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Bulletin SAF 1888


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Aperçu des travaux de la 23ème session des Sociétés savantes

M. le conseiller Hardouïn

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XIV.
APERÇU
DES TRAVAUX DE LA 23" SESSlON DU CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
DES SOCIÉTÉS DE DÉPARTEMENTS.
(Section d'Histoire et de Philologie).cl).
Deux membres de notre compagnie avaient reçu mission de la
au Congrès dont la 23" session, ou verte à Paris le
représenter
22, a été close le 26 mai dernier. L'un de ces deux délégues
ayant été empêché d' y assister, la tâche qui doit consister à
jeter un coup d'oeil sur les travaux de la réunion, revi ent
forcément à l'autre. Quelques préliminaires à l'accomplis-
S.3ment de cette tâche ont paru s'imposer .

La réunion annuelle, à P aris, de représentants des Sociétés
scientifiques ou littéraires, fondées dans chaque département,
est trop connue pou r 'qu'il y ait à en retracer un historique
conqu e. Il ne saurait toutefois être absol ument hors de
quel
-t-il du moins, de revenir un mo:nent sur l'ori­
propos, semble
sur ses débuts.
gine de l'institution et
une concurrence suscitée, il ya près
Chacun sait qu'elle fut
d'un quart de siècle, par le ministère de l'Instruction publique,
à l'oeuvre des congrès, dont M. Arcisse de Caumop.t, de tant
érudite et sympathique mémoire, prit, longtemps auparavant,
la libre et féco nde initiative. La Société française, 'pour la
numents historiques, n'a pas cessé de tenir
conservation des mo
des assises au moins annuelles.
Durant une période assez prolongée, la réglementation et la
tenue des réû nions de délégués revêtirent un caractère stricte-
Lu dans la séance du 28 juin 1888.

ment administratif. Elles eurent pour point de départ une
entre les Sociétés de province et les élèves
analogie préétablie
d'élite en lutte pou r cueillir, au concours général, les palmes
Sur les rapports lus par les commissaires dési­
académ iques.
furent proclamés les succès .
gnés,
L'émulation qui fut ainsi décrétée répondit-elle à l'alten le,
maternelle que fût en ceci la soli ic.itu de universitaire,
et, toute
ne donna-t-elle pas à bon droit prise à la critique ? C'est ce
dont il serait désormais sans intérêt de s'enquérir.
Toujours advint-il qU'110 contact périodique se trouva
établi en tre les Sociétés éparses dans les départements et les
savants de la capitale, en possession d'une légitime autorité
domaine des lettres, des beaux-arts et des sciences.
dan:; le
Finalement L1ne participation de plus en plus large à l'orga­
nisation et à la tenue des congrès annuels se trou va dévol ue
au Comité des travaux bistoriques.
Il convient également de oe passer ici sous silence ni le
continu de la réunion, en f:iections de plus en
fractionnement
plus nombreu ses et isolées (1); ni l'avènement de l'association
pour l'avancement des sciences et des at'ts, oil l'histoire et la
'anthropologie
géographie ne sont pas moins accueillies que l
et l'ethnographie, ni la multiplicité croissante des associations
aussi, de séances et d'explorations
provinciales pourvues, ellès
annuelles.
Si une pareille accumulation d'œuvres concourant à la
poursuite d'un même but ne peut qu'aider à y atteindre, elle
n'est pas moins de nature à fixer de plus en plus sérieusement
l'attention des autorités de qui relèvent l'organisation et le
tionnement du Congrès actuel.
fonc
(1) L'archéologie fut la première à faire scission avec l'histoire
ogie. La géographie ne tarda point à réaliser au ssi une
et la philol
iales eurent leur tour. Enfin, les beaux
sécession. Les scieuces soc
s, ou plutôt les arts décoratifs, sont devenus, de simple section
art
à l'origine, un congrès à part mais concomitant.
qu'ils furent

Les relations empreintes d'autant de courtoisie que d'obli­
geance, auxquelies tl a déjà fait allusion, sont devenues de plus
en plus usuelles; une exactitude scrupn leuse veille à la rédac­
tion des procès-verbaux sommaires tenus pour chaque séance;
enfin la publicité immédiate du journal officiel est procurée à
ces procès-verbaux. Toutefois, l'impression, sinon partoUL et
toujours intégrale, au moins analytique, des lectures ou com­
munications les plus intéressantes, ne serait-elle pas, en même
temps qu'un encouragement pou r les sociétés et leurs délégués,
de quelque utilité pour la science 1 Cette impression est d'un
constant usage dans les autres congrès. Pourquoi l'exclure
dans celui dont présentemen t il s'agit? La pénurie relative
des budgets de l'instruction publique et de l'ilIlprimerie natio­
nale, tout spécialement en ce dont il s'agirait, n'est, à la vérité,
que trop réelle. Ne serait-i 1 pas, néanmoins, lamentable de
voir cette pénurie dégénérer de fait en un régime prohibitif
à l'endroit des œuvres de provenance provinciale ~
Il Y a donc lieu d'espérer que l'institution, aujourd'hui
entrée dans sa 24" annge, mais qui n'en subit pas moins un
état de crise de plus en plus indéniable, surtout dans
certaines sections (1), se vivifiel'a au souffle d'une régle­
mentation de plus en plus hospitalière et libérale.

Le délégué de la Société archéologique ùu Finistère ayant .
pris plaœ dans les rangs de la section d'histoire et de philologie,
ne peut, relativement aux travaux des autres sections, que se
référer à la teneur des procès-verbaux de lellrs séances, qui ont
été publiés (2). Dans ce contingent de procès-verbaux, comme
(1) Il Y a eu ajournement de mailltes questions inscri.tes sur les
programmes et de lectures de mémoires annoncés.
(2) V. Journal officiel, 23 mai 1888, p. 2,097,24 mai, p. 2,115
à 2,121, 25 mai, p, 2,137 et s.

en . fait de nombre et de durée des séances, la section des
fai·t, au cours de la session de cette
sciences sociales s'est
année, une part prédominante.
La présidencp. de la section c1'h istoire et de philologie a été,
comme de coutume, déférée à M. Léopold Delisle. C'est dire
que cette présidence a été plus que jamais acclamée. Ainsi
l'exigeaient les nouveaux et de plus en plus signalés ser­
vices de l'éminent érudit, relativement à la récupération des
pr~cieux manuscrits soustraits à nos dépôts pnblics pa~ la plus
audacieuse et la pIns criminelle des fraudes en cette spécialité.
Ce n'a point été seu lement en Franc~, c'est en tous pays civi­
lisés, qu'un concert d'éloges a retenti en l'honneur des mémo-
rabl es efforts de M. Delisle et de leur succè" .
Parmi les sujets traités en séanco, il con vient de citer tout
d'abord les livres dits de raison.
Les communications de MM. Rocbetin, d' Argœu ves et Louis
GUlbert, entr'autres, \ achèveraient, s'il en était besoin, de
militer en faveur de la recherche et de l'usage de ces sortes de
documents.
M. le président Delisle a vivement intéressé la section par
les détails qu'il a donnés sur la découverte que M . . Drouet,
d'un volume, jusqu'alors .
greffier de justice de paix, a faite
inconnu, du très remarquable livre de raison tenu du 25 mars
1549 au 24 mars 1552 par Gilles de Gouberville.
Les conditions exigées pour toute mise à pro6.t sérieuse des
documents de cette nature, ont été de nou veau signalées.
Itérativement aussi, les statuts des anciennes corporations
d'arts et de métiers ont fOUl'ni leur contingent de curieuses
in vestigations.
Une mention toute particulière est due, sous ce rapport, au
mémoire de M. Brugnier sur le cartulaire de l'œuvre des
« égl ises, maison, pont et hôpitaux », dite Œuvre des frères
du Pont Saint-Esprit. Ses voillmineuses archives sont,
pour la plupart, demeurées inédites.
BULLETI:-/ AIICHÉOL. DU FI:mTF. RE. TOME XV. (\1émoires). ~5

L'honorable M. Veuclin .ne s'est pas borné à retracer,
d'après un ancien registre, de toute autbenticit é, l'bistoire des
en bois de la ville de Paris, de 1393 à 1733. Il a,
moulellrs
aux applaudisselllen ts de l'assistance, déposé ce registl'e en tre
main s du president pour en faire hommage à la biblioLh èq tle
les
national e .
Une autre commun ication de M. Veucl in, celle-là ' rela-
tive aux transfùrrnations dll servage, a donné lieu à une dis­
an imée à laquelle a pris part M. le président LéJ pold
cussion
Delisle.
L'origine, l'importance et la durée des anciennes foires on l,
ement par continuation, PI'O VOlué de la part de NI. Raulin,
égal
vice-president de la Société des antiquai l'es de NOI'mancl ie, une
tl'ès savante étude. 11 s'y est agi nOlamment de la foire
annuelle dite de Saint-Simon, Saint-Iude ou des Malades,
clont la tenue à Caen ne daterait de ri en moins, d'après la tra­
dition, que de 1160 011 11 61. Cette foire, d'après la même tra­
dition, aurait été instituée par H emi II, roi d'An gleterre, au
bénéfice de la grande léproserie de Notre-Dame de Beaulieu.
Grâce à la dispa rit.ion des Cba rtes primitives, les bourgeois de
Caen réllsi'irent, dit M. Raulin, à se fail'e reconnaître comme
patl'ons de l'institution.
De son cÔté, 1\1 . Depoin a retracé la tenue des six foires,
dont le Vexin fl'ança is bénéficiait encore à la survenance de la
Révolution de 1789 .
Les pélerinages, les jeux et divertissements publics ayant un
cal'actère de périodicité, la topographie appliqu ée spéciale­
nt atix divisions territol'iales tant ci viles que religiellses, et
dénominations successives d'un très grand nombre d'entre­
les
elles, enfin les papiers terriers, leS plans primitifs, les livres
d'arpentement et les essais cadastraux ont, à leur tour, fourni
matière à des lectures ou discussions orales de la part notam­
ment de M. Rance, chanoine, de MM, les abbés Arbe llot,
la section et Va ttin, ai nsi que MM. de Fierville, si
doyen de

connu dans notre 'département, Boyer, Vignat, Gaston Paris,
Boucher de Molandol1 .
Des travaux remarqu!lbles de biographie ou relatifs il certains
événements historiqu es se so nt au ssi su ccétlés, tels, entre
autres, qu e les mémoil'es de MM. Grassorcille sur les Etats du
Bourbonnais; Finot SUI' les cou l'ses des vaissea ux du clue de
Bourgogrle dans la Mel'-Noil'e au xve siècle; Tranchall, sm
l'émigration forcée {le famill es tl'amportées par orclre de
Louis XI , d'Orléans à Airas ; Rance et Maggiolo sur divers
anciens établissements c1'instl'llction publiC)ue; Ménal'd, sur la
ca parité ci vi le des lépreu x.
Un diplÔme et d'autres litres sa vamment disc U16s pal' M.
Grcllet-Balguerie tencl ent à établir l'existence du véritable
Clovis Il 1 et son règne d'au .moins cinq années.
La critique d'une cbarte pll bl iée pal' dom Vayssette) l'his-

torien du LangueJoc, a fait l'ohjN cl'un mémoire très circons­
tancié de la par·t de M. le profes,ell l' Thomas .
Ont été aussi entend ues avec le pl us vil in tél'èt, les notices,
instructives (lU plus hall t degré et, lilt érairem ent non moins
importantes, de M. le conseill er de Beaurepaire SUl' le littérateur
de La Luzerne, et de M. le professeur Revillout SUl' la jeunes~e
de Loui s d'Amboise, évêqLled'Albi.
M. l'archiviste départemental de la Seine, Barroux, a com­
muniqu é, au s ujet de Pasca i, une série d'extraits d'actes nota­
riés qu'il a déco uverts. Il ressort de ces documents que la
fortune de Pascal fut minime. Si sa sœu r Jacqueline lui vint
grand ement en aide, il s'en montra reconnaissant en contri-
buant à la constitut ion de Fa clot religieu se. Par décision du
.comité, le tl'a l'ail de M. Barroux sera inséré au Bulletin, à la
suite du compte rend Il de la tenue du Congrès.
La philologie ne pouvait être négligée dans une section dont
le bureau comptait parmi '~es membres des sal'ants aussi auto­
risés que, notamment, MM. Gaston Paris, Meyer et de Bois­
lisle, Les noms de personnes ou de lieux, les lexiques ou diction-

na Îl'es et di vers textes ont provoqllé de la part tant de ces trois
membres du bureau et de MM. l'abbé Morel, Louis Martin et
Arbeliot, que de la part de MM. Liotard, Chatel, Vignat,
Louis Guibert, ·Maur y, Thomas et Depoin, les comm llllications
et les discussions analysées dans le compte rendu des travaux
de la section.
En pronon çant la clôture des séances, M. le Président s'est
fait un del'oir d'appeler l'attention des délég ués sur la quatrième
li vraison de la Bibl iogra phie des tra vau x historiq ues et archéo­
logiq ues des Sociétés départemen tales, que con tin uen t de pu bl ier
MM. de Lasteyrie et Lefebvre Pontalis. A l'unanimité des
membres de la section, M. le Président est prié de "ou loir
bien transmettre aux savants autems de ce recueil si éminem­
ment utile et consciencieux, les remercîments les plus sincères .
Enfin le "œu est émis que 'l'E xpos iti oll de 1889 11e fasse pas
par trop négliger la convocation la plus prochaine et les mo­
destes tra vau x d Il Congrès.
A!l1Si que l'observation en a déjà été faite, la Communicatiolf
présentée par le délégué de la Société archéologique du Finis­
tère, dans la séance du 24 mai (1), sera reproduite en son
entier. Elle fera l'objet d'une annexe au rapport (2) .
Ill.
La séance généra le tenue à la Sorbonne, le 26 mai (3), s'est
ouverte sous la présidence de M. le ministre Lokroy, par un
rapport de M. Gaston Paris, de l'Institut. {( Le Comité des
{( travaux historiques a pensé, dit en débutant l'honorable
)) V, Joul'nal officiel du 25 mai.
(2) L'ensemble des travaux de la ~ectioll se trouve d'ailleurs relaté
dans la mème feuille, à sRvoir : 23 mai, p, 2096-97 ; 24 mai, p, 2114-
15 ; 25 mai, 2134-35 .
(3) Journal officiel du 27 mai, p. 2182 et "

~ orateur, que les réunio'ns annuelles des sociétés des dépar­
" tements offraient une occasion naturelle de rappeler, pour

~ chaque branche des études nationales, le point où elle en est
~ arei vée, les principales directions dans lesquelles il est
~ souhaitable qu'elle se développe, et ce que les tra\'ailleurs,
« surtout ceux de province, peuvent le plus utilement et le
" plus facilement faire pour contribuer à ce développement »
Le rapporteur a tout naturellement et par prédilection entl'e­
tenu son très nombreux auditoire, des idiômes parlés en France
et de leurs destinées, Il s'est enqu is, à leur sujet, de ce qu'il
reste à découvrir, à comprendre et à préciser, L'assemblée
a fréquemment applaudi à l'élégance comme à la facilité de
du rapporteur.
la parole
Le Congrès n'a pas moins chaleureusement applaudi à
maints passages du discours de M. le ministre de l'instruct.ion
publique et des beaux arts. Il en a t!:té ainsi tout spécialement
quant aux paroles suggétées par l'enquête qui se poursuit au
sujet de l'état de nos anciennes institutions en 1789. Ces paroles
veulent être textuellement cit.ées: «Quelles que soient les
« pl'éférences politiques cie chacun de vous, s'est écrié M. le
« ministre, il se dégage de vos travaux un esprit supérieur
« de justice et d'im partialité; cet esprit, c'est l'esprit scien­
« tifique. Sans lui, vous le sa vez bien, rien ne vaut en
« histoire, rien n'est vrai. Or, n'est-ce pas lui qui finit toujour.:;
« par dominer en vous ~ A force d'étudier le détail et de
« préciser le fait, on acquiert url besoin impérieux d'exactitu de
« qui se subordonne tout. Comb ien en est-il parmi vos
• travaux, qui ont rectifié des erreurs chères à de vieilles
« préventions? Combien de fois n'avez-vous pas fourni des
" armes à des thèses contraires aux vÔtres '1 La science n'a
« pas d'opinion, mais par cela seu l qu'elle cherche la vérité,
({ elle est libérale .... Je ne répudie rien de notre héritage ct
« puisque le., destinées de notre patrie se sont déroulées toujOlll'S
« avec gl'andeu r, je su is pénétré de reconnaissance pour ceux

« tous les Jrapeaux ».
Ici se terminera un aperçu qui n'a que trop duré.
HENRI HARDOUIN,
Conseiller honoJ :aire à la Cour cl'appel de /Jouai .
Erratun:l..

Liste des Capitaines et Gouverneurs de Quiraper
publiée ci-dessus pages 206-208.
Il Y avait lieu de mettre le chiffre l'ornain XII au-dessus du
titre.
N °s 2 et 3. Allain de Kerlaouénan et Maurice du Parc
ont rempli leurs fonctions en même temps : il y avait lieu
d'indiquer ce fait par une accolade, comme on a fait j)lus bas
pOU l' Jean de Malestroit et Jean de Laugueo llez (nos 7 et 8).
N° .10. Hervé du Juch. Substituer la date 1414 à celle de
1418, si 00 ne met qu 'uoe date . Ce capitaine a prêté serment
pour la première fois en 1414 et il reoou velé son serment en
N° 28. Les mots Henry de L ossulien, comte de Bienassis,
ont été imprimés pal' erreur. Il faut lire Fleury de L ossulien,
et retrancher les mots comte de Bienassis, qui, dans le manus­
crit, se l'apportaient au précédent gouverneu r, M. de Visdelou.
N ° 30. Aux mots Corentin de Carcaclo, su bstituer ceux-
ci: Corentin-Joseph L e Sénéchal de Carcado (fils puîné du
précédent) .