer, à
l'occasion de l'Exposition universelle, un travail rétros­
pectif concernant les ,moyens de répression en usage
lvant la Révolution, et afin de donner à cette sombre
lHttière un certain attrait de curiosité, il a projeté de
:le réunir dans des vitrines spéciales une collection
lussi complète que possible des aneiens instruments
le coërcition. On réclame avec '"instance les plans et
lossiers reproduisant les dispositions intérieures et
:xtérieures des vieilles prisons. L'administration compte

sur le concours des sociétés savantes. M. le conseiller
Hardouïn, ancien délégué du ministère de la Justice
en Italie, promet de répondre au nom de la Société à
l'appel adressé .
M. Le Braz a reconstitué l'histoire du cloarec breton,
trop oubliée et pourtant bien intéressante, d'après la
poésie ' populaire et les merveilleuses légendes des âges
passés. Elle n'était pas toujours calme la vie de ces
escholiers qui quittaient hrusquement leur clocher
pour aller quelquefois jusqu'à Paris, au collège de
Cornouailles ou de Tréguier, chercher la science et
prendre en Sorbonne le bonnet de docteur.
notre poète national, a retracé les tris­
Brizeux,
tesses et les . luttes de ces pauvres exilés. Un de

nos meilleurs artistes contemporains, M. Th. Busnel,
a peint avec une verve toute bretonne la vision qui
trouble le sommeil d'un enfant d'Arzano ou de Saint­
Pol-de-Léon endormi sur les rives de la Seine.
Mais M. Le Braz nous fait pénétrer pour ainsi dire
dans l'intin1ité du jeune cloarec et de sa famille;
c'est une bonne connaissance que nous complèterons
dans la seconde partie de son étude vivement attendue.
M. l'abbé Peyron communique un document extrê­
mement intéressant du XVIIe siècle relatif à la prise
de possession du couvent de Kerlot.
M. le Président commence la lecture de l'intro­
duction du Cartulaire de Landévennec par M. de la
Borderie. ' ,
La séance est levée à cinq heures .
Le Secrétaire,
VICOMTE DE BLOIS . •

Séance du 28 Février 1889 .

P.résidence de M.. le Conseiller HARDOUIN .

. Etaient présentJ3 : MM. ANATOLE LE BRAS,-
JENKINS, JONES, commandant FATY,
SCHMITT,
LUZEL,SERRET. . .
est procédé au dépouillement de la correspoh-
dance.. .
Notre Président, M. de la VILLEMARQUÉ, regrette
de ne pouvoir assister à la séance.
M. LE MAIGRE, notre trésorier, est pareillement
empêché.
M. Bouillon envoie la Revue celtique et demande
à faire l'échange avee notre Bulletin. Accordé .
M. Tré-récly recommande tout particulièrement aux
personnes s'intéressant aux recherches archéologi­
certains groupes en pierres sculptées dési­
ques
gnées sous le nom: Le Cavalier et l'.A.nguipède (1).
Ces groupes, quelques variés qu'ils soient de formes
et de dimensions, representent un cavalier et un cheval
aux pieds un homme ou une femme dont les
foulant
continuent en deux serpents. Les groupes
cuisses se
de ~ette nature connus jusqu'à présent sont au nombre
de quarante-un, dont trois dans le Finistère: au Guelen
(Briec), au Kerlot (Plomelin) et à Saint-Mathieu (Ploaret);
probablement il doit en exister encore d'autres,
perdus dans les campagnes. Seulement, il ne faut pas
s'imaginer que du premier coup d'œil on démêlera le
cavalier et l'anguipède. Presque toujours l'un et l'autre
d'lI, Finistère, tome .
(1) Bulletin de la Société archéologiq'ue
XIII, 2" partie, p. 38 et 301.

sont mutilés et souvent méconnaissables à première
vue. Il faut clone signaler toute sculpture ancienne
(ordinairement eh pierre) figurant un homme à cheval,
pour qu'elle puisse être étudiée de près, et vouloir
. bien adresser les communications au Président de la.
Société archéologique du Finistère.
Plusieurs membres de notre Société demandent à
acheter des volumes de notre Bulletin. Il est décidé
que chaque volume sera vendu 3 francs. Par 'excep­
1882); dont il ne reste plus
tion, le tome IX (année
que quelques exemplaires, sera vendu 10 francs.
un rapport sur l'état actuel de notre biblio­
Après
thèque, on décide d'ajourner indéfiniment la nomina-
tion du bibliothécaire.
Le rapport de la Commission de comptabilité est
déposé. L'absence de notre trésorier en fait remettre
la discussion à la séance du mois de mars.
M. IIémOii fait don d'un fragment d'un canal
important mis à jour en défrichant un bois aux dépen­
dances du village de Parc-al-Lan (Ergué-Gabéric):
semble avoir été destinée à l'ali­
Cette canalisation
mentation de réservoirs et pièces d'eaux dont il reste
des vestiges près du château de Kerfors.
Il serait facile de détermimer sur place la direction
dé ces conduits et d'en faire extraire des portions
n'étaient pas enfouis à une profondeur de
intactes. Ils
plus de 2· à 3 pieds.
J.\!. Chrétien, chef de gare à Quimper, fait don d'un
fragment de pierre de taille provenant d'une carrière
des environs de Poitiers, sur laquelle on remarque
deux emprcint~s fossiles. Il y a également joint une
moitié de monnaie bretonne.
Des r0nlerciements sont votés aux généreux dona-
teurs.

- VII-

M .. Le Guyader fait part d'une importante découverte
faite à Douarnenez (un excellent dessin qu'il a exécuté
à la plume permet de se rendre compte de cette
pièce rernarquable). C'est une statuette d'Hercule,
haute de om60, en pierre calcaire. Elle ·a été trou­
vée à Port-Ru, dans les ruines d'un établissement
romain qui devait s'étendre sur toute la lon­
gueur ùu quai. La tête, défigurée, est couronnée de
lauriers. Une pea~ de lion recouvre le socle d'appui.
La Société remercie M. Guyader de son intéressante
comm unication et délègue 1\1. Serret pour aller étudier .
cette précieuse trouvaille ..
Notre confrère, 111. le. baron Halna du Frétay, offre
à notre bibliothèque deux brochures qu'il a pu­
bliées sur des fouilles qu'il a faites : 1.0 Silex qua­
ternaires en Guengat (Finistère); 2° Les deux tu­
mulus de Kervini, en Poullan (Finistère).
En 1868, le Dr Le Hir (1) avait le premier signalé
quelques outils de Bilex dans la caverne de Kerviguy-
Généralement les archéologues admettaient que
Izella.
les terrains primaires formant la base de la constitu­
tion géologique du département du Finistère ne conte­
naient aucune trace de silex, ceux que l'on y rencon­
trait par hasard auraient été importés. M. Halna du
Fretay a cherché et fouillé un grand nombre de tumuli
et a recherché les anciennes stations paléolithiques de
notre arrondissement. Il a trouvé quelques gisements
de rognons de silex dont on peut voir les spécimens
dans ses remarquables collections, au château du
Vieux-Châtel. .
Les fouilles qu'il a faites à Souc'h et au Loc'h, en
Plogoff, lui ont donné des rognons, des éclats de
silex et des outils taillés. Mais la découverte la plus

(1) Bulletin archéologique du Finistère, t. l, p. 89, t. XII, p. 20 .

VIII -

remarquable est celle de Keranmouster, en Guengat,
où, à la surface du sol, on rencontre un nombre con­
sidérable de quartzites et de silex.
Dans la fouille qu'il a faite, M. du Fretay a trouvé
t 72 haches, lames ou ex-voto en silex taillé~ Aucun
vestige de poteries. Beaucoup d'éclats de silex. En
creusant il a trouvé les silex de gisement. Ne pouyant
donner tous les détails qui accompagnent. cette étude,
citon~ seulement la conclusion d'après l'auteur: « Le
doute n'est plus possible, l'homme èp_wternaire a fou'l~
le sol armoricain. » .
Dans la seconde brochure, nous trouvons des
très intéressants sur cette importante déèou-
détails

verte dont l'auteur fixe la date entre le 4 et 7 siècle
avant notre ère. Le premier dolmen a donné deux ·

haches en bronze, une épée en bronze (brisée) et neuf
pointes de flèches à ailerons en silex. Le second a
donné une l~rge épée, une lance, un poignard (le
tout en bronze), plus quarante-trois pointes de flèches
à ailerons de silex.
}'1. Le Braz lit la suite de sa piquante étude sur
rus Kloer, qui est écoutée avec beaucoup d'intérêt. .
Pour terminer la séance, }'1. Luzel donne lecture
des trois derniers actes du Mystère de Saint-Gw é­

nolé, en breton lTIoderne. Vu l'importance de ce docu­
ment philologique (1), le texte breton sera imprimé en
face de la traduction française.
La séance est levée à quatre heures d demie .
Le Secrétaire,

A. SERRET.

(1) Bulletin archéologiqtte du Finistère, T. XV, page 195 et

suivantes.

Séance du 28 Mars 1889 .
Présidence de M. le Vicomte Hersart de la VILLEMARQUË,
membre de l'Institut.

Etaient présents : MM. DREUX, LUZEL, l'abbé
ABGRALL, MALEN, HARDOUIN, l'abbé PÈYRON,
SERRET.
M. 10 Président déclare la séance ouverte .

r L@ Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la
précédente séance.
NI. Halna. clu. Frétay dmnancle une rectification au
procès-verbal au sujet de la découverte de Keran­
mouster:
q C'est bien 172 silex, le chiffre de la découverte
du 1 (,'1' juin, presque à fleur de terre sous un galgal;
mais la fouille de l'atelier découvert ensuite près de
là a duré trois mois environ, et c'est par milliers qu'il
faut compter les armes ct les outils, depuis le poids
. de R kilog. jusqu'à la plus petite taille. Cette station
seule a fourni à la collection de M. du Frétay sept
On y a trouvé aussi des nucleus de toutes
mille types.
tant en silex ' qu'en quartzite .
tailles,
. « Mais dans la station qui est à un niveau beaucoup
moins élevé que remplacement do la première décou-
verte, il a fallu aller chercher les nucleus, les silex
rognons, dans le sol argileux, quelquefois
taillés, les
jusqu'à 2 lnètres de profondeur, mais généralement à
40 à 70 centimètres.
« Le sol végétal ne contenait que quelques petits
gros blocs de quartzite non entamés. »
éclats et les
Le procès-verbal est adopté.
Présentation de M. Césaire de Poulpiquet de Bres­
canvel, château de Trefry, en Quéméne\'en, par MM.
Halna du Frétay et Serret. .

Ouvrages reçus pendant le mois de mars pour la
bibliothèque de notre Société:
Bu.lletin de la Société académique de- Brest, 2
série, tome XIII, 1887-1888.
Bulletin de l'Académie Delphinale, tome l, 1886.
Anciens lVoëls bretons, par le vicomte de la Ville­
. marqué. (Revu.,e celtique, tome X.)
. Revue de l'flistoire des ReligionF..
A nnales du Musée Guimet, tome XVIII, nO 3,
Novembre, Décembre '1888. .
Joul'nal des Savants, Février 1889.
Notre confrère M. Dreux, Inspecteur d'Académie à

Quimper, demande la parole. Délégué par M. le Recteur

de l'Académie de Rennes, il a l'honneur de déposer
sur le bureau l'ampliation du Décret reconnaissant la
Société archéologique du Finistère comme établisse­
ment d'utilité publique .
M. de la Villemarqué donne lecture de ce document,
dont l'original, qui lui a été adressé par M. le Président
de la République, sera déposé dans les Archives de la
Société.
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Le Président de la République française,
Sur le rapport du Ministr·e de l'Instruction publique
et des Beaux-Ar·ts,
Vu la demande formée par la Société archéologique du
à l'effet d'être reconnue comme établissement d'uti­
Finistère,
lité publique; .
Vu les Statuts de ·cette Société, l'état de sa situation finan-
à l'appui de sa demande;
cière et les autres pièces produites

Vu les avis favorables du Préfet du Finistère et du Recteur
de i' Académie de Rennes;
La section de l'Intérieur, de l'Instruction publique, des
Cultes et des Beaux-Arts entendue:

Décrète:

,. ARTICLE PREMIER.
La Société archéologique du Finistère est reconnue comme
établissement d'utilité pu bliq ue. ,
ARTICLE 2.
Les Statuts sont approuvés tels qu'ils sont ci-énoncés.
Aucune modifieation ne pourra y être apportée sans l'autori­
Gouvernement.
sation du
ARTICLE 3.
Le Ministre de l'Illstrucfion publique et des Beaux-Arts est
chargé de l'exécution du présent Décret.
Fait à Paris, le 20 mars 1889.

Signé: CARNOT.
Par le Pré~ident de la République:
Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts,

Signé: F ALLIERES.
POUR AMPLIATION:
Le Che! de Bureau au Cabinet,
ROUGON.
POUR COPIE CONFORME:
Le Secrétaire de l'jleadémie de Remies,

S igné ILLISIBLEMENT.
A l'unanimité, la Société remercie M. le Préfet du
Finistère, M. le Recteur de l'Académie de Rennes,
et M. Dreux, pour le concours et l'appui qu'ils ont
bien voulu prêter à notre Société pour arriver à ce
but, dont l'initiative est due à notre honorable confrère
M. le üons,~iller Hardouïn. Grâce à sun zèle 'infatigable,

- XII-
aux rapports qu'il a rédigés et fait présenter, aux dé­
marches qu'il a faites, c'est à lui que nous devons
l'avantage d'être reconnus comme établissement d'uti­
lité publique.
NI. le Président demande que des remerciements
particuliers soient votés à M. Hardouïn.

M. le Conseiller est très touché du témoignage de

ses confrères; mais il désire que MM. L. Hémon et
Rousseau participent à leur recünnaissance. .

At. le Président donne ensuite lecture des nouveaux

Statuts, avec les modifications qui y ont été apportées.

STATUTS

DE LA SOCIETE ARCHEOLOGIQUE DU FINISTERE.

ARTICLE PREMIER.
L'Association dite Société uï'chéologique du Finis­
tère a pour but:
1 ° De rechercher, d'étudier et de décrire les Monu­
ments anciens, et plus spécialement ceux du Finistère,
et de veiller à leur conservation;
2° D'étudier l'histoire, les idiômes et les institutions
du pays; .
3° De publier les documents inédits concernant l'his­
toire locale ou provinciale;
4° De concourir à l'accroissement du Musée dépar­
temental d'Archéologie .
Elle a son siège à Quimper.
. ARTICLE 2.
L'Association se compose de Membres titulaires,
de Membres fondateùrs et de Membres correspondants .

_. XIII-

Pour être Membre titulaire, il faut: 1 être présenté
par deux Membres de l'Association et agréé par la

Société; 2 payer une cotisation annuelle dont le
minimum est de dix francs.
ARTICLE 3.
Le Bureau de la Société se compose d'un Président, ..
quatre Vice-Présidents, deux Secrétaires, un -Trésorier
et un Bibliothécaire-Archiviste.
Les Mernbres ùu Bureau sont élus au scrutin secret,
pour un an, et sont rééligibles.
En cas de vacances, leurs successeurs ne sont élus
que pour le laps de temps restant à courir jusqu'au
terme de la période 'pour laquelle ils avaient été
nommes.
Il est tenu procès-verbal des séances.
Les procès-verbaux sont signés par le Président et
le Secrétaire. . .
ARTICLE 4.
Les délibérations relatives à l'acceptation des dons ·
et legs, aux acquisitions et échanges d'immeubles sont

soumises à l'approbation du Gouvernement.
ARTICLE 5.
, Les délibérations relatives aux aliénations, consti-
tutions d'hypothèques, baux à long terme et emprunts
ne sont valables qu'après l'approbation de l'Assemblée
générale. , .
ARTICLE 6.
Le Trésorier représente la Société en justice et dans
tous' les actes de la vie civile.
ARTICLE 7.
Toutes les fonctions de l'Association sont gratuites.

XIV
ARTICLE 8.
Les ressources de rAssociation comprennent:
1 Les cotisations et souscriptions des Membres;
2° Les dons et legs dont racceptation aura été
autorisée par le Gouvernelnent ;
3° Les subventions qui pourraient lui être accor-
dées ; .
4° Les ressources créées à titre exceptionnel avec

l'autorisation du Gouvernen1ent ;
5° Enfin, le revenu de ses biens et les valeurs de
toute nature.
ARTICLE 9.

Les fonds disponibles seront placés en rentes nomi­
natives 3 % sur l'Etat ou en Obligations nominatives
de chemins de fer, dont le minimum d'intérêt est
garanti par l'Etat.
ARTICLE 10.
Le fonds de réserve comprend:
1 ° Le dixième de l'excédent des ressourcés annuel­
les;
2° Les sommes versées pour le rachat des cotisa­
tions ;
3° La moitié des libéralités autorisées, sans emploi.
Ce fonds est inaliénable: ses revenus peuvent être
appliqués aux dépenses courantes.
AR TICLE 1 '1 •
Les moyens d'action de l'Association sont:
1 ° La publication cl 'un Bulletin mensuel conte­
nant les procès-verbaux des séances, les Mémoires
approuvés par la Société, des documents inédits;

2° Des conférences, des expositions, concours, prIx
et récompenses, etc.
ARTICLE 12.
L'Association peut se diviser en différentes Com­
missions annuelles.
ARTICLE 13.
Aucune publication ne peut être faite au nom de
l'Association sans l'examen préalable et l'approbation
du Bureau.
ARTICLE 14.
La Société se réunit une fois par mois à Quimper.
Toute séance extraordinaire sera l'objet d'uneconvo­
cation spéciale adressée en temps utile à chaque Socié­
taire.
Son ordre du jour est réglé par le Bureau.
A la séance de fin d'année, elle entend les rapports
sur la gestion et la situation financière et morale de
l'Association, et approuve les comptes de l'exercice •
clos, vote le budget de l'exercice suivant, et pourvoit
au renouvellement des Membres du Bureau.
Le rapport annuel et les comptes sont adressés,
chaqüe année, à tous les Membres, au Préfet du dépar­
tement et au Ministre de l'Intérieur.
ARTICLE 15.
La qualité de Membres de l'Association se perd:
1 ° Par la démission; •
2° Par la radiation prononcée pour motifs graves,
par l'Assen1blée générale, à la majorité des deux tiers
présents, sur le rapport du Bureau, et
des Membres
l'intéressé dùment appelé à fournir des explications.

XVI -

ARTICLE 16.
Toute discussion politique ou religieuse est abso­

lument interdite dans les réunions de la Société.

ARTICLE 17 .
Les Statuts ne peuvent être modifiés que sur la
proposition du Bureau.
L'Assemblée extraordinaire spécialement convoquée
à cet effet ne peut modifier les Statuts qu'à la majo­
rité des deux tiers des membres présents.
L'Assemblée doit se composer du quart au moins
des membres en exercice.
La délibération de l'Assemblée est soumise à l'ap­
probation du Gouvernenlent.
ARTICLE 18.
L'Assemblée générale appelée à se prononçer sur
la dissolution de l'Association et convoquée spéciale­
Inen t à cet effet, doit comprendre au moins la moitié
plus un des membres en 6xercice. Ses résolutions
sont prises à la majorité des deux tiers des membres
présents et soumises à l'approbation du Gouverne­
ment.
ARTICLE 19.
En cas de dissolution, l'actif de l'Association est
attribué, par délibération de l'Assemblée générale, à
un ou plusieurs établissements analogues et reconnus
d'utili lé publique.
Cette délibération est soumise à l'approbation du
Gouvernement.
ARTICLE 20.
Il sera procédé de même en eas du retrait de

l'autorisation donnée par le Gouvernement .

- XVII _ .
. Dans le cas où l'Assemblée générale se refuserait
à délibérer sur cette attribution, il serait statué par un

décret rendu en forme des règlements d'administratîon
publique.

. ARTICLE 21.
Un règlement intérieur, adopté par l'Assemblée
générale et approuvé par le Préfet, arrête les con di-
t.ions de détail propres à assurer l'exécution des pré-
sents Statuts. Il peut toujours être modifié dans la
même forme.
Quimper, le 30 Aoüt 1888.

POUR AMPLIATION:
Le Chef de Bureau du, Cabinet,

LEROY .

Vu à la Section de l'Intérieur, le 6 mal's 1889 .
Le Rapporteur,
Signé: G. DE SALVERTE.
M. Luzel a la parole. Pour répondre tout de · suite à
l'art. 1 de ses Statuts, et sans attendre la réunion
d'aujourd'hui, la Société â cru devoir faire l'acquisi­
tion de la statuette d'Hercule, trouvée à Douarnenez,
et la Commission du Musée départemental d'Archéo­
logie demande la ratification de cette importante
acquisi ti 0 n .
Mais les ressource::; pécuniai.res de la Société étant
- actuellement des plus Inocleste:3, il est décidé qu'il y a
lieu de solliciter d'urgence, de la libéralité éclairée du
Conseil général, une subvention. La Commission du
Musée est donc invitée à faciliter à MM. les membres du

- ' XVIII - '
Conseil général la visite de la statuette; une copie
de la présente délibération sera remise à M. le Préfet.
M. l'abbé Abgrall lit un remarquable i'apport sur la
statuette d'Hercule et les substructions découvertes à
Port-Ru. Ce rapport sera annexé au procès-verbal.
AI. le conseiller J-Iardouïn, puis lvl. l'archi-visle
dépnrtementa l réclament la parole au sujet d'une
récente pubiication de M. Paul Du Châtellier, relative
aux Epoques préhistoriques et Gauloises dans le
Finistère. Préalablement, M.le Président s'empresse de
rap peler que M. Du Châtellier père fut, en 1843, l'un
des promoteurs par excellence de la fondation de l'Asso­
ciation Bretonne et, par suite, de la Société et du Musée
archéologique de Quimper. A une époque qui s'éloigne
de plus en plus, ajoute M. de la Villemarqué,de regret­
table~ dissentiments éclatèrent j mais tous vestiges de ce
passé ont àjamais disparu. Ils ont fait place à une parti-
cipation cordiale de la Société aux éclatants hommages
qui ont été rendus à la mémoire de l'éminent Corres­
pondant de l'Institut et do l'infatigable historien et
archéologue, dont la plus extréme vieillesse elle-même
ne put ralentir l'activité et les travaux. M. le Conseiller
Hardoüin donne ensuite lecture de sa notice. L'im-
pression en est autorisée et M. Luzel est prie de
pourvoir d'un exemplaire de l'ouvrage cleM. Paul Du
Châtellier, la bibliothèque de la Société.
M. le conseiller IIal'douïn fait connaitre qu'il doit
à une communication tout obligeante et officieuse ~le
l'honorable M. Boutarcl, directeur des Postes et Télé­
graphes du Finistère, les renseig'noments très à propos
dont la teneur suit : « Le t 5 février 1889 est décédé à

- XIX
« Saint-Pol-de-Léon M. Eugène Le Bos, qui, aux
« termes d'un testament en date du 1 cr octobre 1880,
« déposé en l'étude de :\1 du Penhoat, notaire à Saint­
« Pol, après avoir institué comme légataire universel
« M. Charles Le Bos, de Landerneau, a légué deux
« mille francs 'à la Société archéologique de Quimper
« ou da Finistère, avec l'original de ses Causeries
« bretonnes, pour erl faire imprimer ce qu'elle jug'era
«( bon. » Tous pouvoirs sont délégués à MM. Luzel
et I-Iardouïn à l'effet de réclamer de qui de droit un
extrait authentique du t.estament susvisé et de présenter
un rapport après lequel il sera délibéré sur une de­
mande d'autorisation d'accepter le leg3.
1\1. le Président clonne lecture des prolégomènes de
la "ie inédite de saint Ronan, de dom Plaine. Elle
sera imprimée et paraîtra sitôt après l'impression du
Mystère breton de saint Gwenolé. '
A une demande qui lui est adrassée, M. de la Ville­
marqué répond que l'Introduction du Cartulaire paraîtra
avant la fin de rannée.
1~11\ll. Beau et Harclouïn sont délégués pour repré­
senter notre Société à la réunion des Sociétés savantes,
de la Sorbonne.
Pour terminer, il est donné lecture du travail de
M. l'abbé Le Floch, sur les Staurotides. M. le Prési­
dent, qui fait hommage au Musée d'u'ne de ces pierres
cruciformes, trouvée à Quimperlé, au pied des mu­
railles de l'église de Sainte-Croix, regrette que le
sujet ait été traité au point de vue pu.'ement scienti­
fiqu0, par notre honoré confrère 1 et il cite des passages
de poésies populaires où il est question des Staurotides,

appelées, dans notre langue, 1nein Coadri, et un
passage des Brelons, de Brizeux, sur leur efficacité.
· Ces pierres, dit-il, sont nommées pierres de Coadri,
du lieu où elles se rencontrent le plus ordinairmnent.
Elles passent pour guérir les fractures.Brizeux a ra­
conté leur origine légendaire:
Jadis un chef payen cria dans son délire:
J'ai lcs croix en honeur et je veux les détruire!
Mais à pein..e la croix du bourg avait péri
Que Dieu mettait son signe aux pierres de Coadri !
Autrefois on disait proverbialement:
Pignet e beg eur ween ha torl'et ho kouzoug,
Gant mein Koadr'i n'ho pezo ket drouk :

Montez an hmtt d'un arbre et cassez-vans le cou,
Grâce aux pierres de Coadri, VallS n'aurez pas de mal.
Mais la foi faiblit, remarque Brizeux, et les incré­
dules disent maintenant:
Tombez du haut d'un arbre et cassez-vons le bras,
Les pier-rcs de Coadri ne le sentiront pas.
(Les Bretons, ch. l, p. 14).
(Mein Coadri n'ho de{o ket drOtt,gJ
· Ce que c'est que l'esprit gaulois! il a pénétré
JUs-
qu'en Basse-Bretagne.
La séance est levée à 4 heures et demie.
Le Président, .
HERSART DE LA VILLEMARQUE.
Le Secrétaire,
A. SERRET.

li tCil'

XXI
Les Époques Préhistoriques et Gœuloi~es dans le Pinistère. -
Inventaire des mOn1tments de ce departement, par M. Paul
DU CHATELLIER. Paris. Le Chevalier'. 1889. in-4'. 208 p.
XXII planches .

Tel est le titee d'une publication toute eéœnte et sur laquelle
l'attention de la Société archéologique du Finistère veut être
quelques instants appelée.
En' premieL' lieu s'y tl'ouvent résumés et condensés dans UJl
peécis sllb~tantiel, au tl'iple point de vue de l'Anthropologie,
l'Ethnograrhie et de l'Archéologie proprement dite, les
, aperçus désOL'mais acquis à la seience. Elle a largement profité
auxquelles l'auteur a consacré depuis vingt­
des explol'ations
ans et plus, une ardeur et une assiduité à toute épreuve.
cinq
Durailt cet intervalle, en effet, et sans parler de l'installation
ainsi que du classement de collections indéfiniment accrues,
fouillé: 226 dolmens ou allées couvertes;
il a v,isité, décrit ou
197 nwnbirs, 11 alignements, 11 cromlec'hs, 257 tumulus et
48 cachettes de fondeurs (voir p. 203 de la notice). C'est dire
que la persévérance de M. Paul du Châtellier a participé, elle
aussi, de la nature granitique des rors " de la contrée.
« Nous avons, a-t-il pu ajout.er en toute vérité (p. 62-63),
« parcouru tout l'espace des temps t.juaternaires à l'occupation
«romaine, ,c'est-à-dire un nombre considérable de siècles,
« durant lesqllels la civilisation s'est successivement, mais
« lentement, développée. Les popillations primitives qui occu­
« pèrent notre sol virent, ajoute l'auteur, le combat pour la vie
« singulièrement facilité par l'introduction des métaux. Vinrent
« ensuite les conquérants qui, refoulant devant eux les Venètes,
« leur imposèrent leurs lois et leur civilisation avancée, au­
« jourd'hui connnue dans ses moindres détails. »)
Vingt-deux planches dues à la main d~ M. Paul du Châ­
tellier contiennent les plans où dessins des monuments ou des
antiquité!'; les plus caractéristiques à reproduire pour faciliter
la lecture du texte. Des annotations bibliogra,phiques
érudites s'y .rencontrent d'ailleurs à chaque page. Elles per..:
mettent d'entrevoir, en même temps que le ' prodigieux eSS01'
imprimé à une spécialité d'études longtemps dédaignée ou
compromise par les écarts de l'imagination et de l'esprit de
système, l'état actuel de ces études, et ies progrès qui y ont été
réalisés.

Au nombre des publications devenues classiques en pareille
et auxquelles une collaboration active continüe natll-
matière,

XXII
rellement d'être prêtée par l'auteur, doit être cité en première
ligne le recueil intitu lé Matériaux pour l'Histoire de l'Homme.
Le remarq uable précis clon t il vien t d'êtl'e parlé est sui vi d'une
énumération, arrondi~sement par arrondissement, canton par
canton, commune par commune du département du Finistère, .
monuments ainsi (\,Je des plus notables d'entre les décou­
des
vertes d'antiquités de toute nature datant des périodes indi­
quées plus haut.
Il n'est pas besoin d'insister sur l'intérêt hors ligne d'un
pareil inventaire. .
Cet interêt devient d'autant plus manifeste, que les épaves
suprêmes des monuments celtiques les plus imposants de notre
province, ainsi que des trésors funéraires dont si longtemps ·
ils perpétuèrent le sec!"et, tende.nt chaque jour à disparaître de
plus en plus rapidement. A leur abolition s'adlarn,e en effet
un vandalisme sans frein comme sans scrupule.;;, qui dispose
d'engin~ de destruction de plus en plus inésistihles. Il n'est
que trop assidùment secondé par l'extension ind8nnip. des voies
de communication ainsi que des' entl'eprises de construction,
sans parler de la connivence qu'il rencontre tantôt clans une
cupidité et tantôt dans une incurie, trop fréqllemment au
service d'intérêts collectifs ou individuels.
Ainsi sont quotidiennement anéanties iL tout jamais maintes
pages de l'hist.oire des institutions primitives clans l'étendue
de la presqu'île armol'icaine.
Dans l'inventaire comme dans le précis s'accusent, au plus
haut degré, un jlldicieux esprit cie réserve et la préoccupation
scrupuleuse des exigences de la vérité.
La monographie de M. Paul du Châtellier se recommande
donc d'elle-même.
Elle n'a qu'un tort, son excessive brièvet-é. Ce tort s'aggrave
de l'insuffisance peu prévue et encore moins justifiée cie la
publicité qu'ellt a reçue.
L'unique digue au torrent de dévastation dont s'étendent si
fatalement les ravages, c'est, il n'est pas besoin de le répéter,
l'entretien des collections publiques ou privées, dans lesquelles
se trou vent à la fois assurées la conservation, tout an moins
des antiquités les plus précieuses; la vérification de leur prove­
nance; la facilité de leur étude par chacun et par tous~ étrangers
comme régnicoles.

. Qu'un retour soit permis avant de terminer, à quelques-uns
des sOllvenÎr"s auxquels la piété filiale s'est bornée par modestie
à ne faire qu'une passagère et discrète allusion (p. 7).

XXIII
Ces souvenirs se réfèreront à la naissance même de notre
Société et non pas seulement à sa renaissance en 1873. '
Bien facilement eût-il pu être rappelé ici sous la foi d'un
témoignage datant d'alors, qu'il y a plus d'un demi-siècle le
fondav~ur des Congrès ayant pour objet de propager l'étude
et la conservation des monuments historiques compta peu de
collaborateurs aussi résolus que M. du Châtellier, de tant
laborieuse et savante mémoire.
Mais les procès-verbaux eux-mêmes de nos séances sont
une attestation tout autrement autorisée que celle à laquelle
Ulle transpar'ente allusion vient d'être faite, gr'âce au bénéfice
d'une extrême vieillesse et de ses libertés.
L'histoire s'y lit en effet tout au long (1. l, p. 10 et suiv.) de la
création, tant de nos diverses Société bretonnes d'archéologie,
que des collections d'antiquités celtiques q,pi ne tardèrent
plus à prendre consistance.
. La notice que M. du Châtellier pèl'e ~e fit un devqir de
consacrer à la vie et aux œuvres de M. de Caumont et dont
il donna lecture daus ' cette séance du 13 mai 1873, dont
nombre de membres encore présents dans nos rangs, ont gardé
mémoire, eut le retentissement le plus -mérité.
Il ' en fut ainsi de l'alloeution que prononça dans la
même séance notre président d'alors, M. le comte Aymar
de Blois, à qui doit être immédiatement laissée ici la parole:
« L'assemblée, s'écria-t-il (p. 15 el ~uiv.), ne pouvait, dans
« le deuil général des Sociétés d'archéologie, mieux inaùgurer
« la reprise de ses travaux que par l'hommage qu'un de ses
« membres a rend u à la mémoire ct u fondateur de la science
« dont nous sommes ici les adeptes ... Mes relations avec M. de
4( Callmont, sans être aussi suivies que celles de M. €lu Châ­
« tellier, ont duré trente ans ... La Bretagne n'avait alors qu'une
« seule Société d'archéologie; c'était celle des Côtes-du-Nord.
« Il m'encouragea à tenter la fondation des quatre autres qui,
« en moins de quelques mois, furent fondées à Rennes, Nantes,
c( Vannes et Quimper . ."
C'est le cas d'ajouter qu'à la sollicitation de M. de Caumont
furent entrepris, parallèlement aux explorations et col­
du Morbihan, prédestinées à tant de célébrité, les
lections
U'avanx similail'es qui, de la presqu'île de Pont-l'Abbé, rayon­
nèrent d'année en année, sur la Comouaille d'abord, puis
jusque dans le Léonais.
Il ne saurait être non plus hors cJe propos de reve­
nir un instant, ici, sur quelques page~ hâtives que la

XXIV
Société archéologique du Finü,tère voulut bien accueil­
lir (t. XVII, p. 345), au s~ljet de l'une des excursions qui
continuent d'affluer dans BOS contrées. Ce fut en août 1887. De
Vannes, où une réception avec navigation et visite du Morbihan
et de ses îles l'attendit, accourut en Cornouaille une nombreuse
députation de l'Institut archéologique de Grande-Bretagne
et d'Irlande. Au nombre de ses principaux membres, il suffira
de citer, indépendamment du vice-amiral 'Tremlet, en perma­
nence de croisières scientifiques dans les parages de . Quiberon
avec descentes à Carnac, un octogénaÏt'e, M. Brown, J'un des
haut~ conseillers les pl us en renom (1 u Jomaine de la Cou­
ronne. Un récit de cette excul'~ion,qLli doit se renouveler,
el de l'accueil reçu à Kel'l1LlZ par la députation tout entière, ne
tarda point à paraître dans la renie si connue: l'Athenœum
(3 septembre 1~87).
La réserve imposée à la plume qui a tracé les pages précé­
dentes, ne saurait exclure le vœu de voir paraitl'e sans retard
une seconde édition ou plutôt une extension indispensable du
précis et de l'inventaire. Ce \-œu devient d'antant plus pressant
que dans la nouvelle publication tl'Ouverait place, relativement
à la période romaine, la décou \'el'to des dix mille monnaies
déterrées d'hier à Saint-Pabu, en pleins parages extrêmes de
la presqu'île, en vue de l'archipel d'Ouessant si redouté .

Quimper', le 28 Mar's 1889.
HENRI HARDOUIN.

. , xxv _.

SUBSTRUCTIONS ROMAINES
A PORT-RU (DOUARNENEZ).

Au bas de la rue de Poullan, bordant le quai de Port-Ru,
se trouve un terrain en partie cûltivé et en partie sous
pâture, portant le nom de terrain QUÉNERDU, et appartenant
maintenant à M. Bertré. Dans le courant de février dernier,
on a pratiqué des fouilles e~ trouvé des déblais dans l'angle
sud-ouest de ce champ, et l'on a mis à découvert des substruc­
tions romaines assez remarquables. 'Déjà, lors de la cons­
la maison voisine qui forme angle de l'autre côté
truction de
la rue, on avait trouvé des maçonneries semblables, avec
force coquillages, ossements d'animaux, débris de poteries,
sans doute des rebuts de cuisine. On sait que,
provenant
sur bien des points de ce quartier, comme encore à la pointe
du Guet, à l'île Tristan, à Plomarch, on a mis depuis long-
temps aujour des vestiges nombreux de l'occupation romaine
et que Port-Ru (port rouge), doit probablement son nom
aux toitures en tuiles qui couvraient autrefois tous ses
édifices.
La direction des murailles mises à déeouvert est oblique
à la ligne de la chaussée qui borde le quai, comme l'indique
le plan ci-anuexé,
est à croire que ces constructions étaient tournées
Mais il
la' plage qui, en cet endroit, devait décrire une courbe
vers
avant l'établissement du quai actuel.
En ce moment, on ne peut guère voir que les murs longi­
tudinaux, toutes les murailles transversales qui sont sur le
ayant été détruites, sauf une seule; mais, d'après le
plan
témoignage des ouvriers et de ceux qui ont vu les premiers
déblaiements, ces murailles formaient des chambres ou
carrés de trois
compartini.ents mètres de côté: sans aucune

XXVI
porte ni ouverture pour communiquer d'une ' pièce à une
autre.
Les deux séries de chambres sont séparées par un · terre­
. plein formé par le sol vierge, et vers le milieu se trouve une
roche assez considérable qui semble avoir été attaquée sur
une de ses parois pour asseoir la maçonnerie. Les murs ont
une épaisseu~ de om70; ils sont parfaitement dressés et pare-
mentés du côté du vide des chambres, mais ils sont construits
plus grossièrement du côté du terre-plein. Les parois don-
nant sur les chambres sont couvertes d'un enduit très solide
formé de deux ou trois couches donnant six centimètres
d'épaisseur. La dernière couche de cet enduit est plus fine et
plus rouge que les autres; on y a fait entrer une plus grande
quantité de briques pilées. Sur aucun point, je n'al pu re­
marquer de traces de décoration pour la peinture. .
Une particularité assez curieuse à noter, c'est que sur une
large surface où cet enduit a été enlevé, il existe en dessous
un jointoiement fait avec un soin extrême. Les joints de
chaux sont saillants d'environ cinq millimètres, larges de
deux centimètres et .demi, parfaitement droits, ave un trait
au fer dans le milieu; les assises ont juste un décimètre de
hauteur. Pareil jointoiement existe sur un des murs de la villa
du Pérennou, en Plomelin, mais là sur la paroi extérieure.

Les murailles s'enfoncent de 211150 dans le sol, et à cette
profondeur aussi existait un pavé en béton et ciment, d'une
solidité telle qu'il a fallu employer la mine pour le faire
sauter. Il est à croire que ces chambres souterraines étaient
des caves et qu'on y descendait par des escaliers 'ou des
échelles des pièces du rez-de-chaussée, puisqu'elles n'avaient
pas de communication entre elles. Quand on les a décou­
vertes et déblayées, elles étaient remplies des débris de
la partie supérieure de l'édifice, fragments de maçonnepie~ .

pierres, galets, tuiles intactes ou brisées, morceaux de poterie~

XXVII
le tout mélangé de terre, de résidus de cuisine, coquillages,
ossements, cornes de bœuf, etc ...
C'est dans un de ces carrés, au point A du plan, autant

que sont exactes les indications recueillies sur place, qu'on
- a trouvé la statue d'Hercule signalée' à la dernière réunion
. de la Société archéologique, et dout on vient de faire l'acqui­
sition po:ur notre Musée.
Cette statue, comme le dit la note rédigée .par M. Guya- .
der, a om60 de haut; elle est en pierre blanche, analogue à
la pierre de l'Anjou et a dû être importée. Il est regrettable
qu'on l'ait trouvée dans un pareil état de mutilation: le torse,
très robuste, très large, est bien conservé ; la face et le
front sont complètement dégradés .; on peut reconnaître un

peu la bouche, les oreilles et remarquer, par derrière, que
la tête était laurée. Le bras gauche, dont la main a disparu,
repose sur une rocaille et est recouvert d'une peau de lion
qui tombe des deux côtés. Le bras droit, dont il ne reste
plus que le haut, devait s'appuyer sur une massue dont on
voit l'extrémité attenant au socle. Les cuisses et les jambes
ont aussi subi beaucoup de dégradations.
Près de cette statue se trouvait un piédestal en granit
mesurant om76 de hauteur sur om45 de largeur. A-t-il servi
de base à notre Hercule? Il a. dù supporter quelque chose,
car sur sa surface supérieure existent quatre scellements en
plomb servant à fixer quatre petits goujons de fer.
Les fouilles et déblais se continuent dans la direction Est
du terrain; mais de ce côté on ne trouve plus trace de
maçonnerIe.
Les substructions semblent courir encore assez loin 'du
côté nord; si notre Société archéologique avait été riche, il
n'y avaifqu'un vœu à formuler: c'~tait de les acquérir, de
les explorer, de les dégager avec méthode et d'en assurer

la conservation comme un vieux témoin du passé.
L'abbé ABGRALL .

XXVIII

ANCIENS DOCUMENTS
INSCRIPTIONS
EN BRETON MOYEN

ENOR DA DOE ONN CROEAS
DA SANT TREMEUR DA SANT VELTAS
Ez E ~UE FOUNTET AN CHAPEL MAN

AN SUL KENT FEST AN SPERET GLAN
OUZIT BREl\'IAN AN DAT DRE GONT
MIL PEi\'IF KANT EIZ BLOAZ HA TREGONT. (1.)

TUT MAT UN PATER LEVERET

OZ TREi\'IEN PLOUBEZR HOR BEZRET. (2)

(1) Cette inscription gothique en vers bretons a été recueillie
l 1844, par M. Pol de Courcy: il la lue sur la porte de la
1apelle de saint Tremeur, dont elle donne la date (1538), située
peu de distance du bourg de Cléden-Cap-Sizun).
(2) Inseription de 1575, gravée sur le linteau de la porte du
metière de Plou ber (Côtes-du-Nord).
M. Luzel a aussi relevé la même insc:r-iption comme suit, sur
: côté extérieur du mur du cimetière, sur la route de Lannion:
ENT MAD. Ho PATER LEVERET,
o TREl\ŒN PLOUBEZR AN BERET.
Ce qui veut dire:

Hon voyage. · Dites votre PATER
En passant de Ploubezre le cimeti,è're .

- XXIX

Séance du 25 Avril 1889

Présidence de M. le Vicomte Hersart de la VI LLEMARQU É ..
membre de l'Institut.

Présents: MM. LUZEL, MALEN, LE MAIGRE,
DIVERRES, I-IARDOUIN.

. S'est excusé: M. le chanoine PEYRON . .
MM. le COJnte de Blois èt Swrret, Secrétaires, étant
absents de Quimper, M. le Conseiller fIal'douin rédi­
gera le procès-verbal de la séance.
Lecture est donnée, par 1 11. M allen; du procès-
verbal de la séance précédente, qui est adopté.
Ouvrages 'l'eçus pendant le mois d'avril :
Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie .

Société Archéologique de Bordeaux, t. XI, 2 fas-

cicule. •
1\,fémoires d'Agriculture, Sciences et Arts d'An­
, ,.ger8, 1888 .

Exemplaire d'un Souvènir de la Séance de Célé·
bration du second centenaire cle la même Société.
Informe sobre la cuéstion de valider clel Tratitdo
de lim.iter de Costa Ricado y iVicaragua y Puntos
a'ccessorios dometidos al arbitraje dei Senôr Presi-

- xxx

dente de los Estaclos un.iclos de America As Was-
hington. Gibson 1887, 8°.
Appendice ou Annexe au même ouvrage.
Sur la présentation de A!i'!. Luzel et I-Iardouin,
I\~. Yan' d'Argent, artiste peintre à Crec'h-André,. près
Saint-Pol-de-Léon, est nommé membre de la Société.
Invitée par l'Administration départementale à émettre
un avis sur la demande d'envoi à l'Exposition, sinon
de la totalité, au moins de quelques-unes des princi-
pales figures de la collection des costumes bretons,
la Société déclare qu'elle considérerait comme essen-
tiellement funeste toute tentative de déplacement de '

cette collection qui a été à demeure en même temps
qu'à grands frais installée et par suite immobilisée

dans des conditions de perspective et de groupement
:levenues autant de garanties de conservation . . Il
(l'a fallu rien moins que de tels obstacles pour elnpê-

3her la -Société de concourir, en ce qui pou vai t la

}oncerner, à l'Exposition universelle dont le succès est

)On vœu le plus ardent.

L'ordre du jour appelle la lecture du rapport de la
jommission de comptabilité sur la situation financière
le la Société et spécialement SLlr les recettes et
~épenses de l'exercice 1888, ainsi que sur l'établisse­
:lent du budget pour l'année 1889. Ce rapport, aussi
Jcide qLle consciencieusement élaboré, est approuvé.
sont votés à M. le Major Faty
Des remercîments
insi qu'à ses collègues de la Commission, MM. de

- XXXI -
Bécourt et Vesco. M. le Tresorier Le l\Iaigi~e est éga­
lement remercié pour la réduction qu'il a spontan.é.:
ment consentie sur la quotité de l'allocation annuelle­
ment destinée à pourvoir aux frais de comptabilité
et de gestion.
MM. Faty, de Bécourt et Vesco sont réélus membres
de la CommÏssion de comptabilité. Ils seront
priés de continuer leurs bons offices à la Société.
Leur concours éclairé lui devient de plus en plus
nécessaire pour assurer la mise en pratique des nou­
veaux Statuts, et, spécialement, de la délibération qui
a été prise à titre de complément des conclusions
approuvées du rapport de la Commission de compta­
bilité, délibération qui est ainsi conçue :

« Vu : 1 le décret de M.le Président de la République, en .
date du 20 mars 1889, aux termes duquel la Société archéo­
logique du Finistère est reconnue comme établissement
d'utilité publique avec approbation des nouveaux Statuts
adoptés le 30 août 1888; 2 les artic~es 1, 2, 3 et 6 des mêmes
Statuts: et attendu qu'il y a urgence de pourvoir tant à l'ap­
plication, notamment des articles 8 et 10 concernant l'éta­
blissement des comptes annuels des recettes et dépenses,
qu'aux dispositions à prendre en conformité des articles 4,
5, 9 et 14 ; la Société déclare maintenir l'institution d'une ·
Commission de comptabilité annuellement élue et sous l'au­
torité de laquelle le Trésorier exercera les attribution&.
spécifiées par l'article 6.
« Dans chacun des comptes annuels avec rapport, exigés
par l'article l 1, sera déterminé par la Commission, sauf
approbation de l'Assemblée générale, le crédit afférent à
tous frais de gestion et d'établissement de comptes. ))

XXXII

Nombre dei Soeiélaim
Société archéologic{tIe du }?Înistère
Il j or janvier f 889: ua.
Gestion de ~ 88 8

, RECETTES .
Restant en caisse au 31 décembl'e 1887.

Ventede50Cataioguesdu Museeà 1 f 25.
Mandat pl'éfeetoral. su bvention à forfait.
Re,;u pour pl'ix d'un volum e de la
collection ......................... .
5. Re\u du mêine pour vente de Bulletins.
6. Reçu de M. de la Villemar'gué, pour
vente de Bulletins à M. Champion ..
7. Re;u de M. Luzel pour vente de Bul-
letins ....... 0 ' . • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 35 )
8. Pr·oduitdescotisationsde1 38sociétail'es. 1380 »
9. Vente du Cartulaire de Landévénec, pa­
pier hollande:
4 exemplaires à 25 francs ..... 100 » \
Papier ordinaire, 65 exem )llai-
l'es à 5 fl·anes .............. 325 » ) 1039 »

39 exem plaires à 6 t'I·anes . . . .. 2::l4 »
38 exemplaires à 10 fl'anes .... 389 »

DEPENSES.

N' 1. Souscription à la statue ' de Jellnne
d'A l'C à Rei ms. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50» ,
2. Souscription à la statue- de Brizeux à

Quimperlé .......... ; . . . . . . . . . . . .. 100 » •
3. Souscription à la statue du même à
Lorient. ..... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.0»
4. Tansport des ,CartulaiJ'es par le chemin
de fer ............................ .
5. Payé à M. Magaire pour la préparation

de la salle (11 séanr-cs)... . .. . .....

6. Payé àM. Lebras, imprimeur', pour
plans, registres, ar·ticIes de LUI'eau. . 81 10
7. Payé à M. Cotonner, impl'imcur, sa ,

(Impression du tome XV) ... 1108 50
factul'e.
8. Payé à M. Diverrès pour port et affl'an-
. elJissement de lettres .............. .

9. Avances faites par le pr'ésident pOUl'
correspondarlce ................... . 5 70
Frais de gestion du Trésor'ier, 200 fr.
Avances de timbr'e pour recouvre-
men t s, 83 f. 30 " ................. 283 30

Payé à M. Catel, imprimeur à Rcnnes, •
pou l' im pression de 400 exem plai r'es
du Cartulaire de Landévénec. . . . . .. 968 10 !
12. Envoi du mandat de M. Cate l, frais... 0 20

Au 31 décembl'e 1888, il reste en caÎsse.... 640 16

XXXIII
Certifié pat' le Tt'csor'iet~ soussigné le montant en caisse
s'élevant à la somme de Six cent quarante francs
seize cent'imes au 31 décembr'e 1888.
Signé: LE MAIGRE.
Vu et appt'ouve pat' lcs Membt,cs de la Commission
nomm0C pat' le BUl'cau PO!!t' procériet' à l'examen et
à la vét'ificatio-n des comptes de M. le Maigt'e, Tré­
sor'iel' de la Societe at'ciJeologique du Fillistèl'e.
QUÎmpet', le 8 aVl'il 1889.
Signé: DE B~COURT ; _ VESCO ; - FATY.
- POUR COPIE CO~FORM:E :
Quimpet', le 8 avril 1889.

Le Président de la Comm;Îssion,
FATY.
La parole est ensuite donnée à M. le Conseiller
Hardouin, chargé avec M. l'Archi"iste départemental
Luzel, d'un rapport sur le legs dont la Société a été
gratifiée par M. Eugène Le Bos. _

Il résulte du rapport que là Commission a été rede-
vable à la gracieuse obligeance de M. le Direc-
teur de l'enregistrement et d13S domaines en retraite
-du Penhoat et de M. le Baron Pol de Courcy, membre
fondateur de la Société, de la communication d- e
copies des deux testaments olographes en . date, l'un
du 1 octobre 1880 et l'autre du 12 mai 1886, tous
deux déposés en vertu d'une ordonnance de M. le
Président du Tribunal civil d~ Morlaix, en l'étude de
MC du Penhoat, notaire à Saint-Pol-de-Léon, qu'a
laissés M. Eugène Le Bos, décédé en la même ville,
·le 15 février dernier. M. le Baron Pol de Courcy, qui
a bien voulu, en outre intQrvenir offiçieus-eme.nt en

XXXIV
faveur de la Société et accepter la mission de se con8-
tituer son représentant, Ct mandé que, clans sa con-
viction, IÇt délivrance du legs ne souffrira auqune
difficulté de la part des honorables membres de la
famille et do l'exécuteur testamentaire . du défunt. En

ces circonstan6es, le rapporteur conclut: 1 ° à ce que
la Société déclare accepter le legs; 2° à ce qu'elle
décide que le registre destiné à perpétuer les noms et
la mémoire des donateurs et bienfaiteurs de l'Œuvre,
s'ouvrira par l'inscription du nom de 1\'1. Eugène Le
Bos avec la mention de son legs ; 3° à ce que tous
pouvoirs soient conférés à M. le Baron Pol de Courcy
dans le but de procurer le consentement régulier de
tous bénéficiaires de la succession, à la délivrance
du legs; 4° enfin à ce que tous pouvoirs soient éga­
lement c.onférés au bureau de la Société à l'effet de
solliciter, conformément à l'article !i .des nouveaux
Statuts, l'autorisation d'accepter le legs sU8-énoncé.

Après délibération, la Société adopte les conclusions .
du rapport.
!Il. Luzel donne lecture d'une note de M. Le Carguet
relative à un tum ulus aujourd'hui disparu. L'impres-

sion de cette note est décidée.
M. Ma llen continue la lecture de l'introduction
M. de la Borderie, au cartulaire de Landévennec.
A propos de cette importante communication, M. le
Président annonce la réception d'une lettre de M. le
Maire de Quimper motivée par une délibération de la

xxxv
Commission de la Bibliothèque communale, délibé­
ration prise sur rapport du bibliothécaire, et relative

au même cartulaire : 1'1. le Président il s'est fait un
devoir de porter cette lettre à la connaissance de
1'1. de la Borderie.
Il est décidé que dans le cas où une réintégration
immédiate du manuserit réclamé par l'Administration
municipale, ne serait pas de nature à gêner l'achè-
vement de l'édition, cette réintégration serait oflicieu-
sement sollicitée de nouveau.
La séance est levée à quatre heures et demie.
_ Le Président,
H. DE LA VILLEMARQUÉ.
Le Secrétaire provisoire,
HARDOUÏN.

DÉCOUVERTE D'UNE SÉPULTURE NÉOLITHI UE
A KERVRÉAC'H
En la commune d'jludierne.

Au mois d'avril 1888, des ouvriers, en construisant le
chemin de Kervréac'h, en Audierne, tranchèrent, par le
d'un mètre de hauteur, sur cinq ou six
milieu, un tumulus
mètres de largeur, englobé dans la clôture séparative des
nOS 110 et 111 de la sectiou B du cadastre.
deux champs
Cette butte, comme la plupart des monuments de ce genre,
était composée de terres rapportées et de pierrailles: Au
chambre formée de trois pierres disposées
centre, était une

XXXVI

en dolmen, et mesurant à l'intérieur, environ om 80 de
hauteur et autant de largeur en tout sens. Le dolmen,
enfoncé dans le sous-sol de plus d'un mètre, renfermait, sui'
une couche de cendre épaisse de om 20, un gros galet ovoïde
et une hache qui devait être, d'après la description des
ouvriers, en diorite. Mais, chose curieuse! plusieurs vipères
et plusieurs salamandres a,~aient établi, dans la chambre
sépulcrale, leurs quartiers d'hiver. .
« C'est là tout le trésor du Korrik ! » s'écrièrent avec dépit
les ouvriers qui avaient cru trouver fortune, et aussitôt à
coups de pioches, ils démolirent le monument et
g'rands
l'ensevelirent, avec toüt ce qu'il contenait, au fond du
macadam.
C'est ainsi que périssent la plupart des monuments méga-
lithiques du pays. .
Le tumulus ne présentait, par lui-même, aucune dispo­
sition particulière. Mais il eut .été important d'en avoir une
description et un mesurage plus exacts, pour une étude
d'ensemble du plateau de Roz-ar-Voalès qui offre de si
nombreux vestiges des époques préhistoriques .
LE CARGUET.
Audierne, 14 àvril 1889.

- XXXVII -"
Séance du 25 Mai 1889 .

Présidence de M. le Vicomte Hersart de la VILLEMARQué,
membre de l'Institut.

Etaient présents: :MM. le Conseiller HARDO UIN,
FATY, DE BÉCOURT, MALEN, DIVERRÈS, LE
MAIGRE, LUZEL, SERRET, l'abbé PEYRON.
Lecture est donnée du procès-verbal de la dernière
séance par M. Serret. . '
lvl. le major Faty signale une erreur dans les chiffres
imprimés, p. XXXII. Rectification en sera faite.
Le procès-verbal est adopté. ·
Ouvrages offert~ à la bibliothèque de la Société
pendant le n10is de mai: .
Bulletin archéologique du ·Cornité des travaux
historiques et scientifiques, année 1888, nO 3.
Journal des savants, mars, avril 1889.
Académie d'Hippone, nO du 15 décembre 1888.
M. de la Borderie demande à conserver encore
quelque temps le manuscrit du Cartulaire de Landé­
vennec, les surcharges qui existent dans le manuscrit
et les orthographes des anciens noms nécessitent
encore pendant quelque temps entre ses mains la
la possession de cet ouvrage.
Sur la demande qui en a été faite au Conseil général
une somme de 150 fr. a été accordée à la Société
archéologique pour l'acquisition de la statue d'Hercule,
trouvée à Douarnenez . .
1'.1. Robert Oheix, notre confrère, écrit qu'il vient
de découvrir une lettre inédite de Lancelot, qu'il se
propose de publier, comme ayant un intérêt d'histoire
locale. M. le Président en donne lecture, et demande
si on ne pourrait trouver d'autres documents sur le
séjour de Lancelot à Quimperlé.

_0 XXXVIII, 0
Voir la communication de M . . Oheix à la suite du
procès-verbal.
M. Luzellit le rapport d'une fouille faite par M. Le
Carguet à Trevenan.
M. Serret donne lecture de la vie inédite de saint
Ronan traduite par dom Plaine.
M. Malen lit la suite de l'introduction de M. de la
Borderie, au cartùlaire de Landévennec.
La séance est levée à 4 heures et demie.
Le Président,

HERSART DE LA VILLEMARQUE.
Le Secrétaire,
A. SERRET.

Nombre des Sociétaires
Société archéologique du Finistère
3n t or janvier t 889 : H3.

Gestion de 1. 888
c _ aD
RECETTES.
N· 1. Rest::m t en caisse au 31 décern bl'e 1887. . . . . . . . . .. 365 16
2. Vente de 50 Catalogues du Musée â 1 f.25. 62 50
3. Mandat préfectoral, subvention à forfait. 400 »
4. Reçu de M. Luzel pour prix d'un volume
de la collection.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5»
5. Reçu du même pour vente de Bulletins. 15»
6. Reçu de M. de la Villemarqué pour
vente de Bulletins à M. Champion.. 15»
. 7. Reçu deM. Luzel pour vente de Bulletins. 35»
8. Produit des cotisations de138 sociétaires. 1380 » 2951 50
9. Vente du Cartulaire de Landévénec, pa-
pier -hollande : .
4 exemplaires à 25 francs ..... 100 »
Papier ordinaire, 65 exemplai-
res à 5 francs.. . . . . . . . . . . .. 325» 1039 »
39 exemplaires à 6 francs. . . .. 234 »
38 exem plaires à 10 francs. . .. 380 »
Total" ..... , , t ••••• , •••••••••• 0 . .. 3316 66

XXXIX -
Report des recettes. . .

DEPENSES.
N° 1. Souscription à la statue de Jeanne d'Arc 1
à Reitns . . . . . . . . .. ............... 50» :
2. Souscl'iption à la statue de Brizeux à
Quimpedé ...................... " 100 »
3. Souscription à la statue du même à
Lorient........................... 50»
4. Transport des Cartulaires par le chemin
de fer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. ..... 9 60
5. Payé à M. Magaire pour la préparation
de la salle (11 séances)............. 11 »
6. Payé à M. Lebras, imprimeur, pour
plans, registres, articles de bureau. . 81 10
7. Payé à M. Cotonnec, imprimeur, sa fac-
ture. (Impresion du tome XV) ...... 1108 50
8. Payé à M. Diverrès pour port et affran-
chissement de lettres .... , . . . . . . . . . . 9 Il
9. Avances faites par le Président pour
correspondance ....... _ . . . . . . . . . . . . . 5 70
10. Frais de gestion du Trésorier, 200 fr.
Avances de timbre pour recouvre-
ments, 83 fr. 35 . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 283 35
11. Payé à M. Catel, iI;nprimeur à Rennes,
pour impression de 400 exemplaires
du Cartulaire _ de Landévénec. . . . . .. 968 05
12. Envoi du mandat de M. Catel, frais.. . . 0 20

Au 31 décembre 1888, il reste en caisse .. , 640 16
Certifié par le Trésorier soussigné le montant en caisse
s'élevant à la somme de Six cent q'Lwrante francs
seize centimes au 31 décem bre 1888.
Signé: LE MAIGRE.
Vu et approuvé par les Membres de la Commission
nommée par le Bureau pour procéder à l'examen et
à la vérification des comptes de M. Le Maigre, Tré­
sorier de la Société archéologique du Finistère.
Quimper, le 8 avril 1889 .
Signé: DE BÉCOURT;' VESCO; - FATY.
POUR COPIE CONFORME:
Quimper, le 8 avril 1889 .

Le Président de la Commission,
FATY . .

DOCUMENTS INÉDITS

Savenay, 22 mai 1889. .
et cher Président,
Monsieur
J'ai eu la chance de mettre la main sur une lettre inédite
à M. Hamon, lettre malheureusement incomplète,
de Lancelot

mais authentique.
Plus tard, je publierai cette pièce, avec quelques autres

qui peuvent y être associées; mais "ai pensé qu'en vous la

communiquant, Monsieur le Prési ent, et par vous à nos
ae la Société archéologique, j'intéresserais non
confrères
d'histoire locale, mais ceux
seulement ceux ui s'occupent
aussi qui ont étu ié la curieuse période janséniste dans son
âge héroï ue, avant la destruction de Port-Royal et la chute
la secte dans les grotesques farces du cimetière
définitive e
Saint-Médard. Lancelot est ae la période digne. Par sa
valeur propre, par son séjour en Bretagne, il mérite qu'on

lui prête un moment d'attention. J'ai ouï raconter à M.

Audran l'exhumation des restes reconnaissables de Lancelot:
ses sandales, parait-il, étaient remarquablement conservées,
et je regrette aujourd'hui de n'avoir pas noté sur le moment
autres détails que donnait notre confrère. D'autres l'ont
les
eut-être fait·? Je souhaite que la lettre dont je vous adresse
a copie su gère à quelques-uns de nos confrères l'idée de
qu'i s savent ou ce qu'il y aurait à chercher sur le
dire ce
à Quimperlé, et je serais heureux d'en
séjour de Lancelot
la cause.
avoir été
Je suis avec respect, Monsieur et cher Président, votre
très humble et très obéissant serviteur,
R.OHEIX.
M. LANCELOT (1) à M. HAMON.
(Note du temps.J .
. Ce 7 Avril 85 (2). .
Je vous suis bien obligé, mon très cher frère, de la charité que .
témoignez; il me' semble que je commence à revivre
vous me
puisque je me vois rentré si cordiale avec vous,
de nouveau,
(1) Solitaire de Port-Royal (1615-1695), auteur des Méthodes pour l'étude
à l'abbaye Sainte-Croix, à
du grec, du latin et du français (Littré), exilé
Quimperlé.
(2) 1685. - De Quimperlé.

-' XLI _ .

dont il me semblait qu'on m'eût voulu retrancher depuis que
je suis religieux. Quand ie n'aurois que cette obligation là

à mon exil, elle est certainem grande, quoy gu'il y en ayt
encore lusieurs autres. Aussy vous puis-je dIre que je ne
m'en a . ige nullem Au contraire j'en remercie Dieu dans
toutes les heures du jour, aussy bien que de ma profession
'laquelle je renouvelle plus d'une fois 'chaque jour.
religieuse,
Dieu m'a fait tant de graces depuis que je suis icy, et inte­
rieures et exterieures, que j'en suis confus, connoissant
quelles sont mes indignitez presentes et passées. C'est qu'il
m'a vôulu traiter en foible, tandis qu'il exerce nôtre pauvre
maison comme yous voyez. Mais c'est ce qui fait que je
l'aime encore plus; car le tems ou nous sommes nous fait
assez voir que nous ne devons pas moins aimer J. -C. sur la
croix que sur le Tabor. Quand je $uis venu icy, ie ne savois
Magistrat, ni le
ui en étoit ni l'Evêque, ni l'Abbé, ni le
'ouverneur ; et nous y avons passé quelques semaines dans
un état pitoyable, dont le valet qui m'accompagna peut
rendre témoignage. Cependant Dieu a tellem disposé, les
quana j'aurais eu à choisir, je n'aurois pas û
choses que
prendre mieux. Au contraire, si quelque chose m'incommo e,
c'est la trop grande bontè qu'on me témoigne; et je ne

m'étonne pas si ces grans saints changeoint de pays quand
ils voyoient qu'ils y étoient trop connus. Il n'y a que les
n'ay pu gaigner. Un jour que leur Gardien,
Capucins que ie
est d'une des premièl'es familles de la ville, se donna la
qui
liberté de prêcher contre Mr de S. C. et Mr Ar. (1), les nom­
mant par leur nom, et leur donnant la qualité de sectaires qui
la communion; mais il en fut blamé
détournoient le monde de
tout le monde, et l'Evêque en étant aussy, lui en écrivit si

que le senechal de la yille, beau-frere du Capucin,
fortem
m'en vint faire des excuses jusques dans ma chambre. Je
tout cela pour vous faire voir le doit de Dieu, et
vous dis
non pour m'en rien attribuer et j'aurois mille choses sem­
blables à vous dire. Jejouis Dieu mercy d'un grand repos, et
je n'ay jamais eu plus de loisir de travailler a mes petits
ouvrages, dans lesquels on ne m'inquiette point, parce que
l'on sait bien qu'il n'y a rien. de contentieux. Il y en a un
presentem sous la presse, et après celuy là on y en pourra
mettre d'autres. Je vis graces à Dieu plus retiré qu'un Char­
treux et et (sic) je travaille plus de sept ou huit heures le
jour, j'entens de ma plume. Mais come j'ay besoin d'exercice
parmy cela, et que le ne veux pas m'accoutumer à voir le
(1) Saint-Cyran et Arnauld.

XLII -
nonde, je vas faire des elerinages aux églises, aux heures où il
l'y a personne, particu ierem à celles qui sont hors la ville, et
e vas aussy rendre l'air sur les montagnes, en m'entretenan'l
le uelque c ·ose de bon. Quoyque la ville soit comme divisée
m eux, dont une partie est sur la montagne, et l'autre dans

. e fonds, néanmoins cette artie-cy, qui est celle ou je suis,
~t toute la situation de 'Abbaye, a assez de ra:pport à la
vôtre. Car elle est de même environnée de montaignes incul­
;es .. du costé d'o~ient qui s~~blent fondre sur elle,et n'a point de
me du tout. N eanmoms 1 aIr y est bon, et les eaux excellentes.
::::e bas de la ville est comme une Isle entre deux rivieres,
~t c'étoit autrefois la demeure des Ducs d'où vient que l'on
lPpelle ' encore tout cela le château, mais ils quitterent (1)
iepuis leur maison aux Religieux. Le fl~x et le reflux ui
\Tient tous les jours deux fois jusque dans la ville et au de à,
:mrge assurem bien des choses: et quoyque la rivière soit
)etite, elle ne laisse pas, dans ses marées, de porter des

40 tonneaux, ui leur apportent une infinité de
Barques de

~ommoditezpar la mer. a ' pêche y est aussy admirable
~t le poisson excellent. De sorte que c'est étre trop bien pour
ln Religieux qu'on veut humilier. Il semble que Dieu m'y
lvoit preparé ma demeure des auparavant. Car un bonhomme,
:;ans savoir ce qu'il faisoit, avoit fait faire une petite cham­
)re au dessus de sa maison, qui est comme la cellule d'un
Religieux, et qui est la seule que j'aurois pu trouver dans
~uim erlé; outre qu'il faut necessairem que je sois logé
mtre 'Abbaye et le Logis Abbatial, qui sont les deux lieux
)ù j'ay rélation. Cette petite cellule est donc commode pour
,a situation, mais elle est fort incommode pour sa dis­

)osition. On n'y peut faire de feu que fort difficilem ainsy
passé tous les hivers sans me chauffer depuis que je
mis icy, et ie trouve que l'on s'y accoutume, et puis comme
est petit, il n'est pas si froid. Le chaud m'y incommode •
e lieu
lavanta e en été, car comme le lieu est petit, quand le soleil
vient a onner dans la fenêtre, et sur les ardoises qui cou­
vrent la chambre, on n'y peut durer: et c'est ce qui m'oblige
l'en sortir l'aprés disner et d'aller faire des pellerinages.
~ôtre amy qui pensB que ce soit comme à ParIS, me disoit
l'en chercher une autre. Mais cela ne se trouve pas
~omme on pense. C'est une rareté -en ce pays cy de
;rouver seulem des fenêtres qui ayent des vitres, et je me
mis trouvé bien heureux que la mienne soit au moins a
noitié de vitre et a moitié de bois, afin de pouvoir avoir un

(1) Ils laissèrent.

XLIII -
peu de jour pour lire quand . e la ferme. Mes incommoditez
cependant ne viennent pas e là : et la vieillesse a droit de
un peu sentir a un homme qui va entrer dans sa
se faire
soissante dixième année. Néanmoins depuis que ie suis icy,
n'ay pas perdu un jour de mes exercices, hors une fois
j'eus deux ou trois accez de fieuvre, qui venoient d'une
que
affiic(on que notre amy m'avoit causée et qui regardoit la
vérité. Mais ie la gueris par la diette sans aucun autre
remede. C'est encore par la diette que ie me suis guery
d'une fluxion et inflammation horrible qui m'etoit tombée
sur le visage au commencement du carême, et qui faisoit
je n'étois pas reconnaissable. Les Benedictins eux
que
mêmes me dis oient que ie me tüois, et me pressoient de me
mettre à leur infirmerie, mais d'autres raisons m'empêchant
d'accepter leur offre, ie me mis à jeûner {)lus extraordinai­

rem et je fus 8 jours a ne manger que des pommes, et un
plus de peur quoyquil fut néanmoins
jour que le mal me fit
diminué a l'extérieur, le me prosternay devant Dieu avec
et le priay de me soulager ar les mérites de feu M.
foy,
c'était pour sa g oire, puisque la cause qui
notre Abbé, si
qu'on me faisoit de me n'lettre
m'em eschoit d'accepter l'offre
dans es remedes, avoit rélation a luy, et m'exposoit a des
(ie vous les diray un jour). C'étoit
choses que ie devois eviter
soir que ie fis cette prière, et le lendemain matin, ie me
tout guery. Je n'oserois pas dire qu'il y ait en cela
trouvay
sont mes demérites. Mais j'ose
du miracle, connoissant quels
vous dire, mon très cher frère, qu'on ne connoît point assez
autant et plus
les mérites de feu M. nôtre Abbé. Je l'estime
mème que tous les grans hommes que nous avons vû de
Oncle, pour lequel on
nôtre tems, sans en excepter M. son
sait que j'ay eu tant de vénération: Et vous avez vû vous
durant un mois q,ue vous fûtes a notre Abbaye,
même,
sa vie était mortifIée et édifiante. Et peut-être que
combien
si nous avions assez de confiance en luy nous verrions de
grandes choses. . . . . . . . . . . . . . . .
LE TUMULUS DE TRÉVÉNAN EN CLÉDEN-CAP-SIZUN
Ayant ap ris ue M. Perhérin, Jean-Marie, de Trévénan,
en Cléden- ap- izun, avait, le 2 avril dernier, en nivelant
butte, trouvé des objets de répoque néolithique, je me
une
et constatai la ilémolition d'un tumulus.
rendis à ce village
Voici la description de la fouille:
Le monument, sur lequel, d'après la tradition, avait autre-

XLIV
fois existé un moulin à vent, est situé à l'angle N. E. du
champ dit: « Tal-ar-Vil)), section H, n° 6 du cadastre. Pri­
mitivement il formait une butte de 20 mètres environ de dia­
mètre et avait été irrégulièrement aplani. La partie Est était '
entaillée par une clôture. Au milieu passait le chemin de
La partie Ouest formait une élévation
service du champ.
mètre de hauteur, seul reste de la sépulture.
d'environ 1

La démolition de cette butte a mis a découvert une artie

de la chambre sépulcrale qui était faite de ierres p ates ;
et jetées e-ci, de-là, si
mais celles-ci avaient été enlevées
qu'il a été impossible de déterminer la forme et les
bien
Une seule de ces pierres
dimensions intérieures du monument.
se trouvait encore en place, à une profondeur de om35. _
La chambre renfermait des terres noires rapportées, des
galets ver­
charbons, quelques éclats de silex, deux petits
dâtres, réniformes, un peu a latis, de la grosseur d'un œuf
de pigeon, et une hâche en iorite ayant les dimensions sui­
vantes: longueur de l'axe, om085, largeur du tranchant, om050;
celui-ci décrit un arc elliptique surbaissé. Pas de de poteries.
Une chose à noter au sujet de cette hâche, 'c'est que le
tranchant seul est poli. L'autre extrémité porte les stries
longitudinales de la facture et un piqueté.
p~rticularité qui se rencontre quelquefois sur les
Cette
haches du Cap-Sizun, est-elle faite intentionnellement pour
consolider l'emmanchure, ou serait-elle une conséquence
d'un mode spécial d'emmanchure?
Certaines peuplades de l'Océanie qui se servent encore de
haches en ierres polies, emploient, au dire de plusieurs
marins du 'ap-Sizun qui l'ont vu, le procédé suivant our
emmancher leurs outils : les sauvages fendent le collet e la
racine d'un jeune plal!:t et y introduisent la hâche qu'ils veu­
lent utiliser. Quelques années a l'ès, ils cou ent l'arbre dont
les couches ligneuses, entrées ans toutes es rugosités de
la pierre, ont fortem'ent enserré l'instrument et lui ont cons­
la gaîne la plus solide.
titué
Les hommes de l'époque des dolmens connaissaient-ils ce
procédé? On peut le croire, car M. de Mortillet, dans le
« PnÉHIsToRIQUE » dit que « c'est principalement quand on
« défriche des bois qu'on trouve le plus de hâches polies­
« disséminées. ».
Le tumulus de Tal-ar-Vil n'est pas le seul vestige de
aux environs de Trévénan. Il y a quel­
l'époque néolithique,
ques années, les travaux de défrichement du champ appelé
« Parc-ar-Men-Bihan, à 80 mètres N .-0. du tumulus, ont fait
un vase en terre qui a été brisé.
découvrir
Audierne, 14 avril 1889, ' LE CARGUET,

- XLV-

Séance du 27 Juin 1889.

Présidence de M. le Vicomte Hersart de la VILLEMARQUÉ,
Membre de l'Institut.
Étaient présents: MM. HARDOUIN, FATY, de
BÉCOURT, MALEN, l'abbé PEYRON, LE MAIGRE,
l'abbé ABGRALL, GUÉPIN, l'abbé FLOC'H, LE
BRAZ. -
J I1. le Présiden t dédare la séance ouverte.
M. Le Bl'az, en l'absence du Secrétaire, donne
lecture du procès-verbal de la précédente séance.
1\1l. Lu.zel, obligé cIe se rendre à Morlaix, où l'ap­
pellent ses fonctions d'Archiviste, se fait excuser par
M. Hardouin. .
lotI. le Présiden t donne lecture d'une lettre, où
M. Balna du Frétay annonce qu'il communiquera à la
Société, dans la séanee du 25 juillet, une publieation
fixant les âges des ineinérations et des inhumations
préhistoriques clans le Finistère et l'ouest de la Franee .
Iv!. l'abbé Floc'h lit une note trouvée en marge d'un '
aete de déeès, dans les registres paroissiaux de Bodivit
(aujourd'hui en Plomelin), et qui est un yorreetif des
M. Le Men (C f. Bulletin de la Soc.
assertions de
Archéol. t. V, p. 18), touchant la fin tragique de
Nieolas Euzenou, sieur de Kersalaün. Ce doeument
est d'autant plus eurieux qu'il signale la présence,

Ignoree Jusqu a ee jour, du due de Chaulnes à
Quimper. ,

XLVI -
La note est ainsi conçue:
Le 10 mai 1889, comme je faisais le relevé des prêtres qui
avaient passé p~r la paroissé de Bodivit (aujourd'hui en
Plomelin), d'après les registres paroissiaux qui, dois-je le dire
en passant, ont été gracieusement mis à ma disposition, je me
suis trouvé en présence d'un document qui m'a agréablement
surpris et que je m'empresse decommuniquer à la Societé archéo­
logique. Cedocument est un correctif aux données de M. Le Men
(voir le Bulletin de la Société archéologique, t. V, p. 187); au
sujet de la fin tragique de « Nicolas Eu~enou, sieur de Ker­
« salaün, propriétaire du château du Cosquer, situé dans la
« paroisse de Combrit. » Le voici:
« Ce quiL1ûesrne iour de septembre mille six cents quatre
II. vingts dix sept Mathieu Mendez agé de soixante trois ans

« du lieu du Coet a esté inhumé par moy prestre soussignant
« dans l'eglise paroissiale de Bodivit, en présence de Fran­
« 'çois Mendez son frère, de Michel l\1.endez son fils, de
« René Droal, de René Jaury et de plusieurs autres. »
« NOTA. Ce fnt celuy qui sauuia le reste de uie qu'on
« laissa à M. de Kersalaun dans le temps de la l'euolte le
Cl portant sur les épaules, du Cosquer en secret tandis que les
« autres s'enyuroient dans le manoir, iusqu'au bateau pour
c( estre transporté à Quimper ou il receut ses sacrements et
« mourut tost après. En reconnaissance de yuoy le duc de
(C Chaulnes estant venu à Quimper ~vec des trouppes luy .
« dona pu bliquement quelques pièces d'or et l'exern pia de
« payer des tailles sa vie durant par escrit avec son cachete.
e!. C'est 0e qui f\st vraye et ce qui se passait. JEAN LE COR,rec-
cc teur~» Le rapport du décès de tC Mathieu Mendez » est tex­
tuel. Le « Nota », outre qu'il est textuel, J'est encore ligne
pour ligne, mot pour mot.
kI. le Président fait part de la mort de 1\1 . Martin­
Deslandes, notaire à Paris. Il demande qu'une men-

- XLVII -'
tion spéciale soit faite, au procès-verbal, des regrets
unanimes que laisse la disparition de cet estimable
. confrère, qui professa toujours une véritable passion
pour tout ce qui touchait à la Bretagne: et s'est
recommandé aux prières de la Société.
La Société a reçu trois pièces de monnaie, recueillies
à 'Mahalon , par M. Salzac, percepteur de Pont-Croix.
Ces monnaies sont presque entièrement usées. On y
reconnaît seulement un petit bronze romain. Les trois
pièces paraissent avoir été des réaux espagnols .
Dans la chanson du Voyer de Quimperlé, la significa­

du mot gour a beaucoup intrigué les traducteurs.
tion
M. Ernault le rend par cordon. Cette traduction, déjà
par le congrès breton de Qui m pel' de '1858, paraît
adoptée
la plus exacte. Ce qui semble justifier encore son excel­
certains faits cités par M. Guépin et l'abbé
lence, ce sont
Peyron. Dans nos campagnes, la mariée qui s'ache­
Inine vers l'église, se voit souvent barrer la route par
des cordes tendues ou autres obstacles de même
nature. Elle n'acquiert le libre passage que moyennant
une redevance. (Lire plus loin la note de M. Ernault.)
ft!. l'abbé Abgrall lit un intéressant mémoire sur
les défrichements opérés dans le poste gallo-romain
du Bourlibou, et sur la trouvaille d'un trésor de
monnaies romaines à· Saint-Pabu. M. Abgrall regret­
tait, en terminant cette dernière communication,
qu'une découverte analogue, faite dans la même
région, de trois bracelets en or, eût été perdue pour
la science, les. objets qui" la composaient ayant été
vendus et probablement dispersés. Mais M. J-Iardouin
s'est empressé de rassurer et M. Abgr~ll et la SQci~té :

XLVIII

la déc.ouverte en question fait aujourd lmi partie du
musée de M. du Châtellier, et ne saurait être, par
conséquent, en meilleures mains.
'M. lVlalen, sur rinvitation de 1 \1. le Président,
achève la leCture, commencée dans les dernières '
séances, du remarquable travail cIe M. de la Borderie
qui doit servir d'introduction au Cartulaire de Landé-
vennec.
l'J!. le Conseiller Hardoüin demande et obtient la parole. Il
a participé au Congrès des Sociétés sayantes de Paris et des
départements, dont la vingt-septième session, ou verte le 11 juin
courant, a été close le 15 du même mois. M. Hardoüin y Cl été
notre représentant. Il compte, à ce titre, ne point tarder b.
donner lecture d'un aperçu des travaux de la section d'histoire
et de philologie, aux séances de laquelle il a pris ' part assidû­
ment. Mais, dans l'opinion de M. Hardoi.i.in, toute priorité

doit être dévolue à la relation, anecdotique et familière, d'un
entretien survenu à l'occasion de la tenue du Congrès, hors
séance néanmoins, et dont le Cartulaire de l'abbaye de Quim-
perlé a fait l'objet. , .
La session qui vient de finir restera, dit notre confrère,
gravée bien plus avant' que tou te précédente, dans la luémoire
de quiconque y siégea. Eù effet, sans parler ni de la concur-
rence d'une exposition universelle, ni de la température saha­
rienne qui ne cessa de sévil', cettè session eut la malpchance
de coincider avec l'entreprise, panenue au paroxysme de son
intensité, d'une transformation de la Sorbonne. Impuissante à
conjurer nn événement de pareill.e nature et ses conséquences
au point de vue de la tenue du .Congrès, la volonté des hommes
fut encore plus impuissante à y reméJier efficacement. A part
le classique amphithéâtre que chacun connaît et ses dépen-
. dances académiques, il ne subsistait guère plus, du vieil édifice,

XLIX -
qu'un amas de ruines et de poussière. Quant au nouveau, à
peine consistait-il en certains lœaux à l'usclge de l'enseignement
supérieur, situés à une vertigineuse altitude et, par sureroît,
hérissés de cimes abruptes de zinc et de plomb, répercutant
toutes les ardeurs des rayons solaires. Il faut renoncer à
. décrire, enir'autres, la supel"position d'étages, de couloirs et
d'escaliers im pm visés qui fll l'en t à gra vi r pOll t' attei ndre,en tr~au-
tees, au faite échu en partage à la secLion d'histoire et de phi­
lologie,
n'en fut pas moins affrontée avec une énergie
L'ascension
toute celtique, pOlll'Sllit M. Hal'doùin, par un venémble •
sa vant âgé de plus de quatre-vingts ans, M. le docteur Le
,Guillon, compagnon, voire secrétaire de Dumont-d'Urville,
et dont Quimpedé est la ville natale. Ainsi put s'engager, à
l'issue des seancés, le colloque auquel il a été fait plus haut
allusion. Ce colloque, tout impl'évll qu'il pût être pour le repré-
'sentant de la Société archéologique du Finistère, n'en devint
que plus intéressant.
Chacun sait, ajoute M. Hardoiiin, que le Cartulaire qui en
a été le sujet, n'a pas sel] tement sa très curieuse histoire; qu'il
a en ontre sa légende, A raison su l'tout de cette circonstance,
notre confrère se détermine à 'donner lecture de la notice sui-
vante qui fut consacrée au méme manuscrit dès 1881, et sur la-
. quelle il y aura lir.ll, d'ailleurs, de revenil'.
• Le Cartu!aire original, acheté, y fut-il dit, par M. Stapleton
« et conservé aujourd'hui dans la bihliothèque de son .neveu
« lord Beaumont à Karlto~-Towerg (Yorkshire), est U,ll
« petit volume en parchemi n, haut de 17 centimètres
« et large de 12. Rien, dans son extétieut', n'annonce la valeur
« des docllments 'qu'il renferme: la reliure en bois, qui devait
ct remonter au XIIIe siècle, n'existe plus depuis longtemps ...
Il Le parchemin n'est pas de p'remier choix, il est troué en
« plusieurs endroits; on voit qu'il a été réglé à la pointe, dans '

« sa presque totalité. L'écl'Îvain n'a pas déployé de luxe calli­
« graphique dans sa composition ... et pourtant les initiales
• qu'il a dessinées, çà et là, en vert et en rouge, dénotent une
t; main exercée. En le considérant dans son ensem ble, on peu t
( dire que ce volume est une œuvre du commencement du
« XIIe siècle; les 99 centièmes du texte sont écrits en carac-
« tères de cette époque ... Les fins de pages non achevées par
« le premier copiste ont été (comme un cahier in1ercalaire de .
« parchemin plus fin) remplies au XIIIe siècle ... Le rédacteur
« primitif n'a été non plus très soucieux de ranger les matières
cs. dans leur ,--'rdre naturel. .. Le moine Gurheden, qui est
( l'auteur du texte, était un excellent latiniste. Au lieu de
« transcrire fidèlement les chartes du trésor de l'abbaye de
« Quimperlé, il n'a pas su résister à la tentation de les ana-
« Iysel' et nous a rarement donné les pièces dans leur teneur

« originale. Son œuvre est plutôt une série de notices qu'un
Cl. Cartulaire proprement dit; néanmoins, telle qu'elle est, elle
« fournira aux études rétrospectives plus d'un enseignement
« précleux sur le langage et les mœurs des Bretons des XIe
« et XI le siècle. » t

L'inSllfHsance des extraits qui en ont paru dans les ou "rages

ou recueils relatifs à l'histoire de la province de Bretagne et à

ses sources, fait désirer d'autant plus vivement une publica-
tion entière du manuscrit.
Enfin il est tout particulièrement à la connaissance de
. plusieurs des membres de la Société archéologique du Finis­
tère, que la préservation de l'original fut l'œuvre d'un hono-
l'able ancien maire de Quimperlé déGédé en 1830. Il en avait
apprécié toute la valeu r. Non moins soucieux de la conserva­
tion du Cartulaire que de sa publicat.ion, M. Le Guillou en
destina l'orig'inal à la bibliothèque communale de Quimper.
Mais par une fatailté qui ne saurait être assez déplorée, le
précieux manuscrit, loin de se retrouver dans la succession du

possesseur originaire, disparut de France, pour pr~ndre place
en Angleterre dans une collection pri yée qui y jouit d'un
renom légitime.
Sans autrement s'enquérir ici des causes d'un pareil événe-
ment, M. Harc10üin considère comme un devoir de rappeler
que la pif té filiale et la persévéeance à toute épreuve de M. le
Le Guillou, ont finalement réussi à faire espérer, sinon
docteur
la récupération, au moins une édition du Cartulaire de
Quimperlé. .
Ce fut, en effet, grâce aux efforts du digne docteur que la
sollicitude de l'éminent administrateur de la bibliothèque
nationale s'étendit en dernier lieu sur ce document. Aucune
cbance plus heureuse et décisive que la protection qui advint
.ainsi à notl'e Cartulaire, n'ellt pu se rencontrer. Qtli ne
sait, en effet, qu'à l'érudition sans ri vale et au patriotisme
qui a naguère été due la
infatigable de M. Léopold Delisle
entre toutes, des manuscrits :lits
réintégration, merveilleuse
d'Ashburnham(l)~ C'est le cas, ajoute M. Hardouin, de revenir
à la notice citée au débu t de la communication que la société veut
bien accueillir et de dire quelques mots de la mi'ssion qui fut
confiée en 1881,par le ministère de l'instruction publiqueet aussi
par le conseil général du Finistère sur la proposition de M. le
Préfet, à M. l'ar-cbivi8te départemental de la: Loire-Inférieure.
Paléographe distingué, M. Léon Maître s'empressa de cons­
sa tâche. Elle avait consisté à se
ciencieu3emeht accomplir •
rendre à Carlton Towers, . dans le but d'y obtenir, à défaut
de la rétrocession de l'original, une double transcription authen­
tique du manuscrit. L'une de ces transcriptions fut, selon le
vœu le plus ardent de notre Société, transmise aux archives
dépdrtementales cl u Fin istère.
' C. 57,. pp

(1) Au sujet de cette réintégl'adion, voir notamment les rapports pré­
sentés au ministère de l'instruction publique par M. Léopold Delisle, en
883 et 1888, publiés tant dans la bibliothèque de l'Ecole des Chartes que

dans le Journal officiel du 25 février 1888.

Au témoignage de M. le docteur Le Guillou, M. Léon

Maître aurait, de plus, pi.tr une cOl1.vention expresse avec M. le

chanoine de Notre-Dame de Paris, Le Guillon, l'aîné des

frères, été chargé de la publication dn Cartulaire.
La Société archéologique du Finistère, dit en terminant M.
Hardoüin, ne saurait que vivement applaudir à la réalisation
d'un tel accord et que manifester le désir de voir agréer
de ses mémoires. Le man uscrit de
pour l'édition, l'hospitalité
Quimperlé y ferait suite naturellement, et non sans grand profit
pour les lecteurs, à l'édition que notre éminent confrère M.
Cal'tulaire de Landévennec.
de la Borderie, achève du
de quelques observations, la Société adopte
Après l'échange
la double proposition de M. Hardoüin.
De son ' côté, M. le Président se référant au Bulletin, y
signale la présence de mentions relatives au Cartulaire de
à sa publication.
Quimperlé et

M. le Président cite notamment à ce sujet, un passage du
de la séance du 28 avril 1887, constatant la récep-
procès-verbal

tion de M. le docteur Le Guillou au nombre des membres
Société. (1) -
de la

En oulre doivent être empruntées textuellement au compte­
séance du 25 août de la même année, les lignes
rendu de la
. sui van tes :
0. M. le docteur Le Guillou donne quelques renseignements
« sur le Cartulaire de Quimperlé ..... retrouvé en Angleterre
« sur les indications de M. le comte de la Ferronays, ce Car­
('( tulaire doit être pu bIié prochainement aux frais de la famille
« Le GuilloU dont un membre a possédé le manuscrit. M. le
« Président remercie la famille Le Guillou au nom de la
« Société ... (2) »

(1) Voir tome XIVe page 26.
(2) Voir même tome XIVe page 85.

LIlI
Dans le cas où la communication reçue par M. le conseiller
Hardoüin viendrait à nécessiter une délibération ultérieure
notre confrère serait adjoint à une commission composée de
M. le Président et de MM. Luzel et de Bécourt.
A cinq heures,' la séance est levée.
Le Prùidpnt.
Pour le SefJrétaire.
H. DE LA VILLEMARQUÉ.
A. LE BRAZ .

- 77""t-)I J •• 'i ..t,..,.-
Note complémentaire sur la' chanson du Voyer de
uimperlé.

Une Noce de Gâtine en 1888.

« La noce part ensuite pour la mairie ...
« Sur le parcours, qui est légèrement de trois kilomètres,
groupes d~ curieux stationnent; quelques amies de la
des
mariée ont installé sur la route de petites chapelles, un cordon
blanc traverse le chemin de façon à em pêcher la noce de
continuer sa marche. La mariée s'avance en baissant les yeux,
coupe le susdit cordon et sort ensuite de sa poche une pièce
blanche qu'elle met dans un plat; le reste de la noce suit
l'exemple donné et chacun y va de son aumône; c'est ce qu'on
appelle dan8 le pays barrer la mariée. Dire que cette scène se
renon velle dix fois, ce n'est pas exagérer.

(Revue poitevine et saintongeaise du 15 mai 1889, Melle
Lacuve, p. 249).
chez
Ceci rappelle vivement la chanson du Voyer de Quimperlé,
dont le Bulldin de la Société archéolique du Finistère a parlé '
récemment (t. XV, p. 362), tt confirme le sens de gour,
« cordon» donné, dès 1858, au congrè~ breton . de Quimper,
à ce vieux mot tombé en désuétude.
EMILE ERNAUL T.

-.,..". LI V -
LES DÉCOUVERTES DE
UIMPER

Défrichements dans le poste Gallo-Romain du Bourlibou

Pendant qu'on déblayait et qu'on démolissait les subs­
tructions de Port-Ru, pour construire en cet endroit. une

maison moderne, tout près de nous, à Quimper, on boule­
versait les derniers restes du poste important établi sur le
coteau qui domine le Bourlibou. .
On sait que Quimper était entouré de trois postes remar­
quables qui en défendaient les principaux abords. Celui de
Parc-ar-Groas et de la Tourelle, maintenant champ de
manœuvre, commandait la rivière l'Odet et la grande voie
venant de Vannes à Loc-Maria.
Celui du Likès était à cheval sur la route de Morlaix; et
le poste du Bourlibou commandait d'une part la' rivière, de

l'autre la voie sortant de Quimper pour aller à Douarnenez
et à Troguer, en Cléden-Cap-Sizun, et aussi le chemin qui,
pendant cinq kilomètres la route de Pont-l'Abbé,
suivant
s'en détache pour traverser le territoire de Pluguffan, passer
par Plonéour-Lanvern et arriver à l'Oppidum de Tronoan,
en Saint-J ean-Trolimon.

Ce poste du Bourlibou couvrait un terrain considérable,
tout l'espace pris maintenant pq.r l'école normale des insti­

tuteurs, le jardin Caugq.nt et le champ en déclivité qui fait

face au séminaire et descend jusqu'au bureau d'octroi.
Lors de la construction de l'école normale, les terrassiers
ont rencontré de grandes quantités de briques et de poteries
ainsi que des maçonneries très épaisses et très solides ; en '
jardin Caugant, on a extrait de nombreuses
défrichant le
'tuiles dont on ,voit encore les débris le long du mur d'enclos
Sacré-Cœur, sur la vieille route de Pont-Croix, et l'on a
trouvé d'importantes substructions, avec quelques monnaies.
Le champ qui domine la ferme du séminaire et qui
descend vers la route de Pont-l'Abbé, est également rempli

de fragments de tuiles et de poterie. Sur .le bord Est de Ce'
champ existait une clôture composée de terre et de vieille
pierraille; on vient de la détruire tout dernièrement, et dans
les déblais qui sont encore sur place on retrouve une quan­
tité considérable de -tuiles à rebords, de fragments divers
en terre grise, et même de vases samiens.
En remontant vers le haut du champ on se trouve en
présence de débris de maçonnerie romaine et de deux grands
blocs dont le mortier est si dur qu'on n'a pas pu les briser.
Le défrichement n'est pas encore complètement terminé; il
reste encore à remuer quelques mètres carrés, et sur ce
point, sous un amas de tuiles, on reconnaît une vieille
maçonnerie. S'il y a un regret à formuler, c'est qu'on n'ait
pas relevé toutes les traces de ces nombreuses substructions
avec le même soin que l'ont fait pour celles du poste du
champ de manœuvre MM. Le Men et Grenot. J'exprime le
vœu que, à la fin de cette séance, ceux des membr~s présents
qui auraient une heure de loisir aillent sur les lieux jeter un
coup d'œil sur ces vieu.x débris et en prendre congé avant
qu'ils aient disparu pour toujours.

Trouvaille d'un trésor de monnaies romaines à Saint-Pabu.
Le 26 février dernier, un tailleur de pierres, en exploitant
une roche sur le coteau appelé Méjou-Radennoc, non loin
du manoir de Mez-Naot, assez près des bords de la rivière
de l'Aber-Benoît, trouva au pied de cette roche, à une pro­
fondeur de 1 mètre environ, un amas de monnaies romaines
en bronze, renfermées dans un coffre en bois recouverts
d'une tuile à rebords, de 30 centimètres de côté. Le trésor
entier pèse 57 kilos et est composé de grands, moyens et
petits bronzes, la plupart d'une excellente conservation. La
variété des types est très limitée, et comprend principale­
ment des Maximien, des Maximin" des Licinius, des Sévérus
très rares, des Dioclétien, des Constance et des Constantin.
A trente centimètres des monnaies, se trouvaient trois
vases d'argent. L'un d'eux, unis et épais, est une coupe à

LVI •
ire ronde et basse, haute tout au plus de 4 centimètrès et
'ge d'environ 1 décimètre. Ce qui lui donne du caractère,
:st un petit rebord intérieur destiné à retenir les terres ou
sable qui pouvait se mêler à la boisson.
Des deux autres vases, malheureusement, on n'a recueilli
e des fragments: ils avaient une faible épaisseur et ont
~ en partie rongés par l'oxyde. D'après les débris qu'on a
lvés on peut calculer que l'un d'eux po.uvait avoir un dia­
ltrè de 20 à 25 centimètres, sur une profondeur de 6 à 8.
mtre est beaucoup plus étroit et n'avait guère que 9 cen­
lètres d'ouverture, avec une profondeur de 10 à 12 centi-
,tres. .
::':es deux vases portent à l'intérieur une riche ornemen­
ion faite au repoussé et composée de cercles, de lignes
'iées et de pointillés.
:1 faut croire que c'est là le trésor d'une villa ou la caisse
.n poste commandant un gué sur l'Aber-Benoît. .
\. peu de distance de i'endroit de cette trouvaille, devait
trouver une villa gallo-romaine, car près des moulins de
z-Naot il a été mis au jour des conduites d'eau en terre­
te, ainsi que sur différents points entre Mez-Naot et la
taine de Saint-Hibiliau, c'est-à-dire sur un parcours
plus de deux kilomètres. Ajoutons que, il y a trois
quatre mois, dans la même région, Saint-Pabu ou Plo"!l­
.n, d'autres carriers ont trouvé trois bracelets en or ornés
quelques lignes au burin ; ces bracelets ont été vendus à
~st et très probablement auront passé au .creuset ..
25 mars 1889 .

L'AnnÉ J.-M. ABGRALL .

_. LVn

Séance du 25 Juillet .
Pl'ésidence de M. LUZEL, Vice-Président.
Étaient pté.~ents : 1\1\1. HARDOUIN, FATY, DE
BREMOND D'ARS, HALNA DU FRETAY, GUEPIN,
DE BECOURT, l'abbé ABGRALL, l'abbé LE FLOCH,
LE BRAZ, LE MAIGRE ot DIVERRES .
En l'absence des secrétaires, M. Di\'errès est. invité
p~H' M. le PréHident à youIoir bien en remplir les fonc-
tions.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté sans observations.
Toutefois, certaines corrections typographiques ont
été omises dans ·le contenu de ce procès-verbal. EUes
feront, dès maintenant, l'objet d'une annotation recti­
ficative (1).
Il est ensuite · procédé, conformément aux statuts,'
au renouvellement du bureau.
On vote, à l'unanimité, le maintien de l'ancien
hureau ainsi composé:
Président: M. Théodore HERSART DE LA VILLE-

l\fARQUÉ, membre de l'Institut.
Vice-Présidents: Mgr Félix DU MARC'HALLA'H, pro­
tonotaire apostolique; MM. J. TRÉVÉDY, ancien prési­
dent du tribunal civil de Quimper; Henri HARDOUIN;
(1) Erratum à la page 41 ci-dessus du 8ulletin de la Séance du
27 Juin 1889. La phrase contenue dans les lignes 14 à 17 de cette page
est à rétablir ainsi qu'il suit: « Qui ne sait que la réintégration merveil­
« leuse des manuscrits dits d'Ashburnham a été due naguère à l'érudilion
« sans rivale et à l'Infatigable patriotisme de M. Lêopold Delisle ? »

- LVIII -

conseiller honoraire à la Cour de Douai; F.-M. LUZEL,
archiviste du département du Finistère.
Secrétaires: MM. le vicomte Aymar DE BLOIS et
SERRET.
Sur l'observation de plusieurs membres relative à

. l'utilité de nommer un troisième secrétaire, les titu­

laires actuels étant souvent empêchés, M. A. LE BRAZ,
. professeur du Lycée de Quimper; est nommé à l'una-

nimité aux mêmes fonctions.

Ouvrages offerts à la. Société; .
Bu lletinde la société de's antiquaires de {)icardie;
Bulletin de la société étl'chéologique de Boi~deétux ;
j\1émoires de la société des antiquaires de Picardie,
T. xe, 3 Série;

Bulletin de l'académie Delphinale ;

Annales de Bretagne, T. IV, N° 4 ;

Bulletin Iiistorique et Philologique du Comité
des Travaux historiques et scientifiqu.es ;
Journal des Savants, fascicule Mai et Juin.

M. le marquis de Brémond d'Ars fait hommage à
la Société;
1 ° D'un volume intitulé; Vie de Madanle de la
Tour Neuvillars (Suzanne de la Pomélie), 157 J-
. 1616, par le P. Nicolas du Sault, de la Compagnie de .
Jésus, ouvrage que notre érudit confrère a annoté et
fait précéder d'une très intéressante introduction (1 ). Cet
ouvrage est aussi précédé de lettres approbatives de
Son Eminence le cardinal Rampolla, ministre secré­
taire d'Etat de Sa Sainteté Léon XIII; de Son Emi-
(1) Un vol. .in-18, LXXVII, 306 pages. ' Nantes, 1889, imp. Emile
Grimaud.

LIX --

nenèe le Cardinal-Archevêque de Toulouse; de NN.
SS. l'Archevêque de Rouen, et les Evêques de ~antes,
de Limoges et de Quimper, qui le recommandent dans
leurs diocèses respectifs.
2° Uh exemplaire de la réimpression d'un ancien can-
tique intitulé: Can tic spirituel en heno?' da sant Leyer,
ou saint Léger, qui a, dans l'étendue de la propriété
de la P~rte-Neuve, en Riec, une chapelle avec une
antique fontaine, objet d'un pélerinage populaire dans
la région.
Des remerciements . sont ' votés à M. de Brémond
d'Ars, qui répond qu'il considère comme . un devoir
pour tout membre d'une société savante qui publie un
travail, de faire hommage d'un exemplaire à la biblio~
thèque de la Société.
ba l)uroleest ens'uite donnée à 1"\!. Maurice Halna
du Frétay, qui donne lecture d'un intéressant mé­
moire sur les incinérations et inhulnations des âges
préhistoriques, dans l'ouest de la Bretagne, et plus
particulièrement dans le Finistère. Cette lecture est
souventinterrompue par des questions posées à l'auteur
par divers membres, questions auxquelles il est répondu
par n'otre savant collègue avec une énergie appuyée
sur une quantité considérab le de fouilles personnelles
ct de recherches de toute sorte.

Pourtant, le travail de M. du Frétay semble contenir
des assertions hasardées et des observations sujettes à
contestation,' au ,point de vue archéologique. Mais,
chacun des travaux insérés dans nos bulletins est
signé, et les auteurs, en portent uniquement la respon- '
sabilité.

\ la suite de cette lecture, J'III. de BrénlOnd d'A 1"8
nande s'il ne serait pas à désirer, lorf'qu'on entreprend
~ fouille, de faire photographier les objets, dans la
3ition où ils ont été découverts?
\lIlvl. Hnrdoüin et Luzel disent qu'il serait à désirer
e M. Halna du Fretay fit aussi connaître la nom en­
lture sommaire de ses nombreuses découvertes; l'on
rait ainsi un état succinr;t des richesses archéolo­
lue's du pays qu'il a exploré et étudié.
Au sujet de saint Ronan, At. de Rrémond d'Ars

mande si cette race de chiens féroces, qui existaient
. temps de ce saint, et dont parle une ahcienne vie
111ême saint que dom Plaine pu,blie dans notre bul- .
;in; subsiste encore de nos jours en Bretagne?
M .. Halna du Fretay, qui aux talents d'archéologue

int celui de grand chasseur, répond qu)l n'existe

us en Bret.agne de chiens de race pure. Les plus

wiennes races connues sont celles que l'on trouve

.tuellement en Anglet8rre, et qui portent le nom cIe
tuodhound, et s'appelaient jadis le chien de Saint-
ubert, noir marqué de feu. .
Passé depuis très longtemps en Angleterre, il est
wenu le Blooclhound ; et, après plusieurs siècles, cIeux

rançais seulement ont possédé des meutes composées

j ces chiens magnifiques, très gl'OS, extrêmement forts
; de grande taille, le comte Le Coulteux de Canteleu

; M. Maurice RaIna du Frétav.

Ces chiens sont féroces, quand on les nourrit à la
iande, et les premiers seigneurs du moyen-âge qui
en servaient pour la chasse, gardaient les'" favoris
our la défense de leurs châteaux. '

LXI
Presque de nos jours, cette même race a fourni les
micrs pour la poursuite des esclaves fugitifs. On
)mprend ainsi la terreur do saint Honan.
J.f. Luze!. cite à ce sujet un document relatif à une
,pèce de grands léyriers très recherchés, qui existaient
ans le pays, au XVIe siècle. C1est une lettre du roi
e France Henri III, à Louis Barbier, ·seigneur de
:erjean, on Léon. Voici une copie de cette lettre,
'après M. M iorcec de Kerdanet, dans sa notice sur
3 château de Kerjean : .

Il Mons de Querjan de Léon, dé~il'ant reconvl'il' prompte­
ment certaine quantité de chiens comme levriers et levrièreg
des plus beau lx, gran<;1s et forts qui SI" puis~ent trouvel' en
vos quartier . ..;, j'ay commandé à ce porteut' Barbe, j'un de
de ma chamb (r~)
ceulx qui ont charge des grands levriel's
de sacheminer j:> ntement (présentement) vers \'OI1S pour
fr (faire) entehdre combien j'auroy agréable qne parmy
vous
à p nt. (présent) vous faciez eslection
ceulx q (que) vous avez
d'un lévrier et lèvrière des meilleurs q (qne) vous ayez pOl'
; men faiœ pal't sOllbs la conrillitte de cediet porteur, SU1'­
( tont que vous aymiez mon plaisir et contentement, priant
: Dieu q (qu'il) VOil.;; ayt, \10ns de Queryan de Lâon, en sa
( ste ~arcle .

• De Paris. le XXII- jr (jour) de may, 1586.

(1 signé HENRY.
En souscriptiont à Mr de Quel'jan en Léon. »
M. de Bremond d'Ars communique Hnenote sur les
:itèles de llancien cimetière de Riec.
Il . est ensuite .donné lecture d'un mémoire de M.
l'abbé Le Floc'h, recteur de Gouesnac'h, sur la décou­
verte d'une ancienne sépulture, en la commune de

Saint-Evarzec (Finistère), en 1889.
Cette intéressante communication sera insérée, ainsi
que le rapport très détaillé de M. HaIna du Frétay,
dans les n1émoires publiés par la Société.

LXII -
1\1. le conseiller Ha'i'doüin demande la parole .
A son tour, il ne peut que rendre hommage à l'étendue
com.me à l'assiduité des explorations qui ont fait
l'objet de l'important mén10ire lu par M. Hulna du
Frétay. En contredisant, par suite des mêmes explo­

rations, la plupart clos données qui ont prévalu jusqu'à

présent clans ]es rangs dos archéologues les plus auto­
risés, notre honor(~ confrère n'a fait qu'user d'une ·
liberté hors de toute controverse; il a pris l'initiative

de discussions qui ne sauraient manquer de présenter
un sérieux intérêt. Raison de plus, fait observer en
terminant M. Hardoüin, poùr mentionner, relativement
à chacune et non pas seulement à un certain nombre
des fouilles ct cles descriptions dont il s'est agi, l't~m­

placement ou lieu dit de la découverte, sa .date, ses

incidents, en un mot, pour se conformer aux exigences

du Comité ·dc$ travaux ' historiques et, avant tout, à
une prntilIuc . constaI?-to ct obligée, tout spécialement

en paroi Ile matière·. ' .

La séance · est levée à ci~q ~leureH. _

. . Poùr le Présidf'nt :

F .:-M. L UZEL,

Vice-Président. •

Pour les Secrétairps Ptll llÈ'ch!'s:

H. DIVERRES . .

LXIII

Notes de M. de Bremond d'Ars sur les stèles de l'ancien

cimetière de Riec.

Dans l'ancien cimetière de Riec (canton de Pont-Ave,n), se
trouvaient deux stèles que l'on vient d'enlevee, POttr niveler
le terrain autour de l'église paroissiale .
Ces deux pierres, placées à peu de distance l'une de l'autre
(à gm75), de l'est à l'ouest, paraissaient taillées avec quelque
L'une d'elles offre même des traces de cannelure. En
soin.
yoiei les dimensions:

1 Stèle plus à l'est: Hauteur. . . . . . . . . . . lm 15
Diamètre de la base.. Om42

du sommet.
La partie engagée dans le sol n'a que .... .

2° Stèle plus à l'ouest: Hauteur .......... .
Diamètre de la base ..
du sommet. Om38

Traces fort apparentes de cannelure terminée à la base
. par u ne gorge.
Dans l'une des stèles, sur le sommet, on a creusé la pierre
une sorte de bénitier.
pour former
On n'a pas fouillé très profondément au pied de ces deux
stèle~. On a seulement trouvé quelques çrânes assez bien

et fort anciens. L'un d'eux avait Om50 de périmètre
conservés
dans le sens de la largeur et Om55, dans le sens de la hauteur.
Un autre avait un périmètre de Om45 clans le sens de la largeut'
et Om55 dans celui cle la hauteur.
Il · n'est pas rare de trouver de sem blables pierres dans les
anciens cimetièl'es ; citons entre autres ceux de Mellac, Névez,
etc., eliAs servaient à supporter les lanternes des morts, comme
le pense mon savant confrère de la Société nationale des Anti­
quaires de France, M. Paul du Châtellier. II serait intéressant
d'en fait'e le relevé général, dans toutes les paroisses .
M. du Châtellier m'a fait également remarquer que beau-

coup de ces stèles étaient maintenant surmontées de croix.

LXIV
TUYAUX DE CANALlSA1'ION
PRÈS DE KERHOR, EN ERGUÉ-ARMEL.
Dans le corn te rendu de la séance du 28 février dernier;
une note de . Hémon faisait. mention d'une canalisation
mise au jour aux environs du vieux château de Kerhor, en
à deux kilomètres et demi au nord-est du
Arg'ué-Armel,
bourg.
Ayant. fait dernièrement une excursion dans ces parages,
j'ai pu me rendre compte de l'état des lieux, et le proprié­
taire de Km'hor a mis gracieusement à ma dispositIOn âeux
pièces bien, conservées du canal, en terre cuite, que je me
un plaisir de dé oser au Musée d'archéologie, pour y
fais
faire partie de nos co ections.
Le château de Kerhor, dont il ne reste désormais rien
ortant, en fait de bâtiments, était la résidence de la
d'im
DE LA MARCHE, avant qu'elle eût fait bâtir Lezergu{>~
fami le
vers le milieu du XVIIIe siècle.
[es tronçons de tuyaux en terre cuite qui ont été décou­
verts, mesurent Om58 'de Ion ueur, om13 de diamètre à l'une
de leurs extrémités et om09 à 'autre. Ils s'emboîtent par bout
les uns dans les autres, et l'extrémité la plus étroite est
munie d'un collet faisant arrêt.

Le canal entier, long d'environ 1 kilomètre, allait prendre
l'eau à une source aux environs de Pare-al-Lan, et décrivait .
un circuit commandé par le niveau du terrain qu'il traversait
pour arriver aux jardins, où il alimentait une pièce d'eau. .
Ces' ardins ont été nivelés et établis . en terrasses, dans le
cours u XVIIe siècle. Chaque petit seigneur voulait avoir
pett Ver'sailles et imiter de loin les splendeurs de son
son
parc. K.erhor eut donc ses pièces d'eau et ses bassins .

Chose remarquable, cette canalisation était form'ée eù
partie par des tuyaux en terre cuite et en partie de quartiers
âe granit perforés d'une extrémité à l'autre et s'emboîtant
de la même manière. Plusieurs échantillons de ces pierres
se trouvent dans les murs des bâtiments, de service où on
entrer dans la maçonnerie.
les a fait
J,-M. ABGRALL, Prêtre.

- LXV -,

Séance · du 29 Août 1889.
Présidence de M. le Conseiller HARDOUIN, vice-présid.ent.

Présents : M~1. LUZEL, FATY, VILLIERS DU
TERRAGE, MALEN, HALNA DU FRETAY, l'abbé

FLOCH, LE MAIGRE, DIVERRES.

Se sont excusés: MM. SERRET, l'un des Secré-
taires, et l'abbé ABGRALL.
}'1. Diverrès remplace les secrétaires absents.
Il est, donné lecture de la lettre par laquelle M. le

Vicomte de la Villemarqué s'excuse de ne l)ouvoiJ;',
à i'aison de son état de santé, assister à la séance. La
Société, par l'organe d~ Vice-Président, exprime ses
regrets et le vœu du prompt rétablissement de notre
Président.

Après lecture du pro.cès-verbal de la dernière
séance, M. Halna du Fretay demande et obtient .la

parole pour la cominunieation d'une note rectificative,

en ce qui le concerne, de ce procès~\'erbaI.
Diverses observations . sont échangées à ce sujet
entre MM. Faty, Luzel, Villiers du Terrage et Balna
du Fretay, après lesquelles l'insertion de la note est
autorisée. Elle fera suite au mémoire en cours d'im­
pression, lu par notre honorable confrère:

Il est ensuite donné lecture d'une lettre de M. Le

Guay signalant .une erreur qui se serait glissée clans
la note de M. l'abbé Abgrall publiée dan~ le .dernier
bulletin, relative à la découverte de tuyaux de cana-
lisation. Ces tuyaux se trouvent, non sur la propriété

LXVI _.
de Kerhor, en Ergué-Armel, Inais bien sur celles de
Kervrayen et de Kerfors; en Ergué-Gabéric.
De son côté et relativement au même sujet, M. Tré­
védy, clans une lettre du 28 aoùt, qui sera déposée aux
archives de la Société, signale, à la fois, la mêm'e
et l'exploration qu'il fît des mêmes loca­
rectification
lités, en 1883, avec le concours de M. Alexandre,
juge de paix à Quimper.
alors

La parole est ensuite donnée à M. Faty qui regrette

infinin1ent que l'état de sa santé et en particulîer de
sa vue n'ait pu lui permettre de 1erminer un !l1émoire

sur la valeur relative des m,onnaies au moyen-âge. , Il
promet, toutefois, pour la prochaine séance, une vic
de saint Tugdual.
!YI, le Conseiller
I-Ia1'd07,ün nlOntionne, à
titl'o do

renseignement, une nouvelle lettre de notre honoré
confrère, M. le docteur Le Guillou. Il s'y agit
de la ,communication officieuse dont le Cartulaire
de Quimperlé fît l'objet, de la part de M. Hardouïn,
dans la séance du 27 juin dernier (voir Bulletin, '
t. XVI, p. XLVIII et s.)
Dans sa réponse, toute personnelle, M. Hardouïn
s'est borné à rappeler la double résolution prise paL'
la Société de ne point intervenir dans les détermi­
nations de famille que paraît nécessiter' la publication

dont l'honorable M. Léon Maître, l'archiviste départe­
mental de la Loire-Inférieure, aurait été chargé en
1881, et de tenir, s'ilya lieu, nos Mémoires à la disposi­
tion du mê.me savant pour l'impression du Cartulaire.
. La Société entend ensuite deux communications
relatives: l'une à l'excur~ion d'une délégation

LXVII -
galloise de l'A:rcheological Crunbrian Associa.lion,
à Quimper, Pont-l'Abbé et Kernuz ; l'autre à un remar­
quable discours de réception à l'académie d'Amiens,
eoncernant saint Yves.
j\l1. Diverrès · donne lecture de son mémoire sur la
commune de Lothev.
L'impression de ces diverses ·communications est
autorisée.

1 11. l'a.bbé Floch signale une stèle qui se trouve dans
le cimetièl'e de Gouesnach. Il prom.et pour une cles
prochaines séance une note à ce sujet . . M. Faty et
divers autres n1embres émettent le vœu que l'église!
si intéressante de la même localité, et la paroisse
soient l'objet d'une notice historique .
Al. le Conseiller flardouïn lit ensuite son rapport
sur la vingt-septième session du congrès des Sociétés
savantes de France. L'impression en est votée . .
AI. Diverrès signale une dalmatique de héraut qui
se trouve à l a mairie de Carhaix et que M. Le Men

signalait, dans un mémoire lu par lui à la séance du
29 juin 1878 sur les armoiries des villes du Finistère,
mémoire inséré au tome VIe des Bulletins de la

Société, p. 13 et suiv., où il est dit: « Ca1'haix 1696,
d'or au bœuf passant de sable. Ces armes sont
brodées sur une dalmatique de ' héraut semée d'her­
mines, qui serait conservée à la mairie de Carhaix .
La séance est levée à 4 heures 1/2 et la prochaine
indiquée ponr le 31 octobre. .

L'tin des Vice-Présidents,
HENRI HARDOUIN.
Pour les Secrétaires absents,
DIVEHHÈS.

LXVIII
La Société d'Archéologie Cambrienne.

Chaqlle été, l'affluence d'essaims de touristes accourus de
ous les pays du nouveau comme de l'ancien continent, va
~roissant en Bretagne, sans qu'il y ait à particulièrement
lignaler leur passage.
Mais il ne saurait en ètre ainsi de la récente venue de tout
ll1e élite de savants d'Outre-Manche, membres de l'Asso-
;iation qui vÎènt d'être mentionnée.
Il ser'ait superflu de rappeler qu'une affinité, née de la COI"1'I­
:nune origine du langage, subsiste et persiste entre le pays de
où cette association a pris naissance, et. nos régions
Galles,

oretonnantes. Dan.s ses rangs, tend à devenir de plus en plus
à chacun et à tous, l'étude des text~s celtiques, des
familière
Jontes, des chants, des légendes, des traditions populaÏl'es de
B}Oetagne armoricaine, ainsi que des publications dont ils
été l'objet de la part de plusieurs de nos confrères les plus
ont
Cette étude a, de vieille date, frayé l'accès de l'Académie
doctes.

des inscriptions et belles-lettres à notre honoré président.
Une exploration 'collective de la région-sœur avait été

entreprise. .
Qui:nper et Kernuz, près Pont-l'Abbé, figuraient naturelle­
ment sur l'itinéraire d'un tel pèlérinage. Avec et par ~es
collections d'antiquités celtiques et · autres, Kernuz s'est fait
depuis longtemps et de plus en plus, un émule d'A bbotsford
qui fut si longtemps la résidence de prédilection de " Talter
Scott, en Ecosse. . t

Le promoteur par excellence de l'expédition n'avait été autre
que le très savant peofesseur de langues celtiques à Oxford, M.
John Rhys.Au nombre de ses cOl'respondants en titre se rencon­

tre l'un de nos confrères les plus aguel'ris en la même spécialité
d'études •

_. LXIX
Le 18 aoôt arrivèrent clonc,. avec leurs nombreux: com­
pagnons, le très vénérable archidiacre, M. Thomas, président
(chainnan of the commitlep) et M. Romilly Allen, secrétaire
général de l'Association (1).
Peu de jours au para vant les mêmes eXCll rsionnistes a vaien t
accomp!i, sons la direction d'un pilote expér-imenté à souhait,
M. le docteur'de Closmadeuc, président de la Societe Potyma :
. tAiqu~ J1ann~tai,(e, une splendide navigation. A leurs regards
s'était étalé le périple entier du Morbihan avec station-
nements à Gavrinnis, à Locmariaker, en l'ivière d'Auray.
Etait ensuite venu le tour de Carnac, de Quiberon et de sa

presqu'île. -
Le même infatigable guide s'adjoignit en dernier lieu' nQs
vices-présidents, MM. Luzel et HardouÏn .
A Kernuz, ' nne réception hospilalièl'e et cordiale entre
toutes fut faite, à la caravane entière, par M. Paul Duchâtel­
lier', entouré de sa famil le. L'heure du départ étant venue à
sonner, l'allocution sui vante, que nous sommes heureux
(1) Voici du reste les noms des honora bies signataires de la liste de
à Quimper et à I{ernuz :
présence
D. R. Thomas, M. A. T. S. A. archdeacon of Montgomery, chail'man
or the committee.
7. Romilly Allen. Assoc. M. Inst. C. E. F. S. A. (scot.) Editor of lh.e
at'cheologie cambriensis.
F. L. Lloyd-Philipps. M. A : S' P-D. L. Penty Park. Pembrokshire.
Mansel ·Franklen, Saint Hilary Glamorgan. Florence Frankien.
NartIand F. S. A .
William Edwards. M. A. H. M. Inspeetor of sehools.
F. Jakson.
Hel. Ed,varcls oid Elwest Durham.
William Williams M. A. A. M. Inspectol' of seltools.
Stephen Williams D. R. B. A. Hhagacler.
D. Griffith Davies B. R. Bangor-North Walcs.

Worshington G. Smith F. L. S.
Lucy E. Griffith Glymmaden. D Zelley .
W. St. Banks. B. A. Scin: coll :. Cambo
El. Comkwater M. A. Saint-Georges Vicaraye Shrewsbul'Y. .
M. Thomas-Neifol'd Vicarage-Delspool.
Grwenyclcl
, IIIyd B. Nicholl P. S. A. thel Ham Cerdrielge. Soulh Wales.

LXX

de pouvoir textuellement reproduire, fut prononcée d'une
voix émue par M. le ' docteur de Closmadeuc: « Mes­
dames et Messieurs de la Société d'Archéologie Cambrienne:
En vous accueillant, l'autre JOUI', à Vannes, ail nom de
la Société Polymathique ; en vous conduisant dans notre
musée, dont vous avez admiré les incomparables l'iGhesses; ,
et, le lendemain, en traversant, avec vous, le beall golfe du

Morbihan, pour visiter Gavrinis, Locmariaker et la rivièr6.
d'Auray, je ne pouvai~ me défendre, je vous assure, d'une
vive émotion. J'évoquais, le long de la loute, le sou venir d'un
;avant illustre, qui fut mon maÎtt'e: Henri Martin, avec lequel
'avais fait si souvent la même excursion. Je me rappelais ses
~onversations instruetives et entr·aînantes. II me parlait et mé
~eparlait, chaque fois, de son voyage d'Outre-Manche, au pays
le Galles. Il y était allé, seul, poussé par un irrésistible désir'
le connaître, et voulant s'entretenir, avec le barde vVilliam-
lb-Itel, des manuscrits d'lolo Morganuc, l'édltem des TJ'Îades.
:t avait parcouru à pied vos vertes collines, aU sommet des­
il avait vu des Cromlechs semblables aux nôtres; il
luelles
Lvait pénétré dans l'intérieur des cha'Jmières Galloises, inter- ,
'ogé les campagnards, et entendu, au-dessus de vos lacs, des
n'uits mystérieux, parmi lesquels il croyait distinguer les
ribrations de la harpe à trois cordes. Entre nous, nous le
IOmmions amicalement « le vieux Druide 1) et il l'était
'raiment, tant il avait su s'identifier avec les prêtl'es de l'an­
ienne Gaule, dont les doctrines philosophiques l'enthousias":'
[laient. Il me disait, au retour: Ci. après la Bretagne, 'le pays
de Galles, où demeurent les del'l1iers bardes, est celui qlli
me tient le plus au cœur. » Ah ! s'il avait vécu, Henri
fartln, comme, sur un simple appel de moi, il se serait
mpressé de se joindt'e à nom:, pour cette tournée dans le
forbihan, sur ce sol privilégié des dolmens et des énormes
lenhirsdegranit! Comme son grand cœ u r aurait battu à l'Ilnis­
m _du vôtre! et par quelles chaleureuses paroles il vous aurait

LXXI

souhaité la bienvenue, lui qui aimait tant le pays de Galles
et les Gallois! Et dire que j'ai regretté si souvent de n'avoil'pu
l'accompagner dans son voyage!' Mais je m'en consoleaujour­
d'hui; car, sur la tel're Bretonne, j'ai serré les mains de vrais
descendants des vieux CambL'iens, qui ont, comme les
Gallois,
Armoricai~1s, nos ancêtres, lutté pour leur indépendance,
durant des siècles, contre les envahissements de l'étranger.
Oui, vous ête~ restés fermes jusqu'à ce jour; car vous avez
gardé, comme nous, vos vieux monuments, votre vieille langue
celtique, votre poésie, vos traditions, vos légendes, votre carac­
t.ère national, et cet amour obstiné du sol natal, du pays Gal­
qui n'a d'analogue que l'amour des Bretons pour la Bre­
lois,
tagni. Camûria ~l Brilannia sont deux sœurs, issues d Il
même berceau, Elles se rencontrent aujourd'hui et s'etn­
brassellt, sous le toit hospitalier de Kernllz, ail milieu de tant
de trésors antiques, accumulés avec une patience inouie, sous .
res vitrines d 'u n des pl us beaux musées d'archéologie de
France, par les soins de notre aimable hôte, M. Duchâteillel' .
Soyez donc les bien venus parmi nous, vous qui nOllS
anivez du pays de Galles. Vous êtes ici en pleine Bretagne,
en compagnie de vrais Brelons, dont vous êtes les frères, par
le sang et par la science. C'est le président d'une des plus
3nciellnes socié-tés d'archéologie, qui vous acclame; qui
vous remercie de l'honneur que vous lui avez fait en le prenant
pOUf guide, et qui conservera le souvenir de votl'e passage;
comme on conserve, dans les feuillets d'un livre, une
fleUL' charmante de bruyère, cueillie dans un jour cie bonheur.
Mesdames et Messieurs: pour cimenter l'union de nos
dljux pays et de nos deux Sociétés, je porte un toast à la
SociéU d' .~rcheologif! Cambri~nne, dont "ous êtes les dignes
representants. »
Fréquemment interTornpues par les applaudissements des
assistants et longuement acclarnées, les paroles (le M, I~

LXXII

docteur provoquèrent une éloquente et affectueuse improvi­
sation du digne chef de la députation. (1)

UN DISCOURS SUR SAINT YVES
Point n'est besoin de l'appeler ici corn bien prom ptemen t la
tant célèbre patron de l'ordre des avocats:
renommée du
rayonna, de la Bretagne sa patrie, dans la France entière.
Il n'a pas cessé d'en être ainsi.
A preuve, entre autres, une commémoration nou velle et de
date récente. Pour être survenue en Picardie, cette commé­
moration nouvelle 11'en a que plus de titres à l'attention des
Sociétés de nolre province .
Il Y a lieu de tout d'abord noter en passant que l'acadé::nie
d~Amiens, fondée en 1753 (2), devint l'une des associations, en
nombre restreint, qui, sous l'ancien régime, bénéficièrent d'u ne
consécration légale. Ses statuts flHent calqnés sur ceux de '
l'académie française. Aussi les discoul's de réception y sont-ils
demeurés en usage. Ils ne laissent point, non plus, de parfois .Y
faire évènement, tout comme à Paris.
Ainsi en est-il tout spécialement advenu d'un discours relatif
à saint Yves. Il en fut donné lecture dans la séance dll
(1) Peu de jours après, les mêmes visiteurs ont été présentés par M. .
John Rhys à Rozmabamon. Ils y ont aussi reçu, de M. Renan, l'accueil le
plus empressé. (V. la Revue lJlette du 31 août et le Tem,ps 1 septembre
t·889). L'éminent académicien a voulu d'ailleurs faire, de sa personne, à
!les hôtes, les honneurs des cîmes de Perros et de la Clarté, de leurs églises
SI curieuses et de leurs magnifiques perspectives mari.times. Ploumanach,
ses. rochers et l'oratoire de saint Kirieck n'onL pas davantage été oubliés .
(-2) Sans en avoir é.té le fondateur, comme il a été dit et répété dans
-maints ouvrages, Gresset en dcyint l'un des mcmbres les plus i:Jncicns eL
tout énscmble des patrons.

LXXIII

13 niai 1.887, dont le compte-rendu n'a été imprimé que tout ·
récemment. (1)
Le choix du sujet porta bonheUl' à l'(x~l1vre. Du commence­
ment à la fin de son discours, le l'écipiendairé, !vI. Lorgnier,
membl'e distingué du barreau d'Amiens, reçut visiblement des
sou ve-nirs légués par son saint patron et confrère de Bretagne
l'inspiration la plus pl'Opice.
Ainsi se trou vèrentdevancées le pl us heureusement du monde
les dernières pu bl ication~ magistrales de notre éminent confrère,
M. dela Border'ie,surl'hagiog.raphiedesaint Yves(2)et lesimpo­
santes cérémonies religieuses qui ne tardèrent point à survenir.
Chacun saitqu'un sou venir vi vaces'y réflétades tantmémorables
et populaires solemnités dont la bulle de canonisation prornul-
g~lée le 19 mai lB 17 pal' Clément VI, donna le signal dans
toule l'étendue de « l'ancien pays et duché de Bretagne. » La
Société d'Archéologie du Finistère fut dignement représentée
aux dernières fêtes commémoratives. (3)
Bien rarement, dans un \liscoUf's açadémique, se rencontrera
au même degré qlle sous la plume du disert avocat d'Amiens,
plus de Vel'VC spl/oituelle et du meil!~uro aloi, déguisant sons

l'attrait des fonnes littél'aires, un fonds aussi T'iche d'érudit.ion
et de critique judicieuses.
(~uelques citations suffiront à en donner- une idée.
« Je ne me suis pas résigné à sOl'tir dl} domaine profes-
• sionnel, a dit M. LOl'gniet" et rai "oulu esquissce l'ét.ude
« d'une légende qui est enCOI'e vivante ail baneal1. Les
« avocats, ajoute-t-il, ont au ciel un patron, saint Y'-es de
« Kel'mal'tin, dont la fête se cél0bl'ait autrefois avec solennité;
« nombl'e de bal'reUllX ont gardé t'usage de se réunit', ,~haql1e
« année, le jour de saint Yves, dans un de ces banquets de

(1) T. XXXIV, Amiens. Yvert. 1889. 8° p. 103 et s.
(?) Bulletins et Jléill'Jire; clr. II Société Archéoto[liqlt~ du Finistère,
IS87. II, p. 17 el s.

0) V. lbùl. p. XXVI.

LXXIV
!amille dont la tradition va se perdant au grand détl>iment

le la vieille confrélternité faite de large tolérance, d'affeè­
.lIeuse estime et de réelle intimité, si néœssaire aux hommes
lue pr'essent sllr un terrain étroit les travaux et les luttes
le chaque jour. »)
... e récipiendail'e constate ensuite la négligence de la presque
tlilé des histMiens du barreau, Loisel excepté, à l'endroit de
nt.-Yves.

Si, ajollte-t-il, la t1>adition judiciaire est sobre de sou\'e­
tirs historiques, elle fourmille d'anegdotes satiriques dans
~ goùt d'alltrefois et d'épigrammes qùe la malignité de nos
ères n'épargnait pas plus aux avocats qu'aux magistrats et
,ux médecins. »

'1ais, loin de se borneL' à déplorer j'insuffisance des biogra­
:lS de sain t Yves, M. Lorgnier a en tend u y su ppléer et il y

,einement réussi. Pour êtr-e succinct, le précis qu'il a prê­
té n'en a pas moins étl:'l puis~ aux :: ues.
Saint Yves, a-t-1I été dit excellemment dans la réponse
LI président de l'ac?démie, M. l'abbé de Franqueville, a
érité d'être proposé à tous comme un modèle de conscience;
de conciliation, de désintéressement, de délicatesse
espl'it
ms les procédés; d'élévation dans les idées, de ent, de toutes les chose~ en un mot, grâce auxquelles UIle
e devient éloquente, elle aussi, et même d'LI ne éloquence
Ipérieuf'e à celles des plus éloquents pl~idoyel's, oui plus
lissante et plus persuasive. »
. Lorgnier, en terminant son discOUL'S, n'avait pas om is
)nstater que le Parlement de Bretagne et d'autl'es grands
s judiciait'es se placèrent sous la pwtection de saint Yves,

seulement dans la même province, mais encore à Paris,

le nord et dans le midi de IH France, dans les Pays- Bas.
Rome,ajoute-t-il, on vitsefonder sous l'invocation de son
m, .des confL'eries dÎIOLllmes de justice ,dont la plupaL't

LXXV

pourvo yaien t pal' u ne sorte d'assistance j ud iciaire, fondée
sur la charité, à la défense des pauvres et des petits. A
Paris, la confrèl'ie qui remontait à 1348, était placée sous la
immédiate du premier président du grand Conseil
protection •
et se réunissait dans une église érigée rue Saint-Jacques .
sous le voca ble de sainl- Yves ' et en richie par nos rois .....
Elle n'a été rasée qu'en 1823. »
La péroraison du docte et spirituel biographe Picard, de
1int Y"es, veut être mot pour mot reproduite.
« Des espl'its chagrins, y est-il dit, cllet'Cheraient en vain il
diminlle!' la gloire de saint Yves et la nôtre en faisant
observerqu'i! était, au paradis, le seul représentant cle notre
Ot'dm et le seul pl'olecteur qu'il nous fùt permis de choisir.
puis affirmer, en terminant, que sur ce point, ét.rangel' au
dogme et à l'infaillibité apostolique, saint Pierre et la
légende se sont également trompés. L'un de.:r nôtres, en effet,'
justement ému de l'espèce d'exclusion dont nous semblions
frappés, a fait imprimer à L.eyde, en 1632, un savant
ouvrage dans lequel il publie l'éloge de cinquante avocats
canonisés; il offre même d'en faire connaltt;e un plus grand

nombre 0t démontre victorieusement ainsi, pour l'édification
confl'èl'es et' leùr tranquillité, que les voies du salut
de ses
et les pOl'tes du cielleul' sont lal'gement ouvertes. »
Quimper, 29 aoùt 1880.
HENRf HARDOUIN,
Jfenlbre honorairt de l' ..tcadémie d'A'IIûens.

NOTICE lIISTORI U~
SUR LA COMMUNE DE LOTHEY-LANDREMEL (1)
La commune de Lothey est située dans le canton de
leyben, arrondissement de Châteaulin, département du
inistère. .

(1) Nous devons une grande partie des renseignements insérés dans cette
tice à !'obligéance de M. Yves Le JoUee, ancien maire de Lothey .

LXXVI
Sa superficie est de 1,327 hectares et sa population, en
1'888, de 1,015 habitants. Elle est bornée au nord ar .la
eommune de Pleyben et la rivière d'Aulne (canal de l Tantes
à Brest), au midi par les communes de Cast et de Briec, à
l'ouest par celles de Châteaulin, S'aint-Coulitr. et la rivière
d'Aulne, form~nt toujours le canal précité, et à l'est par la
commune de Crouézec.
Sa constitution géologique est le schiste ardoisier et le
terrain tertiaire moven.
C'ést - un pays couvert, dit Ogée dans son Dictionnaire
11istorique et géogl'aphique de Bretagne, plein de vallons et
de coteaux, où l'on t.rouve des terres bien cultivées, des
. prairies, des landes et quelques bois, dont. le plus considé­
rable es t. celui de Trésiguidy, qui peut avoir une lieue de

clrcmt.
La seule industrie du pays est l'exploitat.ion des carrières
d'ardoises ; c~ produit est en renommée dans les environs.
Si l'on en croit les légendaires, c'est à saint They ou saint
Dey, disciple de saint Gwennolé, que cette commune doit
son nom.
Ce saint personnage avait obtenu, CDmme bien d'autl'es
de ses confrères, du révérend père abbé, la permission de se
dans une solitude pour servir Dieu loin des bruit.s
confiner
du monde et prêcher l'Evangile aux païens.
C'est SUl' les bords de l'Aulne, au milieu d'un bois et près
d'une fontaine, qui existe encore aujourd'hui, qne le bon
religieux construisit son ermitage.
De là il évang'élisa les alentours et édifia les habitants pal'
son ardente piété; aussi, après sa mort, s'empl'essèrent-ils
d'honorer sa mémoire, en donnant son nom au pays, Loc-They
(lieu de They), et en bâtissant dans l'endl'oit qll'il avait
sanctifié par sa présence, nne église,autourde laquelle vinrent
bientôt se geouper les habitations qui donnèrent naissance
au bourg' actuel . .
Quand on arrive à Lothey par la route de Landremel, 011
a sous les yeux un magnifique spectacle: d'abord, au fond
du vallon, le bourg avec ses maisons étagées dont les murs
br;:tnlants les font ressembler de loin à de vastes rnines ; ail
mili.eude cette agglomération, l'église avec son clocher
inachevé. se cachant modestement au milieu d'ifs gigan­
tesques. Devant soi, et s'étendant à perte de vue, le oois de
Trésiguidy, aujourd'hui dans Pleyb~n; au . !TIilieu de CP
aysage et le séparant de son ruban d argent, 1 AuIn", cana­
isée: coule paisihIem(\lIt en serpent.anl entl'e sa d~)Uble l'ungée

LXXVII
de peupliers, rompant seule, de son doux murmure, le silence
charmant, où le dieu de la paix semble avoir élu
de ce,lieu
domicile.
tertre élevé, du haut duquel nous
Mais descendons de ce
admirons cette belle nature, et examinons les richesses
archéologiques que doit contenir ce cadre poétique. .
o désillusion! à chaque pas nous marchons sur des
ruines ui n'offrent rien d'intéressant pour nos recherches;
ce sont e pauvres cabanes, les unes veuves d'habitants, les
autres servant d'asile aux familles de pauvres carriers, qui,
après un travail pénible, gagnent â peine le pain du jour.
Mais nous voici devant l'église'; un cimetière l'entoure, çà
et là quelques tombes isolées, au milieu une croix de pierre
qui n'a rien de remarquable.
Le temple lui-même a été mutilé: les arcades de la neront
été bouchées: et l'on a cru, dans un intérêt économique peut­
être, devoir supprimer les bas-côtés, enlevant par cet acte
tout caractère à l'édifice.
de vandalisme
L'intérieur n'est pas mieux traité que l'extérieur: l'on y
voit ti'ois autels complètement dépourvus d'ornements, quel­
ques statues, entre autres une sainte Barbe d'un travail
barbare que celui ' des autres statues de saints, mais
moins
souillée comme elles, ainsi que toutes les pal>ties de l'église,
par la fiente des oiseaux de nuit, qui ont établi leur séjour
à tous les vents.'
dans ce lieu sacré, ouvert
A quelle cause attribuer ce triste état? Qui in.terrog'el~ pour
la connaître? Tel est immédiatement l'objet de nos préoc­
cupations ; le bourg paraît vide, la mort semble y être entrée.
sortÏl' d'embarras, car voici
,Mais patience, nous allons
ans; elle
venir une vieille femme courbée sous le poids des
marche lentement, appuyée sur un bâton de houx, et s' age­
nouille dévotement en arrivant au pied de la croix du cime­
tière ; nous l'observons silencieusement, ne voulant pas al'
troubler son oraison. Dès qu'el e a
une question indiscrète,
fini' sa prière, nous nous empressons de l'interroger sur les
trisles objets qui nous entourent. Messieurs, nous dit-elle,
c'est que Lothey n'est plus paroisse, le bourg a été transféré
à Landremel, ainsi que le cimetière et les richesses de
l'église, Nous étions ici à l'extrémité de la commune; alors
ont demaudé et obtenu qu'on tranférât le tout à
les notables
Landremel, qui n'est qu'à une demi-lieue d'ici.
n'était qu'une chapelle, mais c'est plus au centre;
aussi n'avons-nous f?uère la messe, ici, désormais, que pOUl'
le pardon de Saint- fhev, qui se trouve le dimanclie avant

LXXVIII
les Rogations. Ce jour-là, ajouta la bonne fcmme, l? ~rieux
bourg semble renaltl'c, tout le monde est dans la JOlC, ct
après l'office on se rend à la fontaine de l'ermite, tout près
d'ici, dans le bois de Coat-Mao; l'on y fait un })èlerinage
que l'on appelle le pèlerinage des Trois-Lundis. Ce pèleri­
nage guérit la fièvre. Il fut fondé à l'occasion d'une grande
fièvre qui sévissait dans le pays, et depuis lors ceux qui son t,
atteints de cette maladie le font souvent avec dévotion. Mais
jusqu'à la font.aine. Nous nous rendîmes à l'invitation
venez
la bonne vieille, et nous pûmes voir cette petite source
l'ombre d'un vieux chêne: l'eau coule à peine, mais la
source ne tarit jamais et est aussi forte en été qu'en hiver,
si nous en croyons notre cicéronne qui nous paraissait de
bonne foi.
Après avoir remercié notre aimable conductrice, nous •
reprîmes le chemin de Landremel, où nous arrivâmes une
demi-heure après.
C'est à Landremel, ainsi que nous l'avons vu lus haut,
que furent transférées la commune et la J:)aroisse e Lothey.

L'église, d'un style 'othique, possède des débris d'anciens
vitraux assez curieux. es menaux des fenêtres offrelit dans
leur ensemble le caractère flamboyant, ce qui nous orterait
à attribuer sa construction à la seconde moitié du X e siècle;
pu trouver aucun titre, ni aucune inscription '
nous n'avons
pût nous fixer sur la date précise de sa fondation.
qui
Cet édifice, dédié à saint Fiacre, orienté comme presque
toutes les églises, de l'est à l'ouest, possède trois autels: le
maître-autel, style Renaissance, est surmonté d'une statue
moderne du Sacré-Cœur; à droite de cet autel, dans une niche
et d'une corniche aussi Renaissance,
formée de deux colonnes
une statue moderne, très jolie, de saint Fiacre, patron dé
l'église; à gauche, dans uue niche semblable, une très belle
statue, aussi moderne, de saint They.
La chapelle se trouvant dans le croisillon nord est dédiée
saint Joseph; à droite de cet autel, une statue d'un style
un peu barbare offre la représentation d'un saint évêque
dont nous n'avons pu lire le nom, saint Corentin, peut-être;
à gauche, au-dessus de la porte de la sacristie, une statue
du même style représentant saint Gwennolé .
Au fond de ce croisillon, est un christ en bois ayant, d'un
côté, la Sainte Vierge et de l'autre saint Jean. Ce travail
grossier, en bois peint, est sans doute l'œuvre d'un charpen­
tier de village et doit être contemporain de la construction
l'éO'Iise. . .

LXXIX
Dans le croisillon suu, l'autel est dédié à NotI'e-Dame-de­
près de cet autel, une grande statue moderue
LOUl'des;
représente une vierge mère, dans une niche gothique en bois.
Le vitrail qui sO e trouve au-dessus de cet autel a plusieurs
panneaux assez bien conservés: ils re résentent divers
épisodes de la vie d'un saint ermite, probab ement saint They. 0
Ceux au-dessus du maître-autel sont beaucoup plus mal­
traités I?,ar· suite de la malencontreuse idée que l'on a eu de
mutIler, pour rem IiI' de maçonnerie la travée du milieu
les
la fenêtre; les que .ques débris, qu~ l'estent représentent
des scènes de la PaSSIOn. Nous n avons pu relever aucune
armoirie dans ces vitraux.
Les voûtes de l'église, en bois, peint~s en bleu, n'ont rien
de remarquable.
Le ' cimetière, vaste enclos entouré de sapins, est tout
moderne; il possède aussi une croix que nous désignerons
plus loin.
Il existe aussi dans l'église la statue d'un évêque monté
sur un cerf: saint Edern. La légende raconte que ce
saint vint Je l'ile, à la tête d'une bande d'émigrants, pour
chercher un asile. S'étant adressé au seigneur du pays pour
obtenir des terres afin de s'y établir, celui-ci lui accorda
tout le territoire qu'il pourrait parcourir jusqu'au chant du
coq. En sortant de chez ce seigneur, 110tre saint ayant aperçu
un cerf qui paissait dans les environs l'enfourcha et se mit
à parcourir le pays. Mais sa sœur, craignant pour sa santé·
lès fatigues d'une pareille course, partit au-devant de lui,
dissimulant un coq sous ses vêtements, et, dès qu'elle l'aper­
çut, elle découvrit la tête de.l'animal qui, ébloui par la clarté
ciue répandait le 'saint, crut le jour arrivé et se mit à chanter.
Le saint fut alors arrêté et obligé de des~endre; c'est
pourquoi la paroisse d'Edern se trouve enclavée dans celle
Je Briec, le prélat n'ayant pu terminer sa course.
C'est sans doute en souvenir de cette légende que saint
Edern est toujours représenté monté sur un cerf.
Les pardons de cette paroisse sont ceux de Saint-They,­
à Lothey vieux bourg), le dimanche avant les Rogations,
et Saint- -:'iacre, à Landremel, le dernier dimanche de
septembre. 1
Les processions sont, outre cenes qui se font les jours de
pardon, celles de la Fête-Dieu, des Rogations; ces dernières
vont le premier jour au vieux-bourg, le mardi à la croix de
Kergadaen, le mercredi à la croix de Kerabry.

_. LXXX
Les croix existant SUl' la paroisse de Lothey-Landremel
wnt au nombre de cinq: uue très curieuse, en pierre, ortant
a date de 1600, située à Kergadaen; une autre, éga ement
mrieuse, à Kerabry ; une à Poulcaven -; une au vieux bourg
cimetière) et une à Landremel (aussi cimetière).
Les moulins à eau sont au nombre de quatre: Kerabry,
Pennot. .
l'rogouyen, Guilly,
la Révolution, la cure de Lothey était, selon Ogée,
Avant
l la présentatîon de l'abbé de Landéveunec; actuellement,
~lle ressort de l'évêché de Quimper, archiprêtré de Châ­
;eaulin, doyenné de Pleyben.
Les maisons nobles étaient, selon le même auteur, le
llanoir de Rosiven., qui appartenait à Yvon Le Moël; le
nanoir de Pampoul, au Sr de Coëteduz, et le manoir de
Kerarmel. .
Cette commune possède des tuiles et restes romains , au
à un kilomètre au sud-est du vieux bourg (1).
Buzit,
En fait de monuments mégalithiques, il n'en existe qu'un
,eul : c'est un menhir connu sous le nom de l'tien-Zao) situé
:lU village de Kervargat, au bord de la rout~ n° 41. , allant de
à Roudouallec.
Châteaulin
Tels sont les renseignements que nous avons pu nous
sur Lothey. .
procurer
II. DIVERRtS.

• ) : . , • pz , 7 " '" , , t " ,,:0 , 7 " ! ,
" On? • 5 Co ' 7 " , "
(1) M. Paul du CHATELLIER. ' Inventaire des monuments du déparle·
ment du Finistère, des temps . préhistoriques à .la fin de l'occupation
romaine.

LXXXI ---

NOTE RECTIFICATIVE

'Je dois tout d'abord, apl>ès avoir adressé à M. le conseiller
1!les plus sincères remerciements pour ce qu'il dit
Hardoüin
à propos de mon mémoire, réclamer la rectification du
procès-verbal de la séance du 25 juillet dernier, en tant
qu'il y a été énoncé que mon mémoire « semble contenir des
« assertions hasardées et des observations sujettes à contes­
« tation au point de vue archéologique ».
J'accepte la seconde partie de la phrase, mais je demande
mots: « assertions hasardées" du début, soient rem­
que les
placés par ceux-ci : « théories nouvelles ».
Mes assertions sont nouvelles, en ~ffet, cela est hors de
doute; mais elles ont pour base l'expérience, et je ne crains
en aucune façon les contestations . .Te saurais toujours prouver

ce que j'avance.
Un mot de réponse aussi à M. l'abbé Abgrall, qui m'a
interrompu pour dire qu'il avait trouvé des urnes vides,
je soutenais que, dàns toutes les sépultures gau­
quand, moi,
loises par incinération et non violées, l'urne ou les urnes
de cendi'es. On ne trouve des urnes
étaient toujours pleines
vides que dans les sépultures,romaines et gallo-romaines,par
accompagnant l'urne cinéraire pleine.
incinération et
On les trouve encore vides dans les sépultures par inhu-
mation. _
M. le conseiller Hardoüin a dit en terminant que je devrais
non seulement mentionner mes opinions sur ces époques
reculées et mes observations sur les principaux tumulus et
autres monuments mégalithiques, mais aussi décrire chacun
dire la date de la fouille, l'emplacement, comme cela
d'eux,
s'est fait dans le passé pour le Comité des T1'avaux histo-

r'que$ .

LXXXII -
Je suis obligé de répondre qu'étant donné le nombre inoui
mes fouilles, la grande quantité des monuments absolu­
ment similaires, cette nomenclat.ure serait on ne peut plus
ingrate.
D'autre part, jai constaté des erreurs nombreuses dans les
Les publications qui ont
ouvrages même les plus récents.
été faites à la suite de rapports d'experts, d'agents-voyers
ou d'autres personnes peu compétentes, fourmillent d'erreurs.
C'est ainsi que des· colombiers en ruines, des tertres
naturels, des amas de déblais sont indiqués comme tumulus.
Je me refuse absolument, dans des conditions telles
je fais allusion, à être un collaborateur
que celles auxquelles
à des fouilles qui vierldraient à être ainsi entreprises,
d'un aut.re côté, je n'ai pas besoin de collaborateurs.

Tout ce que je peux promettre, c'est de faire, à l'appui de
la carte préhistorique de la Bretagne avec
mes ouvrages,
hgnes suivies
indication des tumulus, des stations et des
aux différents âges. .
J'ai paru pour la première fois le mois dernier aux séances
la Société archéologique, M. Luzel, notre très honorable
sijeserai désormais un membre
vice-président, m'a demandé
département pour aller lire ses
assidu, n'oubliant plus son
d'autres 'sociétés scientifiques. Je lui en ai
mémoires daus
fait la promesse, et j'ajoute aujourd'hui qu'habitant dn
Finistère et vu l'importance du travail que j'ai entrepris: jé
dois tout d'abord faire part à mon département de mes
découvertes.
Quelques-uns de mes collègues me suivront, je l'espère,
la voie nouvelle, persuadés comme moi, avec preuves il
dans
l'appui, qu'en archéologie, comme en toute autre question,
la marche en avant est possible, et qu'avec le savoir, le temps
et l'énergie, on peut dépasser ses devanciers.
Baron HALNA. DU FRETAY .

LXXXlII " "

DÉCOUVERTE D'UNE ANCIENNE SltpULTURE

à Saint-Évarzec (Finistère), 1889.

Le monument dont je vais parler se trouve dans un champ
dépendant du lieu du Guilvinec, en Sainl-Evarzec, et appar-
tenant au sieur Jean Guéguen.
[., Indication des lieux. Pour arri ver au monument,
il n'y a qu'à prendre la route départementale de Quimpel' à
Concarneau. Après avoir dépassé le Moustoir, en Saint­
Évarzec, on arrive prestement à un group~ de maisons donnant
sur la grand'route et connues dans le pays sous le norn de
Gareti [an. Au milieu de ce groupe de maisons, au sud, se
le "chemin vicinal qui conduit à La Forêt; en face, "
présente
au nord, se trou ve une route charretière. On prend 'cette
route, et à 200 "llètres environ, à droite, on est en
del'l1ière
présencedn monument. .
Il. f/Ütorique de la découverte. " - En mai dernier, des
cultivateurs de Saint-Evarzec tcavaillaient dans lll1 champ
dépendant du lieu du Guilvinec. Ce champ est. une t.erre de "
et pdr conséquent une terre légère et peu productive.
lande,
tantôt mis en culture.
Aussi, tantôt est-il laissé en friche et
Cette a" nnée, dans les premiers jours de mai, on y a mis la
chan'ue. Le tertre ayant déj~l subi des travaux de défoncement,
des labours Je charrue, et le sommet, après tous ces labours,
ayant eu encore, durant des siècles, à souffrit' des eaux de
dû naturellement être abaissé, aplati.
pluie, le tertre, dis-je, a
Aussi, à une assez faible profondeur, (envü'on 0 m. 30 c.), la
charme a-t-elle rencontré une des pierres posées autour d Il
monument. Cette pierre retirée, le déblaiement mit à décou vert
d'autres blocs en quartz et en granit, et finalement on parvint
jusqu'à une énonne piene plate, taillée, ayant 2 m. 18 c. de
long sur 1 m. 10 c. de ldl'ge. Les cultivateurs remar­
quèrent de plus que cette belle piel're plate reposait s'ur des
a'Ssi:;;es bien établie;;, et les voilà aussitôt de s'écrier:
(( eun t/'ezor » un trésor! chez tous les paysans, c'est tou-
jours la même ritournelle. Dans les découverte'S de sépultures

LXXXIV -
anciennes, dans les fouilles de tous genres, ils ne voient et ne

cherchent que des trésors; ils ne veulent même y rien com­
prendre que des trésors. Aussi, dès que Cette grande pierre
plate fut mise à découvert, noos gens de Saint-Évarzec, soit
appât du gain, soit curiosité, se sont-ils empressés d'aller
couper des châtaigniers (de vrais arbres) et s'en sont servis en
guise de leviers pour soulever et reti,'er cette énorme piel're
plate. Cette opération faite, ils se sont trouvés en présence d'un
coffre de pienes, dans lequel, hélas! ils n'ont trou vé pour tout
uésor que du sable blanc et quelques débris de coquillages.

Toujours sans doute à la recherche du trésor, nos paysans
ont successivement enlevé toutes les pierres et la lene qui
donnaient contre la paroi extérieure du côté sud. Le déblaie­
ment de ce côté ayant été poussé jusqu'à une profondeur à peu
près égale au niveau du coffloe de pierres, les cultivateurs se
sont trouvés en présence d'une énorme pierre plate, épaisse,
posée à plat et servant de contrefort à la paroi sud. Cette

pierre heureusement les a découragés et ils ont fini par se

retirer, laissant le monument à peu près intact.
Propriétaire et fermiers étaient médiocrement satisfaits de
leur découverte. Néanmoins, le beuit se répandit rapideiAlent
ans le pays. J'en fus moi-même informé, et le lundi,

1 juillet courant, j'étais à Saint-Evarzec, où j'ai trouvé, en la
personne de M. le recteur, un guide bienveillant pour me con-
duire auprès du monument.

Ill. Topographit dit champ. . Le champ pr6sente un
terrain inégal, à sa partie est, et surtout vers le centre; au con­
traire, à sa partie ouest, ce terrain est uni et plal. C'estsur
cette dernière partie du champ que se teouve le monument. Le
sol avait été labouré et ensemencé, et le blé noir était sorti de
terre. Vue de distance, la pel'spective du tumulus laisse voir
une. éminence de terrain. On sait, d'ailleurs, que presque tpus
les peuples primitifs ont chel'ché à décorer et à protéger les
sépultures par des monticules ou des collines factices. Et, en
effet, quand on est sur les lieux, on s'apel'çOil que c'est un
tertre; les fouilles elles-mêmes laissent voir que ce tertre a été
formé par une terre rapportée, mais on serait aujourd'hui fort
gêné pour indiquer à que! endroit se termine le rayon de- ce

LXXXV
ter'tl'e, tant il se confond avec le sol naturel: chose, d'ailleurs,
racile à comprendre, après tous les défoncements périodiques .
que ce champ a subis, dan,; le courant de., siècles passés.
Le tertre, avant les fouilles, pouvait avoit' tout au plus
1 m. 50 de bauteur sur 8 ou 10 mètres de diamètL'e .
1 V. Description du tombeau. Le tombeau est cons-
titué pal' six dalles tèlillée:;: u n :~ senle forme plancher,­
quatre sont dressées sur champ, et une seule sert de cou­
vel'tllre. (Voir fig. 1, 2,3 et 4).
Orientation de la tombe: le soleil levant.
Cavité, dimensions:
Longueur (dans reu vre). . . . . . . . . . 1 m 90
I..4arg'eur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ») 90

Pro f 0 n cl e ur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 ,) »

Disons maintenant un mot de chacune des dalles qui entrent
dans la composition de cette sépulture:
1° Dalle formant plancher. Celte pierTe à elle seule
fonne le dallage de la tombe. Cette pierre est de granit; elle
est taillée sur toute sa surface en œuvre, ain~i que sur· les
et repose à plat sur le sol. Elle a 1 m 90 de lon­
quatl'e côtés,
gueur sllr Om 90 de lal'geu)'. Cette dalle est équilatère et déter­
mine les dimensions de la cavité dl] cercueil, car c'est contl'e
elle que viennent s'adapter les deux dalles des parois latérales
ainsi que les deux dalles des ext.rémités.
2° Dalles latérales nord et sud formant parois. Ces
deux dalles sont en mica-schiste assez dur. Chacune d'e.lles a

été mise SUl' champ et taillée SUI' la pal'Oi ·en œuvre ainsi
que sur le bord qui recevait la pierre de couvertUl'e. (Voir
fig. 2) . "
Comme la dalle formant plancher, les deux dalles latérales
nOt'd et sud fOL'mant parois ont:

En longneur (dans œuvL'e) .... ~ ..

En profondeur (dans œuvl'e) ..... .
De plus, en" dehors d'œuvre, les deux dalles latérales ont
sllbi, près des extrémités, une entaille ou rainUl'e d'environ
Om 10 de largeur. Ces rainures perpendiculair8s sont asse

LXXXVI
gl'ossièl'ement faites, pas faillées au vif et peu pl'ofondes. De
cette façon, elles se(vaient à. emboîter 011 el1castl'er les dalles
des extr-émités qui feL'lDaient le tombeau. (Voir fig. 2).
Dimensions des dalles latérales.
1° Dalle latét'ale nord:

LOllgueur (dans œuvre).. . . . . . . . . . . .. 1 m 90
. Bout ouest., rainure cornpr'ise......... » 17
Bout est, rainure comprise........... » 30
Longueur totale de la dalle latérale nord. 2 87
Pl'Ofondeur(dansœuvre) ...•........ 1 »))

Epaisseur variant de Om 08 à......... » 10
La parlie latél'ale nord n'a encore subi aucune fouille.
2 Dalle latrrale sud :
r (dans œu v 1'e) ............. .
Longueu
rainure comprise ........ .
Bout ouest,
Bou test, rai n u re corn prise .......... .

Longueur totale de la dalle latérale sud.
ProfOlld eu r. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 ) ))
Epaisseur val'jant de Dm 10 à . . . . . . . .. » 15
La partie latérale sud (hors d'reu vre) a subi des fouilles
pre~que jusqu'à sa base. Néanmoins, eette dalle tient encore
debout grâce à une gt'osse piel'l'e platé, posée à plat, qui
l'appuie.
3° Daltesfonnant Les extrémités. Ces deux dalles ~Ol1t
en moellons. Chacune d'elle est taillée sur la paroi en'
('üuvre, sur les côtés nord et sud qui s'encastlent clans les
daHes latérales, ainsi que sm' le bor'd qui recevait la pierTe de
cou vél'ture.
Dimensions des dalles des ext7'émdés.
1 ° Da Ile d Il chevet, bou t ouest :

I. .. a rg;ell r ......... ! •••••••••••••••••

H1:Iutenr (dans œuvre) .............. .

Epaisseur variant de Om 08 à ........ . •

2° Dalle des pieds, bout esl :
Om DO
Larè~;eu r ........•..................
Hallteur (da.ns œuvre) ...........•...

Epaisseur variant de 0 15 à ........ .

LXXXVII
NOTA. Le dessus 011 le boed de ces quatre parois e~t
parfaitement plat et taillé: ce qui permettait à la pierre de
s'enchâsser très exactement et de fermer très
recouvrement de
bien ce tombeau (Voit' fig. 2).
"Jo Dalle de couoerture ou de recouorement. - Cette dalle
est en moellon. Voici ses dimensions:
LOllgueu r. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 2 m 18
. Largeur variant de 1 m 08 à. . . . . . . . . .. 1 12
'. ,,' t] Om 1 "lO

palsseur 'allan ' (e ,., a......... » " .
Cette dalle de couverture (dans œuvre) a subi, comme les
uue entaille 011 l'ainul'e sur le contour, de
dalles latérales,
manière à lui permettre de fermer pour ainsi dil'e hermétique­
men t le coffre de pierr'e. Aussi, cette da Ile de cou vertUl'e e,"t­
elle plus épaisse ail milieu, qui forme saillie, que vers les
quatre côtés. (Voir fig. 4). .
Enfin, cette dalle (dans œllvee) a exactement les. mêmes
dimensions que la pierre qui fOt'me plancbel', c'est-à-dire
1 m 90 de longueur SUl' Om 90 de largeur: ce qui montre que le
à angles droits et ressemble à une auge· rectangu­
coffre est
laire. (Voir fig. 1). .
qui constituent le coffre de pierre etaient
Les cinq dalles
parfaitement en place, le 1 el' jllillet courant. La table de couver-
ture seule était retirée et posée de champ, à une faible distance
monument. . .

5° Pierre plate. A côté de la pielTe de cO.uverture, gisait
aussi à terre une grande piene plate. Cette grande piene plare
sur la dalle de cOllvertUl'8, dans l'intention· de I-a
a été déposée
consolid.er en l'em.pêchant de glisser. (Voir fig. 3).
Voici les dimensions de cette piel'l'6 plate :
Long'ueur.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... 1 m 80
Largeur variant de Qm 90 à. . . . . . . . . .. » 95
Epaïsseur var:iant de Om 10 à . . . . . . . . . ») 20
Notons, en passant, que la solidit.é du monument était
~ccme par l'adjonction, à chaque côté, de pierres plate~ et
allongées, d'abord à la base, puis, au-dessus, de pierres
qui toutes faisaient au monument comme
d'assez gros calibre
des sortes de contreforts et étaient destinées à empêcher l'écar-

LXXXVIII - '
. ement et la poussée en dehors des dalles faisant l'C?füce de
pal'OlS.
V. Contenu du monument. . Jean Guéguen est proprié-
taire du champ. N'ayant nullement ét.é satisfait de sa décou­
verte, il répond invariablement qu'il n'y a rien trouvé, et il est
à présumel' qu'on ne samoa jamais le dernier mot de ce que
contenait ce tombeau. A tout.es rues queslions on a toujours
clonnécette seule réponse: « on n'y a rien trouvé; il n'l'avait
dans le tombeau que du sable blanc et des coquillages. »
Il paraît que ce tombeau ne renfermait pas d'ossements, et
que le corps aurait été brùlé. Néanmoins, je n'y ai trou vé
aucune trace du chauffage des pierres. J'y ai simplement cons­
taté la présence de quelqües débris de coquillages de Saint­
Jacques et des coquillages de palourdes. Il m'a donc fallu
quitter le monument avec le regret de ne savoir ce qu'il
contenait.
Ma conviction est qu~ ce monument est un tombeau et non
un cénotaphe, car j'admettrai difficilement qu'on ait élevé un

pareil monument à la mémoire d'une personne, même de
grand renom.
V J. A quelle époque faut-il faire remonter ce nwnu-
ment? La forme, les dimensions, les dalles qui constituent
le monument, IJamoncèlement de terre autour, tout, en un
mot, <1énote que c'est réellement une sépulture. On n'y
a trouvé ni squelette, ni ossements, ni urne, ni cendre, d'après
le propriétait'e. Néanmoins, malgré le dire du propriétaire, qui
peut-être n'aura pas prêté toute l'attention voulue à ce qu'il a
retiré du cercueil, ne faut-li pas croire qu'il ya eu ici sépulture
par incinération ~ On sait que l'incinération des morts était en
usage chez les Gaulois et même, en général, chez les Romains,
pendant lèS deux premiers siècles de notre ère.
et ce cercueil n'appartenant ni aux
Après toutes ces données,
types Mérovingien, Carl·ovingien et Capétien, j'ose le faire
remonter à l'époque Gauloise ou au moins à l'époque Gallo-
Romaine. .
L'abbé FLOC'H,
Recteur de GouesnacJh.
2 juillet 1889.

LXXXIX -

Séance du 3-1 Octobre 1989.

Présidence 'de M. le Vicomte Hersart de la V1LlEM'ARQUÉ,
membre de l'Institut.

Etaient présents: MM. HARDOUIN, LUZEL, LE

~fAIGRE, MALEN et DIVEHRES.
En l'absence des secrétaires, .\1. Diverrè$ est in.vité.
à en remplir les fonctions.
Il est donné lecture du procès-verbal de la précé­
dente séance. Il est adopté sauf la- rectification

signalée en note ('1) .
Ouvrages envoyés et déposés à la bibliothèqu,e :
'2 fascicules du J ourna l des savants ;
3 de la nevue de l' histoire des 1'eligion~ ;
t Bulletin historique et philologique;
nom.ania, recueil trimestriel;
Bulletin · archéologique du Cornilé des' travaux
h is toriques et scientifiques;
Les Souvenirs historiques et- les héros populaü'es
en Bretagne, par M. Paul SÉBILLOT ;
Les 'moines Egyptiens (vie de Schnoudi), par
E. AMÉLINEA U •
J.1. le Conseiller Ilardouïn communique. de la pUTt
de M. le Marquis de Brémond d'Ars une corr.espo~ ,­
dance et les croquis à la plume de haches de piel~re dont
notre honoré confrère se réserve d"ailleurs cl'entr,etenir
prochainement la Société. ,

(1) Erratum à la page LXXIII, 20 ligne. Sübstituer aux mots plus
de, le mot une.

111. le Président donne lecture d'une lettre par
laquelle M. l'abbé Abgral s'excuse de ne pouvoir
assister à la séance et remercie MM. Trévédy et Le
Gay d'avoir bien voulu relever l'erreur de nom qui
s'était glissée dans sa communication relative aux
tuyaux de canalisation de Kerfors. A ce propos, M. le
Président fait observer que clans toutes les communi-
.cations, l'on doit s'en tenir à l'orthographe cles noms
: tels qu'ils sont inscrits au cadastre et non tels que les
prononcent des habitants qui souvent les dénatUL'ent.
M. le Président annonce qu'il se proposait de
. prendre quelques instants la parole à l'occasion du
mémoire de M. le baron Halna du Fretay. A raison de
l 'absence,~ qu'il regrette, de l'honorable auteur de ce
mémoire, M. le Président ajourne sa communi-
cation.
La parole est ensuite donnée à M. le Conseiller
Flardouïn pour présenter quelques indications biblio­
graphiques relativement à plusieurs des ouvrages les
plus récents, en fait d'anthropologie, d'archéologie et
d'ethnographie ' aux ép'oques primitives. Dans les
ouvrages sont rnentionnées, ne fût-ce qu'in­
n1êmes
cidemment et en passant, les exigences scientifiques
tant en fait d'explorations et de fouilles, qu'en fait

d'organisation et de classement des collections publiques
ou privées. M. HardouÏn est invité à faire de sa com-
munication orale l'objet d'une note qUI sera Inseree
dans le bulletin le plus prochain.
Est admis comme IU,embre de la Société, 1\1'. Gaëtan

Pirmet, élève de l'école centrale des arts et manufac-

XCI
turcs, à Paris, présenté par MM. l'abbé Peyron et
Luzel.

1'1. le Président communique une lettre de M. le
Ministre de l' [nstruction publiqu.e et des Beaux-Arts,
par laquelle a été adressé le programme cles ques1ions
indiquées aux délégués des Sociétés savantes en vue
du Congrès de 1890. Il est déeidé qu'un extrait de ce
programme fera, suite au présent procès-verbal.
ensuite donné lecture, par 1.VI. le Président, .
Il est
d'un récent travail du R..-P. Brégère, publié dans
les Annales des rnissions d'Attique, sur le cultecles
morts et les tombeaux à Madagascar. Cet intéressant
travail fera également suite au procès-verbal.
A co sujet M. le Président rappelle qu'au COlnmen-
cemont de ce sièele, un nommé Le Guével, natif de
Cléguer (iVforbihan) , étant obligé de s'expatrier, se
retira à Madagascar où, ayant eu l'heur de plaire à la
reine des Hovas, celle-ci l'épousa. Ce fut ainsi qu'un
Breton dovint toût an moins prince-consort et facilita,.
par son influence, les rapports amicaux de ce peuple
avec la France.
M. Malen demande s'il ne serait pas utile qu'un
exemplaire de l'inventaire sommaire que vient de
.; publier M. Luzel, archiviste du département, fût
déposé à la bibliothèque de la Société. Cet ouvrage
serait ainsi à la disposition de ceux cles ~emhres qui,
par leurs recherehes, aident à cles travaux dont la
spécialité tond à donner satisfaction le pIns prompte­
ment que possible au 'désir exprimé par le ministère
de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, qu'un

_00 XCII-

répertoire archéologique du départelnent, avec notices
pub~ié.
historiques, soit incessamment
M. le Président entretient la Société d'un dolmen
situé dans la commune de Nizon et dont M. de Carné,
membre de l'Académie Française, notre regretté Prési- .
dent, s'est occupé dans une note de son livre sur Guiscrif.
De~ fouilles furent faites sous' ce dolmen en 1834 et il y

fut trouvé des urnes d'une poterie grossière et à environ
trois pieds sous terre, une effigie en pierre, également
-très grossière, représentant un profil humain; cette
plaçée debout contre la paroi du rocher: on
effigie était
trouva également, dans cette fouille, des ossemènts
et des cendres. M. de la Villemarqué, heureux
calcinés
ces divers objets, en fait g'énéreusement
possesseur de
don au Musée. Il ajoute que cette effigie a été examinée
par M. Bourian et que, dans les Ardennes, il fut aussi
un dolmen une effigie du même genre au
trouvé sous
milieu d'ossements calcinés. Il est à présumer que les
peuples primitifs, chez lesquels l'art de la sculpture

à peine à l'état le plus rudimentaire voulurent
existait
ainsi représenter l'image du défunt. Des remerciement~
unanimes sont exprimés à M. le Président. -

La séance est levée à 4 heures et demie.

Le Président,

HERSART DE LA VILLEMARQUÉ.
Pour les Secrétaires absents,
H. DIVERRÈS.

• . ~ *,îI"i2 •

- XCIII ' ,

NwrE BIBLIOGRAPHI UE.

Quelle que soit la notoriété acquise à la plupart des ouvrages
dont la paléontologie, la géologie, l':mthropologie, l'eth mo­
graphie ,et l'archéologie des époques primitives ont été 'l'objet,
il ne sera pas sans intérêt.de mentionner en passant quelques­
uns des plus récents et des plus autorisés· de ces ouvrages.
L'occasion se présentera ainsi d'insister sur le caractère et la
y dominent. .
méthode qui
Les publications, si nombreuses, de M. Alexandre Bertrand,
de l'Académie des inscriptions et belles lettres, l'éminent direc­
Saint-Germain, et de M. Salomon Reinach,
teur du musée de
les mains de tous
son laborieux collaborateur, sont entre

les archéologues. Elles se succèdent avec une activité in-
fatigable dont témoigne, entre autres, la série entière des
(Section d'archéo­
bulletins du comité des travaux historiques
logie). Notre province, pays natalldu savant académicien,
continueàen bénéficier pour sa large part. L'exploration, en par­
et. contenu) des sépultures mégalithiques
ticulier, (contenant
n'a plus,depuis longtemps, de secrets pour
dont elle 'abonde,
, M. AlexandreSertrand.
Citer M. dE, Quatrefages, de l'Académie des sciences
Histoire g~nérale de3 race3 humaines
et spécialement son
(Paris, Hennuyer, ' 1889, 'in-8°), c'est signaler l'une des
]e plus la science. et la France tout
œuvres dont s'honorent
ensemble.
M., Chantre, le· directeur si distingué du musée de Lyon, et
1\1. Emile Carthaillac, non moins sa van t, à qui nos antiquités
bretonnes sont aussi, de vielle date, devenues familières, ont
exploré avec un zèle et une assiduité indomptables les sépul-
tures et les monuments primitifs les plus curieux de la Suisse,
.de l'ltalie, de la Grèce, de l'Asie mineure, de la péninsule

-" XCIV
Ibérique tout entière et de 'Ion archi pel Méditermnéea. De
récentes et magnifiques publications s'en sont sui vies. A l'oc­
de la xe session
casion de l'Exposition universelle,et de la tenue
du Congrès international d'anthropologie et d'archéologie
préhistorique, d'autres pnblications, ég'alement du plus haut
intérêt, ont paru.

· Qu'il soit permis d'emprllnter quelques extraits à la préface
intitulée: La France préhistorique, d'après
de l'une d'elles,
?es sépultures et les monuments, par .lv.I. Emtle CarthaiUac,
de la Revue: «matMiaux pou r l'histoire primiti \'e
directeur
u de l'homme», (Paris, Félix Alcan, 1889, in-8° ayec gravures.)
Cette publication a d'ailleurs· pris rang dans la • Biblio­
Cf. thèque scientifique internationale», dirigée par LVI. Alglaye,
La Bretagne, ses monuments, lenr reproduction par des

d~ssins d'une remarquable exécution, y ont obtenu
planches et

un contingent dont la libéralité mérite à l'a'Jteur toute grati­
tude.
« La vérité est, déclare M. Carthaii lac dans l'ou vrage cité,
« qu'il faut encore faire une place à part à l'anthropologie
ct préhistorique. Elle est jeune; elle a eu des fièvres de crois­
« sance comme en ont les adolescents; à peine avait-on pr'is
« sa mesure, qu'elle avait grandi. On la voit semblable à ces
« arbres qni brillent au printemps par l'éclat de leur's fleufs,
• mais dont le feuillage à peine éclos ne donne pas nne ombre
« suffisante à ceux qui viennent se reposer à leurs pieds. Il
« serait aisé d'indiquer les qualités qui lui manquent encore ...
« Nous constatons, je ne clis pas un arrêt de développement,
« mais un ralentissement dans ses progrès en France. Le
• moment paraît venu d'in'ventorier nos connaissances, dA
« noter les questions à discuter, de fixer les points qui solli­
«( citent une plus grande lumière avec quelqlle chance de
« l'obtenir un jour. »
L'aut.eur signale ensuite l'importance de la paléontologie,

ses conquêtes par les mains de Cuvier, de Lartet, cle Gauclry

xcv -
de leurs émules; l'obscurité enfin qui, malgré les efforts
3S Quatrefages, de Broca, de Virchow, continue de régner au '
ljet des vestiges des hommes et de l'industde des âges les
sépultures ont révélé, pour certaines époques
.us reculés. Les
.1 moins, presque tout ce que nous savons des vieux Celtes,

3S peuples qui les précédèrent eL des temps dont l'histoire a
3rdu le souvenir. •

Le voluma paru cette année est consacrée à la description
~s tombeaux et des rites funéraires de la Gaule durant la
~riode dite de l'âge de pierre. Un second volume concer­
era les premiers âges des métaux. ( En décri vant ces monu"':

ments et ces reliques, j'espère, dit M. Emile Carthaillac,

avoir restreint le rôle de l'imagination et évité ainsi un

défaut dont on accuse volontiers les préhistoriens ..... Il ya,
en ' effet, tout bénéfice à avouer la situation vraie; à déclarer
hautement que l'inconnu nous environne lorsque nous abor-
igno­
dons l'océan des ' âges préhistoriques. Préciser notre
rance me paraît le meilleur moyen de provoquer les recher­
ches ..... Nous avons, en somme, découvert quelques docu-
ments du domaine de la paléontologie et de la géologie ..... .
exhumé quelques vestiges de campements, quelques restes .
d'habitation, quelques tombes; nous avons reconstitué le
matériel de la guerre eL de la paix avec une abolidance inat­
tendue ..... C'est beaucoup parce que nous ne savions rien '
~e ce lointain et mystérieux 'passé, et cependant
naguère
c'est peu auprès de l'histoire vivante qui met un nom au
front de chaque race, qui dit ses luttes et ses héros, ses
gloires, son génie, sa destinée. li ..
Est-il besoin d'insister sur la circonspection extrême que
'imposent, partout et toujours, les plus savants dans la spé­
ialité d'études, trop souvent d8cevantes, à laquelle leur exis­
vouée; sur lascrllpuleuse exactitude de leurs des"':
ence est
'riptions; sur leur préoCCllpaticn incessante des exigences de
a vérité si souvent compromise par les assertions tranchantes .

XCVI ' ,
et de,partipris, par l'impatience qui éclat.e à tou te contradiction,

enfin par 'la persistance dans des opinions et des systèmes
incompatibles avec l'expérience et la critique qui la prend pOUL'
guide 1 TC Au lien de m'adresser des félicitations, signalez-moi
mes erreurs », s'écriait naguère dans une conespondance
toute d'amitié, l'un des auteUls dont il a 'été fait mention, à
l'exemple, du reste, des maî.tres les plus éminen ts.
convient de constater aussi, en terminant, que, dans les
ouvr~ges cités, se trouvent spécifiées les conditions en dehors

desquellss les explorations d'antiquités datant .des âges anté-
,rieurs aux périodes à ,proprement parler historiques, les des­
criptions ou reproductions figuratives, les collections publiques
ou privées, : leur classement, leurs inventaires ou catalogues,
ne sauraient acquérir, au point de' vue de la science, une suffi­
sante utilité. (1)

Quimper, 31 octobre .1880 .

HENRI HARDOUIN.

t ' L?$) Q

EXTRAIT

Du Pl'og~~8!mnte du Congrès des Sociétés savantes

il la Sorbonne en 1890.

1. ' SECTION D'HISTOIRE ET DE PHILOLOGIE •

1 Con vocation, composition et tenue des États 'pf'ovinciaux,
• avant 1610.

Transformations successives et disparition du servage.

: (t)'Dans l'ordre d'idées qui vient d'être eflleuré, l'attention yeu t être
instamment appelée 'sur 'les indications concomitan tes de la pequestion
du programme (section d'archéologie), récemment publié, du Congrès des
'Sociétés sa\'ailt:e~ 'en 1890; V. 'ci après p. XCVI et s. les Extraits de ce pl'O­
gr,amme.

-XCVII
3° Origine et organisation des anciennes corporations d'art~
et metlers.
4° Histoire des anciennes foires et marchés.
5° Anciens livres de raison et de comptes. - Journaux de
famille.
6° Vieilles liturgies des églises de France.
7° Textes inédits ou nouvellement signalés de chal'tes clé
communes ou de coutumes.
8° Recherches SU la Révolution.
ge De la piraterie dans les mel'S d'Europe avant le milieu

( U XVII SIe'; e.
10° Rechercbel' à Ci uelle époque, seion' les lieux, les idiorpes
vulgaires se sont su bstitués au latin dans la rédaction des docu-
entre l'emploi de l'idiome
ments administratifs. Distinguer
celUl dl1.fl'ançais.
local et
11° Jeux et divertissements publics ayant un cal~actere de
pél'iodicité régulière et se l'attachant à des coutumes anciennes,
ou prOfanes.
religieusés
12° Origine, commerce et préparation des aliments usités
avant le XVIIe siècle.

13° Etudier quels ont été les noms de baptême USités suivant
les époques dans une localité ou dans une région; en donner,
autant que possible, la.for'me exacte et rechercher quelles peu-
vent avoil' été l'origine et la cause de La vogue plus ou moins
longue.
14° He<:ueillir les témoignages relatifs aux-eaux thermales
arrtér'ieurement au XVIIe siècle.
15° Les anciens ateliers ,typographiques en France.
16° Etudiel' l'or'igine et les variations des circonscriptions
les diverses régions de la Fl'ance jusqu'au
administratives dans
XVIe siècle.
17° Rechercbes l'elati ves au théâtre et aux comédiens dp

province depuis la Renaissance.

_. XCVnf . _
18° Transport des correspondances et transmission des nou­
velles avant le règne de Louis XIV.
IL SECTION D' ARCHÉOLOGI E,
r Signaler les inventaires des collections particulières
d'objets antiques, statues, bas-reliefs, monnaies, formées en
province du XVl'e au XVIIIe siècle. .
2° 1 ndiquer, pour chaque région de la Gaule, les sarcopha-

ges ou fragments de sarcophages païens' 0 1 chrétiens non
encore signalés. En éluclier les sujets, rechercher les données
historiques et les légendes qui s'y rattachent.
3° Signaler les nouvelles découvertes de bornes milliaires
ou les constatations de chaussées antiques qui peuvent servir
à détel'rniner le tracé des voies romaines en Gaule ou en
Afrique.
4° Étudier dans une région déterminée de l'Afrique le::; édi­
fice~ antiques tels que arcs de triomphes, temples, théâtres,
cirques.., portes de ville, tombeaux monumentaux, aqueducs,
ponts, basiliques, etc., et dresser le plan des ruines romèlines
les plus intéressantes.
5° Signaler les actes notariés du XIVe au XVIe siècle contenant
~les ronseignernents sllr la biographie èles artistes, et partictl­
lièrernent les marchés relatifs aux peintures, sculptures et
autres CBnv l'es d'art commmandées soit par des particuliers,
soit par des municipalités ou des communautés,
6° Signaler les objets antiques conservé~ dans les musées de
province et qui sont d'origine étrangère à la règion Oll ces
musées se trouvent.
7° Étudier les caractères qui distinguent les diverses écoles
d'architecture religieuse à J'époque romane en s'attachant à
mettre en relief les éléments constitutifs des monuments (plans,
voûtes, etc.).
8° Rechercher dans chaque département 011 arrondissement
lesmonument.sdel'architecture militaire en France aux diverses

XCIX
époques du moyen âge. Signaler les documents bistol'iques
qui peu vent servir à en déterminer la date.
9° Signaler les constmctions l'males élevées pat' les abbayes .
ou les particuliers, telles que granges, moulins, étables, colom­
biel.'s. En donner autant que possible les coures et plans.
10° Indiquer les tissus anciens, les tapisseries et les brode­
dans les trésors des églises, dans les anciens
ries qui existent
hôpitaux et dans les musées. .
11° Signaler dans chaque région de la France les centres de
fabrication del'odèvrerie pendant le moyen âge. Indiquer les
caractères et tout spécialement les marques et poinçons qui
permettent de distinguer leurs produits.
12° Incl iq uer des pa vages on cles carreaux à inscriptions
inédits.
13° Recllercher les Cf'ntres de fabrication de la céramique
Signalel' les endroits Oll cette' industrie
dans la Gaule antique.
s'est perpétuée depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. .
14° Rechercher les traces de la fèl.brication du verre en Gaule.
Ind iqner à quelle époque elle peut remonter .
15° Etudier au point de vue de la langue, de la prosodie et
de l'histoiee les inscriptions métl'Îqlles de la Gaule .
1Ro Etudier clans les Acta Sanctorum parmi les biographies
des Saints d'une l'égion de la FI':~ncc ce qui peut servir à l'his
toire de l'art dans cette région. .
Ill. . SECTION DE GÉOGRAPHIE HISTORIQUE ET DESCRIPTIVE.
1 Anciennes démarcations des diocè:3es et des cités de la

Gaule conservés jus4u'aux: temps modernes.
2° Déterminer les limites d'une ou de plusieurs anciennes

pl'Ovinces françaises en 1789.
3° Signaler les documents géographiques curieux (textes et.
cartes man uscri ts) qui peu ven t exister dans les bibliotbèq ues
publiques et les .archives ::les département et des communes.
- Inventorier les cartes locales manuscrites et imprimées.

4° Biographie des anciens voyageurs'et géographes français.
5° De l'habitat en France, c'est-à-dire du mode de répartition
dans chaque contrée des habitatious formant les bourgs, les
villages et les hameaux. Dispositions particulières des
d'habitation, des fermes, des granges, etc. Origine et
locaux
raison d'êt.re de ces di~positions. Altitude maximUm des
cen I.l'es habités.
6° Teacer sur Ul1ecarte les 'Iimites des différents pays (Brie,
Beauce, Morvan. Sologne etc.), d'après les coutumes, Je
langage et l'opinion traditionnelle des habitants. Indiquer
les causes de ces divisions (natLll'e du sol, ligne de partage
des eaux, etc.). .
7° Compléter la nomenclature des noms de lieux, en relevant
les noms donnés par les habitants d'une cont.rée aux di vers
accidents du sol (montagnes, cols, vallée~, etc.)et qui ne figu­
rent pas sur nos cartes.
8° Dre~ser la cart.e d'une localité d'une portion du territoire
français dont les noms présentent une terminaison caractéris­
que ac, oz, ville, court, etc .
tique, tels
go Chercher le sens et l'origine de cei'taines appellations
communes à ues accidents du sol et de même nature (cours
d'eau, pics, sommets, cols, etc.).

10 Etudier les modifications anc.iennes et actuelles du litroral
de la France.
11 ° Chercher les preu ves du mou vement du sol, à l'intérieur
cll] continent, depuis l'époque h istoriq ue ; traditions locales ou
obsel'\:ations directes.
12° Sign'aler les changements survenus dans la topographie
d'une contrée depuis une époque relativement récente ou ne
remontant pas au delà de la période historique, tels que ·:
déplacements des ·cours d'eau, brllsques ou lents; apports ou
. Cl'eusement dus aux cours d'eau; modifications de~ versants,
recul des crêtes, abaissement des sommets sous l~influence des
agents atmosphériques; changements dans le régime des
sou rces, etc. .
Forêts, maraIs, èultllres et faunes disparlls .

LES MONUMENTS MÉGALrrI UES A MADAGASCAR,

(PAR LE R. P. BIlUGÈIlE. )

Culte des morts.

. En nous rendant à la prochaine station: nous rencont('ons
un c.adavre, puis deux,' puis trois, une dizaine. Ce sont les
Fianarana ou des environs, que l'on
morts de Mananjari, de
à l'Imerina. C'est un usage antique. Comme les Juifs,
porte
les Malgaches veulent dormir près de leurs pères. Ils le
leur refuser,
demandent, ils l'exigent de leurs héritiers. Le
ce serait les rendre malheureux et les vouer à un déshonneur
éternel; personne ne l'oserait de peur d'être payé de retour.
Aussi les parents s'empressent-ils d'accomplir ce pieux
là chose est possible. Il faudra beaucoup d'argent,
usage, si
de temps, de fatigue pour rapporter le cadavre d'une terre
lointaine. N'importe, ce devoir sera rempli fidèlemeHt, un
jour ou l'autre.
On ira donc recueillir les ossements du défunt, non pas
tous, mais les .tavlambabo ou huit os principaux qui composent
la charpente humaine; on les enveloppera dans un lamba de
soie rouge; le tout sera mis dans une petite caisse couverte
d'une étoffe plus ou moins précieuse qu'e l'on confiera à deux
et que l'on suivra à pied ou enfilanjana.
ou quatre porteurs,
Pendant la nuit, ces restes précieux seront déposés sur une
ad hoc où des gar-­natte bien propre sous une tente dressée
diens se succéderont san relâche. Quand ils seront parvenus
à leur village natal, on convoquera, pour leur faire honneur,
la famille, le village tout entier ,et
les parents, les amis de
même les villages environnants: on tuera un ou plusi~urs
bœufs, suivant la richesse du défunt, et, au bruit des'chants ~

des f1ùtes et des tambours, on les déposera dans le tombeau.
sur un lit de pierre, auprès des parents qui y reposellt dèjà .

C'est ce même esprit de piété filiale, rehaussé de sentiments
chrétiens, qui a inspiré, l'année dernière, aux habitants
d'Ambositra, la résolution d'aller chercher à Mananjary les
corps de leur vénéré Père de Batz et du Frère Brutail, morts
victimes de l'expulsion de 1883, et de les apporter à Tana-
narive, pour que nous les déposions avec honneur dans le
tombeau dé notl'e famille religieuse, à Ambohipo, notre
maison de campagne. Le gouvernement français Cl également
et fort judicieusement répondu à ce sentiment en renvoyant
au tombeau de ses pères les restes du jeune Louis Rasamizafy ,
un des deux élèves Malgaches de l'école d'Alais, mort comme·
un saint le 30 mai dernier .
Les pierres debout. - Les tombeaux . .
Deux choses surtout ont surpris mes regards: les vato
laby ou Dato mitsangana (les pierres debout) et la situation
et la forme des tombeaux betsileos. Pendant que nous

cheminons vers Ikangara, un mot sur les lunes et les autres.

1 Les vato laby ou vato mitsangana sont cl' énol'mes blocs
de pierre, parfois bruLs, autrefois surtout, aujourd'hui plus
généralement équarris, mesurant 011160 environ de largeur sur
011130 d'épaisseur, èt 3, 4 ou 5 mètres de hauteur et fichés eu
terre par une extrémité. Leur base est protégée par un carre­
lage de pierres plates de forme carrée et n'ayant pas plus d'un .
mètre de largeur tout autour. Un cadre en bois et parfois en
fer, armé de pointes qui portent des cornes de bœuf, couronne
leur sommet. Il est curieux de voir se dresser partout daus les
vallons, mais plus ordinairement sur les montagnes, ces
géants immobiles, qui semblent n'être là que pour indiquer au
voyageur lequel de ces nombreux sentiers tracés par les piétons
il doit prendre pour arriver à destination; il n'en est rien. Telle
pierre est un orimbuto, le signe d'une convention, d'un pacte,

_. CUI
d'un traité entre deux individus, deux familles, deux tribus ,
c'estla pièce notariée qui constate ce pacte et le COllsacre (1).
Telle autre n'est qu'une borne, un dieu terme qui limite une
. possession. Celle-ci est élevée pour rappeler et perpétuer
le souvenir d'un mort illustre ou même d'un simple mort
dout les ossements n'ont pu être retrouvés. Celle-là est le
témoignage, pour l'avenir de possessions acquises, d'une
richesse reconnue ou d'une grande joie de famille.

. Au jour de l'érection de cette pierre, toute la caste, tous
les féaux, du moins, du menakely (seigneurie) ont été convo­
qués; un lcabarIJ a été fait par le chef pour en expliquer le
but, pour les prendre à témoin; puis un bœuf est immolé à
Zanabary (à Dieu créateur) et aux ancêtres et une prière de
reconnaissance et de demande de préservation leur est
adressée en commun. Le bœuf ou les bœufs, si le propriétaire

est généreux, sont dépecés et distribués au peuple, qui
continue par des danses, des chants et parfois d'abondantes
libations de rhum, à se réjouir jusqu'au soir. Tel est le
cérémonial de ces érections, tels sont les différents buts de
ces singuliers et nombreux monolithes. Une plus haute
pensée, cependant, ce me semble, s'en dégage. Pourquoi ces
pierres érigées comme témoiüs, aujourd'hui surtout que,
grâce à la civilisation, nous jouissons de l'éc~ituI'e et du
papiér timbré, siuon parce que les Malgaches y voient,
inconsciemment ou non, un gag'e et un symbole d'incorrup­

tibilité et de pérennité?
2° Les tombeaux. Il y aurait beaucoup à dire sur ce
sujet; mais je vais me borner aux tombeaux betsiléos.
Comme les Hovas, les Betsiléos dépensent à la. construction
de leurs tombeaux beaucoup de temps et beaucoup d'argent,
et c'est là la principale préoccupation de leur vie. Néanmoins,
(1) C'est un monument de cOlltrat; ceci rappelle les pierres plantées pal'
Abraham et Jacob.

. . CJV -

ces constructions diffèrent essentiellement les unes des
autl'es. Les tombeaux hoyas forment des sortes de mausolées
dont quatre grosses pierres, disposées en cal'l'é et recouvertes
d'une cinquième, constituent le corps principal, tandis que
quatre ou six autres pierres plates équarries et moins grandes
forment les bancs ou les lits. Ceux des Betsiléos, au contraire,
ne sont.que des trous très profonds au-dessus desquels ils
carré plein, sans ciment ni mortier, une infinité
placent en

pierr.es plates. Le Boy·a couche ses morts, respec­
de p.etites
tueusement enveloppés de lambas, SUl' les· lits de pierre, les
à côté des autres. Le Betsiléo les précipite au fond du
uns
trou. Le premier entre dans son tombeau pal' une porte en
pierre roulant sur des gonds taillés dans la masse; le second
y pénètre par une tranchée d'e huit à dix mètres de long
creusée s'Ur la pente. Car le ·Bet.siléo place son tombeau loin
des demeur.es, sur un sommet ou même sur un rocher
abrupt; tandis que l~ Hova aime à constl'uire le sien ù
quelques pas du lieu de son séjour, si c'est possible; en
sorte qu'il est des villages dans l'Imérina, où les habitations

se confondent avec les tombeaux.
sont les différences principales qui caractérisent
Telles
ces d~ux constructions, pour tous si importantes .. ; ........... .
(Extrait des Annales des Missions.)

Séance du 28 novembre 1889.
lPrésidence de M. le Vicomte Hersart de LA VILLEMA~QUÉJ
Membre de l'In~titut.

:présents : MM. LUZEL, HARDOUIN, JONES,
DE BECOURT, ABGRALL, PEYRON, LE MAIGRE,
MALLEN, Baro.n DU FRETAY,SERRETet DE BLOIS.

Ouvrages reçus depuis la dernière réunio.n et dépo.sés
,dans la biblio.thèque de la So.ciété :

1 Bulletin de la Société archéologïque de Bordeaux,
t. XIII.
2 Bulletin de l'Académie d'Hippone, ~os 23 et 2,1.
3 Journal des Savants, livraiso.ns de septembre et
-octo.bre 1889.
Le pro.cès-verbal de la dernière séan.ce est lu et
-ado.pté; 'après qu' o.n y a signalé une o.missio.n au sujet

·des Jeux populaires en Bretagne au ..yVle siècle.
le Président rappelle ensùite une dispo.sitio.n

très sage du règlement qui soun1et à l'examen du
bureau les Mémo.ires dont les auteurs se proposent de
-éto.nner lecture en séance. Ce,tte me.sure préalable,
,sans être tombée en désuétude, n'a pas to.ujo.urs été
o.bservée et ' o.n s'est plaint, avec juste raison, des
inconvénients qui en sont résultés.
Une autre o.bservation généralë tro.uvera encore ic.i
sa place: L'insertio.n d'un Mémoire dans le Bulletin
de la Société, ne rend pas celle-ci solidaire des opi­
nio.ns émises par l'auteur. Chacun des membres, en
effet, garde son indépendance et jo.uit ,de l'irrespo.nsa­
.bili-té la plus co.mplète pour toutes les opinio.ns qui
n'émanent pas de lui o.U auxquelles il n'a pas fo.rmel­
lement donné ~on adhésio.n .

- CVI " .

Dans un travail de longue haleine, M . . le baron
Ha]na du Fretay a soulevé des questions très ·contro-·
versées et essayé de lllontrer la solution des problèmes.
les plus ardus que l'on rencontre dans l'éttlde des âge~,'
préhistoriques. L'ardëur' de · ses con-yictions a-t-elle
pénétré ses auditeurs, ' c'est chose douteuse. Mais, en
tout cas, si les déductions tirées de nombreux faits·
semblent néanmoins contestables, l'importance des.

fouilles opérées ' par notre confrère et la variété eles
objets recueillis par ses soins ne perdent .1'ien de leur' .
On apprendra donc avec plaisir que M. le baron
prix.
du Fretay a promis de résumer dans un rapport com­
plén1entaire les détails très intérèssants de ses princi­
pales explorations. Dans cl 'autres assemblées, MM.
Cathaillac et de Nadaillac ont indiqué avec l'autorité
qui s'attache à leurs ouvrages, Ifjs eriseignements
nouveaux que la sèience ' moderrie pouvait tirer de:

l'étude des sépultures pour l'histoire des premiers âges

de l'humanité.
J..\f. le baron ' clu Fretay . remercie l\L le Président
des sympathies qui lui sont exprimées et répond

ensuite à plusieurs objections présentées par MM.
de Blois. HardouÏl1 et de I3écourt.

At. Son·ot reprend la lecture d'un Mémoire de M.
Trévédy sur les jeux militàires en Bretagne, et parti-

culièrement sur les papega·Ults. Notre honorable vice-
Président a mis a pro'fit les recherchés de ses devan­
ciers et les a très heureusement complétées. Les sociétés
de tir ,qui sont deveriues en faveur depuis la . néfaste '
guerre de 1870, ont remplacé lés compag'nies bour­
geoises d'arbalétriers disparues à' la fin du XVIIIe
siècle. Il est vrai de dire en considérant l'origine des
unes et des autres que les mêmes causes produisent

les mêmes effets. La plupart des historiens s'accorde
à attribuer : le désastre de Crécy à la supériorité d~s :

CVIT "-

-archers Anglais et Gallois. Emu de cet état .de choses.
le roi Charles V, pourvut. par une ordonnance, à la
formation dans toutes les bonnes villes du royaum'e
d'arbalétriers et attribua de
de compagnies franches
fortes récompenses aux plus habiles tireurs.
Nos archives départementales conservent quelqües
titres curieux indiquant spécialement l'organisation de '
la compagnie de Quimper, le nombre, le rôle ct les
Bes officiers. A la fin du' XVIiIe siècle le
privilèges de
roi du papegault touchait à Quimper plus de 800 fcancs
d'émoluments.
A Carhaix, le jeu était moins bien rétribué, mais en
revanche les dignitaires de la Société se décoraient des
titres les plus pompeux. L'amour-propre ne dédaignait
certainement pas une appellation aussi ronflante que
celle de connétable du papegault ch: Carhaix puisqu'en
1770 la Société comptait encore plus de 150 membres.
Louis XV supprïrna ' enfin ces jeux et consacra le prix
d~ ces divertissements populaires à l'entretien des
enfants abandonnés. . '
Sur la proposition de plusie1lrs membres, la Société
décide J1impressiol1 d'une partie de ce mémoire.
M. le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts presse "la SOciété de s'occuper activement de
l'inventaire et de la description des monuments anciens
du Finistère : le répertoire archéologique et le diction­
naire topog1'aphique du département étant toujours
en souffrance. A cette occasion M. le Président regTette
que les efforts de la commission chargée de ce travail
aient été mal secondés. Ai. Serret constate: qu'en effet
un fort petit nombre de correspondants se sont assujettis
à remplir le long questionnaire qui leur avait été
adressé.
M. de Blois ne s'étonne pas de cet insuccès. Il croit
qu'on obtiendrait un meilleur résultat par la division

. . Cl V _.

ces constructions diffèrent essentiellement les unes des

autl'es. Les tombeaux hovas forment des sortes de mausolées
dont quatre·grossespierres, disposées en carré et recouvertes
d'une cinquième, constituent le corps principal, tandis que
quatre ou six autres pierres plates équarries et moins grandes
forment les bancs ou les lits. Ceux des Betsiléos, au contrajre~

ne sont que des trous très profonds au-dessus desquels ils
carré plein, sans ciment ni mortier, une infinité
placent en
de p.etites pierres plates. Le Hova couche ses morts, respec­
tueusement enveloppés de lambas, SUl' les·lîts de pierre, les
uns à côté des autres, Le Betsiléo les précipite au fond du
trou. Le premier entre dans son tombeau par une porte en
pierre roulant sur des gonds taillés dans· la masse; le second
y pénètre par une tranchée de huit à dix mètres de long
creusée sur la pente. Car le Betsiléo place son tombeau loin
des demeur.es, sur un sommet ou même sur un rochel'
abrupt; tandis que l~ Hova aime à construire le sien ù
quelques pas du lieu de son séjour, si c'est possible; en
sorte qu'il est des vil1ages dans l'Imérina, où les habitations

avec les tombeaux.
se confondent
sont les difl'érences principales qui caractérisent
Telles
ces deux constr.uctions, pour totis si importantes .. :.,., ....... .

(Extrait des Annales des Missions.)

Séance du 28 novembre 1889.

iPrésidence de M. le Vicomte Hersart de LA VILLEMA~QUÉ,
Membre de l'Institut.
Présents; MM. LUZEL, HARDOUIN. JONES'
DE BECOURT, ABGHALL, PEYRON, LE MAIGRE,
MALLEN, Baron DU FRETAY, SERRET et DE BLOIS.

Ouvrages reçus depui,s la dernière réunion et déposés
,dans la bibliothèque de la Société;

1 Bulletin de la Société archéologïque de Bord.ea.vx,
tô XIII.
2 Bulletin d.e l'Académie d'IIippone, ~os 23 et 2· 1-
3 Journal des Savants, livraisons de septembre et
-octobre 1889.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et
'adopté;'après qu'on y a signalé une omission au sujet
,des Jeux populaires en Breta.gne au % VIe siècle.
M. le Président rappelle ensuite une disposition
très sage du règlement qui soumet à l'examen du
bureau les Mémoires dont les auteurs se proposent de
{{onner lecture en séance. Ce,tte, me.sure préalable,
,:sans être tombée en désuétude, l)'a pas toujours été
et ' on s'est plaint, avec juste raison, des
observée
inconvénients qui en sont résulté,s.
Une autre observation généralë trouvera encore ici
sa place; L'insertion d'un Mémoire dans le Bulletin
de la Société, ne rend pas celle-ci solidaire des opi­
émises par l'auteur. Chacun des membres, en
nions
effet, garde son indépendance et jouit ,de l'irresponsa­
bilité la plus complète pour toutes les opinions qui
n'émanent pas de lui ou auxquelles il n'a pas formel­
lement do.nné 8,on adhésion .

- CVI _.
Dans un travail de longue haleine, 1\1 . . le baron

I-Ialna du Fretay a soulevé des questions très 'contro-
versées et essayé de montror la solution des problèmes.
les plus ardus que l'on rencontre dans l'étude des ~ge~ '
préhistoriques. L'arclèur' de · ses conx:ictions a-t~elle

pénétré ses auditeurs, ' c'est chose douteuse. Mais, en
tout cas, si les déductions tirées de nombreux faits,

semblent néanmoins contestables, l'importance des.

fouilles opérées ' par ' notre confrère et la variété (les
par ses soins ne perdent rien de leur , ,
objets recueillis
prix. On apprendra donc avec plaisir que M. le baron
du Fretay a pron1is de résumer dans un rapport com­
plén1entaire les détails très intéressants de ses princi­
pales explorations. Dans d'autres assemblées, MM .
Cathaillac et de Nadaillac ont indiqué avec l'autorité
qui s'attache à leurs ouvrages, lBS eriseignen1ents
nou veaux ,que la science ' moderne pouvait tirer de'
l'étude des sépultures pour l'histoire des premiers âges,
de l'humanité.

M. le baron ' du Fretay remercie M. le Président
des sympathies qui lui sont exprimées et répond

ensuite à plusieurs objections présentées par MM.

de Blois. Hardouïn et de Décourt.

AI. SG1Tet reprend la lecture d'un Mémoire de M.

Trévédysur les jeux 'lnilitàires en Bre'tagne, et parti-

culièrement sur les papega'ults. Notre honorable vice-
Président a mis a pro'fit les recherches de ses devan:­
ciers et les a très heureus81nent complétées. Les sociétés
de tir ,qui 'sont deveriues en faveur depuis la , néfaste '
guerre de 1870, ont remplacé lës compagnies bour­
geoises d'arbalétriers disparues à' la fin du XVIIIe
siècle. Il est vrai de dire en considérant l'origine des
unes et des autres que les mêmes causes produisent
les mêmes èffets. La plupart des historiens s'accorde
à attribuer : le désastre de Crécy à la supériorité d~:; "

- CVIT·· .

-archers Anglais et Gallois. Emu de cet étatd~ choses.
le roi Charles V, pourvut par une ordonnance, à la
. formation clans toutes les bonnes villes du royaum'e
de compagnies franches d'arbalétriers et attribua de
fortes récompenses aux plus habiles tireurs.
Nos archives départementales conservent quelqnes
titres curieux indiquant spécialement l'organisation de ·

la compagnie de Quimper, le nombre, le rôle Bt les
privilèges de Bes officiers. A la fin du' XV Il le siècle le
roi du papegault touchait à Quimper plus de 800 franés
d'émoluments.
A Carhaix, le jeu était lnoins bien rét.ribué, mais en

revanche les dignitaires de la Société se décoraient des
titres les plus pompeux. L'amour-propre ne dédaignait
certainement pas une appellation aussi ronflante que
celle de connétable du papegault cl(l Carhaix puisqu'en
1770 la Société comptait encore plus de 150 membres.
Louis XV supprïma · enfin ces jeux et consacra le prix
d0 ces Ji vertissmuents · populaires à l'entretien des
enfants abandonnés. . .
Sur la proposition de plusie'lrs membres, la Société
décide l'impression d'une partie de ce mémoire ..

M. le ministre de l'Instruction publique et des Beaux­
Arts presse 'la Sô'ciété de ·s'occuper activement de
l'inventaire et de la description des monuments anciens
du Finistère: le répertoire 8.1'chéologique et le diction­
naire topographique du département étant toujours
en souffrance. A cette occasi"on M. le Président re~2,Tette
que les efforts de la commission chargée de ce travail
aient été mal secondés. j\1.. Sen'et constate: qu: en effet
un fort petit nombre de correspondants se sont assujettis
à remplir le long questionnaire qui leur avait été
adressé.
M. de Blois ne s'étonne pas de cet insuccès. Il croit
qu'on obtiendrait un meilleur résultat par la division

- cvnI'-

tra'vail, c'est-à-cIire en Iünitant r enquête à un seul
nton et-en'lwenant pour base de ce travail successif
: indications contenues dans le dictio.nnaire d'Ogée
ur chaque COffilnune et en'les complètant suivant les
nnées du modèle officiel. '
Ce mode de procéder est appuyé par plusieurs
~mbres. J.f. le Préside.nt, désigne le canton de
limper comme objet d'étude pour les prochaines '
!lnces.
M. de Blois est invité à lire les premiers chapitres
la vie inédite de Saint-Goulven, publiée et traduite
.i' le R. ' P. dOln Plaine de l'ordre de Saint-Benoît.
auteur anonyme de èette vie écrivait vers le IX~
acle, s'il n'a pas , été contemporain des faits qu'il
pporte~ il déclare du moins avoir puisé son récit dans
~s titres antérieurs. Aussi sa sincérité mérite-t-elle
le entière confiance. On ne connaît pas d'autre copie
~ cet ouvrage que celle qui existe à la bibliothèque
ttionale, collection des Blancs manteaux. Le bulletin
lbliera seulen1ent la traduction française de la vie
~ ce saint Breton.
La séance est levée à 5 heures

Le Président,

HERSART DE LA VILLE MARQUE".

Le Secrétaire,
VtEt: DE BLOIS.

CIX -
Séance du 28 Décembre 1889 .

Présidence de M. le Vicomte Hersart de la VILLEMARQUÉ,
membre ' de l'Institut.

Etaient présents: MM. LUZEL, BIGOT, JENKYN
JONES, MALEN, DIVERRES, HARDOUIN, l'abbé
PEYRON, VESCO, SERRET.
Ouvrages donnés à la bibliothèque de la Société :
Bulletin archéologique du Comité des h"a-raux
historiques, année 1889, n° 2.
Bulletin de la Société académique de Brest,
4 série, tome XIV, 1888-89.
Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la

séance précédente.
M. le Conseiller rlardoüin signale quelques fautes .
d'impression dont la rectiflcation fera l'objet d'une
note au présent procès-verbal. (1)
Présentation de M. l'abbé Stéphan, aumônier des
Ursulines à Quimperlé, par · MM. de la Villemarqué et
l'Abbé Peyron.
M. de la Villemarqué prend la parole et remercie
tous ses collègues du concours actif qu'ils lui ont ap­
por-té pour le · développement et la prospérité de notre
(1) Errata. Le tirage de la feuille 24 (p. 369 et s.) des Mémoires
ayant accidentellement eu lieu par substitntion d'une épreuve non t'evu~
à l'épreuve revue, les rectifications suivantes sont à faire, savoir:
Page 369, ligne Zle, d au lieu de l .

. Page 371, ligne IZe, supprimer de, et à la 30 la virgule.
Page 372, ligne 31 e, substituer u à n dans le gc mot.
Oc, mot ch à cft.
Page 373, ligne 1
Même page (note 2), Du Bouetiez au lieu de Du 80uet.
Page 375, 30 ligne, ou au lieu de on. .

Société. Grâce à la persistance d'un de nos confrère~
et aux travaux qu'elle a publiés, notre Société a été
reconnue d'utilité publique. M. de la Borderie, un de nos
plus zélés collaborateurs, vient d'être nommé membre de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Le Cartu-

laire de Landévennec, publié par lui, pour notre

Société, a été remarqué dans le monde savant. Le
manuscrit va être rendu à la bibliothèque de la ville
de Quimper et l'introduction paraîtra prochainement.
M. LlI,zel, continue JYJ. le Président, a publié le "
Mystère de Saint-Gwénolé, qui se joue encore, et ce
qui fait le prix de cette publication c'est qu'elle a été
faite sur un exemplaire, écho moderne de l'édition de

1580 qui ne se retrouve plus.
Ne pouvant donner la liste complète des mémoires
et des notices lues dans nos séances, M. de la Ville­
marqué cite plus particulièrement la Fondation de
l'Abbaye de Ketlot par M. l'abbé Peyron, Le Cloé11~ec
breton de M. Lebraz,; la traduction de la Vie inédite
de saint Ronan, par dom- Plaine.

1\/. le conseiller Hardoüi'(l.,comme doyen d'âg:e et
l'un des vice-présidents" réClame et obtient .la parole.
Au nom de chacun des membres de la Société présents
ou absents, il remercie, non sans émotion, notre tant
dévoué et honoré Président des vœux qu'il a bien
/Voulu exprimer avec la cordialité, à la fDis la plus
spirituelle et la plus touchante. Toute réci.procité lui
était d'avance assurée. ,C'est cordialement que la
Société, à son tour, adresse ses souh~its à son Prési­
dent. Elle espère le réélire ad multos annos. Les
deux événements que M. le Président vient de rap-

_. eXI -,
peler et dont la Société ne saurait assez se féliciter,
ont rendu exceptionnellement favor.able l'année qui

va finir et la présidence de M. le vicomte Hersart de
la Villemarqu·é. La reconnaissance légale de la Société
est un fait accompli depuis le 20 mars dernier. Tout
récemment, l'Académie des Inscriptions et Belles­
Lettres a élu comme membre libre l'un de sès corres­
pondants et tout ensemble de nos savants de Bretagne

les plus émineats, 1\1 . . de la Bor.derie, à qui notre
Société est redevable de la publication intégrale et
depuis si longtemps désirée du Cartulaire de Landé-
vennec.
Sur la proposition de Al. Jenkin Jones, les membres
de la Société adressent leurs félicitations à M. de la
Borderie pour sa récente nomination.
1\1. l'abbé 'Peyron communique le manuscrit de
Saint-Vougay, qui avait été envoyé à Pàris par Mgr
La Marche pour être relié et restauré. Ce manuscrit
qui renferme quarante-sept feuillets est le plus' ancien
livre liturgique de la Bretagne; il serait du XIe
siècle; il a été étudié et décrit par dom Plaine . dans
la Revue de l'Art Chrétien, 2e série, tome VI, et
dans la Vie des Saints de Bretagne-A rrnorique
d'Albert Le Grand, rééditée par M. Miorcec de Kerdanet ·
(page 298 Brest 1837).
M. Jones signale la publication par héliogravure d'un "-.
manuscrit grec (oncial) du Nouveau Testaluent, appelé
le Codex Vaticanus. Son ancienneté (4 siècle) lui
donne une importance particulière aux yeux des cri­
tiques bibliques, qui attendaient impatiemment sa
mise au jour. Avant la déèouverte par le Dr 'Tischen-

eXIl -

dorf du Codex Sinaïticus, au eouvent du Mont-Sinaï,
était le seul Ms du 4 siècle. L'abbé Co~za-Luzi

en donne une édition qui fait l'admiration de tous; le
est de 400 fran cs .
pri x
M. l'abbé Peyron comluence la lecture de notes
très instructives de 1\[. Bigot relatives à la cathédrale
de Quimper. . .
M. l\lalen lit ensuite une lettre de M. Rodallec, où
sont donnés des détails et des renseignements sur

les lutteurs actuels de Scaër . .
Ces lectures sont éeoutées avec le plus vif intérêt.
~1. Serret,. pour terminer la séance, donne lecture
du commencement du répertoire archéologique du
Fihistère relatif à l'arrondissement de Quimper.
La séance est levée à 4 heures 1/2 .

Le Président,
HERSART DE LA VILLEMARQUE .
Le Secrétaire,
A. SERRET .