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XVI.
EXPLORA TlON
D'UN FOUR A POTERIE, EN GOUESNACH ( FINISTÈRE) 1886.
Le mon u men t don t je va is parler est situé à deu x ki lomètres
enl'iron du bourg de Gouesnach, dans la direction de l'Ouest.
Il donne SUl' la rivi ère de Quimper, à l'en trée d'une petite anse,
sur la falaise attenant à un champ cu ltivé du village de Kerragn, .
et en face du châteall de Kei'IJsien . Ce champ porte le n° 432,
section C, de la matrice cadaSf.J'al e, et la clénOl,lination de
Park-Aleou, c'est-à-d i re Champ-des-Allées.
Le terrain a u nord de ce champ, tel'l'élin partie vague et
partie solls lande(n 431 ), porte laclénomination de R!lc-Aleou,
c'est-il-dire la Pointe-des-Allées.
Voici une copie du pla n cadastral l'epl'oduisant le village et
le terrain en qneslÎon . (Fig. 1.)
Le monument se trouve ft peu près au sud du champ Park-
Aleo u, à l'endroit indiqué par une ligne rou ge.
I. Origine de la découverte. Ce monument donne sur
la rivière de Qll imper. Tou s les jours il passe du moncl e sur le
rivag~ . Néanmoins, personne ne soupçonnait l'existence de ce
monument. Au ssi sa déco!ll'e l'le a mis le pays en émoi. Voici
comment je su is alTil'é à découvrir le monument en question:
Le mardi de PâqLles, 27 avril 1886, je me promenais sur le
rivage. Comme je marchais lentement et examinais les diverses
pienes (galet,>, silex, quartz ... ) qui se ll'ouvaient sur mon
passa~e, j'aperçus un débri~ de brique. Surpris de la présence
en pareil endroit, je me mis à examiner le terrain
de bl'iques
et je reconnus bientôt d'ou elles pl'ovenaient: c'était de la
fal liise en fa ce. Dans la coupe du terrain, en effet, j'aperçus
des briques: les unes étaient déjà tombées et avaient roulé
dans la grève, les autres lenaient dans le sol; néanmoins, les
bords, exposés à l'air et à l'humidité, étliient friables .
C'est un ébou lement qui a mis à nu à peu pl'ès le quart du
monument; le reste a été emporté par l'ébou lement qui git
encore sur le ri vage .
A la première inspection, la terre brLllée, la ligne noire
qui n'était que cendre, - quelques débris de poterie que je pus
en le l'el' à l'aide de mon cou teau, les briq ues, placées de
champ et les autres posées à plat su r la cendre, me firem
d'abord cl'oil'e qu'il y avait eu là une sépulture par incinél'a
Aussi me suis-je contenlé de déplacer une seule brique
tion.
afin de permettl'e aux connaisseurs de pou voir se rendre mieux
compte du monument en question et j'en ai avisé le public en
.communiquant un petit article, à ce su jet, au joul'nal L 'Union
monarchique, qui l'a reproduit dans son numél'o du mercredi
:3 mai 1886 .
Voici l'aspect qlle présentait le terrain dès le prillcipe.
(Fig. 2.)
La lettre A désigne la surface du so l.
La lettre B désigne les briques posées su~ la cendre.
La lettre C dé'iigne la cendre.
La lettre D marque la terre bl'ùlée.
Les lettres E montrent les endroits où l'on l'emarquait des
briques ou des débris de briques:
Le monument se trouve situé à environ 1 50 au-dessus du
rivage de la mer.
II. Fouilles. - Le 7 mai, on y a fait des fouilles, et
voici ce que j'ai observé:
] 0 On a pratiqué une tranchée. Après avoir dépassé la terre
fran che, on a continué à Cl'euser dans le tuf.
2° A la base de la tranch ée, on a trouvé, d'un bout à l'au tre
du monument, de la terre brûlée ayant une épa i~seu'r val'iant
OmlO à Oml5. Cette terre est ronge et t.rès grasse. -- Les
pierres (comme ga lets, quartz ... ), trou vées dans cette partie
étaient rouges et calcinées.
3° Immédiatement all-desS IJs d0 ce1 tll iigne rouge) il y avait
une ligne noire variant de Om03 à 0 04 d'épaisseur. Dans cette
ligne noire, qui n'est que cendre, on a tl'ou~'é du charbon de
bois, des débris de petits vases d'une quantité incroyable, des
fr'agmen ts de gros vases ......
4° Au-dessus de la ligne noire, et reposant sllr la cendre, il
y avait parfois deux rangées, parfois trois et quatre rangées
même de briques superposées et parfaitement li 6es entre ell es .
5° Le monu ment a au moins 5 mèt.res de longueur.
On avait d'abord commencé pal' pratiquer uue tranchée à la
lettre E ( bis), ce qui avait pel'mis de su ivre la direction que
prenait le mon umeut.
Voici l'aspeût que présen lait le mon Il ment a pl'ès les pl'emières
es. (Fig. 8.)
fouill
Une seconde fouille y a été pratiquée le 13 mai. En creusant
dans la direction du champ ~Park-Aleou), c'est-à-dire vers le
Nord, j'ai déco uvert une sorte de porte ru stique. Les supports
de cette porte avaient lm de 101lguelll', le linteau avait 1 26 de
longueur, l'ouverture avait Om80 de largeur.
pierres, snpports et linteau, étaient fru stes. Elles avaient
Ces
été prises sur les lieux et mises en œuvre, telles que les four
çons de
nissait la stratification naturelle dn sol, par les ma
l'époque, qui se fiaient surtout à l'excellence de leurs ciments
la solidité à ces matériaux grossiers. On repour donner de
marquait, en effet, que ces supports, à leur base, avaient été
noyés dans uue mare de ciment pour les consolider. Cependant,
rt du côté Est (une pierre plate) ayant paru faible, on
le suppo
antre piel're plu,; forte pour lui servir ~e
y avait adapté une
con trefort.
Néanmoins, malgré cette préca Ulion, quand j'ai découvert
cette porle rustique, le support du côté Est s'était affaissé
en dedans r t était allé s'appuyer contre le support. Ouest qui
du support a dû avoir lieu
lui faisait face. Cette inclinaison
par la poussée des matériaux extérieurs donnant contre lui, ou
par suite du tl'avait de l'ébo ul ement. Voici co mment se pré
sentait cette pOI'te le 13 mai. (Fig . 4.)
Ayant déco llvert un frag men t de gros vase à l'en tl'ée de la
porte, à l'end roit in diqué par la lettre G, et ne pou vant l'en
retirer, j'ai alors en le\'é, avec toute la précaution nécessaire,
le pilier incliné. La porte présentait alors cette forme. (Fig . 5.)
Le 18 mai, des campagna rds avaient retiré le support du
cÔté Est et percé une pointe dans la direction du champ. Cette
espèce de souterrain, aya nt à peine Om30 de diamètre, était
long de au moins 2 mètres . Aussi, vers la fin de mai, la porte
présentait cette form e. (Fig . 6.)
D'un bout à l'autre, le sou terrain était rempl i de débris de
vases de petites dimensions. Cps débris étalent en meilleur état
que ceu x recueillis par mi la ce ndre et exposés au grand air.
Ces dern iers étaien t très fl'iables.
Enfin, un peu plus tard, des ouvriel's, occupés à bâtir au
village de Kerragn, et les fermiers de Ker ragn y ont fait de
nouvelles fou illes. Il s ont fait sau tel' supports et linte'iu, .puis
ont retiré toute la terre qui se tmlnait derrière cetle porte et
ont fini pal' y découvrir un fo ur à poterie.
Ce four, un peu écrasé, pouvait avoir:2 mètres et quelqu e
chose de profondeur, su r 1 m50 ou l 60 de largeur.
fOllr avait une forme ova le. Des deux cô tés, il y avait un
pelit mur fait de pierres brutes et reliées les unes aux autres
avec du ciment.
Du milieu de la porte partait un petit DJur semblabl e aux '
autres et allait ju squ'an fond du fouf, en le sépar'lnt Pon deux
parties éga les . Voici la forme que présenlait le four à sa base.
(Fig. 7. )
III. Faisons maintenant l'énumération des objets recueil
lis dans ce monum en t.
JO On a trouvé des dèbl'is de petits vases d'une quantité
incroyable. En déblayant le four, on a trouvé des vases en
entier, intc\cts ; on y a même tro llv':: des paquets de vases, et
ces petits vases par'faitement emboîtés les uns claus les autres.
Ces petits vases, ou, d'apl'ès les savants, ces creusets, ont tous
la même forme et ont tous été fabriqués clans le même moule .
un croq uis 'de ces petits l'ases avec leurs dimensions.
Voici
(Fig. S.)
Les amateurs pourront., d'ailleul's, l'oir un modèle de ces
creil sets, car je l'iens de faire clon d'un à la Société d'archéo
logie de Quimper.
2° On a encore tl'ouvé, parmi la cendre et de distance en
distance, des fragmeuts de cinq ou six vases. Ces vases sont
à peu près de la grandeur des écuelles de no, ca m pagnards ;
nt assez épais et en terre grise; tOIlS pOI'tent, soit à l'in
ils so
térieur, sù it à l'extérie il l', des U'ar;e, de fum èe ou de suie; ils
ent aussi des moullll'es différente3. En rapprocbant les
port
morceaux, on voit quelle était leur form e primitive. D'après
la rigole extérieure qui est marquée sur ces débris, il semble
qu'à l' époq ue Olt le mon u ment a été constru i ton connaissai t déjà
l'u sage cl u tour à pot.ier.
3° On a enfin trouvé un lit de briques déposées SUl' la cendre.
Plusielll's de ces briques avaient la form e et les dimensions de
nos briques modernes. Outre celles-ci, il y avait d'autres qui
a vaient des formes parliculières. Ain~j, nous signalerons:
1 ° Des briq ues à formes longues ;
;20 Des briques à rebord et à crochet;
3" Des briques cannelées: les unes ont deux, les autres trois
C,111 n cimes ;
4° Des br'iques avec des entailles, comme pour emboîter
d'autres. Ainsi j'ai vu une brique taillée comme le modèle
(Fig. 9.)
ci-dessous.
5° Enfin des briques taillées en pointe.
Maintenant noqs quittons ce monument intéressant, 'avec
le regret de n'y avoir trouvé aucun instrument, aucune arme
qui puissent nous révéler, d'une manière certaine, l'époque de
. sa construction.
On me signale à l'instant la découverte d'un autre four it
poterie. Les débris de vases ou cre usets, qu'on m'a faiL voir,
me paraissen t en tau t sem blables a II x débris pro" errant cl Il fOllr
de Park-Aleou. r
FLOC'H,
RECTEUR DE GOUES:-iACH.
Mai 1886.