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Bulletin SAF 1887


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Le Rôle de la capitation. de 1750 pour la ville de Quimper

M. Trévédy

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LE ROLE DE LA CAPITATION DE 1750 n
POUR LA VILLE DE QUIMPER

Il existe aux Archives départementales du Finistère un
cahier de papier' commun, sans couverture et sans signa­
ture, dont les feuillets, au nombre de 74, ne sont pas numé-
rotés. A première vue, ce cahier semble une copie faite
hâti vement et sans soin; mais, si on remarque les erreurs
d'addition corrigées presque à chaque page, on reconnaît,
au contraire, un brouillon .
. Qu'est-ce que ce cahier ~
On lit en tête de la première page :

Du mercredi 3 février 1750 Capon Commis­
saires MM. le Maire. . . . . . . . . . .
A lever ~ . . . . . . . . . . . . . . . 13,870 4
Nous retournons cette feuille et nous trouvons une note
ainsi conçue: « Capitation 1750 a conserver comme modèle,
(( les autres pièces de ce gell1'e ayant été détruites. »
Au-dessous est le pamphe de M. Le Grand, autrefois
archiviste. C'est sans doute a celte recommandation qu'est
·due la conservation de ce cUl'ieux et unique document. Il
mérite une étude attentive.

(0) Séance dn 3i mars.

Mais avant d'étudier le r6le de la capitation, il nous faut
savoir, au moins par il. pfm près, ce qu'était la Capitation.
« On nomme ainsi, dit Denisart, un tribut annuel que
chaque habitant doit au Roi (1). »
La capitation fut introduite par déclaration du 18 jan­
vier 1695. Cet imp6t nouveau ne devait durer que pendant
la guerre; et, en effet, il ne fu t pas perçu après la paix de
(Paix de Ryswick) . Mais, en 1703, la guerre de la
succession d'Espagne survient, et la Capitation reparaît. En
1713, la paix d'Utrecht met fin il. la guerre; mais la Capi­
tation survit. Ce n'est 'pas le seul impôt qui, de temporaire'
être, soit deven u per·pètuel.
qu'il devai t
En 1705, on ajouta aux rigueurs de la Capitation de 1695.
Un al'l'èt du Conseil (3 mars) ordonna le paiement sup­
plémentaire de 2 sols par livre; et l'expédient sembla si
heureux qu'un autre atTêt, du 18 décembre 1747, ordonna
le paiement de 2 autres sols, soit 4 sols en tout, un cin­
quième: nous dirions a ujourd'hui 20 centimes additionnels .
Cette augmentation êtablie d'abol'd pOUl' dix ans, fut pro­
rogée pour dix autres années, jusqu'au 1"r janvier 1768 (2) .
Tous les h abitants du royaume sont soumis il. la c'apita-
tian depuis les princes , le chancelier, les maréchaux,
JUs-
qu'au simple -journalieJ'. Les ètl'angers mêmes y sont
astrein ts après six mois de résidence .

(1.) DENISART, T. 1 V Capitation.
, (2) Tel est le renseignement donné par DENISART dont le tome 1 ,
publié en 17 68, était peut-être écrit en 1. 767. La prorogation a-t-elle été
de nouveau prononcée? Je n'en serais pas surpris. C'est la règle! Nous
payons bien, en 1.887, le décime de guerre établi le 6 prairial an VII,
et dédoublé depuis. La Capitation était, comme nous l'avons vu, de
i4,,634, livres en 1.750 j en 1.728, elle était seulement de H,4,OO livres.
Arch. dép. E. f03, fO 58, rO .

Une triple exception de droit est faite en faveul' : 1° des
ecclésiastiques réguliel's ou séculiers; 2° des femmes com­
m unes en biens; 3° des mineurs ayant père et mère et vivant
avec eux. Les pauvres ne paient pas la capitation, non en
vertu d'une faveur écrite dans la loi, mais en vertu de cet
adage: « Où il n'y a r·ien, le Roi perd son dl'oit » (1).
L'imposition est établie SUl' le revenu présumé de cha­
cun ; les fonctionnaires paient, selon un tarif déterminé et
qui val'ie, tant par livres de leurs appointements. Ceux qui
exercent plusieurs em plois paient la plus forte taxe afférente
a l'un de ces emplois, comme aujourd'hui le patenté assu­
jetti a plusieurs patentes, paie la plus forte.
Les commis et domestiques sont soumis à la capitation
et les maîtres peuvent êtl'e contraints pour eux.
D'après ce que nous venons de dire de la généralité de
l'impôt, tous les habitants de Quimper, sauf les ecclésias­
tiques, les femmes mariées etles enfants defamille mineurs,
devront figurer aux rôles . Beaucoup d'ecclésiastiques y
figureront méme, non en leurs noms propres; mais a
cause de leurs domestiques. Mais les gentilshommes, SOll­
n.~s pourtant à la càpitation, ne sont pas portés à notre
l'ole; nOll!:l verrons tout à l'heure pourquoi .
Les personnes inscrites au rôle y figurent avec indication
de reurs professions et de la somme qu'elles ont à payer .
Malgré l'absence des noms de plusieurs ecclésiastiques et
des nobles, on compl'end sans [,eine quel est l'intél'ét de ce
document. Il est pOul' nous, aprés cent trente-sept ans, ce
que sont les Annuaires des villes, mentionnant les fonc­
tionnaires, les marchands et donnan t l'ad l'esse des habi-

tants.
(i) Quelquefois une exemption est accordée par grâce et pour un
temps il titre personnel j ainsi plus d'une fois des incendiés ont é:é
exemptés de la capitation il Quimper pour b'ois ou cinq ans.

Il nous donne la liste de tous ceux qui exercent une pro­
fession a Quimper, profession libérale ou autre, depuis
l'avocat au présidial jusqu'à la porteuse d'eau.
Cet A nnuaire de 1750 nous donne un autre renseigne­
ment: il nous apprend les appointements de plusieurs fonc­
tionnaires publics; et, sans nous révéler la fortune de chaq ue
habitant, il nous permet dè la déduire de l'imposition payée,
et de dresser la liste des plus imposés en 1750.
Mais, avant d'entrer dans l'examen du rôle, il faut voir
par qui et comment il a été dressé. .
Dans les provinces, la confection des rôles est l'œuvre
des intendants, mais non leur œuvre personnelle. Ils com­
. meltent en chaque communauté plusieurs commissaires,
chargent les communautés de les choisir pour eux.
ou ils
Mais dresser les rôles dans les communautés un peu
peuplées et répartir l'impôt est une besogne assez lourde
pOUl' être divisée entre plusieurs. Malgrèla division du tra­
vail, la liste définitive se faisait quelque fois attendre; le
rôle était publié tardivem ent, et l'impôt n'était pas payé
dans les termes prescrits. Les intendant,; protestèrent plus
d'une fois; enfin, le 4 octobre 1729, l'intendant de Breta­
gne, Jean-Baptiste des Galois, chevalier, seigneur de la
Tour, publia un règlement en onze articles, dont voici le
résumé (1) :
1 La communauté est chal'gée de nommer incessam­
ment des commissaires. Dans le courant de novembre,
ceux-ci feron t le dénombrement des habitants par quar­
tiers et par rues, avec indic.ation des prénoms, noms et pro­
fessions. (2) Toute omission sera punie de la privation

(i) Arch. dép. Dél. Comin. E, i03, 86 l'o. ' Ce règlement ne parait
pas a voir été imprimé.
(2) Notre liste donne même les surnoms des imposés. .

de tout privilège et du deoit d'entrel' a la communauté, et
frappée d'une amende de 20 livres au profit de l'hôpital de
ville.
2° Lès listes ainsi dressées ne comprendront pas les
gentilshom mes qui figurent sur une liste à part.
3° II sera dressé à part un état des indigents. Défense est
faite de les imposer sous peine de réimposition (1).
4° Les propr'iétai,'es ou principaux locataires doivent dé­
clarer les personnes qui habiten t chez eux, sous peine d'une
amende de 20Jivres, comme ci-dessus .
5° Les rôles de quartiers seront remis au maire qui en
formera le projet de rôle général pour la ville. A côté de
chaque nom sera rappelé le chiffre de la capitation de l'an­
née précédente.
6° La répartition se fera à l'hôtel-de-ville par le sub­
délégué (de l'in~endance), le Maire et deux notables nom-
més par la communauté. Ils travailleront de concert et
s'attacheront à assurer l'égalité de la répartition.
7° Le projet de répartition, signé de tous les commissai- .
l'es, ser~ envoyé à l'Intendant, le 25 décembre au plus tard,
une délibération de la communauté nommant le
avec
receveur c.hargé du recouvrement~ des sommes ducs par"
chaq ue habitant.
8° Le ReceveUl' sera choisi à tour de rôle parmi les avo­
marchands. La com-­cats, procureurs, notaires, huissiers,
munauté demeure responsable du maniement des fonds. Au
cas où la communauté ne le nommerait pas, le receveur
serait nommé d'office. Toutes poursuites se font sur papier
non timbré et sans contrôle (enregistrement).
9° Chaque habitant taxé doit sa capitation avant de quit-

(il C'est-a-dire que les indigents ne paieront pas la taxe; mais que
~t(~ taxe sera reportée au rôle pom être payée par 'les persoimes non
mdlgentes.

ter la ville; il doit, en cas de départ, faire une déclaration
hangement de dom icil e, sous peine d'être imposê dans
de c
la ville qu'il va habiter, en même temps que dans celle
qu'il qui tte.
10° Il doit présentel' au Maire de sa nouvelle résidence
quittance obtenue dans l'ancienne; il sera taxé a la
même somme·« 9. moins' que par ses biens et facultés il ne
doive supporter une plus forte taxe, eu égard a la propol'­
tiondes biens de la nouvell e résidence. »
lP Le règlement sera inscl'it au regis tI'e de la commu­
nauté. Et, en cas d'empêchement de quelques membres
de la communauté, le subdélégué ou le Maire informera
l'intendant, c( pour être pou l'VU aux amendes qu'ils auraient
encourues. »

Ces prescriptions restérent la régie :
malS Je n oseralS
dil'e qu'elles furent exactement suivies.
Ainsi l'intendant
n'obtint pas toujours la confection du rôle et encore moins
le paiement de l'imposition dans les délais (1).
A'u nombre des difficultés que présentait l'établissement
du rôle, il en est une qu'il faut montrer, parce qu'elle est
un i>igne du temps. Des bourgeois ob tenaient de la com­
plaisance ou de l'amitié leur inscl'iption au rôle de la no­
blesse et ils oppos:lient cefte inscription aux rédacteurs du
rôle de la capitation rotmière (2) . Ceux-ci, incompétents
pOUl' juger de la validité de cette inscription, ne pouvaie'nt
inscrire une seconde fois au rôle du Tiers-Etat.
Dans cette inscription au rôle des nobles, ces bourgeois
(i ) Le projet ~e rôle que nous ét.udions est. du 3 février, quand ~ il
aurait dû être fim en novembre precedent. Blentôt nous venons les
impositions de l'année non encore payées au commencement de l'année
suivante.
(2) Je prends le mot roturier dans le seul sens juridique : non noble .

ne recherchaient pas une imposition moindre. Leurs yi sées
étaient plus hautes. Le pa{tage noble, l'exemption des foua- ·
ges, du ban et de l'arrière-ban avaient été autrefofs un
acheminement à la noblesse (1). Au demiel' siècle; on espé­
rait que son nom présent à la capitation noble, absent à la
Tiers-État produirait un effet analogue.
capitation du
Cette espél'ance pouvait sembler douteuse; mais ce qui
n'était pas douteux, c'était l'inconvénient résultant pour le
Tiers-Etat de cette emigl'ation des noms roturiers au r61e
de la capitation noble.
Cet inconvénient le voici: le chiffre de la capitation du
Tiers est fixé; il faut le répartir. Plus il y a de contri­
buables moins l'imposition de chacun sera lourde; mais ce
n'est pas tout: les membres du Tiers demandant leur ins­
cription au rôle de la noblesse sont en général riches et des
Qeimper, il y en avait 40 environ en 1771.
plus imposés. A
une imposition moyenne de 50 livres (c'est un
Supposons
minimum) c'est en tout une somme de 2,000 livres que ces
cinquante roturiers paieront à la décharge des nobles,
tandis que, inscrits à leur place au r6le du Tiers, ils auraient
payé cette somme à la décharge des autres roturiers.
Les États de Bretagne protestérent plus d'une fois contre
cet abus: enfin leurs doléances furent écoutées; et le roi,
par lettres patentes du 10 février 1770, registrées au Par­
lement, le 5 aVl·il suivant, déclara « que pOUl' jouir de la
noblesse respectivement aux impositions, il faudrait avoir
été reconnu noble à la réformation de 1668, ou avoir obtenu
un arrêt rendu en parlement contradictoirement avec le
procureur général syndic des Etats. » Rien ne puppléera
à ces conditions nécessaires, pas même un arrêt du Conseil.
La Commission intermédiaire des États s'empl'f)ssa d'in-
(i) D'ARGENTRF. dans Duparc-Poullain, t. ID, p. 51.0, 5H et Duparc­
Poullain, p. 530, note 4<.

viter l.es communautés de vi]le a signaler les membres du
Tiers inscrits a la capitation noble. On juge bien que les
communautés se hâtèrent d'obéir. C'est ainsi que le
31 octobre 1771, la communauté de Quimper signala 39 per­
sonnes qu'elle. réclama pour le rôle roturier de 1772, le
de 1771, étant définitivement arrêté; et en même
rôle
temps elle demanda que l'imposition payée pal' ces 39 per­
sonnes pour 1771, fùt comptée à la décharge de l'imposition
due par le Tiers (1).
La perception des impositions ne se faisait pas non plus
sans peine. Le receveur de la capitation n'était pas, semble­
t-il. renou vele réguliél'ement, chaq ue année. Cependant cette
mission était pleine d'ennuis, et même n'était pas sans dan-
ger. Le bourgeois ou le marchand érigé en receveur ne se
sentait pl'lS suffisamment protegé par son mandat contre la
mauvaise humeur des contribuables; et je n'oserais dit'e que
le Sr Chiron sr de la J ossaye, receveur pour l'année 1704, ait
seul subi les ennuis dont il se plaint à l'assemblée de ville,
jan vier 1705 (2).
« Plusieurs qui pourraient payer se refusent, dit-il, au .
paiement amiable, bien plus! ils menacent de me maltraiter
si j'ai recours aux voies de contraintes. » Il conclut en de­
mandant à la commnnauté « d'ordonnel' à son huissier de
notifier les contraintes et d'assister le receveur à l'attou-
chement de ce qui reste à recevoir. Faute-de quoi il proteste
qu'il portera les taxes non .payées au nombre des non
valeurs .... »
La communauté ainsi semoncée mande, séance tenante,
(i) Dél. du 3i octobre i77i. " Arch. dép. E, vol. lO6, fo i72 et
suiv. Chose singuhère: des 39 noms compris SUI' la liste, un seul
existe aujourd'hui à Quimpar, après cent seize ans ...
(2) Cette date importe:' elle nous montre qu'au 31 décembre, toutes
les taxes de i70g, n'étaient pas payées.

l'h uissier Sainte- Marie, et 1 ui ordonne de faire les con-

tl'aintes et de se tenir à la disposition du receveur (1).

La ville de Quimper et ses faubourgs étaient, dèpuis
longtemps, partagés en huit quartiers, huit compagnies de
milices bourgeoises, six dans le fief de l'Evêque et deux
seulement dans la Terre au Duc. Chaque année, la com­
munauté chargeait de l'établissement du rôle de chaque
quartier les officiers de sa compagnie, capitaine, lieutenant,
enseigne. Ces officiers dressaient la liste des bourgeois sur .
laquelle, au moins en 1750, ils portaient les fonctionnaires
nobles ou non: et, d'autre part, la liste des indigents sous­
traits a la capitation par la nécessité même.
Ces listes partielles étaient remises au maire qui dres­
sait la liste générale de la ville. C'est ce projet dressé pour
la capitation de 1750, par le maire Billy, que nous avons
sous les yeux, et que nous allons examiner avec quelque
détail .

Le Maire commence par écrire le Chapitre de Mes8ieurs
du Présidial.
Cette première liste dressée, le maire établit la liste gé­
nérale par compagnies de milice, en commençant par la
première, la compagnie. colonelle, que lui-même commande
en qualité de maire.
Après cette longue liste, le maire établit la liste des em­
ployés qui sont taxés surtout à l'aison de leurs appointe­
ments; il les divise en quatre groupes:

(i) Dél. du 5 janvier 1705. Arch. Dép. E. vol. lOi fa 50 ra.
Sainte-Marie tenait sa charge depuis le 9 août 1703. Il avait offert
à la communauté une somme annuelle de 50 livres . (Dél. de ce jour:
fa 16 va) et il avait ainsi obtenu la préférence sur plusieurs compé­
titeurs .

Les employés aux -droits de la province, devoirs de bil-
lots, etc. ;
Les employés au contrôle des actes, insinuations, ctc. ;
aux états du Roi, Maréchaussée;
Les employés
Les employés dans la ferme du tabac.
Nous donnerons plus loin la liste des officiers du prési­
dial, et nous reviendrons ensuite à hi troisième partie du
rôle; pour le moment az'!'êtons-nous à la seconde liste, celle
habitants des huit quartiers de Quimper.
des
Il ne peut être question pour nous de suivre le maire dans
ses pérégl'inations a travers la ville a la suite des officiers
de la milice. La plupart des adresses données nous impor-
tent assez peu. Mais il est intéressant de relever les pro-
fessions diverses exercées à Quimper, en 1750, de faire
connaître le nombre de ceux qui les exerçaien t, et de com-
parez', quand nous le pourrons, les chiffres de 1750 avec
ceux que fournissent de nos jours les rôles des contl'ibutions
directes et indirectes.
Voici donc les professions de 175Q rangées pal' ordre
alphabétique avec quelques chiffres empruntés au rôle de
1879. Il n'est pas inutile d'observer que le rôle des patentes
de 1850 a, pour la dernière fois, compris tous les maîtres­
ouvriers. A partir du rôle suivant, le maître-ouvrier tra­
vaillant sans compagnon ni apprenti étranger à sa famille,
patentable; dès 101'S ra liste des patentés ne
a cessé d'être
donne plus exactement le nombre des menuisiel's, tailleurs,
etc., exerçan t réellemen t leurs professions.
Je prendrai les chiffres donnés par les rôles de 1879, et
non ceux de la dernière année: c'est en 1879 qu'a été
dressé, pour la dernière fois, l'état récapitulatif des pa­
tentes; et il m'a paru permis de ine servir dc ce document
·pour éviter de rechercher les patentés sur le rôle même,
travail dont la peine eut de beaucoup dèpasséle profit.

La statistique est à la mode; et ... " s'il faut dire tonte' ma
pensée, trop à la mode. Sacrifions pour une fois au goût
du temps, et faisons un peu de statistique. Puissé-je ren~re
la mienne moins ennuyt'lUse que beaucoup. d'autres ! J'aurai
soin de donner les noms des personnes exerçant une pro­
fession libérale, avocats, médecins, etc. A pi'OpOS d'autres -
professions, je.ferai connaître quelques noms sur lesquels
mon attention s'est arrêtée. Enfin, en passant, je donnerai,
sur les professions mêmes, quelques explications que nos
changements de moeurs m'ont pam excuser.
III
Archictectes. 1.

Nicolas POC'HIC, rue Neuve.
Arquebusiers. ~.
Aubergistes, voir Hôteliers.
Avocats.
Les avocats tiennent et très-justement le premier rang dans le Tiers­
État. Plusieurs ont rempli ou remplissent des fonctions administratives j
par exemple, le Maire de la ville, rédacteur du factum que nousétudidns.
D'autres exercent des fonctions judiciaires ; ils sont mugistrats royaux,
comme le lieutenant et le Procureur du Roi de l'Amirauté, ou seigneu­
·riaux, comme les sénéchaux de Quéménet, du Plessix-Ergué, de la
Commanderie de Saint-Jean. Un avocat remplit des fonctions qui seraient
incompatible : il est fermier des octrois.
aujourd'hui absolument
Voici la liste des avocats en 1750 : •
ANSQUER DE LEZULGUEN, ancien syndic, rue du Rossignol.
AUDOUYN DU CO SQUER, ancien syndic, rue Saint-François.
BALLENOIS, rue Kéréon. .
BILLY (maire de la ville), rue Bily (Saint-Nicolas).

(1) Le premier chiffre èst le chiffre de 1700, le second est celui de 1879.

CHARUEL, rue Kéréon.
DÉMIZIT, Place Terre-au-Duc.
GOUEZNOU DE KERAVAL, rue du Quai.
HUCHET- GUERMEUR, rue Kéréon. .
KERNAFFLEN DE KERGOZ, rue du Rossignol, Procureur du Roi à
l'Amirauté ~
LAENNEC, rue Kéréon .
LE BASTARD DE MESMEUR, rue du Rossignol, ancien syndic, sénéchal
de Quéménet.
LEM ERLE DE PENG UILLY, place Terre-au-Duc.
LECOQ-MAISONN EU VE, rue Saint-François, sénéchal du Plessix-Ergué.
PENANPRAT-LEBOULC H, place Saint-Corentin, fermier des octrois.
PE NHO AT, Lucas, rue du Sel.
RANNou, rue du Quai, lieutenant de l'Amirauté.
ROyou-KERLIÉZEC, rue Kéréon.
Banquiers-Escompteurs. 2.
AMETTE, rue Saint-François, en même temps procureur fiscal des
Regaires, négociant, etc.
LECLERC, rue Kéréon, en même temps receveur des fouages extraor­
du diocèse.
dinaires
Barattiers.
Faiseurs de barattes (vaisseaux faits de douves, plus étroits par le haut
que par le bas, qui servent à battre le beurre (TRÉVOUX).
L'article du dictionnaire se termine par CIlS mots : « Les Bas-Breto~s
« disent encore Baraz. " Celle observation n'est-elle pas de notre compa­
triote, le P. Guy Bougeant, qui collabora au dictionnaire de' Trévoux?
Je ne sais pourquoi Quimper comprenait les barattiers dans la répro­
tion qui frappait les cordiers présumés descendants des caqueux . En
i72~, ils se présentèrent au tir du papegaut, ils en furent exclus et deman­
dèrent justice au siége. En même temps, le roi et les archers du pape­
aut présentaient requête au marquis de Molac, gouverneur de la ville.
siége communiqua la demande il. la Communauté de ville, qui ne put
que faire connaître la décision du gouverneur interdisant le tir du pape­
gaut aux barattiers comme aux cordiers. Dél. de la Comm. du
i9 mars i725. Arch. E. Reg. i03, fa :1.0 et suiv.

Bâtiers.
Faiseurs de bâts (selles grossières).
Bedeaux. 3.
2 pour la cathédrale.
Beurre (Marchands de) 1.. 6 .

Billard (Jeu de).
Cet unique jeu de billard est tenu par le sieur Baunet ou Bausset,
cavalier de la maréchaussée. Il est peu fréquenté, si l'on en juge par le
personnel de la maison, une seule servante. Concluons de là que le
billard n'était pas encore à la mode à Quimper, bien qu'il eut plus de
cinquante ans d'existence en France. Nous trouverons plus loin un
seul jeu de boule; et cependant un sieur Moullin (place Terre-au-Duc) est
mentionné comme marqueur aux jeux de boule et de billard.
, Biscuits (Faiseurs de) L
Blanchisseuses 2.
Il s'agit sans doute de blanchisseuses de fin. Nous trouverons plus
loin les Buandiers.
Blâtiers. 2.
Marchand qui va acheter du blé à la campagne pour le transporter et
le revendre au marché. · (TRÉvoux). .
Blé (Marchands de) 2.
Bois (Marchands de) 2.
Bonnetiers.

Bouchers (MaUres).

Tous les bouchers ont quitté la rue des Etaux (Stallorum camium,
XIIIe siècle); tous moins deux (dont un seul à la Terre-au-Duc) sont
établis à Mez-Gloaguen, rue Saint-Antoine. Leurs tueries sont sur la rue
et le sang des animaux suivant la pente du pavé coule jusque sur le
Parc (Dé!. de la Communauté, 6 décembre 176~). La rue Mez-Gloaguen
va recevoir le nom de rue des Boucheries (plan de i76~). Plus.tard, les
bouchers reviendront rue des Étaux et la rue prendra le nom de rue
Boucheries.
Boulangers.

de seigle.

Boules (Jeu de).
Jean MERCIER, compagnon cordonnier.
Boutiquiers. 48.
Sans autre indication. n s'agit sans doute des petits merciers.
Boutonniers. 2 .
Une industrie qui n'existe plus à Quimper.

la ferme.
Brindellier de
ou passementier; du vieux français brindelle .

Brasseurs.
2, rue des Regaires, i, place Médard. Une autre brasserie avait pré­
cédé celle-ci; elle occupait, en i636, la maison marquée D sur le plan
de 1764) qUi barrait le passage entre la porte Médard et la rue des
Febvres et qui sera démolie en 1.768.
Brodeurs d'ornements d'église.

Buandiers.
Voir ci-dessus Blanchisseuses.
Bûcherons. 2.
Cabaretiers.
Chose assez singulière : au commencement du dernier siècle, les caba­
retiers de Quimper débitaient l'huile (Ord. de police de 17:19).
Art. H de l'ordo de 1.7:19: « Défense de mêler ni altérer la na Lure,
,c bonté et qualité du vin ..... sous peine de 30 livres d'amende et confis-
« cation. Et pour éviter aux abus leur enjoignons de laisser entrer dans
« leurs caves les acheteurs pour voir tirer le vin. "
Les cabaretiers débitant le cidre, le vin, la bière, ne débitent pas
l'eau-de-vie et les liqueurs. Nous trouverons plus loin les débitants
d'eau-de-vie : ils sont au nombre de 7. Si, à ce chiffre, on ajoute le
chiffre des hôteliers, plus un cantinier (1.2), on voit qu'en 1700, il Y avait
seulement 48 maisons vendant à boire. Cette industrie est en progrès.
En 1.849. En 1.879.
Cabarets. 76
H7 Débits ..
Cafés. 1.9
Hôtelleries. 16 44
ute sorte.
Hi i66

Cantinier.

Cardeur de Jaine.

Cartiers.
Marchands ou plutôt fabricants de cartes à jouer. A cette époque, les
cartes à jouer n'étaient pas imposées; en fabriquait et en vendait qui
voulait (Loi du 9 vendémiaire an VI).
Chambrières (Tenant les) . :1..
C'est un bureau de placement.
Chandelles (fabricants de)
Chansons (Marchand de) :l.
Chapeliers.
Cette industrie a eu à Quimper de singulières vicissitudes. Quelques
années avant la date de cette capitation, il y avait, me dit-on, nombre
de chapeliers; et tous les chapeaux portés en Cornouaille se faisaient à
Quimper.
Charbonniers . 3.

Sans doute marohands et non faiseurs de charbon.
Charpentiers. 3.

Charpentiers de moulin.

de marine.
Il résulte de là qu'on ne construisait pas de na'iires à Quimper, pas
plus qu'aujourd'hui. (Ce qui n'empêche pas les Dictionnaires géogra­
phiques de signaler à l'envi les chantiers de construction de notre ville).
Les charpentiers et les menuisiers se jalousaient. En 1.684, les me-
nuisiers de Nantes pretendirent empêcher les charpentiers d'avoir outils
de menuisiers. Le siége leur donna gain de cause. Les charpentiers ap­
pellèrent : ils plaidèrent devant le Parlement l'exœllence des bâtisseurs
de maisons charpentiers et menuisiers; témoins Abel, Noé, David,
Salomon. Mais pourtant, disaient-ils, le métier de charpentier l'emporte
sur celui de menuisier: le charpentier fait le nécessaire, le menui­
sier ne travaille que l'ntile et l'agréable. Son métier est vain et (astnewt.
Qui dit cela? Tullius Cicéron et Tertullien! ... Le Parlement, s'inspi­
rant assurément d'autres raisons, réforma quant à ce, la sentence de
BULJ,ETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. - T. XIV (M émoires).

Nantes et remit aux ·mains des charpentiers les outils de memùsiers. -
(Arrêts dù Parlement de Frain. i68lJ., ch. XII, p. 77).
Charretier du quai. i.

Charron.
Chaudronniers.
Chirurgiens (Maîtres).
Voir médecins.

Cidre (Fabricants de).

Cidre (Marchands en gros).

Ciriers.

Cloutiers.
(Une industrIe en baisse).
Clercs de notaire, de procureur. H.
Cochons (Marchands de) i.
Coëlfeuses. 2.
Il s'agit de perruquières: « coëlfeuse, dit le Dict. de Trévoux, celle
« qui gagne sa vie à coëlfer des dames qui vont au bal, des épousées
« et autres qui se veulent parer. »
Commis.
Confiseur et confiturier. 2. 5.
Les deux mots sont synonimes, d'après la plupart des dictionnaires.
Le mot confiseur, qui a un sens plus général, a prévalu. Confiturier est
hors d'usage. Nous trouverons plus tard les pâtissiers.· Aujour-
d'hui on lit souvent sur nombre d'enseignes ces deux mots accolés: pa-
tissier confiseur. Autrefois le pâtissier se distinguait du confiseur :
il n'aurait pu, sans usurper les droits du confiseur, faire un bonbon; de
même le confiseur n'aurait pu faire un pâté. Je lisais dernièrement:
« L'oyer (le rôtisseur d'oies) ne pouvait faire un pâté de veau ou de
u jambon; cette préparation culinaire rentrait dans les attributions du
u pâtissier, qui pouvait bien faire un pâté de poisson, mais ne pouvait
« vendre uu poisson frit sous peine d'usurper les droits du rôtisseur. »
- Corporations ouvrières, par M. L. du Sel des Monts, ancien lDagis­
trat (nov. i886).
Cordiers
Et parmi eux, à Penarstang, des descendants des Caqueux, qui com­
parurent, en i667, devant le sénéchal et furent par lui maintenus dans

la pùssession du droit que leur avait accordé l'Evêque, de faire baptiser
leurs enfants ailleurs qu'à la chapelle de la Madeleine, et de reposer avec
l s autres au cimetière de Sainte-Thérèse. (V. ci-dessus Barattiers.)

Cordonniers (MaUres).
Garçons
33. Marchands a.
Les cordonniers cantonnés autrefois dans la rue Kéréon (via $utorum),
émigrent dans les autres rues. Sur 56, maitres, la rue Kéréon n'en
compte plus que 1.3; les autres sont répandus, surtout dans la Ville­
Close: il y en a 1.3, Terre-au-Duc.
On peut s'étonner du grand nombre des cordonniers, si on songe
combien était répandu l'usage des sabots. On doit, je pense, corn pter
parmi ces cordonniers les savetiers, car nous ne b'ouverons qu'un seul
homme prenant ce titre modeste: il est clair qu'un seul savetier ne suf­
fisait pas pour toute la ville .
1.768 (8 octobrr), 61. maitres cordonniers présentaient requête au
siége de Quimper pour prêter s~rment.
Courtiers de blé. 3.
Qu'entendre par ce mot? Est-ce le particulier qui s'entremet pour
faire faire des achats de blé? N'est-ce pas plutôt « un officier de ville
analogue aux « courtiers de lard et de graisse, chargé de faire décharger
le blé au marché et de le visiter, et responsable envers l'acheteur de la
boqlé de la marchandise et envers le vendeur du paiement du prix? "
(TRÉVOUX).
Couteliers .

Couturière.
Est-ce la couturière à la mode?
Couvreurs. 21.
Crépières. 1.3
Faiseuses de crêpes. Qu'est-ce qu'une crêpe? Lisez M. Littré : « Crêpe,
petite galette de'froment qu'on fait cuire sur la poële. " Le mol petite est
de trop, s'il s'agit de crêpes considérées comme nourriture. Le mot (1'0-
ment employé seul est inexact. A Quimper, le mot crêpe a un autre
sens. Ce n'est pas Fréron qui eût ainsi défini les crêpes de Quimper;
Comme il en était friand! ... Il vient de se remarier: il est il Quimper;
et Mme Royou, sa belle-mère,lui a envoyé de Pont-l'Abbé de ces crêpes

à dentelles qui se mangent au dessert. Fréron écrit à sa belle-mère
(:1.3 septembre :1.766) : «Vous lui avez envoyé (à sa femme} des crêpes
qui ne sont pas bonnes : nous vous serions bien obligés si vous vouliez
bien nous en envoyer 2q, douzaines et recommander à la crêpière
qU'fllles soient meilleures ... " Sur quoi, M. Monselet de s'écrier: « TI
n'y a qu'une chose qui me passe : c'est la demande de 2q, douzaines de
crêpes. Que peut-on faire, je vous prie, de 288 crêpes ? " (P. 95. Fréron
ou l'illustre critique). Eh bien! mais les manger! et Fréron et ses
amis n'en auraient pas été embarrassés. TI
est clair que M. Monselet ne
connait pas les crêpes à dentelle.
Crihlière. :1.
Danser (Maitre à). :1.
CHEVALillR, rue Kéréon.
Je le nomme, car «la danse 'est une science à faquelle on ne peut
faire assez d'honneur. » Le Bourgeois Gentilhomme, acte II, scène IV).
Quimper n'a plus de maUre à danser. •
Docteurs en médecine (Voir médecins).
Domestiques.
i 93 maisons ont une servante seule: 68 ont plusieurs domestiques.
Parmi elles, le palais épiscopal, l'abbaye de Kerlot, etc. Quel est le nom­
bre total des domestiques de chacune de ces maisons? C'est ce que la
laxe ne nous révèle pas. Les servantes seules sont tarifées :1. livre; les
valets seuls, 2 livres. Mais comment appliquer ce tarif dans la somDe
totale fixée pOUl' les domestiques de l'Evêque, 60 livres? Il est probable
que le chiffre afférent à chaque serviteur croît proportionnellement au
nombre de serviteurs réunis dans une même maison.
Il semble que beaucoup de domestiques soient omis, apparemment à
litre d'indigents. Ainsi nombre de maisons ne sont pas mentionnées
comme ayant une servan le qui devaient en avoir, par exemple celles
de procureurs au présidial, de marchands, etc.
Draps et Soies (Marchands de).
Nous dirions aujourd'hui marchands de nouveautés.
Ces marchands sont des principaux de Quimper. Plusieurs ont fait
fortune, avant :1. 750, et avec 'la considération sont arrivés aux charges

municipales. En :1. 750, le sr STÉV~NOT, place Saint-Corentin, figure parmi
les plus imposés.
Droguiste.
Eaux-de-vie et Liqueurs. 7.
Voir ci-dessus Cabaretiers. .
Ecoles (Maltres d').
Au nombre desquels Charles VALENTIN, rue du Froul, 2 livres. Il
paie un impôt égal il celui d'un valet. C'est le père du peintre Valenlin'.
Il était en même temps chasse-coquin ou chasse-gueux il la cathédrale.
(Bedeau qui a soin de chasser les gueux mendiants des églises et les
chiens. A bactor petulantium 1nendicorll1n). (TRÉVOUX.)
Ecoliers (Tenant). :1.3.
Par ce mot il faut entendre les maisons qui logent les enfants et jeunes
gens venus du dehors pour suivre les écoles ou même le collége des Jésui­
tes il ce moment très-florissant et qui ne recevait pas de pensionnaires.
Ces écoliers, fort nombreux (700 environ au collége), étaient quelque peu
turbulents. Plus d'une fois les règlements de police leur avaient défendu
de ribler les pavés la nuit, de portel' des armes (1675-:1.682). En 1682,
defense fut faite de recevoir écoliers sans faire inscrire leurs noms au
greffe, de permettre qu'ils eussent des armes et de les laisser sortir après
9 heures en hiver et :1. 0 heures en été, sous peine d'un écu d'amende. En
:1.7-1.9, un nouveau règlement fixe il 8 heures en hiver l'heure de la
fermeture des maisons tenant écoliers, et porte il 50 livres la peine de la
contravention.
Emouleur. 2.
Nous disons aujourd'hui rémouleur.
Encaveur. :1..

Entrepreneur.

Eperonruer.
Fabricant ou marchand d'éperons. Aujourd'hui les éperons se ven­
dent chez l'armurier, le sellier et le quincaillier.

Epiciers.
Estame (Faisant l').
En d'autres termes tricoteuses: un vieux mot "enant du latin stamen

(fil qui sert de chaine au tisserand, fil qu'on tire d'une quenouille en
filant, trame).
Etaminier.
L'étamine, comme la toile, se fabriquait au métier et en chambre.
Expert. :1.. 2 . • .
Guillaume Royou, rue du Frout, père de Royou-Pennanteun, procureur
fiscal de Pont-l'Abbé et de Royou-Kerliézec, avocat. Royou-Penanreun,
fnt père de l'abbé Thomas Royou, de Corentin Royou, l'historien, de
Royou dit Guermeur, le conventionnel, ct de Anne, seconde femme de
Fréron. - .
Factrices. 7 .
Farine en gros (Marchands de).

Fayence (Manufacturiers de). 3.
En 1690, Jean-Baptiste Bousquet, de Marseille, fonda la manufacture
de Locmaria. Il eut pOUl' successeur son fils Pierre (1708), qui 31,lgmenta .
et perfectionna sa fabrication. En mourant (1749), il maria sa petite-fille,
devenue son héritière, à Pierre-Clément Ca ussy, qui resta trente-trois ans
à la tête de cet établissement. En 1771, il maria sa fille à Ap.toine de
la Hubaudière.
Ferblantiers.

Fermiers des octrois. 1.
Filandières. 3.
Fondeur de cloches. :1..
Etienne Le MOYNE, Rue Ste-Catherine.
Fourbisseur. :1..
Artisan qui vend et qui fourbit des épées.' TRÉVOUX. .
Ne .pas le confondre avec l'arquebusier " qui vend des arquebuses,
des fusils et autres armes à feu. » TRÉVOUX. ni avec l'armurier " qui
travaille et vend d~s armes soit défensives soit à feu. » TRÉVOUX .

Fourniers.
Ce sont les fourniers des fours banaux . Deux au Roi (Terre-au-Duc),
au bout de la rue du Chapeau-Rouge, l'autre qui (sub5iste encore)
l'un
venelle du Pain Cuit. Quatre à l'Evêque, trois dans la ville close et
l'autre faubourg de la rue Neuve. V. plus loin ilfeuniers .

Fripiers (Brocanteurs). :1.8.
Fruitiers. :1. 7.
Généraux et d'armes. 4..
Il faut avoir bien soin de ne pas omettre le et. Le général et d'armes
n'est pas n'est pas un général d'armée : c'est tout simplement un huissier
audiencier.
Geôlier. i.
Celui de la prison du Roi (rue Verdelet, depuis 1.668) .
Greffiers.
KERANDRAON DE LA ROQUE, greffier du Présidial.
CLÉMENCIN, ..... de l'amirauté.
Du LEURÉ DE LA ROQUE, ..... des Regaires et de l'officialité.
BRUNEAU, .. ... de Quéménet et de Coatfao.
Les greffiers des àutres justices seigneuriales exercées il Quimper ne
sont pas nommés .
Horlogers.

En 1.654., il n'y avait pas un seul horloger il Quimper (Procès-verbal
d'estimation du collège, 1.0 septembre). En :1. 766, il Y en avait, mais
apparemment assez peu habiles, puisqu'il fallut appeler l'horloger de
Pleyben au secours de la vieille horloge du Guéodet. (Délibération du
28 juillet i 766). .
Hôteliers. ' 1.1. 4.4.
Bonne Rencontre, place Toul-ai-LeI'.
Croix Blanche, place Saint-Corentin.
Image de Notre-Dame, place Saint-Corentin.
Monarque, rue des Jé~uites (du Collége).
Grand
Ecu, haut de la rue Obscure.
La Tourbie, près de la porte Tourbie:
Lion d'or, rue Neuve (rue de l'Evêché).
Le Croissant, Terre-au-Duc (place).
Chapeau-Rouge, rue des Orfèvres (du Chapeau Rouge) .
De la Marine, rue du Quai.
La Grand'Maison, place Saint-Mathieu ..
La Tête Noire, Terre-au-Duc (en i 756).

Le Lion d'or était (en i591J,) place Médard. En i 750, rue Neuve;
(de l'Évêché) i781, il est venu place Saint-Corentin où il est resté .
La Grand'Maison était, avant i 781, à la place du Lion d'or actuel.
En 1683, il Y avait une hôtellerie dite de la Croix de Malte.
Huissiers et sergents. :l.1J,. IJ,.
Hydrographie (Maître d'). :1..
Du CHESNAY, rue du Salé.

Imprimeur. L
PERRIER, rne des Etaux.
Jardiniers.
Journaliers. :1.81.

Lardiers (charcutiers). :1. 6.
Ils étaient originairement cantonnés dans la rue nommée rue de la
Chail' salée, aujourd'hui rue du Salé. Chose assez curieuse! En :1.750,
il n'y a plus un charcutier dans cette rue : tous ont émigré; mais pas
bien loin: 8 sur 16 tiennent boutique dans la rue voisine, rue du Guéodet.
Lingères. 3:1..
Lingère, c'est « l'ouvrière qui fait, taille, ourle, dresse le linge pour
l'un et l'autre sexe» (TRÉVOUX).
M'ais qu'une lingère habile qui taille • même coquettement ses
robes, ne s'ingère pas d'en faire pO Ul' d'autres ! qu'elle redoute le sort de
Marie-Françoise Grosille ! Celle-ci se dit lingère: ou l'a surprise, en
:1. 777, taillant une robe pour une dame Guilleu : vite les tailleurs ont saisi
la robe et assigné la lingère en paiement d e l'amende, parce que, si elle a
payé le droit que doivent les lingères, elle n'a pas acquitté le droit plus
élevé dû par les tailleurs. Le siége condamne la lingère ; elle appelle ;
et, le 18 juin 1779, le Parlement confirme la sentence avec dépens.
es (Loueurs de). L
Litièr
La litière est une sorte de voiture, mais sans roues et portée sur deux
brancards flexibles par deux bêtes de somme ou même à bras d'hommes.
Nous ne trouverons pas un seul loueul' de voitures, mais :1.2 loueurs de
chevaux; quelques-uns se servaient de leurs carrosses; les autres allaient
à cheval. Rien ne montre mieux le progrès accompli depuis un siècle .

Loueurs de chevaux.
Outre ces sept loueurs de chevaux n'ayant que cette industrie, nous
trouvons a maréchaux-ferrants, loueurs de chevaux: en tout i2 .

Maçons. H.
Maîtres de barques. 3 . 3.
Marchands.
Ce mot est vague comme le mot boutiquiers, que nous avons trouvé
plus haut.
Maréchaux.

et Loueurs de chevaux.
Matelassiers.
Matrones (Sages-femmes).

Médecins.

BERNETZ, docteur médecin, rue du Frout.
PHILIPPE DE KERMEN, docteur-médecin, place Saint-Corentin.
LOZACH, son gendre, place Saint-Corentin .
GOULANNOU, rue Keréon.
FA GAN, rue Keréon.
JANAN, Terre-au-Duc.
LALOUELLE, rue Keréon.
M. Bernetz, était en même"temps docteur en médecine de l'Université
de Montpellier, chanoine diacre de la Métropole de Cambray, et méde­
cin du roi au port de Brest. Il mourut à 49 ans, en i7a7 (i6 septembre.
La Chandeleur.)
M. de Kermen avait pendant llll demi-siècle donné des soins gratuits
aux; pauvres. La ville s'honora en lui accordant plusieurs fois une
gratification, notamment en i 771, quand il avait 86 ans.
Menuisiers (Maîtres). i7 . i2.

Merciers. 6.
Métayers . 20.
Ce chiffre nous indique que les paroisses de Quimper s'étendaient à la
campagne, sur 20 villages, compris aujourd'hui dans les communes de
Ergué-Armel et Penhars .

Meuniers . L

Le même a la ferme du moulin de l'Évêque et du moulin du Roi, cir­
constance fâcheuse aux clients. Le meunier va garder le blé plus de
temps que ne lui accorde la coutume (3 jours, art. 386) ; et si quelques­
uns se plaignent et s'impatientent, il leur dira d'un petit air aisé:
« Allez donc faire moudre ailleurs ! ... » mais il ne laissera emporter le
sac qu'après avoir prélevé le prix de la mouture, un seizième. Et comme
lui seul moud à Quimper, il faut en passer par ses fantaisies. (Délib. de la
Comm. 6 février 1739.)
Autre abus: Le meuuier intervertit, moyennant finance, le tour ,des
gens qui apportent des sacs. Le Sénéchal va y remédier. L'ordon-
llance de police de 17:1.9 porte : « Défense de prendre aucun salaire pour
anticiper le dernier venu, à peine de 3 livres d'amende.» Le Sénéchal
entend que le proverbe:
Au moulin et au four
Chacun va à son tour (TRÉVOUX)
soit à Quimper une vérité.
Musiciens.

Au nombre desquels un joueur de violon, un des nombreux enfants
de Simon Charrue, le serpent de la cathédrale, qui remplit son bruyant
office pendant 70 ans. (Sép. de la Chandeleur, 13 mai H5L) -

Négociants.
Notaires. 15 5
Deux seulement ne sont pas procureurs au présidial : CARIOU, rue du
Frout, LE PODEUR, rue Neuve. On trouvera les noms des notaires pro­
cureurs dans la liste des procureurs.

Orfèvres. 3
En 1q,86, il Y avait six orfèvres à Quimper, quand ils dédièrent une
chapelle à Saint-Eloy, dans l'église de Saint-François. (M. de Frémin­
ville; M. de Blois; Revue de l'Armorique, p. 229).
Au nombre des 3 orfèvres de 1750 est DanieLFréron, père du criti­
que. D'après notre rôle, il demeurait à la place qu'occupe aujourd'hui la
maison nO 1 de la rue Kéréon, à l'angle , de la rue avec la place Saint-
Corentin, côté sud. D'après cette indication, il aurait quitté là maison de
la rue Obscure (par. Saint-Ronan), où son fils était né en 17:1.8 (et non

1.71.9, comme on s'obstine à l'écrire). Cependant c'est à la paroisse de

Saint-Ronan qu'est faile, le 1. janvier :1.751., la publication du premier
mariage de Fréron; quand sa mère Anne Campion est marraine, le
26 octobre :1.753 (Saint-Ronan), elle est mentionnée comme épouse de
Daniel Fréron, orfèvre, rue Obscure; et quand elle meurt, le 20 juin
:1.754, c'est à Saint-Ronan qu'est faite sa sépulture. Après la mort de sa
lemme, Daniel Fréron se retira à Locmaria, où il mourut, le jour de
Noël 1.756, âgé de 84 ans. (Sép. de Locmaria).
A Quimper les orfèvres ne furent jamais réunis et cantonnés dans
une seule rue. Le nom de rue Orpheuvl'e ou des Orfèvres, . donné aux
derniers siècles à la rue du Chapeau-Rouge, était une corruption de l'ancien
nom de rue des Febvres (faber), ouvriers qui travaillent le fer, serruriers,
etc.
chaudronniers,
Pâte (Vendeurs de) 3
Pâtissiers 1.
. On les distingue des confiseurs et confituriers. « Pdtissier. C'est
celui qui vend des pâtés et autres friandises qui dépendent de ce métier.
Pdtissel'ie. Préparation de pâte avec plusieurs assaisonnements friands
de viande, beurre, sucre, fruits, comme sont les pâtés, tourtes, tartes,
biscuits, brioches, etc. Dulciarius panis. » (TRÉVOUX). V. ci-dessus
Confiseur.
Paveurs ..

Peintre. 1.
(Maîtres de). :1.
Pensions
Perruquiers (Maîtres). :1.9 9
Deux cumulent et sont en même temps cabaretiers. L'industrie des
perruquiers est en décroissance.
Piétons. 3

Messager allant à pied, en gra.!lde diligence (TRÉVOUX) •
Un métier perdu. Les routes, les chemins de fer, les télégraphes ont
tué le piéton. .
Poëlliers. 2
Poissonniers. ' 7
Poterie (Marchands de). :1.
Nous avons trouvé ci-dessus marchand de faïence. TI s'agit ici de
grosse poterie .

Porte-chaises. 12
Un métier perdu. Les voitures de place ont remplacé dans les villes
les chaises à porteurs. Que sont devenues les chaises, parmi -lesquelles
beaucoup étaient très-élégantes?
Porteuses d'eau. :13.
PortIer du chœur de Saint-Corentin.
Postes (Directeur des).
Postillons. a.
Praticien. L
Priseur (arpenteur).
Avoués 8.
Procureurs au Présidial. 28.
BOISHARDY DE POU LMORGANT, rue Viniou et régisseur de la Cour des
Reguaires.
ROUGEANT-KERLENEN, place Saint-Corentin. .
BRUNEA u, rue Saint-Catherine et greffier du Quéménet et de CoaLfao .
CARIOU, rue des Etaux.
CARIOU, rue Viniou.
FÉRANDE (DE) Rutl Saint-François et notaire royal. •
FÉREC, rue Saint-François et notaire.
FUGUAY, place Saint-Corentin et notaire.
GEFFROY, place Saint-Corentin.
GAILLARD, rue Keréon.
GOUAL~FLOCH, rue Saint-François et notaire.
GUEGUEN, rue Saint-François et notaire.
HÉMON, rue Porz-Mahé.
HUCHET-KEROURAIN, (ancien syndic) rue Keréon et notaire.
KEROMEN (DE), rue Sainte-Catherine .
LAMARRE, rue des Etaux.
LE GORGEU, place Saint-Corentin et .notaire.
LE GOUIL DE KERVENGARD, rue de Rossignol et notaire.
LE JADÉ, rue du Rossignol et notaire. .
LE NORMAND, place Saint-Corentin.
MAHIEU, rue Keréon et notaire.
MARTIN, rue Saint-François et notaire.
MARTINIÈRE, rue Keréon. - -
PENNANGUER-HoRELLOU, rue du Sel et notaire.

PICARD, rue Keréon.
PIRIOU, rue âu Rossignol.
ROSCOUET (DU) DE BOISHARDY, rue Keréon.
THOMAS DES TOURELLES, place Saint-Corentin et notaire.
LEMINEUR, Procureur aux Regaires (i), rue Viniou.
Records. 4..
Regrattiers.
Relieur.
Résine (Vendeuses de).
Revendeurs.
Savetier.
Scieurs de long.

Sculpteurs.
Selliers.
Sergents (voir Huissiers).
Serruriers (MaUres). 6.
Ils ont quitté la rue dite autrefois rue aux Febvres et sont répandus
par toute la ville-;-
Sonneurs de cloches. 2.
En i634., comme aujourd'hui, les Assemblées de ville étaient convo­
quées à son de campane; à cette époque, une cloche de Saint-Cqrentin
était employée à cet usage. Le jeudi 2i décembre i634., le sonneur
, Robert Le Foz, sonna il sa cloche « du commandement du marquis de
u Molac, gouverneur de la ville. " Tout à coup survient le Sénéchal du
Présidial, Jean de Querouartz : Il prëtend que c'est à lui de convoquer
rassemblée et il met le sonneur en prison ... La Communauté se rénnit
sous la présidence du gouverneur et bien entendu sans le sénéchal; elle
, va se dissoudre quand arrive nne lettre du prêtre « ayant la charge du clo­
u cher et sonnerie de l'église. " Il supplie 1e gouverneur et les habitants
« de faire mettre le sonneur en liberté pour qu'il puisse sonner le ser­
« vice divin. " Le gouverneur répond que u ce fait regarde la liberté des
« habitants; qu'il va lui même s'enquérir de la prison, et si le sonneur
« n'est retenu pour :autre cause, il le mettra 'hors. " Dél. 2i déc. i 634.,
reg. 93, fO. 7. .

(i) Il ne pouvaiL suffire seul; et il n'est pas douteux que des Procu~
reurs au Présidial étaient en même temps Procureurs aux Regaires.

Taillandiers.
Tailleurs, maîtres.
Garçons et apprentis.
Tailleurs de campagne.
Tailleur pour femme.

Tailleuses .

Tanneurs, maUres. 6.
Tanneur blançonnier. i.
préparent le cuir blanc, comme celui des ceintures.
Ceux qui
Tapissier. :1.. 3.
Teinturier. i. 2.
Tisserands, maîtres. 20. 3.
Toile (Marchands de). 4.
• Tonneliers. 2.

Tourneurs.

Traiteurs.
Tripiers.
Tous au Mez-Gloaguen.
Valets d'écurie.
Vins en gros.
Vitriers.
Voitures de louage.
Voir plus haut litières (loueurs de)
Voiture publique.
Voiturier de Brest.
Quimper avait depuis longtemps des voitures publiques. En :1. 637,
nous trouvons un messager du roi de cette ville il Nantes.: Jean De la'
Ville (St-Esprit. Bapt. du 28 mars :1.637, il la Madeleine). En :1.638, il
Y avait une Messagerie, partant chaque semaine, de Quimper pour
Paris. (Comm. Beg. 94. f 1.37 vOl.
Cent ans après, en :1.735, il Y avait une messagerie de Nantes il Brest
par Quimper. Le messager se nommait Isaac-Joseph Le Page dit La Cave.
II mourut le 14 juillet de cette année (La Chandeleur) (i ).
(i ) Je dois plusieurs des indications qui précèdent il notre confrère
M. Diverrès; il a formé un curieux dossier des corporations de Quimper.

Comme on a pu le voir par cette nomenclature,
plus d'une industrie a disparu ; d'autres dédoublées par
les minutieuses règles des jurandes, par exemple celles
du confiseur et du pâtissier, se sont confondues; d'autres
enfin sont nées de nos jours.
Du reste, quelques industries existant au dernier siècle
ne figurent pas nommément au rôle de la capitation de
Quimper. Ainsi, pas de bains publics, pas de jeu de paume,
pas de sabotier, pas d'apothicaire.
Je lisais dans un livre d'hygiène que le bain, si en hon­
neur chez les anciens, n'était pas encore entré dans nos
mœurs générales. C'était vrai, semble-t-il, à Quimper au
dernier siècle .
Le jeu de paume avait eu à Quimper ses jours de gloire.
En 1539, il occupait avec ses jardins un vaste espace al­
lant de la rue Portz-Mahé a la rue Saint-Marc. En 1621,
quand Sébastien de Rosmadec bâtit le couvent des Ursu­
lines, ces jardins furent compris dans l'enclos des reli­
gieuses. Le jeu de paume se transporta rue de la Vieille­
Cohue. En 1724, cet emplacement fut vendu, et il ne paraît
pas qu'un jeu de paume se soit ouvert ailleurs .
Pas de sabotiers! Qui donc chaussait tous les pieds qui,
en 1750, faisaient sonner des sabots sur les pavés de Quim­
per ~ Les sabotiers seraient-ils compris parmi les cordon­
niers si nombreux SUl' la liste ~ Assurément non. Le maire
Billy n'a pu confondre le botou ler et le botou coat. Mais,
les sabotiers ne travaillaient qu'à la campagne, dans les
bois. Renseignements pris, je puis ajouter que les sabotiers,
au dernier siècle, n'étaient pas bas-bretons; c'étaient des
Gallos venant du haut pays. Les Bas-Bretons les regar-

daient avec quelque dédain. Aujourd'hui encore (telle est
la persistance des habitudes de langage!) que des sabotiers
arrivent dans un bois des environs du Huelgoat et de Cha-
teauneuf, et vous entendrez les paysans dil'e, comme
arrière grands pères: « Les Gallos sont ar­
disaient leurs
rivés . l)
Pas d'apothicaire! Est-ce possible ~ Je soupçonne que
les apothicaires se cachent modestement sous le nom d'é­
piciers ou de droguistes (1).
Les pharmaciens d'aujourd'hui sont parfois de savants
hommes. Au dernier siècle, les apothicaires étaient assez
souvent absolument autres; et c-e nom rappelait encore a
l'esprit et même aux yeux M. Fleurant, dans l'accoutre­
ment dont Molière l'a affublé, et armé de cet instrument
qui causait. de si vives terreurs à M. de Pourceaugnac.
Un personnage plus terrible encore n'apparaît pas à notre
rôle. C'est l'exécuteur des hautes œuvres, le bourreau 1 Il
existait pourtant en 1750; et je puis vous dire son nom
que me fournit son acte de décès: il se nommait Jacq,!es
Le Glaouaer (La Chandeleur, 6 août 1759).
Une ville comme Quimper, siége du présidial, jugeant
prévôtalement, ne pouvait être sans bourreau; peut-être
même, à une certaine époque, en avait-elle eu plusieurs ~
Ce terrible métier, comme beaucoup d'autres, a eu ses vi-
cissitudes.
« Il y a quatre ou cinq siècles, dit Hévin, écrivant à la
« fin du XVIIe siècle, les juges du duc estimaient à hon­
« ne ur et privilége de faire pendre les gens condamnés par
« les juges inférieurs; » c'est-à-dire par les juges des sei-
(1) Le Dict. de TRÉVOUX) autorise cette supposition. Je trouve des
apothicaires aux actes parOIssiaux du XVIIe siècle el du commencement
du XVIIIe. L'arrêltl de police de iH9 réglemente le commerce des
apothicaires ..

goeurs hauts justiciers. Mais « le goût des honneurs » ou,
dit-il en un autre endroit, «la mode » changea; et, les juges
ducaux consid érant cc cette coutume pour une servitude
« plut6t que pOUL' un privilége » refusèrent de faire ces
écutions. Ce l'efus fu t opposé en 1423, à la CO UI' des Re­
gai l'es de Cornoua ilie. C'est même à cette Dccasion q ue le
duc J ean V permit a l'Évêqu e d'~ le\'er des fO Ul'ches pati-

bula ÏL'es SUl' son fief, à la condition que les officiers des
Regai l'es fera ien t eux-mèmes e xécuter les condamna­
tions (1).
C'était perm ettre à j'Évêque d'a voir' un exécuteur à lui;
ma is il n'est pas croyable que l'tvèque et les a utres h a uts
justiciers aient usé de cette faculté. Nill doute qu'ils ne re­
CO Ul'Usseot à l'exécuteur du duc, e l plus tard à celui du roi.
C'es t pourquoi, entre 1633 et 16 :13, à un e époque où les
hautes justices condamna ient encore à mort, sauf appel du
condamné, nous voyons le bOUl'reau, Julien S alaüo, se qua­
lifier du_ti tl'e de maître ès hautes justiees de Quimper (2).
Plus tard, lorsque l'ordonnance de '1670 eut rendu néees-
, saire et de droit l'appel de toute condamn ation ca pita le, (3)
eau du roi fut nécessail'em ent seul, puisq ue toutes
le bourl'
nda mnations à mOI't émanaient désorm ais du P arlement

ou des sièges prév6taux.
Revenons maintenant à la premiére et li la troisième
pa l'tie du r61e. Nous y tl'ouvons la liste des officiers du pré-
(I ) I-lËVIN. Consul. III, p. iD. Les fourches furent élevées SUr la col-
domine Saint-Denis, au-delà de l'Hippodrome. ,
line qui
(2) Baptêmes faits à la Madeleine. (Chapd le des Caqueux). Reg. du
Saint-Esprit.
(3) Sauf les condamnations prononcées prévôtalement.
BU LLETIN ARC HÉOL. DU FINISTÈRE. T. XIV (Mémoires). 8

sidial; et une liste des employés aux diverses adm inistra­
nous donne le titre de ces diverses fonc­
tions financières,
tions et les appointements de plusieul's d'entr' elles.
A ces listes nous pouvons ajouter :
° La lis.te (incomplète des officiers de di vel'ses j uridic­
tions royales ou seigneuriales, dont je trouve des éléments
épat's dans le r6le des habitants;
2° La liste de quelques fonctionnaires de divers ordres;
3° La liste des plus imposés et des habitants payant au
moins cent livres de capitation sur le revenu de lems char­
ges ou de leurs biens.
Un autre point importerait bien davantage: ce serait
d'établir appt'oximativemeni le chiffre de la population de
Quimpel' au milieu du siècle derniel'. Mais, à ce point de
vue, la liste de la capitation nous est d'un faible secours . _
En effet, elle ne comprend ni les -nobles inscrits à un autre
r6le, ni la plupart des religieux séculi eJ's ou réguliers
exempts de la capitation, ni les enfants des imposés> ni les
pauvres que lem indigence soustrait au paiement de l'im­
Nul doute que la !tste des pauvres dressée â part ne
pôt.
fût lQngue, et que, comme aujourd'hui, leurs familles ne
souvent nombl'euses.
fussent
Toutefois, la liste fournit quelques indications que je ne
négligerai pas) quand je rechercherai quelque jour la popu­
lation de Quimpel' aux derniers siécles; aujourd'hui cette
recherche m'entrainerait trop loin; et il faut mettre fin a
cette étude déjà trop longue.

APPENDICE

Présidial (i).
MARIGO DE KEMMEL, président, lieutenant général de l'Ami-
rauté, président des tailles.. . . . .. ......... 130 1.
DE SILGUY, sénéchal.. . . . . . . . . . . . . . . . . iOO
Alloué (2), Lieutenant général au Présidial. . . . . . .. 80
GUESDON DE KERMOIsAN, juge criminel. . . . . . . . . .. 65
BOBET DE LANHURON, lieutenant particulier (héritiers). . . .. 70
Conseillers.

LEFORESTIER DE LESMADEC, doyen .. 50

MORfN, sous-doyen ...

LELIVEC DE TRÉSURIN.

LE GOA.EZRE DE KERVÉLÉGAN. 50

ANDRÉ DU LÉHEC.

subdélégué de l'intendance
FROLLO DE KERLIVIO,

LE DALL DE KÉRÉON ..

HERVIEU, honoraire.

FAGET DE KEREDOU, conseiller, avocat du roi honoraire.

HUCHET-D'ANGEVILLE, avocat du roi.

BLANCHARD DE LA VILLEMOYSAN, procureur du roi.

Le BARON DE BOis-JAFFRAY, conseiller garde-scel (héritiers)

(i) Le président créé. par édit de . janvier 1578, réclama la préséanGe.
du Présidial j et, au commencement du XYlle siècle, elle lui Int provi­
soirement reconDue (arrêt du 8 mars 1.637.) Mais, il la fin du siècle, elle
appartenait au sénéchal, qui, de ce moment, prit le titre de premier
magistrat de Cornouaille. Ces débats trouveront leur place ailleurs.
figure le premiersur le nlle. d
- Cependant le président
(2) Le nom de l'alloué n'est pas indiqué. La charge est sans doute
vacante il ce moment, comme ' celles du lieutenant particulier et du, cori..! '
seiller garde-sce!. , '

Employes aux devoirs de la province, imp6ts et billots el autres octroys
y joints à la résidence de Quimper, à l'imposition desquels les fer­
miers, directeurs et receveurs réponiront.
GUINGARD, directeur, à cause de son emploi, à raisou de
6 d. pour livre de ses appointements (20001.).. . . . .
Le même GUINGARD à raison de ses bi9ns . . . . . .
Le sieur AMETTE, receveur général. . . . . . . .. 20 »
Le même comme procureur fis cal des Regaires et du
essix, banquier, négociant, et la dame son épouse fai-
sant commerce.. . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 »
Le sieur LOSCOA T-SODE!.:, contrôleur général, pour raison
de son emploi, :i raison aussi de ces 6 d. pour livre de
ses appointements (ioOO livres) . . . . . . . . . . .
même pour ses biens personnels . .

Le sieur LEPINAY, receveur particulier de la ville, à
cause de son emploi (800 1.) . . . . . . . .

Le même pour raison de ses biens. . . . .
Le sieur ANDROYN, commis aux écritLrres, à raison de
i2 iO
6 d. pour livre (000 l. ). . . . . . . . . . . . . . .
Le sieul' DUTREY, garde-magasin de la ferme (000 1.) .
. . Le même pour raison de ses biens. . . . . . . . . 13 »
Le sieur DILL .-\Y, contrôleur de la ville, pour raison de
son emploi aux: 6 d. pour livre (000 1.). . . . . . . . 12 10

Le même pour raison de ses biens. . . .
Le s:cur HUC HET-DuMÉNEZ, commis aux ex.ercices ,

pour son emploi aux: 3 d. pour livre (400 1.). . . . . .
Le même pour raison de ses biens et du commerce de
son épouse . . . . . . . . 9

Le sieur GALLET, commis aux exercices, id. (4001.),
aux 3 cl.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le sieur DUMONT, commis a~x exercices. . . . . .
Le sieur DUPARC, receveur de la campagne, pour
cause de son emploi aux 6 d. (7001.) . . • ., . . .
Le sieur DE LA GARDE, ambulant, pour cause de son
emploi aux: 6 d. (720 1.). . . . . . . . • . . . . .
Le même pour raison de ses biens . . . . . . .

Employés (tu· conl1'6le des actes, exploi.ts, insinuations, centième denier,
fran.c fief et domaine.
Le sieur GOUSSELIN , contrôleur et receveur ambulant,
pour raison de son emploi . . . . . . . . . . . . .
Le même pour raison de ses biens.. . . . . . . .
Le sieur BILLOARD, contrôleur des actes et exploits,
insinuations, frar.cs fillIs, domaines et faisant les fonctions
de miseur de la ville. . . . . " . . . . . . . . .

Le même pour raison de ses biens. . . . . . . . .
Employés SUI' les Éta ls du Roi (i) .
OFFICIERS DE LA MARÉCHAUSSÉE A LA RÉSIDENCE DE QUIMPER
Sieur JOUENNE, lieutenant. . " . . . . . • . . . . 9 )l
Le sieur CLERMONT-CHIRON, avocat et assesReur a la
maréchaussée, a raison de ses biens. . . . . • . " il>))
Le sieur DESROUX, cavalier, pour raison de ses biens
et du commerce de son épouse et tenant écoliers. . .. 21. »
Le sieur BALINEC, cavalier. pour raison de ses jeux de "
billard et de ses biens . . . . . . . . . • . . ., 2:1»
Employés dans la ferme du tabac (2).
Domestiques du sieur PEHRIN, receveur du bureau gé-
néral. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La servante du sieur AURA Y, contrôleur au bureau. .
Pierre ALIX, distributeur du tabac au: bureau général,
a raison de son commerce et de ses biens. . . . . . . i8 »
III

Divers officie1's de justice .
AMIRAUTÉ
DE MARIGO, président au Présidial, lieutenant général.
(i-2) ils ne sont pas imposés a raison de leurs appointements.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. T.. XIV (Mémoires). 9

RANNOU, avocat, lieutenant.
KERNAFLEN DE KERGOS, avocat, procureur du ' roi.
CLEMENCIN, greffier. . .
REGAffiES
GUESDON DE CLÉCUNAN, sénéchal.
AMETTE, procureur fiscal.
Du LEURÉ DE LA ROQUE, greffier.
QUÉMENET
LE BASTARD DE MESMEUR, avocat, sénéchal.
LAENNEC, avocat, procureur fiscal (1).
BRUNEAU, greffier.
LE PLESSIS-ERGUÉ
LECOQ-MAISONNEUVE, avocat, sénéchal.
AMETTE, procureur fiscal.
COATFAO ET PHATANRAS
BRUNEAU, greffier.
SAINT-JEAN (commanderie).
BILY, avocat, juge.
Divers fonctionnaires.
PEIGNÉ, directeùr des postes, place Médard.
GOBERT, fermier du poids du Roi, rue Saint-François .
GLIl'Œe, commis aux messageries, rue Kéréon.
LECLERC, receveur des fouages extraordinaires du diocèse, banquier, etc.
DEBON, receveur alternatif triennal des fouages.
COSSOUL, receveur alternatif triennal des fouages, et avant lui, le sieur
BorssuLAN, décédé propriétaire titulaire.
(1) Aïeul du célèbre médecin.

Payant (lIL moins cent livres de capitation .
Mlle CARDÉ, 2501-

DEBON, marchand et receveur des fouages .. 195

DUVAL LA POTERIE, contrôleur général de la ferme du tabac. 180
COSSOUL, marchand, ancien maire, receveur des foua ges ..

BILLOARD, contrôleur des actes.

etc. ili6
A~!ETTE; banquier,

LELIVEC DE KERLIV AIN ..

DE MARIGO, président au Présidial.

LECLERC, changeur. 123

BOBET, lieutenant criminel, pOUl' ses biens .. 120

KERNAFFLEN DE KERGOZ, avocat, etc.

BASTARD DE MESMEUR, avocat, ete.

GUINGARD, directeur des devoirs .. 100

DE SILGUY, sénéchal. .

(i) Fille et unique héritière de la fondatrice, des Sœurs du Saint-Esprit
à Quimper (OMl).