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Bulletin SAF 1886


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Jean et Nicolas Coëtanlem

M. Luzel

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XII
JEAN et NICOLAS COËTANLEM (1)
Jean et Nicolas Coëtanlem étaient restés. p~rfai~ement
inconnus, jusqu'à ces derni~res années, a;ux hIstOrIens et
aux biographes bretons, et, a plus fortera;Ison, aux autres.
Ds ne méritaient pourtant pas un oubli SI complet, car co
furent deux personnages assez marquants de la fi.n .du
XVc et du commencement du XVIe siècle, par leur or}gme
et leurs alliances, par leur grande fortune et aussI. par
les services signalés qu'ils rendirent au duc FrançoIs I~,
et, plus tard, a sa fille~ la reine Anne, épouse succeSSI­
vement de deux rois de France.
M. Antoine Dupuy, dans sa très remarquable Histo~re
de la réunion de la Bretagne à la France (2) publIée
en 1880, a été, croyons-nous, le premier à nous révéler
l'existence des Coëtanlem, avec une 1?artie de leurs ex­
Ce u'il en dit, bien que fort ll1complet, éveilla
loits.
'attention es savants bretons, et M. Le Men, alors archi­
visté du Finistère, se livra à des perquisitions minu­
tieuses, dans le dépôt départemental, et fut assez heureux­
pour découvrir ,dans les fonds de lajuridiction de Coatcoazer
et de la famille de Goezbriand, des documents nouveaux
qui, ajoutés à ceux qu'avait fait connaître M. Dupuy et
quelq,ues autres provenant des archives particulières
des Goèzbriand, au manoir de Kerdaoulas, en la com­
mune de Saint-Urbain, constituèrent un tout assez im;­
P?rtan~. ges pièces, accompagnées d'une courte notice
bIOgraphIque, furent ubliees dans le Bulletin de notre .
SOCIété, année 1880-18 l, p. 143 et suivantes, et râce à
ces documents, ~ont j'ai :profité largement, Nicolas oëtan­
lem nous est aUJourd'hUI assez bien connu' mais il n'en
Coëtanl~m, l'i~trépide
est pas de même de son oncle, Jean

(~) Deux ou trois fois seulement j'ai trouvé Coëtanlem avec un n final
, au heu d'~n m. Il me .sell?bl~ que c'est l'orthogTaphe pre~ière du nom, qui
alors se decomposeraIt amSl: Goët an len, ce qui signifie: boit, de l'étang.
,(2) Histoire de la réunion de la Bretagne à la France, tome II, p. 359.
L ouv~age de M. Dupuy n'a paru qu'en 1880 mais ses recherches sur
le~ Coetanlem avaient été publiées, dans les Mémoires de la Société acadé­
mIque de Brest, dès 1877.

marin, si redouté des Anglais, et surnoalmé le roi de la
mer c( parce qu'il n'avoit trouvé oncques, en la mer, son
. plus puissant ne son supérieur. » Contraint de quitter la
Bretagne, pour des causes que je ferai connaître plus loin '
il se rendit à Lisbonne, avec sa flotte et ses marins, dè
vrais écumeurs de mer (1), et y devint grand miraI de
PortugaL Il mourut, à une époque inconnue, probablement
dans le palais que le roi de Portugal avait mIS à sa dispo­
sition, à Lisbonne, et que l'on désignait encore, longtemps
après, par le nom de « Maison de l'Amiral Coëtanlem. »
Il est présumable que des recherches faites à Lisbonne,
dans les archives de la marine et ailleurs, amèneraient
d'heureux résultats, qui permettraient de restituer, d'une ·
manière plus satisfaisante, cette rude . figure de marin
bas-breton, qui ne manque pas de cachet et même d'une
certaine grandeur. .
Les Coëtanlem, dont le . dernier représentant lnâle est
mort à Henvic en 1839, sont originaires, sinon de Morlaix,
du moins des environs de Morlaix, Ploëzoch, ou Henvic,
où estla terre de Keraudy, ou même de Saint-pôl-de-Léon.
C'est encore un point à éclaircir, ce qui n'est pas facile,
car les actes de l'état-civil, dans nos communes, ne re­
montent pas au XVc siècle. Leur famille appartenait à la
noblesse du pays d'ancienne .extractio:1, et avait pour
armes: d'azur à une fleur de lys, surmontée d'une chouette
de même, becquée et membrée de gueules.
Nicolas Coëtanlelll épousa Méauce Le Borgne, ou Le
Borigne. fille aînée de la maison de Kerguydou. Sa mère
était Catherine Calloët, de la maison de Lannidy, près
Morlaix, et sœur aînée de Pezron Calloët, soigneur dtidit
lieu de Lanidy et maître d'hôtel de la maison et seigneu- ,
rie de Penhoat. Messire J eh an Calloët, évêque de Tré­
guier, était aussi son frère. Yvon Coëtanlem, son père,
était fils d'une demoiselle Catherine Le Houat, de l'évêché
de Cornouaille, aussi d'ancienne extraction noble. Sa fille
aînée, Marguerite de Coëtanlem, épousa Guillaume de
Goëzbriand. Sa seconde fille épousa Jehan de -Kergariou,
et la troisième fut mariée à Guillaume de Trogoit', sieur
de Kergadiou. Il eut aussi un fils, nommé Jean, mais qui
mourut jeune, et sans avoir été marié. .
Nicolas Coëtanlem, quoique allié aux premières famil­
les nobles du pays, et lui-même noble d'ancienne ox-

(i) Un de ces navires portait le nom significatif de ( La Cuiller. J)

se livra au commerce et y gagna une fortune
. 'ble. Il n'en ~ontinl!~ ras moms de ~'PI?dre au
Francois II le serVICe mlht?-rre. Il combattIt a la ba­
. de "Saint-Aubin-du-Coruller:, en 1488, et, avec le
ême courage, et le même. désmtér~ss~ment. q:t:te son
nternporaill de Quimper,MJCh~l. MarlOn,~1 ravltallla par
de ce service en accordant des lettres de noblesse
contr~-maîtres et mariniers de ses navire~.
maîtres,
taisait un commerce important av~c l'Angleterre, q.u'll
approvisionnait principalement de tOIles bretonnes, tOIles
de Locronan surtout, comme nous le voyons par son .tes­
et en rapportait en échange des tissus anglaIs et
tament
d'autre~ marchandises. Ses navires allaient galéement à
Bordeaux, en Espagne, en Hollande, et y portaient et en
t des marchandises de toute sorte. En l'année
et Anne de Bretagne le chargèrent
le roi Louis XII
d'armer et d'approvisionner la cœrracque
de construire,
ou navire de grande dimension la Cordelière. Ce bâti­
à être
ment. qui devait faire partie d'une flotte destinée
tard contre les Turcs, . fut, en effet, construit
dirigée plus
et armé dans l'anse du Dourduff, sur la rivière de Morlaix.
On sait quelle fut la fin malheureuse autant que glorieuse
de la Cordelière. Dans une généalogie de la famille Le
aux Archives du
Louët de Coatjunval, qui se trouve
Finistère, on lit ce qui suit:
« Le jour de la saint Laurons (10 août) et l'an que des­
« sus (1512. vieux style, et 1513, nouveau style) s'entre­
« rencontrèrent la caraque de Bretagne, nommée la
« Cordelière, et la caraque d'Angleterre nommée la
« Rége'(lte, bien près du raz de Saint-Mahé (Saint­
« Math10u), et, combattirent jusqu'à la nuit, de sorte qu'Hs
( s'en!rebruslerent tou~ deux, et tous ceux qui dedans
« est ment moururent, . SInon. bien peu qui s'échapèrent, à
« force de nage~·. Il y aVOlt une autre nef d'Anglois que
Porzl~1oguermIt s « et eshme-t-on qu'll en mourut d'Anglois environ 1300
( personnes, ~t ~e Bretons environ 500, entre lesqueIz
« mourut capltall~~. Porzmogu~r, Prigent Coëtmenech,
« expec~a!1t de CoetJunva.l, Monce Kerasquer, expectant
)) de Qmlllmadec, FrançOIS Le Baillif, sieur de Coëtjunval,
la car­
( Tanguy Kerleroux. Martin Le Nault, maistre de
« raque. Je?-~ Le Saint, Christophe de l'Isle, Gabriel
« Brezal, OlIvIer et Yvon Nez, Yvon Kerdren, Jean Bou- -

« te ville , Maudez Quiniou, Jean Tanguy, .... Dolou, Yvon
'« Le Digouris, Guillaume Marrec, J eari Kermélec et plu
« sieurs autres gentilshonimes, mariniers et autres. Et l~
« sieur de Coëtjunval y fut bruslé, qui avoit nom Hervé.
« Le capitaine Porsmoguer était marié à la veuve de
« l'Estang, qui étoit fille de Coëtjunval. )) .
On voit que, dans le document qui précède, Martin Le
Nault, est appelé maistre de la Carraque, et que Porz­
moguer est désigné sous le nom de capitaine, ce qui
sur la Corde­
semble lui donner un rôle subordonné
lière, et en faire comme le second de Martin Le Nault.
sur ce texte, j'avais partagé cette opinion
M'appuyant
avec M. Le Men. Mais, M. de la Borderie est d'un avis
contraire, et il produit en faveur de son opinion des
raisons et des textes qui sont tl'un grand poids, dans
la question, et semblent la trancher définitivement en
maintenant à Porzmoguer le commandement de la
Cordelière.
Je rapporte ici les paroles de M. de la Borderie, bien
qu'on eût pu les lire à la page 128, de notre Bulletin, année
1885, accompagnées de quelques documents intéressants
relatifs à la personne de Porzmoguer, pendant les dix
dernières années de sa vie.
c( On a cru que le titre de Maistre de la Carraque
cc attribuait à Martin Le Nault le commandant naval de
« la Cordelière~ si l'on peut parler ainsi, et réduisait
« Porzmoguer au commandement militaire~ c'est-à-dire
« au commandement des troupes embarquées sur ce
« navire. Ce serait vrai, s'il s'agissait d'un bâtiment
« marchand, mais il s'agit d'un navire de guerr0, et, dans
« ce cas, c'est une erreur, réfutée pat un ouvrage qui fait
« autorité en la matière, le Glosaire nautique, si remar­
« quable et si savant, de M. Jal. Voici ce qu'il dit, à l'ar­
C< ticle Maistre (p. 956). "
« Maistre. Aux nefs onéraires ou navires en mar-
« chandise, le Maistre est le premier, le pilote le second,
(c ensuite le contre-maistre etc.)) (Et. Cleirac, R6les
d'Oléron, art. 1 ). Sur les navires de guerre, a'oute
M. Jal, au XVIe siècle et au commencement du X Ile,
le llfaistre était le troisième officier du bord: « Dans
c( chaque naVlre de guerre, le capitaine est le pr'emier,
« le pilote est le second, ensuite le Maistre, qui a le
« commandement sur l'équipage. )) (Cleirac.)

Voilà qui est. donc bien entendu, et il semble qu'il n'y a
uS à Y revenu'.
e l'Etat M. de la Borderie constate encore qu'elle est
co ui est bIen pres de Przmoguet. . .
la Cordelière coûtèrent à Coëtanlem pl~s de q~ll~ze ~mlle
rsCUS d'or, suivant le rapport de Fr~nçOls d~ Goezb~l?ti1d,
dans l'inventaire et l'analyse des pleces qu'Il prodmsIt en
1539 pour faire les preuves de noblesse de son grand-père
ll1at~rnel, somme énorme, pou'r le temps, et dont il ne
fut jamais remboursé.
Cette porte no le ruina pas et, comme je l'ai déjà dit, il
maria ses trois filles à trois des prindpaux gentilshOlnmes
du ays. ,.. l 't f 't . ,
icolas Coetan em aVal al ses premIeres armes,
pater­
commo homme de mer, sous les ordres de son oncle
nel Jean Coëtanlem, un de ces intrépides et héroïques
et les prouesses sem­
marins bretons, dont les aventures
la fable, quoique parfaitement réelles, et
blent tenir de
rappellent celles du malouin Robert Surcouf, le type le
lus parfait du genre. Presque tout ce que nous savons de
ui, d'une manière certaine, (car déjà la légende commen­
cait à s'emparer de lui), est emprunté à une enquête faite
en 1539, par la commission de réformation du domaine
royal, lorsque le fisc voulut soumettre les héritiers de
Njcol~s C.oëtanlem au fouage, sous prétexte que ce de~'­
mer s ét~It occupé de commerce et que la majeure partIe
de ses bIens en provenait (1). François de Goëzbriand,

(1) Nicolas Coëtanlem s'était bien, en effet, occupé de commerce -et
sur une. grand8 ~che1:le, cela est incont~s~able, et. la majeure partie d~ sa
grande fortune n avaIt pas une autre ongme. MalS, en Breta ne le com­
merce, e! l~ comn~erce ma~itime SurtOl~t, ne faisait as ér~ger. Un
noble q~ll s occupaIt de trafic et de petit commerce evait en faire la
déclaratiOn publtquement et déposer son épée' sa noblesse dormait
pendan~ l~ période cOl;nmerciale d~ sa vie. PUIs, q~land il cessait :tout trafi~
Il le faISaI! encore ~eclarer publIquement, au prône de la grand'messe
de sa 'parOIs~e" et, s~ nul ne ré~larnait 'et n'y. mettait opposition, on lui
ren~aIt son e~.ee et Il recouvraIt tous ses dr:0lts et privilèges antérieurs.
N~c~las Coetan~e:n, ne croyant pas aVOIr dérogé, avait sans doute
il n'était pas obligé •
néglige ces formahtes. auxquelles, du reste,

petit-fils de Nicolas Coëtanlem. protesta et provoqua u
sept témoins furent entendus, et tous s'accordèrent à dir~
ue les Coëtanlem appartenaient à une famille nOble
'ancienne extraction, et que Nicolas Coëtanlem ne s'était
jamais occupé de niarchandise, si ce n'est pour équiper
approvisionner la COl"delière. Ces témoignages sont men ...
songers, du moins sur ce point, car il était de notoriété
publique que l'origine de sa grande fortune était dans la
piraterie, d'abord, puis dans le commerce, et un registre
de ses trafics et opérations commerciales, et aussi de ses
il était devenu le banquier
nombreux prêts d'argent (car
la région), con­
des gentilshommes et des bourgeois de
servé aux archives du Finistère, ne permet aucun doute
à ce sujet. Mais, ce n'est pas là ce qui nous intéresse le
plus, dans ces dépositions, mais bien les détails que nous
y trouvons sur Jean Coëtanlem, sur la contruction de la
Cordelière et aussi sur la vie des grands seigneurs bre­
aux XVe et XVIe siècles.
tons,
En 1484, Jean Coëtanlem vendit tous ses biens et équipa
une petite escadre. montée par des marins du pays, avec
lesquels il se mit à courir la Manche et l'Océan, attaquant,
sans s'effrayer du nombre ni de la force de l'ennemi, les
navires commercants de toutes les nations, qu'il rencon­
trait, mais de pJ:éférence les Anglais, sur lesquels il fit
des prises nombreuses et importantes. Les Espagnols, les
Flamands, les Ostrélins ou Ligue Anséatique, lui payèrent
aussi tribut. Il régna bientôt en roi de la mer sur la
Manche et l'Océan, et les commercants étrangers n'osaient
plus s'aventurer dans ces parages, à moins d'être bien
escortés. Les Anglais, qui avaient eu le plus à souffrir,
voulant en finir avec un voisin si incommode, armèrent.
vers 1484, trois grands navires, pour lui donner la chasse
et l'emmener captif en Angleterre, avec sa fiotille et ses
hommes. Ils firent une procession, dans la ville de Bristol,
après avoir entendu la messe à l'autel de saint Georges,
pour demander à Dieu la grâce de rencontrer Coëtanlem.
leur nlalheur. Bien qu'ils fussent
Ils le rencontrèrent, pour
cinq contre un, les Bretons leur prirent trois gros navires, .
à l'abordage, dispersèrent les autres et les poursuivirent
jusque dans le port de Bristol. où ils les amarinèrent;
uis, ils descendirent dans la ville, la pillèrent, l'incen­
ièrent et amenèrent prisonniers les principaux habitants,
auxquels ils firent payer, plus tard, de fortes rancons.
La piraterie, comme le fait. remarquer M. An-

. Du uy prit une grande extension. sur les côtes
.tion qu'ils fussent, sous pell1e de confiscatIOn de leurs
ne fa vonser lesdIts pIrates
vitailler secourir, aider,
« no (ni) l~urs dits navires, et aussi de. non les récepter
~~ recevoir), prendre ne ?-cheter des n~vIres, et march~n-
(c côtes, et s'Ils en trou vOlent a terre, les prendre de. corps
« et rendre prisonniers, sans aucune réservance.)~ \
En 1486, le duc ordonna à S83 officiers de Goëllo
d'arrêter deux audacieux pirates, Rolland Le Faucheux
9 Y,:on Lechény. ~ais, ~es qrdo~ln~nces du d~lC é~~iOl1t
lm Ulssantes; la plratel'le n'mSpll'alt pas, au XVe sleclo,
la égitime répulsion qu'elle a excitée dopuis. Les marills
tomp~ confondaient volontiers les pirates avec les
de ce
avaient pour eux une certaine sympathie, à
corsaires. Ils
cause de leur audace, et ils leur savaient gré de leurs
se bornaient à capturer des navires
exploits, quand ils
étrangers. .
Avec Jean Coëtanlem, le roi de la mer, comme l'appe­
laient,les siens, rivalisaient Francois du Quélénec, seigneur
parent de l'amiral" de Bretagne et J ehan du
de Bienassis,
Quélénec, vicomte du Faou. Sur mer, dans l'exercice de
SO-lS
ses fonctions, Francois du Quélénec était plus connu
le nom de capitaine François. Il s'acharnait surtout sur
los Anglais et les Flamands. En 1486, il captura les navi-
. res. de deux marchands de Londres, Antoine Touère et
GUIllaume Fellangé. Le duc ordonna à ses officiers d'in­
former de cet attentat, d'obliger le capitaine Francois à
d~dommag?r ses vi9ti,mes, et, au besoin, de saisir ses
b18ns. Le SIre du Quelenec brava le duc et ses officiers et
poursuivit près de vingt ans le cours de ses exploits (1).
Nous. extrayons .de l'enquête de 1539, provoquée par
FrancOIS de Goezbnand, comme on l'a vu plus haut la
d~position suivante, dans laquelle se trouve presque tout
ce qu~ nous sayons d.3 plus certain sur Jean Coëtanlem.
«. Glles Monc~e, SIeur de Kerba vé, aigé de soixante­
« dIX ans ou envll'on, etc .... recorde que environ l'an mil

(1) Ant. Dupuy. Histoire de la réunion de la Bretagne it la France
t. II, p. 359. '
BUELETm ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. Tome XIII. ( ). 17

« cinq cents trois ou quatre, le roy Louys douziesme et la
« royne Anne entrepreindrent d'envoyer par la lUer
« d'Alevent (du Levant) gentz de guerre à ung lieu appelé
« Méthélin (Mitylène) que on dict estre environ Turquie.
« ne scest (sait) ce tesmoing de certain où est Iedict liel!
« appelé Methelin, et que entre aultres y alla Jacques
« G]lybé qui estoit capitaine de gentilzhommes de la
« Royne, et ue pour faire l~dict voïage, Iedict capit.~ine
« oust la ne de la royne qm fust appellée la Gordellzere
« qu'estoit navire de six.à scept centz tonneaulx. Et que:
« pourtant que on ne trouvoit qui eust entreprins de faire
« la vicluaille dudict navire, ledict Nicolas Coatanlem
« sieur de Keraudy, qu'estoit estimé home de grand
« esperit et de grant conduicte, fust prié tant par ledict .
« capitaine Jacques Guybé, que feu missire Ollivier de
« Coatmen, lors grant maistre de ce aïs et duché, de faire
« et mectre ordre· en la victuaille udict navire, ce qu'il
« fist et, comme on dict notoirement, il y perdit ung gros
« nombre de bien, que ce tesmoign ne saurait à présent
« déclairer, comme il ouyd alors. Oultre recorde (se sou­
« vient) qu'il a ouy dire comme chose notoire que Jehan
« Coatanlem, prochain parent dudict Nicolas, fust moult
« preux et vaillant en la mer. Et pour ce déclairer recorde
« tesmoign que, envyron cinquante-cinq ans, y a pby (peu)
« plus ou moins ,. à ce que les Anglais faisoient quelques
. « offenses et peilleries sur ceulx de ce païs et duché, ledict
« Jehan Coatanlem fist, à ses propres coustz et despens,
« sans ayde du duc François, qui pour lors regnoit,
« équipper et mectre sur et en ordre des navires dont
« l'une estoit appelé La Gueiller, auUre appelé Le Singe.
« avec aultres que ce tesmoign ne sait nommer, et ainsi ·
« se mist sur mer, ayant 0 (avec) Iuy son lieutenant en
. . « qui de tout se fisit, ung gentilhomme nommé Alain de
« Plouecras, fils juveigneur de la maison de Plouecras, en
« Tréguier, et que dedans peu de temps amprès les Anglois
c( furent advertis, et avoient pour lors troys grantz navires
« prest pour mectre en la mer, l'une appellée La Trinité,
c( navire de cinq centz tonneaulx, l'autre appellé Marie-de­
« Gracze,naviro de deux à trois centz tonneaulx, et do l'm.1l­
« n'est ce tesmoing souvenant de son nom; qu'eulx (lesquels)
« troys na vires Angloises estoient équippés de double équi­
« paige, munitz etgélrnitz d'artillerie et de marchandises, de
«capitaines et maîtres ma-riniers, carczonniers,porczonniers
« et grant richesse, et encore fust bruict en après que les
« capitaines desdictz navires Angloises avoient faict célé-

. rune mosse, devant l'ymaige de Monsieur Saint­
« e ue Dieu leur donna, le lendemaIn ampres estre
« ou ne (lieue ?) et demye de la terre de Bretalgne: ~t
:: vindrent lesditz Anglois sercher (cherch~r) et assalllly
« ledit J ehan Coatanl~m, et ses gentz, qu'Il ~~s entendIt
(attendit) et combastIta eulx pour la prem18ro venue,
~~ al' espacze de cinq à six heures, et après demandèrent
« es Anglois treffve pour deux heures, ce que leur fL!st
« octroyé par ledict Coatanlem, et, la treffve "fime,
« recommencèrent la bataille, et enfin ledict Jehan
« Coatanlem et ses gens y entrèrent (dans leurs navires)
« de plain as sault et les prindrent et ~enèrent; et de peur
« ue co n'eust esté Qause de mOUVOlr la guerre entre le
« ue ctleroyd'Angleterre,ledictCoatanlem,se disant fors
« bannydeBretaigne, alla 0 (avec) toutes lesdictesnayires,
« au roy de Portugal, qui les receustàtrès grantjoye etle
« fist son admiraI, ot en ouUre luy bailla en terre ung
« chasteau et une des meure pour et contre la fin de sa vie
« et vielles se , là où il mourust. Et tout cecy dict ce té-
. « moingn savoir. dès ledict t8mps de cinquante-cinq ans,
« par avoir parlé et ouy parler les mariniers qui estoient
« 0 ledict Coatanlem oudict faict et desqueulx y a ung

« encores en vye, nommé J ehan Le Gal, demeurant en la
« paroesse de Plouemiliau (1), en l'évêché de Tréguier.
« Et est son record (ce dont il se souvient.))) (2)
Des plaintes contre ce terrible homme et son neveu
arrivèrent de tous côtés, au duc Francois II, qui se trouva
car il avait besoin "de ménager et l'An­
fort embarrassé,
de sévir con­
gleterre et l'Espagne, qui le pressaientle plus
aux
tre les coupables. Des mandements furent adressés
« Sénécha~lx, alloués,. baillits et procureurs de Vennes,
(c CornOUaIlles, Trégmer, Leon et Morlaix, leurs lieu te­
« n~pts et checlln, de ~e tr~ns:porter ès places de Saint-
. « P~l-.de-Léon, MOl~laIX el, a~lIeurs que sauroient les
« vItallleufs des navl~'es le Grzffon, le Piçqrd la Figue
« et la Barqne ~t NIcola.s Çoetanlem, pnncipal obligé
«( pour Jehan Coetanlem, et lCeulx et checun SJmll1ef et
« réquérir de par le duc tout incontinent ils rendent et

i) Ploumilliau, commune de l'arrondissement de Lannion.
2) Extrait des archives de la familb de Goesbriand à Kerdaoulas
commune de Saint-Urbain, canton de Daoulas. ' )

« restituent en leurs mains certains biens et marchandise
« qu'ils ont pris sur mer, sur Pierre de Salamanque
« Diego de Castre, Pierre de Valladolid, Fernando de
« Cariou et autres marchans des arties d'Espaigne, pal'
« espèce ou valleur, pour iceulx iens bailler et rendre
« auxdicts Espaigneulx, etc ... » (1).
Mais Jean Coëtanlem, sentant venir l'orage, avait
cru prudent de se mettre à l'abri et de sauver le plus
qu'il pourrait du produit de ses prises. Il se rendit
Portugal, avec ses navires et ses marins. Lesuns veulent
la colère et la
qu'il fùt contraint de s'expatrier, pour fuir
II; des témoins déposent, au contraire
justice de Francois
l'enquête," que le duc lui demanda bien de s'éloigner'
dans
pour lui éviter des désagréments avec l'Angleterre
l'Es~agne, mais qu'il favorisa en sous-main son départ et
le fit chevalier, de ses propres mains, et lui accorda
même une somme d'environ douze cents pièces d'or, en
reconnaissance des services qu'il lui avait rendus. Quoi­
qu'il en soit, le roi de Portugal, qui méditait alors une
fit le meilleur accueil et
campagne contre les Turcs, lui
sa flotte, avec le titre de
lui confia le commandement de
grand Amiral de Portugal, comme je l'ai déjà dit.
Nicolas Coëtanlem, resté dans le pays, s'établit
Morlaix, où illnourut, en 1519, et fut euterré dans l'église
des Jacobins ou Dominicains de cette ville.
, C'est avec autant d'étonnement que de regret que l'on
voit Nicolas Coëtanlem, qui avait pourtant fait ses preu­
vcs de patriotisme, comme Breton, tremper, en
dans un complot ourdi par un aventurier nommé Pierre
Ce complot, soutenu par quelques seigneurs .
Le Pennec.
leur duchesse Anne
bretons, mécontents du mariage de
avec le roi de France Charles VIII, avait pour but tout
la Bretagne à l'Angleterre. Mais,
simplement de livrer
Coët­
heureusement qu'il avorta. Coëtanlem et Yvon de
congar, autre gentilhomme des environs de Morlaix, qui
et conduits à Paris,
était aussi du complot, furent arrêtés
jugés par le Parlement. Coëtanlem, empri­pour y être
au Louvre, réussit à s'en échapper, au bout de
sonné
à Morlaix; Coëtcongar, détenu à la
deux mois, et revint
Bastille, fut relàché, quatre ou cinq mois plus tard, ayant
obtenu, comme Coëtanlem, des lettres de rémission, car
garder ]e silence sur ce
on tenait, autant que possible, à

(i) Archives du Finistère.

mec
alheureux complot. QUal~t à Le ?e1 , on ne sait pa~,
assa en Angleterre. " f ."
des Bibliophiles Bretons, parue en 1884, ~ous le tltre de :
Complot br~ton de.t4,92, nous a, r,etr~?e avec sa clarté
ot sa précislOn ordll1aIres, toute 1 hIstOll e de cette aven-
ture,
Nicolas Coëtanlem, sur la fin de ses jours, semble ?-voir
é rouvé des scrupules sérieux à l'égard de sa VIe de
1492, et sans doute encore de quelques indélica-:
plot de
tosses commerciales et prêts usuraires de plus tard. AUSSI
voulut-il se les faire pardonner, pal~ des offrande~ et,des
pèlerinages à un grand nombre de lieux de devotlOll,
souvent fort éloignés, et jusqu'en Angleterre, en Espagn,e
et en Allemagne, qui. étaient les pays avec lesquels 11
avait cu le plus ~e trafic, ,comme nous le :royon,s ~ar s,Ol~
testament. Le meme sentllnent semble lm aVOIr mspIre
les paroles suivantes, que nous lisons dans un acte de
donation fait par lui à l'hôpital de Morlaix:
« Nicolas Coëtanlem, sieur de K81'audy, par meure déli- .
« bération,pour des charger sa consiance etpou'i'certaz-
« nes et justes causes qu'il disoit ne vouloir déclarer par
« testa1nent, a ordonné estre payé et baillé à l'hospital de
« ceste ville de Morlaix, pOlir aider à la substautation,
« alimant, nouriture, entretenement, nécessitez des pau-
« vres qui affluent, sont et seront à l'advenir oudit hos-
« pita; de Morlaix, et pour estre participant, il et Méauce
« Le Borgne, sa femme, dame de Keraudi, ès prières, suf-
« frages et oraisons, dévotions, jeusnes, abstinences quy
« se font"et se feront à l'advenir oudit liospital au salut de
« leurs ames et de leurs pères et mères et aultres leurs
« parents et amys, trépassés et à trépasser, ... , le nombre
« de cent quartIers de froment, mesure de Morlaix, de
« ran,te et levée, chacun an, en perpétuité, à leur estre
« aSS1S e~~ ses terres et héritages en la paroisse de
« Guymaec. )) ,
Il exis,te aux Archives du département du Finistère
deux copIes de son testament, de l'écriture du temps.
pre!nière, sur papier formatin-folio, contient huit feuillets
écnts des deux côtés, sauf le dernier dont le verso con­
tieYlt en sept ~jgnes et demie une reconnaissance de paie­
ment par ChrIstophe de Goesbriand à Fiacre Rolland d'un

boesseau de froment de levée, en exécution des clauses
de l'acte, le pénultième jour de juillet 1524, avec les signa..
tures: E. Rolland, passe: Christophe de Goesbriand
• passe. - - '
Cette première copie, je l'ai déjà donnée dans le BUl
letin cle la Société d'études scientifiques du Finistère"
qui se publie à Morlaix, . année 1884, 2 fascicule, ei
1885 le,' fascicule.
La seconde copie, datée du 6 novembre 1521 etécrite SUr
un beau rouleau en parchemjn, de cinq mètres et demi de
long. sur trente-cinq centimètres de large, est flanquée, au
commencemont et à la fin de prolixes formalités judi­
ciaires ou procès-verbaux de dépôt de l'instrument à
l'official de Plougastel, do son ouverture, de déclaration
délivrer copie aux in­
d'exécutoire, et d'autorisation d'en
C'est la seule différence qui existe entre les deux
téressés.
copies, avec quelques variations dans l'orthographe de cer­
tains noms propres. J'ai cru devoir reproduire intégrale­
malgré les longueurs et
mont jci touto cetto partie latine,
répétitions .. Ces formalités, du reste, peuvent avoir
les
leur intérêt, au point de vue de l'étude du droit ancien.
On y trouve encore un fait à noter : c'est que l'officialité
tint sa séance du mercredi 6 novembre 1521
de Plougastel
dans la chapelle des frères mineurs de Saint-Fiacre de
Plourin, à environ deux kilomètres de la ville de Morlaix,
- ob pestern epicle1nie regnante1n et vigente11~ in oppido
.lI1ontisrelaxi. Ainsi 10 6 novembre 1521, une maladie
épidémique, peut-être la peste, désolaü l~ville de Morlaix.
Voici le testament, qui est un document vraiment im­
portant, sous différents rapports.

Testament de Nicolas COETANLEM, sieur de Keraudy.
Anno Dornini Millesimo Quingentesimo Vigesïmo primo,
mensis vero Novembris, Me:rcùrii die sextà, ad quarn diem
nos Officialis, etium commissarius domini Archediaconi de
Pagocastelli~ in ecclesià trecorensi, citari et convoniri fcce­
ramus et mandaveramus coram nobis, apucl capellam beati
. Fiacrii, j uxta metas parrochie de Ploërin constitutum locnm

" "dem per nos ad jura reddenda inter partes ab oppido
SlqUl J •
Montisrelaxi, in quo priùs ad Id sedere solebamus, trans-
latum ob pestem epidimie in eodem oppido, prothdolor (sic)
notol'iè regnantem et vigentem, partem ac uno edicto
artcm pro omnibus, et ex cl'lusâ nobilem scutiferum Guil-
Goezbrient, detentorem et sùbscriptorem, ceteriquè deten­
tores et subscriptores tabule testamenti ordinacionis vc
disposicionis seu ultime voluntatis quondam nobilis et
generosi viri Nicolaï Coëtanlem, domini temporalis, dum
vi veret, loci, manerii et seu nobilis predii de Keraudi,
ipsam COl'am, nobis delaturos et exhibituros, necnon dictum
de Goezbrient ad causarn Margarete Coëtanlem, sue uxol'is,
heredem dicti defuncti, nobiles que et potentes viros domi-

num Johannem de Kergariou, armate militis miIitem, loci
ac nobilis predii de Kergariou dominum temporalem et seu
administl'atorem naturalem Barbare et Marie de Kel'gariou,
suorum liberorum, ejusquè facto in quondam Katherinam
de Coëtanlem, suam, dum viveret, uxorem, pl'ocreatorum,
ac Guillermum Tuongoff, èominum temporalem de Ke1'­
gadiou, tutorcm eti8m et seu administratorem naturalem
RoLerti et Maur'ice de Tuongoff, suorum liberorum ejus
facto, ac in pl'imis suis nuptiis, in quondam Johannetam
Coë!anlém, ejus, dum vivol'et, uxo!'em, pl'oor'eatorum~ et
cisc1em nominibus hcroclos c1icti dcfuncti testatur; nobilesquè
et discl'otos yims mag:stros AufÎl'idum do Goezbl'ient, pl'O­
positurn ecclosie sancti Petri de MiravalIe, Cùreassonensis
diocosis, et Johannem. de Botglasec, dominum temporalem
de Rossedf, omnesquè ct singuJos alios executores testa­
men ti, seu ultime voluntatis dicti clefuncti nobis ex nostro
officio in causâ peticionis, appartionis (?) publicationis et
executionis l'espoctivè dicti testamenti ejusc1em defuncti
supel'què bis et oa tamen magistto ac generali testamen-
torum curie nostre executori responsuros prout in citatione

de et super que facta debiteque executiol1i demandata et de
quâ nobis legitime constitit atquè constat latius est facta
mentio. Ob hec igitur dictis die et anl10 et loco comparuerunt
in j udicio coram nobis officiali et commissario prefato : dis~
cretus vil' magister Yvo Floc'h, curie nostJ'e advocatus,
magister que ac generalis testamentorum curie nostre exe~
cutor prefatus pro interesse dicte curie nostre rei que pu­
bliee et eo nomine agens ex unâ, necnon dictus Guillermus,
ac juris procurator pre­
dominus de Coezbrial1t, pro seipso
Margareta de Coëtanlem-, sua uxor, filia primo genita
dicta
ejusdem defuncti testatoris et pro qua factum infrascriptum
al:{ omnia ac singula infrascripta tenere, ad­
facere validum
implere et econtra non venÎl'e, sub obligatione et ypothecâ
et singulorum suorum bonorum mobilium et
omnium
immobilium, presentium et futurorum et quatenus opus sit
agitatum
eam reperire satisfacturam. Quidquid inferiùs
fuerit, cum et sub omni jure et facti renumeratione pariter
et cautelâ promisit et juravit, ac Magister Petrus Torell,
curie 110st1'e etiam advocatus, dictorum de Kergariou et
Tu ongoff nominibus predictis procu1'ator et procuratoris
nomine litte1'atorie destinatus, prout de sui procuratoris
mandato pel' notarium infrasc1'iptum signato et subscripto
nostre sigillato, nobis legitimc constitit
sigilloque, curie
atque constat documentis, pel' nos que ob hec receptus
admissus et apprdbatus, dicti que domini Auffl'idus de
Goazbriant et Botglasec, executores prefati dicti testamenti
rei et rerum partibus, ab aliâ. Et eis sic coram nobis C0111-
paren~ibus ceteris predictis ad hanc diem modo premisse
citatis instan-te dicto agente par preconem curie 110stre, voce
generali, prout in talibus consuevit, stilo què moris et com­
munis pratice curie nostre fuit ac est vocalis et preconi­
zalis non comparentes pel' nos pro coutumatibus reputatis.
Exhibitâ què priùs nost1'is in manibus dicti defu~cti tabula
Spu ultime voluntatis, nos, instante et postulante eodem

consensu eOl'umdem sic
comparentium., antedictI defunctI testamenti et seu ultime
voluntatis tabulam nostris in manibus clausam depositam
existentem sigilloque nostre curie sigillatam appel'UilnUS
et publicavimus) prout apperiendo publicamus. Quodquidem
testamentum) de datâ diei undecime mensis (en marge
11 avril 1518). Aprilis anni cursi Domini Millesimi
quingentesimi octavi decimi, existens fuerat et erat signa­
tum et subscriptum manibus et subscriptoribus dicti Guil­
lermi de Goazbriant, prout coram nobis cognovit et con­
fessus fuit, ac Yvonis de Goazbrient et Michaëlis Duval,
nostre et secularium de Monterelaxo et Bodister respective
curiarum notariorum, pro II t de hmos (1) signis su bscri ption e
et sigillo eidem testamento nppensis et appositis notariatu
quo fidelitatc et legalitate signantium et cujuslibet eorum
et sumus debite et sufficienter informati) ac pro
fuimus

agnitis et informatÏs habuimus et reddidimus, habemlls
que et reddimus ipsius que testamenti dupplum seu coppiam
omnibus petentibus ac interesse habentibus fieri ac tradi, ac
in presenti processu inferi tantam que fidem adhibendam fere

et adhiberi debere hmos coppic insertioni que sicuti et origi-
nali, inter partes easdem decrevimus ct pel' presentes decer­
nimus. Et his actis petente et in stante prelibato agente no­
mine antedicto quam vis hmos testamentum pel' nos dicatur)
decernatur et declaratur fore ét esse civile canonicum por­
tinens et excquibile, suum que debere sortiri plenarium effcc­
tum, nisi aliquid efficax impediens et quod obstaret a parto
corumdem reOl~um dicel'etur et allegaretur, ad quod vos et
quemlibct eorum sumat et interpellat dictusagens prefato no­
mine dictus Guillermus de Goazbriant, nomjnibus prefatis,
in hmas testamento ipsiusque execucione cum omnibus et

(i) Je n'ai P?s P~ lire c;~tle abr~viation, qui revient fréquemment dans
ce document, a moms qu Il ne faIlle y voir le mot hUju81nOC#?

singulis contentis in eodem prout ejus tenore consensit
in omnibusque et pel' omnia.1 jllxta que ipsius tenorem, vim,
seriem continenciam atque formam consentire dixit et pre­
sentium ... consentit, dictique executores et eo no mine omnis
execucionis ejusdem testamenti quatenus fuerit pel' nos
declaratllm sortiri effectum, assumel'e obtulerunt et efferunt;
ipse autem TOl'ell nominibus predictis petiit et reqriisivit a
nobis et pel' nos terminum comp~tentem sibi dari et assi­
gnari ad desuper hmas testamento et contentis in eodem
deliberandum. Cui nos, ad id agendum partibusque eisdem
ulterius ad in lunos causis Pl'ocedendum pel' nosque procedi
. videndum et audiendum, ut juris fuerit et rationis, diQm
Ivlercurii in quindecem proximum ,'enturum, ni si et eum
assignare du xim us coram nobis et pel' presentes assignam us.
Tenor vero dicti testamenti, de verbo ad verbum, sequitur
et est talis : -
Au NOM DU PÈRE ET DU FILS ET DU SAINT-EsPRIT.' , AMEN .
. Sachent tous que aujourduy, en nos courts de Morlaix, 80-
dister, Monsieur l'Official de l'Archidiacre de Pougastell (1),
(i) Le pagus était une ' ancienne division territoriale de la Gaule con­
les Romains, et qui, pour l'étendue, équivalait à peu pres il un
servée par
petit arrondissement de nos jours. Un gTand nombre de ces divisions ont
même persisté, jusqu'à l'époque actueae, sous le nom de pays, dérivé de
pagus, en breton pon, par ex.emple pagus leonensis, aujourd'hui le pays
de Léon, Poher pour pou kear, pagus civitat'is. .
L'archidiaconé était une division ecclésiastique, qni conserva souvent
les limites du pagus romain ou gaulois. Les archidiacres étaient de hauts
de l'Eglise, remplacés aujourd'hui par les vicaires généraux.
dignitaires
« L'archidiacre, qui, d'abord, n'étaifpas nécessairement un prêtre, nous
disent Geslin de Bourgogne et Anatole de Barthélemy, clans lenr
« A llciens évêchés de Bretagne» tome l, p. 59 de l'introduction,
. ouvrage
- nous semhle avoir correspondu, en Bretagne, aux. chorévêques que
l'on rencontre clans les autres provinces. » Il était ancjenn~ 'ment le cbef
des diacres, chargé spécialement de la prédication, de la distribution des
sacrements el de l'administration des biens temporels du clergé. n pré­
sentait encore les clercs a l'ordination, marquait a cbacun son rang et ses
fO iJctions, annonçait au peuple les jours c1e jeûne et Je fête, ébt chargé
de l,'ornement et de la réparation des églises et visitait les paroisses.
il finit par avoir une juridiction particulière. L'évêque le
Enfin,

ct chacune d'ellos, fut en droit présent et personnellement
estab1y Nicolas Coëtanlem, seigneur de Koraudy, lequel, en
tant que mestier est, s'est soubzmis et se soubzmect 0 (avec)
touS ses biens et par son sermen taux juridictions, destroict
nommait, mais. il ne pouvait le p~i:,"er de ses. f0r:-c~ions, qu'après un pr~cès
en règle. Ç'étalen! souvent de ventabl~s petIts eveques, et leur pouvoIr et
leur autonté devmrent tels, que les .evêques, durent songer. a les res­
Presque tous ~eurs pouvoJrs passerent aux offimaux et aux
freindre.
vicaires généraux. .' ....
L'archidiaconé de Pougaslel, dont Il ~st questI?n l~J, etait de~ plus
importa~ts. Il renfcrm~i~, vingt-neuf rarOl~s~s et dIX t~"eves, et a'Ya~~ pour
l'Ouest la nVIere de Morlmx; a l Est, le Leguer ou nVIere de
lirnites a
Lannidn; au No~'d, la mer; au Sud, les montagnes d'Arré et le diœèse
de COl'llouaille~ .
La dénomination de Pougast~l indiquait,. comn:lC Je f~it observ~r
1\1. de CouJ'son, non pas une paroIsse (plon), TIl un meus (v~lla(Je), mms
toute ]a région, beaucoup plus étendue, dont le Coz-Gueoc1et (Vetus
c:ivltas) élu.it le chef-lieu.. . . . .
Les droIts et prérogatIves de ~'a.rchidIaci'e de. Pouga.ste~ ~ta.18nt pl;~s
étendus que cr-)Ux des autres arChIdIacres. Il avait une JUrIdICtIon parü­
culière, jusqu'au XVIe siècle, comme nous le voyons par le testament
de Coë:anlem avec official, senechal, chancelier, huissiers, etc. Il
nommait les fabriciens, il examinait leurs comptes. Il possédait la juri­
diction temporelle, cbns plusieurs paroisses; bref, sa situation, plus
ëpiscopale que celle de ses collègues, prouvait l'importance de l'antique
pa(fus, transformé en archidiaconé. De la, vient aussi, sans doute, cette
opinion, fortement enracinée encore dans le peuple, de Lannion à Mor­
laix, que le Coz-Guéodet eut autrefois ses évêques, distincts de ceux de
Trégnier, et qui administraient toute cette région.
M. Anatole de Barthélemy a été conduit del'llièremenl, par un passage
d:u~e tres-ancienne vie latine de saint 'l'uclual, qu'il attribue à un de ses
dJsciples, sai~t !-oëvan (VIC ou VIle siècle), à chercher le chef-lieu du
PÇtfluS Castelh aIlleurs qr:'au çoz-Gu~odet (vetus G-ivitas), plus dans l'in­
teneur des terres, peut-etre a MorlaIX, ou dans la commune de Plufur
où existait autrefois un ancien Casteltmn, au lieu dit le Plessis-Eon'
célèbI:e dans les traditions du pays. '
VOICi le passage en u~stion: Saint Tuclual parcourt tout le nord de la

Bretagne, ~vant.la fon ahon de son .grand monastère de Tréguier, pour
s~ rendre a, Pans! de Ploumoguer, lIeu de son débarquement sur le COIl­
tmen~. Apres aVOIr trav~rsé le 'pays d'~ck (pagus Achirnensis) et celui
d~ Leon (]Jctgus L~onensl~), DewdJ 1Jemt ad pagum Castelli, et ibi inve­
~tzt m:l.ûtas E(t~ochws; dewr1é ad pag-wn Civitatis, ibiquè maltas parochias
1-nven~t. PUIS Il passe d.ans le pagus de Tréguier, pagus Treher. Eviclem­
m~nt le pagus. Castelt'l et le P([gus Civitatis sont deux clans cet itil1é­
ra1:"e et ne d?IVent pas ~tre confon~us. Le paqus Civitab étant presque
cel tamement le Coz-Gueoclet actuel, Il resteraIt a trouver le lieu du pagus
Castelli, ou le chef-lieu du pays cle Pougastel.

et obéissance de nos dictes courtz et chacune, quant à toUt
le contenu en cestes faire, gréer, tenir et fournir. 0 ce
ledict Coëtanlem, considérant son veil aige, la foiblesse de
son corps, et qu'il ni a chose plus certaine que la mort ne
plus incertaine que l'heul'e d'icelle, et le bon mémoire et
entendement qu'il a pIeu à Dieu le maintenir jucques à
présent, disant ne voulloir intestat décéder, a di ct voulloir
faire et par ces présentes faict et conde son testament et
derraine volunté, en la manière qui ensuilt :
Premier. Il recommandesonâme à Dieu, son père créa­
teur et rédempteur, à la benoyste Vierge Marie, sa doulce
mére, et à toute la compaigni e célestielle et esglise ü'ium-
phante de Paradis, et son corps à la terre benoiste, quand
décoix lui adviendra, lequel, après son dict deceix) veult et
or-donne estre en terré en 1 esglise des frères prescheurs de
la ville . dudict Morlaix;
Item Ordonne estre dict et célébré une me'Sse ann uelle,
à perpétuité, pOUl' chacun jour de la sepmaine, en l'esglise
desdicts frères prescheurs, avecques quatre anniversaires,
et vigilles , à chacun anniversaire par les qual'tiers de l'an
et 0 les recommandations, en la manière acoustumée, et
pour ce faire, il ordonne estre paié auxclicts frères prescheurs
la somme de vingt-quatre livres monnoye, à estre paiés
par les quartiers do l'an dessus tous et chacun ses héri­
taiges, tant en ladicte ville dE'- Morlaix que ailleurs, et les­
quielz il a ypothéqués à ladicte fin et sauff assiepte ;
Item Ordonne ledict testateur esüe faict, entretenu
et continué ft perpétuité ung cyel'ge pour estre allumé en
l'honneur et révérance du Sainct Sacrement, hostie 'Ct calice
de la messe matinelle, chacun jour, qui se dict en lesglise
desdictz fr-ères prescheurs, et pour ce faire,ol'clonne estre paie
auxdictz frères et couvent la somme de saize soulz monnoye
de rente., chacun an, à commencer le jour prochain cnsuy­
vant son decoix, et ce dessus tous et chacun sesdictz héritai-

(l'fIS et sauff assiepte, ou par l'el1te et atornée valable, comme
devant;
Item . Ordonne estI'e dict et célébl'ée une messe, la
l'emièl'e annuelle à perpétuité, en Iesglise parrochialle de
en intantion et pour prier Dieu pour son âme et les ân--.es
de ses feuz père et rt1èl'e et tous ses aultres umys tres­
passés et à trépasser, pal~ ung chappellain ydoine, et a celle
et pour salaire de ce faire, ledict testateur a ordonné et
fin

orllonne estre paié au chappallain qui dira ladicte messe
quatre livres monnoye, dessus tous et chacun ses hél'itaiges
et sauf ussiepte et atornée, comme devan t, et estre Iadicte
messe diete par un chappallain ft. l'esguard de ses ex~cu­
teurs cy- après de sondict testament.
Item Ledit Coëtanlem, testatent susdict, a ordonné et
ol'donne estre clict et célébré en Iesglise parrochialle de
Ploëzoc'h, les messes et services qui ensuyvent, scavoir :
une messe annuelle~ chacun an, à ehacun jour de la sep­
maine, sca\'oil', l'une pOUl' l'intantion de feu Monsieur de
Cl'énart, à chacun jour de vendredi, et pour ce ordonne
estre paié quatre livres monnoye, par chacun an, et pour
feu Chal'les Estienne, deux messes, ès jours ft la discrétion
de sesdictz exécuteurs, et pour ce faire ordonne estre paié
la somme de cent soulz monnoye, par an; pour Messire
J ehan Godec, aultre messe, à chacun lundi, et à l'issue de
ladicte messe, une commémoration au Carnel et reliques,
èt pour ce ol'do'nne estre paié au chappallain qui ce fera
soixante-dix soulz monnoye, par an, en esgard de sesdicts
exécuteul'S pour la choiesie dudict chappallainj et pOUl'
ledict sieul' de Keraudy, t.l'oys auI tres messes, et pour ce
ordonne estre paié aux prebtres ou prebtre qui les diront
la somme de sept livres dix soulz monnoye, chacun an, a la
discrétion de sesdictz exécuteurs, pour la choisie de chap­
pallain; et pour l'entretennement d'ung pillet de cire en

ladicte esglise, ordonne estre paié au procureur de la fabri_
quo dudict Ploezoc'h la somme de dix soulz monnoye, pal'
chacun an ; et pareillement a ordon'né et ordonne estre paié
audict pl'ocul'em' de fabricque, pour l'intention dudict feu
Charles Estienne, pOUl' aider à entretenir le ciel sur le grand
aultier" la somme de dix soulz de rente, psr" an.
Item ' Ordonne ledict testateur estre paie à la cha-
peEe do Monsieur Sa.inct Jehan Tuonmériaclec (1), pour l'in­
tention dudict feu Charles Estienne, ung boësseau forment,
meusure de 1\1 orlaix, de rente par an, et tout ce dessus, sur
tous et chacun sesditz hél'itaiges, et sauff assiepte ou ator­
née valable;
Hem Ordonne esLre dict et celébl'é une messe annuelle,
à chacun jour de la sepmaine, durant le ternps de trente ans,
commanczans le jour ensuyvant après Bondi ct .deczoix, en
lesglise des fl'él'es Minirnes de Cuburien (2), et par i,ceulz
frères, et pour ce fail'e ordonne leur esteR paié et baillé, par
chacltn an dlldict temps, la somme de vingt-quatre livres
monnoye;
Item ordonne estre paié et baillé à lospital dudict ivlol'-
laix cent quartiers forment, mesure dudiet Morlaix, par
chacun an, et leur estre assis en ses terres et héritaiges en
la paroisse de Guimaëc, ou (au) tenauer de Tréléver, à
commancer en la mestail'ie où demeure à présent François
Le Lay, et fournir de prouche en prouchain, y comprins en
ladicte as sie pte ung convenant que Monsieurde Goézbrient
a en icelle paroisse" quel a voulu et consent y ainsi le povoir
et lequel il a livré audict sieur de Keraudy, par
faire,
eschango, pour récompancze que ledict sieul' de Keraudy a
pl'Omis baille .. ung aultre convenant, en l'une des paroisses
(i) Saint-Jean-du-Doigt, dans le val de Traonmériadec.
(2) Le couvent de Saint-François de Cuburien, à 2 kilometres de
Morlaix, au bord de la riviere, rive gauche. Fondé en 1458, par Allain,
'vicomte de Rohan et de Léon .

ou Ploëzoc-,
. rrours ct sellon le conüact en faict y recours;
SUI t"l '
Item Ordonne estre paié, par chacun an, audict hos-
ital la somme de vingt-cinq livres monnoye de rente, il
P 1'" td' h'
estre prins et levés dessus ses 18rltalgps e rmctz erl-
tiers dudict Morlaix 0 ses fausbourgs, à chacun terme
de Saint Michel Montegargane (1), et sauff il estre faictc
assiepte en font de terre ou par rente et atournée valable
en iceulx, ct à commencer le premier paiement à ladite
SaÎlit ?vlicbel prouchaine après sondict décoix ;
Item pOUl' célébrer ce que lec.lict testateur ordonne
estl'e faict une messe à chacun jouI' de la sepmaine, audict
hospibl, dont l'une sera à nottes, à chacu:l dimanche et
vespl'cs, à chacun dimanche, et dont veult que son principal
hél'itier ait ct facze la présentation cles prebtres qui diront
lesdictcs mcsses et vespres, et pour ce faire ordonne leur
cstre paié et baillé la somme de vingt-cinq livres monnoye
de rante, chacun an, dessus tous et chacun ses béritaiges et
ch'oictz héritiers, esdictz ville et fausbourgs dudict Modaix ;
Item. Ledict testateur ordonne estre paié et baillé à
l'hospital de Lanmeur twys renées forment, meusure dudict
Lanmeul', de l'ente par an, à les prandre et lever dessus le
tolte (2) dudict Lanmeur.
Item. Ordonne estz'e paié et baillé à la chappelle de
Monsieur Sainct J éhan, près dc Penpoul, en l'évesché de
Léon, la somme de six li vr'es monnoye, une foys paiés.

(i). ~a S?i~t-Mic?el, qui se trouve le 29 septembre, après la moisson
termmce, etait a~clennement et est encore le terme le plus usité, en Bre­
tag:ne, p~)Ur le paiement des rentes. On l'appelle, clans les vieux titres
~amt-~~che1 lUon,t-cle-Gargan, .ou Monte-Gal'gâne, il cause d'une appari~
tlon. ce1ebr: de 1 ~.rchang~ Sall1t-MIchel, sur ·10. mont Gargan, dans la
POUIlle, pres la VIlle de SI ponte, en Italie. .

(2) T?lte, taille, impot ancien, d'où est venu le mot Maltôte· exaction
oonCUSSlûn. ' ,

Item. A la chappclle Notre Dame du Mur (1), la
somme de quarante-?inq escus d'or couroi1nés, à trente-deux
soulz six deniers piecce, une foys paiés, pour estre ern_
ploiés au proufilt et l'honneur de ladicte chappelle, avec
deniers par chacun dimanche, durant sa vie, qu'il di ct
dix
avoir faict veu et ordonnence, trente ans a ;
Cognoit ledict testateur debvoir à Katterine
Item.
Rolland un quartier forment, meusure de Morlaix, de
pour récompance de certains hér;itaiges qu'il ~voit
rente,
eu d'elle, en son temps, et lequel quartier formen t de rente
dict ledict testateur icelle Katterine avoir donné à la
fabricque de Notre Damo de Ploëzoch, et duquel quartier
forment de rente ledict testateur ordonne estr·o baillé
en ses héritaiges en la paroisse de
assiepto, en fond terre)
Ploëgaznou, à ladicte fabricque Notee Dame de Ploëzoch;
Item. Cognoit ledict testateur debvoir à Fiacre Rolland
un boësseau forment, meusure de Morlaix, de rente par an,
dessus ses héritaiges et sau[f assiepte, quel boësseau for-
meut de rente Ol'donne estre paié et continué à l'ad-
v- onir auclict Rolland, par chacun an, à chacun tenne
de la Sainct Michel Montegargane, ot co à commencer
audict terme prochain; .
1 tem. Dict et cognoit debvoir à Robert Ropere, Angloys,
contient en une cédulle par laquelle cognoit avoir
ce que
recepu (reçu) un pacq de drap ... par les mains de Richart
Sominier, serviteur dudict Ropere, apl'écié ledict pacq
à XIIII escus marchand
valloil' dix pièces de Douglas,
. d'Angleterre, chacune pièce de Douglas, et pour tout a
ordonné ledict testateur estre paié audict Ropere ou ses
hoü's la somme de cent dix livres monnoye, une foys paiés,
-ou lesdicles dix pieczos de toille de Douglas, à leur choix;
(i) L'ancienne collégiale de Notre-Dame-du Mur, de Morlaix, aujour­
disparue.
d'hui

Item. -- Cognoit debvoir à Richarf Septmès, Angloys, de
(1) neuf pieczes de toille de Locl'enan (2) et quatre
Tanto
nne
escus, escu marc~and d'Angleterre, et lesquieulz ledict
...... testateur ordonne estre paies audict Septmès, plus cognoit
testateul' debvoir audict Septmès douze livres de bré­
ledict
sill (3) et une verge troys quarts, à l'aulne d'Angleterre, de
vel , sauff que ledict testateut' a eu dudict Setmès quatre
oux
livres monnoye et lui doibt rabastl'e esdictz somaires une
piecze de drap bisoadre (?), et a ledict testateur dict et
cogneu sur cestes que chacune livre du brésill valloit lors
deux soulz tourlloys, et de tout quoy en ordonne estl'e faict
pai~ment audict Setrrès ; 1
Item. ' Cognoit ledict testateur debvoir à Jehan Best,
Angloys, de rest de marchandises, quinze pieczes de toille
Locrenan et cinq pleczes de DougIas,au plec d) Angleterre,
et lesquelles ordonne estre paiés audict Jehan Best.
Item. Cognoit ledic~ te'stateur debvoir à Jehan Dol-
man, serviteur de Richart Adam, de reste de maire (majeure)

(1.) Ce nom doit être altéré et défiguré, comme le .sont du reste tous
les noms anglais qui vont suivre. . .
(2) Locronan, bourg de 700 habitants, SUl' la route de Quimper ù
Lanvéoc, et non loin de Douarnenez, doit son nom à saint Ronan, soli­
du VIe siècle, qui établit son ermitage dans la forêt de Névet. Ce
taire •
fut autrefois une ville florissante et riche, grâce à l'industrie de la fabri­
cation des toiles, de la toile à voiles surtout, et l'on voit que Coëtanlem
en faisait un grand .commerce avec l'Angleterre .
. O~ y rel~arq~e ~ne grand~ et b~ll.e é~l,ise du ~ve siècle, mais trop
neghgée. aU]9urd hUI, bIen qu ~lle mente d etre classet! parmi nos monu­
ments hlstonques.
Les Espagnol~ occupèrent et pillèrent Locronan, en 1.594, pendant les
guerres de la ,LIgue. Le cO,mte de la Magnanne, le. trop fameux Anne
de Sanz.ay, qUI y passa apres eux, avec ses bandes de brigands acheva
de la rUIner complètement et n'y laissa, nous dit le chanoine' Moreau
« que ce qui était trop chaud ou trop pesant. » . '
Le voyageur qui passe aujourd'hui à Locronan se sent saisi d'une .
gl'ande tristesse, à la vue de belles maisons en pierres de taille dont
qu~lques-unes monumentales, habitées par de pauvres gens souv~nt en
haIllons, ou complètement abandonnées. . ,
(3) Le brésil est un bois rouge propre à la teinture.
BULLETIl'i ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. Tome XIII. (Mémoires). 18

somme, cinq pieczes tl'oys quartouron (quarts) de toille
Locrenan, au plec d'Angleterre, quieulz ordonne lui est

pales;
Item. Cognoit debvoir à Jehan Phelippes, Angloy
numbre de neuf pieczes de toille de Locrenan, au pie

d'Angletene, quieulz veult et ordonne luy estl'e paiés;
Item. Cognoit ledict Coëtanlem, testateul' susdict
à Thomas Aly, Angloys, par compte faict ent!' .
debvoir
Iedict Coëtanlem et ledict AIy, la somme de soixante-dix
neuf escus,escu marchand d'Angletel're, sauff que ledic
Thomas a eu dudict testateur de la toille et servietes à y
valloir; reste compter 0 luy et le croyre à sa conscience;
Item. Cognoit icelluy testateur debvoir à J eh an Guil-
ICl'm, Angloys-, cinq pieczes de toille de Locrenan et troys
et demye et demy quart de toille de Douglas, et houyt
pièces
olonnes, à cinquante soulz piecze olonne, sauff à rabattre
esdictes m'archandises dix douzaines de blanchet estimées
valloir vingt-cinq livres monnoye, et une piecze de Nor­
contre (?) estimée valloir cinquante soulz,. et ordonne ledict
Coëtanlem luy estre paié le reste dû ;
Item. Cognoit ledict Coëtanlem debvoir quelque
marchandise àJehan Adam, le jeune) dont veult et ordonne
ledict testateur que Ion compte avec ledict Adam et qu'il
et contanté, à sa vérification;
soit paié
1 tem. Cognoi t J edict testateur debvoir à Amice, qui
mariée 0 le père Jehan Best, le numbre d~
fut aultrefoys
cinquante-neuf pieczes de toille de Locrenan, rest de qua­
à la­
tre-vingt-deux pieczes, quel rest ordonne estr'e paié
dicte Amice ou ses hoirs;
Item, Dict ledit testateur debvoir à feu Gabriel de la
Boëssiére la somme de dix-houyt deniers monnoye derante
et les arl'éraiges d'iceulz, és dix ans derrains, quieulx arré-
raiges ordonne estre paiés et iceulx dixhouyt deniers de
rente continués, dessus lies héritaiges audict Morlaix;

Item. ' Cognait ledit Coëtanlem dcbvoie à Guillome
Quintin la somme de sept livres monnaye, pOUl' vente d'une
iecz de camelot que ledict Quintin bailla, du commende-

et lesquieulx sept livres monnaye ordonne ledict testateur
estre paiés audict Quintin;
Item. Dict et cognoit quil deuht à feu J ehan Moign,
six deniers monnoye de rente, et
de Ploëzoc'h, deux soulz
que Yvon Moign, fils dudict Jehan, eut dudict Coëtanlem
quatre livres quinze soulz monnoye, et peomist les défal­
quer et emploier en iceulx, au deczois de sondict feu pére,
reste SC~lVOÜ' si ledict filz survesquit sondict père et en
faire la raison;
Item. Ordonne estre paié aux héritiers de feu Yvon
le Cosquer, nourriceur de Anne Toupin, de Ploëigneau, la
somme_ de quarante soulz monnoye, gue cognoit leur deb­
voie, à justes causes, une fois paiés;
Item. Dict ledit Coëtanlem qu'il deubt au filz feu Huon
le Bescond, de Ploëzoch, qui est aussi décédé, soixante­
quinze soulz monnoye, auquel Marie Modicon doibt SUCC0-
der, laquelle MaL'ie doibt audict Coëtanlem, comme il dict,
plusieurs sommaires, à cause de reste du convenant où eUe
demeure, puix le décoix de son père, et dont ordonne ledict
testateur Iuy estee rabatu lesdictz soixante quinze soulz,
sur ce qu'elle pourra debvoir à cause de son dict conve-
nant;
Item. Dict ledict Coëtanlem quil doibt quelque eecom-
pancze à feu Hervé Kercren, ne scet com:)ien, ainsi reste
parler à ses héritiers et compter 0 eulx ; •
Item. Cognoit ledict Coëtanlem debvoir à la fille Hervé
Kercren, ne scet combien, ainsi reste parler à· ses héeitiers
et compter 0 eulx ;
Item -= Cognoit ledit Coëtanlem debvoir à la: fille Hervé
Laurens, de Ploezoch, ung boësseau de rente, dessus ses

héritaiges, sauff assiepte, et ordonne luy estre continué, pa
chacun an, pandant on faire assiepte, et en ce que sont le
arréraiges, ils ont été paiés à ladicte fille;
aux héritiers de feu Yvon
Item. Ordonne estre paié
Le Chever, de Ploëzoch, deux quartiers forment, meUSUr
de Morlaix de:rente et les leur continuer, chacun an, dessu~
ses héritaiges, pour recompanze de certains héritaiges,
qu'il avoit euz dudict Huon Le Chever, et leur paier oultre
vingt quartiers forme·nt., dicte meusure, pour les arréraiges
en restez;
Item. Ordonne estre paié aux héritiers feu Jehan Le
Galler, de Pl.oëzoch, sëxante soulz monnoye, une fois paiés;
Item. Dict debvoir aux héritiers feu Yvon Le Blons-
sad, qui sont sept, troys quartiers forment, meusure de
'Morlaix, une foys paiés, dont aulcuns sont paiés, sauf y
rabatre six ou sept livres, que ledict feu Yvon Le Blonssart
debvoit audict Coëtanlem ;
à Yvon Hamery, de Ploëigneau, en
Item. Dict debvoir

acq lit de François Quintin, la somme de deux soulz houit
à prandre et lever dessus douze
deniers monnoye de rente,
soulz que J ehan Le Meur ... d uelicL Ploëigneau, doibt dessus
le convenant ou Jehan Le Louët demorait, audict Ploëi­
gneau, et ordonne qu'ilz soient paiés audit Hamery, cha­
cun an;

Item. Ordonne ledict Coëtanlem estre paié, une foys
seulement, aux héritiers feu Y douart Le Minichy, la somme
de cinquante soulz monnoye ;
Ordonne ledict Coëfanlem estre paié aux héri-
Item.
Philipes Campi on, de Ploëjehan, la somme de
tiers de feu
quarante soulz monnoye ;
Item. Dict ledit Coëtanlem qu'il eust de feu Jehan Le
Mousterou, en son temps, plusieurs piecces de terre, par
eschange, 'sauf prisaige ... et dont il a baillé recompancze;
Icelluy Coëtanlem ordonne que le prisaige soit faict au

désir des contractz d'enh'eu!x, et que celluy qui debvra soit
paié;
Item. Cognoit ledit Coëtanlem, testateur surdict, deb-
voir aux hoirs de feu Jehan Le Ganbesou, a cause d'ung
nommé Le Guen,cinq soulz quatre deniers monnoye de rente,
pa. an, en rccompancze de certains hél'itaiges qu'il eust
dudict Gallbezou et Guen, ledict Coëtanlem ordonne leuI'
estre paié et continué losdictz cinq soulz quatre deniers de
rente, chacun an, au tempsacIvenir, dessus ses hél'itaiges a
PJoëzoch, sauf assiepte, et pour les arréraiges d'iceulz, 01'­
dOlU:>e leur cstre paié la somine de sept livres dix soulz
mOllnOle;
Item. Ordonne ledict testateur être paié a maistre
Johan Le Bigot et sa famme, de Plestin, la somme de cin-
q uan te soulz monnoye, une fois paiés;
Item. Ordonne ledict Coëtanlem, testateur susdict,
estre baillé et paié a Friscobaldy, la somme de deux cents
livres monnoye, une foys paiés ;
1 tom. Ordonne lec1ict testateur estre paié a Ernot do
marchand do Bordeaulx, soixante-livres tour­
Lesquallo,
noys, a cause de rest d'uno obligation que lediet marchand
cust de six vingtz livres tournoys sur Blanche Baellec;
Item. Ordonne ledict testateur estre paie aux onffans
Floch, la somme de soixante-quinze soulz
do feu l'vIargarete
monnoye, pour les recompanczes de troys boësseau de for­
ment de rente qu'il acheta deulx, en foible monnoye, une
foys payés;
Item. Ordonne estre paie aux veuffve et enffans de
feu Lucas Talec, pour parpaiement de certaine mise et
paine, que ledict feu Lucas fist en Normandie, a l'achat du
biscuyt pOUl' la caracque de laRoyne (1), la somme de sept
oscus soleil d'or, une fois paiés ; .

( ) La Cordelière, construite et approvisionnée par Nicolas Coëtanlem .

Item. A Monsieur .de la Palue, vingt livres monnoy
paiés; 'a Claude an Néron." de Lion, douze eSCli,
une fois
soleil; a Jehan Kermarhec, de Guicmaëc, troys quartierl
forment, meusure de Morlaix, une foys payés; a Yvo
la Coulongne, vingt-livres, une fois payés; ,
Robin de

Hervé Bihannic, une fois paiés, dix quartiers forment, dicte
meusure; a Constance Cozic, veufve de feu Renault de
Launay, veult et ordonne ledict testateur qu'elle soit paiée
et satisfaicte, tant des sommaires de monnoye et rente
au désir des obliga,tions et contractz d'en­
avec des levées,
tre ledict testa,teur et ledict feu Renault de Launay, a l'es­
guard des exécuteurs de sondict testament, des choses non
apurées et levées; a Guillaume Dagorn et sa famme vingt
quartiers forment, meusure de Morlaix, une fois paiés; a
Penot Foucquet, qu)il luy soit parfourny la récompancze
au désir des contractz d'eschange
de ce qu'il eust de luy,
a esgard de prisaigeurs, et quele tout soit prisé;
d'entreulx,
Item; A Guillaume Barruon ordonne estre paié six
escus soleil et deux ducatz; .
Item. ' Ordonne ledict testateur estre paié une foys à
Laurens Demay neuf livres cinq soulz monnoye, en acquit
des hoirs Thomas J égaden ;
Item. Ordonne ledict testateur estre paié a Gilles Le
Borigne quatre quartiers forment, meusure de Morlaix, de
rendant les contractz et procés que ledict Le Bori-
rante, en
gne disoit avoit' sur Thomas Jégaden ;
sieur de Roslan, deux
Item. A Yvon de Goezbriant,
quartiers forment, meusure de Morlaix, de rante et luy en
bailler . assiepte ; a Bernard Le Bihan, sieur de Pennelé,
quatre quartiers forment, meusure de Morlaix., de rente par
an; a Jacques Estienne, sieur de Kerguen, quatre quartiers
et demy forment, de rente par an, meusure de Lanmeur;
Item. Aux hoirs du feu sieur de Beznoult ordonne
deux:quartiers et boësseau forment, dicte meu-
estre paié

sure de Morlaix, de rente par an, dessus ses héritaiges et
sauf assiepte ;
Corre, faisant serment; à Jehan Coët-
Item. ' A Yvon
goal en , le l'est du convenant qui est 0 Monsieur de Kerga­
l'iou ordonne estre paié la somme de vingt troys livres mon-
noye, une foys paiés ;
Item. Ordonne estre paié à Pierres Kergournadech,
sieur de Kermoal, la somme de saize soubz de rente, dessus
Kerrain, et les arréraiges, par l'espacze de dix-sept ans;
Item. Luy estre baillè la récompancze de deux pièces
terre sui1 eust de Iuy, à Kerancalon, et les arréraiges
d'iceIes, pour vingt ans, vallans vingt quartiers forment,
meusure de MoL'laix ; .
Item. La somme de soixante soubz monnoye, pour la _
vente de deux arbres qu'il bailla à feu Jehan Coëtanlem,
testateur, aussi le vérifiant;
filz dudict
Item. Ordonne estre paié à Yvon Le Moal deux qU 3.r-
tiers forment, meusure de Morlaix, de rente par an, et luy
bailler assiepte; à André Le Bernet et sa famme ordonne
estre paié la somme de soixante quinze soubz de rente,
chacun an, à chacun terme de la Saint-Michel, dessus ses
héritaiges à Ploëjehan, sauf il en bailler assiepte à Mor'laix
à ses fausbourgs, dessus bon et suffizant gaige, au désir '

de son contract ; à Margarite Morvan, de Ploëjeban, un

quartier' forment, meusure de Morlaix, de rente par an ;
Item. . Aux hoirs feu Salaün Bellec, scavoir: maistre
Richard Henry et ses cohoirs, ung quartier forment, dicte
rente par an, dessus sa petite maison sur la
meusure, de
rlpve ;
Item.· Ordonne estre paié à Jehan Le Fézon, de Ploë­
jehan, la somme de quatre livres monnoye derente, par an,
dessus ses héritaiges à KerancaIon, a chacun terme de

Sainct Michel Montdegargane ;
Item. Ordonne Iedict testateur estre paié aux esgli-

ses et chapelles de sainicz et sainctes cy-après scavoÎL'
A la chappelle Notre-Dame de la Fontaine, dudictMorlai
un vestement entier pour dire la messe, de damas blanc
et troys eseus d'or;
A sa maison de Brennilis, ung es cu d'or;
A sa ' maison de Keranmenech, quy est entre Ploëne
Ploënérin,' y aller, et porter ung escu d'or;
vez (1) et
A sa chappolle où elle est en couche, en l'esglise des
frères préscheurs dudict Morlaix, la faire peindre de nou~
veau; .
A sa chappelle de toute Joye, près Lanmeur, ung es eu
d'or;
A sa chappelle de Vertuz, à Dinan, y porter ung es cu ;
A son esglise de Aliance (n, y porter ung escu ;
sa Ghappelle de Bonne Nouvelle, à Rennes, ung escu ;

A sa maison e-t chappelle de Vallesignant, en Angleterre,
un escu d'or;
A sa chappelle de Montreglise, en Normandie, ung escu;
A sa maison de Vardeloux (?), en Espaigne, ung escu ;
A sa maison de Guellen (2), y porter un escu ;
Nostre-Dame de Delivrance et toute Joye, près Pon­
torson, y porter un escu ;
(3) y porter ung es cu ;,
A Nostre-Dame du Merzer
Item. ' Faire faire ung imaige de Notre~Dame qui sera
nommèe Notre-Dame de Toutes Vertuz ;
A Monsieur Sainet Michel le Mont ~4), y porter ung eseu ;

(i) Plounévez-Moëdec et Plounérin, dans les Côtes-du-Nord, canton
de Plouaret. La chapelle de Keranmenec'h est intéressante. C'était une
aumônerie aux:. Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem et sa construc­
tion remonte au XVc siècle. Elle semLle avoir été fondée vers 1463 pal'
Pierre de Keranborgne, chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalem et com­
mandeurdu Palacret, dans la commune de Saint-Laurent(Côtes-du-Nord).
(2) Probablement Saint-Anne de Guellen, en Ergué-Arme'l.
(3) C'est sans doute La Martyre, commune du même nom, dans le
canton de Ploudiry.
(4) C'est le Mont Saint-Michel, en Normandie.

A Monsieur Sainet Jehan Baptiste, a Tuonmériac1ee llng
escu porté;
A Monsieur Sainet Jehan l'Evangéliste, ung eseu ;
A Monsieur Sainet Jacques en Calice, (1) y aller et pot­
ter un es cu ;
A Monsieur Sainet Mahé de Loug-Mahé(2), ung eseu ;
A Monsieur Sainet Bertelémé, Iuy faire vigille, le jour
de sa feste, et ung escu ;
A Messeigneurs Sainct Simon et Jude, faire faire leur
à Ploëzoc'h ;
chapelle,

1) Saint-Jacques de Galice ou de Compostelle, en Espagne.
de Saint-Jacques de Compostelle, fut un des plus fré­
e pèlerinage
et des plus populaires, durant tout le mo~~n-âge. Les Bretons
quentés
surtout s'y rendaient en très-grand nombre, SOlt par mer, SOlt par .
et leurs chants et autres traditions populaires l'attestent suffisam­
terre
ment: Ils .l'appelaient communément Samt-Jacques de Turquie (Sant
Jakès ann Durkès). D'où peut venir cette dénomination étrange? Je ne
sais mais je ferai remarquer que saint Jacques est souvent représenté,
dan~ les églises br~tonnes, ten~nt ~ la main,des .tenaill~s, outil ou attribut
semble convenIr plus parbcuherement a samt ElOI, patron des ma­
qui
mot breton turquès, (Inn dUl'quès, signifie la turque;
réchaux-ferrants.Le
chaque moitié d'une tenaille représente assez bien un croissant, a son
extrémité mordante, et c'est peut-être bien le croissant musulman, qu'ils
si fréque~ment en ~spagn~, que n~s pèlerir;ts. ont voulu figurer
voyaient
les ma ms d'un samt qu'Ils croyaIent d'orIgme turque.
ainsi dans
Les pèlerinages en l'honneur de saint Jacques commencèrent bien avant
le Xe siècle, dans les régions les plus barbares de l'Orient et de l'Occi­
dent. Le XIIe siècle est le moment de la plus grande popularité du saint.
On sent, dans le caractère des aventures merveilleuses qui lui sont
combien saint Jacques a remué profondément les imaginations.
attribuées,
dans la vie de Charlemagne et de Roland, de l'archevêque
Ainsi,
le ciel ce chemin d'étoiles (la voie
Turpin, Charlemagne, découvrant dans
lactée) qui peut conduire de la mer de Fflse a la Galice, et que les
Bretons appellent Hent sant Jakès, le chemin de Saint-Jacques, _
préoccupé, ~g~té, voit soudain a côté de lui. un be~u chevalier qui lui dit:
- « Que de8Ires-tu, mon fils? Hola! SIre, qUI es-tu? s'écria Charle­
« magne.· Je suis Jacques l'apôtre ... dont le corps est caché au fond"
c( de la Galice opprimée... Arrache-moi aux mains des Moabites. Ce
« chemin d'étoiles que tu regardes dans le ciel t'indique la route il suivr0
« avec ta nombreuse armée. »
Voila le premier fait connu qui constate la popularité et l'antiquité des
pèlerinages à Saint-Jacques.
(2) C'est l'abbaye de Saint-Mathieu de fine terre, de finibus terrœ
(Sant Vaze penn al' bed) dans la commune de Plougonvelin non loin
du Conquet. . '

A Monsieur Sainet Françoys, ung es cu ; .
A Monsieur Sainet Christophe, ung eseu porté;
A Monsieur Sainet Sébastien, liug eseu porté ;
A Monsieur Sainet Fiacre, près le Favoët, ung es~
porté;
A Monsieur Sainet Augustin, ung eseu podé ;
A Monsieur Sainet Yves., près Lantréguier, ung eso
. porté; ,
A Monsieur Sainet Nicolas., ung eseu porté, y aller un
foys;

A Monsieur Sainet ~ulien de Bouvantes (1)., ung esel!
porté;
A Monsieur Sainet Carantec, ung eseu porté;

A Monsieur Sainet Connen, de Ploëzoeh, ung eseu porté;
A Monsieur Sainet Anthoine, ung e~eu porté;
A Monsieur Sainet Vincent, de Vannes, ung eseu porté;
A Monsieur Sainet André, ung eseu porté;
A Monsieur Sainet Martin, ung escu porté;
A Monsieur Sainet Claude, en Allamaigne., ung eseu
, porté; ,
A Monsieur Sainet Lienard, ung escu porté;
A Monsieur Sainet Melaine, de Morlaix, pour aider à
édifier sa maison et esglise, la somme de cent livres tour­
noys;
A Monsieur Saint Thomas, des frères prescheurs de Mor­
ung eseu porté;
laix,
Aux sept Sainetz de Bretaigne, scavoir à Monsieur
Sainet Pierres, de Nantes, à Monsieur Saillet Paul, à Mon­
sieur Sainet Tudgoal, à Monsieur Sainet Guillaume (2), il

(i) Saint-Julien de Vouvantes, dans l'arrondissement de Châteaubriand,
dans la Loire-Inférieure.
(2) Dans cette énumération des Sept-Saints de Bretagne, il faut remar­
quer que saint Pierre' et saint Guillaume, qui n'étaient pas des saints
hretons, ont été substitués à $,ünt Corentin, de Quimper et à saint Pa-
tern, de Vannes. La vraie tradition s'altérait déjà. .,

Sainct Brieuc, à Monsieur Saint Malo, à chacun d'eulx ung
es porté, et faire le tour, ainsi que l'on est accoustumé,
et en ses despens (1) ;
testateur
A Monsieur Sainct Maudez de l'isle (2), ung escu porté;
A Madame Saincte Katherine, de la Villeneufve, près
Morlaix, ung escu porté ;
A Madame Saincte Margarete de Pontmenou, ung escu
porté;
A Madame Saincte Barbe, près le Favoët, ung escu
porté; .
A Madame Saincte Geneviève, a Paris, ung escu porté;
A Madame Saincte Anastase, ung escu porté;
Item. Dit et cognoit debvoir au sieur de Bren, dessus
certains ses hél'itaiges, en la paroisse de Ploezoch, scavoir,
par une instance, deux soubz six deniers, et par aultre ins­
tauce douze deniers, le tout de rente, une foys l'an, et les
arréraiges desdictz deux soubz six deniers par trente ans,
et desdictz douze deniers, pour seize ans.
ET POUR ÉXÉCUTEURS DE SON PRÉSENT TESTAMENT, ledict
testateur surdict, a choisy, nommé et ordonné,
CoëtanJem,
choysist, nomme et ordonne, par cestes: Saige et pourveu
maistre J ehan 1 e Cozic, sieur de Keruhe 1, seneschal de
Morlaix, si son bon plaisîr est d'en prandre la charge;
maistre Auffroy de Goazbriant, sieur de Mireval; Françoys
Quintin et Yves Demay ; Jehan de Botglasec ; Mi~hel Coë-
. (i) C'est-à-dire ~uivre l'itinéraire accoutumée pour accomplir le pèle­
nnage des Sept-Samts de Bretagne. On trouvera, à la fin de ce travail
ce pèlerina . '
une note étendue sur
. (2) Il s . de la, ~hapelle de' ou Modès, dans une petite
Ile de la faIsant de la commune de Lanmodès, canton
de Lézardrieux ( . .

tanlem, et chacun deulx par soy et pour le tout, et aux qUe
sesdictz exécuteurs et chacun ledict testateur a obligé
oblige et ypothecque tous et chacun ses biens meubles
héritaiges, présents et advenir, quant a fin de fournir, rai
et accomplir, et que deulx mesmes ils puissent 'vendre
explecter iceulx héritaiges, s'en saisir et jouir, tant diceul
que re/venu diceulx et empescher les heritiers dudict testa:
teur d'en jouir, jusques a entier parfournissementde ceste
comme dict est, voullant, veult et entend icelluy testateu.
que cestes tiennent en tout ou partie, ainsi que de droict e
par manière de
coustume pourront valloir et tenir, soit
codicille, derraine volunté ou aultrement, et que les causes
inutilles, si aulcunes sont, ne puissent vicier les choses
utiles, ains le tout ensemble ou chacune clause par soy
tienne et sorte a effect, sellon le contenu en cestes, et pour
la voulu et gréé, l'en avons, de
ce que ainsi ledict testateur
son assentement, par nosdictes courtz etchacunecondempné
et par ces présentes len condempnons.
Ce fut faict et gréè en la maison du manoir de Penanru, en
la paroisse de Ploëjehan, en la chambre derrèire sur le celier,
le unziesme jour d'apvril, l'an mil cinq centz dix houit, pré-
. sen tz ad ce et appellés a tesmoings : ~rères Hervé Sanceau
et Olivier Le Moyne, religieux de l'ordrè de Monsieur
Sainct Françoys; Katherine Auffroy et aultres, présentz
aussi a tout ce : Méauce Le Borigne, famme et compaigne
espouze dudict testateur" aucthorisée a souffire à sa requeste
au contenu en cestes faire gréer, consentir et tenir, et
Guillome de Goezbrient, sieur dudict lieu, lesquieulx sieurs
de Goezbrient et dame de Keraudy, pour leur-droict ' et inte­
ont consent y et consentent ledict contenu en:cestes et
restz,
ce que dessus sortir son plein effect, et ont promis ne venir
, jamais encontre par leurs sermens.
Sic signatum in originali: G. Goazbriant, passe .

- Ac sigillo
110stre slgltlatum. (1.)
curl
DENUUM DIE ET ANNO infrascriptis, propter infrascripta
ornparentibus coràm nobis officiali et commissario domini
Montemrelaxum, discreto viro magistro Auffrido de Goaz­
briant, prepo~ito sancti Petri de MiravaIle, Carcassonensi
diocesî executore testamenti seu ultime voluntatis quondam
c10mini temporalis, dùm "
nobilis viri Nicolai de Coëtanlem,
cora.m nobis apperti et publicati et eo
viveret, de Keraudi,
ex una parte, et nobilibus pot"entibusquè viris
nomine,
domino Johanne de Kergariou, domino temporali de Ker­
gariou, armate militie milite, tutore et administratore
naturali suorum liberorum ejus facto in quondam Katheri­
nam de Coëtanlem, ejus, dùm viveret, in primis nuptiis.l "
uxorem, procreatorum, ac Guillermo de Tuongoff, domino
temporali de Kergariou, etiam suorum Iiberorum, ejus facto
J ahannetam Coëtanlem, SU:lm dùm viveret in
in quandam
primis nuptiis uxorem procreatorum.l tutore, et administra-
tore temporali eisque nominibus partibus, ab alià; et eis
coram nobis comparentibus postquè dicti de Kergariou
sic
et de Kergadiou, nominibus predictis, conceperant et naturè
intellexerant tenorem et forman ejusdem t" estamenti coram
(i) Le no~bre et l'imp~rt~nce ~es legs de ce testament font supposer une
f~rtu.~e consIdérable. MaiS, ]e sms. plus frappé encore par la qUélntité de
pelerlllages que le testateur prescrIt dans cet acte de dernières volontés.
Be~uco~p ~es ~hape~les bretonnes, qui y sont désignées, ont disparu
aUJourd hm, et Il est llltéressant de po~vOlr constater qu'elles ont existé,
et, pour celles ~OIlt ,la date de fonda!IOn n'est pas connue, qu'elle doit
remonter au mOlllS a la, fi~ du !,-V. s!èc~e. Il faut r~ma!quer ellc~re que
beaucoup de c~apel~es,auJourd hm l objet de la devotlOn populmre, ne
sont, pas mentIOnnes" comme, par ~xemple, Notre-Dame du Folgoët,
Nohe-Dame de Bon-Secours, de Gumrramo Notre-Dame de Rumen rrol
A . 0 t) • ù'

amte- nne-la-Pa~ue, Sal,nte:-Al:me d'Amay. La raison en e,t, p~Ul'
q~181q~18s-unes, qn elles "Il e~(lsta1C;Jt pa:;, et, p" mi' le.:; aatt'cs, (IU'0118s
n avalent pas encore l'uripJrtance et la c01ébrin qn'elle~ Qut acquises
plus tard. Et v:mrtant le Folgoët? .. 1 "

nobis, ut predicitur, apperti et publicati, ac in processll
publicatif)nis ejusdem inserti in h mon testamento ejusdem~
que executione etquè suum sor'tiatur per nos et decernatur
juxta ipsius tenorem, vim, seriem,
debere sor'tiri effectum,
substantiam atque formam consentire dixerunt et
effectum,
per presentes consentiunt consensitquè, et pel' presentes
consentit quilibet eOl'Ul11, nominibus predictis, promittentes
et j urantes prout quilibet eorum promittit et jurat, etiam sub
ypothecquâ et obligationne omnium et singulorum suorum
bonorum, mobilium et immobilium, presentium . et futuro-
rum quorumcumque nunquàm contra illud testamentum
aut contenta in eodem venire ant executionem ejusdem
et super qui bus premissis omni-
quovismodo impedire : De
bus el singulis petiit dictus de Goezbrient, executor prefa-
tus, et eo nomine ... processum et relationem sibi fieri, decerni
et declarari, unde nos de eorumdem de Kergariou et de
processum infras­
Kergadiou, nominibus predictis, consensu,
criptum eidem excutori loco et tempore validum decerni­
mus, et per presentes decernimus in quorum omnium et
singulorum fidem, robur et testimonium, sigillum nostre
curie presentibus diximusapponendum.
Datum et actum die penultimâ men sis decembris, anno
Domini millesimo quingentesimo vigesimo primo . .
Constat datum ut supra.
RAPARDEC scriba transcripsit
et Ha fuit actum. '
ANNO DOMINI · MILLESIMO QUlNGENTESIMO VIGESIMO PRIMO,
mensis vero januarii sabatti die quarta, in et pro causâ peti-
testamenti seu ultime
cionis, declarationis, executionis
quondam defuncti nobilis viri Nicolai Coëtanlem'
voluntatis
do~ini temporalis, dùm viveret, de Keraudi, corâm nobis
et commissario de Pagocastelli, in ecclesiâ treco-
'officiali
jamdiu apperti et publicati, 'quam causam discretus
rensi,

vil' magister aç genaralis testamentorum curie nostl'e exe-
et eo nomine agens, movet et prosequitur coram
cutor
nobis, con tra et adversus heredes dicti defllncti et exe­
cutores ipsius testamenti, comparuerunt in judicio coram
nobis officiali et commissario prefato,apud MontemreIaxum.
Magister Petrus Torell, curie nostre advocatus, substitutus
dictî magistri et generalis testamentorum curie nostre exe­
cutoris, et eo nomine agens ex unâ, necnon discretus vir
Magister Allffridus de Goezbrient, prepositus ecclesie beati
Petri de Miravalle, Carcassonensis diocesis, ac nobilis vir
magister Johannes Botglasec, dominus temporalis de Ros
serff, executores nominati in testamento seu ultimâ vol un-
ta te dicti defuncti, et eis nominibus partibus, ab aliâ ; qui­
bus sic coram nobis comparentibus dicti executores, eoque
exhibuerun t nobisq uè ad oculos osten­
nomine, coram nobis
processum appertionis et publicationis dicti testa­
derunt
menti de datâ diei Mercurii sexto mensis novembris ultimi
elapsi existens, pel' quem apparet nobilem virum Guiller-
mum de Goezbrient, dominum temporalem dicti loci de
ad causam Margarete Coëtanlem, sue uxol'is,
Goezbrient,
filie que primogenite ac heredis ejusdem defunèti testatoris,
etiam suo nomine privato, consensisse in h mon testamento
et executione ejusdem, et què pel' nos decerneretur exequi­
bile et suum debere sortiri effectum, juxta ipsius tenorem et
formam, necnon quemdam actum coram nobis inter se
executorem et nobiles et potentes viros dominum Johan­
nem de Kergariou, dominum temporalem ejusdem loci de
Kergariou', armate militie militem, suorum liberorum ex
quondam Katherinâ Coëtanlem, suâ dùm viveret uxore, in
primis nuptiis, tutorem et seu administratorem naturalem,
ac Guillermum de Tuongoff, dominum temporalem de Ker­
gadiou, etiam tutorem et seu administratorem naturalem
suorum liberorum ex quondam Jahannetâ Coëtanlem, suâ
in primis nuptiis uxore, et eis nominibus ex unâ et aliâ res-

pective padibus agitatum, per quem etiam apparat ipsi de
Kergariou et de Kel'gadiou, nominibus pred:ctis, in h hmos
testamento et ejus executione et que' suum sortiretur ple­
narium affectum, juxta ipsius teno1'em et formam, consen­
sisse ad dictum testamentum, cujus '1en01'e et formâ evi­
denter constat et apparet dictum de Goezbrient ac nobilem
an Born, viduam seu relictam dicti
domicellam Meauciam
defuncti testatoris, ad omnia et singula pel' eumdem testa­
torem condita, legata et ordinata fuisse et esse pl'esentes nc
omnibus et singulis contentis in eodem testamento ex ecu­
tionequè ejusdem concessisse prout et quemadmodum in
h mo, processibus, acLis et testamento pro!ixiùs cautum
existit et fit mentio, et cum hoc dicti agens et executores
speciales prefati, nominibus predictis, respective petiernnt,
instaverunt et suplicaverunt, petuntquè, instant et suppli­
cant h mo, fOt'e et esse exequibile exequendùmquè et exequi
debe1'e, juxta ejus tenorem et formam, per nos decerni et
dedarari offerentes et offerunt dicti executores Olunis exe­
cutionis ejusdem in se assumere et illud executuri pro posse
demandare undè nos eorumdem suplicationi, tanquam justè
jurique et racioni persone merito annuentes attendentesquè
juste deprecationibus non sit denegandus assensus, visis
prius pel' nos hmos testamento et process.ibus et actis de-
super habitis et factis certisquè aliis ...... diximus' decla-
ravimus, decl'evimus et pronunciavimus et pel' presentes
dicimus decernimus, declaramus et pronunciarnus illud tes­
tamentum dicti defuncti fore et esse exequibile, exequen-
dumquè et exequi debere,juxta ipsum tenol'em, vim, seriem~
continentiam atquè formam, et quia dicti executores omIS
executionis ejusdem testamenti in se assumpserunt et assu­
munt fideliter que in et ci~'e9. hoc gerere et gesturos esse,tac-
. tis pel' eos sacrosanctis evange1iis~ promiser'unt et jurave­
runt, sub ypothecquâ et obligatione omnium et singulorum
suorum bonorum, mobilium et immobilium, presentium et

futuro quoru111cumquè ipsi et orum quemlibet volentium
rum
et consententiam ad reddendum coram nobis bonum et
leO'ale computum de contentis in eodem testamento, infra

triennium pr~ximum venturum tempus,et ex causa prolon-
gant et prorogantes condemnare duximus et per presentes
condemnamus,solvendo tamen interim tam citius fieri poterit
leg in eodem testamento et saltem eoque ad pias causas

legato existunt ...• .
RAPARDEC scriba et ita
fuit actum .

INVENTAIRE des lettres et produitz avecq les raisons
d*iceulx que nobles homs Francoys de Goezbriend, sieur
de Goezbriend, de Kerantour et de Rodalvez, curateur'
de damoiselle Margarete Coëtanlem, dame de Keraudy,
sa mère, présante, produid et exhibe devers les commis­
saires ordonne,~ par le Roy pour la réformation des fiefs
nobles aqitis avec la constitucion du duc Pierres, que
Dieu absolve. Et pour trouver les faidz de Noblesse de
part allégués estre le procureur ordonne en la com­
desrJ,itz fiefs nobles.
mission

A. Produict les pieces enssuy (suivantes) devant les-
ditz commissaires, le XIe jour de juillet lan mil cinq centz
trante neuff par lequel les procures de sesditz faictz furent
adjugées audict de Goezbriend oudit nom et les juges des
courtz de Morlaix, Lanmeur et Lannyon, Kerahes, Lesneven,
cechun commis. Le procureur du Roy dessus les lieux
appellé à la jurée des tesmoings et un notaire royal à l'en-
queste. Signé de Rialen, greffier. Cotté de la lettre A.
Item produict et exhibe un acte en parchemyn daté
jour de juign lan mil IIII centz LXXVIII, signé
le XXIXe
J. de Lermitaige et J. de Videlou, quelz estoint et furent
commissaires de par le Duc pour la réformation des ma­
noirs et héritaiges nobles, et prouvèrent par tesmoings
la noblesse de feu Nicolas Coëtanl~m, père
dignes de foy
de ladite dame a présent de Keraucly et héritière peinci­
palle et noble d'icelluy, et que ses manoirs de Keraudy et
de Toul-an-Lann luy debvoint demeurer exemptz et francz,
comme plus à plain ' est faicte mencion par ledit acte. -
Cotté de la lettre B.
C. Item produict ung mandement du duc Francoys,
que Dieu absolve, présentation et eXpédicion en la Chambre

des Comptes de Bretaigne de franchise, exemption et liberté
audit feu Nicolas Coëtanlem pour ses héritaiges
de fouaige
et les y demeurantz, en la paroisse de Ploëzoch, en consi­
et contemplacion des bons, gros et agréables ser­
déracion
vices que ledit Coëtanlem et les syens avoint faicts au Duc,
et démonstrant le Duc avoir désir de son continuel service,
apposa la clausule en son mandement, pourveu que ledit
Coëtanlem eust servy ledit seigneur en armes, lors et a la
foys que mestier eust esté, ainsi que 'les aultres noble~ de
son pays et Duch$, comme plus a plain appert par ledit
mandement, et expedie en la Chambre, du XIIIIe jour de
l'an mil HIle IIIIXXVIII, signé ainsi par les gentz
juillet,
des Comptes Monsieur le Duc, Jehan Le Nus et scellé. ' .
Cotté de la lettre C.
D. Item produict un double d'aultre mandement expédié
par mondit seigneur le Duc aux maistres, contremaistres et
marisniers de l'esquipaige des navil'es dudit Coëtanlem~
pour leu r agréable service, de don, concession, pel'mission
et privilège de noblesse,auquel avoit esté mys par inadver­
tissence de la condition noble dudit Coëtaillem le nom dudit
Nicolas Coëtanlem, quel estoit noble, parmy lesditz autr'es,
roturiers auparavant, et de faict s:opposa a la
quelz estoint
publicacion dudit mandement ... remonstrant estre noble et
ne vouloir en user, et fist devant le séneschal de Morlaix
information de sadite noblesse et de la notoriété d'icelluy et
et pour lor,s . tarda de la publicacion dudit mandemement,
plus a plain est contenu . par ledit double dudit
comme
mandement, d8:bté le premier jour de septembre l'an

mil IIII c IHIXX sèze. Cotté de la lettre D.
E. Item pour plus amplement trouver (prouver~) la
noblesse dudit Coëtanlem, produict Une feille de papier en
laquelle y a enqueste faicte par Jehan de Lesmaës, seigneur
en son temps de Lesmaës, et seneschal de la court de Tré-

léver, par la quelle enqueste et exammen quil fist de nobles
maistres Jehan et Guyon de Kersulguen, notables
gentz
personnaiges en leur temps et officier::; royaulx, fust trouvé
feu sieur de Keraudy estoit noble, subgect aux
. que ledit
armes et monstres et aux armes, lors qu'il estoit mandé,
aultres nobles dudit pays., et que mesmes il estoit
comme les
parant du sieur de Bourrouguell,par son père, quelle
proche
et encorres est d'an­
maison de Bourrouguell lors estoit
cienne chevalerie, de grande et ancienne noblesse, comme
à plain est contenu par la teneur de ladite enqueste dabté
le quart jour de décembre lan mil 1111 c IInxx troys.
Lesmaës, seneschal surdit. Cottè de la
Signédudict
lettre E.

F. Mesmes que ledit Coëtanlem a .court et juridiction
et officiers pour la délivrance et expédicion d'icelle; et en
icelle, par sesditz officiers est en posession de faire expédi­
cion et délivrance de justicze, appert d'eux actes de
provision à myneul's, dabtés le XVIe jour de janvier l'an
mil lIIle IInxx unze, signé de H. Guézennec, notair~ et
greffier, comme en icelles permest estre t'aictes par ladite
court de Keraudy, comme appert par lesditz actes. Cotté
de la lettre F. . .
G. Item pour prouver ladite noblesse dudit sieur de

Keraudy quil est en possession immémor.able d'icelle, et par
raison dicèlle estre en posession d'avoir et porter armes et
intersignes de noblesse, appert ung acte faiét au parsur de
la grande messe dominicalle de ladite paroisse de Ploëzoch
auchuns des nobles, par
vers les paroissiens dicelle et
lequel acte la maire (majeure) voix desditz paroissiens
des· prééminences que le dit sieur de
furent cognoissans
pal'oisse, et n'eurent à débastl'e
Keraudy a voit en ladite
qu'il n'en eust jouy, comme conste par ledit acte dabté le
dy~lanche Pasques fleuryes, douziesme jour d'apvril l'an

mil lIIle nnxx dix neuf. Signé de Yvon Cazin et J. Godee,
prebtres. Cotté de la lettre G. .
fI. ' Item à ladite fin un acte par la court de l'official de
Monseigneur 1) Archidiacre de Pougastel, quel produict, et
icelluy estre faict pour la préservation, conservation et
deffense desdites prééminences dudit seigneur de Keraudy
contre ses émlliateurs et malveillantz. Dabté anno Domini
millesimo quadragentesimo primo. Signé de maistre Auffroy
Goazbriand, official et commissaire quant ad ce de la court
de Monseigneur l'evesque de Tréguier, de Y. Martin,
notaire" et O. Séneschal, prebtre, exécuteur de la teneur
dudit acte, comme appiert par icelluy. Cotté de la let­
tre H.
J. . Item pour démonstrer la vertu noblesse et bonne
accoutumé de faire à son
affection que ledit Coëtalem avoit
prince, naturel service" monstre et appiert le marché que
messire Ollivier Coëtmen,
ledit Coëtanlem fist .avecques
grand Maistre q.e Bretaigne, et Jacques Guybay, capitaine
de cent gentilzhommes du Roy Loys XIIme, de fournir à
vituailles et aultres municions requises et nécessaires pour
la dépeche de gl'ant navire et carl'aq.ue (1) de Bretaigne,
ordonné par le (Roy) et la Royne estre envoyé en la mer
du Levant contre les Tures (Turcs) et infidéles et pour la
deffense de la Foy, ce que aultre que ledit Coëtanlem n'eust
faict ni osé entreprandre procurer.à si gros faict et dangereux
comme appiert par ledict marché et les moyens dicelluy
constent et apparaissent par les actes ensuiltz sur
quelz
ce. Cotté de la lettre J .

IL Item appiel't lettl?eS missives de par le Roy et
aultt'es,. de pal' mondit sieur le gl'ant Maistre, dirigés respec­
audit grant Maistre et audit sieur de Keraudy,
tivement

(1.) La Cordelière .

par lesquelles appiert la grande fiance et amitti0 que lesditz
seigneurs avoient ou bon service dudit sieur de Keraudy,
l'appellant et estantz acertenés de sa noblesse, noble vou~
loir et couraige. Cotté de la lettre K.
L. Pareillement produict le mandement dudit grant
Maistre pour faire lesdites vituailles, signé d'icellui
XXUe jour de febvrier l'an mil cinq centz. · Cotté de la
lettre L. -
M. Item produict un mandement de par mondit sieur
le grand Maistre au capitaine de Brest et audit sieur de
Keraudy pour l'adoubement dudit navire et carraque, signé
de mondit sieur le grand Maistre, en son original, et de
Y. du Rest, par coppie, par lequel il appier't l'affection que
grand Maitre avoit audit seigneur de Keraudy -'
ledit
Cotté de la lettre M .
N. Item produict et appiert une autre lettre missive de
par mondit sieur le grant Maistre dirigée aux juges ordi­
naires de la court de Morlaix, affin de remettre les termes
et causes que ledit sieur de Keraudy avoit et luy clespan­
doient, en ladite court, et ce pour raison de l'occupation que
ledit sieur de Keraudy avoit pour les affaires du Roy. .
Cotté de la lettre N .
O. Aussi produict aulü e acte et obligation que ledit
sieur de Keraudy obtint sur ledit capitatne Jacques Guybé, a
raison desdites vituailles et municions de guerre baillés et
délivrés par ledit Coëtanlem, pour l'entretenement de ladite
et des autres navires pour sa conduicte, a raison de
neff
quoy ledit Coëtanlem a enduré perte de plus de quinze mil
escuz d'or. Cotté de la lettre O.
P. Item pour prouver que ledit sieur de Keraudya,
faict lesdites vituailles et qu'il fist employ de facteurs au
faict de la dépêche dudit navire? appiert ung acte faict à .

Harfleur de livrée faicte a Lucas Talec, facteur dudit sieur
de Keraudy" d'un nombre de biscuyt pour fournir audites
vituailles.· Cotté de la lettre ·P.
Q.. Item pour prou ver les prééminanczes, excellence
de noblesse et vertus dudit Coëtanlem, ledit de Goezbriand
audit nom appiert et produict le procès-verbal rapporté par
ledit commissaire commis audit de Goezbriand audit nom
pour les preuves de sadite noblesse, dabté le dixiesme jour
d'aoust l'an mil cirrq centz trente neuff, signé dudit com­
missaire et Guillaume Marec, notaire royal. Cotté de la
lettre Q.
R. Aussi produict et appiert les Jurées des témoigns
produictz et présentez par ledit de G~ezbriand audit nom
vers le substitut du procureur de la court de Morlaix, l'une
dabtée le dixiesme jour dudit moys d'aoust, audit an, et
du XX VIc jour d'icelluy moys, à Morlaix et à Lanmeur
respectivement. Cotté de la lettre R.
S. Et pour véhémentement prouver le bon service que
ledit sieur de Keraudy avoit faict en son temps au Roy, et
aussi l'affection parfaicte que le Roy avoit vers ledit sieur
de K81'audy, icelluy seigneur diriga lettres patantes audit
seigneur de Keraudy, le remercziant de ses bons services
et plaisirs par luy faictz au Roy, signées d'icelluy, esquelles
est appelé par le Roy cher et bien aymé et seigneur de
Kera.udy, démonstrant la grande vertu et noblesse dudit
sieur de K81'audy, quelles il produict aussi et appiert. -
Cotté de la lettre S. .
(Archi~es du Finistère, série E, fonds
de la famIlle de Goëzbriand).