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Bulletin SAF 1885


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Aperçu des travaux du Congrès des délégués des Sociétés départementales

M. Hardouin

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APER U

DE S TRA VAUX DU CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS

DES SOCiETES DEPARTEMENTALES.
(Session de i88D).
1. Du 7 au 11 aVl'il dernier, a été tenue il la Sorbonne

la 23 réunion annuelle convoquée par le Ministère de

l'Instruction publIque. Elle a eté, comme en 1884, pr'ésidée
par divers membres du Comité des travaux historiques.
Les repl'ésentants -des Sociétés ont dû, également comme
alors, pl'endl'e place dans l'une des cinq sections suivantes:

1 re Histoire et philologie; 2 archèologie; 3 sciences èco­
nomiq lles et sociales; 4° sciences mathématiques, chimi­
ques, physiq ues et météorologiq ues ; 5° sciences naturelles et
géogl'aphiques. Il n'a pas été autrement donn é suite au
vœu de destiner à ceïles-ci une section Spéciale . .
Deux des membres de la Société archéologique du Finis­
tère ont, ainsi qu'il était advenu lors de ln session immé­
diatemen t précédente, assisté aux séances tenues par

la première section. Un troisième délégué a, cette année,

pris part a la réunion annexe du Congrès, qui a spéciale··
ment pour objet les arts cIécol'atifs. C'est dire combien im­
patiemment est attendu le rapport dévolu quant à ceci à

M. Beau, le savant et dévoué conservateur du Musée com-
munal de Quimper, établissement dont il ne saurait être

- ' hors de l'ropos de constater ici, en passant, la prospérité et

le succés croissant, dus tout particulièrement à sa galerie
si ingénieusement agencée, de costumes br'etons .

II. L'accomplissement de la tâche de rendee trés som-
mairement compte des tr'avaux de la section d'histoire et
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XII. (Mémoires). 22

de philologie survient, cette fois, dans une OCCUl'rence d'au-
tant plus douloureuse que moins prévue. Chacun se l"appelle
l'unanimité avec laquelle fut applaudie la lectuee du rap-
poet si l'emacquablement consciencieux dont la session de '
fit l'objet. ,

Lesavantauteur dece travail, M. Canvel, avait été chaegé
de peésenter un second rapport. Il s'était remis à l'œuvre,
dérobant, une fois de plus, quelques instants aux exigences
quotidiennes d'un enseignement d~s Ion j'temps et de plus
en plus app,'écié par la haute confiance des familles. Un
nouveau mémoire était donc prochainement attendu qui
eût été, à tous égards, digne du peécédent.
Espérance teop tôt hélas l et trop 1 ugubl'ement déçue 1
Dès le 25 avril deenier, en effet, M, Canvel succombait,
peesque subItement, aux étreintes d'une affection d'autant '
moins curable que plus longuement latente. II at.teignait
à peine à sa cinq uante-septième année. Sa mOI't aussi fa­
talement prématlleée qu'imprévue, eut dans Quimper le
retentissemen t le plus douloureux. Elle y devint un deuil
public, Par leur émotion, par leur recueillement~ par leur
' affluence aux funérailles de M, Canvel, ses concitoyens
. témoignèrent de toute l'unanimité d'estime et de sympathies
dont sa mémoira restera honorée. CYest gue la éarrière,
si tôt, hélas! brisée à jamais, qu'ilpal>courut, fut, en sa
modestie, l'une des plus mél'itoil'es à tous égards comme
des plus laborieuses' qui soit à citer en exemple (1).

'(1) Des bancs de l'école la plus rudimrntaire et plus tard de l'exercice pro­
long'é des emplois les plus modestes, M. Canvel, longtemps sans autre -

fortune qu'une opiniâtreté invincible au travail, secon lée par une
conduit, irréprochable il l'avenant, avait réussi il s'élever jusqu'à: un
degré de mérite littéraire. Au prix d'efforts et de veilles, d'où ré­
haut
sulta, évidemmp.nt, une altération trop réelle, quoique latente de ses
forces physiques, M. Canvel s'éhit créé un fon 1s d'instruction classique
aussi solide que variée. Il l'utilisa dans un professorat à juste titre et de
jour en jour davantage apprécié par ses nombreux élèves et par leurs

"Puisse la trop légitime douleur de sa digne cam pagne et
de sa iamille tant aimée s'atténue!' quelque peu par }'ex-
pression des reg" l>ets si profonds et de l'ineffaçable souve-
nir q ne le docte défun t a légués à ses confl'éres !
III. Le simple aperçu qu'il s'agit de substituer ino- .'
pinément au rapport si vainement espéré, ne consIstera
qu'en de brèves indications.
Sans avoit' sensiblement décru, l'affluence et l'assiduité
des délégués n'ont point paru en progrès. Mème remarque
quant aux rnémoires transmis d'avance ou directernent com­
muniqués .U n procès-verbal analytique et trés exact de chaque
séance, rédigé sous la surveillance du bureau, a continué
d'ètre, dès le lendemain, publié dans le Journal officiel.
Tout compte-rendu à destination de l'une des Sociétés re-
présentées doit, nécessairement, se référer à ce procès-
verbal.
A l'ordre du jour des cinq séances tenues par la section
d'histoire et de philologie, se trouvaient inscrits de très­
nombreux mémoires. Il s'en est fallu de beaucoup, néan-
moins, que toutes les promesses de lecture aient été fidè-
lement Lenues.
Ainsi en a-t-il été spécialement en ce qui concernait la
représentation provinciale, sujet dont il n'est pas hesoin de
ra ppeler 1 '.im portance hOl's ligne. A deux ret)rises déjà, il
avait figuré sur le programme. Cette annèe un mémoire y

avait été port~~. Il devait s'y agir des États du Cambrèsis.
Ce rnémoi~e n'a pas été lu. Il eût indubitablement pl'OVO­
qué une discussion OI'ale au cours de laq nelle n'eussent pas
manquè non plu$ de t['ouver place quelques indications
tenues en réserve relati vementaux États de l'ancien pays et
parents. La collaboration de M. Canvel aux études que la Société archéo­
logique du Finistere a w;ssion d'encourager, spé<.:ialement en ce qui con­
cerne la langue et les antiquités celtiques, était devenue aussi active que
fructueuse.

duché de Bretagne. S'il n'en a point été donné immédiate­
ment communication, c'est à raison, en pal,ticulier, de ce
que toute priorité en pan'ille matiére a paru devoir l'evenir
aux pays d'Etats, autl'es que notr'e pI'ovince . .
Le particularisme dont l'institution y conserva l'empreinte
exclut en effet, tout au moins dans une certaine mesure, les
données générales SU I' son fonctionnement. Elles sont à
pui~.er de pl'éférence, sem ble-t-ll, dans l'ensemble des docu­
ments publiés ou inédits qui f01'l11ent le contingent du sur­
plus des pays dits d'États. Quoique l'histoire de la représen­
tation pl'ovinciale soit à vrai dil'e, encore à entreprendre, il
pal'aît d'ores et déjà hors de doute que, de l'un à, l'autre
. des mêmes pays, cette représentation n'accusa.. guère,
au fond, que peu de différences essentielles. Son étude, en

Congrès, finira donc beaucoup plus utilement qu'elle ne
débuterait, par un exposé critique des textes exclusivement
relatifs aux États qui furent tenus dans la région que
l'historien des mêmes -États) M. de Carné, appelle une· '
{( humide péninsule ». L'occasion s'est déjà, pr'ésentée de
signaler, même en réunion de SOl'bonne, hm portance hors
ligne du rôle qui, séculairement, leur fut dévolu et l'intérêt
souvent si dramatique de leur histoire.
Les séances de la pl'emiél'e section avaient été inaugurées
par des com m li nications et une discussion fort int~ressantes
se réfé.rant à la quatrième question du programme. aimd
conçue: « Origine, étendue, régime et formes d'aliénation
« des biens communaux au Moyen-Age.» Le reç;retté
M. Canvel s'était Pl'oposé d'insistel' sur le maintien de cette
question au programme de la session pl'ochaine. Ce vœu
doit trouvel' ici l'expression dont il devai t fail'e l'objet.
« Les anciens livres de raison et de comptes et journaux
«de famille » ont, de leur côté, donné lieu à plusieurs lec­
tures au nombre desquelles il convient de citer en f'articu­
lier celle de M. de UEstourbeillon, l'un des correspondants

de la Société archeologique du Finistère, sur la vie de châ­
teau au XVIe siècle, d'après un Journal de la Chàtellenie de
Saffré. Cette lecture, où ont été évoqués les souvenirs des
familles d'Annebaud, de Laval et d'Avaugour, a été fort
applaudie. De son côté, l'honorable et docte M. Deloche a
signalé, en toute autorité, quant aux livres de ra..ison, l'in- .
térèt capital· des documents sur la fortune privée au Moyen­
Age, sujet traité, il y a 50 ans, par M. Leber.
Les liturgies locales ont fait l'objet de mémoires curieux.
C'est encore un sujet à maintenir sur le programme. De
nouveau également s'est affirmée l'utilité historique des
documents concernant les foires et mar'chésau Moyen-Age.
Les enquêtes sur l'état de l'enseignement primaire, secon­
daire ou supérieur antérieurement à 1789, ont continué. La
haute utilité de ces enquêtes ne saurait, un seul instant,

être mise en question . Elles ne pourront d'ailleurs que gran­

dement profiter de la détente qui semble enfin se manifester
dans l'irritation dont maintes communications du même
ordre ne portaient souvent que de trop visibles traces .
La question spéciale aux vestiges du servage dans cer-
taines coutumes locales, n'ayant fait l'objet d'aucun mé­
moire ni d'aucun exposé oral, l'un des délégués de la
Société archéologique du Finistère a cru utile de signaler,
en p'assant, les documents dont cette Société a bien voulu,
naguère, autoriser la publication, concernant l'abolition

de la Qu.evaise dans les domaines de l'abbaye du Relec (1).

Dans l'allocution inaugurale des travaux de la section,
son éminent président, M. Léopold Delisle, a réclamé ins­
tamment le concours des Sociétés départementales pour la
continuation d'un ouvrage dont le p~'emier fascicule vient
de par'aîtr8. Il s'agit de la bibliographie des travaux

( i) V. Bulletin, iS85, t. XII, p. 53.

historiques et archéologiques publiés par les Sociétés
savantes, dressée sous les auspices du Ministèt'e de l'Ins­
truction publique. Le plan de cette publieation a été dOllné
par un érudit de grand mérite, l'vI. de Lasteyrie. On y fait
très brièvement l'historique de chaque Société; ses publi­
cations parues ou en cours sont indiquées, et des tables
·méthodiques donneront toute facilité aux recherches. M. le
Président, a cette occasion ... signale et regrette l'absence,
. dan~ les bibliothèqu.es les plus impodantes de Par~s, de
tout exem plaire des mémoires ou bulletins de maintes

Sociétés.
IV. Ce fut au cours même du Congrès que le portefeuille de
l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts advint
à son titulaire actuel. l\-1. René Goblet n'en tin t pas moins
a honneur de \'enir présider la séance de/ clôtur'e de la

session et témoigner ainsi de la même h,wte bienveillance

que ses honorables prédécesseul's. Qu'il soit permis d'ajouter
que 1V1. le député Goblet ({'l·e la Somme) avait dès longtemps
préludé à l'émulation dont l'heUt'e venait de sonner pour
lui, par le dévouernent le plus sincère et 1'3 plus éclüiré il la
cause des lettres , des sciences et des arts, et de leur ensei­
gnement à tous les degrés.
Une réglemen tation d~ plus en plus libérale, SU\>tout en
sa pratiq ue, continue de faciliter a souhait aux délégués les
., communications mème non précédées d'une lecture au sein
des Sociétés représentées.
A juste titre, toutefois , une séance spéciale est réser'vée

chaque jouI' au K mémoit'es qui ont subi cette première

épl'euve. A utant il était regr,'.'ttabie, au point de vue de la
libre participation aux travaux du Congrès, qu'une lecture
préalable des mémoires, suivie de leur tl>ansmission officielle
au Mimstèl>e, fût érigée en condition absolue de cette parti­
cipatIOn effective, autant il deviendrait regrettable que la

mesure qui est ici rappelée cessât de rester usuelle tout
en devenant purement facultative. Elle constitue effective­
ment, au pnint (le vue de l'étude sél'ieuse dos questions ins­
cl'itesau progt'amme, une garantie à de moins en moins
déclaignel', Vne publicité moins restreinte que celle qui a

été d'usage jusqu'ici, donnée à ce programme serait éga-

Jement désirable; ni l'insertion au Journal officiel, ni l'envoi
. d'un exemplaire uniqn8 à chacune des Sociétes intéressées,
ne suffisant à stÏrn uler les délégations et surtout les études

désil'ées .
sera. point absolument inutile de rappeler que,
Enfin, il ne

tout en instituant des réunions annuelles, à Par'is, de délé­
gués des Sociétés dr.pal'tementales, le ministèl'e de l'Ins­
truction pllbhqlle et le Comité des tl'avaux hi:storiques, loin
d'exclure la Jibr'e tenue de congl'és rÉ'gionaux ou généraux
,d'histoire et d'archéologie nationales. appellent, au con-
tI'aire. de leurs vœux, la fl'équence et la mul tj'lllIcité de ces
assises souvent si féco::des Qui POU i rait oubliee que les
réunions offièielles de la Sorbonne furent longuement
précédées de celles dont M, Al'cisse de Caumont, d'illustre

mémoire, prit J'initiative t L'œuvr'e patriotique et précieu~e
entre toutes, de la recherche des monuments historiques et
de leur conservai ion, est demeurée debout. Elle a été
. transmise à l es mains digoe.3 et vaillantes. L'esprit du
fondateut' n'a paR cessé de l'animer d'un souffie d'ardeul'
et de persévérance tout ensemble,

HENRI HARDOUlN.