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Bulletin SAF 1888


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Commentaires et rapprochements

M. Reinhold-Koelher, M. de la Villemarqué

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- Laissez-les s'en aller, sans ieur faire de mal, repondit
Marie.
- Non, non! à chacun suivant ses œuvres; reprit le roi.
Faites, vite, chauffer un four, et qu'on les. jette dans les
flammes! Et le valet de cbambre aussi avec elles!
Et l'on fit comme le roi a l'ait ordonne.
Ylarie, et, pendant un mois
Le roi se mal'ia alors avec
il y eut, tous les jours, des fêtes, des festins et des
entier,
réjou issan ces.
La marraine de Marie, que l'on n'avait pas revue, depuis le
jour du baptême, se trouva aussi à la noce. Si Marie était
marraine etait bien plus belle et plus jolie
belle et jolie, sa
encore, si bien que l'on l'pstait en admiration devant elle.
Au-dessus de sa tête brillait une couronne d'etoiles, et lorsque,
après le repas, elle descendit dans la cour, elie parla avec
bonté à tous les pauvres qui se trouvaient là reunis; et quand,
du bout du doigt, elle touchait leurs guenil les et leurs
baillons, aussitôt ils etaient changes en beaux babits tout
neufs!
Vierge, la mère de notre divin Sauveur 1 (1)
C'était la sainte
Conté pal' BARBE TASSEL,
du bourg de Plouaret (C6tes-du-Nord) .
Recueilli en breton et traduit en français par F.-M. LUZEL.
Noyembre 18(i9.
COMMENTAIRES ET RAPPROCHEMENTS
Par M. Reinhold KŒHLER.
M. Reinhold Kœhler, conservateur de la bibliothèque grand
ducale de vVeimar, et un des plus savants folkloristes de l'Eu-
(1) Introduction par le conteur populaire de l'élément chrétieu,
. dans une fable toute païenne. .

rope, à qui je communiquai ce conte, en 1873, me le renvoya
avec les commentaires et rapprochements suivan1s :
Comparez: Giambattista Basile: Pentamerone, IV-7; -
le conte Catalan, cité par Angelo de Gubernatis, clans Mytho­
logie zoologique, tome II p. 314 j Gozenbach, Contes
Sieiliens, n OS 33 et 34 ; 1mbriani, Le NooeUeja jlorentina,
n° 20; Hylten et G. Stephens, Contes et traditions popu-
laires de la Suède, nO VII ; C. Bertram, De l'autre eMé
du détroit, ou L'Esprit de la Finlande, eollection de ehants
populaires et de prooerbes finlandais, Leipzig. 1854, p. 18.
- On peut aussi comparer les autres contes que j'ai réunis,
dans mon commentaire sur les n OS 33 et 34 du recueil de
Gozenbach; mais ce n'est que dans les contes cités d'abord
que nous trouvons une Sirène, ou un autre être marin, qui
s'empare de la jeune fille précip itée dans la mer, et qui lalaisse
seu lement attachée à la lerre par une chaîne. Dans le Penta­
merone, c'est une belliss~na Sirena; dans les contes Siciliens,
la Sirena dei mare; dans le conte Suédois, hasf!lreen, c'est-
à-dire lafemme de mer; dans le conte Finnois, le Dieu de la
mer; dans le conte Florentin, un pesee marino, un poisson
de mer.
Le conte Breton a beaucoup de détails qui lui sont parti­
culiers, comme le marrai nage de la Sainte Vierge, l'assassinat .

du frère et sa résurrection par la sœur. Je crois que le conte
Breton ne s'est pas conservé sans quelqu'altération. Dans sa
forme aûtuelle, la Sainte Vierge ne joue aucun rôle; il est évi­
dent qu'à l'origine, elle devait intervenir comme aide, comme
conseil, clans les aventures de sa filleule Marie.

N01 ES de M. de la VILLEMARQUÉ .
Pour le nom et lBS qualités de la SIRÈNE CELTIQUE,
eonsultez particulièrement:
l' LITTRÉ, art. Morgane (Mol'-ga-n'), sœur d'Arlur et
61ilve de Mel'Iin, enchante l'esse fameuse dans les l'omans de
chevalerie.
Que ce soit UI'gèle ou MOI'gane,
J'aime, en un r0ve sans effroi,
Qu'une fée au corps dia phane,
Ainsi qu'une fleur qui se fane,
Vienne pencher son fl'ont SUl' moi.
(V. Hugo, BalI. 1. - M organe, c hâteau de la fée Morgane, nom donna au
mirage qui, sur la côte d'Italie, fait yoir au- es palais, des villes, etc., on dit aussi Morgait~

- Ety:rn., Nom celtique que M. de la Villemarque propose
d'interpréter pa r' le bas-breton mor, très, fort, et gan pour can,
brillant : la très uI'illanle ; ital. rata AJor guna, le mi l'age' (1).
(E. Littré, DictiolUl.aire de la L all.gue française. , Ill, page 629. 18;5 ).
2' Le P. GI'égoire, al't. Sirè ne. monstre mal'in. lIfary­
Morgand (id. ë, femelle fière, et al'l'ogJ.nte), Morvrecg . p. Mor­
vraguez.
(D ictionnaire François-Celtique ou François·Bl'etol~, par le P. F. Grégoire
de Rostrene n, prètre et prédicateur Ca pucin, page 369, à R ennes, " hez
Juliea Vatar. M.D.C.O.XXXII ).
3' Troude, art. Syrène . s. f., monsü'c fabuleux; Mor­
c'hrek. En poésie, Mari-Morgan t f.
(A. Troude, N ouveau Dtctionnaù'e pratique Français-Breton,
Le même, art. Mari-Morgant . s, f., Sirène, poisson
uleux, et aussi poissar'de, à la lettl'e, Marie al'l'ogante. , Eur
fab
V((ri Morgand, une poissarde. ,
(A. Troude, N ouvea u, DictionnaiN Breton-Français,
page 430. - 1876).
4" Girald-Ie- Gallois. P ost bellum de Kemelen (Kamblan),
apud Cornubiam, intel'fecto ibidem Mordredo, proditore nequi-
(1) F ill2 de la Mel' (Bl'Îzeux, La F ieu/' d'or, p. 115 ). Zeuss tient pour la
racine canl~ (a lbus), 187.

simo .. , ipso que AI"lhuro, ibi lethaliter vulnerato, corpus ejus in
insulam Avaloniam quœ nunc Glastonia dicitur a nobili matrona
quadam ejusdem cognata et Morgani vocata, est delatum,
quod postea defunctum in dicto' coemetel'io sacro, eadem procu­
J'ante, sepultum fuit. P l'opter boc enim (ablllosi Britones et
cor'um cantOl'es fingere solebant quod dea quoedam phantastica,
Morganis dicta, corpus Artburi in insulam detulit
scilicet
Avaloniari1 , ad ejus vulnerasanandum; quœqudm sanata fu erint
redibit Rex fortis et potens ad Beitones regendum. Avalonia
ve l'O dicta est ab a'oal bl'itannico vel'bo, quod pomum sonat,
(Liber distinclionHm, c 9. Beale Poste, Britannia antiq1La, 178.)
5' Geoffroi de Monmouth:
Insula po:rn.oruIll. quae Fortunata vocatul"
Ex re nomen habet, quia pe l' se sing ula profert :
Non opus est i!lic sulcantibus al'va colonis ;
Omnis abest cul~us nisi quem naturà ministrat :
Ultro foecundas segetes producit et uvas,
Nataque poma suis pl'aetonso gel'mine sil vis;
Omnia gignit humus vice graminis ultro redundans
Annis centenis aut ultra vivitu r iHic,
Illic ·iul'a novem geniali lege sorores
Dant .his qui veniunt nostl'is ex pal,tibus ad se;
Quar'um quae pl'ior est fit doctior al'te medendi; ,
Exceditque suas forma pl'aestante sorores;
MORGEN ei nomen, didicitque quid utilitatis
Gramina cuncta ferant, ut languida corpora curet;
Ars quoque nota sibi qua scit mu tal'e figuram,
Et resecal'e novis quasi Daedalus aera pennis;
Cum vul t est Bl'isti, Carnoti, sive Papiae
Cum vult in nostris ex aere labitur horis ;
Hancque mathematicam dicunt didicisse sororcs,
1Jloronoe, Mazoe, Gliten, Glilonea, Glito'n,
Til'onoe, Thiten, cithara notissima Thiten.
, llluc, post bcllum Camblani, vulnere laesum
turum, nos conducente Bal'intho,
Duximus Arc
Aequol'a cui fuel'an t et coeli sydera nota.
Hoc recto l'e ratis, cum Principe venimus iIluc,
Et nos quo decuit MORGEN suscepit honore,
Inque suis talamis posuit super aurea regem
Strata, manuque sibi detexit vulnus honesta;

Inspexitque diu ; tandemque redire salutem
Possesibi dixit, si secum tempore longo
Esset, et ipsius vell et m edicamine fungi.
Gaudentes igitUl' Regem commisimus i1li,
Et dedimus ventis redeundo vela secundis.
(Vila Merlmi, v. 908-940 - E d. de Michel, 1837.)
6' L'auteUl' al'mol~icain anonyme des Gesta regnm 13I'itanniœ:
Cingitur oceano memorabilis insu la, n ullis
Desolata bonis: non {ur, non predo nec hostis
Insidiatur ibi ; non nix, non bruma nec estas
Immoderata furit; pax et eoncordia perpes,
Ver 'tepet eternum, nec flos nec Iilia desunt,
Nec rosa nec viole ; fl ores et po ma sub una
Fronde ge l'it pomus : 'habitant sine labe pudoris
Semper ibi juvenis cum virgine. Nulla senectus
Nullaque vis mOl'bi, nullus dolor : omnia plena
Leticie; pl'oprium nichil hic, communia quèqu e.
egia virgo locis et rebus presidet istis, .
Vit'ginibus stipata suis pulcherrima pulchris
Nimpha, decens vultu, generosis patl'i bus orla, '
pollens, medecine nobilis arte.
Consilio
Que, simul Arturus regni diadema r eliquit
Substituitque sibi regem, se transtulit illuc,
Anno quingeno quadl'agenoque secundo
Post incarnatum sine patris semine Verbum.
. Immodice lesus Arturus tendit ad aulam
-Regis Avallonis. Ubi virgo regia vulnus
Illius tractans, sanati membra reservat
Ipsa sibi; vivunt que simul, si credere fas est.
(Ed. de Fr. Michel, 1862 - v. 4213-42$4.)
7' Les llfabinogion publiés par lady Ch. Guest:
Ac y peris Arthur galw MORGANTUT allaw; penn medygo n
hunnu : « Kymel' attat Edern vab Nuel, a phal' gyweriaw
oed
ystavell idaw; a phar vediginaeth idaw, yngystal ac y parut y
mi, pei bewn vrathedic, ac na at neb y ystavell y aflonydu arnaw
namyn li ath disgyblon ac medeginiaetho. " Mi a wnaf hynny
yn llawen, heb y Morgantut. " (Geraint ab Erbin part .. III,
8' Les contes populaires armoricains des frIorganed etJI01'ganezed
tl'aduits par M. Luze\. (Bglletin de la Société archéologique da
Finistère, T. IX, p. 66.)