Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes
RECHERCHES BIBLIOGRAPHIQUES SUR LES LIVRES LITURGIQUES
DE BRETAGNE
ANTÉRIEURS A SAINT PIE V ET AU XVII" SIÈCLE
Par le R. P. Dom FRANÇOIS PLAINE,
Bénédictin de la Congrégation de France.
Dans les siècles de foi du Moyen-Age et longtemps après
encore, en Bretagne, comme dans le reste de la France et
du monde chrétien, toute église épiscopale ou abbatiale et
quelquefois moins importante possédait ordinairement un
ensemble de livres liturgiques, missels et bréviaires, pas
sionnaires ou légendaires, cérémoniaux ou coutumiers qui
lui étaient propres et différaient en plusieurs points de ceux
de Rome, bien qu'ils appartinssent il. la liturgie romaine.
Les usages locaux et les offices particuliers occupaient une
lal'ge place dans ces recueils si dignes d'intérêt. Les patrons
du lieu et de la contrée y devenaient entre autres presque
toujours l'objet d'hymnes et de chants où leurs vertus et
leurs miracles étaient rappelés avec honneur; ils y deve
naient surtout l'objet d'un récit historique, qui consacrait
le souvenir de leurs belles actions. En un mot, l'antiquité
avait réuni là, comme dans un l'iche arsenal, des trésors de
littérature et de poésie, d'histoire et d'hagiographie qui
seI'aient aujourd'hui pour nous, s'ils nous avaient été
conservés, d'un pl'ix inestimable.
Malheureusement ces livres étant devenus hors d'usage
à la fin du XVIe siècle, après l'introduction dans nos
et du missel réformés de saint Pie V,
églises du bréviaire
ils furent laissés de côté, puis vendus ou dispel'sés, en sorte
qu'on n'en trouve plus actuellement que de tl'ès l'ares
exemplaires, quand ils n'ont pas disparu entièrement. C'est
une perte qu'on ne saUt'ait trop vivement regretter. Mais il
Y aUl'ait injustice flagrant e il. en rejeter la faute sur saint
Pie Vet sa réfOl'me. Rome, en effet, n'exigeait nullement
aloI'S et ne désirait mème pas que les églises de France en
vinssent il. faire abandon intégral des usages liturgiques et
des offices propl'es dont elles étaient précédemment en pos
session. D'après la teneUl' littérale des documents pontifi
caux, on aurait dû agir ici avec discernement, séparer ce
qui était ancien, légitime et louable d'avec les superféta
tions d'origine récente, et d'avec les abus, retrancher ou
conservel' selon les circonstances (1 ). Au lieu d'en agir
ainsi, on eut le tort de faire table rase du passé pOUl'
adopte!' purement et simplement les livres et les usages
romalllS.
La province ecclésiastique de Tours, dont la Bretagne
entièl'e faisait alors partie, se signala ici pal' un zèle, qui,
que louable en soi, n'aUt'ait rien perdu cependant a
bien
être plus mcdéré. Presque toùt ce qui était office propre, et
usage diocésain ou local fut sacI'ifié et abandonné. Quant
aux livres, qui en contenaient l'expl'ession et la teneu!', il s
. furent relégués au fond des bibliothèques, et ne tardèrent pas
il. disparaitl'e, ainsi qu'il vien t d 'étre di t. Ils étaien t cependant
encore assez nombreux, principalement les légendai!'es,
dans la premiél'e moitié du XVIIe siècle, lorsque les Domi-
nicains du Paz et Albert Le Grand (2) entl'eprit'ent leurs
travaux historiques et hagiogra phiques. Mais un siècle plus
. (i ) Voir les bulles de saint Pie V, de 1568 et Hi70, en tête des bré
viaire et missel romains.
(2) ALBERT LE GRAND renvoie fréquflmment aux légendaires de
Nantes, de Vannes, de Saint-Pôl-de-Leon, du Folgoët, de Tréguier, etc.,
qu'il doit avoir eu entre les mains.
tard, Dorn LOB IN EAU et ses confl'ères ne rencontraient plus
déjà. que de l'ares épaves (1) . Le mal est bien plus grand
aujourd'hui, aprés les nouvelles ruines accumulées par la
Révolution.
C'est pOUl'quoi ayant eu occasion de me livrer à cet égard
a des investiga tions des plus étendues, dans le dessein de
collige !' les matériaux des A cta sanctorum Britanniœ et
ayant réussi a réunir un ensemble assez abondant, si je ne
me trom ~e, de renseignements et de notices, il m'a paru
utile de faire part a u public du fruit de mes découvertes.
Les futurs histOl'iens et hagiographes de la Bretagne y
trouveront, j'ose l'espél'el" un secours précieux pour se
guider dans leurs recherches et leurs investigations à h'a
vel's le passé encore si obseul' de notre province.
P O Ul' procéder avec quelque Ol'ch'e dans mon énumémtion,
je rattacherai à chacun des neuf anciens évêchés de Bre
tagne la liste ordinairement chronologique des missels,
bréviaires, pontificaux, rituels, heures, cél'émoniaux et
peuvent s'y l'apporter directement. De
légendaires, qui
là, neuf pa ragraphes successifs. U n ~ 10· et dernier aura
pour ohjet quelques livres d'heures plus curieux que les
autres, mais n'ayant rapport à aucun diocése en particulier.
~ 1 Diocèse de Rennes.
La vill e de Rennes, capitale de toute la province de Bre
tagne, 'sous nos anciens ducs, et siége ordinaire du Parle
ment, avant 1789, depuis l'union à la France, a gal'dé sous
le ra pport particulier qui nous occupe, eu ce moment, plus
(1) Dom LOBINEA U n'en mentionne que neuf en tête de ses Vies des
Sainls de Brelagne j mais il n'est pas impossible que ce savant religieux
et ses dignes confrères n'aient uJJ..-peu n~Ii~~ le c6lé l!lurfJiq'ue dan~ leurs
r echerches pour concentrer toufe leur acll vIte sur l'hIstOIre et la blOgra
graphie des familles nobles.
d'un 'monument important de son ancienne gloire. L'énu-
mératlOn qui suit, des missels et bréviaires, rituels et pon'-
tificaux, évangéliaires et heures, va en fournir la pl'euve.
l MISSELS RENNAIS ANTÉRIEURS A 1600.
1 ° L'ordre des temps m'améne a mentionner en premier
lieu un missel du XIe siècle (1), qui doit avoir été a l'usage
de l'abbaye de Saint-Melaine. Car, au ] 1 octobl'e, on indi
que la Dédtcace de saint Melaine, de R ennes, tandis que
saint Alnand et saint Modéran n'y ont méme pas une
mention.
2° Missel de Rennes, impl'imé a Paris, en 1492, chez An-
toine Hodian et Jean Alexandre, par Qrdl'e de l'évêque 0
Michel Guibé et sous la sUl'vei)lance de vénét'ables hom-
mes Jean Le Pileur, Alain Pouchart et Simon Guillotill.
Magnifique in-folio, sur vélin, conservé à la Bibliothèque
nationale, nO 201 (vélin). Il est orné de nombt'euses gran
des lettres, de vignettes et de quatre ou cinq grandes gra
vures a pleine page. Celle du Canon est d'un éclat et d'une
beauté qui ont été rarement dépassés en pal'eil sujet. On y
voit aussi reproduit jusqu'à trois fois (au frontispice, le
jour de Pâques, et a la fin) l'écu armorié de la famille de
Bourgneuf: d'argent au sautoir de sable, au. franc quar-
t ier de gueules, chargé de deux poissons d'argent rangés
en fasc e (2). On peut conclure de là que Pierre de Bourg
neuf, qui fut trésorier du chapitl'e de Rennes vers ce temps
(1494-1523), contribua pour une large part aux frais de
cette impression.
3° :l1issel du Bienheureux Yves Mahyeuc (Paris, Bibl.
de l'Arsenal ). Tl'ente ans plus tard, le B. Yves Mahyeuc fit
imprimer de nouveau le Missel de son église avec un vrai
i ) Biblioth. nationale de Paris, manuscrits latins, nO 9439.
2) Communiqué par M. Anatole de Barthélemy.
luxe. Au fl'ontispice on admire la gl'avure des apôtres
Pierre et Paul. Les lettl'es ornees et les vignettes sont en
gl'and nombl'e. Plusieurs gravures a pleine page sont aussi
disséminées il. üavers le volume, et font le plus grand hon
neur aux artistes inconnus qui tl'availlaieot pour ce saint
prélat.
4° Le mème Missel fut encore l'éimpl'im é, en 1531, mais
sans ornementation. Un exemplaire se trouve a Sainte
Geneviève, il. Paris .
5° Item en 1557, a Rennes même, chez Chevau et P . Le-
bret. Un exemplaire de ce missel se trouve a Nantes, chez
M. le baron. de Wismes.
6° Missel de 1588, publi~ pal' Aymar Hennequin. Je n'ai
pu encore, il. mon grand regl'et, le consultel', mais on m'a
assuré qu'un exemplaire en était conservé au Grand Sémi
naire de Rennes.
II. BRÉVIAIRES DE RENNES ET DE SAINT-MELAINE,
DE RENNES
Les anciens bréviail'es de Rennès font un peu défaut,
surtout en comparaison des missels.
M. Guél'aud, dans ses notes manuscrites pour une biblio
graphie bretonne (1), affirme bien avoir vu un bréviaire de
Rennes, imprimé en 1559. De méme l'abbé Tresvaux, at
tribu e a l'évêque Aymar Helinequin la publication d'une
nouvelle édition du même bréviaire (1589). POUl' moi, je
n'ai rencontré que la Partie d' été (Pars aestivalis) dudit
bréviail'e, imprimé à Paris en 1514. Ce livre appartenait
(vel's 1850) à M. Paul Vatar, oncle de M. Ambroise Jau
sions, impl'imeur et bibliophile des plus érudits. Ce derni e l' _
devint ensuite possesseur du précieux volume qui> transmis
(i) Manuscrits de Naptes à la J3ibliothèque commmlaie.
à son fils, mon excellent ami et frère en religion, le
R. P. Dom Paul J ausions, mort en 1870, se conserve au
jourd'hui à l'abbaye de Solesmes.
La même abbaye possède aussi un Bréviaire de saint
Melaine, de Rennes, imprimé en 1525, avec simplicité et
sans \ ornementation. 11 esl corn plet et fort digne d'in té
rèl (1). Un second exemplaire du même bréviaire se trouve
à Paris (Biblioth. de Sainte-Geneviève).
III. PONTIFICAL DE MICHEL GUIBÉ, ÉVÊQUE DE RENNES.
SOUS ce nom, que je conserve pour me conformer à l'u
sage, on désigne un simple missel ne renfermant que les
messes célébrées solennellement par l'évêque en personne.
Du moins tel est le pontifical de ce prélat, appartenant à la
. bibliothèque du chapitre de Rennes. M. Le Gonidec de
Tressan en possède un second exemplaire,. que je n'ai pas
eu l'avantage de consulter.
IV. RITUEL DE RENNES .
Imprim é à Caen ou à Rennes, pal' Jean Macé, vers 1500.
Un exemplaire se conserve à la bibliothèque de Vitré, mais
je n'ai pu l'y consulter.
2° Item. Malluale R edonens e, imprimé à Rennes chez
Chevau et P. Lebret, en 1557. Un exemplail'e
Guillaume
• se conserve chez les Eudistes de Rennes .
V. EVANGÉLIAIRE DE SAINT GEORGES, DE RENNES.
Il remonle au XIIe siècle. Il a été décrit avec le plus
grand soin par M. Paul Delabigne-Villeneuve, dans ses
Pl'Olégomènes sur le Cartulaire de saint Georges. _
(i ) li a appartenu autrefois a M" Baron du Taya, conseiller alaCourde
Rennes, démissionnaire en i830, bibliOphile distingué et a été offert par
sa famille a la bibliothèque de Solesmes. .
VI. HEURES DE RENNES.
On en connaît un exemplaire, imprimé li Caen en 1489.
C'est un petit in-8°, sur vélin, impl'imé en caractèl'es go
thiques, avec figul'es et encadrement gl'avé sur bois. Il
porte au vel'SO du derniel' feuillet la mal'q ue de P~ Re
gnault, lib l'aire .
VII. STATUTS ET CÈRÈMONlAL DE RE.NNES
On en connait deux exemplaires, de date différente, l'un
du xv· siècl9, à la Bibliothèque du chapitre de Rennes;
l'autre du XVIe à la Bibliothèque nationale de Paris, ma
nuscrifs latins, nO 5323.
~ 2. Diocèse de Nantes.
La ville de Nantes, qui a quelquefois disputé à Rennes
l'honneur d'être capitale de la Bretagne, en raison de son
étendue et du chiffl'e de sa population, ne le cède en rien
à sa rivale sous le rapport qui nous occupe, ou plutôt elle
est plus riche, sinon en imprimés, du moins en manus
cl'its. En outre, son évêque et son clergé surent mieux faire
usage des l'ichesses liturgiques dont nous parlons, en 1857, __
lors du retour à la liturgie romaine. En puisant, en effet,
largement dans ce trésor, ils l'édigèrent un excellent Pro- •
pre Nantais, qu'un bon juge en pal'eille matière, le R. P.
dom Guéranger, se plaisait à pr'oposer pour modèle. Je n'ai
eu qu'à puiser moi-méme dans ce Propre pOUl' en extraire
la plupart des renseignements qui suivent.
1. MISSELS NANTAIS
1 Missel de 1450. Magnifique in-folio sur parchemin,
avec lettl'es ornées, enluminures, il se conserve à la Biblio':
Gr-and Séminaire .
thèque du
2 Missel de 1482 ou de l'évéque Pierre du Chaffaut, im
primé non à Vannes, comme l'a cru Travers, mais il Venise.
Il est conservé à la bibliothèque publique de Nantes.
1501, par
3 Missel de Nantes, imprimé à Nantes en
Guillaume Larchier .
4 Missel de Nantes, impl'imé à Rouen en 1520, chez
Guillaume Morin.
50 Missel de Nantes, impl'imé par Vincent Huet, impri-
meur de l'Université de Nantes en 1588. Un exemplaire
s'en conserve à la Bibliothèque deNantes.
II. . BRÉVIAIRES DE NANTES
JO Bréviail'e Nantais, manuscrit du XIV· siècle, conservé
à la Bibliothèque de Nantes, sous le na 128~.
2 Bréviaire Nantais, manuscrit du XV· siècle, consel'vé
à la Bibliothèque de Nantes sous le na 1290. .
3 Bl'éviaire imprim é à Paris en 1518, par ordre de l'E-
vêque François Hamon, in-8°. M. Saullay de l'Aistre (Saint
Brieuc) en possédait un exemplaire en 1857. Qu'est-il de
ven u après sa mort?
III. RITUELS ET CÉRÉMONIAUX
l a Ordo Éliœ Cantoris, manuscrit latin de 1263, con
servé à Sainte-GenevièvA de Paris, sous le na BB, 4. Ce do
cument n'est pas un Légendaire , comme on l'a parfois in
sinué dans une polémique récente sur la question de saint
Clair, mais un simple relevé des fétes particulières de l'église
cathédrale de Nantes.
2 M anuale Nannetense, im primé à Paris (vers 1560), par.
ordre de l'évêque Antoin e de Créquy. On en connaît trois
exemplaires: un à la Bibliothèque nationale,' un à .Sainte
Geneviève de Paris; le troisième à la Bibliothèque pu
blique de Nantes.
HEURES DE NANTES
1 ° Heures à l'usage de Nantes, manuscrit latin (XV· siècle)
dûau calligl'aphe J .-B. Gil'ault, consel'vé à Londl'es (British
Museum, codices latini, n° 19,982).
2° Heures de Nantes. Nantes, 1498, Larchiel'.
3° Heures de Nantes. Paris, 1501, Simon Vostre. Elles
sont omées de nombreuses vignettes et enluminures.
4° Heures de Nantes. Nantes, 1582, Nicolas Ches-
neau; . impression gothique avec vignettes.
§ 3. Diocèse de Vannes.
Si Rennes et Nantes offrent de vraies l'ichesses au chel'
cheur d'antiquités liturgiques, les autres vill es épiscopales
de l'ancienne province de Bretagne sont loin d'ètre aussi
bien partagées; Vannes, en particulier est pauvre, au moins
relativement. Voici, en effet, tout ce que j'ai pu découvl'ir
en ce qui la concerne.
1° Un missel manuscI'it, inscrit à la Bibliothèque natio
nale de Paris, sous le nO latini 172, nouvelles acquisitions,
rédigé vers 1457 pal' maitl'e Jean Inisan, chanoine de
Vannes. C'est un travail privé, qui manque d'aut.ol'itécomme
document liturgique.
2° Missel imprimé de 1535.
3° Bl'éviail'e imprimé de 1589.
Je n'ai pu voir de mes yeux ni ce missel, ni ce bréviaire .
Mais M. l'abbé Chauffiet' a eu l'un et l'auü'e entre les
mains vers 1878, et s'est donné la peine de m'en faire une
analyse aussi exacte que fid èle. On y voit entre autres- cho
ses que la féte de saint Clair, évêque (10 octobl'e), se célè
brait à Vannes de temps immémorial.
4. - Diocèse de Quimper ou de Cornouaille.
Quimper est encore plus pauvre que Vannes. J'en suis à
ignorer si jamais bréviail'e ou missel ad usum prOp7'Ù!m
Corisopi~ensis Ecelesiœ a été livré à l'impression. Mais, ce
je puis affirmer de visu: c'est que: 1° la fabrique de .
que
Landel'lleau possède une sode de bl'éviaire romano-gal
lièan de la fin du XV· siècle, dans lequel se trouvent les
offices iprop l'es à Quimpel'), de saiot Coren lin, de saint
• Ronan; et c'est que 2° le musée Bollandien (Bruxelles) con
serve un Sanctorale Corisopitense, imprimé vel's la fin du
XVe siècle et du plus haut intérêt pour la BI'etagnf', en
raison des légendes de saints bl'eloos, qui y sont insérées .
~ 5. Diocèse de Saint-Pol-de-Léon .
La ville, autrefois épiscopale mais aujourd'hui simplement
cantonale de Saint-Pol-de-Léon, est plus riche que le chef
lieu du Finistère sous le rapport qui nous occupe. Elle nous
a tI'ansmis, en effet:
JO Missel de Léon (Pal'is, Yves Quillevère, 1526).
Impl'imé avec lux e, ornè de vignettes et de superbes gra
vures. M. Pol de Courcy en conserve un exemplaire à
Saint-Pol même .
2° Missel manuscrit (de Léon) vers 1580.
Ce missel a été à l'usage particulier du vénérable Roland
de Neufville qui était évèque de Léon à la fin du XVIe siècle.
Il se consel've à Lyon, manuscrits latins, n° 441.
3° Bréviaire de Léon (paris, Didier Maheu, 1526).
J'en connais deux exemplaires, mais l'un et l'autre in
complet, 'partie d'hiver seule: le premier à Paris, Bibliothè
que nationale, le deuxième à Ploërmel, à la Maison-Mère
des Frères Lamennais.
40. Missel de saint Vougay, X' siècle .
La paroisse de Saint-Vougay, qui appartenait avant 1789
au diocèse de Léon, conserve un débris de missel, au sujet
duquel on a souvent avancé faussement qu'il avait été à
l'usage du saint de ce nom et qu'il se rattachait à l'ancienne
liturgie Gallicane. J'ai pu constater de visu qu'il était
Romain et ne pouvait remonter plus haut que le X· siècle.
D'ailleurs, il ne se compose plus que de 40 ou 50 feuillets à
demi rognés pal' un relieur ignorant et placés sans aucun
ordre. Tel quel, il n'en est pas moins curieux (1).
§ 6. Diocèse de Tréguier.
L'ancienne ville épiscopale de Tréguier, aujourd'hui ré-
duite, comme Saint-Pol, au simple titre cantonal, ne nous
en a pas moins tr'ansmis de mème plus d'un monument
liturgique, digne d'attil'el' l'attention. En voici l'énuméra
tion dans un ordre purement chronologique.
1" Bréviaire de saint Yves, XIIIe siècle.
On désigne sous ce nom un bréviaire manuscrit, de petit
format, et qui doit avoit, été de fait à l'usage du saint Patron
des avocats. Les lettres sont gothiques et ornées avec goût.
Les feuillets sont écrits sur deux colonnes, avec frise gra
cieuse s'enroulant tout autour. Malheureusement ici encore
ce n'est plus qu'un débris qui nous reste. Pendant long
temps une piété mal entendue en a dispersè les feuillets
pOUl' satîsfaÏt'e à la dévotion indiscrète des fidèles. En 1876
je n'y ai plus compté que 92 feuillets, réunis sans aucun
ordra par un relieur insouciant. Saint ~felaine et saint Malo
sont les seuls saints bretons qui y figurent.
(i) Voir nn travail spécial que j'ai publié a ce sujet dans la Revue de
l'art chrétien, année 1.876.
2° Légendaire de Tréguier (XV· siècle), Paris, Biblio-
thèque nationale, manuscrits latins, n° 1148,
3° Missel de Tl'éguier, manuscrit latin de la fin du .
XV· siècle.
4° Bréviaire de Tréguier, manuscl'it latin de la fin dl!
XV· siècle.
Ces deux manuscrits, qui se consel'vent au Petit Sémi
naire de Tréguiel', renferment un ce l'tain nombre de messes
et d'offices prupres, ce qui leur donne un véritable intél'ét
au point de vue hagiographique.
On le voit a1lssi, Tréguier ne nous offre que des manus
crits, et j'en suis à ignOl'el' si ses livres d'office ont été
livrés à l'impression avant le XVII" siécle.
§ 7. Diocèse de ·Saint-Brieuc.
La ville de Saint-Brieuc, moins riche en manuscrits
liturgiques que Tréguier, qui lui est aujourd'hui subordonné
dans l'ordre religieux comme dans l'ordre civil, nous a
transmis en retour deux monuments imprimés, d'une haute
valeur.
1° Office de Saint-Brieuc.
Manuscrit latin de la fin du XV" siècle, conservé à la
Bibliothèque nationale, sous le n° 1149; l'écriture en est
difficile à déchiffrer. On y trouve une partie assez notable
de la Vie latine de saint Brieuc, que J'ai publiée récemment.
2° Missel de saint Brieuc, Rouen, Augier, 1543, conservé
à Paris, Bibliothèque Mazarine, n° 11879.
3° BréviaÏl'e de saint Brieuc (Breoiarium de Trinitate ad
usum Eeelesice Brioeensis), Rennes, G. Chevau, 1548,
vol. in-8°. .
Un exemplaire (partie d'été seulement) se trouve à Paris,
Bibliothèque nationale. Un second, celui-ci complet, appar
tenait au savant archéologue récemment décédé et si vive
ment regretté, M. Gaultier du Mottay, et a été donné par
lui à l'évêché de Saint-Brieuc.
§ 8. Diocèse de Saint-Malo.
La ville de Saint-Malo, qui fait aujourd'hui partie de
l'archidiocèse de Rennes, a possédé autrefois un titre épis-
copal, et nous a transmis plusieurs monuments de son
ancienne litul'gie.
1" Pontifical d'Aleth (Pontificale Lan Aletense), manus
crit du Xe siècle.
Ce manuscrit appartenait autrefois à l'abbaye de Jumièges
et se conserve auj uurd'hui à la Bibliothèque de Rouen, sous
la cote A. 27. Je n'ai pas eu, à mon grand regret, l'avan
tage de le consulter, mais j'ai peine à croire que ce soit un
Pontifical. Je pense qu'il y a là quelque chose comme un
Missel ou Bénédictionnal.
2°- Missel de saint Malo, manuscrit latin, XV· siécle.
Ce manuscrit, consel'vé à Nantes sous le n° 1332, est fort
beau, mais, en le parcourant, je n'ai rien trouvé qui put le
attribuer à l'église de Saint-Malo de préférence à
faire
toute autre église.
3° Bréviaire de saint Malo .
Ce Bréviaire doit avoir eu plusieurs éditions. Les Bol
. landistes citent celle de 1517, au P" juillet, à propos de
saint Leonol,ius (saint Lunaire) ; item celle de 1489 à pro
pos de saint Armel (16 août). Un exemplaire de celui-ci se
trouvait, en 1878, dans la bibliothéque du prince Charles
de Bourbon, comte de Villa-Franca. (Voir Polybiblion.,
tomc 27, p. 245). II Y a eu aussi une édition de 1537, dont
un exemplaire se conserve à Saint-Malo (Bibliothéque pu
blique).
4° Cérémonial et. Légendaire de saint Méen.
Saint-Méen faisait autrefois partie du dio
L'abbaye de
cèse de Saint-Malo. C'est pourquoi, bien qu'elle appartienne
aujourd'hui à celui de Rennes, j'ai réservé à cette place la
mention de ce document latin (fin du xv· siècle), dont on
devillll facilement l'importance. Il se conserve à la Biblio
thèque nationale, sous la cote Latini, n° 9889.
§ 9. Diocèse de Dol.
La ville de Dol est aujourd'hui bien déchue de son an
cienne grandeur, mais elle a joui pendant de longs siécles
d'un titre archiépiscopal, et le ti tre épiscopal 1 ui étai t
demeuré jusqu'en 1789. Personne ne sera donc sUI'pris de
savoir qu'au XVIe siècle et antérieurement elle conservait
ancore quelque chose de sa splendeur.
compta parmi ses évêques, au XV· siécle, Alain de
Dol
et le célébre Thomas James.
Coëtivy, qui devint cardinal,
Ils furent l'un et l'autre amis des lettres et des al'ts. Il nous
. reste un missel que le demier commanda pour lui à l'un
des plus célébres miniaturistes du XV· siècle, Attavante.
1" Le Missel (manuscrit) dudit Thomas James, est con
servé à la cathédrale de Lyon (1) .
2° Missel de Dol, Paris, 1522, Jean du Pré, conservé chez
les Eudistes de Rennes.
3° Bréviaire de Dol, Paris, 1516, Didier Maheu .
Il fut publié par ordre de l'Évêque Mathurin de Plédran.
Un exemplaire iricomplet se tl'ouve à Paris (Bibliothèque
de Sainte-Geneviève).
(i) Voir nué brochure spéciale de M. Léopold Delisle sur ce missel.
BULLETIN ARCHÉOL. DU . FINISTÈRE. T. XlV (Mémoires). 10
4° Missel dit de saint Jacut.
A Dol se rattache l'abbaye de Saint-Jacut, dont le terri
toire fRit aujourd'hui pal'li e intégrante du diocèse de Saint
Brieuc. C'est pourquoi je signale ici un missel conservé à la
Bibliothèq ue de Rennes (manuscrit nO 8) et inscrit au Catalo
g ue sous le ',Ître : Mis seL de saint Ja cut. Je ne voudrais pas
assurel' que cette attribution soit a uthentiquern entju E'tifi ée.
Heures.
Mon but n'est pas d'inscrire ici tous les livres d'heures tl'e
tonsq ui sont passés entremesmains, mais uniquement ceux
qui, n'ayant tl'ait en particuliel' à aucun de nos anciens
diocèses, n'en offrent pas moins le plus grand intérèt au
p oint de vue de l'histoire et de l 'hagiographie bretonne.
Ce sont dans l'ordre des temps:
1 n Livre d'h eures de Marg uel'ite de Clisson (vers 1420),
manuscrit latin de la Bibliothèque n a tionale , n° 10428,
petit in-8°, sut' parchemin, avec ornements et vignettes .
. Au foli o 29 v , se trouve le portrait de la pl'incesse avec
son écu, au premier d'hermines, qui est Bretagne , au
deuxièm e de g ueules, qui est Clisson, son mari.
Folio 293 v , li propos de saint Georges, portrait du
Bienheureux Charles de Blois, père de la princesse.
2° Livre d'heures de Pierre II, duc de Bretagne (1460),
méme dèp6t, L at ins, nO 1159.
3° Livre d'hemes de Marguerite de Bretagne, dam e de
Goulaine, manuscrit du xv· siècle, conservè chez le mar-
quis de Goulaine (Loire-Infèrieure) . Je n'ai eu l'avantage de
consulter ni ce dernier ni le prècédent; mais je puis parl er
à bon escient du suivant. .
4° Livre d'heures en breton.
Conservè à Saint-Pol-de-Léon par un archéologue et un
rudit des plus connus, M. P ol de Courcy; il a été mis
nn h, t) mp" mai ns par so n possesseur. J'ai .pu feuilleter à
loisir ce livre rarissime où fout est curieux: les saints bre-
tons du pays de Léon et de la Cornouaille y sont nombreux;
la plupart des prières usuelles y sont mème reproduites en
langue bretonne; mais j'ai vainement cherchè un nom
d'imprimeur; item le lieu et la date de l'inlpl'ession. (1)
Tels sont les quelques renseignements que je suis heu
reux de consignel' dans ce mémoire, sur les livres titurgi
ques de Bretagne antérieurs à saint Pie V. J'ai dû me
borner presque uniquement a offrir des notes bibliographi
car si j'eusse voulu traiter un pareil sujet. an point de
ques,
vue liturgique, historique ou hagiographique, ce n'est pas un
simple article, c'est tout un volume qu'il m'cul fallu écrire.
Encore dois-je avouer que même au point de vue simple
ment bibliographique, ce que j'ai recu eilli est bien incom
plet et les lacunes abondent. Mais, j'ose espérer que les
curieux eeles érudits me tiendront compte de ma bllnne
volonté et estimeront en raison de l'insouciance et de la né
gligence qui ont laissé dans le passé tant de tJ'ésors dispa
raître et se pel'dre, que la gerbe d'épis, qui ont été glanés par
moi de côté et d'autre, avec une vraie sollicitude, a quelque
prix et mérite qu'on lui donne place dans les bibliothèques.
Quant aux historiens et aux hagiographes, qui auront par la
suite à s'occuper de notre province de Bretagne, qu'ils me
permettent de les conj urer de feuillete r à loisir et la plume à la
main les documents, dont la liste vient de passer sous leurs
yeux. Je suis convaincu qu'ils y (rouveront autant d'intér'êt
et de charme que d'utilité et de profit. C'est là qu'ils ap
prendront à connaître l'ancienne Bretagne, ses usages et
ses coutumes religieuses, l'histoire authentique de ses
saints, et mille détails de prix SUl' lesquels je ne puis en ce
moment appeler leur attention. •
(1.) Uu autre exemplaire de ces heures bretonnes existe dans la biblio
thèque du château de la Grand-Ville, et appartient à M. le comte Emma
nuel de Kergariou. Il a été imprimé il Calcutta, en :1875, sous le titre:
MIDDLE-BRETON HOURS, avec une traduction et un Glossaire inrlex, pal'
M. Whitlev Stokes .