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Bulletin SAF 1886


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Thèse illustrée du collège des jésuites à Quimper

M. Trévédy

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VIII.
THÈSE ILLUSTRÉE
JESUITES A
COLLÉGE DES QUIMPER *

Le Journal Officiel du 28 avril 1886 et jours suivants, a
rendu compte du Congrès des délégués des Sociétés sayantes
'réunis à ]a Sorbonne. On lit notamment dans le numéro du
30 avril, p. 1869:

« SÉANCE DU JEUDI 29
« M. l'abbé' Boutillier (1), vice-président dp la Société Nivernaise des
lettres, sciences et arts, donne lecture d'une commun.ication relative aux
exercices dans le collége de Nevers avant la Révôlution.
({ Ces exercices s'offrent sous quatre formes distinctes: le drame, le
discours, la thèse philosophique, l'exercice purement scolaire.
c( M. l'abbé Boutillier a collectionné un grand nombre de grandes
affiches portant l'indication des sujets traités par les jeunes orateurs; ce
sont d'abord des panégyriques en l'honneur du grand Roi; puis des
sujets exclusivement littéraires ou spécialement Nivernais.
« Cette. collection, déposée sur le bureau, attire l'attention des membres
de la section qui admirent en particulier plusieurs thèses ornées de
grandes et magl1lfiqu~s gravures, éditées à Paris avec un soin remarquable
chez L. Cars, graveur ordinaire du Roy, rue Saint-Jacques, tandis que
le texte des thèses était imprimé il. Nevers.
« A l'occasion deg grands placards du collège de Nevers ...• plusieurs
délégués signalent en Provance et en Limousin des thèses ornées de
gravmes qui en font des œuvres d'art remarquables. Les documents de
ce genre méritent d'être soigneusement décrits; l'intérêt en a été jadis
M. Desnoyers, dans un rapport fait au Comité des travaux
indiqué par
de Grenoble, M. Chaper, a
historiques. Tout récemment un bibliophile
(*) Notice lue il. la séance du 27 mai.
(1) Curé de Coulanges-lès-Nevers .

blié une dissertation très intéressante sur des thèses du XVIIe et du
cette province. )'
Il Y a de singulières coïncidences: le jour 'même où
M.l'ab Boutillier faisait à la Sorbonne son intéressante
...... rnunication, je mettais sous vos yeux une pancarte
analogue à celles qu'il exhibait. Nous nous serions donné
le mot que nous n'aurion" s pas été plus exacts au rendez-
vouS. Cet heureux hasard m'a encouragé à me mettre en
rapport avec M. Boutillier, et il m'a répondu avec le plus
aimable empressement.
M. Boutillier a modestement réduit l'annonce du Journal ,
Officiel: en réalité, il n'a présenté que deuœ thèses i1lus­
une seule porte le nom du graveur Cars. Je me sen­
trées, et
tais un peu écrasé parce « grand nombre») de grandes affiches,
par' ces « plusieurs thèses ») illustrées dont parle le
Journal Officiel. Du moment qu'il n'yen a que deux, me
voilà bien plus à l'aise pour vous entretenir de l'unique
thèse que j'ai pu vous montrer le 29 avril.
Cette pancarte vous a paru mériter une description et une
étude.
mesure 75 centimètres de
Elle porte la date de 1752; elle
hauteur sur 52 de largeur; elle se compose de deux parties.
Le haut est occupé par une gravure de 38 centimètres de
largeur sur 29 de hauteur, représentant la Sainte Famille.
Les trois personnes sont assises autour d'une table ovale
d'une nappe blanche sur laquelle sont posés un
couverte
un morceau de pain. Au milieu, derrière la table,
couteau et
enfant de douze à quinze ans, est, assis sur un siége
Jésus,
assez élevé pour que les deux coudes soient au-dessus de la
table; les mains jointes, les yeux à demi levés au ciel,
les lèvres entrouvertes, il fait une prière. A gauche, la
Vierge, assise dans une chaise à dossier, tient sur ses
Sainte

'genoux une corbeille pleine de fruits. Son visage,.vu de profil

s~ penche vers Jésus qu'elle regarde avec l.me tendresse
sur une sorte de
maternelle. A droite, sain t Joseph, assis
banc ou de coffre très bas, lève les yeux en souriant vers
l'Enfant, qu'il semble écoutel~ avec ravissement. Auprès de
saint Joseph, se voient des planches et les outils de char-
pentier que sa main vient de quitter.
s'unissant dans la
L'artiste a représenté l'humble famille
prière avant de commencer son frugal repas. Cette œuvre,
pleine de grâce, de simplicité et de sentiment, mérite d'être
conservée.
La pancarte ne porte ni le nom du graveur, ni celui de
à Quimper, il est cer­
l'imprimeur. Si elle a été imprimée
tain qu'elle n'a pas été geavée en notre ville.
la feuille est occupé par un tableau encadré
Le reste de
que nous décrirons plus loin.

Une des pancartes illustrées pl'ésentées à la Sorbonne
par M. l'abbé Boutillier, présente la même disposition. En
haut, une gravure d'un caractère absolument différent de la
nôtre: « Elle représente, m'écrit mon obligeant correspon­
« dant, saint Paul prê~hant devant l'Aréopage; l'apôtre est
« debout; ses doctes auditeurs sont assis ou debout appuyés
« contre des colonnes. Ils écoutent avec une attention mêlée
« de surprise, et quelques-uns laissent échapper des sou-
« rires moqueurs. C'est vraiment grand et magistral. La
« gravure est signée: A Paris ehez L. Cars Gr ordre du
« Roy, rue Saint-Jacques. La thèse porte la date de

La disposition de If!. seconde thèse présentée à la Sor­
bonne est absolument différente.
« Cette thèse, qui est de la même année que la première,
« rtiprésente deux anges debout, de toute la hauteur de la
« pancarte, soulevant grâcieusement un élégant cartouche

« thèse. Le nom du graveur a été omis. Les anges sont de
« grand style, et a la Sorbonne on les a fort admirés. »
Reveno~s a notre pancarte.
J'ai dit que la partie inférieure de la feuille est occupée
ar un tableau encadré.
D. O. M. Au-dessou~, en titre, et sur deux lignes:
tres
THES ES PHILOSOPHIC.E
EX MORAL! . EX MET APHYSICA
EX LOGICA
Les noms de trois parties de la philosophie sont en tête ·
de trois colonnes contenant chacune cinq sujets de thèses.
Au-dessous de l'énoncé des quinze thèses, on lit en une
ligne:

HAS THESES, DEO DUCE ET AUSPICE DEIPARA,
TUERI CONABUNTUR
Suivent, rangés en trois colonnes, correspondant aux
mots logique, morale, métaphysique imprimés plus haut,
Jes noms de trente répondants, dix pour chacune des trois
c'est-a-dire deux répondants par thèses: c~lui qui
parties,
attaque et celui qui défend. Une thèse est un duel véritable,
mais un duel a coups d'arguments (1).
Ces trois listes nous donnent les prénoms, les noms patro­
nymiques et les lieux de naissance ou de domicile des ré­
pondants. Tout es(écrit en latin sauf les noms patronymi­
ques.
A: la suite de 26 de ces noms, on lit une de ces expres­
sions, sodalis, clericus, Acad, Ass. ou Acacl. Assess ... :
c'est-à-dire sans doute A cademiœ A 'Ssessor.
(i) Oppugnatio, propugnatio. Dict. TRÉVOU.X. Vo Thèses •

Le Sodalis n'est pas comme je l'avais cru, l'élève du
collége; c'est, me dit M. l'abbé Peyron, le membre d~ la
congrégatio.n établie au collége. Le Clericus, c'est d'ordi_
naire l'élève de philosophie portant la soutane ou même
ayant pris la tonsure (1); mais il semble que par ce mot il
faut entendre à Quimper l'élève de 2 année de philosophie,
partie de la congrégation des ecclésiastiques, "et
qui fait
Pères enseignent tout ce qui regarde les fonc-
auquel les
tions sacerdotales (2). . "
Qu'est-ce que l'A ssessor Aeademiœ? C'est sans doute le
membre d'une société littéraire, ayant son siége au collége,
et composée apparemment des meilleurs élèves, des plus
forts. Parmi les trente répondants, il y a treize académi­
cieIl:s, au nombre desquels neuf sont sodales ou elerici.
Quatre des trente répondants ne sont ni sodales, ni
cLerici, pas même aeadémù:lens'. .
Nous avons dit que les lieux d'origine de chacun des répon­
dants sont indiqués. Ces indications noùs apprennent que
les éléves venaient des trois évèchés de Vannes, Cornouaille
mais surtout des deux derniers; c'est-à-dire du
et Léon,
Finistére actuel, plus une partie des Cotes-du-Nord. De
n'appartient plus à l'évê­
cette pointe de la Cornouaille qui
ché de Quim pel', je Ü'ouve quatre J'épondants de Corlay,
Saint-Gilles-Pligeau, Rost.renen, et deux de Plouguernevel
qui n'avait par alors de collége (3). '
trente thèses seront débattues, dit l'affiche, ,
Ces
In aula Collegii Corisopitensis s9cietatis Jesu, diebus

(1) TRÉVOUX. Vo Clerc.
(2) M. FIERVILLE, H'istoire du Collégè, que j'aurai encore à citer,
p. 56. Cet enseignement était fondé au collége de Quimper avant 1652.
(3) Les lieux d'origine sont indiqués par l'adjectif l~in avec la termi­
naison ensis ... Ex: Corisopitensis, Leonensis : Deux élèves de Maël-Pesti­
vien et de Saint-Gilles-Pligeau (Côles-du-Nord) sont dits Maël-Pesti­
viensis et Sangilliensis-Pligealt.

2 4, 7 ~ 9 et 11 août, à trois heures du soir. 1752.)

cules:
PRO ACTU PUBLICO. (Exercice public) .
Ainsi la pancarte est une annonce de thèses a Mbattre
. ubliquement, à raison de trois par après-midi, 'une de
dants doivent prendre la parole chacun de ces jours.
Le rendez-vous est donné dans la cour du collége fondé
en 1624, et qui n'était pas encore achevé en 1652.
Un ancien professeur de philosophie à Quimper a con­
servé les souvenirs de l'ancien collége dans un livre publié
en 1864 (1). Cette histoire du eollége est trés-intéressante;
mais j'y ai vainement ch81'ché un souvenir de l'A eadémie
dont notre pancarte fait mention, et je n'y trouve pas non
plus, . du moins mentionné explicitement, l'usage des
thèses latines soutenues en public.
L'auteur nous apprend seulement «qu'à la rentrée des
« classes et au synode de la saint Luc, (apparemment au
18 novembre, fête du saint), il y avait des séances littéraires
auxquelles étaient solennellement invités les principaux
habitants et les ecclésiastiques. » Il nous donne ]e texte
latin d'une de ces invitaüons pour le lendemain de la saint
Luc 1636. Cette fois on promet aux invités qu'un rhétoricien,
leur « trés-humble serviteur, (addictissimus) démontrera,
« avec la grâce de Dieu, que les belles lettres concourent
({ au perfectionnement de l'homme en société. » (p. 83.)
La fête à laquelle convie notre pancarte ne ressemble pas
à ces exercices purement littéraires.

(1) Histoire du Collége de Quimper, par Ch. FIERVILLE, licenc: ~
èS-:,lettres, régent de Philosophie, Juillet 1864. 1 vol in-8° .

L'histoire du collége parle en un autre endroit (p. 88)
« d'exercices publics établis à la fin de l'année scolaire pOUr
« contrôler la force des études)); et elle indique ces exer ...
cices pour les classes de cinquième à rhétorique.
J'ai sous les yeux quatre placards de 1778-1782-1787-1791
assignant aux derniers jours de juillet et aux premiers jours
d'août des exercices pour les classes de cinquième et de
Trois sèances sont consacrées à chaque classe.
seconde.
Les exercices doivent,sans nul doute,avoir lieu en français:
à proprement parler, ce sont des e:JJamens de fin d'année
que passent les élèves. Rien n'indique que, d'ordinaire, cet
examen doive être public. Le contraire, semble résulter de
la pancarte de seconde pOUl' 1787. Cette pancarte annonce
l'e:JJercice de la classe pour vendredi et samedi, 3 et 4 août
à huit heures et demie du matin et de'ux heures du soir;
au pied on lit en note: « Dimanche,5 du cOllrant, à midi et
« demi, les écoliers de cette classe se proposent de mettre
« sous les yeux du public les pièces qui auront été l'objet
«( des affiches particulières avec quelques autres~ Ils dési-
. « rent l'avoir pour témoin sinon de leurs succès, du moins
« dcs efforts qu'ils ont faits pour mériter son suffrage. » (1) .
Faut-il voir dans notre affiche une invitation à un exer­
cice analogue pour la philosophie ~ En ce cas, nous aurions
à rectifier la date donnée par l' Histoire du Collége. Elle
semble rapporter la création des exercices publics à 1765,
après l'expulsion des Jésuites, et faire honneur de cette
innovation à l'abbé Bérardier, qui prit, en 1762, la direction
Or nous voyons par notre pancarte que, dès
du collége.
1752, on soutenait au collége et en public des thèses latines •
Quoiqu'il en soit, il s'agit ici de discussions philosophi-
haute métaphysique.
ques et même de
(i) L'auteur de l'Histoire du Collége avait déjà eu sous les yeux la
pancarte de i778 et quatre autres. . . Nous donnons en appendice,
page H2, quelques détaIls sur ces pancartes .

Dans les pancartes de 1778, 1782 et 1787, il n'est plus
ues de l'Académie mentionnée en 1752. N'existait-elle
tion
COIllme tout. a changé! Quel étonnement, si, pour l'inau­
ration du Lycée qui s'achéve, on donnait pendant cinq
soutenues par deux répondants et en latin! La cour est
vaste et peut contenir des centaines de personnes.
premiére difficulté ..... Trouvera-t-on trente répondants
parlant latin 1 Si on les trouve, combien pourra - t - on
leur procurer d'auditeurs 1 ... Il n'y a plus aujourd~hui que
et les ecclésiastiques à entendre la langue
les professeurs
latine, et eux seuls seraient dignes d'assister comme juges
a ces duels à coups d'arguments latins.
Mais aux derniers siècles, les choses étaient autres; et
de fort grands personnages illustres mème dans les armes
savaient et parlaient le latin. En 1648, Bossuet finissant ses
études, dédie sa thèse de bacbeli'3r au Gouverneur de Bour-
Ce gouverneur a vingt-sept ans, il lit la thèse qui l'in­
gogne.
téresse; et il vient l'en tendre a vec une sui te nom breuse. La dis­
cussion s'échauffe; le jeune répondant déjà éloquent surprend
et ravit le gouverneur; peu s'en faut ci ue celui-ci n'inter­
vienne de sa personne dans cette lutte courtoise, et n'argu­
mente en latin au milieu de la faculté de théologie. Ce
gouverneur était le vainqueur de Rocroy, de Fribourg, de
et de Dunkerque; il avait appris le latin chez
Nordlingue
Jésuites de Bourges, et si bien qu'il ne l'avait pas oublié •
les
Un autre homme de guerre sachant le latin et ferré en
théologie, c'était Gustave-Adolphe. Après lâ prise de Munich,
alla voir le collège des Jé~uites et se prit à dis- .
en 1632, il
puter en latin avec le recteur; puis il· mit aux prises avec
-IlO
un' autre jésuite le jeune Gassion, alors colonel au service de
la Suède; et qui devint maréchal de France (1).
Bien plus près de nous, et jusqu'au commencement de
ce siécle, les thèses de licence romaine se passaient, par
latin; mais je n'ose dire dans la
une vieille tradition, en
langue de Gaïus et de Papinien. ~1. de Corbière, professeur à
Rennes et depuis Ministre, parlait le latin comme le fran_
çais; mais il admettait qu'on ne le sût pas aussi bien que
lui. Il laissait le candidat libre de choisir l'une ou l'autre
langue (2). '
Trente ans plus tard, il y a trente-huit ans, même parmi
les forts en thème du collège royal de Rennes (et j'en
pas un ne parlait couramment le latin.
étais!)
Cette note était écrite lorsque m'ont été communiquées
analogues à celles que M. l'abbé
deux thèses illustrées
présentées à la Sorbonne. Mais le placard
Boutillier a
illustré que je vous ai soumis, le 29 avril, portant invitation
d'assister à la discussion de thèses latines publiques, reste
seul de son espèce jusqu'à présent.

Notre confrère, M. Peyron, m'a montré une pancarte de
1 mètre de hauteur sur 67 centimètres de largeur, sans comp­
ter les marges. Elle est divisée en deux parties égales: en
haut est une gravure reproduisant le tableau de Po~ssin, les
Pierre et Jean guérissant le paralytique à la porte
apôtres
du Temple. Sur une des marches du Temple, on lit:
Raymond sculp ... illarbouré excudit. Rue Saint-Jacques,
au-dessus de la fontaine Saint-Benoist. • ,

(1) CARD. DE BAUSSET, lIistoire de Bossuet, l, p. 20 et suive
(2) Il demandait ordinairement: « Vis ne Iatinè loquamur? » Un
jour un candidat répondit: « Volo benè. » M. de Corbière reprit, avec
un imperceptible sourire: « Eh bien! " parlons français. »

III
Au-dessous, est un tableau encadré,de mêmes dimen~ions,
u milieu duq ùel est figuré un voile. Au bord supérieur,
a h l' .
dans un élégant cartouc e, on It les mots: Petra sanantl,
dédicace à l'Ap6tre représenté dans la gravure au-dessus.
sur le voile sont imprimées les propositions d'une thèse de
théologie qui a pour sujet les Sept Sacrements. Au bas, il
c( Has theses, Deo duce, et auspice Deipara., ..
est écrit :
« tueri conabitUl~ Joannes Dominicus Poul piquet de Bres­
« canvel, presbyter leonensis ... Xi décem bris 1784. »
Le champion de ceite thêse a été depuis, évêque de
Quimper (1823 1 er mai 184c)).
La seconde pancarte illustrée est encore plus vaste :
m .05c. de hauteur sur 75 centimètres de largeur. Je la dois
à l'obligeance de not1'D Secrétaire, M. Serret. La disposi-
tion est la même. En haut, une fort belle gravure reproduisant
le tableau célébre de Poussin : Le Jugement de , Salomon.
Au-dessous un tableau encadré; au milieu du bo'rd supé­
rieur un élégant cartouche port3:nt ces mots: Sapienter
judicanti. A droite et à gauche, deux anges en cariatides
soutenant un voile sur lequel sont imprimées l,es proposi­
tions de la thése ainsi intitulée: « Quis docet hominem '
scientiam ? » Qui enseigne la science à l'homme ~
Cette thése de théologie a été soutenue en 1763 « in
scholis sti Mathurini » pJ.r Jacques Mars, prêtre de Paris.
La gravure et la thèse portent l'indication: A Paris)
chez Secquet, Place Cambra!!, à l'image Saint-Maur.
Cette pancarte est de beaucoup la plus belle des trois
que nous avons vues.
On 'indique une autre thèse de théologie du même type,
de la faculté de Paris; une thèse de la faculté de Besan­
çon au Musée de Rennes, enfin des 1hèses du même genre
de la facuIté de Caen, pour les grades de bachelier et de
vers 1780 .
licencié en droit,

Il semble permis de conclure de là que, aU dernier siècle
l'usage général pour les thèses de théologie et de droit était
l'impression sur une pancarte illustrée.
Les pancartes que nous retrouvons font regretter que
tant d'autres aient été perdues. Et encore les gravures que
à la
nous avons vues étaient-elles dans le commerce et
portée de toutes les bourses. Quel était donc le luxe des
gravures faites exprès pour certains candidats? Quelle
par exemple cette thèse de Louis-René de Rohan
était
(le trop fameux cardinal), dont l'impression coûta dit-on
30,000 livres ? ....
La désuétude de cet usage des thèses illustrées est re­
grettable. Aujourd'hui, au lieu d'énoncer simplement les
propositions d'une thèse, on écrit une brochure: c'est un
danger pour l'auteur! Cette brochure est adressée en sou­
venir de respect ou d'amitiè: combien peu la lisent! Si, au .
dernier siècle, la thèse n'avait pas l'honneur d'ètre lue, du
moins pouvait-on garder la gravure, et l'hommage du
n'était pas stérile.
candidat

Appendice .
DE f778, f782, f787, f79L
LES PLACARDS
Les trois premiers, qui le croirait? ont servi à couvrir des dossiers
du receveur des décime.s, Laënnec : voilà comment ils ont été con-
servés aux archives de l'Evêché! - Les élèves qui doivent répondre .
sont:
Eu i778, cinquième....... 72.
En i782, cinquième....... 59.
En i 7 87, seconde......... ~2.
En i79f, cinquième....... 53.
En i778, il Y a deux élèves qui se proposent d'expliquer de mémoire
tous les auteurs qu'ils ont étudiés. (Phèdre et Appendix de Diis et Heroï­
bus poeticis).

En :179:1, aucun élève ne se propose plus d'expliquer de mémo-i1'~.
Ds expliquent Phèdre, Arpendice et Selectœ à pro(anis historiœ.
En :1782, la liste des auteurs de cinquième est autre: outre ces deux
liV"res, elle comprend les deux premiers livres de Septime Sévère, et
l'Abrégé d'Auréliu,s Victor; aussi pas un élève ne se propose d'expliquer
tout de mémoire; mais beaucoup offrent d'expliquer ainsi l'un ou l'au-
tre des auteurs.
Il y a, cette année, des élèves de Guingamp (Ev. de Tréguier) et de
Quintin (Ev. de Saint-Brieuc).
Un autre placard de 174,4, vient de m'êtTe communiqué. Il est un peu
différent de ceux dont je viens de parler; en voici la description:
En tête une petite gravure presque carrée (8 c. 1/2 sur 8).
A chaque coin un ange est assis. Celui de gauche en haut et celui de
droite en bas, soufflent dans une sorte de trompette; celui de droite en
haut joue d'une guitare; celui de gauche en bas, montre le ciel de la
main droite et porte la, main gauche sur des fleurs.
Au milieu le monogramme du Christ dans une gloire. TI est surmonté
de la eroix et entouré de l'exergue: .
Nomen ' Domini· Lauda bile.
Au-dessous, on lit en quatre lignes:
FabzÛarum Phœdri ' librwn primum - explicabunt - Selecti quin­
tani collegii COl'isopitensis societatis Jes~l .
(Quelques élèves de cinquième du collége de la Société de Jésus, à
Quimper, expliqueront le premier livre des fables de Phèdre).
. Suivent 10 noms d'élèves de familles connues, pour la plupart de
Quimper, Brest, Quimperlé: le tout en latin.
Au-dessous, le mot Hemoriter (de mémoire, sous-entendu explicabunt).
(Expliqueront de mémoire).
Quatre noms d'élèves, dont un indiqué comme Ponsabbatensis (de
Pont-l'Abbé).
Enfin au-dessous, il est écrit:
Dêclameront quelques (ables de la Fontaine:
Suivent 10 noms en français: le dernier
est celui de Toussaint-
. d~ Silguy, fils du sénéchal.
Au-dessous :
Exercitationem excipiet Prœrniorum distl'ibutio.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. Tome XIII (Mémoires).

In colle(Jio Çorisopitensi societatis Jesu. ' Die veneris ~4 ap1'ilis
anno 1744, hora post mel'idiem sesqui-sècunda .
(L'exerciee sera suivi de la distribution des prix.
Au collége... le vendredi ~4 avril 1744 à deux heures et demie
. après midi). .
Il s'agit, comme on le voit, de la distribution des prix à Pâques; il
semble résulter de là que les exercices publics avaient lieu à Pâques aussi
bien qu'à la fin de l'année .

M. Gauguet, capitaine du génie en retraite, bibliothé_
caiL~e de la ville de Quimper et bibliophile distingué, vient
d'offrir a la Société r1 rchéologique six pancartes émanant
du collége de Quimper. La Société a ordonné le :dépôt de
ces documents dans sa Bibliothéque.
Cinq de ces pancartes sont analogues à celles que ' nous
avons ci-dessus décrites; elles sont de 1787-1788-1792;
elles nous font connaître le nombre des éléves de chacune
de ces classes à l'époq ue voisine des jours ou le collége fut
fermé, et nous apprennent les noms des auteurs étudiés en
chaque classe:
Voici ces renseignements résumés :
Cinquième 1788; 49 élèves. .
Selectœ à Veteri Testamento historiœ. Appendix de
Diis et Heroïbas poeticis. Phœdri, lib. 1;23.
Religion . Géogt'aphie.
Cinquième 1792; 31 ,élèves.
Les mèmes auteurs.
Pour la dernière fois, il est question dans cette affiche '
explications il, faire de mémoire .
des
'T:,oisiéme 1787; 5! élèves.
1 Cicéron. Giflees. Livre ter. Oratio pro Arc/da et Li-

garw.
2° Extraits de Vegèce, de "elleius Paterculus, de Valère
'Maxime, d'Aulu-Gelle, de Frontin, de Macr'obe, de Quin­
tilien et de Florus,

go Virgile: Enéïde? live 1, 2, 3, 4.
40 Ho race. Li v. 1 er des Épîtres.
50 Les métamorphoses d'Ovide (1 livre). '
Religion. Grammaire franç'aise. Histoire (de Rome). Géo-
1792; 25 élèves.
Troisième
Mêmes auteurs qu'en 1788; cependant les Offices de Ci­
céron ont disparu du programme.
Seconde 1792; 20 élèves.
Virgile, Horace, Cicéron, Salluste. Principes de l'A-
pologue . . Premiers, principes du goût. _Quelques no-
tions sur l'Ode et l'Epopée. L'histoire de France.
On lit sous 'cet article: « Il est intéressant pour des
FI'ançais de connaître cette histoire. Nous l'avons fait lire
en classe.» Il semble résulter de là que l'histoire de France
n:était pas à proprement parler un objet d'étude.
A la fin des notes on lit : « Il est inutile d'avertir que la
Religion a fait constamment l'objet de nos instructions;
que nous avons sansce.sse rappelè à nos élèves les senti­
ments qu'elle inspire: l'on sait assez qu'elle est la base de
toute bonne éducation. »
La 6 pancarte offerte par M. Gauguet se rapproche au
contraire par son objet de la pancarte illustrée de 1752 que
nous avons décrite. Mais quelle différence entre ces deux
pièces 1 Au lieu de la belle gravure de 1752, une mauvaise
vignette sur bois, de quelques centimètres carrés.
Ici, comme en 1752, il s'agit de thèses latines à débattre,
non plus dans la cour du collége, mais dans la classe de
y a une thèse de métaphysique en 10 proposi ...
logique. Il
tions, et une thèse de ' mprcûe en 2 propositions.
Ces thêses doiven~ être débattues le 25 juillet par quatre
jeunes gens de Glome], Plevin, Morlaix et Pluguffan, choi-

sis parmi les élèves de logique, tous Academiœ aS8essores.
La discussion doit s'ouvrir a deux heures de l'aprés-midi
et durer jusqu'au soir.
Dans ·cette affiche écrite en latin et imitée de celle de
1752, les anciennes formules sont conservées. En tête, au-
dessous de l'image, est écrit en grosses lettres Virgini
Deip,arœ. Et, après l'indication des thèses" on lit: Ras
theses, Deo duee et auspice Deipara" tueri conabuntur .•.
Enfin au pied de la feuille: Pro A ctu publico.
Cette affiche nous apprend que l'A cadémie fondée au
collége par les Jésuites leur avait survécu, et, elle lève le
doute que j'avais' cru pouvoir exprimer a cet égard (p. 109) .
Si nous rapprochons toutes ces pancartes, nous pouvons
reconnaître la décadence progressive du collége de Quim­
sous- le rapport du nombre des élèves. Le collége
per,
comptait
cinquième 1778.
En 72 élèves.

En troisième 54

seconde 42

J. TREVEDY,

Ancien Président du Tribunal civil
de Quim{ler,
de la Société archéologIque
Vice-Président
du Finistère •