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Bulletin SAF 1885


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Promenade à Quimper (article 4)

M. Trévédy

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IX (Suiter·

CHAPITRE V

Auditoires des Justices. Fourches patibulaires. .
Casernes. et Fours banaux. . Jeu de Paume.
- Maisons prébendales. Rentes singulières payées
au Roi et à l'Évêque. Quelques droits seig:neuriaux.

AUDITOIRES DES JUSTICES •
Ogée se plaignait au dernier siècle, qu'il n'y eùt pas à
Quimper cc un temple de la Justice. » Que de juridictions
cependant sJexerçaient dans notre ville à cette époque! Et
d'abord trois juridictions royales: Présidial, Sénéchaus-
sée (**), Amir'anté; , puis les deux jUl'idictions de l'Eveque,
ecclésiastique et séculière; enfin six hautes justices:
celle du fief de QUémenet, dépendant du marquisat de
Pont~Croix, celle de Coatfao et Pratanras (par. de Penhars
et 'Pluguffan) du Plessix-Ergué (par. d'Ergué - Armel),
du Hilguy (par. de Plogastel-Saint-Germain), mentionnées
par Ogée, et deux hautes justices omises par lui: celle du
prieuré de Locmaria et celle de la Commanderie de Saint­
Jean.
Nous avons dit que la justice ducale, puis royale, sJétait
exercée autrefois hors ville, à la Tel~re au Duc~ d'abord
dans un auditoire non loin de la rue de la Vieille-Cohue,
puis cc dans un beau logis,... devant la porte Médard.»

rl,,) Voir ci-dessus, p. 213, 253 et 317.
(* '~) Le présidial et la sénéchaussée formaient en réalité deux juridic­
tions, bien que ne formant qu'une seule compagnie .
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. Tome XII. (.Mémoires). 27

Mais, ce dernier édifice 'ayant été abattu quand le duc

d'Aumont menaça Quimper, il fallut chercher un audi­
toire ailleurs. Le chanoine Moreau donne même à enten­
dre que, dès la création du pr2.sidial (1551), « les juges 1'0-
« yaux empruntèrent une partie du monastère des Corde-

« li ers pour y tenir leurs audiences. ).1
Plus tard, le présidial se trouvant mal installé acquit
judiciellement une maison place Saint-Corentin; mais
l'Évêque, qui tolérait le siége de la justice royale dans son
auditoire d'emprun,t des Cordeliers .. s'opposa à cet établis­
sement définitif (14 octobre 1700) et le presidial admit cette
opposition (1).
La justice ecclésiastique de l'Evêque avait eu ancienne­
ment son siége place Médard. C'est" dit-on, ce que sem­
ble indiquer la devise du chapitre que j'ai rappelée plus
haut: A la barre de Saint- Médard. La jus~ice séculière
Cour des Regaires siégeait de toute .antiquité dans les
dite
dépendances de l'Evêché. La transaction passée, en 1209,
entre Guy de Thouars et l'Évêque, confirmait au prélat le

droit de tenir « sa juridiction et ses plaids dans sa propre
maison. » Cet usage tout d'exception était ancien (2).
Le rapport du Sénéchal (1745} nous apprend que ce droit
était exercé jusqu'au dernier siècle. Nous y lisons, en effet,
la porte principale de l'Évêché, à gauche,
que le pilier de
joignait l'auditoire des Regaires. L'auditoire était donc
entre le portail de rÉvêché et la cathédrale (3).
compris
D'après ce qui précède, le nom de l'lie des Regaires ne
• conserverait pas le souvenir d'un auditoire des Regaires en
cette rue. Cette voie s'appelait au XIIIe siècle rue Rachaer
c'est-à-dire faubourg, selon Lhuyd, qui donne la forme
Rag-kaer, en latin lnburbs; et le nom de Regaires appliqué
la rue paraît être une transformation maladroite du vieux
mot breton.
D'où venait donc ce nom de Regaires ~ ...

Hévin dit que les prérogatives de la justice temporelle
des évêques surpassaient celle des barons ou pail's laïcs;
que c'était une éclipse de la justice du souverain; c'est pour­
quoi cette juridiction laïque était nommée Régale, d'où l'on
aurait fait Regaires (4) .
Mais notre grand feudiste n'y entend rien: « La justice
« des évêques ne venait pas de leur fief, mais du choix que
«( chaque ville épiscopale fit de son pasteur pour son juge de
« paix! » Quel est l'auteur de cette drôlerie ~ Me Girard,
avocat a Quimper, auteur de l'article Quimper au Diction­
naire d'Ogée. Mais alors d'où vient le nom de Regaires?
Le même auteur va nous l'apprendre. Je copie: « Cette ju­
cc ridiction s'appela Regaire, de Raca, mot celtique sig ni­
« fiantjaire du bruit, qui est, dit-on, la racine de R acaille
cc et de R ,egaire; et cela sans doute parce que- dans un
cc auditoire où tout le monde veut parler à la fois il y a
cc toujours grand bruit, ou parce que cette juridiction fut

cc exercée d'abord dans un des faubourgs, qui, étant ordi­
cc nairement le séjour de la lie du peuple, n'est jamais sans
« tumulte et sans cris. » (5)
Ogée déclare dans une note laisser ces imaginations au .
compte de M. Girard; faisons comme lui et. tenons nous·
à l'opinion d'Hévin.
hautes justices de Quémenet", Pratanras, Le
Les cinq
Plessix-Ergué, Le Hilguy et Locmaria suivirent l'exemple
allèrent siéger aux Cordeliers.
du Présidial et
Leur auditoire commun était une grande salle dans le
bâtiment parallèle a la rivière de Stéïr, corps de logis que
nt nomment « le département de Saint­
les titI'es du couve

c( Louis. » (6) On entrait par une porte pratiquée rue Saint-
.. François, au pres de la chapelle du Juch, qui formait l'aile
droite du chœur; on traversait un jardin et on longeait les
pour accéder a l'auditoire. Cette installation extl'ê-
cloîtres

mement gênante pour les Cordeliers, qu'ils n'avaient ac­
ceptée qu'à titre provisoire et contre laquelle ils ne cessè- .
rent de protester, devait durer un siècle et demi et Sur-
vivre à leur couvent.

L'auditoire de la haute justice de Saint-Jean était der­
rière la chapelle sur le quai. Le fief de la commanderie ne
comprenait à Quimper que la chapelle, un jardinet et son
auditoire dans· une cour; en sorte que même le sacristain
n'était pas justiciable de Saint-Jean: car n'habi~ant pas la
chapelle il nJhabitait pas sur le fief. Le commandeur
de La Feuillée dans son terrier de 1731, proteste qne la
justice a été exercée sans interruption ]e jeudi de
chaque semaine, jusqu'a 1621. A cette époque, la jus- .
tice de Saint-Jean n'avait plus aucun officier: le Présidial

toujours porté à restreindre les droits des seig~1eurs,
s'empressa de déclarer la justice de Saint-Jean sup­
primée (7). La commanderie nJavait pas grand intérêt a la
rétablir, et les choses restèrent en l'état pendant un siècle.
C'est seulement en 1727 que le Commandeur de La Feuillée
demanda et obtint sans peine un arrêt du parlement « ré-
tablissant la juridiction de Sà:int-J ean. )) .

FOURCHES PATIBULAIRES
D'ordinaire, les vieux plans des villes signalent par une •
potenee le lieu des exécutions. Le plan de Quimper ne con­
tient aucune indication de ce genre. C'est que les exécu­
tions d8 la justice royale avaient lieu, au dernier siècle,
tantôt sur une place, tantôt sur une autre, ou aux pati­
bulaires du Roi sur le mont Frugy; mais le plus sou- .
. vent a u ToUl' du ChâteL (8). .
Il ne parait pas que depuis longtemps l'ÉVêque haut

justicier ait exécuté dans sa Ville-Clo'se. Originairement
les officiers ducaux réclamaient comme une prérogative et
tm honneur l'exécution des jugements prononcés par les
hauts justiciers, et conduisaient le patient à la potence du
Duc. Mais plus tard « la mode ayant changé », ils finirent
par se refuser à cet office. Gest même à cette occasion que
l'évèq'ue de Quimper obtint,pa l' lettres du 24 février 1424,
du duc Jean V « le droit de lever en ses fiefs Ulle justice
« patibulaire, pour y être exécutez les condamnez par sa
« justice séculière. » (9) Cette justice « à quatre postz (po­
<1: t.eaux) », fut deessée sur la colline de Kerallan, qui do­
mine le moulin de Saint-Denis, au-delà de l'hippodrome.
Le nom de justice (justiciou) donnè à deux petites parcelles
sur cette colline marque l'emplacement exact de ces four­
ches pat.ibulaires (10) .

Les possesseurs des quatre hautes justices s'exerçant
aux Cordeliers n'avaient pas qualitè pour exécuter dans la
ville, fief de l'Evèque, ni à la Terre au Duc appartenant
au Roi. Aussi, le jour où les juges ducaux, puis royaux se
refusèrent à assurer l'exécution des jugements seigneu-
riaux, les se~gneurs hauts justiciers durent se retirer sur
leurs fiefs pour l'exécution.

La justice du Quémene.t avait ses patibulaires sur la
colline de la JustlCe, qui don:lÎne le Séminaire, entre la
route de Pont-l'Abbé e~ la vieille route de Douarnenez (11) ;

- celle de 'Coatfao et Pratanras « aux issues du manoir de
« Pratanras, sur le grand chemin de Quimper à Douarne­
« nez et Pont-Croix » (12); . celle. du Plessis-Ergué, à
Kervao, sur la « route de Concarneau (13); celle du
Hilguy, non loin de ce manoir~ entre les deux villages de
Ménez-Huard et Ménez-Ogan, . a gauche de la route de
Quimper à Plogastel-Saint-Germain). » Ce lieu garde en- .
core le nom de Justice (14).

La haute justice du prieuré de Locmaria n'avait pas de
fourches patibulaires, puisque les ave,ux rendus au roi ne
les réclament pas: la prieure avait seulement, sur la place
prés de l'église, « un poteau avec carcan pour y attacher
( les blasphémateurs et les malfacteurs (15). »
La j'lstice de Saint-Jean n'avait il Quimper ni foul'ches
patibulaires ni poteau à carcan.
III
CASERNES
Le procès-verbal de réformation de 1539 ne mentionne
pas de caserne, et le plan de 1764 n'en figure pas. Ancien-
nement, il n'y avait pas de caserne; des maisons étaient
louées pour le logement des soldats. Il est de tradition
qu'une maison de la rue Neuve a autrefois servi à . cet
usage. On dit que la Tour Bihan, quand elle cessa d'être
la demeure du gouverneur ou capitaine (avant 1594, comme
nous l'avons vu), devint une caserne. Au XVIIe siècle, un
régiment irlandais. était caserné rue Bily : ce fait nous
. est révélé par les nombreux actes de sépultures de ces
malheureux étrangers (16). Dans la premiér.e moitié du
dernier siècle, une maison servait de caserne rue de la

Vieille-Cohue. En effet, au cours des années 1743-1745, il
par adjudication « de la moitié d'une
fut passé bail judiciel
« maison ayant auparavant servi de caserne. » (17) Nous
avons vu qu'à la fin du siècle, l'Evèque offl"ait d)abandon-
ner au logement des militaires la maison de Saint-Joseph .
En 1791, cette maison était, en effet, transformée en
caserne; mais elle menaçait ruin.e et le conseil, municipal .
proposait de louer pour caserne la fabrique de la Hubau-
di ère, à Locmaria, voisine de l'ancien prieuré, où l'on allait
tard, une partie de
établir la manutention. Un peu plus
l'ancien hospice Saint-Antoine était aussi caserne (18) .

MOULINS ET FOURS BANAUX
Au cours de cette revue du vieux Quimper, nous avons
t'Évêque~ au pied de l'Évéché, sur
trouvé le moulin de
l'Odet, et le moulin du Duc, plus tard du Roi, au pied du
Pichery, sur le Stéir. En vous parlant de Locmaria, j'aurais
dû signaler le moulin du Prieuré de Locmm'ia, dit aujour­
d'hui moulin des CouLeurs, parce qu'on y broie les peintures
employées dans une des faïenceries de Locmaria. Au voi-
sinage de la ville et sur la col.Iine qui la domine à l'ouest,
• • était. un moulin à vent dépendant' du fief de Quémenet,
au marquis de Pont-Croix. .
Au dernier siècle, un procés ridicule fut plaidé à la sé­
néchaussée de Quimper entre les trois meuniers du Roi,
de la prieure de Locmaria ,et de Quémenet; il sJagissait
la mouture d'une pochée d'avoine; selon l'aveu de
la rémunération devait être du seizième.
l'Évêque de 1682,
Les meuniers plaidaient apparemment pour l'honneur (19) .
Mais, à propos de moulin, voici un bien a,utre procés.
Un mou lin dépendait du manoir de l'Ile en 1539 ; en 1689,
l'abbesse de Kerlot ne le comprend pas dans son aveu au
Roi; pourquoi ?... Est- ce seulement parce qu'il n'existe
plus ? ... Auquel cas l'abbesse, ayant principe de moulin, a
une omission fâcheuse. Est-ce parce que l'abbaye,
commis
ayant acquis seulement une partie du manoir de l'Ile, n'a
pas acquis' le moulin ? ... Auquel cas l'abbaye n'aurait pas
principe de moulin. Grosse question qui va faire couler
beaucoup d'encre et noircir beaucoup de papier. Quoiqu'il
en soit, e,n 1689 et aprés, l'abbesse, en fait, n'avait pas de
àKerlot; et elle faisait moudre aumoulindeMelgven,
moulin
sur la route de Pont-l'Abbé, qu'elle tenait en fief sous le

marquis de Pont-Croix.
Le 4 mars 1700, le meunier de Melgven, suivant une

vieille habitude, a amené deux chevaux à la porte de
l'abbaye, et il les charge de poehées de blé. Tout.-à-coup
survient le meunier du Rài, assisté de Me Nédellec, général
et d'armes, qui, sans autre préambule, saisit chevaux et
pochées. Vabbesse fait opposition; et le Présidial, jugeant

un peu vite et sans avoir examiné la question du principe
de moulin, ordonne, le 6 mars ... la main-levée de la saisie.
Vaffaire en reste là. Les abbesses de Ker'lot, les meuniers
du Roi, les meuniers de Melgven se succèdent et passent. Le
moulin de Melgven tourne toujours et continue à moudre le
grain de l'abbaye.
Mais en 1763 ... le 6 juillet", un coup de tonnerre vient
troubler cette sérénité. M. de Kergariou, seigneur de Coa­
tiliou (près de Lannion), est devenu afféagiste des moulins
du Roi: il apprend la décision du 6 mars 1700, il intervient
et reprend le procès jugé il y a 63 ans l
En 1717 et 1726, l'abbesse Marie-Anne de Goesbriant,
avait, comme je l'ai dit, fermé la venelle du. Kergoz, la
seule voie entre la rue de Bourlibou et le quai, et sur la­
quelle le jardin de la Retraite avait une porte cochère. Pour
soutenir son usurpation, elle entre en lutte avec la commu­
nauté de ville, à laquelle se joint l'Évêque, supérieur des

Dames de la Retraite. Marie-Anne de Goesbriant est morte
en 1730; mais Françoise de Quélen de Kerohant, qui vient
d'être nommée en 1763, n'est pas d'humeur moins belli­
queuse. Elle a trouvé, il faut le reconnaître, un adversaire
digne d'elle; et la guerre qui commence va se faire en
règle, avec force productions, conclusions, mémoires im-
primés "et signés de Duparc-Poullain. J'ai sous les yeux
une requête grossoyée de 134 pages et trois mémqires im­
primés in-4° de 144 pages et je n'ai pas toutes les pièces
du procès! Au premier abord, on ne comprend pas bien
cette résistance désespérée: En fait, l'abbaye n'a plus

son moulin; elle est dans le fief royal; pourquoi ne pas

suivre le moulin du Roi ~ T ,a mouture n'y coûte pas
plus cher qu'ailleurs. L'abbesse exigerait-elle donc gue
le meunier de Melgven fit gratuitement sa farine ~ Ce se­
rait trop lui demander: le meunier ne doit qu'un fermage
de cent livres.
s'agit bien de ces vétilles! L'abbesse plaide au
Mais il
point de vue du droit pur, et elle plaidera sans se lasser
durant quatorze années, jusqu'a 1777. Après tant d'efforts,
le procès sera perdu. Il aura coûté (rai la note sous les

yeux) 4,590 livres 18 sols 6 deniers. Qu'importe ! L'abbesse,
en mourant cette annee ~:nême, peut du moins se rendre
justice que, si elle a succombé, elle a épuisé toutes
cette
les procédures, fatigué toutes les juridictions et lutté jus­
qu'au bout . .... C'est qllelq ue chose (20) !. ..
Si la farine devait se faire au moulin banal, une fois
transformée en pâte, elle devait être cuite au four banal.
UEvèqu0 avait deux fours, un rue Neuve avec jardin sur la
rivièl'e, un autre au Mez-Gloaguen. Ce dernier four est
figuré au plan de 1764 en face de la fontaine ... a mi-côte.
Il existait dès le commencement du XIVe siècle et sub-
sistait en 1792, puisqu'il a été vendu nationalement.
Dans l'aveu de 1682, l'Evèque réclame le droit d'établir

d'autres fours; en effet, d'aprés les procès-verbaux des
ventes nationales, il en avait deux autres, un place Toul­
al-Ler ... l'autre dit de Saint-Laurent, en même temps four a
briques, au faubourg de la rue Neuve (21).
Dans la Terre au Duc, le plan figure un four banal du
Roi rue des Orfèvres, (ce serait aujourd'hui rue Saint-Marc.)
yen avait un autre mentionné dans le procès-verbal .
Mais il
1539 « Ô son courtil» dans une venelle allant de la l,lie

Rossignol a la rue des Orfèvres. Les lieux n'ont pas
changé depuis 1764, on pourrait dire depuis 15~9 ; et les
commissaires du Roi n'auraient pas besoin de cicérone pour

retrouver aujourd'hui le four et le courtil qu'ils ont décrits
ans (22).
il ,y a bientôt trois cent cinquante
Prenez dans la rue Saint-Mathieu (autrefois du Rossi­
gnol) ou dans la . rue du · Chapeau-Rouge (autrefois des
Orfèvres), la petite ruelle qui porte le nom significatif de
Pain-cuit; et (l par l'odeur alléchés » vous
venelle du
arriverez à une maison de four trés-vaste, ayant seule­
ment un rez -de-chaussée et un grenier. On peut croire
que cette construction garde ses anciens soubassements.
et l'écusson qu'on pouvait s'attendre
Le pignon a été rebâti
à trouver au-dessus de la porte a. disparu. A l'intérieur, il .
y a une date, 1761 ; mais elle indique seulement la cons­
truction d'un four aujourd'hui fermé au pignon nord .

JEU DE PAUME.
Chaque ville de .l'importance de Quimper avait autrefois
un lieu qui tenait quelque place dans les habitudes de nos
Jeu de paume. Nombre de villes
péres : je veux parler du
en gardent le souvenir dans le nom de la rue qui y condui_

sait. A Quimper, il n'y a jamais eu de rue de ce nom. Mais
la Réformation nous apprend que le
le procès-verbal de
Jeu de paume était rue Porz-Mahé.

Voici la description que je trouve fo 79 V
« Sur la maison Germain Tolbodou ô son jeu de paul me
« courtil et parc derière située . en la rue de Porz-Mahé,
« entre une venelle rar laquelle on va de Iadicte rue à
« Saint-Marc» et des champs de l'autre côté, (c par der­
« rière est située sur le chemyn par lequel on va de la rue
c( aux Febvres à Saint-Sébastien.) Rien de plus clair: sup­
posez un chemin allant en ligne d,roite de la rue Porz­
Mah~ à Saint-Marc, il traverse la cour de la caserne actuelle·
Il semble que le sentier trace sur le plan de 1764 à travers

l'enclos des Ursulines soit la venelle mentionnée en 1539 .
C'est assurément vers ce point qu'était le jeu de Paume,
dont les dépendances allaient de l'une à l'autre rue.
Lorsque Sébastien de Rosmadec fit bâtir le couvent des
(1621), il comprit ce terrain dans la clôture des
Ursulines
et le jeu de Paume dut se transporter ailleurs.
religieuses,
Où ~.. . C'est ce que le plan ne nous montre pas. Mais
avait encore son jeu de Paume en 1690. Il était
Quimper
même assez vaste pour que, au cours d'une épidémie, on y
ait caserné des soldats. Trente-deux y moururent du
aU 17 juillet de cette année; et il reçurent la sépulture
19 mai
à Saint-Mathieu (23). C'est donc en cette paroisse, c'est-à­
dire dans la Terre au Duc, qu'il faut chercher l'emplace-
ment du jeu de paume à cette époque.
Un acte d.} vente du 10 octobre 1724 nous le révèle: il
ne semble pas douteux que la maison du jeu de paume
vendue en 1724 ne fût, celle qui servit de caserne en
1690, et qui fut aménagée en jeu de paume après 1621. ,
Elle était située à la Terre au Duc, dans les jardins exis
tant entre la rue Vis; la rue de la Vieille-Cohue, la rue du
Quai et le Quai.
Ce vaste espace comprenait deux grands jardins. Vers le
un jardin dit la Palestine; et plus près de la rue de
le sud,
la Vieille-Cohue, avec accès direct en cette rue, le jardin du
jeu de paume . Il est ainsi délimité dans l'acte d'approprie-
ment de 1724: « donnant du midi et levant sur la Palestine,
(~ de l'occident sur la rue Vis, du nord sur la Vieille-
« Cohue (24).» Ces indications autorisent à placer le jeu
paume dans l'emplacement de l'hôtel de Couesnongle

actuel.

MAISONS PREBENDALES .
Du temps d'Hévin (1683) il Y avait à Quimper sept mai­
sons prébendaLes seulement, bien qu'il y eut .douze pré­
bendes (*). Selon le feudiste qui avait eu sous les yeux les
registres du Chapitre, toutes avaient été acquises depuis.

le commencement du XIIIe siècle ; et elles provenaient de

donations de tiers ou de fondations faites « par 1.es cha-
« naines de leurs maisons patrimoniales, à charge de
« prières. » (25)
D'après le Cartulaire de la Cathédrale, le premier de .ces
donateurs paraît avoir été un trésorier du Chapitre nommé
Geffroy, qui fit don de sa maison située au coin du Tour du
Châtel et de la rue Obscure (l'acte dit Vicus Themer) en .
1219. (Cart. 31-56, fo 16).
Le second en date fut un chanoine du nom de Rodand
(Rodandus) qui fit don de la maison « qu'il avait bâtie sur
« l'eau vis-à-vis du jardin épiscopal (1247). » Il semble
désigner ainsi la rue Neuve. ,(C.56). Cependant Hévin dit
expressément que les maisons prébendales étaient dans

la Ville-Close (p. 70.) ~
Nul doute qu'en 1275, il n'y eut d'autres maisons prében­
daIes, puisque le Chapitre prend soin de décider que la
famille et. les domestiques des chanoines prébendés pour-

('~) ,Au dernier siècle, il y avait vingt prébendes. (Rôle des Décime~
de l'Evêché). Il parait bien qu'elles existaient au temps d'HÉVIN qUI
écrit sans doute d'après un vieux titre.
La prébende est « le droit qu'a un ecclésiastique dans une église
« cathédrale ou collégiale de percevoir certains rev~nus ecclésiastique~.»

. , TRÉVOUX, V Prébende. De ce mot on a fart prébendé, chanome
qui jouit de ces revenus; et préb!mdal, qui appartient à la prébende. ~ne
maison prébendale est celle qui est affectée au logement d'un chanome
prébendé. '

l'ont rester dans la maison quarante jours après le décès
des titulaires. . (Cart. 31-56.) Mais ces m::âsons étaient, à

cette époque comme depuis, moins nombreuses que les
prébendes, puisque ~n 1335, le Chapit.re délibère que les
chanoines résidants habituellement ou au moins depuis
deux ans auront la jouissance des maisons prébendales de
préférence à leurs confrères non résidants. . (Cart.
Il se peut que depuis le temps d'Hévin, lE{ Chapitre ait
acquis d'autres maisons prébendales. En effet, en 1791, il a
été T~endu nationalement onze maisons appartenant au

Chapitre, sans compter' celle rue de Tourby, où avait été
la psalette fondée par Bertrand de Rosmadec, et les
établie
onze maisons ou échoppes appuyées contre la cathédrale.
Essayons de retrouver dans notre ville -les maisons
prébendales.
Nous avons déjà' dit que plusieurs étaient situées sur la
place Saint-Corentin.
Une est expressément désignée dans l'aveu de 1682 :
« L'h6tel de Lestulan, cy devant possédé par Hervé de Le­
« zongar, trésorier et chanoine de Cornouaille (27), li pl'é-

« sent à Mre de Lesguern, aussi chanoine. ) Le Cartulaire
de la cathédrale ne laisse aucun dou.te sur sa situation i il
ajoute : « ouvrant sur la place, ayant une cour et jardin
« derrière, donnant sur la rue Dorée. ) C'est la maison
à l'angle sud-ouest de la place.
A l'angle nord - ouest, la maison du XVIe siècle,
que nous voyons à l'entrée de la rue du Guéodet, occupe
la place de la maison donnée par le trésorier Geffroy

Un peu plus loin, dans la longère nord de la place, sur
l'emplacement de la cure ou de la mairie, s'devait la
maison où.vécut longtemps le chanoine Moreau et où il

mou~ut le 23 juin 1617 (28) . .

Six maisons appartenant au Chapitre sont vendues natio-
nalement place Saint-Corentin; une autre est indiquée
étant rue du Chapitre ou du Frout, et deux autres
comme
rue ' Verdelet; ces deux dernières étaient des maisons
prébendales et nous pouvons les reconnaître.
L'acte nomme l'une d'elles prébende Sévérac: une partie
avait été destinée à l'agrandissement de la prison. Cette
circonstance nous marque sa place exacte: la maison
prébendale occupait Pespace compris entre le Musée actuel
et la maison faisant le coin de la rue Royale, qui occupe
comme nons l'avons vu, la place de l'ancienne prisGn du
C'est très-probablement cette maison située rue Poul­
Roi.
pezron, que l'Évêque Allain Morel a vai t donnée au Chapi tre
pendant sa minorité et dont il ratifiait la donation

L'autre maison est dite « dépendante de la chapellenie
« de Kerneguez » fondée par le chanoine Pierre du Quen­
quis ou du Plessix-Nizon,qui mourut en 1459,et qui en laisRala
présentation à Pierre de Kerneguez, son héritier principal
noble (30). Cette propriété comprenait outre la maison,
deux jardins; elle est en partie
deux écuries, une crèche,
comprise dansla propriété actuelle des Ursulines. Le jardin
était borné vers l'est par une ruelle conduisant à la place
aux Canons (31). La vieille maison prébendale existe
encore avec sa porte ogivale portant un écusson malheu­
reusement mutilé. C'est dans cette maison que les Pères
Jésuites s'établirent à leur arrivée à Quimper avant la
construction du Collège.
Moreau mentionne au haut de la ville une'
Le chanoine
(( belle maison prébendale à 80 ou 100 pas de la porte
(( Bihan, qu'on disait être de fondation ducale, avec un
(( jardin et un verger de grande étendue dont les em­
(( placements s'étendaient de la rue Obscure à la rue Saint-
(( Antoine, sur laquelle il s'ouvrait (32). » Ce vaste encl~s,

que Moreau nomme le Jardin du Chapitre, fut cédé aux
Jésuites pour la construction du collége.
manière certaine six maisons
Voilà donc reconnues d'une
prèbendales; si nous ajoutons à cette liste la maison
donnée par le chanoine Rodand, en 1247, au bord de l'Odet,
peut-être aurons-nous les sept maisons mentionnées pal
Hévin.
Les maisons prébendales avaient vieilli; et chaque décès
mettait à la charge de sa succession des répa­
d.e titulaire
rations que le Chapitre n'obtenait pas. toujours sans peine.
En 1786, le Chapitre décida « de réunir en une mense
« commune les maisons préhendales venant à vaquer par
« décès, résignation ,etc.» Uusufruit des maisons prèbendales
devait être remplacé pour les chanoines prébendés par
une indemnité de logement; les maisons devaient être
louées et les réparations se faire à frais commun (33).
A peine ce règlement nouveau avait-il commencé à rece-
voir exécution que le décret du 12 juillet 1790 supprima
les prébendes, et sauva le Chapitre de toute préoccupation
d'administration à cet égard.

VII

RENTES PAYEES AU ROI ET A L EVEQUE

L'Evêque percevait sur toute la Ville-Close et les fau-
bourgs de son fief une rente générale dite taille de mai, dont
_le Roi, ' comme souverain, recevait une moitié. En 1682,
l'Evêque élève sa part de la taiUe de mai à 20 livres (34) .
. . En outre, quelques maisons payaient une redevance
particulière, dont nous. parlerons plus tard. C'était le plus
une somme très minime.
sou vent
Les rentes payées au Roi par les maisons de la Terre
au Duc étaient aussi en argent, sauf pour une maison aux
environs de la rue Vis actuelle. Elle devait au Roi « douze

eampannes .et douze chaperons a faucon (35). » Tout le
monde sait ce qu'est un chaperon: une sorte de petite toque
de cuir dont 011 couvrait la tête du faucon quand on partait
en chasse; par le vieux mot campanne, qui veut dire cloche,
il faut entendre sans doute les sonnettes ou grelots que l'on
mettait au cou du faucon.
Comme nous l'avons dit, le Stéïr séparait le fief proche
du ROI et le fief de l'Évêque.' Toutefois, l'Évêque percevait
une rente sur trois maisons ou terrains aux abords du
moulin du Duc ,(36); et, de son côté, le Roi recevait une
rente sur trois maisons de la ville (37). De cette dernière
circonstance, Bougis, réformateur du Domaine du Roi,
en 1683, que ces maisons ne faisaient pas partie
concluait,
du fief de l'Évêque. Mais Hévin répondait victorieusement:
« Ces maisons n'ont pas été originairement retenues par
« les Ducs donateurs de l'Évêque; elles ont été achetées par
« euxen1401(*). ))Levendeurdu Duc payait la rente féodale
a l'Évêque, les Ducs l'ont payée, le Roi la doit ... et en effet,
l'Évêque la réclame et l'obtient (38).

Deux de ces maisons étaient situées dans la rue Obscure; ,
que Hévin confond avec la rue du Salé; il se pourrait que
l'une d'elles formât le coin entre les deux rues. '

La troisième maison rue Kéréon, place Maubert,
appartenait au sieur Tromelin de Lancelin. Elle était
composée originairement de deux maisons distinctes, dont
chacune payait de deux ans en deux ans la moitié de la
rente en nature que nous allons faire connaître. Le rôle
la Réformation de 1539 créa a ces deux maisons réunies
une situation juridique bizarre. Il chargea la maison d'une
rente a payer tous les deux ans le jour de la saint Jean-
Baptiste; et ainsi décrite : « deux escus de douvelles a

C,) Cette' acquisition n'opérait pas consolidation au fief supérieur, puis­
que l'Evêque aurait pu exercer le retrait féodal (Art. 3iS Cout ... )

cc deux lyons rampans paincts en iceux et deux seilles
« (selles) à charrestier (charretier), sans garniture, a
« ètre payés, paf' chacun an, savoir: une année an Rayet
« l'autre a Monsieur de Cornouailles alternativement (39). »
Cent quarante-trois ans plus tard, nous voyons l'Évêque,
dans son aveu de 1682, réclamer a son tour, tous les deux
ans, sur la maison du sieur de Tromelin de Lancehn « deux
cc selles à charrette, deux écus à targe de douvelles, blan-
cc chis a la chaux peints de mître et de crosse d'Evèque. »
Chose curieuse! Dès 1539..Ies Commissaires du Roi n'ont
pas compris le sens des vieux titres lJu'ils copient; le rédac-
teur de l'aveu de 1682 ne le saisit pas davantage: et c'est

Hèvin qui nous le révèle en copiant un compte de l'Evêque
de 1459. Il s'agit non de selles de charrette mais de selles
a chevestre ou chevètre, c'est-a-dire a licou,
Quant aux deux éc;us .. ce sont deux boucliers en planches
. assemblées peints à la chaux, sul' lesquels sont représen­
tés deux lions rampants, c'est-a-dire couchés, lor'sque la
redevance est due au Roi; et une mître avec une crosse,
si c'est au tOlll' de l'Évêque de recevoir les deux écus (40),
Hévin suppose que ces écu.s et selles devaient servir a
( quelque fête et réjouissance ou course de quintaine. » Un
vieux mot q u'i'l faut définir ... La quintaine est, à pr -:-pre­
ment parler, un poteau c( auquel on attachait un bouclier
« pOUl' faire des exercices militaires, jeter des dards,
cc rompre des lances, etc. (41). »
On disait cauri!' la quin.taine comme on disait courir la
bague, comme on a dit depuis courir des têtes. Les têtes
de Turcs a ff'apper avec la lance, le sabre ou le pistolet, et
en gaLopant~ ont remplacé les écus attachés autrefois a la
quintaine.
Il faut encore mentionner un autre droit seigneurial de
l'Évèque et surtout la façon dont ce droit s'exerçait. .
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. Tome XII (Mémoires). 28

Le seigneur de Trohéïr (par. de Kerfeunteun) doit à l'É­
vêque « au jour de Noël, à l'endroit de Paer natus est nobis,
« un demi écu d'or, 'présenté par un gentilhomme; et, à
« l'entrée de chaque évêque et de neuf ans en neuf ans,
« une paire de mitaines enrichies d'or » C -l:2).
Tel est le droit que réclament les aveux de l'Évèq lI C ;
mais vOIci comment, dans l'usage, les choses se passaient

en 1745, et, selon l'Evêque, de temps immémol'ial et même
depuis l'établissement du droit, en 1475 (4:3) .
Le jour de Noël, à la grand'messe, au moment où le
chœur entonnant l'Introït annonce au peuple la joyeuse
nouvelle: « Un petit enfant nous est né! ) les juges des
Regaires se levaient de leur banc, en robes, et se ran-
geaient dans le sanétu a-ire, devant le trône de l'Evêque,
selon l'ordre qu'ils occupaient à l'audience. Le Sénêchal
donnait la parole au Pl'ocureur fiscal, qui disait à haute
voix: « Il est dû au seigneur Evêque un demy écu d'or
« par le seigneur de Trohéïl'. » Celui-ci ou son mandataire
s'avançait, faisait hommage et remettait 19 piéce. Les juges .
dressaient procès-verbal. Si le seigneur de Trohéïr n'était
pas prAsent, le procureur requérait défaut) condamnation
et saisie des tel'res assujetties à la cheffrente; les juges
prononçaient séance tenante.
Le Sénéchal contestait ce cérémonial « comme abusif et
« même peu décent. L'Evêque maintenait qu'il datait de
l'établissement du droit en 1475; mais il est vrai de dire
que les sentences de défaut ainsi délivrées et produites en
preuve étaient seulement de 1657 et 1658 (41).
Toutefois, si l'on s'en rapporte à Cambry, les protesta­
tions du Sénéchal ont été vaines; et la perception du droit
a continué de se faire selon la forme solennelle que nous
avons rapportée. Cette cérémonie avait, en droit féodal, une
importance juridiqu dans cette solennité qu'une mise en scène ridIcule (45) ;

mais, en 1745, le Sénéchal et I)Evèque étaient mie;lx ins-
truits . Le Sénéchal contesti.-tnt la juridiction des jug8S des
Regail'es dans la cathédeale niait la légalité de l'acte juri­
dictique accompli dans l'Église, L'Évêque, au contl'àire,
invoquait cet acte en preuve de sa juridiction.

VIII
QUELQUES DROITS SEIGNEURIAUX EXERCES E~ VILLE

Hévin, dans son mémoire pOUf' l'Evèque de Ql:lmper ..
s'indigne contre Bougis, qui ose opposer à l' U,liversaLité du
fief de l'Évèque les droits qu'exercaient en ville les 'sei­
gneurs de Bienas~is et de Cludon (46). J'en demande
pardon à l'illustre feudiste ordinairement si exact : les
expressions qu'il emploie ici sont bien impropres. Ce n'est
'pas comme ,seigneur de Bienassis (évêché de Saint-Brieuc),

mais c6mme seigneur de Coatfao (par. de Pluguffan) que
~, de Visdelou réclame le droit en question. Ce n)est pas

comme seigneur du CludoD (évéché de Tréguier), mais
comme seigneur de Guengat, que M. de KergorIay exerce
le singulier droit que nous allons faire connaître (47).
Le seigneur de Coatfao avait maison en ville, pour
laquelle il devait à l'Évêque une rente de 4 deniers (48). -
Il réclamait « le droit de sonner de la corne en la ville et
« église. cathédrale de Quimper, les jeudis, vendredis et
« samedis saints, » le droit « de lever, le mardi de Pâques,
« par les hommes qui avaient corné la semaine précédente,

« deux œufs de chaque maison ou il y a gens mariés, et un
« œuf de chaque maison où il y a veuf ou veuve,» et,
comme sanction « le droit d'enlever, faute de paiement,
« les serrures avec tenailles et marteaux. » (49) Il parait,
bien que les aveux ne fassent pas d'exception, qu'en fait
les maisons prébendales n)étaient pas soumis au droit (50) .

Hévin a beau dire, ce droit extrêmement ancien,étaitadmis

par les sen tences de réformation et par des arrêts du Parle­
ment. Au dernier siècle, le titre en vertuduqllel ce droitexis­
tait au moins depuis le XVe siècle, ne se retrouvait plus.
Le seigneur de Coatfao réclame la sonnerye comme un
droit; et c'est à tort, je crois, que l'Evéq ue et le Sénéchal
la considèrent comine un devoù' et soutiennent que le deoit
de cueillette des œufs « s'il existe » n'est que le pr-ix de
ce service (51).
Le sieur Amette, procureur fiscal de l'Evêque, nous a ré-
vélé comment se faisaient, au milieu du dernier siècle, la
sonnerye et la cueillette des œufs. .
Les jours saints, ' à l'office de Ténèbres, quatre vassaux
de Ooatfao « munis de cors ou cornes en terre » entraient
• au chœur de la cathédrale; à un moment donné, ils se le-
vaient brusquement" « faisaient le tour de l'église en cor-
« naillant comme des fous », puis parcouraient 'les rues de
la Ville-Close et des faubourgs, sauf la Terre au Due, fief
du Roi. Tous les « polissons» de la ville leur faisaient
cortége.
Le mardi de Pâques..,les quatre vassaux revenaient; deux
portaient des paniers, deux étaient armés de marteaux, de
pinces et de tenailles; ils allaient ainsi « de porte en porte »
réclamant partout deux œufs, mais se contentant de l'offre
de deux lial'ds. Personne ne s'inquiétait de savoir si le
droit était réguliérement perçu: la redevance était si mi­
nime; et puis, les .collecteurs avaient tant amusé les en­
fants. On riait et on payait, trop heureux de racheter sa
serrure à si bon com pte.
Amette voulut faire autrement: le 4 avril 1741, il re­
fusa le droit et malmena un des collecteurs , ...
J'ai conté ailleurs et trop longuement les mésaventu-
res de ce pauvre Amette, qui espère engager l'Évêque dans
sa querelle; mais qui, par la maladresse de son procureur

au parlement, se tl'ouve être seul adversaire de ' haut et
puissant seigneur Louis Engilbert, comte de la Marck et
de Schleiden, lieutenant gén éral des armées du roi, che-
valier de ses Ordres, Grand d'Espagne, etc., exerçant les
droits de Coatfao et Pratanras au nom de sa fille, future
duchesse d'Arel!berg . .. (52).
Le seigneur de Guengat était, comme nous l'avons
vu, un des quatre seigneurs qui devaient porter l'Evêque
à sa première entrée en ville. Pour prix de cet
office, il réclamait le droit de « perc~voir un os moel1ier,
« de chaque houcher de la ville») et le droit « de faire courre
« une pouie blancho aux boucherE;, la veille de saint
« Pierre. )) (53) L'Ëvêque conteste formellement ce droit
dont nous ne trouvons la preuve nùlle part; nous ne savons
si la perception de l'os moëLtier se faisait; mais il est cer­
tain que le seigneur donnait la poule à courre et voici
comment. Le sénéchal en est mieux informé gue personne,
puisque lui-même intervenait en cette affaire. Or c'est lui
qui nous apprend que « le 'matin de la veille de saint Pierre
'(1 (28 juin), un gentilhomme présentait une poule au logis
« du sénéchal, et demandait acte de ce que la poule était
« toute blanche. Le Sénéchal donnait l'acte et la poule était
« jetée et courue par les bouchers. ))
, La poule devait être pl'ésentée au sénéchal en son logis,
par conséquent avant l'audience, ouvrant à cette époque de
l'année à huit heures du matin (54). Quel joyeux tumulte à
cette heure matinale sur la place Saint-Corentin! Tous les
écoliers de la ville éveillés dès l'aurore sont à leur poste;
que la poule prenant un haut vol aille se réfugier sur une
des pierres en saillie de la façade de la cathédrale, qu'elle
prolonge la course, rhorloge sonnera en vain l'heure de
la classe, et les écoliers se donneront congé ...
Ces redevances et ces droits nous semblent bizarres:

peut-être nous étonneraient-ils moins, si nous n'en avions
pas perdu le sens originaire?

Une chose qui, à mes yeux, ne doit pas moins surprendre]
c'est la lutte entreprise contre l'Évêque par la communauté
de la voille.
Jamt-lis administration ne coûta moins cher que celle de
l'Evêque, et c'est quelque chose! ... L'Evèque perçoit sa

taille de mai, '24 livres en 1594, 201ivres en 1682, quirepré-
sente la rente féodale due par toutes les maisons de la
ville; en outre, cent-vingt maisons doivent des rentes qui
varient de quelques livres à un denier; en sorte que tout
compte fait, la moyenne de la rente payée est pour chaque
maison de un peu moins de quarante-sept centimes! (55) 0
Les bourgeois cloi vent., il est vrai, suivre le moulin et le
four de l'Evêque. Mais, puisqu'il faut faire moudre et cuire
quelque part, qu'importe, au point de vue financier, que ce
soit au moulin et au four de l'Evêque ou ailleurs? Comme
on le voit, ces redevances et ces obligations n'étaient pas
lourdes; et les Quimpérois d'aujourd'hui semient trop heu-
reux d'en être quittes à si bon compte. ,
Que le domaine royal se substitue au fief épiscopal, tout
va changer 1 La communauté de ville ne semble pas avoir
prévu les effets de la révolution qu'elle hâte, autant qu'il
est en elle, en se faisant l'alliée du Présidial dans sa lutte
contre l'Evêque.
Depuis la fin du XVIe siècle, les présidiaux poursuivent
avec une tenacité que rien ne lasse ou ne déconcerte la
ruine des justices seigneuriales et en particulier de la juri­
diction des Regaires. Non-seulement ils se font les dociles
Instruments de la puissance royale; mais ils tendent à aug­
menter leurs attributions et poursuivent une satisfaction
d'amour propre. Le présidial de Quimper s'est fait naturel-

lement Pallié de Bougis; et il a trouvé :une alliée dans la .
communauté de ville.
Comment s'est faite cette derniére alliance?' C'est que le
sénéchal préside les délibérations de la communauté, et
celle-ci est soumise à l'influence du premier magistrat de
Cornouaille. '
L'ingrate communauté fait semblant de mettre en oubli
les services rendus à la ville par les Évêques, qui en main:­
tenant pendant des siécles les franchises de Saint-Corentin
ont sauvegardé les franchises municipales; mais attendez!
Au dernier jour, en 1781, quand elle y aura, intérêt, la
communauté de ville va redf>venir l'alliée de l'Evêque: elle

sel'a trop heureuse d'abriter ses protestations derriére le
droit du prélat, qui, en défendant sa mouvance des 'mu­
railles, défend les intérêts du collége, de l'hôpital Saint-
Anloine et de nombreux habitants. -
La communauté est-elle désabusée ~ A-t-elle enfin com-
pris que ses adversaires sont 'ceux de l'Evêque, les régis-
seurs du domaine du roi 1 Il Y a longtemps que~,l 'Évêque
au l'ait pu adresser aux régisseurs le reproche que je trouve
dans la bouche du Mait'e, en 1781 : inquiets et mal inten-
tionné8, et pour être complet, it fallait ajouter : avides
d'augmenter leurs recettes pour augmenter leurs émolu-
ments.
Nous avons vu Bougis réclamer comme étant de fief
l'oyal trois maisons de la Ville-Close. Cette prétention,
repoussée par le Parlement, ne fut qu'un premier essai
d'envahissement sur le fief épiscopal; et les tentatives. se
l'enouvelêren t. Les officiers royaux. finirent par s'aviser
d'un expédient aussi simple que déloyal : sous menace
de confiscation, ils demandérent aux couvents, monastéres
et titulaires de bénéfices des déclarations de posséder sous

le domaine du roi. Les Jésuites, le Chapitre, les Cordeliers

prirent peur et passèrent de ces déclarations frauduleuses

attentatoires aux prérogatives de l'Evêque, mais qui en
droit no pouvaient lui nuire (57).

Il Y a plus: les religieuses hospitalières passèrent une
déclaration de ce genre pour l'hospice Sainte-Catherine
(6 juillet 1682), qui ne leur appartenait pas, mais a la ville
qui l'avait doté, et par acte de 1645, y avait rattaché
l'hospico Saint-Julien. Cette déclaration, qui comble la
mesure de la faiblesse des uns et de la fiscalité des autres,
n'a cepondant pas été produite au subdélégué en 1781. On
a eu peur sans doute de la Cour des Comptes.
SJil nous fallait d'autres exemples de l'esprit en vahis­
seur des régisseurs, le rapport du subdélégué nous le~
fournirait. Il nous apprend que le préposé du régisseur
imagina de louel' la pêche dans la riviére d'qdet, au-des­
sous de la ville. Le subdélégué prend en mains contre les
royaux, la défense des pêcheurs de Locmaria
officiers
« qui sont embarqués pour le service du roi, et dont les
« femmes n'ont d'autres ressources que la pêche. » Le
régisseUl' prétend. retirer de l'afféagement la somme de
500 livres. « Il faudra donc dit le subdélégué « que sous
« peine de se ruiner, il rançonne les pêcheurs (58) ».
On peut être assuré, en effet, que le fermier ne se fùt pas
pas contenté du pot de vin unique auquel la prieure de Loc­
maria avait autrefois imposé chaque bateau (59).

ÉPILOGUE

Nous sommes au terme de cette p,'omenade qui m'a été
un extrême plaisir, mais qui peut devenir un ennui pour
mes compagnons de route. Avant de nous séparel', un coup
et un regret sur le passé, un vœu pour l'avenir.
d'œil
Nous nous imaginons que le goût des vieux monuments
est né de nos jours, et nous croyons faire mieux que nos

devanciers. N'avons nous pas trop bonne opinion de n,ous­
mêmes ~ Dès le milieu du dernier siècle, PIntendant de Bre­
tagne recommandait la conservation des monuments an­
ciens (1). Le plan de 1764 se conformant à ces instructions
ne menace aucun monument de la ville. Si l'Ingénieur An­
dré revenait en ce monde, il ne serait pas peu surpris de
trouver Quimper tel que notre siècle l'a fait. Sans doute
applaudirait à certaines innovations qu'il avait projetées
ou pressenties; mais ne s'étonnerait-il pas des destructions
que nous avons opérées et que son plan d'alignement
épargnait à noh'e c~té ~
Le mur de ville le long du Parc devait tomber; mais
c'était assez: le reste de la vieille couronne mL rale.pouvait
étre conservé sans aucun inconvénient. Je suppose la tour
d'angle du vieux château ducal se reflétant encore dans les
eaux limpides du Stéïr, ' .. le mur de l'Evêché se montrant
à nous sans les constructions barbares qui le déshonorent,
- la tour Penalen debout et restaurée, une communica-

tion indispensable ouverte le long du mur de ville, entre le
boulevard d'Odet et la rue des Reguaires, plus loin, le
mur (échancré pour le passage de la route de Brest) appa­
raissant intact jusq n'à la tour Bihan, .. - la vieille forteresse
(i) Instruction (Arch. d'Ille-et-Vilaine) publiée par la Société des
Bibliophiles bretons. Mélanges, t. Il, p. 255 .

se dressant fièrement au haut de la rue des Douves;
qu'on dise si la Ville-Close n'aurait pas eu extérieurement
- un tout autre aspect que celui qu'elle a d.e nos jours 1
Si nous ' entrons dans la Ville- Close, nos regrets ne
seront pas moins vifs. Ce ne sont pas les mesquines mai­
sons de la rue du Guéodet qui peuvent consoler de la dis­
parition de la vieille église municipale, avec ses vitres et
Pourquoi jeter bas l'élégant
ses boiseries merveilleuses.
ossuaire de la cathédrale ~ et surtout l'église des Cordeliers
et.leur cloître du XIIIe siècle, quand on pouvait. même après
les dévastations du siècle dernier, leur rendre une nouvelle
jeunesse ~ .
C'est notre siècle qui est coupable de ces destructions in jus -.
tifiables. Les chapelles du Pénity, de la Madeleine~ Notre­
Dame du Guéodet, l'ossuaire de la Cathédrale, l'église des
Cordeliers existaient aux premières années du siècle. Tous
. ces monuments étaient tombés avant 1850. Six monuments
détruits en un demi-siècle, c'est tt'op 1 et cependant il n'est
que juste d'ajouter à cette liste funèbre la chapelle du col­
lége pour laquelle on affecte un dédain superbe, et qu'on
vient de masquer si inutilement et si malencontreusement!
Voilà comment le vent de la destruction a soufflé, souffle
et peut-être, hélas! soufflera sur Quimper ... Voyons! Que
pourrait on bien abattre encore ? .. Il reste le mur de ville
le long du jardin de l'Evêché. Deux fois, si je suis bien
informé, il a tremblé sur ses vieilles assises: pour le sau­
ve!', il a fallu l'opposition déterminée d'un Inspecteur des
monuments religieux On invoque contre ce mur ... , qui s'en
se!'ait jamais douté ? ... une raison d'art. On dit qu'il mas­
que le rez-de-chaussée de la cathédrale. A ceux qui
mettent en avant ce beau motif je ' ne demande qu'une chose
simple: entrer dans le jardin de l'évêché et ouvrir
et bien
les yeux. Tandis que du côté de la place, la. Cathédrale
est surchargée d'ornements, le mur, du côté du jardin, est

absolument nu. Ce n'est pas de la simplicité, c'est (oserai-je
~) de la pauvreté.
le dire
Nos évêques, quand ils bâtirent le transept et la nef,
savaient que la muraille ne serait pas vue de ce côté. Né
montrons donc pas notre belle église autrement que leurs
constructeurs n'ont voulu la montrer; et, sous prétexte
d'art, ne commettons pas une faute de goùt après tant
d'autres.

NOTES DU CHAPITRE V .
( i) Evêque, 7, vO.
(2) LOBINEAu. p, 204. HÉVIN, p. 9:3. Il cite cette phrase du Cart.:
« In domo Episcopi, sicut olim (ieri cons'uevit, placita tractabuntur.))

(3) Rapp. Sénéchal. 1.8, 1'0 et v 35, l'0.

(4) HÉVIN. p. 59 et passim.

(5) Dict. d'Ogée. Quimper. t. II., p. 397.
M. Girard a été depuis président du Comité révolutionnaire, puis
président du tribunal. La lie du peuple est une expression bien arIsto­
cratique, et comment le Comité n'en a-t-il pas demandé compte à son
président? J'espère du moins que quand M. Girard présidait son audience
tout le monde n'y parlait pas a la fois. '

(6) Ce corps de logis existe encore; mais avant longtemps il doit être
démoli. .
(7) Sur les réquisitions du procureur du roi, Jean Beaujouan. V. no­
tice sur Jean Beaujouan. Bull. i88D. T. XII, p. 26. ' Je ne puis in­
sister. D'autres renseignements trouveront leur place dans une Étude sur
les Hautes justices de Quimper. -' Voir le terrier de la Commanderie
(i730). Arch. dép. avec un plan de la chapelle et de l'auditoire .
(8) Cela résulte des jugements de condamnation.

(9) HÉ VIN, Cons. III, p. 10. Questions, p. 83 .

(iO) N°S 833 et 834 Son A. du plan cadastl'al d'Ergué-Gabéric.
La colline garde le nom de Justice et le chemin qui unit les

deux routes se nomme chemin des Pendus. Aveu du 30 octobre 1730 .
V. Bulletin X, p.21.1. .
(12) Aveu du 27 novembre 1.701. Arch. départ. V. Bulletin X,
p. 14 et suive et 2H .
(13) Aveux du Plessis-Ergué (19 septembre 1673). Arch. dép.).
(14) N°s 26, 29, 30 Son C du plan cadastral de Plogastel. .
(15) Aveu du 17 avril 1679. Arch. dép. H, 3i7, carton.
(16) Sépultures Saint-Mathieu, 1.650.
(1:7) Inv. sommaire des Arch. départ. B, 61.
(18) Délib. du 16 octobre 1791, Mairie.
(19) Arch. dép, B. 55, 1740-1741.
(20) Voir ci-dessus chapitre 1 . Arch. dép. H. 187. Marie-Françoise
de Quélen nommée setùement en 1763, n'avait pas succédé immédiatement
de Goesbriant, morte le 6 juillet 1730. Entre ces deux
à Marie-Anne
abbesses se place Renée Rogier de Crévy. Arch. dép. B. 50. 1740-1741.
Il Y aurait à faire une histoire de l'abbaye de Kerlot. Le fonds
de Kerlot aux Arch. dép. est riche: il contient 1.7 cartons (H. 184 à 201) .
Ces cartons attendent un explorateur.
(21) L'existence du four du Mez-Gloaguen, au XIVe siècle, est révélée
le testament de Mo Guillaume Coasguell, léguant à Saint-Corentin une
par
rente de 20 sols à prendre sur sa maison et le jardin adjacent situés
du four de Mez-Gloaguen (Campus Gloaguen), du coté de la rue
auprès
des Étaux (versus vicum stallorum carnium). 1.348.
Preuve nouvelle de ce que j'ai dit plus haut, d'après un acte de 1489,
qu'anciennement le nom de rue des Etaux était donné à toute la lon­
gueur de la voie montant de la rue Kéréon au carrefour de la rue des
Vendanges actuelle.
Arch. dép. ventes nation. R. 1.04 et 1.05, nOS 220, 221., 229, 230 .
La situation donnée au four de Mez-Gloaguen par le plan de 1764,
répond aux indications de l'acte de vente nationale: « donnant à
« l'ouest, rue Mezgloaguen, au midi et à l'est sur venelle (la venelle
« conduisant de la rue Mez-Gloaguen il. la rue du Collége). »
Je serais porté à croire que le four dit de Saint-Laurent, bien que
mentionné comme vendu SUT l'Evêque, était le four du petit fief de Saint­
Laurent annexé au collége. Ce four ne figure pas à l'état des revenus de
l'Evêché en 1.790. Ce four existe encore.
(22) Fa 12, va et 1.3 ra.
(23.) Sépult. Saint-Mathieu.

., (24) C'est-à-dire ~ur la rue de la Vie~lle-Cohue. Les pièces auxquelles
J emprunte ces renseignements sont les titres de propriété de M. de Coues­
nongle.
(25) HÉVIN, p. 70.
(26) Je dois ces renseignements et quelques-uns de ceux qui suivent à
l'extrême obligeance de notre confrère M. le chanoine Peyron, secrétaire 1
. de l'Evêché.
(27) Hervé de Lézongar avait fondé une chapellenie à Saint-Corentin,
dont Rolland (V) de Lezongar, sgr de Pratanras, était patron en 1533
(M. LE MEN, p. fOi). L'aveu en nommant Hervé de Lezongar semble
l'indiquer comme donatem de la maison prébendale.
, p. 15 et 16.
(28)! M. LE
(29) M. LE MEN, page 60, note.
(30) M. LE MEN, p. 100-101.

V. ci-dessus chap. II, § II.

(32) MOREAU, p. 208.
(33) Arch. de l'Evêché.
(34) Rapp. de 1781. HÉVIN. Aveu de 1682. Le Miseur avait, en '
i094, payé 24 livres pour cet objet. V. Compte des Miseurs. BULL. XI,
p. 135. En 1713, la Comrpunaut \ racheta la part de la taille due au Roi,
pour 288 livres payées en louis d'or, d'argent et monnaie. La taille est
estimée 20 livres monnaies faisant 24 li v. de rente dans le reçu qui est
aux Arch. dép. E. 2. (io avril 1713).
(30) Réform., fo 52, vO.

(36) Aveu de 1.682.
(37) Réform., fos 06 et 07, vo.

(38) HÉVIN, p. 86 et suiv .
(39) Réform., fo 07, vo. HÉVIN, p. 91.
(40) La maison avait changé de maître depuis 1039; au commence-
ment du XVIIe siècle, elle appartenait à René de Tromelin, sr de Lan­
celin et du Parc (par. de Kerfeunteun), qui de Conseiller devint Prési­
dent au Présidial, le 28 mai 1641. II mourut le 0 mai 1642. . Au mois
de mars précédent, la ville lui avait fait l'honneur d'être le parrain
d'un fils de son second mariage. Arch. dép. E, 1.
,( 41) TRÉVOUX, VO Quintaine. .

(42) Aveu du 14 juillet 1682. L'Evêque réclamait la redevance sur
le manoir et la terre de Troheïr; mais il est débouté de cette mouvance; la

redevance était due; mais par les villages de Kergolvez et Kergroach
dépendants de la terre de Troheir. Cette distinction importdit; la
saisie ne pouvait être prononcée que sur les terres soumises à la rente.
L'Evêque ne conteste pas cette décision. Le manoir de Troheïr relevait
du Roi, auquel il payait une cheffrente de 8 livres (Rèform. de W39).

(~3) Evêque, fO II, vo.

( ~~) Sénéchal, fo 32, 1'0 et sui v. Evêque, fO II, vO.
(MS) CAMBRY, II, 328.
(~6) HÉVIN, p. 97.
(~7) De même Hévin commet une erreur en disant que ces seigneurs
étaient sergents féodés de l'Evêque; et que les droits prétendus sont une
« rénovation des rapines des sergents. » Voir sur ces points: Bull. X.
Coat(ao et Pratanras, p. 83. .
(.~8) Aveux et Evêque fo :10, VO
(~9) Aveux de Coatfao.
(50) Sénéchal, fo 1. i, rO
(51.) Une tradition ancienne rapporte l'origine de la sonnerye à la
cause que voici : Lors de la construction de .la nef de la cathédale, Ber­
trand de Rosmadec eut besoin d'une énocme quantité de hêtres. Le sei­
de CoatIao (le bois du hêtre) les fournit gratuitement; et, pour
gnenr
le souvenir de cette libéralité, l'Évêque lui concéda le droit de
perpétuer
sonner. Quoiqu'il en soit, ce n'est pas (comme on l'a dit) pour ap­
peler les fIdêles aux offices, ue l'on sonnait dans l'église et après l'office
commencé. V. Pratanras et oatfao. Bull. X, p. 76 et suiv. Le seigneur
de Coatfao avait anssi droit de bouteillage. Voir les débats élevés sur
ces divers droits. Promenade. à Pmtanms et Coatfao. Bull. X, p. 1.9 et
SillV.
(52) Voir Bull. X. P. 66 et suiv. Pratanras et Coat(ao.
(53) Sénéchal, :31., rO. Au temps d'Hévin et au dernier siècle, la
seigneurie de Guengat était à la maison de Kergorlay; mais, aux siècles
précédents, les seigneurs du nom de Guengat avaient eu une haute illus­
tration. L'un d'eux, Alain de Guengat, avait été vice-amiral de France,
capitaine de Brest et maitre d'hôtel du roi François 1 • Il mourut le 1.0
des Calendes de juillet 1.531. ; et le Nécrologe des Cordeliers lui consacre
cette mention prétentieuse qui sort des habitudes de simplicité des hum­
bles Frères :
:10 Kal. Julii, 1.531.. -- Hâc luce concessit in fato vir tum bellicâ
gloriâ, tum sapientissimis in administrandâ Gallorum regis Francisci
ejus nominis primi familiâ, et in navibus et castris et oppiclis Bri­
tannicis regendis consilü'l, nulli suâ tempestate secundus, Alanus de
Guengat. .

1.0 des Calendes de juillet H53L (22 juin). · Ce jour succomba au
destin un homme qui par sa gloire guerrière et par sa haute sagesse- dans
l'administration de la maison du Roi de France François premier du nom,
et dans le commandement des flottes, des armées et des villes de Breta­
gne, ne fut inférieur il personne ee son temps, Allain de Guengat.
(54) Titres des Cordeliers. Arch. dép. Délibération du Présidial
(14 mai 1660), en vertu de laquelle une messe est fondée pour être dite,
il la sortie de l'audience, au grand autel de l'Eglise « afin que les offi­
« ciers occupés toute la matinée à la distribution de la justice... ne se
,( trouvent pas privés de si sainte et si pieuse action. »
(55) Voici en résumé les rentes énoncées il l'aveu de :1.682 :

27 livres payées par 6 maisons, soit pour chacune 4, fr. 50 c.
553 sous par 53 maisons, pour chacune :1.0 s. (50 c.)
409 deniers par 6:1. maisons, pour chacune 6 d. (2 c •. :1./2.)
27 1. 553 s. 409 d. (il 12 pour i sou) donnent en rédUIsant 56 1. 7 s.:I. d.
ou 56, 35 c .. (1 denier) pour 120 maisons. Chacune payait donc en

moyenne 46 c. et une fraction 46 c. 95 soit 47 centimes .
7 maison~ payaient des gélines ou poulets: en tout 77 poulets.
(56) Subdélégué fo 59.
HÉVIN, p. 75. Bougis osait invoquer ces déclarations qui avaient été
été rejètées par les réformateurs.
(57) Subdélégué, fo 21.
(58) Aveu du 7 avril 1679.

J. TRl~VÉDY,
Ancien Président du Tribunal eivil.