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Bulletin SAF 1888


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Notice sur la commune de Spézet

M. Diverrès

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XIX.
NOTICE
SUR LA COMMUNE DE SPEZET .
La commune de Spezet, située dans le canton de Carhaix, .
arrondissement de Châteaulin, département du Finistèt'e,
offre \lne superficie de 6,063 hectaœs et a une population
d'environ 3,060 habitants. Son église paroissiale, sous le
vocable de saint Pierre, est desservie par un recteur et deux
VICaIres.
(Dictionnaire historique et géographique de
Selon Ogée
Bretag ne, 1 ce éd it. tome IL p. 148), celte commune, alors con­
nue sous le nom de paroisse de Spézet, comptait, en 1770, 2,400
habitan ts et était bornée au nord par la rivière d'Aulne, et au
sud par les Montagnes-Noires.; ses terres étaient incu ltes
dans bien des parties, particulièrement dans les montagnes,
dont leso l, de mau vaise qualité, ne permetlait pas aux habitants
d'en tirer parti; les tenes n'étaien t réellement bonnes qu'au .
nord de la paroisse.
Comme l'on peut s'en rendre compte par cet apel'çu, Ogée
est tl'ès succin t, 100'sq u'il parle de ceLte commune.
Ayant eu la bonne fortune d'avoir entre les mains l'i n­
téressa nt tmvai! de notre regri'tté confrère M. Flagelle, travail
qu 'il intitule modestement: Notes archéologiques sur le
département du Finistère;
Ayant de plus, grâr.e à l'obligeance bien connue de M. l'A ,'­
cbiviste du département, eu communication d'un registre tenu
en 1779 par M. Causer, alors rec·teuf de cette paroisse, registre
. co ntenant de cUl'ieux C; c;l,,:i1s sur sa monographie, nous avons
cru devoir les résumer iei, pensant qu'ils pourraient offrir
quelq ue intérêt.
Voici comment s'exprime M. Flagelle relativement aux
monuments anciens de cette commune :
~ Près du village de l\el'vino, on voit deux dolmens. A

« Kerbasquet (au nord du bourg) est un ensemble de trois
CI. dolmens assez élevés et de trois plus petits; le tout en assez
« mauvais état de conservation. Près du village du Castel, on
oc voit une fortification située sur une éminence, et qui, selon
CI. toute apparence, est œuvre romaine.
« Camp à 200 mètres au nord de Trévily-Izela, sur le
ci point culminant, dominant l'Aulne. Ce camp, avec retran­
CI. chements en terre de 2 mètres de hauteur, a environ 150 à
« 180 mètres de l'est à l'ouest et 100 mètres du nord au sud;
« il est divisé en deux parties par un retranchement et l'on
• remarque dans l'intérieur des traces de substructions. »
M. l'abbé Caùser commence sa relation par une note sur
la révolte du papier timbré en Bretagne, révolte à laquelle les
habitants de Spézet avaient pris part en pillant et incendiant
château de Kergoat en Saint-Hernin, aidé des habitants des
voi~ines. Cette narration est suivie de la transac­
communes
Mgr de Coëtlogon, alors évêque de Cor­
tion passée entre
nouaille, agissant au nom des paroisses coupables, et messire
cl u sieur Trévigni, seigaeur de Kergoàt,
Henri Barin, curateur
dues pour les pertes causées par
relati vement aux indemnités
cet acte de vandalisme. Ces pièces ayant été données en 1878
dans le bulletin de la Société archéologique du Finistère,
par M. Le Men, notre regretté confrère, nous
p. 188 et suiv.,
de les transcrire ici de nouveau.
trouvons inutile
Comme nous l'avons dit plus haut, l'église paroissiale de
Spézet est sous le vocable de saint Pierre; elle fut consacrée
Mg,' de Plœuc, alors évêque de Cornouail)~, le 9 juillet
par
1719; M. Jacques Lamouroux étant recteur.
Cet édifice, commencé en 1709, coûta dix ans de travaux.
Cette église contenait 3 autels: le grand autel, l'autel de la
de Croix et l'autel de la Naissance de N. S. J. -Co
Descente
Au milieu du grand autel était un l'étable représentant
l' Assom ption de la Très-Sainte Vierge, et l'on voyait deux

anges agenouillés au tabernacle. A la droite du même autel
saint Piene, et à sa ga uche celle de saint
était la slatue de
Paul. Sur la grande vitre à droite était peinte l'image de la
Très-Sainte Vierge, et au-dessus se voy.aient les armes des du
Boisgal'in, qu i sont d'azur à 10 billettes d'or 4.3. 2.1.
A l'autel de la Descente de Croix, il y avait un l'étable
ntant la sainte Croix, et au coin du mur la slatue de
représe
saint André. _
A l'al1tel de la Naissance de N . S . J.-C., le l'étable répré­
sentait la Nati vité et au coin du mur se trouvait la statue de
sainte Marie- Magdeleine.
Hors l'église, au-dessus du portail, était la statue de saint
Pierre, patron de la paroisse.
La boiserie du chœu r de cette église, attribuée à un sieur
Flamant, scu lpteur, a été exéc ut.ée en 1750 ou 1752, du temps
de M . Du pays, recteur.
trois l'étables ont été peints pa r le sie'J r L'Hermitay en
Les
1755 et on t été placés du temps de M. Conan .
. Le lambri s a été coloré en bleu de Pl'Usse par le si euI'
Malpassc à la diligence de M. Cona n en 1757 ou 1758.
La balustrade et la chaire à prêcher ont été achetées vers
chaire a été faite pa r un sieur Liasse.
le même temps ; la
la fabrique était sans argent, M. Conan faisait des
QIJand
quêtes et parvenait ainsi à équilibrer son budget. .
L'église fut pavée en 1775, 1.:1. tou r chiqu etée en 1773, le
chœur rafraîchi en bleu de Prusse, en 1774.
Autou r de l'ég lise, COillme dans peesq ue toutes les paroisses
cl 11 Finistère, existait un cimetière.
lVlais nous quittons trop vite le temple pour entrer clans la
nécropole, et nous oub lions l'inscription qui se trouve SUI' le
peemier pillier à droite, et les cloches.
Voici l'inscription susdite telle qu'elle est écrite :
Anno millesimo septingentesimo Decimo nono, Die rionâ
mensis julii Dominus illustrissimus francise us Hyaeinthus

De Planu: episcopus et comes cornubiœ hanc ecclesiam
dedicavit et consecravit . .
L'église paroissial e de Spé7:et avait trois cloches; la grosse,
yenne et la peti te.
la mo
La grosse, anonyme, eut pou r parrain Messire Claude P errier
et ponr marra ine dame H,enée-Fran çoise de Kerl ec'b, seignen r et
dame du Méné, La cérémoni e fut faite en 1660 du temps de
Morvan, recteur,
Mre
La moyenne, anssi anonym e, ellt pour parrain Messire Alain
P errier et pou r manaine demoiselle Th érèse (le Kerl ec'h ; la
cérémonie fut faite en la même année 1660.
La pins petite cloche, a ppelée vulgairement la cloebe du
Rosaire, port e le nom de Mari e. Elle a en pour parrain
Messire Mamice du Perriel', seigneur de Saint-Gilles, et
pour mal'l'aine dame Marguerite Capitain e, dame de Muzillac.
La cérémonie fu t éga lement fa ite en 1660. Sur cette cloche, on
li~ait ces mots: Jacques L ouarn m'a faite .
Ontre le;; ornements ord inail'es, l'église de Spézet possédait
une lampe d'argent pt une Vierge aussi d'al'gent, dons de
Mme la comtesse de Roquefeuil du Boisgarin, plus trois cl'oix
de cuivre et une cl'Oix d'argent , snl' laqnelle on lisa it ces
paroles : Noble homme seigneur de Perrier, seigneL~r du
Boisgarin, a fait (lr], prés'3nte croix d'arg ent) au nom et
pour les p'lroissiens de Spezet, l'an 1534 .
Parmi les chape ll es qui se trou vent sur cette pal'ois"le, Notre­
Dame du Cran vient. sans contred it en première ligne.
El le avait ci nq autel s : le grand autel, l'autel Saint-JacfjlJes,
l'autel Saint-Laurent et deux autels anonymes .
Au grand antel, on voyait du côté de l'évangile la statue de
Notre-Dame-du-Cran et du côté de l'épître celle de la Sainte­
Trinité.
A l'autel Sain t-Jacques du côté de l'é\'angile la statlle de
Saint-El oi et du côté de l'épit.re celle de Saint-Jacq ues ,

A l'autel Saint-Laurent d~ côté de l'évangile la statue de
Saint-Laurent et du côté de l'épitre celle de Saint-Yves.
Elle avait et possède encore de très beaux viteeaux peints,
en très bon état de conservation, portant la date de 1548.
L'un de ces vitraux représente la mort de la Sainte-Vierge;
sur les genoux du Christ est a%i, un enfant nu . M. Lavallée,
a visité cette chapelle, a rendu compte de ce vilrail à notre
qui
Société, à la séance du 11 septembre 1817, et émis l'opinion
que cet enfant devait figurer l'âme de la .Sainte-Vierge.
Elle possédait aussi un reliquaire d'argent dans lequel etaient
renfermées plusieurs reliques, plus un grand chapelet composé
bruns qui avait la réputation d'être bon pour le mal
de grains
yeux; la fabrique était dans l'usage d'en prêter trois ou
des
quatre grains aux pel'sonnes qui avaient con6ance en ce cha­
pelet. On le prêtait gratuit.ement pour quinze jours, mais pas
plus.
Cette chapelle avait treize pardons par an . Le jour de la
Trinité (grand pardon), le JOUl' de la PUl'ilicatiou, le jour de
l'Annonciation, le j'Jur de l'Assomption, le jour de' la Nativité,
Conception, le lu ndi de Pâq ues, le jour de la petite
le jour de la
Saint-Marc, le lundi des Rogations, le
fête Dieu, le jour de
Sainte-Anne, le JOLll' de Saint-Etienne et tous les
jour de
samedis du Carême, excepté le premier et le dernier.
La cloche de Notre-Dame-du-Cran s'appelait Marie-Josèpbe­
parrain Messire Marc Duméné
Joachim-Anne. Elle eût pour
du Perrier, seigneur, vicomte de Pemeurit, et pour marraine
dame Julienne Ruclan, dame de la Vilmorel. La cérémonie
en 1683, du temps de M. Morvan, recteur. On lisait
fut faite
sur cette cloche ces mots: Robert Morvan, fabrique, Chris­
tophe BouZic, curé, Yves Guern, prêtre. Cette cbapelle avait
aussi son cimetière à l'entour.
VientensuÏie la chapelle Saint-Antoine qui contenait quatre
autels; celui de Saint-Antoine, l'autel du Rosaire, l'autel
Saint-Sébastien et un autel anonyme. .

L'autel Saint-Antoine avait deux statues, saint Antoine et
N otre-Dame-de-Pi tié_
Acelui du Rosaire, l'on voyait Notre-Dame-du-Rosaire et à ses
cÔtés un religieux et une religieuse agenouillés, à sa gauche est
debout Saint-Dominique et à sa droite un saint prêtre que l'on
croit être Saint-Mathul'in; dans le coin de cet autel à droite était
Sainte-Margnerite, en haut du mê:ne autel était encore la
Très-Sainte-Vierge accompagnée de deux saints, on y voyait
aussi-les al'mes d'un seignelll' in connu. Auprès de la grande
vitre se trouvait la statue de saint Pa ul.
L'a u tel de Saint-Sébastien portait la statue du sai nt et
n'avait d'autre usage que pour les enterrements survenant les
urs qu'oll faisait l'office dans celte chapelle.

En debors, au-clessus du pOl'tail, se trouvait la statue de
Saint-Antoine.
Nous n'avons rien trouvé sur les clocbes de celte chapelle.
Son grand pardon avait lieu le pl'emiel' dimanche de
septembre, puis, le 17 janvier jour de Saint-Antoine, fête de
dévotion, dIL l'abbé Cau se!', enfin le mardi de Pâques .
Sur le porlail de cette chapelle l'on voyait la date de .1561
. qui doit êlre celle de sa construction .
Nous n'avons aucun renseignement précis sur la chapelle
Saint-Adrien. La cloche ne portait aucune inseription. Il yen
avait autrefois deux, mais la pIns grande fut volé, elle s'appela,it
Marie, et elle fut bénite en 16iO, dll temps de M. Bouchard,
recteur, elle eu t pour pan'ain et marraine; nobles personne~,
Claude Guégan, seïgneur de Coet-Bihan, etc., et demoiselle
Marie Duperrier, fille de messire eL dame du Méné.
Cette chapelle a quatl'8 pardons: le Lundi de Pâques, à
. vêpres, où se donne le bouquet, le premier dimanche de mai,
le premier dimanche de juillet et le troisième dimanche de
septem bre . .
La chapelle Saint-Hudec avait ses pardons le . troisième
dimanche de juillet et le 2' dimancbe de septembre. La cloche

de cette chapelle ne portait que la date de son baptême (1644) .
du temps de M. Boucharrl, rect'lur. On voit encore qu'un
certain QuémE'mer était fabrique cette année.
La -chapelle Saint-Jean avait ses pardons le mardi des
Rogations, le jour, de la Saint-Jean d'été (24 juin ) et le di­
manche de la Saint-Jean d'hiver (27 décembre).
La cloche de cette chapelle, qui était anonyme, eut pOllr
parrain Jean Gaudere et pour marraine Marie Morvan. La
cérémonie fut fa ite en 1722, du tem ps de M. Jacques LamOll­
ecteur. Elle avait été refondu e aux frais dA ladite Marie
roux, r
Morvan.
La chapelle Sainte-Brigitte avait ses pardons le 1"" février,
le mercredi des Rogations, le dimanche de l'Octave de l'Ascen-

sIOn .
La cloche de Sainte-Brigitte était anonyme ; elle eut pour
panain écuyer Jean Fili, seigneur de Kerigou, et pour mar­
raine demoiselle Julienne Boutellier, dame de Roslan. La
1660, du temps de Mce Morvan, recteur.
cérémonie fut faite en
La chapelle Saint-Conogan avait ses pardons le jour de la
Quasimodo et le quatrième dimanche d'octobre. Cette chapelle
fut consacrée le 21 octobre IG91. Sa cloche s'appelait Marie ,'
elle eut pour parrain nob:e seigneur René de Kerler'h de la
Salle et pour marraine demoiselle Anne de Kerlec'h. La céré-
monie fut faite en 1640, du temps de Mre Bouchard, rec­
teur (1).
Le pardon de la chapel le Saint-Denis avait lieu le troisième
dimanche d'octobre . La cloche de cette chapelle ne porte que
la date de son baptême : 1681. Mce Morvan, recteur.
Il existait encore un autre pardon, dit pardon de Saint­
Gouesnou, à la fontaine dudit saint; mais ce n'était qu'une
assemblée sans aucun office. A u sujet de ce pardon, M re Causer
(1) Il semble résulter du rapprochement de ces deux dates que
l'église ne fut consacrée que longtemps après son achèvement.

ajou te u ne note curieuse que nous transcl'i l'ons en son entier:
« J'ai quelquefois tenté de lever une chapelle à Saint-Gouesnou,
.• et je ceois que j'eusse réussi; mais j'ai toüjours craint que le
« peuple ne s'adonnât aux jeux, aux divertissements, aux
« danses, à l'occasion de ce saint; et ,je crois ma crainte bien
« fondée, parce que j'ai vu de mes propres yeux que les pèlerins
« de Saint-Gouesnou le dé~bonorent par leur dissipation et leur
(, im modestie. »
Nous avouons franchement que nous ne comprenons pas
le scrupule de M"e Causer et comment le pélerinage
beaucoup
Saint-Gouesnou, plutôt que tout autre, excitait .à la dissi­
pation. Quoiqu'il en soit, l'église ne fut pas construite et le
de Saint-Gouesnou continua.
pardon
Il y avait aussi un grand nombl'e de croix sur la. commune
de Spézet. La croix de mission fut plantée en 1769, du temps
de M"· Duparc, recteur. M" " Conan, recteur, avait lègué 900 1.
pour cette œuvre ct Mr" Magon, seigneur de Boisgarin, fit
du christ, qui coûta 150 1., et du bois de la croix . Elle
présent
fut réparée en 1781 ; cette réparation coûta 60 1.
Il Y avait encore huit croix de piene, c'était la croix du
cimetière, la croix de Bodennec au bourg, la croix Agrès vers
du Cran, la croix' de Pen-Kerdrein, la cmix
Bodisel, la croix
de Kerzellec, la ceoix du Château-Spézet et la croix de Goas-
cadien, plus une croix de bois appelée la croix de Saint-Jean
et cinq autres de pierre : la croix de Kerhaliou-Huelaf, la
cro ix de Pont-Huel, la croix de Poullancerf et la croix de
Lisquidic.
Tels sont tOIl S les renseignements que nous avons pu
tmu ver sur celte commune et que nous a l'ons essayé de grouper .
Nous allions omettre qu'en septembre et octobre 1779 il yeut
àSpézet une épidémie de dyssenterie qui en leva environ cent.
. cinquante personnes. Il fut ordonn~ aux recleurs d'enterrer
immédiatement lp.s cadavres sans les faire entr.er dans l'ég lise,
crainte de la contagion, sous peine de 20 1. d'amende,

Il ne nous reste plus rien à dire, les notes raissees pal'
Mn l'abbé Canser s'arrêtant à cette époque. Nous aurions
peut-être pu fouJ'llir d'autres détails; mais ne connaissant pas
le pays, la chose nous a paru impossible. Nous terminons
avec l'espoir que parmi nos confrères quelqu'un pourra nous
eelairer sur les points restes obscurs dans notre récit et combler
s'y trouvent.
les lacunes qui
H. DIVERRES.