Responsive image
 

Bulletin SAF 1888


Télécharger le bulletin 1888

Promenade aux manoirs de Troheir, Kerpaën, les Salles et le Parc (commune de Kerfeunteun)

M. Trévédy

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes


PROMENADE
AUX MANOIRS DE TROHEIR, IŒRPAEN (IŒRBEN), LES SALLES
ET LE PARC (COMMUNE DE KERFEUNTEUN) (1)

Nous sommes, je suppose, au boutdu faubourg qui continue
la rue de la Providence, an village de Pontigou sur la rout e
Le ruisseau descendant de Pratanras ct qlli
de Locronan.
traverse la l'Ollte marque aujourd'hlli la limite commune de
Qllimper et d61 Ptluhars. Au dernier siècle, all contl'aire, la
paroisse de Saint-Mathieu s'étendait à cleux kilomètre.~ plll~
loin, jllsqlle au pont dn Stèir, où nous nons rl;)t1dons .
Cet espace comprend l'ancien manoir et le moulin de Kerma-
beuzen, que voilà auprès de nous à gallche, le moulin Vert., .
que nou s allons voir à notre droite Sllr le Stéir, l'ancien manoir
et le moulin de Pratheyr un peu pins haut (2), et plusieurs
autres villages; notamment Kerlazanet que I·oici sur la colline,
il gaucho de la nouvelle route de Guengat, 01.1 sc conSel'l'ent
les piliers des fourches patibùlaires de Quéménet (3);
Kereyen il l'entrée de l'ancienne rou te de Guengat, que signalen t .
des pins parasols; plus loin à gauche, sur la colline, Ker­
groacb, et à droite) au coude que forme le Stéir, Kergolver.,
q ne nous retl'OU vons plus tard,
Nous tra "ersons le village du Monlin-Vert; nous laissons à
droite Pratbeyr, à gaucbe nu peu plus loin et à mi-côte la
(1) Notice lue à la séance du mois d'octobre 1887 et aux séaoces
suivantes.
(2) Cette pnrtie rurale de la paroisse porte dans un vieux titre
le nom de nw des iI!olûins (1401). Monog. de la cath., p. 49 et 51.
(g) Y. Fourches de Quéménet, Bull. Soc, arch. 1883, p. 211.

chapelle de Saint-Conogan, cachée dans un bouquet de hêtres.
Au sommet le plus élevé de cette colline, qui fait partie de
autrefois des fourches patibulaires
Kergroach, se dressaient
dont nous aurons à parler. A deux kilomètres de la ville,
nous laissons à gauche la nouvelle route de Locronan, et nous
suivons l'ancienne, qui, par une pente abrupte et un brusque
nous conduit au pont du Stéir .
détour,
Arrêtons-nous à mi-côte. Devant nous s'étend un paysage
charmant à voir, aussi bien aux premières heures du jour
qu'au coucher du soleil. Les environs de Quimper n'ont pas
un site plus riant.
Au-dessus du pont, à gauche et de l'autre côté de l'eau, voilà
le moulin de Troheir : depuis pfusieurs siècles, il tourne
jùyeusement à cette place. Devant nous la route escalade la
colline; à gauche de cette ligne droite, que traça, dit-on, le duc
d'Aiguillon, voilà le manoir de Troheir.
Il nous est permis de faire ici une station.

TROHEIR
En écrivant Troheir, j'ai suivi l'orthographe qui paraît
prévaloir aujourd'hui; mais je trouve ce nom écrit à diverses
époques: Trohei, Trohey (1), Tronbéir, Troheir, Tro-eir,
Troheier : cette dernière forme, conservée par la prononciation
vulgaire et bretonne, a été adoptée par le cadastre.
L'étymologie du nom n'est pas douteuse. Ce nom n'est qu'une
corruption ou une abréviatié'n des mols Traon-Tei ou Teir,
vallée du Tei ou Teir. La jolie rivière qui baigne les terres
(1) Une fois (en 1668) on trouve Trohaye, faute d'orthographe
à un greffier du Présidial écrivant sans doute comme
évidente, due
il entend prononcer .

de l'ancien manoir et qui fait tourner son moulin porte aujour­
d'hui le nom de Steir; mais elle s'est longtemp~ nommée Teil'
et plus anciennement Tai (1).
Le manoir de Troheir a eu très anciennement des 5eigneurs
particuliers. En 1326, Geffroy de Tronheïr, homme d'armes
(armiger), fait un contrat d'échange. En 1349, le même fait
son testament dont le vicaire de Villa fonti:J (Kerfeunteuri)
est dépositaire. Il nomme en cet acte Guy, son frère, Jean, son
fils, Théophanie, sa sœur. Vers le même temps, Jean de Troheir
et Elyonore, sa femme, font à leur tour leurs testaments, que
présente à la cour des Regaires Nicolas Cervi (Le Cerf), curé
de Campo Gloaguene (Mez Gloaguen) (2). Les époux de
Troheir habitaient rue Obscure, à Quimper (3).
Il semble que, dès cette époque, Troheir n'était pas une
demeure seigneuriale. Au commencement du XV· siècie, nous
trouvons ce manoir aux mains des du Juch, seigneurs do
Pratanroux (1426), et, peu aprè3, le seigneur y a deux métayers
Depuis cdte époque, les deux terres de Pratanroux et Tro­
heir n'ont été séparées que pendant quelques années du dernier
siècle. Vendues en deux lots, en 1775, elles furent acquises
par le même, et aujourd'hui elles sont de nou veau rélll1ies aux
mains d'un descendant de cet unique acquéreur.
Quand j'ai conté l'histoire de Pratanroux, j'ai dit que Troheir
avait passé par héritage des Juch aux de Baud, et par mariage
de ceux-ci aux Rosi!y, qui l'ont vendu en 1775: Aujourd'hui,
(1) Hévin écrit Teir. Questions féodales, p. 60 et suiv.
(2) Elyonore, nièce de Yves Cabellic, archidiacre de Poher et
neveu de l'évêque Yves Cabellic. Elle fut inhumée daus la chapelle
de saiut Nicolas, aujourd'hui saint Frédéric, à la cathédrale. LE MEN,
I\lonog. de la cath., p. 37 .
(3) Cartulaire de Saint-Corentin.
(4) Réf. des fonages de Kerfeunteun (1426). Henry du Juch à
Troheir, manoir. (1444) Henry du Juch, deux métayers à Troheir.

je ne reviendrais pas sur Trobeir, s'il ne s'agissait de mettre
en lumière des titres curieux qui viennent de m'être comm u­
niqués (1).
aveu au Roi du 16 jllillet 1682, l'Évê.:juP se déclare
Dans son
seigneur des paroisses de Cu zon et Kerfeunteun. Les a veux
rendus à, l'EvêqHe par les seigneurs de Troheir comprenn ent,
outre le manoir do Troheir et quelques dO\Daines, trois mflnoirs
et sept villages disséminés dans ces deux paroisses sous le fief de
Troheir. En outre, la terre de Troheir s'étendait sur les trois
rminihy, Kergroaeh et Kergol vez, au delà d II
villages de Ke
Stéir, dans la paroisse de Saint-Mathieu de Quimper; ces
trois villages en tant qu'annexes de Troheir étaient du 6ef des
Regaires (2) .
La seigneurie de Trobeir était, jllsqu'en 1475, soumi se au
bail f éodal : c'est-à-dire que le seigneur Évêque percevait le
revenu intégral de la terre pendant la minorité du seigneur.
ar le comte Geffroy
Droit exorbitant, importé d'Angleterre p
(1185), antip athique aux Bretons, et contl"6 leqllelles seigneurs
(1) C'est à 111. l'abbé Peyron que je dois l'indication de ces pièces.
Elles figurent en résumé dans l'inventaire des titres dé l'Evêché
dressé au commencement du siècle dernier et classé aux Archives
G. 52, 53, 54. Les titres que réfère l'inventaire sout
départementales
par paroisses G. 15, 16, etc. Les titres de Troheir sont à
classés
Kerfeunteun G. 17.
(2) Kerminihy, habité en 1475, est mentionné comme en {riche il
l'aveu de 1750; et le nom même disparait dans les aveux postérieurs.
Voici du reste la composition exacte de la terre de Troheir :
Domaines ,' 4 tenues au mauoir de Troheir et moulin, 'Village
de Kerbascan (Kerfeuntun). Kerminihy, Kergroach, Kergolvez, 3
nu es (Saint-Mathieu). Manoir de Kerledan avec monlin, manoir
Cuzon).
de Trevazon, Kerancloarec (
Cheffrentes,' (Kel'fellnteun) manoir de Kerambiquet, de Kerpaen
(sergenterie féodée des Rega ires), de Bécherel ou Bécharle. Vill ages
de Penfrat, Penanrun, Keranmoel. Kersterancoet, Kermoyec..
(Cuzon ) Kerannizin, Tyezegar. (Je copie l'orthographe des titres
anciens, les noms ont subi quelques modifications.)

ne cessèrent de protester. Moins d'un siècle après, ils obtenaient

de Jean r " la conversion du bail en T'achat : c'était le droi t
pour le seigne ur suzerain de pl'l'cevoil', au décès dll vassal, une
ann ée du revenu de la terl'e, en quelque âge que fu ssent ses
héritiers
Il est sin gulier que pillsieurs siècles après la Constitution de
Jean l eI' (1275), lc bail féodal subsiste cnCOI'e dans le fief de
COl'l1ouaill e. Je ne ·dis pas assez : il semble qne le bai l soit
encore le régime ordinaire so us le fief des Regaires de. Quimper
vers 1540; et je l'y l'elron \'e en ] 571, ] 624, 1643 et même
Je ne trOlJ\"e de cette bizarreriG qu'llnc expl ication: c'est qlle

le sQigneLlr E \'êque omettait d'exel'cer 50n droit de bail , comme
nou s le voyons souvent faire grâce du racbat (3).
Trohair semble avoir été cln petit nombre des terres nobles
qui n'avaient pas ci e justi ce (4),
Mais les seigneurs de la mai son du Jucb, ayant haute justice
et patibulail'cs à Pratanroux, imaginèrent d'élever trois poteaux
de justice sur la col lin e de Kergroach, située en face de Troheir .
. et qui domine la route et le pont dll Stèir; c'élait affecter la
haute ju stice pu isque « les patibulaires éta ien t le !5igne du droit
(1) HÉVIN, C OllSult. 11, p. 45, lire sur le ?'achat cons. 9 et 11 ;
sur le bail établi par raisons politiques et militaires, 'Voir cons. 107.
(2) Je pu ise ces indications dans l'examen des titres de l'Év êché
pour Cuzon ct Kerfeunleun, seul es paroisses que j'aie étudi ées. G. 52,
(3) Exemple. L'Évêque fait grâce du lJail, en 1506, au seignenr
minour de Missiricn :Kcrfeuntelln ), il un e condition pourtant et dont'
les justi c.iables ne ,e plaindrollt pas, c'est que pendant cette mino­
la cour des Rega ires exercera la justice de Missiri en. Tit. de
rité
l'Eveche, G. 15, Cuzon.
(4) C'est une singularité. HÉVIN, consult. 77, p. 379.

BULLETIN ARcnÉoL. DU FI1"STl~:I\ E . - TOME XV. 1 )\lémoires).

de glaiTe. Les Évêques hauts justiciers pl'otestp.rent; malS
l'usurpation se renouvela un peu avant 1475.
Le seignen r de Trohei r était alors Henri du Juch, cheval ier,
allié pal' son premier mariage à.1a maison des Le Barbu et
capitaine de Quimper. Il dresse à son lour ses fourches pat.i­
bulaires. II faut en finir de cette prétention, sans cesse renais7
sante; et l'Évêque Thibaud de Rieux appelle Hemi dll Juc.h
devant sa cour des Regaires, « demandant et concluant que ledit
Messire Henry fut condamné à faire réparation de l'attentat, et
à mettre la chose en premier état avec amende ·et de" dom­
mages à l'égard de justice. D
«Ledit Révérend Père en Dieu disait et pouvait dire que ledit
Messire Henry était et est son homme ès fief des Regaiees;
qu'il tient et doit tenir à devoir de bail, les manoirs et héber­
gements de Troheir .... qu'à cause de son droit épiscopal et des
Regaires et pal' pl'i vilège et an tiq ue possession, à 1 u i (l'E vêq ue)
appartient toute ju~tice, lant haute que moyenne et basse avec
tout justiciement aux paroisses de Cuzon et Kerfeuntun, et
que tout ce être notoil'e. »
Le seigneur de Pratanl'oux et Tl'oheil', se rendant à l'évi-
dence, reconnaissait les c.onclusions de l'Evêque en ce f.Iui
concernait la paroisse de Kerfeuntul1 et Cuzon; mais il sou­
et Kergolvez, situés dans la paroissc de
tenait que Kergroach
Saint-Mathieu, n'étaient pas au fief des Regaires, mais dans un
autre fief qu'il ne nomme pas .... Il maintenait avoir la justice
sur cette partie de sa terre et apparemment la haute justice
puisqu'il élevait des patibulaires.
Mais l'Évêque et le capitaine de Quimper se mirent bientÔt
d'accord; et « pour obvier à grande in vol ution de procès et paix
et amour nourrir entre eux», ils signèrent, le 19 mars 1475,
l'acte de transaction dont je viens d'abréger l'exposé defails. (1)

(1) Arch, dép. G, 17, Kerfeuntun.

Cet acte est revétu des
formes les plus solennelles: il est
àre~sé dans la Catuédrllie
« en présence et du consentement
des chanoi nes présen ts en
chapitre et chapitre faisant à son
tloche. »
Le seigneur de Troheir reconnait tenir Troheir et ses annexes
en Saint-Mathieu à devoir de . bail sous le 5ef des Regaires .
Il reconnaît Que l'Evêq ue seul à la justice haule, moyenne
et basse, sur toute la terre de Troheil'. Il reconnaît fju'il n'a
eu droit d'éle,-er le~ fourches à. Kergroach.
• Sur consentement dudit cheva li e'r, et en consideration do plusieurs
biens es tem ps passés oct royrs à. 1 'égl ise Cat héd raie de Cornouaille »,
l'Évêq ue lui accorde de tenir la justice patibulaire aux lieux' où
el le est assise, en la paroisse de Sain!-Mabé.
Mais c'est une pn re tolérance, l'acte dit expressément que
(C celle justice ne fera gagner à Messire Henry ni ses hoirs et
successeurs aucune connaissance de cou r et juridiction sur
ce qu\ls auront d'héritage à Kerfeuntun et Cuzon » .
Quant aux possessions de Troheir, en Saint-Mathieu,
puis aut bien qu'i l tolère la haute jllstice elle-même. Donc il

consent que le seigneur de Troheir exel'ce la j llstice, mais « sauf
le ressort par appel ou contredit réservé aux Regaires ». De
est sti pu le que cette justice s'exercera concurremment
plus, il
al'ec cel le des Regaires, c'est-à-dire que, « si la j11slice des
Rega il'es est sa isie la première, soit d'office, soit par les parties,
lle restera sa isie, sa ns que le seigneur de Troheir puisse
exercer le retrait en cour. »
Voilà une haute justice singulièremen t amoindrie! Selon la
règle, dans les haut es justices les contredits sont portés devant
le sé!,~'eha l de Na nt es ou celu i de Rennes, d'où l'appel va

droit au parlement des Ducs ; ma is jamais contl'edits ni a ppels
ne vont d'un seigneur à un autre.
Mais q u 'i m porte au seigneut' de Tl"ohei r cet arnoind risse­
nt de sa justice nouvelle ~ Ce qu'il lui fa ut, c'est le ti tre de
haut jU1!ticier; ce qu'il yeut surtou t, cc sont les fourches
patibulaires qui, dressées sur sa terre, annon cent au loin son
droit de glaive. -
Enfin, et ceci importe, le droil de bail féodal est remplacé
par le aroit de rachat au profit du seigneur É vêqu e.

En regard de ces concessions faites p:u l'Evêque, voici celle
ur de Trobeir : \.
qu e fera le seigne
« Il constitu e de cheITrènte sur le tont des héritages tenu s es
dites Regaires, sa voir est:
" Une pai l'e prélat pour être à son ponficaJ. Qu ell e chefh ente ledi t Mess il'e
nry et ses successeurs seront ten us payer et rendl'c audit
R évérend P ère en Dieu et ses successeurs à peine d'amend e et
de sai sie.
(, Savoir: Es trois prochaines fêtes de Noël, le cheva lier,
s'il n'est absent hors de cette contree O ~l emp3chc par
m'sladie, en fera le paiement en sa personne chacun JOUi' de
Noël au commencement cie la m es 'Se de Puer natus est, au
bout du grand autel de l'église cathédrale, au R. P. en 'Dieu,
ou à celui qui dira la grand 'rnesse, Et les hoirs et successeurs
dudit Messire Henry, seront ten us de' paye r de leurs personnes
celte cheffrente à chacun É vêque le j0ur de son entl'ée en la
ville de Quimper au bout du grand au tel ; et par deux autres
durant la vie de chacun hoi rs et s uccesseu l'S, le paiemen t
fois,
aura lieu aussi de leurs personnes au bout dudit autel, le
jour de Noël (1) et es autres fois ledit Messire H enry et ses
irs .... paieront ladite ehGffrentc, ... il chacun j-ou~ et fète ci e
(1) Disposition singulière si la co pie n'est pas fauti ve.

Noël pa l' chacu II an, 11 l'issue de la porte de la ma ison épiscopale,
co mm e ils (les évêques) part iront d'i celle maison à allel' il la
gra nde messe de Puer natu8 est ... ou aux vicaires du R. P.
en Dieu, s'il est absen t. Et à chaque fois que led it Messirc
Henry et ses successeurs ne feron t le paiement en personne,
Com me dit est, ils seront tenu s le faire pal' procureur qlli
soit noble hom me ayan t pou voir exprès d'iceux q uan t à ce (1) •.

Le seigneu r de Troheir "s'oblige en plus, dans les qu inze ans
prochains, de bailler de cinq lettres de connaissance en forme authentique du contenu en
cet acte n ,
G;elte précaution qu i sem blait superflue ne devait pas
recel'oÎl' une exécu lion en tière,
A vant l'échéance du premier terme de cinq ans, Tnibaud de
Rieux était mort (1479 ) ; et, ce p~emiee teerne à pei lie ex piré,
Henry du Ju ch mourait au Mur (Saint-Evarzec), le 5 des
ides d'oclobre (11 octobre 1480), et, deux jours après, les
cordeliel's de Quimper le coucbaient dans J'enfeu de ses
ancêtres (2),
Guy du Bouchet, successeur de Thibaud de Rieu x, et

(1) No hle homme , dans le style du temps, c'est gentiI1l9111me.
Hj~VIN, consu lt. 121.
Eu outre, l'acte nous apprend que le S' du Juch abandoune uue
l'cule de six sous à lui due sur la maisou dite de la Psalttte, rue
Obscure. La mai son aujourd'hui, u' 31 , Ille Royale, où Bertrand de
Rosmaùec aVil it étab li la l'salette : c'est l'hôtel de Jacquelot de
Boisl'O llVl'ay. L'ac[û le décrit aillsi : MaisOll de la Psolette de l'ég lise
cathéùrale qui autrefois étili t à maitre Guillaume M:mcousu
(Guillaume Maucousu, clwuoiuc, Il. signé le p. v. de la fondation des
tours de la Catllédrale : 28 juin l<124) assise en la ville de Quimper­
Corentiu, en la rue Obscure, devant la maison où demeura autrefois
Mo ry an, d'un costé, et la maison que il présent tient
Pierre
M' Guillaume Lorguelloux (Lorgueilleux), ct entre deux, il y a une
yicille mazière que tieut pour le présellt M ' Fortaiue-Guillou.
,2) Nécrologe des cordel iers.

Raoul Le Moel, succe~scul' de Glly, entretenaient les mêmes
relations d'amitié ave~ Hervé du Juch, seigneur de Pratnnrollx
de Tl'Ohei r, fils c!'H 'lnt'i et son succes,elll' dan,> la cll3l'ge
de capitaine (1). C'est ainsi que, la mort de R emi donnant
pour la première fois ou verture au droit de rachat sur Tl'Oheil',
Guy du Bou cilet donna ol'dl'e à _,on recCI'eur de laisser Hel'\'e
du Ju ch jouir du ,'achat, c'est-à-dil'e cie ne pas l ui r,Sc:lalllel'
le revcnu d'une année (20 nO\'embre 1480).

L'acte que Je vais l'ésumel' montl'e de la p:1rt de RROIJ!
Le Moelles ~êtr1es dispositions bienveillante, pOUl' le seignc ul'
cie Troheir.
Cet accord a été dre,,~é , le 17 aoùt 1500, entre Raoul Le
Moel et Herve du Ju ch, capitaine de Quimper. Les parties
n'entendent déroger en rien aux c(ll1verilion~ (h 19 111:11':3 1475 ;
malS:
« Attendu la difficulté de trOllVel' des mitaines bonn es et
es que à tel seignelll' et pl'élat peut et doit
honnêtes tell
il a été convenu ...
appartenir pour officier en pontifical,
CI Que pour eviter à toute diffi .. ~ull.\ le seigneur fera le
premier paiement d'une paiL'e de mitaines ou gans bons et
honnêtes à prélat pour officiel' en pontifi~al, bl'od0$ de fil d'or
et emicbis à stigmates et autee d0corement~ requ i'l, ju s'lll 'à
la valeur et l'estimation d'un écu d'ol'; et ... ail lieu mitaines, à chacun des tel'mes en su i\!ant jusq ll'à la nellvièmc
année, baillera un demi écu d'ol' du coin réel à la couronne
ou soleil ou de Bretagne, si troll \'el' le peu t ; et, sinon, une
moitié d'écu d'or de prix bon; Cjuel écu se t'a apporté en entiet'
au lieu déclaré par la transaction de 1475, et là coupé en deux
(I l Mais non successeur imm édiat: il était mineur, en 1480,
il la
mort de son père, auquel sllccéda Charles de Keinmec'h.

mOilies ou portions en presence du seigneur Évêque dont il
(l'Evêque) choisira et prendra la portion que bon lui semblera;
et, le pl'Ochain neuvième an, paiera et baillera audit Évêque
une pr.ire de mitaines ou gans comme devant; et par autant
que ledit seigneu r ne pourrait trouver les gans ou mitaines
brodés comme devant, ledit seigneur Evêque consent de prendre
autres mitaines ou ga!ls à stigmat.es et autres décoremens
enri chis d'Ol' ou d'argent par orfèvre, jusqu'à la valeur d'un
ecu d'or qui sera par lui reçu, jurant et vérifiant, s'il en est
(le seigneur du Juch) ne pou voir ni n'a voir pu recou vrer
requis
lesdites mitaines ou gens ouvriers, ou matière pour les faire
ès six semaines amnt led it terme. Ainsi sem-t-il fait de
savoir: le
neuf ans en neuf ans, subséquelltement à jamais,
demi-écu par les intervalles de neuf ans et les gans au para­
à chacun
chèvement desd its neuf ans, comme devant, que sera
dixième an. ))
En outre, il était dû à l'Évêque, «à sôn entrée et réception,
paire de gans ou mitaines par espèce de semblables devis
une
cltssus. ))
que
Nul doute qu'un troisième acta, que nou s n'avons plus, n'ait
apporté qUf'lques modifications aux clauscs des actes ci-dessus.
is le commencemellt du XV JIe siècle, le paiement
Ainsi, depu
des gants s'est fait de neuf ans en neuf ans et non tous les dix
ans(1) .
. En second lieu, le paiement de la cbeffrente s'est toujours fait
à l'église cathédrale et. jama is à la porte de la mal:son
épiscopale. Il nous reste cinq procurations données par lps
(1) Un aveu de 1530 porte comme les transactions: tous les dix
ans: Les aveux postérieurs (1650-1652-1711) portent au contraire:
tous les neuf ans, et disent, il la première entrée de l'ÉVêque comme
aussi de neuf ans en Ileuf aIlS aux subséquents. La période de neuf
ans recommence il chaque en trée d'Evêque. Les ganis ont été
baillés il l'ioël 1530, ct il Noël 1617. Ces deux dates embrassent nne
période de 87 ans, soit se pt périodes de 9 ans, plus 6 ans .

seigneurs de T l'Oheir; et SQpt procès-verbaux con3tatant le
paiement de la cheffrente o,u donl!an t défau t, et ces doule act.es,_
dont l'un est de 1530, SUpp031:lnt un p 1,ieJJtent à faire ou fait à

, l'église. ~
En 1530, les gants sont du s, Raou l du .r uch donne procul'a­
tion ~ René Le Gallou, ecuyel', Hen6 Mocam et Jacqu es dA
Moellien de payer un écu d'or, et d'affüm er sous serm cnt qllïl
« n'a pu trouver les gans stigmates, ni ouvriers pour les faire,
sans intention de déroger à l'appointemellt ,de 1473, n'
.. En 1532, le même donne pl'ocm'ation il Jacq ues de N evet,
chevaliee, lleigneur de Nevet, Jean de Penguily, chcvalier,
seigneur de Trohanel, Alain dc Kel'gllclenell, cl1evali e!', sei­
- gneur de Kerguelenen.
En 1642, Rolland de Lezong-ar, .seigneul' du Hillignit, mari
de Claude du Jncb, donn e pl'ocuralÎon à Hené de Ked ocguGn,
seigneur de Crec'heuzen, de la Salle et de Toulgoet.
En 1617, Jca,n de Baud, seigneul' de la Vigne et la Houll e,
donne procuration il. écuyer Jacqu es du Quellen ec seigneur clu
Delien.

On a quelqu e peine à co mprendre éjll'ell présence cl es terill es
des transactions de 1475 et de 1500, les seigneurs de Troheir
aient affl'Ont4 la menace de saisie de leur terre en n'exéJutant
pas ces ,actes. Au dern ier siècle, l' E vèq ue i Il l'oq uai t en preu ve
da son droit deux saisies pl'Ononcees pendan t la messe de Noël,
en 1657 et 1658 , et le SénticiJal repoussait ces actes comme
étant de date trop récent!'! , N OliS avons sous les yeux une sen-
tence (est-ce la premièl'e 1) rendue le 25 décembre 1566. On
peut supposer qn'à cette epo'l U0 le seigneur de Trolleir laissait
défaut par nég li gence, puisqo e, l'année s uivé ll1te, il se présente
et proteste de sa fidélité ; mais plus tard les refu s persistant s de
qu elqucs seigneurs avaient une autre signification : il~ etaient
la négation du clroit établi en 1475 ct eonfirmé en 1500.

C'est ainsi qu'en 1693-93~99-1700, et sans aucun doute dans
es années intel'm6diairos, il fut donné défaut contre Mathurin
Rosily, seigneur de Méros, Prafanr
commencé un procès contee -l'Evêq ue à Pi'OPOS de cette chef-
frente (l ) .
Nous n'avons lllJ.lheueeu 5ement pa,> les pièces du pl'Ocès :
Sans aucun doute, M. de Rosily plaidait que son obligation
était sans cause.
J'ai sous les yeux un minu de 1533 rell'iu pal' Rolland dp.
Lezongar, E.lari de Claude du Juch, et un autee ùe 1650,
. rendu par François de Rosily. Le premier acte rttentionne les
palibulaires; dans le second il n'en est plus question. Poul'quoi ~
Le voici sans doute:
En dre:osant des fourches patibulaires à Kel'geoach, le seigneur
u'3urpation: usurpation· sur
de Trobeir a commis une double
le droit d@ l'Évêque, quO i seul baut justicier en ce liou poureait
seul prétendre au droit d'y élever un gibet ; usurpation sur L1
prérogative du prince, qu i seul peu t concéder les Fourches (2) .
Que l'Evêque de Cornouaille ait oonsenti, en 1475, à fermSl'
es yeux sur l'usurpation, en ce qui le concerne, fOl't bien! mais

le droit du Duc reste entier; et quand le Roi de France 'sera
~uccesseur des du cs il saura le revendiquer. Ol', en 1539,
une réformation du domaine royal se fait en Cornouaille: les .
commissaires réformateurs ont vu les fourches de Kergroach ;
ils ont demandé l'acle de concession ducale, que le seigneur
Trobeir ne peut fournir. « A défaut de congé du Duc» ,
le seigneur in voquerait-il la possession immémoriale (3), ou

(1) Sur la copie de la tran~actieu de 1475, on lit : La copie ori­
giuale est au sac de Messire Mathurin de Rosily, au sujet du procès
d'entre lui et Mgr l'Évêque, et c'est sur cette copie qu'a été prise et
collationnée cette nouve lle copie pour la greffier, et elle a été àùju-
ée parti es ouyes par le sénéchal au procureur du défendeur
l'Évêque), 20 juin 16D6. -
(2) DBNISAUT, Fourches, p. 215 ; FERlUtRE, même mot, p.
(3) F&RRIÈRIl, Dict. de Droit, Y. Four ches, p. 940,

même la possession de cent ans (1) Y Impossible! Les fourches
de Kel'groach n'ont été élevées, la transaction de 1475 en fait
foi, que dans l'année 1474! Il ya soixante-cinq an s, Cet acte
la condamnation du seigneur de Tt'obeir.
est
D'après ce qui précède, voici quel devait ètl'e le thème cie
Mathurin de Rosily : la cheffrente estle prix de la concession
des fourches ;. les foul'clles supprimées, l'obligation est saNS
cause, 1\1 ais, aura répond li r É vêq ue, la tra nsformation du bail
en rachat, la concession de la justice sur Kel'gl'oa('h et Kergol vez
ne sont-elles pas aussi la cause de l'établissemen t de la cbef­
frente~ Personne ne les conteste, donc la chefhen te est due (2).
Je ne sais si Matbul'in de Rosily poussa jusqu'au bout cette
mauvaise cont.estation; mais ,ce qui est certain c'est qu'il
cbeffrenteen 1702; que son fils etbéritier l'a déclarée
acquitta la
clans son aven du 27 avril 1711, rendu après la mort de son
pèl'e; et que les transactions de 1475 et de 1500 s'exécutèrent
jusqu'allx dernières années de l'ancien régime,
J'ai insisté sur ce clroit singu lier parce que, faute d'une étude
été contesté au dernier siècle par le sénéchal de
attentive, il a
S ilguy et mal défendue par l'Evêque,
En pl'eul'e cle son droit, le prélat se conten tait d'invoquer
un usage que le sénécbal déclarait peu décent. Il fallait pro­
duire les actes que nous avons analysés et qui ne laissent
aucune place au doute. Et ces actes avaient d'autant plus d'im­
portance que cette audience tenue chaque année à l'église
it la juridiction q.e l'Évêque daus sa cathédrale, juri-
établissa
(1) IHvIN, Qllestions, p. 218.
La justice irrégulièremeut coucédée en 1475 a subsisté, bien
qlle le vice de son origine ne soit pas coùvert par la prescriptïon de
eeu t ans en 1539.

diction follement contestée pal' le Présidial à la fin du XVIIe
siècle, proclamée pal' l'arrêt souverain de 1693 et que le sénéchal
ayait contestée de nouveau en 1745.
Plus on étudie dans les anciens titres l'histoire de nos
Évêques, plus on reconnaît ce double tl'ait : Ils ont lutté sans
se lasser contre les empiétements du Duc de Bretagne cI'abord,
puis du Roi, dont les Présidiaux se sont fails les champions .. o
disons-le, for't intéressés . Chaque évêque, ail jour de son entrée,
a juré cie maintenir les privilèges et les frand1Îses de la cité.
Jamais parole ne fut plus religieusement gardée.
Mais en ce qui touche les empiétements des vassaux des
Hegdires,q uelle patieni:e et quelle longanimité! En vou lez-vou s
un exemple L. La saisie de Troheir a été prononcée an moins
treize fois depuis 1566, mais pas un acte n'établ it que la con­
damnation ait jamais eu aucune suite . . Les officiers de justice
faisant lem devoir, requièrent et con~larnnent; mais il semble
que l'Evêque intervienne alors pour leur dire: « N'allez pas
plus loin .• Il lui suffit d'avoir juridiquement maintenu les
dont il a la garde.
droits
contraire, les seign~urs sont, si j'ose le dire, à l'affut de
ions d'empiéter SUl' le fief des Regaires. Ainsi
toutes les occas
dès 1535, soixante ans séu lement après la transaction de 1475,
renon velée en 1500, nous voyons Clande d Ll Juch déclarer efrl'On-
témentqu'elle a coul'etjul'idictiol1 sur' ses hommes de TI'CJheir,
compl'enant dans sa cléclal'ation ses howmes de Cuzon et dc
KerfeLlnteun, et faisant dire à l'acte constitutif de sa justice le
contraire de ce qu'il dit (1).
Il est vrai que ceLLe pl'étention i·nsou tenable ne se l'epl'Oduit
pas; et dans les trois aveux postérieurs qui nous l'estent (23
décem bl'e 1650, 15 jan vier 1672 et 25 a l'l'il 1711), François,
Mathurin et Joseph-Marie de Rosil}' réclament simplement « la
justice sur lelll'S hommes de la paroisse de Saint-Mathieu. n
(1) Minu et aveu du 6 novembre 1535,

Autre exemple cl'empiètement: Il s'agit des prééminences
dans l'église de Kerfeunleu·n. Ell1535, Claude du Juch déclare
son 'écusson et une vitre à ses armes. C'est bien. Vienne
Frall\ois de Hosily, 1650 : il ya déclarer qu'il a les premières
prééminences à Kerfeunteun, et Bes successeurs de même nOlll
afficIJeron t la mêine prélen tion. L'È vêq ue, seigneur hau t j 118-
ticier de 10u te la paroisse de Kerfeunteuu, a le titre de fonda­
l' de l'égl ise et en est (cela va de soi) le premier préém i­teu
neucier. Il laisse dire Messieurs de Rosily; et c'est seulement
à la suite de l'aveu de 17 j 1 que je lis ceLte note: « A impunir :
le seigneur devrait reeonnaîtrequ'il n'est premier preeminencier
qu 'après l'Évêque . ') La réformation était ce~taii1e .
Nous aurons énuméré tous les droits honorifiques de Tro-
heir quand nous aurons rappelé qu'à partir de 1650 nous
voyons les seigneurs de Troheil' réclamer le titre de fonda-
teurs de la cbapelle de Saint-Conogan.

Un mot seu lement des' revenus de Troheir .
Le principal revenu de la terre de Troheir est le moulin de
cc manoÎl' : non seulement il fait. la moùture des hommes de
Trobeir, mais aussi de ceux de Pratanroux . Cependant il ne
se loue pas cher. En 1653, il est affermé 240 liv. ; mais il est
mal entretenu, et le prix de ferme au li eu d'augmenter, selon
la règle, descend à 210 liv. en 1657 et 1661, H15liv. en 1672,
à 180 liv. en 1675 à 1G91; il remonte à 195 li v. en 1711, mais
il va reùesceod l'e à 180 liv. en 1725, et il ne sera quecle 150 liv.
en 1736, enfin de 180 liv. eu 1766. -- Le manoil' noble de
Kerledan, en Cuzon, a aussi un moulin loué 36 liv. en 1766.
Les premiers aveux ne réclament qLle quelques l'entes: en
tout 142 li". 14.6 s. 18 d. ou 149 liv. 7 s. 6 d., plus les fourni­
tures en nature, 15 chapons gras, les redevances en mil, fl'O-

ment., seigle et avoine. En 1711 , les quatre tenues de l'roheir
et. Kergolvez cu ltivent le mil.
En 1766, beaucoup des redevances en nature sont trans­
fonnées en argent: le revenu ' total de la terre est évalué à
7651iv. ]9 den iers. Et quand l'roh eir sera vendu en 1775
pour un prix de 10;600 liv., l'évaluation du revenu pour le
paiement des droits de hanc fi ef sera de 742 liv. (1).
' " Irons-no us jusq u'au manoir et au moulin ~ Inutile : ils
ne nou s offl'pnt plus l'ien à vûil'. Reprenons donc la route de
Quimper; mais pa l' la l'il'e ga uèhe du Stéir. Ce chemin qui
s'ouvl'e il dl'oi te, au pied de la colline, nous ramènera en "fille.
Dans les tl'ois k il omMl'es que nous avons à faÏt'e, nou s tl'on­
vcrons ti'ois ét.a pe~ : KCl' paen, Les Salles, Le Parc.
KERPAEN ( KERB EN) .·
Le village de K erpaen, n.ommé unjolll'd'hui K erben, ne
garL le au cu n sOU \'en il' visible de l'ancien manoir .. Les an ciens
éd ifices ont été cl étmifs par le feu il y a qnelqu e5 années .

Il est pl'Obable que Kerpaen a eu originairement des seignenl's
particuliers. Du moins le mot de Kerpaen existait-il comme
11 0 111 cie famille au Xve et même au XVie siècle.
En 1487, cette telTe èlait aux mains de Jean, seigneur de la
COlllclraye, chevalier (2), homme ricbe et qui possédait une
(i l Le droit de fr~nc fief réclamé était de 742 li v. M. C~nssy,
acquéreur, obtient la réductioll fi 342 li v.
Le miuu de 1766, dressé après le décès de Mathurin de Ro~ily.
déduit de ce tte somme la ren te de 36 li '!. due aux Cordeliers. Celle
rente était due seulement par Pratanroux. (V. Pratanm llx.)
(2) En 1403, une discussion s'éleva entre Jean du Juch, chevalier,
et Ali x de Tyvnrlen, femme de Jean de Rosmadec, à rai son de leurs

grande partie de Kerfeuntun sous le pr')che fief de Troheir(l ),
auquel il payait . la rente féodale,et sous l'arrière fi ef ·des
Regaires, auquel il rendait un service particulier, comme nou s
allons le voir.
Dans un aveu à l'Evêque, du 3 fôvrier 1437, le seigneUl' de
Kerpaen, Jean, reconnait « devoir bailler et présenter pour lui,
sel gent suffisant en la cour des Regai l'es com me porter la verge et.
suivre la cour, faire ajournements, arrêts, bannies d'h érita ge!" ,
exécu ti on (vente) de I1J \? ubl e, en la form e et manière accou tu­
mée et que seu l gage d'icell e fergentie les profits et émoluments que l'on
prend audit office de ser'gentie et non autres».
Que yeut dire ce tte longue ph rase f Que le sei gneur de
Kerpaen était serg ent./éodé de l'Év èq ue.
Il faut nous arrêter un moment, sons peine de n'être pas
compri~ . Qu'est-ce qu'un sergent? Les commentateurs (~e
Molière répondent unanimement : un huis~ ier! Co ntenlons­
nous pOUl' au jourd'h ui dè celt e définition pal' à peu près (2).
Qu'est-ce qu'un fe rgent.jéodé '? C'est celui auquel le seigneur
suzerain abandonne une terre ou fief en gage, c'est-à-d ire les
revenus du fi ef pOUl' gages ou comme paiement des services
qu'il rendra.
Ces fervi cps seront de deux sortes ; faire les actes judiciaires,
et Caire l'amas, la cueillette des rent es du feigneur. Le sergent
nrm es qui était d'azur au lion d'argent. Un accord fut pas~é en
présence et do l'avi s de HerYr de Pont-L'abhé, Jean de Guengat,
Jean, lieigne1t1' de la Couldl~aye, parents ct amis. L'écusson fut
aùjugé aux deux parties, savoir: il la dam e un lion morné saDS
langue, dents IIi ongles, et au se igneur un lion lompas;;é et armé
ùe gueules. (Gén. des Ros1I1adeë par LA COLoMBlimE VULSOri. ) .
(1) Lil ten e de KC f[Jaen est comprise dan s ln transactien de 1476
dont nous venons de parler.
(2) Sur tout cc qui suit, HÉVIN, Consul. Ill et IV, et Q'llestions (éod.,
chap. XrIn ct XX, pa:;sim.

est donc en même temps huissier et percepteur; et en principe
il doit ses · serv ices en p ersonne. Après l'époq ue où nous
sommes, en 1462, à l'ouvertu re du P arlement général de
Vanne~, le duc Fran çois II exigera ~,e service en personne des
gmnds seigneurs, ses sergents féodés, sous peine de suppres-
sion de leu 1'3 gages (1).
Mai~, dès 1137, le seigneur Évêque de Quimper se mon­
tl'Uit moins r igoureux: Ai.osi, 1 il n'exigeait pas le service
en personne, pu isq u'il reconnaît au sergent féodé le droit de
nommer des commis; 2° le revenu de la terre étant apparem­
ment un gage insllffhant, il accorde à son sergent tous ies
émo lu men ts des actes . C'est bean cou p de 1 ibél'ali té, pu isq ne,
selon l'ordonnance, le se l'gent n'a dl'Oit qu'au septième, ce que
les ol'i'!onnan ces des Ducs nomment la sepme (septim e,
septième parti e) .
Enfin l'l~vêque n'exigeait-il pas que le se l'gent fit la
recette de ses l'en tes? .. Malgré IR s ileJ1~e garJé su r ce poi 11 t pa r
l'aveu de 1437, nous pensons que ce service était demandé,
puisq u'il était fait en 1539 et qu'en 1562 il était encore ré­
clamé (2) .
Ne me fera-t-on pas une objection ? Quoi! un ch'i)valiel',
un noble a pu fail'e l'office de sergent, conduire le juge
aux plaids, la verge tt e blanche à la main ? Sa ns nul doute ! ...
et même conduire les condamnés au suppli ce. D'après Hév in ,
ce service était un honneur: « Tant, dit-i l, les offices rie justi C'e
étaien t réputés glorieux (3) » .
(1) Voir le proc.-verb. du Parlement général de VanD es. LOBINEA U,
Pro 1230. M ORI CE , PI'. II, col. 1. .
(2) Pour êtr r. com[Jlet sur cc poiot, on peut rappeler ici qu'un
arrêt du Parlemeot, du 23 déccmbre 1613, condamna le sieur de
rpleustre, sergen t féodé du Roi, « il faire la cueillctte des rentes
età les meltreaux. maio s du receveur». DUPARC-PO ULLAIN, CoutufI!e.
art. XXI, 5. Kerpleustre est Ull manoir de Beuzec-Cap-Caval
(Plomeur).
(3) HÉVIN, Consult. III, p. 10.

Eu 1539, la sergentede de Ker'paen était aux mains de
Richard de Coetariezre. Le procès-verbal de la léformation
du domaine roya l le nomme précisément à. propos d'une per-
ception de rentes (1). .
11 mourut un peu apl'ès, car son, fils Guillaume, suceèdant
il. ses vastes possessions, rendit a 'leu à l'Évêque,. en 15"11. Nous
voyons par la mention de cet aveu, répétée nombre de fois à
l'inventaire des titres de l'Évêchè,.que Guillaume de Coetanczre
possédait, outre Kerpaen, onze vill~Îges en I en Cuzon. De plus, il était seignenr de Pratmaria (paroi.sse
d'Erguè-Armel), où il .résidait souvent, et dont il prenait babi- .
tuellement le titre, et du Granec (paroisse de LandeIleau),
qu'il 6t reconstruire en 1554 (2).
Un peu avant, en 15G2, ' Guillaume eut, à propos de sa
se l'genterie, un singulier débat avec l'Evêqlle, et. ce qui est plus
extlaordinaire, avec la communauté de ville (3) .
Une demi-d.oltzaine d'habitants de Quimper s'étaient inst.i­
tués sergents des Regaiees; et admis ou non au serment devant
la cout' s'étaient {( ingérés à ôergenlel' » . Le lSeigneur de
Kerpaen se plaignit à l'Evêque Eti enne Buuchet. Celui-ci
n'ayant pas fait de nominations, n'hésita pas à déclarer pal'
mandemen t « que le sieur de Pralmaria et ses prédécesseurs
étaient de temps immémorial en possession pacifique de la
sel'genterie, ainsi que ln preu\"e en etait faite par écrit ct par
t.émoins '. En conséquence, l'É"êquc confirmait ce droit et auto­
ri sait le sergent féodé à commettre trois sergenls, eten même
(1) Un aveu du baron de Pont âu Roi ind iq ne comme prédéces­
seurs de Richard à Kersantec (par. de Plugulf:m ) deux Guillaume
ùe Coalanezre : l'un en 1480, l'mltre en 1494. Aveu de1732, f' 339, v'.
(2) MonEAU, p. 199,
(3) Arch. dép, G, 52, loven t. !(erfeunteun; G, 15, Kerpaen .

temps (c'était très logique) il destituait les sergents « reçus ,ous
mains de cour et autrement» (1). (23 septembre 1562.)
siem' de Pratmaria se hâta de nommer Messire Jacques
de Coctanezre, seigneur de Kedividic, Rolland Stéphan et
« ses commis et députés pour l'exercice
Louis Kerlégun pour
dudit office et état ll . En requérant leur serment, le Procureur
fiscal conclut qne Guillaume de Coetanezre demeurât respon-
sable de leurs actes, et qu'ils eussent à amasser la l'ente géné-
aale due par la ville au Roi et à l'Evêque, et qu'on nommait .
la taille de mai.
Voilà qui semble bien simple et l'affaire, comme on dit, va
e; mais attendez! " Les bou l'geois, manans et habi-·
toute seu l
lants de la ville, congrégés au son de la campane», prennent
parti pour les six intrus destitués par l'Évêque et se présentent
à l'audience. Selon toute apparence, pOUl' faire maintenir ou
intrus, ils supplient le sieur de Pratmaria de
réintégrer les
raison ou ce
nommer d'autres sergents, et ils donnent cette
prétexte: trois ne suffisent pas.
« Eh quoi! répond Gui liaume de Coetanezre, Cuzon,
Kef'feuntun, Quimper el ses faubourgs et metles comprennent
à peine une lieue et demie vulgaire; un ou deux sergents suffi-
rment asergen ter en ce terrouer. ))
- « Mais, dit timidement le Procureur fiscal, qui "eut aCCOill-
(1) C'est-à-dire apparemment admis à la cour des Regaires ou

même non admis.
Qu'on ne s'étonne pas trop de cette supposition: elle n'est pas si
téméraire! Un siècle ct demi pins tard, en 1703, les pères Jésuites
du collége de Quimper trouvaient leur justice de Saint-Laurent
encombrée d'officiers, juges, greffiers, procureurs fiscaux, procu-
reurs, notaires et sergents, qui ne produisaieut pas leurs titres de
nomination, et ils obtinrent un arrêt du Parlement ordonnant que
quinze jours après la Pllblication, coux qui n'auraient pas produit
leurs titres seraient réputés intrus et devraient cesser toutes Conc-
. tions sous peine d'amende. Si un pareil désordre se prpduisait
au dernier siècle, que-pouvait-ce être en 1562 ?
BOLLETIN ARCHÉOL . DO FINISTÈRE. TOnIE XV. (Mémoires).

moder les parties, ne consentiriez-vous pas à ne sergenter
qu'en la ville et faubourgs? »
- ('( Pas le moins du monde, répond Coetanezre; j'entends
jouir de ma sergenterie comme mes prédécesseurs et aux termes
du mandement du seigneur Evêque. J)
Voici venir à leur tour les six intrus : au mandement de
l'Évêque, ils opposent les édits du Roi, qui ont dérogé expres­
sément ou tacitement au pri vilége de ladite prétendue sergen­
terie.
Chose curieuse! cet argument des serg~nts intru s se per-
pétue de siècle en siècle. Cent ans apr'ès, le Présidial de
Quimper l'invoquera contre l'Evêque, mais, comme Hévin
y répondra victorieusement!
Il citera les édits de 1532 pour l'Union de la province, et les
lettres patentes du Roi Henri IV confirmant des arrêts de
cours souveraines. Edits, lettres du Roi, arrêts disent que les
édits d'Union n'ont rien inno vé en ce qui touche les drOlts des
seigneurs et des Evêques (1).
bien; aussi ont-ils une autre pièce
Les intrus s'en doutaient
en réserve au fond de leur sac. Au mandement de l'Évêque
invoqué par le seigneur de Pratmaria, ils opposent un autee
mandement postérieu r. L'Evêque, (( interprétant son premier
mandement Jl, d'éclare (( n'avoir pas l'évoqué les sergents déjà
et consent qu'ils soient maintenus. »
pourvus
. L'apparition de cette pièce dut être un coup de théâtre. Je
vois d'ici (non sans rire) l'embarras du Procureur fiscal et du
Sénécballui-même. Un des sergents nommés par Coetanezre,
inquiet de la tournure que peut prendre l'affaire, abandonne
le champ-de-bataille, je veux dire Quimpee, Cuzon et Ker­
feuntun, étroit espace pour neuf sergents. Il déclare qu'il va
sergentee à Coray, qui est aussi du fief de l'Évêq ue, et qu'il y
prend son domicile. Le Sénéchal donne acte de cette déclaration.

(1) HÉVIN, Qt~e6tions 76-96.

Le sieur de Pratmaria maintient son droit exclusif de
Rergenter par ses commis. Le Sénéchal, pour s'assurer appa-
remment le temps de la reflexion, ordonne à Coetanezre de
communiquer ses titres. Rien de si facile, puisqu'il suffira
de produire l'aveu de 1437. Mais le sieur de Pratmaria ne veut
rien entendre et se déclare appelant... Excu~ons cet accès de
mauvaise humeur trop justi5é.
Comment se termina cet imbroglio Oll (je le dirai en toute
révérence) tout le monde, hors cet avisé sergent de Coray, me
parait avoir un peu perdu la tête ~ L'affaire alla-t-elle au
Parlement ~ Quel fut l'arrêt ~ C'est ce que je ne puis dire.
Nul doute du moins que les Coetanezre n'aient continué à
être sergents de l'Évêque. Seulement dès 1635, le manoir de
Kerpaen n'était plus en leurs mains; et en 1682 nous trou­
vons lasergenteriedes Regaires ayant la terre de Pratmaria pour
gage. On peut supposer qu'en vertu d"un acte, que nous n'avons
plus, le gage a été transporté en faveur des Coetanezre ou de
leurs successeurs de Kerpaen à Pratmaria.
Kerpaen passa après eux aux du Haffond de Lestrediagat,
ainsi que Pratmaria ..... Mais Kerpaen n'a plus d'histoire.
Au contraire, les Coetanezre de Pratmaria ont leur histoire,
et en voici la 5n :

III.
En 1576, Jean de Baud, seigneur de la Vigne, et Kermassonnet,
son beall-frère, s'emparèrent' en pleine paix de Concarneau;
et ils s'y fortifièrent, comptant sur les secours demandés par
eux aux protestants de la Rochelle. Sans perdre un moment,
Guillaume de Coetanezre rassembla une troupe dont il prit le
commandement, et il reprit Concarneau (1). Mais ce fut le '
dernier exploit du vieux capitaine; et il ne se para pas long-
(1) MOI\EAU, p. 65.

temps de la lourde chalned'or de la Vigne, qu'il avait emportée
comme un trophée de sa victoire : il était mort avant la fin de
Son fils Vincent, comme lui seigneur de Pratmaria et du
Granec, avait encore augmenté les défenses de ce château et .

en avait fait une place de .guerre. Mal lui en prit: l'impor­
tance de ce nid d'aigle tenta La Fontenelle, et il s'en empara,

L'année suivante, le duc de Mercœu r venant de Morlaix à
Quimper dina au Granec et admira la fOt'ce du château . Mais
qu'en faire f Détach er un corps de troupe pour le garder était
impossible; l'exposer en proie à l'ennemi était une grave
imprudence. Le Duc trouva le moyen sans avoir à défendre
la place d'empêcher l'ennemi de s'y loger: il y fit 'mettre le
feu (3),
Vincent de Coetanezre fut le dernier mâle de cette branche,
et sa succession passa à sa fille Anne. Celle-ci allait trouver
dans un opulent héritage de quoi se consoler de la ruine du
GrilDec.
Elle était fille d'Anne de Mezgouez, nièce de Troillu s de
Mezgouez, que la faveur de Catherine de Méd icis a vait élevé
à tant d'honneurs . Troillus mourut, en 1608, sans enfants de
ses deux mariages; et Anne de Coetanezre, son héritière,
devint marquise de la Roche-Coetremoal (paroisse de Laz).
Elle épousa d'abord Charles de Kernezne, vicomte du Curru
(paroisse de Milizac, évêché de Léon), et en secondes noces Jean
(1) Cette anuée même, les Cordeliers obtiennent sentence contre
fils Vincent à pro pos d'uue fondation faite par son père. Arch.
son
S. 11 et 22.
dép., Cordeliers, cote,
(2) MOREAU, p. 144. Voir la description du Granec p. 141. -
puis, Vincent de Coetan ezre commandait les pa ysaus r éunis à
Plogastel-Saiut-Germain pour investir l'ile Tristan; et La Fontenelle
la fit pri sonnier, p. 273.
(3) MOREAU, p. 199.

de Carné, seigneur du Blaison, chevalier de l'ordre du Roi et
gouverneur de Quimper (1610). Elle maria sa fille au fils de
, son second mari, portant le même prénom de Jean et qui,
comme lui, fut gO l! vern~ur de Quimper (1632). Son fils alné
Charles II de Kernezne, marq uis de la Roche ; et le fil s aîné

de celui-ci portant le même nom et le même titre furent à leur
tour gouverneurs de Quimper (1653-1679). Ainsi Anne de
Coetanezre lu t lemme, belle-m'ère, mère et grand'mère de gou­
verneurs de notre ville,(l ).

Mais je m'aperçois que je n'ai pas dit un mot de l'origine
des Coetanezre. Je vais réparer cette omission pendant que nous
nous rendrons au manoir des Salles. Une branche de la fa­
mille, la dernière survivante, y a longtemps fait sa demeure.

lu quelque part que Anne de Coetanezre était seule héri­
(1) J'ai
tière de Vincent. J'ai ILl ailleurs que Vincent n'eut qu'une fille,
riée à Vincent de Pleuc, fil s puîué de Vincent, sire du
Suzanue, ma
Tymeur, et.de illauricette de Goulaine, sa troisième femme. (Histoire
généalogique de la maison de Plœuc.)
Il y a' erreur de part et d'autre : - Anne et Suzanne furent fill es
de Vincent de Coetanezre, l'une de son premier maria ge avec Aune
l\lezgouez, l'autre de son second mariage avec Jeanne de
an t. Suzanne· restée orpheline eut ponr tuteur Jeau de
Kerou
Kerouant.
Le dernier ouvrage auquel j'ai fait allusion attribue il Suzanne le
titre de Dame de Pratmaria, du Granec, des Salles, de Lezergué et
de Pra tunras. Nou s trouvons en eITet Suzanne de Coetanezre
qualillée nombre de fois Dame de Pratmaria; malS jamais Dame du
Granec qui, vraisemblablement, appartenait à sa sœur aill ée. Quant
aux Salles, nou, allons les voit', à l'époque de Suzanne, aux mains
un autre Coetanezre. Enfin, si Lezergué a appartenu aux

oetanezre, il est certain du moins que Pratanras n'a jamais eu un
seigneur de cette famille.
es Kerouant étaient possessionués sous la Baronnie de Pont­
l'Abbé ; et c'est l'aveu rendu au Roi par le Baron de Pont, en i732,
qui me permet de rectifier l'erreur que je sIgnale. (Voir IIotamment

III .
LES SALLE S .

Ce manoir et la terre dont il fut le chef-lieu sont désignés
en breton par le mot Salau, et en latin par le mot A ulae (1)'
Le manoir des Sailes a été penda nt 10 (lgtemr~ et dès le
commencement du XV siècle, en la possession d'L:ne famille
ancienne, nombreuse, ricbe et distinguée de ce pays, les
Coetanez l'e, dont nous venons de parler (2) .
Le berceau des Coetanezre était au cbâteau de ce nom (par .
é). On peut voir les restes du manoir et de son
de Ploar
enceinte à gauche de la route qui va de l'ancienne J'oute de
Qu imper riar Ploaré, vers le Riz. La seigneul'ie de Coetanezre

s'étendait sqr P loaré et Pou ldeegat. Au co mm encement du
dernier siècle, elle était réunie avec la seigneurie du Vieux­
Châtel, aux mains de Guy de Lopriac, comte de Donges ,
marquis d'Asserac, colonel du régiment de Soisson'nais infan­
terie, et de Marie-Louise de Ray de la Rocbefo llcauc1 (3).
Les Coetanezre porta16nt de gueules à _ trois épées d'argent
garnies d'or, les pointes en bas, rangées en bande. Ils figuren t
aux réformations de 1426 et de 1536, et à une montre de 1562
comme seigneurs Je Lezergué (Ergué-Gabéric), de Pratmaria
(Ergué-Armel) et du Granec (Landelleau ) (4).
(1) Nécro!. des Cordeliers de Quimper, actes de 1436 à 1537.
Domintts de Aulis veut dire dans le latin du Nécrologe $eignw1'
des Salles. '
(2) On trouve le nom écrit Coetanezre, Coatanezre, Coettannezre,
Coattannezre, Quottanezre, Quoettanezre, etc .. J'ai suivi l'orthographe
adoptée par MM. DE CO URCY et LE M EN.
(3) Les deux seigneuries fureut vendu es ensemble le 18 octobre
1740, à M. Halna du Fretay. Appropriement, Arch. dép. , B. vol. 55
(56), folio 108.
(4) M. DE COURCY.

M. de Blois me transmet la longue liste des Coetanezre
nommés à la réformation de 153ô; elle nOJlS les montre dans
les paroisses de Coray, Cuzon, Peumerit, Plogastel-Daoulas,
Plogonnec, Pluguffan, Plonévez-du-Faou. D'autre part, l'aveu
du baron de Pont-l'Abbé au Roi (1732) nous signale dans les
temps anciens des seigneurs de même nom en des paroisses
dans la baronnie notamment Tréméoc et Plonéonr.
comprises
Les Coetanezre avaient alliance avec de nobles familles,
notamment avec les de Plœuc (1), avec les Lescuz (2) et les
Lanros, dont ils écartèlent les armes à la Cathédrale de
Quimper (3).
Parmi eux, les uns sui virent, comme on disait, la carrière
des armes, les autres portèrent la robe, d'autres entrèrent dans
l'église : au XV siècle, l'un d'eux, fils du seigneur des Salles,
fut Cordelier à Quimper (4).
Les Coetanezre, seigneurs des Salles, avaient une tombe
armoriée devant le grand <'Lutel de Kerfeunteun (5) ; un enfeu
à Saint-Corentin, chapelle Saint-Corentin, aujourd'hui des
Saints-Anges (6), enfiri, un enfeu dans le cbœur des
Cordeliers (7); c'est-à-dire aux première:; places. On peut
conclure de là, que les seigneurs des Sal les ont été des premiers
bienfaiteurs du cou vent de Saint-François.
(J ) Histoire généalogique de la maison de Plœuc.
(2) Nécrolog. des Cordeliers. 4 des nones de juillet 1500 . Inhu­
mation de Catherine de Lescuz, épouse de Jean de Coetanezre.
(3) Chap. des Saints-Anges. M. LE MEN. Monog. de la Cath., 50,

(4) Nécrol. 5 calendes de mai 1476, 14 des calendes d'octobre
1490. Les frères mineurs enterrent Galran de Coetanezre et Adé-
lice de Kerinizan, sa veuve; et ils les mentionnent comme frère et
mère de lwr frère Henri. .
(5) Acte de donation dn 8 octobre 1632. Nous y reviendrons plus ~
tard.
(6) Voir ci-dessus, note 3.
(7) Nécrologe.

Neuf membl'es de la famille furent inhumés aux Coedeliers
entre H36 et 1537 (1). Plusieu rs des actes donnent à ces mort.s
le titre d'amis p articuliers (amicus sjJ3cialis) du couvent et
de l'Ol'dre. I ls qualifient les un" cl 'écr;,yers (nobilis scuLifer),
les au tres de nobles m'XitPes (n'lbitis m'lgister) (1433 et 1466) .
Noble maîtl'e Jean de CoetaneZL'e, mort au pay" de Leon,
et qui a vou lù rep)S9l' clans le c!Jœ,ll' de Saint-François,
est, sans aucun doute, celu i qui fLlL Procureur géneral
de Pierre II en Basse-Bretagne, en 1451 (2). Un jour, au
Tréguier, Jean de Coetanezre rencontra un sergent
pays de
du Roi qui notifiait ml exploit à un sujet clu Duc, et de sa
propre autorité il le fit al'l'êter. Cet excès de zèle manqua de
susciter une guerl'e ; et, pour ·la conjul'er, le dllC Pierre II
envoya au Roi une ambassade chargée de pré.senter des
excuses (1452) (3) .
Dans le même temps vivait Berlrand de Côetanezre, ail mô­
nier du dllC Pierre II. En H55, le Duc le chargea avec
Guillallme Liziart, sénecbal de COl'llouaille, de faire une en­
dans les trois évêchés de Léon , GOl'llouaille et VanDes
quête
sur les drofts ducaux (4). Bertrand fut u Il des executeues
(1) Les CoetaneZl'e se trouvent avant cette date de 1436. Eu
1348, M' Cazoevet de Coetaaezre fl .~Lll'e comme exécuteur testa­
mentaire dans un testament re!até- au Carlulaire dll Chapitre de
Quimper.
En 1442 (20 septembre), autre Caznevet et Michel, sou fils, obli­
geaient all Chapitre la généralité de leurs biens. Arcb. dép., cha­
pitre. G, 92.
(2) 11 ne faut pas que le mot de Procnrenr générnl fa sse illusion :
Il n'a rien au XV· siècle de !a signitlca ti on il ;tuelie, Le Procurenr
général de Pierre II éta it sou mnlldnt~ire général notamment pour
ses aITaires contentieuses.
(3) LOBINEAU, p. 658.
(4) LOBINEAu, p. 661. Le roi trouvait mauvais que le Duc prit
le serment des .Évêques et}raitait cela d'entreprise nouve lle ; ma is
le Duc établit par témoins l'ancienneté de l'i1Oll1mage, sou titre de
fond ateur de toutes les ég lises et sa jouissance des droits réguliers.
Guillaume Lisiart était seigneur de Trobanet; il mou rut et fut
inhumé aux Cordeliers en 1495. V. Nécrologe. '

testamentaires cl ll Duc (1457) (1). Il devint plus tal'd chan:'
celier de Bretagne, et fut en voyé pal' le duc Fl'ançois II en
ambassade à Rome pO Ul' obtenil' les bull es nécessaires à l'éta­
blissement d'une uni versité à Nantes (2).
On peut admettre sans diffi.';lllté, je pCi1se, que les Coetanez re'
mentionnés au nécl'o!oge étaient seigneurs des Salles. La pre­
1436, la dernière de 1537; et entre ces
mière mention est de
ux dates se placent se pt mentiol1'l, dont une concernant le
Procureur général de Pierre II (1466). Toutefois les
fougueux
seigneurs des Salles qu'à cieux
actes ne donnent le titre de
1500 et de 1537. Mais l'expl'ession plusieu rs fois
morts de
répétée « tombeau de leurs aïeu x )) in rl iCJllent bien qu'il ~'agit
d'une tombe appartenant aux Sa lles (3).
(1) L ODINEAU, p. 664.
(2) LOBINE AU, p. 672.
(3) Richard, Guillaume et Vincen t, seigileUl's de Kerpaeu, Prat­
ct Le Granec, ue fu rent pas seignellrs des Salles.
maria
Il y avait du reste !lUX Cordeliers un enfeu de Pratmaria; mais
résultant d'une fo nda ti on fatte pal' Guillaume de Coetanezre, en 1576
seulement. Titres des Cordeliers, co te S,l et 2.
Voici la sllccession des seignelll's des Salles, résultant du Nécro-
10CTe .
l ' Ca(endes de février 1436, Maltl'e Michel QuottanueZl'e mOl't
il Sain t-Renrlll (peu~-être Lo ()ronan) et apporté en ce couvent.
14, Calendes d'oclob)·e 1442, Noble demoiselle Marie de Quil-
vizin (Gn ilguiffin ?), veuve de Michel de Quo ttannezre, inhum ée
dans le chœur.
14, Calendes de j1Lin 1455. Noble demoi selle lIiaria de
Tronarin, femme de Maître Jean de Quoett<1nezre. .
12 des Calendes de j tûn 14 56. Mort au pays de Léon, noble
mme Maitre Jean de Coettannezre , ami particulier de ce couvent,
dont le corps fut apporté : inhumé dans l'enfeu de ses pères .
.3' 5 des Calendes de mai 1476. Galraud de Quoettannezre,
oble écuyer, père de' notre frère Henri de Quoettanezre.
12 des Calendes d'octobre 1490. Noble demoiselle Azelice de
Kcrinizan, veuve de Galrand de Coettilllnezre, mère du frère Henri.

Nous sommes au manoir des Salles .
Nous passons entre deux: piliers dont les écussons ont été
et nous entl'Ons dans la cour. Devant nous, à gauche,
m:utelés,
au coin sud-est, s'élève une maison à un étage, qui sert de
de grenier à fourrages. D'après les titres, c'est l'an­
remise et
cien manoir. Cet édifice marque probablement la place exacte
l'habitation de" anciens Coetanezre. Ce qui est cel'tain c'est
qu'une maison en face, a'lpectée à l'est, a été habitée au
XVIe siècle pal' les demiers du nom. Les fenêt.res sont mo­
dernes, mais la porte, presque cintrée, garnie de feuilles recour­
bées, et cOUl'onnée d'un panache pédiculé, est du commence­
ment dn XVIe siècle (1).
Cet édifice est lE. manoir neuf. Dans son état actuel il est
incomplet; originairement il se composait de deux corps de
coupant d'équerre selon la mode du XVIe siècle;
logis se
celu i qui a disparu fermait la moitié de la cour vers le midi.
Au commencement du siècle, aux deux angles de la cou r,
s'élevaient deux tourelles qui n'étaient pas assu-
vers le nord,
rément destinées à la défense et avaient été construites au
XVIe siècle, dans l'unique but de conserver au manoir des
féodales (2) .
appàrences
manoir est le jardin entoure de hauts murs.
Del'l'ière le
une large p'orte faisant pendant à la porte
Au midi, la cour a

4' 2 des Ides de décemb?'e 1490. - pàul de Coettannezre, ami
parti culier du couvent .
5' 4 des Nones de j1~illet 1500. Catherine de Lescuz, femme de
Jean de Coettannezre, seigneur des Salles.
des Calendes de septembre 1537. Jeau de Coettannezre., sei-
gneur des Salles, ami particulier du couvent: inhumé dans l'enfeu
de ses pères.
(1) M. DE CAUMONT, p. 334 .
E2.) M. DE CAUMONT, p. 397.

du nord ; sur un des piliers se voient deux ocussons en relief ;
un seu l est lisible; c'est celui des derniers possesseurs avant
1789. La cour donne accès à une grande prairie bornée par le
Stéir, qu i faisait autrefois tourner le moulin du manoir. Il na
reste aucune trace de chapelle ni de pigeon nier; et les titres
- récents il est vrai n'en font pas mention.
XVIe siècle, les Salles apparte-
Dans la seconde moitié du
naient à écuyer François de Coetanezre, fils ou héritier de
Jèan, seigneur des Salles, qui figure à la réformation de 1536,
et fut inhumé aux Cordeliers, en 1537.
François eut ponr femme Hélène Geffroy. De ce mariage
naquirent deux fill es, Julienne et Gilette. A la mort de son
père, qui fut inhumé dans la chapelle du Cwcifix, aujourd'hu i
de Saint.-Corr;ntin, à la Cathédrale (1), Julienne, l'aînée des
deux sœurs, devint dame des Salles. Elle fut mariée à René
du Dresnay, seigneur de Kercourtois (paroisse dfl Carhaix).
C'est ce jeune gentilhomme qui, escortant les députés de Basse­
Bretagne aux États convoqués à Lambaile par le duc de
Mercœur, périt s,i m,alheureusement près de Pontivy. Il avait
vingt-cinq ans seulement. Sa mort prématurée excita la pitié,
et plusieurs années après le chanoine Moreau parle de Ker­
courtois avec émotion. « Son corps, dit-il, fut enterré aux
Cordelier8 avec grande magnificence et beaucoup de pleurs de
toules sortes de gens. Mais il semble que Dieu le voulait à lui,
le trouvant disposé à jouir de la gloire éternelle. Il laissa une
fille en bas-âge et sa veuve désolée l1594) (2) . »
(1) M. LE MEl'(, p. 45. Hélène Geffroy fut inhumée au même lieu.
Il faut entendre que François et Hélène de Coetanezre furent inhu­
més sous le pavé. La chape lle u'a qu'une arcade tumulaire, dans
Mgr Nouvel. Cet
laquelle repose aujourd'hui notre dernier évêque,
enfeu appartenait, au XVI' siècle, aux seigneurs octobre 1596, le chapitre en disposa en fa veur de la famille du
Marhallac'h, qui l'a possédé jusque en 1790.
(2) MOREAU, p. 300.

Hélas 1 si la veu ve de Kercourtois était désolée, elle ne fut
pas iuconsolable ; et Moreau, lui-même, nous apprend qu'elle
. était remariée avant 1597. Même redevenue veuve, elle
allait prendre un troisième époux. Elle fit de singuliers choix.
Il y avait alors à Quimper une espèce d'aventurier, le capi­
).aine Le Clou, se disant gentilhomme poitevin, et plus tard
qualifié ,seigneur de Reuvillon. Le Clou faisait partie {( de ce
ramassis de Normands et de Gascons)) qui pour le malheur
de Quimper y tenaient garnison en 1597. Il fut accusé de
fa voriser -la première entreprise de la Fontenelle sur.la ville;
~t, pour sc disculper, il ne tl'Ouva pas de meilleur moyen que
de trahir la Fontenelle. Il l'attira dans un piége et ramena
prisonnier à Quimper (1). .
C'est à ce personnage que Julienne Coetanezre daigna donner
sa main. Elle en eut un fils nommé Jacques, qualifié seigneur
de Reuvillon et de la Forêt, qui mourut ayant 1632.
La 6lle unique du premier mariage, Marguerite du Dresnay,
dame de Kercourtois, fu t mariée à Claude de Bragelonne,
d'une branche cadette de l'illustre famille de ce nom. Claude
devint président aux enquêtes au Parlement de Paris; en
1632, nous le voyons prendre le titre de conseiller du Roi en
.ses conseils d'Etat et privè (2). '
En 1620, Julienne de Coetanezre n'était plus une très jeune
puisqu'eHe était mère avant 1594; cependan t, vers
femme,
cette époque, erte épousa le jeune frère de son gendre Brage­
lonne, devenant ainsi belle-sœur de sa fille, De ce troisième
mariage elle eut un 61s nommé Claude, qui était encore mineur
en 1632, et qui, dit-on, fut ·tué en duel à Quimper, en 1643,
quand il avait vingt-dp.ux ans (3).
A la mort de son père, Jacq ues Le Clou avait hérité de la
(1) MOREAU, p. 302. '
(2) Acte de donation, 8 octobre 1632.
(3) Note de M. de l\fesmeur, éd heur dlt chanojne MOREAU, p.193.

seigneurie d.e Reu villon; à la mort de sa mère, il hérita de la _
seigneurie des Salles en qualité de fils aîné. Il est en outre
qualifié seigneur de la Forest.
A sa mort, arrivée, semble-t-il, un peu avant 1632, Reuvillon
aussi bien que ses autres biens passèrent à sa sœur et à son
frère utérins: dès 1632, ils sont qualifiés, la sœur, de dame
de Chef-du-Bois (paroisse de Locamand) (1), le [rère, de
seigneur de Reuvillon. Les Salles semblent restées indivises
entr'eux: ni l'uù ni l'autre n'en prend le titre, quand le frère et
la sœur comparaissent tous deux à un acte par lequel sont
à une cousine, la dame du Parc, les pierres tombal!'ls
données
appartenant aux Salles dans l'église de Kerfeunteun.
C'est cet acte, sur lequel nous aurons à revenir, qui nous
apprend ce que nous venons de dire de Jacques, seignem de
Reu villon. Il nous apprend de plus que la dame de Bragelonne
habitait Cher-du-Bois; et que son frèee utérin, Claude de
Bragelonne, encore mineur, avait pont' tuteur Henri de Bra­
gelonne, évêque de Luçon, conseillee du Roi en ses conseils
d'Etat et privé (2).
A ra mort de Claude de Bragelonne, sa sœur, la dame de
Bragelonne, devint dame des Salles, et elle transmit, comme
nous le verrons, cette terre à sa fi Ile .
Hélène Geffroy, femme d'écuyer François de Coetanezre,
mère de Julienne de Coetane7.re et aïeule de la dame de Bra­
gelonne, avait eu une sœur nommée Marguerite, femme
d'écuyer Pierre du Dresnay, seigneur de Kergallec et de La­
navan (paroisse de Mahalon). Avant 1605, les époux acquirent
par échange le lieu noble du Parc, qui confine aux Salles.
En 1605, Marguerite Geffroy était veuve; elle mourut sans
enfants quelques années après; sà sur:cession revint aux deux
(1) Ce nom paraît synonyme de la Forêl.
(2) Donation, 8 octobre 1632.

filles de sa sœur, Julienne èt Gillette de Coetanezre. Le Parc
échut à GIllelte; et un titre des Cordeliers nous apprend qu'en
1618, mariée à écuyer Julien Bouard, seigneur de la Grée,
elle faisait sa demeure au manoir du Parc (l).
Elle maria sa fille aînée, Anne, après elle dame du Parc,
à écuyer ou noble homme (2) René de Tromelin, S ,· de Lan­
. celin, conseiller au Présidial.
La damp de Bragelonne et son jeune frère étaient, comme
on le voit, cousins germains de la dame de Tromelin, dame
Parc ; et c'est à elle qu'ils firent la donation dont je parlais
tout à l'heure, et sur laquelle je reviendrai en faisant l'histoire
du Parc.
ès la dame de Bragelonne, les Salles passèrent à sa fille~
Apr
qui fut femme de Claude Le Jacobin, conseiller au Parlement
de Bretagne (3). .
Elle eut pour unique héritier son fils, Messire François­
Marie Le Jacobin, abbé, seigneur de Keramprat, Chef du Bois,
les Salles, etc., docteur de Sorbonne, qui était en 1691 archi­
diacre de Quémènet-Ily et grand vicaire de Léon (4).
Le 30 décem bre 1700, M. l'abbé Le Jacobin remboui'sa pour
une somme de 2681iv. en or et ~n argent une rente de 13 liv.
8 S., due au cha pitre de Q'Jimper sur le manoir des Salles (5).
Cordeliers. '1'.
(2) Son procureur l'a qualifié écuyer, 30 juillet 1635. - D'autres
titres disent noble homme. Dona tion de 1632.
Un grand nombre d'arrêts sont rendus sur son rapport à la
Réformation de la noblesse en 1668-69-70.
(4) J'emprunte ces titres à l'acte de mariage de M essire Maurice
Tbépault, chevalier, seigneur de Tréfaligan, avec Anne-Hélène du
Châtel de Kerlecb, dame de Langala, etc., belle-sœur de René Le
Nobletz, président au Présidial.
(5) çet acte est curieux en ce qu'il nous donne le nom des cha­
noines prébendés et le nombre des prébendes. Il y en a dix:
l' Anne-François de Coetlogon, grand-archidiacre.
2' Gu y de Lopriac, chantre.

III
Le 27 fevri er 1703, l'abbé Le Jacobin vendit sa tene des
Salles au sieur Pierre Des prés et à Antoinette Le Coq, sa
femme, marchands à Quimper, place T erre-au-Duc. Ceux-ci,
comme nous le verrons, avaient acquis, en 1696, la terre du
Parc ; et les deux manoirs allaient être, pour un temps, réunis
dans la même main. -
Le prix de vente était une somme de 6,600 livres que le
ndeur laissait en constitut aux mains des acquereurs, pou r
payer au denier 20 une rente de 330 livres, remboursable
à la volonté du debiteur en trois paiements égaux et réd uctible
onnellement. Il est déclaré dans l'acte que la terre est
proporti
du fi ef de l'E vêque, avec devoir de foi, hommage, suite de
cour .... Une cheffrente est-elle due L . Le vendeu r n'en sait
rien: elle ne lui a jama~s été réclamée; mais une condition
expresse de la vente, c'est que « l'acquéreu r acquittera la
cheffrente, si elle est due (1). »
3' Jean-Baptiste de Kermellec,
archidiacre de Poher.
4' Jean Le Livec, théologal.
5' Jean Collier. •
6' Anne-Bernard Pinon .
7' Pierre-Charles de Chégaray.
8' Julien-François de Bouilloux.
g' Jean-Baptiste Deloubes.
10' Pierre de Kerguelen.
Tous chanoines capitulaires assemblés, etc., demeurant en leurs
maisons prébendal
Hévin peu auparavant n'cn comptait que sept: j'ai déjà relevé
cette erreur (voir P'romenade dans Qu,imper, p. 120).
(1) Cette déclaration du vendeur est conforme à la déclaration de
Il déclare tenir
l'aveu rendu par l'Evêque au Roi, le 14 juillet 1682.
en fief sous sa Majesté tonte la paroisse de Kerfeunteun, sur laquelle
il réclame la seigneurie de ligence, et tous les droits féodaux « et
lusieurs cheITrentes n; et il énumère trente-deux manoirs ou
pas les Salles ni le Parc ; mais il
villages, parmi lesquels ne figurent
prend soin d'ajouter: « outre plusieürs autres cheffrentes égarées
par laps de temps que le seigneur Evêque se réserve d'éliger plus
tard. ))

Quoi qu'il en soit, la prise de possession eut lieu le 8 mars;
les bannies à fi n ct 'appropriement fu l'en t certifiées par sermen t
le 10 septembre 1708, devant la Cour des Regaires du Comté
de Cornouaille et châtellenie de Coray; et l'appropriement fu L
prononcé sans opposition. Le 20 novembre, les lods et ventes
étaie11t acquittés. Les acquéreurs ont aussi, sans aucun cloute,
payé le droit defranc fiif. Ils n'ont oublié qu'une chose, mais
essentielle: rendre aveu à l'Evêque. Le ProcurèUL' fiscal
patiente longtemps; enfin, le 28 juin 1710, il donne assig na':'
tion. Le 17 octobre 1711, la Cour des Regaires prononce la
saisie féodale, qui est formalisée le 3 juin 1713. q
J'a.dmire la longanimité du Procurenr fiscal des Regaires,
et je ne puis comprendre l'obstinatiol'J. des époux Després et
leur parti pris de s'exposer à des ft'ais de justice. Leul's enfants
vont bientôt les imiter.
M. eL Mme Després, mariés à Saint-Mathieu, le ,28 sep­
tembre 1681, eurent cinq enfants entre 1682 eL 1687. Il semble
qu'en 1717 il ne restait plus qu'une fille, Anne-Jacquette, née
le 3 juillet 1686, et mariée à Cllarlas Cossoul, marchand de
draps et de soies. Anne-Jacquettea\'ait reçu en dot les Salles
et le Parc; du moins, à partir de 1717, est-ce Cossoul qui
administre ces terres; c'est lui qui paie à l'abbé Le Jacobin la
rente constituée; c'est lui qui sollicite et obtient de la maîtrise
des eaux et forêts de Carhaix l'autorisation d'exploiter des
arbres aux Salles (1).
M. Després meurt en 1719, et M, Le Jacobin à peu près en ,
même temps; car, cette année, la rente est payée à son héri­
tier noble Jacques-Ju lien Bertault, chevalier, seigneur de
Marzan, Kerjean, la Châtaigneraie, le POl'dor et autres lieux,
(1) En 1727, il fournit une attestation d'un maîtno-cbarpeutiel'
de marine commis à la vi si te eL martelage des bois du Roi dans
l'Evêcbé de Cornouaille: cc qu'il n'y a sur les Salles aucuu bois
propre pOUl' la construction des vaisseaux du Roi. »

conseiller du Roi en la Grand'Cham.bre du Partement de
Bretagne. .
entre le
Les plus aimables relations s'établissent d'abord
marquis de Marzan et M. Cossoul; et, le 9 août 1720,
M. Cossoul effectue le remboursement de la rente constituée,
que M. de Marzan accepte sans aucune réserve.
'désormais libérée et les époux Cossoul vont
Voilà la terre
en jouir paisiblement. Trompeur espoir! Vingt jours après le
ment de la rente, le 30 août, ils sont menacés d'é-'
rembourse
viction! et par qui ? .. par M. de Marzan.
retrait lignager, c'est-à-dire
Celui-ci prétend exercer le
la Coutume accorde au parent du ven­
user de la faculté que
deur d'un héritage de le retirer des mains de l'acquéreur, sauf
le remboursement du prix et des frais et loyaux coûts du
contrat (1).
« Mais, répond M. Cossoul, il y a eu appropriement,
« il y a douze ans; le retrait ne peut plus se faire. » (2)
« Soit! dit M. de Marzan, mais je vais plaider la nullité
« de l'appl~opriement. » Et voi.là le conseiller au Parlement
cotant quatre moyens de nullité plus inacceptables les uns que
autres! Puis il laisse l'affaire dormir pendant trois ans,
les
encourant la péremption que ses adversaires vont lui opposer;
enfin il la réveille en 1724 et reprend ses conclusions de 1720
auxquelles M. Cossou l répond victorieusement.
Le procureur de M. Cossoul décoche à son adversaire un
trait assez piquant. 11 conclut avec raison que l'on ne peut
critiquer l'appropriemenf en première instance; mais qn'il faut
appel du jugement qui l'a prononcé. Or, l'appel des
relevel'
Regaires relève nûment du Parlement. C'est an Parlement et
(1) DENISART V' . Retrait lignager. Cout. de Bret. Art. 298 et suiv.
(2) C'était un des effets de l'arpropriement. Art. 302. La faculté
de retrait n'était conservée après l'appropriement qu'à la condi­
tion que le retrayant fut à ce moment « ou non demeurant en Bre­
tagne ou absent» ; encore ne durait-elle qll'un an et un jour.
BULLETIN ARCBÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XV. (Mémoires). 4

par les collègues de M. de Marzan, que M. Cossoul entend
être jugé.
Le dossier de la procédure semble complet, et je n'ai pas
cependant la décision qui a mis 6.n à cette mauvaise chicane.
Il faut croire que M. de Marzan a craint le jugement de ses
paiLs. L'intél'êt avp.uglait le conseiller au Parlement. Espérons
pour ses justiciables qu'il voyait plus clair quand il jugeait
les affaires des autres.
. Vers le même temps, M. Cossoul s'attirait un autre procès:
et; cette fois, il avait tort.
la mort de M. Després, les époux Cossoul avaient
Après
fourni, le 17 jan vier 1720, un minu pour l'éligement des lods
et ventes. Très bien! mais, à la dernière phrase de ,ce minn,
ils déclarent « qu'ils rechercheront leurs titres et qll'ils se ré­
servent de faire reconnaitl'C qu'ils ne sont pas vassaux de
l'Evêque. » Le procureur 6.scal ne peut laisser passer cette
à tous les actes précédents et notamment
protestation contraire
à l'acte d'acquisition de 1708. Le 23 novembre 1720, il donne
assignation. L'acte est curieux à lire: « Il n'y eut jamais,
dit le Procureur 6.scal, de conduite plus masquée que celle
desdits époux à l'égard du seigneur Evêque, ni de minu plus
hittéroclite (sic) ni plus informe et sujet à blâme, etc ... "
Suit la sommation d'en produil'C un autre dans la huitaine,
sous peine :'I.e saisie féodale.
Espérons pour les époux: Cossoul que moins obstinés que
leur père ils auront fourni llll minu régulier.
M. Cossoul était un homme important à Quimper; il fut
maire de la ville en 1723. Ses affaires prospéraient: nous
l'avons vu rembourser, en 1720, le capital de la rente consti­
tuée sur les Salles; peu après, en 1723, il acquérait la maison
qu'il habitait, rue Keréon, des héritie\,s de François Morin,
comme lui marchand et maire de Quimper (1). Nous le ver-
(1) Arch. dép. B. 26.

l'ons, en 1727, arrondir la terre du Parc.
En 1750, nous le retrouvons a u rôle de la capitation. Il de­
meure alors place de la Terre-au-Duc. Il est inscrit au rôle à
un double titre « comme marcband de draps et de soies " et
comme receveu r triennal des fouages ordinaires du diocèse.
Sa première taxe est de 50 li l'., la seconàe de 125 li l'. ; et
deux personnes seulement sont plus imposées que lui .
. M. Cossoul avait vu mourir Anne-Jacquette Desprès, le 22
août 1740. Elle avait laid se trois filles : l'une Marie-An·ne, était
déjà mariée à écuyer Louis Gouesnou, Sr de Kerdour,
Kervastard, Kerlagatu, etc., demeurant à la T erre-au-IJuc.
L'autre, Anne-Josèphe, a llait èpoLlser Jean-Paul DLll'al, sr de
la Poterie (1). La trùisième épousa Jean-Baptiste BOGrdon­
naye, Sr du Clezio, alloué de Ponti l'y (2).
A près la mort de Mme Cossoul, ·son mari et son gendre
GouesnoLl, su i vant la "iei Ile babitu de de la famille, omirent
encore de l'encire a l'eu. à l'E vêq ue, et, le 28 septembre 1741,
une assignati\ln leur fut clonnée portant menace de saisir féo­
dalement les Salles, le Parc et Kermainguy (paroisse de
Cuzon). .
Mme Gouesnou reçut en partage le Parc ; et les Salles furent
du lot de Mme Duval.
M. et Mme Duval entrèrent en possession en 1745, Cette
année même, ils donnèrent à ferme l'ancien manoir et ses
dépendances, moins le manoir neuf et 'une réserve, pour
un prix de 500 liv. et des fournitures: huit ans après, la
ferme était continuée aux mêmes conditions. Ou songeait à ce
moment à démolir le vieux manoir; mais il subsiste encore.
(1) Jean-Paul la Poterie était propriétaire à Kerguinaou (Plo­
zévet), Keranguy (Pouldreuzic), Kerlouin et Kervitané (Mahalon),
Kerven (Plonéour), manoir et métairie de Mezmellr (Loca mand).
Déclaration de bois à trise de Cornouaille, Léon et Tréguier, établie à Carhaix .
(2) B. 70 f' 99 v' 21 avril 1751.

M. Duval acquit la métairie roturière de Coatidreux, contiguë
aux terres des Salles. M. Duval était contrôleur des fermes du
Roi: il mourut à 60 ans, le 29 décémbre 1757, dans sa maison,
rue de la Vieille Cohue, et fut inhumé à Saint-Mathieu dans
l'enfeu de M. Gouesnou de Keraval (1).
Sa veuve survécu t jusq u'au 11 avril 1772; peu de temps
après, et avant tout partage, un de ses fils, Jean-François­
Germain, lieutenant au régiment Royal-Marine-Infanterie,
pour lui et ses co-héritiers, donnait les mêmes biens à ferme
pour 580 li v. (2).
Un de ses frères, François, Sr de la Poterie, receveur_
des fouages, demeurant place du Terre-au-Duc, devint pro-
priétaire des Salles . .
Le 21 octobre 1776 il fournit le minu pour acq ùitter le
rachat acquis par le décès de sa mère. Cet acte nous donne le

revenu exact de la terre y compris Coatidreux.
Le vieux manoir et la métairie
sont loués. . . . . . . . . . . . . . . . . 580 li v.
La réserve est éval uée. . . . . . . . . 193
La petite métairie. . . . . . . . . . . . . 216
Une rente sur le moulin. . . . . . . 30
U ne rente sur un pré. . • . . . . . . • 18
En tout......... 10391iv .
Enfin, en 1781, les Salles appartenaient à François-Marie
Duval de la Poterie (3), ancien capitaine d'infanterie au
• bataillon de Crozon, marié à Augustine Furie de Kerguiffinan,
(1) Sépult. Saint-Mathieu.
(2) Jean-François Duval de la Potterie avait épousé, le 20 jan­
vier 1772, Anne-Marie Guesdon, sœur de M" Laënnec, mèrp. de
decin. Il mourut le 20 avril 1780.
l'illustre mé
(3) Bail des Salles pour 600 liv. 15 mars 1781. Un aveu rendu
l'année suivante donne la description de la terre des Salles.

d'une ancienne famille très nombreuse autrefois à Quimper,
et dont le nom s'est éteint de nos jours.
Le manoir des Salles a eu la chance d'être presque conti-
nuellement habité ou du moins réservé par ses propriétaires;
et jusquà nos jours il a été habité par les descendants des
Duval de la Poterie .

LEPA R C.
Reprenons la route du Parc.
Il est possible que la terre noble du Parc ait eu ancienne­
IDent des seigneurs particuliers. Quatre familles de Bretagne
ont porté ce nom patronymique. D'autre part, le nom de Parc,
sans autre désignation, a étâ donné à nombre de terres. C'est
ainsi, pour n'en citer que deux exemples pris auprès de nous,
,ique les titres des Cordeliers nous montrent Charles du .Parc,
seigneur du Parc (1538), Marie du Parc (1594) (1), fille aînée
·de la maison du Parc, faisant des fondations avec hypothèque
sur une terre nommée L e Parc; et il nous faut lire les pièces
d'un procès ponr apprendre que le Parc a passé après Marie
du ParQ à Sébastien Troussier, seigneur et bientôt vicomte
de la Gabtière, et que le 4 jan vier 1635 François, baron de
Penmarc'h, en est devenu seigneur par acquêt (2).

(1) Titre des Cordeliers F. F. 2. On lit au Rentier des Cordeliers
(septembre) :
« Le S' de Couettenez, en acquit de Marie du Parc, fille aînée de
Parc Coetsquiriou sur le 1I1anoir du Parc. »
la maison du
(2) La Baronnie de Penmarc'h était en ['Évêché de Léon; et c'est
ingulière méprise que de la placer, à cause de la similitude
une s

Ces dates et ces faits ne laissent aucun dou te; ce n'est pas
de cette terre que nous nous occupons .
De même, Quimper a eu successivement deux sénéchaux, le
père et le fils, qualifiés seigneurs du Parc (1675-1724)(1); ce
n'est pas du Parc, en Kerfeunteun, qu'ils prenaient leur nom,
et nous allons faire connaître les possesseurs du Parc à ces
différentes dates.
Entrons dans la cour du manoir; du premier coup d'œil
nous reconnaissons une construct.ion de la fin du XV· siècle
ou du commencement du XVIe. Les trois fenêtres à croix et
rectangularres de l'édifice principal, les deux corps de logis se
coupant d'éq uerJ'e, la tourelle d'angle contenant l'escalier ne
laissent aucun doute sur la date de la construction (2).
La plus ancienne description qui nou s reste est de 1661; la
voici en résu rué (3) :
_ « Le manoir noble du Parc, situé en la paroisse de
Kerfeunteun, ainsi que ses maisons, cour, basse-cour, jardin,
dans lequel est le colombier, aire et verger, ainsi qu'un petit
plessix derrière les dites maisons dans lequel est la fontaine
du nom, dans le canton actuel de Pont-l'Abbé. Tréoultré-penmarch
un e paroisse compri se dans la Baronnie de Pont. Quand on
était
touche à l'histoire de Pont-l'Abbé, il est indispensable de lire in­
extmso l'aveu du Baron (de 1732) déposé aux Arch. départ. très
beau velin et très bie n écrit. Le nombre des feuillets effraie peut­
Mre, il y en a 380, soit 760 pages; mais il est très instructif.
(1) Je veux pader de Charles et de Guy-Augustin Dondel.
Le premier mort il la chambre du Conseil du Présidial, le 9 mai

1722, fut inhum é par les Cordeliers devant leur antel au-dessus de
l'ÉVêque Raynaud. Il avait exercé ses fonctions pendant près d'un
em i-siècle. Son flls lui succéda et mourut à 32 aus, moins de deux
ans après son père; il fut inhumé, à la Chandeleur, le 9 avril 1724 .
(2) Le bâtiment servant d'écurie avec ses portes et ses fenêtres en
plein cintre est de date plus récente. La toiture et la charpente très
anciennes out été refaites l'an passé (1886).
(3) Minus fournis à l'Evèque les 28 décembre 16S1, et 5 aoùt 1669 .

Ô (avec) ses viviers et une petite prée faucbable y joignant
à faucheur ....
contenant une journée
a Plus un parc .... » Suit la description des terres.
A près deux cents ans, presque rien n'est cbangé. Le colom­
la même:
bier seul a disparu (1). Mais la cour d'entrée est
voilà à gauche le jardin, à droite la façade de la maison dont
été grattés; derrière les maisons voici
les vieux écussons ont

le « petit plessix B humide, berbeux, comme autrefois. Voici
ormeaux et cachée sous les branches d'un
abritée par deux
pommier qu'étouffe un vieux lierre, la fontaine mystél'ieuse
Dame Blanche
comme celle auprès de laquelle se montrait la
d'Avenel: elle coule aussi limpide et remplit. ses viviers
transformés en lavoirs. Les acquéreurs de 1661, s'ils reve-
ont si bien
naient en ce monde, reconnaîtraient les lieux qu'ils
décrits; mais supposez qu'au moment où ils sortent de la porte
surbaIssée du vieux manoir, un coup de sifflet retentisse, qu'ils
qu'un train couronné de fumée passe rapide
lèvent les yeux et
comme l'éclair. De quelle stupeur ne seraient pas saisis les
vieux habitants du Parc à la vue de ces merveilles de notre
ind ustrie
Au ÙJilieu du XVIe siècle, le manoir du Parc était la pro-
priété de Jean Kerbezeat, seigneur de Buliec. Il vendit cette
à Jean Legac qui avait pour femme Marguerite
terre
mourut vers 1566. Celle-ci rendit aveu à l'Evêque
Goalichet, et
le 16 mars 1566. D'après l'aveu elle doit foi, hommage,
obéissance au fief des Regaires; mais elle ne déclare aucune
cheffrente; elle ne déclare non plus ni droit de bail ni droit de
rachat (2). "
(1) Il était en ruines dès 1720. ' Inventaire des titres de l'évêché.
Arch. dép.
(2) Inventaire des titres de l'évêché. Arch. départ. G. 52.-
Titres du Parc, G. 16.

Tout à l'heure, aux Salles, nous disions que cette terre
dans la seconde moitié du XVI" siècle, aux mains de
était,
François de Coetanezre, mari de Hélène Geffroy; que celle-ci
avait une sœur, Marguerite, mariée à Pierre du Dresnay ;
que ceux-ci avaient acquis le Parc, par échange, avant 1605 ;
que Marguerite devenue veuve mourut sans enfants, et que le
Parc passa par hérttage à la seconae fille d'Hélène' Geffroy,
Gilette de Coetanezre, pend an t que l'aînée, Julienne, trans-
mettait les Salles à sa fille, Marguerite de Kercourtois, dame
de Bragelonne.
du Parc, épousa Julien Brouard ou Bouard,
Gilette, dame
seigneur de La Grée, et ils habitèrent le manoir (1).
• Gilette de Coetanezl;e avait marié sa fille aînée à René de
Tromelin, Sr de Lancelin, conseiller du Roi au Présidial.
Elle mourut au Parc, en février 1629, et, le 24 de ce mois,
elle fut. inhumée dans la tombe des Salles, près du. grand
autel, dans l'égl ise de KerfeunLeun.
inhumation n'avait pu se faire qu'avec l'autorisation
Cette
de la dame de Bragelonne et de son frère utérin Claude,
seigneur et dame indivis des Salles. De m ême, lorsque en
1633, Marguerite de Tromelin, fille de René de Tromelin,
mourut, la même autorisation fut nécessaire.
Mais les . Bragelonne voulurent mieux faire; et, au' lieu
d'accorder un permis d'inhumer à chaque décès, ils se
dépou illèrent purement et simplement de la propriété de leur
rmoriée de Kerfeunteun en faveur de leurs parents
tombe a
du Parc. .
auquel j'ai fait de nombreux
Cet acte du 8 octobre 1632,
emprunts, est curieux à lire. Il est clair qu'il ya entre noble
homme René de Tromelin et sa femme, d'une part, et les
(1) Du moins ils l'habitaient en 1618. Titres des Cordeliers T.

Bragelonne de l'autre la même distance qu'entre le conseiller
au pl'ésidial de Quimper et le conseiller du Roi en ses conseils
d'Etat et privé : eh bien! ce sont. les donateurs qui dictant
l'acte prennent soin de rappeler aimablement pour leurs
cousins et d'expliquer -- très aimablement pour nous la
parenté qui les unit aux donataires.
L'acte conclut ainsi: « Lesquels Sieur et Dame de Bragélonne,
« en considération de la parenté et des bons et agréables
« services qu'ils reconnaissent avoir avant ce jour reçns en
« leurs affaires pendant leur absence et autrement des dits Sieur
(( et Dame de Lancelin, ont par cestes fait don irrévocable à
« jamais aux dits Sieur et Dame de Lancelin acceptant pou r
« eux leurs hoirs et cause ayants,
« de leurs pierres tombales estantes au pied du grand au tel
( de l'église paroissiale de Kedeu nteun, armoyées de trois
(( épées, armes de la, maison des Couettanezre, souche com­
(( mune des parties en l'estoc maternel, en lesque lles leurs
" prédécesseurs communs ont été de tous temps inhumés, et
.« tons droits hOhorifi cques du s à cause d'icelles .... (1) »
Cette donation était faite en temps opportun . Le dimanche
2 jour Je juillet 16:34, Anne Bouard mourut ; et, le jour même,
inh umée dans la même tombe qui avait reçu sa mèn
elle fut
et sa fille. Un père capucin prononça l' e>raison fnnèbre (2) .
Est-ce que la libre possession de la tombe de Ked eunteun
aurait été contestée à René de Trom elin ~ ou bien plutôt
n'a-t-il pas eu simplement besoin des actes d'inhumation dp,
sa belle-mère, de sa femme et de sa fille pour une liquidation '{
- Toujou rs est- il q Ile, en 16::15, il demanda des extraits de ces
actes; et vous allez VOlr quel luxe de formalités il lui faudra
accomplir.
C'est une instance judiciaire qu'il va falloir suivre par procu -
(1) Acte du 8 octobre 1632. Insinué le 10 novembre.
(2) Reg. du Présidial. 30 juillet 1635.

reurs. Le demandeur devra, tant en privé nom que comme tuteur
et garde naturel de ses enfants, donner assignation à Messire
Pierre Le Bosse, curé, devam « le bailli, lieutenant civil et
criminel, pour qu'il ait à faire apparoir le papier et registre
contenant les enterrements faits en la dite église depuis 1629,
prendre extrait des articles concernant les enterrements
afin de
de sa belle-mère, d.e sa fille et de sa femme. »
Le 30 jUillet 163;), « le bailli tenant le siége, l'heure de une
beure de l'après-midi rendue pour s'assurer être sonnée et
passée, Me François Bougeant, son procureur, comparait pour
Tromelin, présent en personne ». Le curé comparaît de
René
son côté assisté de son procureur, « lequel, adparu le registre
dit n'avoir à débattre que ledit demandeur
dont est cas a
n'ait à faire extraire tels articles que bon lui semblera. D .
Sur quoi le bailli adjuge extrait des enterrements dont est
la tientence s'exécute séance tenante. Les trois actes
cas, et
d'inhumation sont copiés à la suite sur le procès-verbal du
. juge, et « il sera déli vré expédition au sieur de Tromelin pour
" s'en servit comme il voù'a (1). »
Que de temps, de papier et d'argent mal employé, et que
gens mal à propos dérangés! Combien notre mode de

est plus simple et plus expéditif! Les actes de l'élat­
procéder
ci vil sont publics; et, sans permission de personne, chaque
éitoyen, moyenn!lnt paiement, peut en avoir une copie.
René de Tromelin se remaria: le 28 mai 1641, il avait été
pourvu de J'office de pré~ident. au Présidial (2) ; au commen­
cement de l'année suivante, un fils lui naissait; il demandait
à la ville de Quimper d'en être le p~rrain; et la communau té
délibérant le 8 mars 1642, nommait « deux commissaires
"pour aller complimenter le président de Lanceliu; -te
(l ) Guarantpour la tombe du l)arc. Extrait d'acte du Présidial du
30 juillet 1635.
(2) Arch. du Parlement. Provisions.

« remercier de l'honneur qu'il fait à la ville, nommer la
« commère, assister au baptistère et faire tous les bonneurs de
« leur ad vis (1) Y!. .
René de Tromelin mourut le 5 mai suivant.
un fils nommé Corentin-
Il avait eu au moins deux enfants,

Rene et une fille nommée Clau de.
Corentin eut en héritage cette maison de la place Maubert
qui devait être, en 1682, l'objet de débats entre l'Evêque et .
le Roi. L'Evêque l'avait comprise dans son aveu du 14 juillet
1682. Elle payait au Roi et à l'Evêque alternativement une
rente de « deù x écus de dOllve!le~ (deux boucliers de bois)
deux seillères (selles) à chevestre sans gamiture)) . Quand la
ren te était due au Roi, les écus étaient « peints de deux lyons
rampans D; quand elle était payée à l'Evêque, on y figurait
({ une crosse et une mitre)) (2).
La sentence de réEormation débouta l'Evêque de sa
mou vance; mais, sur la plaidoirie d'Hévin, l'arrêt du parlement
de 1693 la lui rendit.
On voit par l'aveu de l'Evêque que Corentin Tromelin ne
vivait plus en juillet 1682 (3).
Ill.
René de Tromelin et sa femme avaient habité le manoir du
Parc; après eux, le manoir n'a plus eu l'honneur d'être la
demeure de ses pl'Opriétaires ; et, comme beaucou p d'au tres
(1) Ville de Quimper, Arch. départ. E.
(2) V. Promenade à Quimper, p. 124.
(3) Maison appartenant aux héritiers de Corentin-René de
Tromelin, flcuyer, S' de Lancelin. Un de ces héritiers était Claude­
René Tromelin, S' de Lancelin, qui fut inhumé le 10 septembre
1687 (Saint-J ulien).
Il laissa un fils, Charles de Tromelin, S' de Lancelin, écuyer, qui
mourut vers 1747, et les biens de sa succession furent adjugés
à bail cette année. Arch. départ. B. 73 ..

maisons même plus importantes de ce pays, par exemple
Pratanraz et Pratanroux, il a été donné à ferme avec les
champs qui l'environnent.
Claude de Tromelin avait épousé Charles de Lesguern,
seigneur du Cleuzmeur et de Quiquellou.
Le époux habitaient ce dernier manoir, en la paroisse du
même nom, au fond de l'évêché de Léon. Claude de Tromelin
ayant pou r toujours renoncé à son pays d'origine n'avait
aucun intérêt- à conserver une propriété si lointaine à cette
époque_
Le 8 août 1661, noble homme Prigent Gouesnou, Sr de
Kerguenès, et sa femme Levenèze Tanguy devinrent acqué­
reurs du manoir et du lieu noble du Parc.
C'est à eux que nous devons la plus ancienne description
qui nous reste et que j'ai donnée plus haut. Cette description
nous apprend que le manoir avec ses dépendances était tenu à
simple ferme pour en payer par an la somme de 300 francs
sans aucune cheffrente.
Mais le minu ne fait pas connaître tous les droits des sei­
gneurs du Parc, puisqu'il omet les prééminences. Nous avons
vu, en effet, le seigneur des Salles abandonner au Pal'c sa
tombe en l'église de Kerfeunteun (1).
Prigent Gouesnou était encore propriétaire duParc en 1672.
Peu après, le Parc passa à son fils Pierre, mari de Thérèse
Guesdon, Sieur et Dame de Keraval (2), demeurant « sur le
(1) Je ne parle pas de la tombe que les acquéreurs du Parc
avaient dans la chapelle des Cordeliers. Il semble bien que c'était
une concession personnelle, comllle sont aujourd'hui les conces­
sions dans les cimetières. La preuve c'est que l'héritier de Prigent
Gouesllou, Jose ph Corentin, et sa femme, Ursule Papias, furent
és en cette tombe (8 janvier 1713 et 27 août 1710) quand ils
inhum
n'étaient plus propriétaires du Parc.
(2) En 1627, I{eraval appartenait à Marie Gouesnon, femme de
Sébastien Le Gubaer. Cordeliers. Z. (12 février.)

quai et rive de Quimper». Pierre Gouesnou consent, des baux
en 1675, 76 et 84.
Il a pour héritier son 61s Joseph-Corentin Gouesnou, sei­
gneur de Kervern, mari de Ursule Papias, demeurant rue
Keréon (1) , En 1689, celui-ci donne le manoir à. férme, en se
réservant cependant une chambre et un cabinet.
30 janvier 1696, Le Parc change de mains. Il est acquis
par Pierre Des prés et Antoinette Lecoq, sa femme, les mêmes
que nous avons vu acquérir la terre des Salles en 1708.
Voilà. donc ces deux terres voisines réunies dans les mêmes
- mains pour la première fois depuis au moins deux cents ans;
mais elles seront bientôt de nouveau séparées.
Anne-Jacquette Després, 611e des acquéreurs, épouse Charles
Cossoul, dont nous avons parlé plus haut à propos du manoir
des Salles. Celui-ci arrondit la terre du Parc, en y adjoignant
diverses parcelles, notamment (en 1737) le pré de l'Ile, qu'il
acquit de Gouy, boucher rue de Mezcloague:1. Il continue la
ferme du manoir, mais en se réservant les jardins.
Anne Despr~s mourut le 22 août 1740. A cette époque, son
mari survivant fournil un minu que nous pouvons rapprocher
de ceux fournis en 1664 et 1669 par Prigent Gouesnou. La
description est à peu près la même; mais le prix de ferme,
qui était de 300 francs en 1664, est dé 400 francs en 1740 (2).
La mort de Anne Després sépara encore une fois le Parc des
Salles. Dans le partage fait entre ses enfants, le Parc ad vint à
Marie-Anne, femme de écuyer Louis Gouesnou, Sr de Ktr-
(1) Demeurant à Quimper-Corentin, ville close. T. des Cord., 31
juillet 1679, fond. Y. 7,
(2) Pour être tout à fait exact, il faut rappeler que Charles Cos­
soul avait un peu augmenté la contenance de la terre; en sorte
que, dlJns cette période de 76 ans, l'augmentation de revenu n'a
pas été de cent francs.
Ce minu est la seule pièce qui nous donne idée du revenu du
Parc il y a 140 ans.

dour, de Kervastard, de Kerlagatu, demeurant à la Terre­
• au-Duc, pendant que les Salles appartenaient à la dame Duval
de la Poterie. Le 11 septembre -1750, M. Gouesnou don­
nait le P-arc à ferme, mais en réservant le jardin et le petit
jardin donnant su r la rivière, entre la cour, le pont Sail1t-Yves
et le chemin qui conduit au pont, plus une chambre dans la
maison; et il imposait au fermier de suivre le moulin de Pon­
tigo u.
M. Gouesnou avait ajouté à la terre du Parc une petite
prairie nommée du joli nom de l'Ile-Verte, au bout du pont
Saint-Yves. Après lui et par acte du 12 octobre 1767, sa fille
du Parc, demeurant
Madeleine-Renée, dame de Kerlagatu et
au monastère des religieuses bénédictines de Locmaria, acquit,
à titre de cens perpétuel, le vergee dit du Parc et une petite
parcelle voisine avec maison.
Peu après elle épousait écuyer Pierre Le Bouteiller, ancien
. officier d'infanterie ;et leurs descendants directs possèdent
manoir du Parc.
encore le
Nous pouvons maintenant prendre le chemin de Saint- Yves,
nous avons déjà suivi ensemble en revenant de Pratanroux.
que
et Pratanros ; et qui nous ramènera en ville.
Nous venons de visiter quatre manoirs anciennement nobles:
Pratanroux et Pratanros avaient la même origine: Avant 1789,
en mains très dignes de
de ces six terres nobles, cinq étaient
les posséder, mais roturières, enrichies par le travail, le com­
et l'industrie. Une terre noble bien plus importante,
merce
ayant haute justice, le Plessix-Ergué (paroisse d'Ergué-Armel),
était de même possédée par un roturier; Pratanraz et Coatfao
réunis allaient avoir le même sort, lorsque le Roi accorda la
noblesse à leur acquéreur, M. de Madec, qui l'avait si bien
le voyez, sur huit terres nobles prises au hasard
méritée. Vous
dans le rayon d'une lieue autour de Quimper, en voilà six
Pratanraz) possédées par des non nobles .
(sans compter

Ce mouvement n'était pas particulier à la Cornouaille; et
qu'il eùt commencé au dernier siècle.
il ne faut pas croire
Cent quarante-huit ans avant 1789, le 29 novembre 1641,
XIII déchargeait du service du ban et de l'arrière-ban les
Louis
fiefs nobles possédés par des roturiers; et le motif principal de
la déelaration c'est que a: la plus grande partie des fiefs nobles
sont aux mains des eéclésiastiques, communauté. et roturiers. »
Vingt-huit ans plus t.ard, l'Ordonnance des Eaux et ForMs
d'aoùt 1669 porte au Titre des Chasses: tous roturier;; non possédant fief,;, seigneuries et hau tes justices,
» Il y avait donc en 1669 des roturiers seigneurs hauts
etc.
justiciers et assez nombreux pour que la loi, q~ i ne statue pas
- sur les faits exceptionnels, eût réglé .leur situation.

III.
CONTES POPULAIRES DES BRETONS-ARMORICAINS.
MARIE ET YVON

ET LA SIRENE.
Selaouit hol, mar oc'h eus c'hoant,
Hag e clevfet eur gaozic coant,
Ha na eus en-bi netra gaou,
Mes, marteze, eur gir pe daou.
Ecoutez tous, si vous voulez,
Et vous entendrez un joli petit conte,
Dans lequel il n'y a pas de mensonge,
Si ce n'est, peut-être, un mot ou deux.

Il Y avait une fois deux époux, deux paysans, Jean et Jeanne,
qui faisaient valoir un peu de terre, et qui avaient déjà
fait faire cinquante baptêmes, Un dimanche qu'ils revenaient
tous ensemble de la grand'messe, le père, la mère et les enfants,