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Bulletin SAF 1888


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Fragment d’un Mystère de saint Gwennolé en breton moyen

M. de la Villemarqué

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FRAGMENTS
n'UN MYSTÈRE DE SAINT GWÉNOLÉ
EN BRETON MOYEN.
Chanté par la muse du cloitre où il avait véGu, (1) saint Gwé­
nolé devait l'être, au dehors, dans la langue de son pays, par
les poètes nationaux; ceux d'entre eux qui aimaient à traduire,
sous une forme dramatique, la vie des saints, prirent l.a sienne
- pour sujet de leurs com positions.
Une de leurs pièces, manu scrite ou imprimée, on ne sait,
était conservée à l'abbaye de Land évenec, Oll Dom Le Pelletier
l'a consultée: « La vie de saint Gwénolé, dit-il, dont j'ai une
copie de 1580 )} . (Dictionnaire de la Langue bretonne, 1752,
col. 548). Si la copie datait de cette année, à qu elle époq ue
remontait l'original? Le savant bénéd ictin ne le décide pag.
- non plù s que Grégoire de Rosteenen, · qui, vingt ans
auparavant, avait eu la pièce entre les mains, et remarque
qu'elle est écrite « en vers et disposée en tragédie» _ (Ed. de
1732, p. 9). Mais il résulte des citations qu'en fait Dom Le
Pelletier (col. 12, 47, 59, 241, 342, 371, 372~ 404, 419, 446,

que le textç était assez ancien, et conçu dans le système
rhythmique particulier au breton moyen. Malheureusement,
original et copie semblent aujourd'hui perdus. .
11 Y a vingt-cinq ans, informé de son existence, et sentant
i'importance qu'il pouvait avoir pour les études celtiques, un
philologue bl'eton s'adressa à un ecclÉ>siastiq ue des en virons de
Morlaix, qu'on 1 ui avait signalé comme détenteur de l'ou vrage.
La réponse de l'abbé, en date du 5 novembre 1863, put donner
un mom ent d'espoir: il avait eu effectivement le livre entre
(1) Voir le BuUetitt de la Société archéologique du Finistère, t. XIII, p. 86.

les mains. « Ce petit ouvl'age, disait-il, appartient au maire de
Plouézoc'b, héritage de famille, qui me le montl'a un jouI' ; je
le gardai et le pal'cou rns, et au bout de quelque temps je le
l'end is h son propl'iéLaire. Celu i -ci, n' y attacha nt pas grand e
impol'tance, à peine poun1it-ille lire, finit p:u en faire cadeau
à M. de K ... , du R .... Il savait M. de K ... amateur de viëux
breton et voulait lui faire plaisÎl'. C'est donc M. de K .... qui
est mainlem:nt propriétaire du précieux volume. Si vous
tenez à l'avoir, vous pouvez vous adresser à lui. » Suivaient
quelques observations intéressantes sur l'utilité de l'opuscule au .
poin t de vue pb i lologiq ne: «0 n peu t y pêcher un certain nom bre
de vieux mots; on y trouve, dans leur longueur, certains mots
l'arcoul'cis aujourd'hui; et puis les terminaisons aif et iif des
infinitifs ; le superlatif quentaif. II La conclusion de la lettre
était: « C'est un livre curieux. »
N a tu rellement, le correspond al) t de l'ecclésiastique breton
n'eu t rien de plus pl'essé que de s'adresser au propriétaire du
pl'écieux ou vrage; mais ses démarches restèren t sans succès,
moins peut-être par la faute de ce dernier que par suite d'une
absence et d'un dérangement dans sa bibliothèque. Deux ans
après il promettait « de faire cle nouvelles recherches pOUl'
retl'OU "er le précieux bouquin », comme il le qualifiait; et il
ajoutait, en homine qui en savait le prix: " Je ne puis me ré-
signer à croire qu'il est tout à fait perdu, car ce serait là une
perte pl'Obablement irréparable, clont je me consolerais diffi:­
cilement. », (Saint-Pôl-de-Léon, 18 févriee 1865).
La peete serait, en effet, ierépaeable s'il n'était pas possible
ne l'atténuer. Pour cela quels moyens avons-nous ?
Le plus sllr consiste à suivre le conseil du poète latin:
Sparsa ... collige membra; c'est ce que Le Pelletier a fait, aux
colonnes de son dictionnaire que nous avons indiquées: une
quarantaine de vers ont été tirés par lui de sa copie de l'an
If>80, justifiant bien le style, l'orthographe et le rbythme

du breton moyen. En voici un, au mot Stroll, Ol! ces caractères
distinctifs se trOllvent réuni s :
Aet ynt oU en un stroll, an foU gant anfûUes ';
~ Ils sont allés tous ensembl e, le fou avec la folle >, ; quatre
rimes intérieures en olt dans un seul vers de douze syllabes et
six allitérations en n.
En voici U 11 au tre, au mot Tis a, oll la ri me en of se trou ve
répétée trois fois, et la rime en om deux fois:
Menez Com, ma chomaf, ne altoJ tyzaf quet; « La rnon­
tagne de Côme, si je reste, je ne poul'rai l'atteindre n . Tous
ces mots viennent d'être d'ailleurs utilisés pal' I VI. Emile Emault
dans son savan t dictionnaire étymologique du bl'eton moyen.
Mais ils ne su ffisent pas pour remettre le mystère SU l' pied.
Il paraît que M. J. - M. de P engue l'l1 a été aussi préoccupé
de la difficulté, ca l" il a lenté de la résoudre. Une beueeuse
découverte lui est venue en aide: on trou ve', en effet, dans sa
collect.ion de Chants populaires Bretons, conservée à la
Bibliothèque nationale (Fonds celtique, nO 91, fol. 51 et 52)
soixante-q uin ze vers qu i sont un fragment d'un mystère de
saint Gwénolé. Comment se les est-il procurés '! M. Luzel y
. voit des débris de rôles aull'efois récit és par des acteurs ruraux ,
et conservés j tlsq u'à not.re temps da ns la mémoire de vi eux chan­
teurs ou de vieilles chanteuses. Quoiqu'il en soit, sans avoir la
ph ysionom ie des Vel'S tirés pal' Le Pelletier de la co pie de
1580, ils ont un certain air d'ancienneté que révèlent plusieurs
ex pl'essions aujourd'hui tombées en désuétude, et des formes
rllyth miqll es so us lesquelles on remarqu e des tmces d'allitéra-
tion. Par malh eur elles sont masq uées dans la tmD scription Oll
1"on a eu le tOI't de su i \'re, pou r un texte en beeton moyen i
le système phonétique introduit par le P. Maunoir ell 1659,
et 1" 01' thograph e de dom Le Pelletier (1752). Malgré tout, ce ll e
tran scription a son impoI'tance : qu'on en juge par la scène sui­
vante dans laq uelle Fl'agan, père de saint Gwénolé, au moment
de partir pOU L ' l'Armoriqu e, s'adresse à ~a femme Gwenn.

, FRAGAN a gomz,
Brema, ma fl'iet ker, me komz d'hac'h d!:luz cun dl'cd :
Entou ez ar vroio man ez on sleuiz ha poaniet,
Pa zeuann da zonjal tru buillou pobl al' bel,
Pa veer deud '\Var 'nezhi ne deuz paouez el' bed,
5 Chetu ann Enezen enn el' pep lazerez :
Ar gwellan ho devoa ann dud enn ho digou ez,
Ar c'hustum a vepl'ed, a hon Bl'eiz Veur lamm et,
Enol' us a koskor, el' vro-man, tl'euz ha ll cd,
Kestel ha tourellou hag ho manerio g r'uet,
10 Deud bl'eman Breiziz hoU (1); llag a vezo kollct
Dl'e puillded euz a C'hloal', !caffet re a vado
Zo kil'iek d'hon ambrou g da obel' ann drougo,
Da obel' disgevier, da n'em l'ei d'al' \\'allo.
Ne reont nemed droug, nemet F alls, bal'ado. '
15 Na gwir, na peuc'h, na mad na reer, na g\\'irioIlc,
Kent se, enn pep feson, siouaz ! pep fI' lsente,

A bec'hejou heuzuz ha mil dalledigez ;
Rac n'ho deuz el' vro-man na po an na dienez.
Rak se hon gwit' Doue en deuz em guzuliet
20 Evidomp, heb dale pel, gal'o kastizet.
Er vez man yeZD BI'elz Meur enn un heur koenvet
Gardis dre barado wal' ann holl Vretoned :
He gourc'l-Jemenno reiz (2), noz na de, ne brijont,
Nag enn neuf hon Kl'ou el' kammet na enoront,
(1) Peut-être faut-il lire Deui brema 'n Brelz i:; holl ; en tout cas le vers est
aIteré.
(2) Lisez Dec gorchemen an R eiz.

FRAGA.N parle,

Maintenant, ma cllor'e femme, que je vous par'le d'un tl'ajet:
Dans les contl'ées où nous sommes, je suis fatigu é etel:1 peine,
Quand je viens â pensel' aux tribulations du peuple de ce monde,
Où, un e foi s qu'on y est venu, il n'y a plus de l'epos,
Voila l'Ile en pr'oie â tou te sOI'te de tuel' ies :
La meilleul'e qu'aient tl'ouvée les gens à leuI' arTivée,
Lacoutu mede tous les tem ps,est abolie dans notre GI'and e-BI'etagne,
Celler!ui était l'honn eur' de la famille, en ce pays, en long et en la l'ge .

Châteaux, et tours et manoiès bien bâtis
Viendl'oll t bientôt, en BI'etagne, tous à bas; et ils ser'ont pel'dus
Pal' l'abondance des Clel'cs qui ont tl'Op de ces biens
Qui sont cause que nous sommes conduits iL fail'e le mal ,
.-\ faire des fau x, â nous abandonnel' aux péchés .
lis ne font que du mal, que des foul'bel'ies, que des tr'ompe l'ies.
yél'ité, ni paix, ni bien de leur part, ni loyauté,
Mais au contl'aire, de toute faço n, hélas! toute espèce de fau ssetés,
Et de péchés 1lOI'ribies et d'égarements pal' milliel's ;
Cal' ils n'ont dans ce pays ni peine, ni disette à souffl'il' .

Not l'e vrai Dieu a donc pris ce conseil de lui-m ême
Que nous soyons, sans gl'and délai, cruellement châtiés,
Cetle fois, la Gr'ande-Bl'etagne sera fl'appée en un instant
DUI'ement à cause des fourberies de to us les Bretons:
Des dix commandements de la Loi, ni nui t ni jouI" ils ne tienn ent
Et nolt-e Créateu l' qui estau ciel ils ne l'honol'ent pas, [aucu n com pte,

25 Hogen dl'e sorcerez bemde ben dispennont,
Hag evelse erfin holl en em revinont.

Nemert leoudouet na klevel' entre-z-he ;
Ne leront chapelet na Pate?" nag Alle;
Na az;eulont nepl'ed, na gwelio na sulio;
30 Nemert kas ha drougiez n'en deuz enn ho mesko ;
Na tad, na mamm, na kal', siouaz ! na enoront;
Dre mil !counal'amant, allaz ! ho argarzont.
Ha tuman ha tu-hont, bemde, en em kreignont
Dre galz a vituper ; !cammet na n'em geront.
35 Gant he ne chom netI'a, emaint 0 lael'et ;
Hag al' pez a zalc'hont na distolont kamm ed .
Meurbed ezint gadal, ha meurbed didal ve ;
Ne gaver mui den gwel'c'h; karget a falle lltc;
Ann daouzek gO Ul'c'hemenn zo gant he kel'gaset;
40 Kom z anhe ·aliesan ne c'houllont ket Idevet.
Ann holl zakl-amanchou ho deuz holl disprizet;
Ar vertuzio bivid zo gant he skandalet ;
Ho daoulagad c'hoantuz a lakeont de sellet
Traou a pec'hejou faIl; ra!c se ezint dallet.
45 P ec'hejou milliguet, ken heuzus g l'ouiennet !
Pa gomzel' ouz a Doue ne l'eont stad ebed ;
Enn berr dirag hon dl'emm e welomp, diI-emed,
Enn hon douar gardi z hon broiz kastizet.
P e n'ho deuz !cet a c'hoan t da g ui lad ho fec' IJed
50 E vo eon ha l'eiz d'ezhe bout kastiet :
Bl'ezel ha mil! gwaIl-l'euz a goueo e ll t l'!'~-z-lle
Maz marvoint a vemiou evel al' c'hellien gwe.

Mais par sorcellerie chaqu e jour ils le déll'uisent,
Et ainsi, à la fin, tous se pe rd ent.
On n'entend pa l' mi eux rien que des jur-emen ts;
Ils ne disent chapelet, ni Pater, ni Ave .
Ils n'adol'ent Ja mais, ni dans les fètes, ni les dimanches;
Rien qu e ha in e et méchanceté pal'mi eux.
Ni pèl'e, ni mère, ni parent, hélas! ils n'honol'ent ;
fUI'euI's, las! il s les abominent.
Mais a vec mille
Et d' un côté et de l'autre, chaq ue jouI" ils se déchirent
Pal' une foul e d'oulr-ages ; ils ne s'aiment pas.
Chet: eux r-ien Ile l'este; ils so nt occupés li vo lel' ;
Et ce qu'ils tiennent ils ne le pendent pas.
Ils sont très li ber tins et tl'ès pa resseux,
Onu'en tl'ouve plus au cun qui soit vie l'ge; ils sont char-gés de vices.
ze Co mmandements so nt détestés pa l' eux ;
Les do u
Le plus so uvent ils ne veulent point en entendl'e pa l' ler,
Tous les sacl'ements il les ont tous mépI'isés ;
ogales sont un scandale pour- eux ;
Les vcrtus théol
Leu 1 ' 5 yeux ils les em ploient iL l'ega r-de l' avidem men l
Des causes de péchés infâ mes; en cela ils sont aveug lés.
o péchés ma udits, si ho r')-i blement en l'ac inés !
leul' pa l'le de Dieu ils ne font aucun cas;
Quand on
Dans peu devant nos yeux nous vel' rons, sans l'emède,
En notre tcrl'e nos co mpatl·jotes l'udement cbâtiés .
Puisq u'ils ne veulent pas quittel' leuI' péché,
Il sera juste et régulier qu'ils soient punis:
La gue l'I'e et mille cala mites tombe l'ont pa l'mi eux
sauvages .
Si bien qu' ils mOlll' I'Ont en foule comm e les mouches

Hel> ke!. a veziad da bUl'i ho loenned ;
Gand al' flel' anezhe, Gwenn !cez, ne badimp ket.

55 An bobl W 0 Lec'hel ; enn Skoz eo ez eon!.;
Hag hi enebour'ien, enon en em tl'eont.
Ha nin, tec'homp ive ; hennez eo al' g\\"ellan ;
Na koll omp hOll bulle 0 chom an divea ll ;
Hogen ne goun pelec'b, gand glac'hal', e lec' llOlll p;
60 Ra.c se al' g\\"ella fin ouz Doue gou len nom p.
He ioul vad ha salltel d'himp a rai fisians :
Keb a fio enl! hall kammed ne deuz g\\"all t;hans.
GWENN
lO KUni{ \Yar don ai' Vexilla, a lavaI' :)
Otr-ou Doue, g\\"i l' sldel'ijen,
G5 Jesus, selaouet ma fedenn ;
Ma-z-inn emez deuz ar' vr'O-fIla,
Na jomminn ked ke n e l' blou-ma.
Ha c'bui, G",el'c'hez, a el'bedomp ;
eet bepl'ed sonj a ac'hanom Tl ;
70 Beet d'imp g\Yi I' kuzulie r-ez
Enn hon hir'voud ha dienez.
Ha c'hui holl, sent ha sentezeL,
Enn hon kOl'fou evesaet;
Ha pedit Doue evirlomp
75 H e ioul san le! ma heuliol1lp.

Plus de ber'gel's pOUl" paître leu I's ll'oupeaux ;
l' qu'ils l'epand l'ont, chère Gwen n, nous ne dUl'erons pas.
Avec l'odeu
Le peuple pI'cnd la fuite; c'est en Ecosse qu'ils vont;
Quoique ce soit en pays ennemi, c'est là qu'ils passent.
El nous, fuyons a.ussi ; c'est le meilleur' parti;
Ne pel'dons pas la vie en l'estant les del'l1iers ;
Mais je ne sais où fuir', en notre malheuI';
Demandons donc à Dieu la meilleure fin possible.
Sa bonne et sainte volonte nous donnel'a la confiance:
QuicollC]ue se fiel'a en lui n'épl'ouve pas de malheuI'.
G\VENi\"
Chantant Slll' l'air du Vexilla, ùit: 1

lumière vél'itable,
ScigneuI' Dieu,
Jésus, ecoutez ma pl'iè,'e :
Faites que je sorte de ce pays,
Que je ne reste plus en cetLe pal'oisse.
Et vous aussi, Viel'ge, nous vous supplions;
Ayez tOUjOUI'S souvenir' de nous;
Soyez pou l' nous une vl'aie conseillél'e
Dans notJ'e chagl'i n et notl'e détl'eSSe,
Et vous tous, saints et saintes,
Prenez soin de nos CO I'pS,
Et pl'iez Dieu pour nous
Afin que nous fassions sa sainte volonté,

Tel est ca texte dont la valeur poétique n'échappera pas plus
à. la critique que le fâcheux rajeunissement qu'il a subi,
En le mal'quant des lettres B. N. (si elles signifient bonœ
notce), M. de Penguern n'a-t-il pas voulu indiquer le prix
qu'il y attachait 't Mais dans le cas OL1 une autre indication de
pa main, ainsi conçue: M: de 149 : 18, signifierait mystère
de 1498, devrait-on croire que la pièce rer~onte à cette époque ;t
lien doutait du reste, lui-même, car je lis en marge, en face '
du 5 vers, la date plus ancienne encore de 1450, que rien ne
justifie. Ce qui est aujourd'hui démontré, grâce à llne décou­
verte intéressante faite pal' M. Gabriel Milin et publiéeen 1882,
dans le Bulletin de la Société archéologique du Finistère
(T. IX, p. 255), c'est l'existence d'un prototype des vers 22,23,
24, 25, 26, 27, 28 et 29 du morceau que M. de Pengüern
nous a transmis dans la forme orthographique et avec les
permutations de consonnes propres au bl'eton d'aujourd'hlli :
le scribe de l'infatigable collectionnenr a éürit SOLlS la clietée :
Dre barado lwr' ann holl Vretoned; C v. 22).
Le textp manu scrit de M. Milin porte:
... Dre traïson 7ta.1' an ol Bntonct .
Oi.! le premier donne ce l'ers dont trois mots sont fautifs et
inintelligibles :
He gO'urc'hernenno niz, no,;; na rie, ne bTijont ; (\'. 23).
Le manuscrit de M. Milin, plus ancien, corrige ainsi:
Dec [Jonhemen ar lleiz, nos a deiz, CI preisonl.
De même le 24 vers de la collection de IVI. cie P enguel'l1 :
Nag enn nw{ hon f(roll er kammed na enoront,
Se 1 i t :
Roue an en{ gant eno?' nep1'ct ne adoront,
Dans le texte de M. Milin, qui le corrige encore en mainte­
nant les de\Jx rimes intérieurs, disparues du texte moderne .

Les vers 23 et 26 n'ont rien ?e changé que l'orthographe, la
ail itérée dll premier et le dialecte: au lieu de: .
forme
Hogen dre sorcerez bemde hen dispennont ;
Hag evelse M'fin holl en em revinont ;
Nous ll'OU vons an térieu remen t :
1I0nguen, dre sorcerez, bemdez, en despelont

Hac eualse erfin ol en em nLïnont .

Le 27 vers seul est meilleur clans la copie moderne:
Nemert leoudotœt na kleue?' ent1'e-z-he
Vaut mieux que l'imputation faile aux Clercs, en termes
obscurs, cle se parjurer:
Dre cals danger pep 'vech yue a 1'a leou .
Mais l'auteur de la leçon originale reprend le dessus au
V. 28"; au lieu de:
Ne Leront chapelet na Pater nag ADe;
Na aze~Llont nepred, na glDelio na mlio ;
Il écrit, toujours en allitérant :

Ne leneront, nep hetw, na chautie1' nae ettr'iou,
Nep lent na nep quentel ; ne virvont ar gottelio!L,
(( Ils ne disent, à aucune heure, ni Psautier ni Heures, ni
Légende, ni aucune Leçon; ils ne gardent pas les fêtes. " Ce
reproche adressé aux Clercs de la Grande-Bretagne de manquer
à la règle, qui les obligeait à réciter chaque jour leur office, n'a
pas été compris du diascévaste moderne, et il a remplacé un
devoir formel par des chapelets, des Ave et des Pater facultatifs .
Quelles qu'aient été ses retouches, sa transcription, je le
méritait d'être signalée comme
r.épète, a de la valeur, et elle
une des pièces les plus curieuses du Fonds celtique.
HERSART DE LA VILLEMARQUÉ;