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Bulletin SAF 1888


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La légende de la sirène du Cap-Sizun

M. Le Carguet

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LA LÉGENDE DEfLA SIRÈNE DU CAP-SIZUN.

Dans le Cap-Sizun, on croit à l'existence des Sirènes. Sous
Saint-They, en Cléden, à l'extrême pointe du Van, existe
même un îlot du nom de « Mary-Morgant ll. C'est un rocher
noirâtre, dont la tête, ceinte d'une couronne dessécbée de
capitules d'armérias, surplombe les flots, d'une bauteur de 30
mètres, et dont la base est entourée d'une double ceinture de
laminaires et d'anatifes. Que cette demeure de la fée du Cap
contraste avec celle de la « Morgen de l' Insula pomorum "
dont parle Geoffrois de MontmouLh, au XIIe siècle!
Mais la palJvrelé de leur demeure n'empêche pas les Sirènes
de visiter quelquefois la Baie des Trépassés. Depuis quatre
ans, elles y sont venues deux fois. La derniàre fois, l'une
d'elles y est restée plusieurs jours. Voici la description qui
m'en a été faite par un pêcheuJ :
" Du haut des falaises de Kerbuskulien, on la voyait s'é­
Il battre dans la mer, paraître, disparaître et s'approcher des
u rochers; mais elle ne quittait pas son élément. Sa figure
Cl était celle d'une belle jeune fille. Elle laissait flotter sur son
« dos sa longue chevelure blonde (eu? pennad bras bleo
« melen). Ses cheveux la gênaient pour nager; alors elle
• sortait de l'eau ses bras terminés par des nageoires, et les
Cl arrangeait. De temps en temps, elle émettait un sifflement,
. "If. plutôt qu'un chant; mais sa voix était douce. A cause de
,,~/« l'éloignement, on ne pouvait comprendre son langage.
Cl On la vit ainsi pendant deux jours, puis elle disparut vers
« la (l Basse-Jaune », après avoir longé les rochers, de -la
« pointe de Brézellec à celle du Van.
e Les Sirènes vivent dans les pays chauds et y viennent
« souvent chanler autour des navires: Que la navigation doit
If. être belle, dans leurs parages! »
BPLLETI:i ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. - TOMIl XV. (Mémoires). 6

Voilà la légende qui m'a été racontée, samed i dernier, par
un habitant de Cléden-Cap-Sizun .
Voici le fait qui lui a donné naissance.
Il y a deux ans, une bouée sll rmontée d'un signal de brume
avait rompu sa chaîne et flottait, en épave, dans le Raz-de­
Sein. Drossée par le courant, elle dût entrer dans la baie de
Douarnenez et être prise par le retollr du flot, qui se fait dans
ces parages, à trois heures de montée. La conqne du signal cie
brume, fonctionnant par intel'valle, etait la voix de la Sicène,
et les fucus attachés à l'épave représentaient sa chevelure.
Cette explication n'a pas satisfait mon interlocuteur. Lui et
bea1lcoup d'autres croiront encore longtemp3, dans le Cap, à
l'apparition de la Sirène.
Et c'est ainsi que se forment, souvent, les légendes . Si tout
ceci ne démontre pas l'existence réelle des Sirènes, il prouve
du moins qu'on y croit, à la pointe du Raz-de-Sein et dans
tout le Cap-Sizun.
LE CARGUET.
Au(lierne. le '28 Mars 1888.
Il C>9 Q

UN SCEAU
DE L'ORDRE HOSPITALIER DE SAINT-ANTOINE.

Avant de nous occuper du sceau que nous présentons à
l'examen de notre Société, nous croyons intéressant de donner
quelques renseignements sur l'origine de l'Ordre hospitalier de
Saint-Antoine, sous la règle de Saint-Augllstin.
Josselin Oll Gozzelin, un seigneur du Dauphiné, en revenant
d'un pélerinage, apporta de Constantinople les reliques de