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Bulletin SAF 1885


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Promenade à Quimper (article 2)

M. Trévédy

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IX (Suite) *.
CHAPITRE II

Les Murs de la ville .

Les murs de la ville ont été construits ou par l'Evêque,
ou par les habitants avec le concours ou l'aveu de l'Evêque,
seigneur de la ville. C~est ce que, en 1781, l'EvêquB indui­
sait de l'usage constant de la communauté de ne point
. innover sans sa permission. C'est ainsi que, par exemple,
en 1748 et 1753, q lland il fut question d'aplanir les douves
et de supprimer l'arche en pont-levis du pont Sainte-Cathe­

rine, la communauté demanda l'autorisation de l'Evê­
que (1).
En 1209, Guy de' Thouars, époux de la duchesse Cons-
tance, tenta d'élever une forteresse « une maison », disent
les titres, à l'angle formé par les'deux rivières au-dessus de
leur confluent. » Cette maison et ses dépendances auraient,
paraît-il, occupé tout l'espace qu'occupa, depuis) l'enclos de
Saint-François (2). .

L'Evêque s'opposa à cette construction sur son fief, et en
appela à 1) Archevêque de TOUl'S, alors en tournée pa8tOl'aie

en Br·etagne. Le différend fut réglé dans un synode tenu à

Rennes (3). Il fut con venu que « la maison » serait cou­

verte, mais resterait en l'état où elle était. P l us tard, Guy
Thouars ayant" malgré ses pl'omesses, repris le travail

interrompu, l'Archevêque mit l'interdit sur ses terres; le
Comte se soumit et laissa démolii' la forteresse, dont les
matériaux abandonnés à l'Evêque servirent à bâtir la cha-

. pelle du Guéodet.

(~') Voir ci-dessus, p. 2:1.3.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. Tome XII. (Mémoires). 1.8

Deux siècles après (1399), Jeanne de 'Navarre, veuve de
Jean IV, tutrice de Jean V, reprit l'œuvre tentée par Guy
de Thouars. Mais l'Eveque Thibault de MalestL'oit excom­

munia les officiers de la Duchesse, et mit l'inter'dit sur le
diocèse. Pendant que la Duchesse. en appeLât à l'Archevêque
. de Tours, "l'Evêqlle réclamait d'elle la démolition de la forte­
resse commencée. N'en obtenant rien, il maintint son
. interdit ~ mais, grâce â l'in1ervention du Pa pc et de l'Arche-
vêque, l'interdit fut suspendu de sept ans en sept ans, à la
condition que les travaux ne fussent pas repris. Enfin, en
IJB5, pe11dant l'épiscopat de Bel'trand dt: Rosmadec. le pape
Eugène IV fit cesser l'effet de l'interdit; maisll réserva à
l'Evèque l'usage des armes F;pirituelles, si de nouvelles
entreprises étaient laites sur le fief ùe Salllt-Corentin.

Les choses en étaien t là, lorsq ue Pierre II (1152) en tre-
" peit de finir la forteresse de Jean V. L'Ev 'sque Jean de
Lespervez recourut a Rome et le Pape, Sllr le rappol't de
tl'Ois Evêques commis par lui, négocia un accord entr'e le
. Duc et l'Evêque. Le Duc fut autoeisé à achever Ha forte-

resse; mais il s'engagea en mème temps à reconstruire

ou à réparer l'enceinte murale qui menaçait ruine (4).
Telle est l'histoire de la construction du château. Elle
nous montre les Evêques, véritables défenseurs de la cité,
luttant pendant près de deux siècles et demi pour les

droits du fief de Saint-Corentin, et te..rminant cette longue
querelle par une transaction avantageuse à la cité.
Mais longtemps avant cet accord du Duc et de J'Evèque,
la ville était close de murs.
L'enceinte murale existait-elle en 1209 1
Il serait
téméraire de l'affirmer :
du moins est-il certain qu'elle
était complète avant que fussent élevés les remparts de
Dinan, qui allait devenir
une place autrement fort.e que

QuimpeL'. '
Froissard
Enéffet, en 1345, quand Dinan, au rapport de

(liv. 1 c. 107), « n'était fermé que de palis », notre ville
était epclose de murs, puisque Charles de Blois.« fit brèche en
six endroits de la muraille » et donna l'assaut au mur

qui longeait la rivière, vers le Pare actuel. Il semble même
qu'à cette époque il y avait quelques défenses dans la Terre
que. Ceci rèsul t~ de ce fait emprunté par Dom Lobineau
à l'enquête de canonisation d.e Charles de Blois:' « Char­
les ayant jugê à propos de ruiner ' n'ne partie des fortifica­
tions qui (à cause de leur étendue), étaient ,de trop grande
garde ... , aima mieux dAmanteler ce qui était àlui (au Duc),
que de toucher à ce qui était à l'Evêque. » (5) Ce qui était
au Due ne pouvait êtrè que dans ~a Terre au Due .

Les murs menaçaient ruine en, 1452, quand ils furent ou
reconstruits ou )'éparés par le duc Pierre II, en vertu des
conventions 'passées avec l'E vêque Jean de Lespervez.­
Ces murs reconst.ruitssont ceux dont nous voyons aujourd'hui
les restes.
Le produit d'un impôt particulier, dit en Bretagne droit
de billot, était consacré à l'entretien des places, rues et murs

des vi lles. Cet impôt levé sur les boissons était général et
la noblesse et le clergé y étaient soumis. Ce droit était,
selon le systéme financier du temps, donné à ferme. Mais la
Cornouaille avait deux villes closes : Quimper et Concq
(Concarneau). Le biL ,:ot de COl'nouaille était une ressource
insuffisante aux dépenses de ces deux places (6). A cette '
époque, les villes vivaient, comme elles pouvaient, de leurs

revenus annuels: les emprunts à outrance qui engagent un
long avenir' sont une invention moderne.
Toutefois, vers l'époque a laquelle nous nous reportons,
à la fin du XVe siècle, d'importants travaux furent exé-

cutés pour la fortification de Quimper et de Concarneau. La
Bretagne était déchirée par ses discordes intest.ines, el~e
voyait la France envahir ses ft'ontiéres; eUe Duc essayait'de
mettre ses villes en état de défense. .

En I-t68, Concarneau avait pour capitaine Jehan de Rohan,
seigneur du Gué de l'Ile, Il obtint des constmctions impor­
tantes à Concarneau. Le 8 jan vier 1470, J ehan du Dres­
nay, bailli (sénéchal) de Comouaille, « à ce corn mis par
« le Duc, » ce:tifie ( la solidité de ces travaux. » Mais
chose à faire : ce fu t l'œuvre de
il restai t encore q l1elque
l'année 1475 : et, le 28 mai de l'année suivante, Henri du
Juch, seigneur de Pratanroux, capitaine de Quimper, Jehan
AilIet, bailli de Cornouaille, et autt'es notables, reconnuren t
que le « tiers du devoir de billot avait été employé au para­
« chévement de la fortification de Concarneau. »
Pal' le même acte, le capitaine etle sénéchal reconnaissent
que les deux autres tiers du billot ont été employés « à la
« fortlfication et à l'emparement de Quimper. » .
Nous avons déjà dit qu'en 1490, Quimper avait essayé
d'assurer la défense du faubourg de la rue Neuve, en coU­
pant la prairie de la Madeleine par un boulevard et un fossé.
En 1494, Quimper bâtissait une tour ... Laquelle? C'est

ce que nous ne pouvons savoir aujourd'hui. La tour n'avait
pas· encore reçu de Dom, quand Jehan Le Baud, miseur, la '
porta à son compte; il l'appelle la tour neuve et n'en donne
pas la situation.
Pardonnons au miseur de n'avoir pas songé à éclairer
nos recherches .. Il avait, a ce moment, une bien autre
préoccupation : il s'agissait pour lui d'obtenir,l'acceptation
en compte de la dépense faite. Le miseur avait été impru­
dent: un devis lui était imposé, et il devait notamment faire
une charpente et une couverture semblables à celles des tours
de Concarneau et du chàteau de Kaynmerc'h (Kimerc'h) (7) ;
mais le miseut' a voulu mieux faire et a mieux fait. La ville
ne refuse pas son trop bel ouvrage; mais elle ne veut admettre
en compte que la somme portée au devis; et le miseur de­
mande ( qu'il lui soit fait raison de la somptuosité de ·la tour
» Trois experts sont « choisis parmi des ouvriers .
neuve.

savans et congnoissans en la matière » ; et, après serment
prêté, ils établissent leur renable : il en résulte que le mal­
heureux miseur « ( eu esgard au devis, perdrait au moins
». A-t-il été fait droit a la
trois cents livres monnaie
demande de Jehan Le Baud ? C'est ce que nous ne savons
pas.
Malgré tous ces travaux accomplis, la reine Anne jugea

les fortifications de Quimper et de Concarneau encore insuffi-
santes; et, par' lettres patentes du 23 juin 1498, elle ordonna
de les compléter.

la ville s'inféodait au Duc d'abord,
L'Evêque seigneur de
au Roi ensuite, de la prochaine mouvance des murs et
fortifications. Originairement ce droit n'était pas contesté;

mais les murs donnèrent cependant lieu a plus d'une discus-
entre l'Evèq ue et les officiers du Duc. C'est ainsi que,
sion
en 1386, les Etats réunis a Rennes eurent a statuer sur le .
« débat élevé par l'Evêque et le chapitre contre Jehan de
« Nevet, capitaine de Monsieur (le Duc) de nOD faire portes
« fermantes a ladite ville de Kimpercorentin, si l'Evêque

« et le Chapitre n'en avaient doubles et pareilles clés. »
. Les Etats jugèrent contre l'Evêque; et c'ét,alt justice: il est
clair que les clefs doivent être seulement aux mains de

celui qui a la garde des portes (8).
A la fin des deux derfliers siècles, de pl us graves débats
s'élevèrent. C'est a roccasion du dernier , en 1781, que fut
dressé le procès-verbal des fortifications qui nous reste; le
compl~tait .a disparu. -
plan qui le

Nous nous retrouvons au pont Sainie- Catherine, dit
aujourd'hui de l'Évêché. Je l'ai décrit plus haut. La
porte est accostée d'une poterne .. Le plan la nomme porte de

la rue Neuve; elle se nommait aussi porte Sainte-Cathe-
rine (du voisinage du pont et de l'hôpital de ce nom) et port3
de tÉvêque.
Selon le cérémonial observé anciennement pour l'entrée
solennelle des Évèques de QuÏil'l per, c'est devant c~tte
porte, sur le milieu du pont, que s'arrêt.ait le nouveau prélat
porté sur les épaules du vicomte du Faou et des seigneurs
de Nevet, de Plœuc et de Guengat. Là, il recevait les com­
pliments de bienvenue du "corps de ville; après quoi « le
«" procureur des bourgeois lui demandait de jurer, selon la
« coutume, de défendt'e les droits et les libertés des bour­
« geois et habitants de Quimper. l) C'est seulement après
ce serment prèté que l'Évêque entrait en ville (9).

Le plan ne figure pas le mur de ville le long de l'é'/êché
parce que ce mur sert d'appui au palais épiscopa1 et se
confond avec cet édifice. Nous y reviAndrons plus tard.
En 1594, "les murailles formaient une ligne interrompue
en un point seulement, apparemment au-dessus d'u.ne des
portes; en cet endroit la communication se faisait au moyen
d'un pont de bois. Le haut du mur était sablé et formait
comme un chemin autour de la ville. Auprès de chaque
porte et sur quelques autres points étaient des degrés pour
monter sur les murs (10). Il y en avait un de chaque côté
la porte de l'Évêque. C'est par ce degt'é qu)en 1591, le

duc de Mercœur, logé à l'évêché, monta pour faire le tour
des murs, avec le chanoine Moreau pour cicerone (11).
Ce degré n'existe plus; mais, sans monter sur les murs

comme le Duc, prenons comme lui le chanoine Moreau
pour guide. Les Miseurs de 1594-1596-1597, le rédacteur
du procès-verbal des fortifications, et le"Subdélégué à l'Inten­

dance de 1781 complèteront les mfol'fnations du chanoine.

Au delà du palais épiscopal, le mur de ville est encore
intact sur line longueur de 140 "mètres. Jusqu'à ce point ...

il se dirige vers l'est; là il prend sa direction vers le nord.
l'3l,ngle se voyait, un peu avant la construction du quai,
une tour dont il est facile de reconnaître l'emplacement, à
l'intersection des deux courtines. Je l'ai déjà nommée: c'est
la tour Pennaltenn, Le procès-verbal et le rapport du sub­
dél égué nous apprennent que cette tour s'était nommée au·
trofois FU7'ie, qu'elle était in tacte en 1781, et avait encore
ses machicoulis (12). Depuis, elle menaçait ruine; au lieu

do la souteniJ',on l'a abattue: c'est plus simple 1 ... et on a

gagné un espace de quelques mètres: excellente opéra­
lIon ....
Le ruisseau de Penruic ou de Questel, nommé aussi
Frout, se déchargeait dans rOdet, au pied de cette tour.
A 50 métres de la toUI' PennaLLenn~ le plan figure une autre
tour accostant au sud la porte des Regaires. C'est à celle-ci
que M. de Blois donne le nom de Tour FU7'W, Elle subsiste •

encore; mais elle a été rescindée par le milieu, vers 1769,
lorsque, en exécution du plan de l'Ingenieur André, la
porte des Regaires fu t démolie pour élm'gir' le passage (13),
porte des Regaires était la seule s'ouvrant vers
Cette
En avant de la porte était, sur le ruisseau de Penruic,
l'est.
un pont en bois dit PO,o lt des Regaires (1 4) .
La courtine longe le ruisseau de Penruic; et au-delà,
sur la contrescarpe, se voit l'enclos des Sœurs Blanches,
établies en ce lieu depuis 1749, et qui , de pos .jours, occu-

pent encore le meme emplacement (15) .
50 mètres environ de la por'te des Regaires, s'é!twait

une troisième tour, un peu au-dessous (à droite) du e'temin

des séminalres ou de Crec'heusen (rue de l' fl()spwe actudle),
Cette tour n'existe plus; mais le mur qu'elle défendait se
rue des DOllves, entre les dépendances de la
voit encore
maison Govin et celles de l'hôtel de 1 )rovenee, Le mur
garde ses machicoulis. M. de Blois appelle cette tour du
nom de tour Nevet"; Moreau semble aussi lui donner ce

nom (16); mais 'le procès-verbal réserve cette appellation
a une autre tou!' que nous trouvel'ons plus loin, C'est en
avant de cette tour~ et comme il descendait par le chemin de
Crec'heuzen, que Lezonnet reçut une arquebusade qui déter-
mina sa rett'aite précipitée, et causa sa mort, quelques mois

après (17).
A 130 mètres de cette tour, le plan en' figure une autre
qui existe encore, ainsi que le mur de ville, dans le jardin
des Ursulines., E lle est couverte et habitèe. C'est à cette
tour que le P,'ocès-verbat donne le nom de Tour Jt.levet (18).
Un peu plus haut, a l'endroit même où le plan figul'e une
petite tour carrée, éütÏt une issue dite paf'(~, place ou châ-
. teau aux canons. Cet espace,' en forme de triangle irrégu­
lier, contenait environ douze al'es : on y avait accès par
deux ruelles: l'une venant de la rue Verdelet et de la ville;
l'autre établissant la communication avec la tour dont nous
allons parler (19). En 1791, on y retrouva trois canons (20) .
Plus loin et a 130 mètres de la tout' dite Nevet au procès­
verbal, s'élevait la grosse tour, nommée en breton Tour­
Bihan, dont on a fait To urby et la Tourbie. La tour fut-elle
ainsi appelée du nom de son constructeur ~ L'appela-t-on
par antiphrase la petite Tour (en breton tour Bihan 1)
Question .... Elle se dressait a l'angle du mur, au point où
il tourne au sud-ouest, au sommet de la ville, au-dessous
de la jonction de la rue dite de Tourby et de la rue des
Douves actuelle. L'auberge portant l'enseigne : « -4. la
Tourbie » marque exactement la place de la vieille tour.
La tour Bihan était la citadelle de Quimper, et Moreau
dit assez clairement que qui avait la Tourby avait la ville (21) .
On lit au procès-verbal de 1781, que la Tourby avait été
bâtie « aux temps malheureux pour ce pays, connus sous
« le nom de temps de la Ligue, et pour tenir la ville en

« respect » (22). Erreur manifeste! .En 1594, la Tùurhy fut
simplement réparée (donc elle était déja ancienne) et percée

de .canonnières, c'est-à-dire d'eml;>rasures à mettre des
canons, en mème temps qu'on dégageait ses abords en
abattant quelques murs de jardins (23).
Jusqu'au XVIe siècle, la tour Bihan servait de logement
au capitaine ou gouverneur de Quimper. Mais, plus tard,
la Ligue, la ville fournissait au gou v~r-
et dès le temps de

neur une maison dont elle payait le loyer (24). 0 0 0 ' 0
« La Tourby compt>enait deux étages avec des caves au '

« rez-de-chaussée; elle avait 45 pieds (15 m.) de diamètre
« extérieur, du couchant au levant, sur 54 pieds (18 m.) du
« midi au nord; l'entrée était vers le midi, une petite porte
cc d'un mètre d'ouverture. La plateforme était élevée de
\ c( 25 pieds (8 m. -30) au-dessus du pavé; au-dessus de la
« plateforme s'élevait un donjon de 5 mètres de haut. Le
( mur était épais de 11 à 12 pieds. » L'escalier et l'intérieur
ùe la tour étaient ruinés en 1781 (25). Les mm's étaient ci-
mentés et les pierres adhérentes les unes aux autres (26).
Auprès de la tour, dans l'axe de la rue de Tourby, vers
la route de Châteaulin, s~ouvrait une porte, dite le plus
Bihan, sans doute du nom de la tour voisine ..
souvent porte
et quelquefois porte Bizten ou Bizian (27).
Cette porte fut démolie en 1769 pour élargir le pa.ssage,
en exécution du plan de l'ingénieur André \28) Mais soyons

justes! Ne rendons pas cet ingénieur responsable de la
démolition de la tour Bihan. Son plan la laissait subsister;

elle ne genait pas le passage, et il serait difficile de donner
une bonne raison de sa démolition.
Au-dessus de la porte était une statue de Notre-Dame.
C'était l'usage, en franchissant l'e seuil, de saluer la statue
d'un Ave Maria .. comme en entrant dans une maison on
par en saluer la maîtresse. Nous verr'ons plus
commence
tard que Notre-Dame était, avec Saint-Corentin .. la pa­
tronne de la vieille cité. Cet 0 usage est attesté par le
P. Maunoir au milieu du XVIIe siècle (29).

En 1781, il ne restait plus de fossés qu'entre la porte des
Regaires et la porte Bihan.
Le fossé était large de 40 à 50 pieds (13 à 17 mètres). Dans
sa partie inférieure, il sel'valt, comme nous l'avons vu, de
au ruisseau de Penruic, qui fournissait d'eau un abreu­
lit
voir, un lavoir, des tanneries au voisinage de la place Toul­
al-1er (Trou du cuir), enfin une auberge dite la Bonne
Rencontre, située au lieu même où est aujourd'hui l'H6tel
de Provence.
Dans la pa,rtie supérieure du fossé, entre la Tourby et la
place aux canons « coulait une fontaine d'eaux minérales,
« nécessaire à la santé des citoyens », dit le subdélégué.
Une place venait d'étl'A plantée au voisinage de la source.
Le publie avait réédifié cette fontaine en 1772, et le léger
produit en était affecté à l'hôpital général (30). Elle existait
encore en 1793 (31).
Sur la contrescarpe était un ' chemin de communication
entre la route de B.rest et celle de Lorient. Ce chemin, non
achevé en 1781, devait être élargi et « établi avec le plus de
diredité (sic) possible » (32). C'est par là que mème avant
l'achèvemen t de la voie, passaient les roulIers qui J'edou­
taient alors les rues' ét.roites de Quirnpel', comme les mal'ins
redoutent aujourd'hui le raz de Sein. " Ce chemin est notre
rue des Douves.
Au haut de ce chemin et au-delà, se voyait un amon­
cellement de terl'e, que le procès-verbal nomme une mon­
tagne. C'était le reste d'un ouvrage av an ~é, sans doute un
ouyrages commencés, comme nous le verrons plus loin,
des
par le duc d'Aumont (33). '
Dans le ' voisinage, on avait, dés le commencemÉmt du
dernier siécle, cherché du charbon (31). En 1768, un puits
au moins était encore ouvert « au terroir de Crech'heuzen »
puisque, en août de cette année, deux ouvriers y pér'irent (35).
En 1778, un puits mal comblé s'ouvrIt en abîme dans les

jardins qui bordent la rue actuelle des Douves (36) Cette

. mine qui ne donnait « que peu de succès, mais quelques
» (37), était encore exploitée en 1793 et même
espéranceR
en 1797. En 1793, le Comité de surveillance invita la
( municipalité à publi~r que les citoyens n'eussent pas à
« s'effrayer du bruit des explosions qui .se produisaient de
( nuit comme de jour. » (38)

. III

A partir de la porte Bihan, le mur suit une ligne droite

vers l'ouest, jusqu'à une autre porte nommée porte de Mez-

gloaguen, du nom ciu quartier auqùel elle donnait accès,
ou porte Saint-A ntoinc, du nom de l'hôpital .voisin.
En avant de cette partie des murs, était un vaste espace
aplani, qui, dès le commencement du dernier siècle servait
de champ de Joire. Pour agrandir cette place, les douves
partie furent à demi-comblées en 1748.
de cette
Cette partie de la colline se nommait aux derniers siècles
Rosengl'och; au-dela da champ de foir'e existait, dès 1748,
le cimetière Saint- Louis avec sa chapelle (39), et, auprès,

nommé La Santé. M. le major Faty suppose avec
le village
raison que ce village est bâti sur l'emplacement des mai­
sons du Lazaron ou léproserie, que le capitaine de Quim­
per fit brûler, le 5 septembre 1594, ( pour empêcher le
l'ennemi ». En effet, le titre cité par M. Faty
logement de
dit que le Lazaron était près des fossés de la ville (.f0). Or,
La Santé est sur la contrescarpe et a cent mètres environ
la Madeleine, autr'e léproserie dont
du mur. Au contraire,
nous avons parlé (41) était a 250 mètres au moins de la
tour Penalen, et était séparée du rempart par l'Odet et par
la rue NeuDe. Il est cl ait' qu'un édifice à cette distance du
rempart ne pouvait inspirer aucune inq uiétude aux assiégés .

Il faut, d'ailleurs, se rappeler que le maréchal d'Aumont
arrivait de Morlaix par Kerfeunteun, que les Quimpérois
s'a!tendaient à être attaqués par la muraille entre Saint­
Antoine et la tour Bihan, et que c'est de ce côté qu'ils pre­
naient leurs précautions (42).
Les bâtiments du Lazaron brûlés en pure perte, furent
rétablis plus tard et redevinrent une Maison de santé. , Le
P. Maunoir atteste que lors de la peste de 1640, qui enleva
le tiers des habitants de Quimper, le P. Bernard, prêtre du
Collége, voyait de la fenétre de sa 'chambre la grande quan­
'tité de malades « qu'on apportait de 'la ville au lieu destiné
« ,à recevoir les pestiférés. » '(43) Aucun doute q,u'il ne
désigne la Santé.
Cette partie des murs était la moins forte, puisque le
fossé, quelque profondément creusé qu'on le suppose ... ne
pouvait être rempli d'une grande profondeur d'eau. Aussi
est-ce par là que les paysans des montagnes assail­
lirent ' la ville avec succès en 1490 (44); c'est par là
aussi que La Fontenelle arrivant par Stang-Bihan, se pro­
mettait de faire escalade, en avril 1597 (45).
C'est pourquoi le, Maréchal d'Aumont, une fois maître de
Qnimper, s'empressa d'augmenter les défenses de la partie
haute de la ville, Il avai t commencé une citadelle autour
de la Tour-Bihan, « qui devait rester au milieu en forme
« de donjon » ... et tri lis épel'ons formés de terre et de pieds
d'arbres, l'un devant la porte de Mez-Glo"aguen, l'autre devant
le mur Saint-Nicolas (46), le troisième entl'e ce point et la porte
Médard; mais le départ du Maréchal mit fin à ces travaux.
La porte Saint-Antoine existait encore en 1781. Elle avait
seulemellt 8 pieds d'ouverture; « sa voûte était de 21 pieds
« de long avec feuillures pour trois différentes fermetures,
« dont la première servait à un pont-levis à bascule. » (47)
Il est probable, comme nous le verrons, que la porte :'aint­
n'a jamais été garnie ,de ses trois portes. En
Antoine

avant de la porte, se voyaient encore, en 1781, les traces de '
l'éperon du lVIaréchal d'Aumont. La porte Saint-Antoine a
dù etre démolie vers 1781, par suite des travaux dont nous
allons parler.
A partir de cette porte, le mur nommé en cette partie
rempart de Saint-"Nicolas,- du nom de la chapelle voisine,
tourne vers le sud-ouest. Il est dressé sur l'escarpement du ·
Pichery ou Pichiry. En 1764, il n'y avait pas la, comme

aujourd'hui, un chemin carrossable; mais un simple sen­
tier pour Les gens de pied, allait de la porte Saint··Antoine
à une potel'ne ouverte vers le bas de la colline, et à laq uelle
on descendait par un escalier » Cette poterne donn.ait accès
à la rue Blly, aujourd'hui rue Saint-Nicolas, et se nommait

porte ou poterne Bily (48). Cet escalier et la porte furent
détruits, en 1780, quand la communauté de ville, ab~ttant
au pied de la colline 40 mètres de murailles, et rétrécissant
très malheUl'eusement le lit du Stéir aux abords du pont
Médard, fit pratiquer un chemin « commode» pour établir
la communication de la route de Brest à celles de Lanvéoc, .
Pont-l'Abbé et Pont-Croix qui toutes entraient en ville par
la Terre au Duc (49).

La porte Médard parait avoir été une des mieux forti­

fiées; elle avait un pont levis sous lequel passait le Stéïr,
deux herses qui furent rétablies en 1594, une plate-forme
mantelée; elle était accostée de deux tours. Les défenses
la porte Médard n'existaient plus en 1764 ; et elle-même

fut démolie vers 1771. .
CJest par cette porte que, au mois de mai 1597, J~ande
Jégado, sr de KeroHain, capitaine de Concarneau, exécuta •
la sortie très-imprudente et non moins heureuse, qui mit
. La Fontenelle en fuite. Jean de Jégado venait « de descendre

« lui septième, compris son trompette, à son auberge du
« Lion d'or, près la porte Mèdard, quand on cri~ alarme. »
C'est la Fontenelle qui arrive! « Ses al'goulets et carabiniers»
ont emporté la barrière du faubourg et « donnent à corps
« perdu à travers là place Saint-Mathieu. ) Jean de Jégado
remonte a cheval et sort avec ses cinq hommes et son
trompette, suivi de quarante ou cinquante bourgeois. Les
assaillants sont 1,000 ou 1,200; mais le trompette vaut une
armée 1 Il sonne la charge ... » et si bien « qu'il étonne »

les ennemis, c'est-a-dire qu'il leur fait perdre la tête. Ils
s'imaginent que les sept cavaliers sont « les avant-coureurs
« . d'un gros de cavalel'ie » tant le trompette fait de ta.page 1
et il battent sottement en retraite .

Ceux qui admettent ce récit ~u chanoine (auquel je ne
puis croire depuis que le miseur l'a démenti, sans y
penser), auront quelque peine à s'en tenir à l'appréciation
Moreau: « L'honneur de cette journée.,. est dû au Sr de
Kerollain. » Soit! mais pour être tout a fait juste, ne
faillait-il pas ajouter: « et a son trompette ~ » Comment
croire en effet que la vue de sept cavaliel's ait pu produiee
cette ridicule panique ~ C'est donc le coup de trompette de
homme, dont l'historien he nous dit même pas le
ce brave
déterminé la folle retf'aite de La Fontenelle, et
nom, qui a

sauvé Quimper du pillage (50). .
A partir de la porte Médard, le mur de ville suivait le
Stéïr presque jusqu'a son confiuent avec l'Odet. En cette
partie, le mur n'est pas figuré sur le plan original; c'est
une omission: le mur existait en 1764; il est décrit au
, procès-verbal de 1781, il est tracé, mais inexactement, sur
un plan de 1817 : il a été en partie abatt~ en 1862; et au-
jourcrhui encore il en reste quelques parties debout avec
La: rep'roduction du plan de 1764 a rétabli le tracé
une tour.
du mur; mais d'après le plan de 1817, et d'une manière
peu exacte: le mur est figuré longeant la rivière et sans

tours; au contraire, d'après le procès-verbal des fortifica­
mur s'écartait un peu du bord de l'eau et portait
tiolls, le
deux tours. Laissons au procès ·verbal le soin de corriger le
plan : - _
Le procès-verbal décrit la guérite en encorbellement que
et que le dessin a tant de fois repro­
. nous voyon) encore
dui te, et plus loin la floterne ouverte dans le mur et dont
nous voyons encore l'arcade ogivale. Cette poterne donnait
accès a une ruelle, fermée en 1781; mais qui, autrefois,

condllisèlit a une autre ruelle allant, d'un côté a la rue
Keréon, de l'autre aux Cordeliers. Cette rUf'.lle existe
encore en pé lortie : elle s'ouvre rue Keréon, entre les numéros
se nommait ruelle Saint- lIichel (51).
49 et 53. Elle
A 26 toises (52 mètres) de l'épaulement de la porte
Médard s'élevait une tour. Elle se voit encore un peu au­
dessus du pont Astor', mds couverte d'un épais crépissage,
et elle fa~t partie d·'une maison. . 40 mètres plus loin, il y
en avait une autre contre l'enclos des Cordeliers: elle a
complètement disparu. Elle était saillante de dix pieds sur
la courtine au nord et de 20 pieds sur la courtine au sud,
50 mètres plus loin, le plan figure une troisième tour, a
l'angle formé par le mur «( en retour d'équerre ». Le mur
avait en cet endroit 24· pieds (8 mètres d'épaisseu['). « Cette

partie forme, dit le procès-verbal, une espèce de citadelle

ou anc~en château (52). .
Cette partie des murs est nommée le petit château dans
le procès-verbal de la Réformation de 1539; le château de

Saint-1 rançois dans le compte du miseur de 1594 Moreau

la nomme le château (~3) .
. C'est en effet il cet endroit, un peu au-dessus d~ con­
fluent des deux rivières, que Guy de Thouars, avait tenté,
1209, d'élever le"château dont l'Evêque obtint la démo­
lition. C'est au même lieu que plus tard s'éleva la princi­
pale défense de la ville, le château commencé par Jean V,

et qui ne fut terminé que sous Pierre II, en vertu des con­
ventions passées ayec l' Evèq ue Jean de Lespervez (51). Le
reste de cette forteresse était la tour de l'angle, de
. dernier
24 pieds sur le Stéïr,
36 pieds de diamètre, saillante de
dont nous avons déploré la démolition en 186. 2. Il n'est pas
douteux qu'en s'ingéniant un peu on aurait pu la conserver .
L'ingénieur André avait bien trouvé le moyen d'élargir la
rivière sans abattre la tour: il enlevait seulement l'angle

mur un peu plus haut que la tour, et faisait une emprise

de ]'àutre bOl'd de l'eau .
Plus tard, entrés dans la. Ville-Close, nous verl'ons l'es­
pace qu'occupaient la forteresse et ses dépendances .

Enfin, la courtine remontait vers l'est entre le Parc Costy
et Penclosdu éouvent de Saint-François. En cette partie, la
courtine était flanquée de tours carrées et rondes; le mur

était large de quinze pieds et les Cordeliers y avaient
jardinet (55) .
établi un
C'est par ce point que Charles de Blois et Jean de Mont­
avaient assailli Quimper. C'est là aussi que le Maréchal
fort
l'attaque. On ne connaissait pas encore
d'Aumont dirigea
le tir à ricochet; le :Maréchal « avait fait monter quel­
« ques petites pièces de cau'on ét de longues arquebuses »
sur le mont Frugy ; et de là il tirait à feux plongeants sur
ceux qui travaillaient aux retranchements derrière le mul'
des Cordeliers. Le gardien du couvent nommé La -Ville-
la résistance de
neuve, gentilhomme du Léon, encourageait
ses conseils et de son exemple : il fut blessé et mourut
deux mois après
Le long de-l'enclos du couvent, sur le Stéïr et du côté du
Parc, le mur de ville était l'unique clôture des Cordeliers;

il était même, dès le XVe siècle, affecté à ces religieûx
comme. une sorte de propriété (57) .
Cet état se maintint en droit jusqu'en 1790, c'omme nous
le voyons par le pl'ocès-verbal et par lé rapport du subdé­
légué de 1781, et comme il résulte du fait suivant: En 1766,

la communauté de ville entreprend de démolir le mur, du
côté du parc Costy : Les Cordeliers, par acte notarié du
25 septembre, font sommation au Maire Demizit de cesser
ces travaux, parce que ce mur est leur unique clôture. Le
maire répond qu'il a agi Sl;ll' l'ordre de la communauté
de ville ... mais ne conteste pas le droit des Cordeliers (58).
- En fait, la démolition cessa.
En face du pont Saint-François s'ouvrait la porte de
même nom, que Moreau nommela portedu Pare-ar-Cos-Ty.
Le plan figure une de ses tours; elle subsistait encore en
1781, et même en 1811 (59). De ce point, le mur se prolon­
geait en ligne droite jusqu'à la porte de l'Evêque ou de
Sainte-Catherine, un . peu en avant de l'alignement · des
maisons actuelles.
Le pla n de 1764 nous représente le mur de ville intact du
pont Saint- François au pont Sainte-Catherine. L'état était
le même en 1781 ; à ce moment on songeait à le démolir (60) ;
mait; il ne fut pas donné suite à ce projet; le mur sub-
sistait tout en,tier lorsllue Cambry visita Quimper, en 1796;
et chose assez curieuse! Cambry ne semble pas supposer
que. ce mur élevé au midi de la ville, et qui fait obstacl~ à .
l'air et à la lumière, devra tomber un jour: loin de là, il
. conjecture que les « augmentations de la ville file feront
au voisinage des quais sur la Terre au Due. » (61) C'est
justemerit le contraire qui devait se produire et s'est pro­
duit; eL la partie de la ville vojsine du Parc s'est seule
complètement modifiée depuis le commencement du siècle.
Au dvl'nier siècle, le mur ne pouvait être abattu de la
rue Saint-François au Steïr, puisqu'il form ;:LÏt la clôture du
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. Tome XII. (Mémoires) . 1.9

couvent; mais dès 1766, l'ingénieur André avait songé à
l'abattre entre le pont Saint-François et le pont Sainte-Ca-
therine. Son plan n'existe plus; mais il est référé dans un
plan de 1811, conservé aux Archives du Finistére. Toute­
fois, une raison sérieuse s'opposait à l'accomplissement
projet: la ville avait tout intérêt il garder son mur,
de ce
sauf à faire semblant de l'entretenir, pour se sauver
de rimposition des fouages (62).
En 1811, lorsque cette raison n'existait plus, le mur

subsistait encore tout entier en cette partie; il était en la
possession de trois ou quatre propriétaires. L'un d'eux, le
sieur Rouilly., bâtit une maison vers le milieu (aujourd'hui
maison Guibourg), un peu en retrait du mur de la ville; et
cette construction détermina une heureuse modification du

plan de 1766: d'après ce plan, en effet, l~s maisons sui­
vant la ligne des vieilles murailles, Le Par~ fort étroit auprès

du pont Sainte-Catherine allait s'élargissant démesurément
vers le Stéïr. L'alignement de 1811 l'a rendu plus régulier .

. La configuration des lieux avait contraint d'enclore dans
les murs un trop vaste espace et mème des champs et des
la partie haute de la vIlle Le nom de Mez­
vergers, vers
gloaguen donné au quartier' haut rappelle cet ancien état
des lieux: « M cs-Gloaguen veut dire en breton le champ,
« la culture de Gloaguen (63). » Le chanoine Moreau men­
tionne un vaste es['ace en culture s'étendant de la rue
Obscure à là porte Saint-Antoine, et qn'il nomme le Jardin
du Chapdre (64:).
Nous avons nommé six portes plus ]a poterne Bi]y. Sans
parler des poternes accostant au moins deux portes, les
rue N cuve et Médard (65), il y en avait plusieurs
portes de la
autres. l\'ous en avùns signalé une dans la vieIlle muraille,

le long du Stéir. Est-ce celle-là que le compte du miseur
nomme porte Saint-Marc? C'est ce que je ne puis dire. An­
ciennement il y en avait une autre dans la 'courtine ouest
du Château. C'est devant cette poterne que « s'ouvrait le
pont-levis qui servait à franchir la rivière de Stéïr pour
aller à la Terre au Duc » (66). .
Le compte du miseur nous révèle l'existence d'une po­
terne donnant « de la cuisine du logement de l'évêq ue sur
« les moulins. » Elle fut maçonnée quand le maréchal
d'Aumont menaça Quimper (67).
Enfin, en avant des fortifications, il y avait des barrières
au bout des faubourgs. Nous en avons signalé une, celle de
la rue Neuve; nous allons en trouver une autre vers la
rue Vis. Le compte du miseur en compte quatre: il en in-
dique l'emplacement en nommant les maisons des particu-
liers près desquelles elles sont placées. Cette indication,
trés claire pour les contemporains, ne nous dit rien. Toute­
fois je serais porté à mettre 3U nombre de ces qllatre bar­
rières, la cloture que le compte du miseur nomme porte
Saint-1I1arc, et à entendre par ces mots une barrlèl'e posée
à Saint-Marc, à l'entrée de la route de Locronan. Il y
aurait eu ainsi une barrière à l'entrée de chacune des
routes ayant accés à Quimper .
Il y avait ainsi quinze cents mètres de murailles et six
porte,s principales à défendre. C'était beauc.oup pour une ville

qui, en 1495, n'avait en fait d'artillerie qll'un « gros ümlcon de
fonte «( et une petitecoulleuvrine, et n'avait pasde pouldren,»

(*) En 14,90 Quimper avait, en fait d'artillerie, cc un gros faulcon de
fonte à teste de serpent sur le devant, du poix de VIIIe lib. (livre) et une
petite coullevrine de fer de V piezs de voUée... Et quant est Je pouldre
et a.!l.tres matières ne si en est aucune chose trouvé.)) (J:iventoire au
- dérnier jour de juing 1495). V. l'arlillerie de Bretagne en 1.4,95, au

:1. er vol. des A rchives de Bretagne, publiée par la Société des Biblio­

t. Il. p. 12::J. \
philes bretons,

En U)9.l, on était sans doute un pen mieux,pourvu, et on acheta des
canons et des arquebuses de rempart (Miseur).

dont le gouverneur sous la Ligue avait une garnison de
quinze a vingt hommes, de cent hommes au plus (68), dont
un canonnier et son coadjuteur (69) et qui était réduite a
ses milices bourgeoises. On s'éta.it avisé de cet expédient
singulier: quand l'ennemi menaçait, n'ayant pas assez de
soldats a lui opposer, on faisait appel aux maçons; quatre
portes étaient murées et les portes Médard et Sainte-Cathe­
rine restaient seules ouvertes (70).
Cette précaution avait ses inconvénients: que ron eut
un messager a faire sortir. par un autre point que les portes
Saint-Médard et Sainte-Catherine, il fallait le descendre
par la muraille (71); d'ailleurs, les portes murées devant
l'ennemi ne s'ouvraient pas devant les amis; et c'est ainsi que
le sieur de la Grandville de Quinipily arrivant en hate au
secours de Quimper, lors de l'attaque de Lezonnet" courut
le risque de ne pouvoir entrer en ville .. et dut attendre que
l'on démaçonnat devant lui la porte Saint-Antoine (72).
En t~mps de pÇ\,ix, Quimper apportait peu de soin -a ses
défenses. C'est ainsi qu'en 1576, au moment où Lavigne et
Kermassonnet « huguenots » s'emparèl'ent en pleine paix
de . Concarneau, les Quimpèrois furent affolés de peur,
« car pas une des pOt'fes n'était en état d'ètre fermée, ni
Ct pas un pont levis en ètat d'êt.re haussé ~73). »
Dix-huit ans apl'ès, en 1594, la guerre civile dure depuis
dix ans, et Quimper n'a pas songé a aSSUrer ses défenses. En .
juillet, Lezonnet arrive a l'improviste: sans sa blessure,

pevt-être entrait-il i Quimper(74). La ville se ravise enfin et
s'aperçoit que touL est à faire. Les bourgeois se mettent
en même temps a accoudr~r tous leurs ponts, pont Fir-

min, des Regaires, de la rue Neuve et Médard; ils ré pa-
t'ent, dèroutLLent, olJchangent les sel'rures de leurs portes;
ils réparent et man tètent la tour du Moulin de l'Evêché et là
- plateforme de la la .porte Médat'd, don t ils rétablissent le
pont levis et les herses; ils percent d'embrasures la tour ' .

. . Bihan; ils creusent les deux rivièrefi près de leur confluent;
ils achètent de l'artillerie et des al'q uebuses ; ils se garnis-
sent de fascin ,;s que fournit le bois de Pratanros ; ils brûlent

le Lazal'On; ils abattent l'cwditoire, les prisons, la cohue
du Roi, au-dela du Steïr. Enfin ils tendent sur leurs 1'em-
parts dix-neuf pièces et demie de toile d'Olonne pour que
rassaillant ne sache ou portel' utilement ses coups (75).
Vienne maintenant le Maréchal d'Aumont avec son armée
victor'ieuse : il trouvera a qui parler!
Le . Mal'échal ar'I'ive le 9 octobL'e, a quatre heures ' du
matin; il s'é1ablit dans la rue Neuve, et vient reconnaître
la place. La garnison ne compte q ne cent hommes; mais
les bourgeois, au nombre de 1,300 environ, bOl'dent les
murs; ils font bonne contenance; ils tirent. .. et adroitement:
. un coup d'arquebuse effieul'e le Mal'échal. Il s'irrite contre
Lezonnet qui l'a amené a Quimper; il le traite d'aifronteur •
et le menace de Lui faire un mauvais tour. Le Maréchal

prend les bourgeoi~ pour des gens de guerre, il va les traiter

en gêns de guerre: pour réduire la ville, il fait venir son
canon de Crozon. Soin inutile! les Quimpérois lui
donnent à peine le temps de déposer ' s0D: artillerie place

Saint-Mathieu, et de dresser une batterie SUL' le mont Frugy;
et, le 12 octobl'e, la ville capitule. Il est vrai que, parmi les
défenseurs de Quimper, ceux qui semblaient le plus animés '

et le plus pressés de tirer eussent été fort em barrassés
de jurer comme le Roi du Papegault, qu'ils avaient chargé
leurs armes (t loyalement et sans fL'aude. » Car « il n'y avait
« que de la poudre en leurs arquebuses, comme eux-mêmes
« s'en vantaient après. »

Il faut lire dans le chanoine Moreau cette comédie .... (76)
et revenir à notre promenade.

VII

Au XVIIe siècle, les murailles étaient possédées par des
particuliers, comme nous allons le voir; mais la ville avait
consel'vé l'habitude de se clore la nuit. Quimper avait un
. portier gui, chaque soir, devait fermer toutes les portes.
En 1676, le portier se nommait Pierre Le Cleiz: un soir il
fut assailli dans son service, par des coureurs de nuit; et
c'est l'information faite à raison de ces violences qui nous
révèle l'existence du portier' (77)
Depuis longtemps, les deux tiers du mur d'enceinte étaient
occupés par le cou vent des Cordeliers, le Palais épiscopal,
l'hôpita} général de Saint-Antoine et· le Collége; le surplus
des murs, sauf la Tourby et l'espace entre cette tour et le
parc aux canons, était en la possession ~le subdélégué dit la
propriéte) de nombreux habitants (78) . Beaucoup de mai­
'sons s'appuyaient sur le mUr de ville; quelq ues-un~s seu-
lement payaient une redevance pour cette espèce de servi­
tude (79). D'autres concessions n'étaient que de tolérance.
Par exemple, les gouverneurs de Quimper avaient permis
à des particuliers de construire des escaliers pour monter
sur le mur transformé en jardinet ou promenoir, d'y percer
des portes, d'y élever des clôtures au droit de leurs pro­
priétés, 01) même des kiosques sur les tours (80). En résumé,
les murs étaient en 1781, à peu près dans l'état où nous
voyons aujourd'hui ce qui en reste. .
'Les propriétés privées s'étendaient à l'intérieur jusqu'au
pied des murs; la communauté de ville rendant aveu col­
lectif pour les habitants s'inféodait de ce terrain; et ses
aveux étaient reçus de temps immémorial (81) .

La ville s'inféodait aussi à r Evéque et le prélat au Roi
des dépendances extérIeures des murs, les douves et la
contrescarpe: la ville y avait, comme nous l'avons vu, un

champ de foire, une fontaine d'eaux minérales, une pro­
menade, une route (devenue la rue des Douves), la pl'ome­
nade du Parc et le chemin commencé du PlChery. Cette
situAtion était ccnforme à j'arrêt du 15 décembre 1693, qui,
malgré le réformateul' du domaine rO'yal (Bougis 1 et sur la
plaidoir'ie d'Hévin, avait reconnu j'univel'salité du fief de
l'Evêq ue. .

Un siècle après, le régisseur du Roi r('met toul en ques­
tion. Il renouvelle et exagère les demandes de Bougis : il
imagine de réclamer pour le Hoi non-seul ement les murs et
les fortifications; mais une zône de fleuf pieds à l'intérieur
des murs, les douves (même comblées) et les glacis a
l'extérieur. Un arrêt du Conseil du 12 octobre 1780 ordonne
« le plan des murs, fossés, remparts et fortifications de
« la ville de Quimper et du chàteau de la Tourby, ensemble
« des neuf pieds de l'intérieur des murs, etc » . .
On peut comprendre l'émotion que cet arrèt répandit dans

la ville. Ce ne sont plus seulement, com me en 1683, les droits
d.e l'Evêque et de la communauté qui sont en cause, mais
chaque propriétaire le long des murailles se sent menacé de
dépossession. Le régisseur du Roi entend bien que les
concessions gratuites et de tolérance cessent; et, si le
domaine dU" Roi est reconnu sur la zône intérieure de neuf
pieds,cette zône va être aifeagée; et a quel prix chacun

devra-t-il payer le maintien de sa propriété ~ ...
Le domain~ du Roi a Quimper a été engagé au comte de
Toulouse par acte du 4juin 1716 (82). Le duc de Penthièvre,
son fils, est aujourd'hui à ses droits, et son régisseur fait

· connaître que si la zône de neuf mètres est reconnue au
Roi, il fer'u des afféagements. Bien plus 1 L'ardent régisseur

du Roi à Quimper propose déjà des aifeagistes 1

L'opération ordonnée se poursuit du 21 mai au 6 juillet
1781, sous la présidence deM. Le Goaezre, subdélégué de
· l'Intendance. Le plan et le rapport de l'Ingénieur se font

par fractions. Les intéressés sont appelés et discutent contre
le régisseur; aucun ne manque a l'appel. Le duc de Pen-
thièvre, engagiste du domaine, l'Evèque, la communauté
. de ville représentée par son Maire et sept commissaires,
comparaissent tour a tour. La communauté; qui a tenté plus
d'un empiètement SUl' le fief de l'Eveque, est heureuse cette
fois d'abriter son droit derrière celui de l'Evêque ; elle se
plajnt des régisseurs subalternes, ( inquiets, trop souvent
. ( malintentionnés»); elle réclame énergiquement pour ses
promenades, son hôpital, son collège si florissant, et enfin
pour les habitants; apl'ès quoi ceux-ci cornparaissent eux-
mémes et présentent leurs observations particulIères. ' Le
régi8seur semble sentir que le terrain se dérobe sous ses
pieds, car il discute sur des }Joudes d'aiguiLLes, et quelque­
fois aigrement! Un jour même « il manque au président
avec la clernière indécence »), et celui-ci renvoie l'audience
au lendemain. Le subdélégué résume très clairement toutes

• ces plaidoiries.
Il ne pal'aît pas que la question posée si malheureusement
ait reçu une solution judiciaire. Peut-être le rapport du
subdélégué, œuvre remarquable de discussion et d'indé-

pendance, . a-t-il mis fin au débat ~ Peut-être la Révolution
a-t-elle clos cette instance comme tant d'autt'es ?

Il Y a cent ans, le nom de Bontant, ce préposé du régis­
seur, si fiscal, si (( malintentionné ») était maudit a Quimper.
Pour nous, qui n'avons plus rièn a craindre de sajiscaLité,
pardonnons-lui les alarmes qu'il a causées a' nos devan­
ciers; et eemercions-Ie d'avoir provoqué l'information si
instructive que nous venons de parcourir .

• Nous avons faitle tourdes murs et nous sommes revenus
a notre point de départ auprès de la pOl'te de la rue Neuve
ou Sainte- Catherine: entrons dans la Ville close. .

NOTES DU CHAPITRE II .

(1) Subdélégué. 2 et suiv.
(2) Evêque. 1745. Nous reviendrons sur ce point.
(3) LOBINEAU, p. 195. .
(.~) J'empnmte ce qui précède à M. LE MEN, p. 177-179. L'auteur, plus
complet que Dom LOBINEAU, cite notamment le Cartulaire du Chapitre de
Quimper, n° 56. Voir aussi HÉvIN, p. 61 et suiv. .
(5) Sur les six brpches. ALBERT LE GRAND. llie du B. Jean Discal­
céat, § VIII. Sur le reste LOBINEAU, p. 336 et Preuves, col. 560. -
Lobineau met le premier siége en 1344, le second en i345. Il ne semble
pas douteux que Charles de Blois a pris Quimper au printemps de 13~5
(nouveau style).
(6) Encore arrivait-il quelquefois que le Roi détournât le billot de sa
destination naturelle, comme il fut fait à Quimper en 1~9~. Cette année,
le roi Charles VIn fit don du billot'à l'Évêque, pendant six ans, pour
la réparation de la cathédrale; voir dans M. LE MEN, p. 2~~ et 245, le .
débat qui s'en suivit.
Sur le billot, Voir DENISART. Vo Imp6t et billot. « Au dernier siècle,
« le droit était de 42 s. 1.0 d. par barrique contenant i20 pots d'eau-de­
« vie ou de vin crû hors de Bretagne, et de 11 s. 5 d. par barrique
« de vin breton, bière, cidre et poiré. »
La plupart des détails qui suivent sont extraits du Fonds d1t Chapitre
Sie G. 92.
Je trouve cependant le procès-verbal du capitaine Henri DU JU ,~H, SieE.
Carton 46i; et les lettres patentes de la reine Anne se trouvent Série E.
Titres de la ville de Quimper. .
Hervé du Juch, SI' de Pratanroux, capitaine de Quimper, mourut
le ~ des ides de septembre 1501 et fut inhumé aux Cordeliers (Nécrologe
des Cordeliers). Il a été omis à la liste des capitaines dressée par M. de
Blois (l, p. M5). .
(7) Le château de Kimerc'h étâit en Bannalec. FRÉMINVILLE. Finis­
tère. T. II., p. 157 et suiv. L'auteur donne le dessin et la description
de ce château fort et apprend qu'il a . été entièrement rasé en 1.828, par son
possesseur Il! Le seigneur de Kaynmerc'h était, en 149~, gouverneur
de Quimper. Voir ci-dessus Ch. 1 • II.
(8) LOBINEAU. · Preuves, col. 658.
- (9) M. LE MEN, p. 151 et 1.67.
(1.0) Miseur et MOREAU. Le procès-verbal indique quatre degrès ailleurs
qu'aux portes. .

(il) MOREAU, p. 202 .

(12) Procès-verbal. I. Vo. Subdélégué,.p. 20. Moreau, qui la visita
avec Mercœur, ne lui donne pas son nom, mais indique seulement sa
situation, quand il l'appelle la tour du coin. M. de Blois réserve le nom
de Furie à la tour dont je vais parler. l, p. ~l~.
(13) Procès-verbal, 2 rO
(1~) Miseur. 1594.
(15) Donation du 27 mars 17~9 par la Dame Cardé aux Dames de
charité.
(16) M. DE BLOIS, l, ~l~. MOREAU, p. 221 « la tour Nevet, au-dessus
« de Toul-al-Laër, quartier des Anglais ... » c'est-à-dire aux Regaires,
(17) MOR~AU, p. 178. P.-V. 39 vo.
(iS) Ce nom est apparemment celui du seigneur de Nevet, gouverneur
de Quimper en 1.::l86. .
(1.9) P.-V. ~O vo. La première ruelle longeait le jardin d'une maison .

dont nous parlerons plus tard .
prébendale
(20) Ils furent essayés le 16 janvier de ~ette année. Ce détail est
fourni par délibération du Conseil municipal de ce jour.

(21) MOREAU, p. 169.
(22) Proc.-v.l}fb., ~~, rO.
(23) }Iiseur. 159t
(2~) Id. Le capitaine Jean du Quellenec, sr de Saint-Quérec, demeu­
place Maubert, vis à vis de la Croix. MOREAU, p. 212. En 1.781,
rait
l'indemnité de logement du. gouverneur était de 600 livres. Subdélégué~

(25) Proc.-verb. 39, vO, ~O rO.
(26) Subdélégué, p. 22.

(27) Miseur (1~87-1~9~) cité par LE MEN, p. 290 .
(28) Subdélégué, 29, vo .
(29) Le P. MAUNOIR. Rapport sur les dix premières années de. ses
missions adressé au Père général en 1655. Manuscrit.
(30) Sur tous ces points, voir P.-V. ~1 VO et 3 rO et Subdélégué, p. 16.
(31) Comité de surv. de Quimper.
(32) P.-V. M rO Subdélégué, 16.
(33) MOREAU, p. 259. Subdélégué, 17.

(3~) Subdélégué, 17.

(35) S(:'pult. de la Chandeleur .
(36) Subdélégué, 17.
(37) CAMBRY, II, 2~2 .

(38 Com. de sury. Quelle sollicitude maternelle! Heureuse la
ville e Quimper si son Comité ne s'était occupé que de ces vétilles!. ..
(39) P.-V. ~, l'0.
, 159~. Les h6pitaux de Quimper. Bull. T. X, p. 308.

(41.) Chap. leI'. II.
(~2) Chan. MOREAU, p. 2H.
(~3) Rapp. cité plus haut, à propos de la Tourby. Au dernier siècle,
nous retrouvons le nom de Lazal'on dans un acte du 7 août 17~3.
Décès de Delle de la Bouexière du tazazon. Saint-Sauveur.

(li~) MOREAU p. 1~ et 15. Ci-dessus, Ch. 1 • II.
(~5) MORRAU, p. 306. Cepel~dant Charles de Blois et Jean de Mont-
fort (en 1345,) attaquèrent du côté de la rivière, vers le Parc.
(46) cc App~lé l'éperon des Chambrières )) parce qu'elles y portèrent
toujours la hotte. MOREAU, p. 259. Le Miseur (1597) le nomme ainsi.
un ~e éperon vis-à-vis du Château .
Il y avait
( ~ 7) Procès-verbal, 23 vO.
(48) Misen.r. La porterne n'est pas nommée dans le procès-verbal des
fortifications ; mais il est fait mention de l'escalie:r supprimé. .
(49) Subdélégué, 18.

(50) MOREA.U, p. 312 et suiv. Nous avons dejà remarqué que le cha­
noine a poéti.sé l'intervention, fort heureuse cependant pour Quimper,
er o
• de Jean de Jégado. V. ci-dessus, Chap. 1 V. ~ Procès-verbal, 21 v

(51.) Procès-verbal, 19 va. La cour de la maison nO 57 de la rue Kéréon
est très curieuse à visiter: on y voit dans l'épa:isseur du mur une fort
belle casemate avec trois rangs de meurtrières. La ruelle Saint-Michel
débouche aujourd'hui rue Astor dans l'allée de la maison nO 20.
(52) Pr.-Verb. 18 va. Dans la première tour il y a aujourd'hui l'ate­
photographe.
lier d'un

(53) MOREAU, p. 259. V. au commencement du Chapih'e.

(54) Procès-Verbal, 18 Ro.
(50) l8 Ro.
(56) MOREAU, p. 180 .

(57) Ordo du duc François II du 8 mars 1.~73. - Arch. dép. Fonds des
Cordeliers.
(58) Enregistrement, vol. 1.6~, 28 septembre.

(59) Procès-verbal 17 vO. - Plan du Parc. Arch. dép.

(60) Sub("élrgué 26.
(61.) CAMBRY, II, p. 331.

(62) Subdélégùé, 26.
(63) M. DE BLOIS, V. p. ~. •

(6~) MOREAU, p. 258.
65) Miseur.
(66) DE COURCY. - Itin. de Nantes à Brest. Quimper, p. 258 .
(67) Miseur, 1.59~.
(68) MOREAU donne le premier chiffre (p. 1.60), et plus loin il dit que le
duc de Mercœur envoya à Quimper un détachement de cent hommes.
(69) Miseur, 159~.
(70) MOREAU, p. 180.

(72) MOREAU, p. 179. ' MISEUR, 159~.
(73) MOREAU. p. 65.
(7~) MOREAU, p. 178.
(75) Miseur, Bull. XII. 2 p.,l~~.
(76) Chap. XXX.
(77) Arch. dép. B. 6. Un de ces coureurs est appelé Me Salmon, sans que nous sachions sa qualité. A la même époque (1.681-
1682) Quimper avait un réveitleur de nuit nommé François Varré. Il

fut, un soir, battu par des ribteu.rs de pavé (coureurs de nuit), et, à
ce ropos, le siége donna ordre d'informer, et statuant règlementairemrnt,
fit Mense aux habitants de recevoir chez eux des écoliers sans faire
inscrire leurs noms au greffe, de permettre qu'ils portent des armes,
et de les laisser sortir la nuit, après 9 heures en hiver et 10 heures
en été, sous peine d'un écu d'amende. Arch. dép. B. 21.
(78) Subdélégué, iO, H, H, 15.
(79) Cette situation était ancirnne puisque la maison qui touchait la
. porte des Regaires (aujourd'hui maison Govin) était imposée avant 1530.
(80) P.-Verb. passim, notamment, 17 v , 23 rO.
(8i) Subdélégué, p. 6. Aveux de la ville et de l'Evêque. Arch. dép.
(82) Subdélégué. 6.

CHAPITRE III

. .La Ville Close.

Nous franchissons la place qu'occupait la porte Sainte-
Catherine, supprimée en 1753... et nous ,sommes dans

l'ancienne Ville Close. .
. Cette rue sinueuse qui s'ouvre à notre gauche, conduit
à la rue et au couvent.de Saint-François. Le plan la nomme

inexactement rue Dorée. Son nom est rue Douarie. L'aveu

de l'Evêque de 1682 la nomme en brefon rue an Douar (1).
André la rectifie et l'élargit, bien loin de la supprimer.
Cette voie secondaire, mais fort utile, n'existe plus. : on
en .voit seulement l'amorce dans la rue Saint-François.
Nous avons à notre droite le palais épiscopal. Celui que
n'est pas le même que nous voyons aujour­
figure le plan
d'hui. De 1507 à 1518, Claude de Rohan, à la suite du
modeste « bâtiment de Rosmadec »; avait élevé le somp-
tueux « Logis de Rohan. » En 1595, le bâtiment de Ros­
madec et une partie du logis de Rohan fur~mt brûlés. (2). On
tarda à faire les réparations nécéssaires; et, en 1617, le
mur de ville s'écroula entraînant dans sa chûte la partie
logis de Rohan qui s'appuyait sur lui (3). En 1619 et
1623, deux arrêts du Parlement ordonnèrent à la commu­

nauté dg ville de rbconstruire le mur; et il servit encore
soubassement au nouveau palais épi~copal dont l'édifi-

cation commeaça aussitôt. Enfin, en 1778, au cours de
grandes répa r-ations, le mur de ville tomba de nouveau (4) ;
et presque tout ce qui · restait du logis de Rohau disparut,

pour faire place' à des bâtiments s'étendant vers l'est et
' appuyés sur le mur de ville transformé en terrasse. Il ne
reste plus du logis de Rohan, à Yextérieur, qu'une étroite
façade que signalent deux fenêtres du XVIe siècle, et, à
Ci ue la charmante tour de l'escalier.
l'intérieur.,

Mgr Conen de Saint-Luc, quand il reconstruisait le
palais épiscopal e11 1780, ne se doutait pas que., quelques
années plus tard., on pourrait écrire: « Le beau bâtiment
« de l'Évêché sert aujourd'hui d'auberge: on y reçoit les ..
« étrangers dans des appartements vastes, propres, bien
« éclairés, meublés avec recherche ... » Et Cambry (car il
est l'auteur de ces lignes) s'applaudissant d'avoir trouvé
ajoute : « Les tabagies de la BI'etagne et ·
si . bon gîte,

« même de la France entière donnent du prix à ces mai-
« sons commodes (5). C'est donc pour le mieux!. ..
aurait pu ajouter que la salle synodale était
.. Cambry
XIV
transformée en salle de danse. Les portraits de Benoit
et de onze évêques entourent cette salle. Brûler les images
des vieux évèques de Cornouaille, en même temps qu'on
jetait leurs 'cendres au vent, était une œuvre pHtriotiqu~ !
Le peintre Valentin habitait alors Quimper. Il dut recourir

à la ruse pour sauver les vieux portraits. Il fit remarquer

que leurs cadres de hois sculpté ornaient la grande salle
et obtint qu'on les laissât en place; puis il recouvrit les
portraits de toiles sur lesquelles il peignit ApoHon et les
Muses. Quand l'Evéché fut rendu à sa premièl>e destina-
tion, Valentin enleva ses peintures, et les évêques repa­
rurent dans leur palais purifié. Aujourd'hui encore ceux de
portraits (au nomhre de. six) qui n'ont pas été res­
ces
taurés, gardent la marque des pointes qui servirent à fixel'
sur leurs cadres les toiles protectrices de Valen tin.
A notre droite, voilà l'église cathèdrale. Elle n'a pas le
même aspect qu'aujourd'hui; elle est encombrée d'échoppes
en appentis qui s'appuient contre ses murs, mème à coté

du portail principal. Cet état datait de la construction de la
nef (6). Au XVJe siècle, toutes ces boutiques (botœœ) étaient
la propriété du chapitre; quelques-unes étaient ,données en .
d'autres arrentées. En 1670, le chapitre avait dix­
location,
sept locataires (7).
Contre le mur nord de l'église s'élevait un élégant ossua,il'e
XVIe siècle. Il a été mal à propos compris dans la con­
damnation très-:-justement prononcée contre les échoppes
voisines. Une croix de pierre marque aujourd'hui sa place.
Les tours commencées en 1424 (8) n'étaient pas cou­
ronnées de leurs flèches et allaient les attendre encore
près d'un siècle. C'est seulement en 1856 que Quimper a
pu admirer les flèches construites sur les dessins et sous la
direction de M. Bigot, architecte diocésain. Il faut rappeler
cette date et le nom de l'architecte. Trente années ont

paré les flèches de la même teinte que les siècles avaient
donnée aux tours; flèches et tours semblent con tempo­
. raines. Parmi ceux qui sont mieux informés de l'âge des
en les admirant, les attribue â M. Viollet­
flèches, plus d'un,
méprise',- toute â l'honneur de l'architecte
le-Duc. Double
quimpérois, notre confrère (9).
Devant nous, s'ouvre la place Saint-Corentin.
Depuis les temps les plus reculés jusqu'au dermer siècle
la place Saint-Corentin a porté le nom de Tour da Châtel,
en latin Tarnus ou Circuit71s Castri (10). Cenom rappelait
le souvenir et le site du Château que le roi Gradlon donna à
Saint-Corentin pour bâtir son église; e il marquail les
la première enceinte fortifi~e de QUImper, élargie
limites de

au XIIIe siècle. Le château de Gradlon paraît avoir été situé
vers l'angle que forment l'Odet et le ruisseau de Frout ou
Penruic, qu'un titre du XIVe siècle nomme le ruisseau

du château. (Fro vltquesteU 1336) (11). L'enceinte s'étendait

à l'ouest jusqu'à l'entrée de la rue J{éreon et de la rue du
üuéodet. Au bout de chacune de ces rues, il y avait une

porte. Celle de la rue Kéréon est mentionnée dans nombre
d'actes sous le nom de Porta Lapidea el latin,Porz-1I1en
en breton, ,c'est-à.-dire Porte de pierre : elle n'est plus
figurée au plan de 1764. Quant à. la porte du Guéodet,
beaucoup de personnes vivent à Quimper, qui, comme celui
ont passé sous son étroite ogive.
qui écrit ces lignes,
Le tour du Châtel était autrefois le quartier aristocra-
tique et surtout le centre de la vie à. Quimper. C'était le
la ville. La
point d'intersection des principales voies de
cathédrale, des hôtels de gentilshommes, des maisons pré­
bendales l'entouraient. Le sénéchal Jacques L,aurent, resté
fidèle au Roi, denreurait, avant la Ligue, à. l'angle de la
place et de la rue des Regaires ; au dernier siècle, le séné­
chal Hervé de Silguy habita et mourut dans une des mai­
sons de la longère ouest entre la rue K éréon et l'angle
sud-o uest (12). '
A cet angle de la place était une maison prébendale, dite

hôtel de LestuLan. On en voit une autre dans la maison
qui fait l'angle de la rue du Guéodet et de la rue Obscure (13).
Enfin il y en avait une troisième, qui fut occupée par le cba­
à. peu près sur l'emplacement de la Mairie
noine Moreau,
ou de la cure actuelle (14). '

C'était au Tour du Châlet que se trouvaient les auberges
et les tavernes les mieux achalandées. A l'angle sud-'ouest
pendait, en 1594, l'enseigne de la Grand'maison (aujourd'hui
hôtel du Lion d'or) (*).

(~) Ces vieux noms de Grand'Maison et de Lion d'Or se retrouvent en
nombre de villes. En 1591, Quimper avait aussi son Lyon d'Or; mais
cette hôtellerie était SUl' la place Médard (MOREAU, p. 31.3). Les titres du
propriétaire du Lion d'Or actuel nouS apprennent que l'hôtel portait
encore le nom de la Grand'Maison en 1.781..
C'est au Lion d'Or, place Médard, que descendit le sieur le sr de Grand­
ville uand il vint pOI·ter set:ours à la ville eoutre Lezonnet (BULL. XH,
p. 1.~ ). De mème Jean de Jégado quand il vint secourir la oille contre La
Fontenelle. u, p. 31.3. , ,
Lire au BULL. XII, p. 1.~ le curieux débat auquel donna lieu la dé­
pense faite par le sieur de Grandville et sa troupe.

En 1551, la taverne à la mode tenue par Denys Perrault,
marchand notable, était à l'angle de la rue Obscure, aujour-
d'hui rue Royale. Cette taverne etait le rendez-vous des
gentilshommes, 'des hommes de loi et bourgeois notables;
aux beaUx jours, une table était dressée devant la porte sur
la place; et des chanoines, en revenant de l'office, ne dédai-
gnaient pas de s'y arrêter acceptant et rendant les santés
qui leur étaient offertes (15).
Depuis plusieurs siècles et très certainement depuis la
contruction de la nef de la cathédrale, l'eglise décrit sur

la place un angle prononcé qui la p.artage en deux. Chacune
dé ces parties de la place a son histoire.

Sur celle qui s'étend devant la porte prinCipale de la
~athédrale, le parvis proprement dit, se tenaient les mar-
chés, mercredi et samedi de chaque semaine (16) . .

L'Evêque avait commencé dès 1209 à bâtir une halle dans
la ville cLose (17). Le roi en avait eu deux successivement
dans la Terre au Duc (18). La seconde, bâtie en 1510, ~tait
neuve, . quand, comme nous l'avons vu, les bo~rgeois de
Quimper fieent la. fo lie de l'abattl'e, en 3594 (19).
De ce m'oment jusqu'à 1845, Quimper n'eut plus de halle

et les marchés se tenaient en plein air (21). Devant la porte

de la cathédl'ale était le marché au pain (20); vers le
bqs de la place, se vendait le poisson (22). C'est au mw'ché
au pain que se faisaient les feux de joie aux jours de réjouis­
sances publiques (23).
« La veille, le maÏI'e de la ville ou au moins deux anciens
syndics étaient venus prier M. l'Évêque et Mrs du Chapitre
de mettre I.e reu. Le lendemain .. apl'ès le Te Deum chanté
à.lâ cathédrale, M. l'Évêque en chappe et mitré, assisté de
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE • . . Tome XII. (Mémoires). 20

deux archidiacres en chappe, M. le chantre aussi en chappe,
portant son bâton, et les sous-chantres aussi en chappe, la
croix les précédant, sortaient processionnellement de l'église
en chantant l'Exaudiat. » Mrs du présidial suivaient; le
« Les héraults de la ville en grand
peuple venait ensuite.
costume, casaques de satin blanc doublées de bleu, semées
la ville brodées par devant
d'hermines avec les écussons de
par derriére, armés de pertuisanes et portant la bandou-

° lière, tenaient en mains des flambeaux de cire blanche allu-

més, que M. le Maire et autres anciens syndics présen-
taient à M. l'Evêque, à M. le Chantre, aux Archidiacres et
à l'ancien (au doyen) àes chanoines, qui mettaient le feu

en même temps. » (24)
En 1745, au lendemain de Fontenoy, un Te Deum fut
par le Roi et un feu de joie suivit. Cette double céré­
ordonné
sans la présence du Présidial. Le Séné­
monie s'accomplit
chal, au lieu de répondre à l'invitation de l'Evêque, faisait
au ~ême moment chanter un Te Deum à l'église des Cor­
deliers (25).

Ce fut pour les Quimpérois un scandale plutôt qu'un
étonnement, car la place de Saint-Corentin, avait déjà été
théâtre de bien d'autres actes d'hostilité du Présidial con-

tre l'Evêque.

avait ordonné la réfor-
A la fin du XVIIe siècle, -le Roi
mation de son domaine. L'Evêque rendit aveu, le 14 juillet
1682 ; il employa dans sa décla~'ation l'unioersa:ité de flef

et de juridiction sur la Ville Close et le territoire s':J.burbain
que nous avons délimité plus haut (*). Bougis, préposé :\ la
Réformation, impunit raveu. Une première sentence inter­
vint qui ne satisfit personne; Bougis et rEvêque en rele­
occasion qu'Hévin rédigea l'impor­
vèrent appel. C'est à cette
an t mémoire inséré au Chapitre II de ses (,juestionsféodales.

(*) V. INTRODUCTION.

On lit à la première page de ce mémoire que «( les pré si-
« di aux de Quimper se couvrent du nom de Bougis et
« sont les v~ritables parties appelantes » (26). Ce qui est
certain, c'est que le présidial crut le moment favorable
d'entrer en lutte avec l'Evêque. En 1683, de nuit, et par sur­
prise, un poteau, avec carcan aux armes du Roi, fut planté
au milieu de la place, au marché au poisson. Bien plus 1
la communaut-é de ville, s'associant à l'entreprise des pré­
sidiaux, appliqua ses armes au-dessous de celles du Roi;
(t par où, comme dit Hévin, les habitants d'hommes de fief
« proche du Regaire, s'érigeaient en seigneurs supé-
« rieurs » (27). Tentative ridicule!. .. L'Evêque, seigneur
haut justicier, prit des conclusions incidentes de ce chef;
et l'arrêt du 15 décembre 1693, qui statua sur le double
appel, ordonna que les armes de la communauté seraient
remplacées par celles de l'Evêque.

. Qui l'aurait cru ~ Comme pour prendre ~ne revanche
éclatante, en 1694, le Présidial fait planter à demeure une
potence aux armes du Roi devant la porte de la cathédrale.
Nouvelle protestation de l'Evêque : nouvel arrêt du Parle­
ment ordonnant l'enlèvement de la potence (4 octobre).
Mais l'arrêt a omis de fixer un délai pour l'exécution; la
potence reste en place; et il faut un second arrêt (12 novem­
bre 1694) qui, d'une manière générale, fasse défense au
présidial d 'élever une potence sur les terres de l'Evêque.
Cette victoire de l'Evêque met fin à la campagne; mais

la guerre va recommencer bientôt. -

L'Evêque a une mesure particulière en pierre déposée
sous le grand portail de la cathédrale, a l'endroit qu'on

nommait le P orcher du baptême. En 1742, pendant une

absence du prélat, les présIdiaux en font piquer les armoi­
ries, et veulent même faire enlever la n'iesure. Mais les
juges du Regaire tiennent bon et la mesure reste en
place (29).

En 1745, le poteau du roi planté en 1683, est vermoulu .
. Le sénéchal Hervé de Silguy le fait remplacer. L'Evèque'
aurait pu sé co:-:tenter, comme en 1693, de faire peindre ses
armes sur le nouveau poteau; il fait autremeIÎt : il fait
plantel' un poteau à ses armes; mais en lieu moins émi­
nent, tout-à-fait au bas de la place et à trente pas du poteau
royal. 0

Le Sénéchal, qui demeure dans une maison voisine,

s'oppose par menaces à ce qu'il nomme une usurpation; et,
sans avertir l'Evèque, il adresse sa plainte au Gouverneur
de la province, sous la forme d'un long et compendieux
rapport. Mais ]e Gouverneur (et c'était de toute justice)

communique le rapport à l'Evèque qui répond ... et victo-
rieusement.
Pourquoi tant de 'récriminations ~ Le Sénéchal recon- 0
naît lui-méme que l'Evèque a eu jusqu'à 1675 un poteau
avec collier incrusté dans le mur de l'Evèché, à la porte de
l'auditoire des Regaires. Si ce poteau n'existe plus, c'est
qu'on a refait les Janlbages de cette porte. L'Evèque a com-
pris le poteau avec carcan dans les aveux; et cette décla··
ratiou a été reçue sans aucune difficulté. Il a donc le droit

et la possession du poteau (30) .
N'importe! voilà la guerre àllumée 1 et le Sénéchal, renou­
velant toutes les contestations jugées contre Bougis par

l'al'rét souverain de 1693! Les choses en vinrent à ce point
que Mgr Farcy de Cmllé ayant récusé leprésiclial pour sus­
picion légitime, la récusation fut admise et les affaires
de l'Evéque renvoyées au présidIal de Vannes (arrêt du
31 août 1745).. Plus tard, Mgl' Conen de Saint-Luc fit de 0
même; et nous trouvons au pied de sa requête du 8 mars
1779, des conclusions du procureur général Caradeuc de 1 a
Chalotais, demandant le j'envoi des affaires de l'Evêque à
Vannes. La Illtte renouvelée par ]e Sénéyhal a produit pour
Jui-même une défaite complète, pOUl' l'Evêque beaucoup

d'ennuis, et pOUl' nous deux mémoires très instructifs.

Le profit est pour nous seuls ... auxquels le Sénéchal ne
pensnit pas.

Vers l'entrée de la rue Keréon, le plan figure la place de
maisons mcendiées. Elles ont brûlé dans la nuit du 17 au
18 juin 1762. L'une d'elles était l'habitation de la dame
de La Roque-Kerandraon, veuve du greffier àu Présidial et

et des Regaires, mort depuis quelques mois. Son succes­
seur, Jacques~ Corentin Royou de Pennanrun, cousin, puis
beau-père de Fréron,- ne s'était pas pressé de prendre
livraison de ces archives; et la dame Kerandraon en était
, restée dépositaire. « Le feu consuma générale~ent tous les
« titres et papiers des deux greffes» Ces papiers brûlaient
encore, le 1 juillet, quand le sénéchal des Regaires, René
Guesdon de Clécunan, dressa procés~verbal de l'incendie (31) •
Cet incendie, que les pompiers du temps laissent se perpé-
tuer pendant douze jours, a été une perte irréparable pour

l'histoire de Quimper.

III

Uautre partie de la place prenait, à certains jours. un

aspect sinistre: c'est devant l'entrée de la rue Obscure que
se dressait la potence.
Cette partie de la place a ét.é originairement le paradis, '
c'est-à-dire le Clmetièré de la cathédrale. C'est un point sur
lequel le Sénéch3.1 et l'Eveque son t d'accord en 1715; mais

la place avait perdu cette affectation depuis longtemps,

bien que le sénéchal constate (en 1745) c( qu'on y voit encore
« ce qui peut désigner un ancien cimetière l) (32).
Aux derniers siècles, les inhumations ne se faisaient plus

dans un 'cimetière de dimensions trés restreintes, puis-
que
que, en longueur, il ne s'étendait que de la porte , laU'rale

'.u bas au croisillon du transept: il comprenait l'ossuaire

dont j'ai parlé plus haut. Le reste de la place était, comme
aujourd'hui, livré au public. .
Si l'on s'étonne de cette exiguité du cimetière de Saint­
Corentin, qu'on se rappelle qu'il y avait dans la Ville Close
un autre cimetière, celui de Saint-Nicolas, au quar·tier de
Mez-Gloaguen ~ et, hors des murs, il y en avait trois; celui
de Sainte-Thérèse ou Sliinte-Catherine, très ancien et an­
térieur à la Ligue, au pied du mont Frugy, celui de Saint­
Primel, consacré en 1687, et celui de Saint-Loui~, qui datait
au moins de 1748 .
Ces cimetières seraient insuffisants aujourd'hui: ils suf­
fisaient autrefois; les concessions n'étaient pas en usage
dans les cimetières, et les inhumations dans les églises -et
. chapelles étaient nombreuses. A Quimper notamment, le
couvent des Cordeliers tout entier, cour, église, cloître, a
été,jusqu'au millieu du XVnesiècle, une vl'aie nécropole (34).
Cependant, chaque année, le 2 novembre, jour que l'E-
glise consacre plus spécialement à ln, pl'iér'e pour les morts,
le -clergé de la cathédrale, suivant un usage immémorial,
fait en procession le tour de cette partie de la place. C'est
une habitude en beaucoup de paroisses de faire ainsi une
visite au cimetière. La procession de Quimper n'a pas, selon
nous, une autre origine.
Toutefois, le chanoine Moreau pensait autrement:
Il dit que 1400 personnes ayant été massacrées par les ·
soldats de Charles de Blois, lors de la prise de la ville, en
1345, il fut creusé sur le Tour du Châtel de grandes fosses
où les COl'pS furent jetés en monceaux. Il ajoute que cette
procession du 2 novembre est un pieux hommage rendu à
la mémoire des· malhel)reux massacrés (p. 13).
Ainsi, au temps du chanoine, la· place n'était pas un .
cimetière; bien plus, d'après lui, deux siècles etdemi aupa-
ravant, elle ne servait pas aux sépultures; les victimes de

la fureur des soldats de Charle.s de Blois et de la coupable

par exceptiOn
insouciance de leur chef, ont été seules et
inhumées dans le sol de la place.
chanoine Moreau est-il bien informé?

En ce qui concerne la procession, M. Le Men a écrit: •
« Ce qui est certain c'est que cette procession avait lieu
(( au moins depuis le Xl Ve siécle. » Et il met en note:

(Processio) ùi crastino omnium Sanctorum in circuitu cas-

tri (Procession te lendemain de ta fête de tous les Saints

au tour da Châtel). Cart. de Quimper, n° 31 » (35). Or M. Le
Men s'est mépl'is sur la date de l'écrit qu'il cite; et le
Cartulaire lu attentivement, bien loin de le confirmer, va

démentir le récit du chanoine.
Le Cartulaire de Quimper est déposé à la Bibliothèque
nationale; mais la Bibliothèque de Quimper possède une
copie de ce document faite avec un soin extrême. On y trouve -

fo 59 v' et fo 60 rO une longue délibération du Chapitre men­

tionnant: 1 les jours de fètes doubles et semi-doubles;

2 les processions auxquelles assiste le chapitre. Une de ces

processions est indiquée comme il est dit plus haut, et
c'est assurément ce texte que M. Le Men a reproduit .
La délibération du Chapitre. est de 1278, antérieure de
soixante-six ans à la prise de Quimper par Charles de
ne peut s'élever sur la date de la déli­
Blois. Aucun doute
suivent d'alltl'eS délibérations antérieures à
bération que
1345. Donc la procession du 2 novembre n'a pas été éta­
blie en mémoire des habitants massa:crés cette année (36).
en amène une autre et de 10ute autre '
Mais une question
importance : Le chanoine Moreau s'est mépris sur l'origine
de la procession du 2 novembre; est-il bien certain que des

habitants de Quimper aient été massacrés par les soldats

de Charles de Blois ?.. .

Beaucoup se sont posé cette question sans l'examiner:

elle vient enfin d'être étudiée à fond et résolue. Dom

Plaine, bénédictin de Ligugé, a eu cet honneur. Qu'on lise
sa dissertation insérée par lui dans la Revue des Ques-
tions historiques, et on demeurera èonvaincu que le massa­
c['e de Quimper est une fable sinistre imaginée, en 1394
seulement, paf' un cheoniqueul' dévoué à la maison de
Montfort; et, depuis, répétée sans examen par les uns,
complaisamment exagérée par les autres C').

Depuis 120 ans, quelques rues ont été élargies ou recti-
fiées, ma.is pas une seule n'a été ouverte .dans l'ancienne
enceinte, et peu de rues ont changé de noms.
J'ai déjà nommé la rue du Guéodet, à l'angle nord-ouest

de la place Saint-Corentin Voici à l'angle opposé, au nord
de la cathédrale, la rue du Frout, qui peend son nom du
ruisseau de Penruic nornrilé aujouI'd'hui Prout: cette rue
nommée quelquefois rue du Chapit1~e, nous conduit à la
rue Toul-al- Ler, dont le nom est conservé. Ce nom s'écri-
vait a'nciennement Toul- al-Lazrr, c'est-à-dire le Trou-du­
du voisinage des tanneries dont nqus avons parlé.
Cuir,
La rue Toul-al-Ler du plan figure les deux branches d'une
~querre : l'une vers la rue du Frout, l'autre vers l'angle
nord-est de la place Saint-Corentin. Entre elles se trouve la
place dite' aujourd'hui TouL-aL-Ler, auparavant place de
l'Equerl'e , La partie de la rue Torû-al·Ler allant de la ,
.place à la rue du Frout s'est a.ppelée autrefois rue Treus
c'est-à-dire Traversière) (3'1). Au XIIIe siècle, une partie

(*) Revue des Qztestions historiques, 2i livraison. Janv. iR72, p. M.
J'ose reprendre en sous-œuvre le travail du savant Bénédictin; et je veux
suivre de proche en proche le récit du massacre de Quimper, de i39ft,
jus u'a nous. J'espère démontrer que Charles de Blois ne fut pas cc le
, « évo t consciencieusement cruel, » cc .le higot sanguinaire » gue nous
. représentent MM. Michelet, (III, p. 30D, 2 édition) et HenrI .
(V. p. D9, ft,e édition).

de la place se nommait Poulpezron, du nom d'une petite
coule entre la place Toul-al-Ler et la rue
source qui
actuelle des Ursulines.

Cette dernière est inscrite · au plan sou~ le nom de rue
Verdelet qu'elle gar'de encore dans l'usage.; autrefois .. elle
se nom mait rue Verderell (38).
A l'encoignUl'e de cette.rue et de la rue Obscure, à gauche,
se trouvait la p,·ison du Roi, maison particulière louée
acquise par le Domaine. et qui a servi
d'abord en 1667, puis
jusqu'en 1807 C'était un édifice absolument insuffisant et
incommode: il avait seulenient douze mètres de longueur

sur neuf de lar-geur et était élevé de trois étages (39).
Le nom de rue Obscur.e anciennement Themer(1219), Diner .

(1471, 1489) Deme,. ou Teva'l (en breton), s'étendait à

toute la voie qui va de la Tourby à la place Saint-Coren-
tin (40). Plus tard l'usage, et non sans raison, a réservé le
nom de rue Obscure à la par~ie basse de la rue, à partir du
carrefour de la l',ue Verdelet. Seule, en effet, cette partie de la
rue mél'itait ce nom: elle était à peine large de quatre mètres,
et ses maisons se touchaient presque au troisième , étage.
La rue ayant été élargie en 1825, et ses maisons rebâties à
la moderne y laissant désormais pénétrer le jour et le soleil,
son nom ancien ne lui convenait plus: il a été remplacé par ,'
Royale, que la rue a perdu tour à tour et
le nom de rue
repris ... Mais pourquoi n'avoir pas conservé à la partie supé-
rieure de la rue le nom ancien de rue de Tourby, qui rap-
pelle la mémoire de la vieille Tour-Bihan ? ... On dirait que
Quimper a peul' de ses vieux souvenirs. ,
dans l'ancienne rue Obscure qu'est né, le 20 jan-'
, C'est
171 (~ .. ' de sept a huit heures du soir, Elie-Catherine
oier
F réron n Tous les biographes rapportent sa naissance à

(") Bapt. de Saint-Ronan ('24 janvier iH8). Je donne ci-dessous
l'Acte de baptême de Fréron. NOTE 41.

l'année 17 19 C'est la date indiquée par l'Espion A nglais
dans une lettre écrite nu lendemain de la mort de Fréron,
le 15 avril 17/6. Cette indication un peu hasardeuse a suffi :
car c'est une habitude chèl'e aux biographes de se copier
religieusement : et cette date fausse se trouve même dans
des li vres écrits à Quimper (41) .
Püissé-je un jour retrouver l~ .. maison tenue en location
par le père de Fréron, où son fils est venu au monde, et la
basse-cour « où assis sur son petit fauteuil, une verge à la
« main ) il a gardé les dindons, en apprenant a lire dans •
les poésies de Malherbe dont il était parent par sa mère (42),
mais non pas, comme on l'a dit, descendant .. et pour une
bonne raison: C'est que Malherbe n'a pas laiss ) de des-
cendance. .

La rue que nous nommons rue du Salé se nom1'1ait
ainsi en 1764, et même au temps d'Hévin; plus ancienne­
ment elle s'ètait nommée rue des Merciers, puis elle a\ait
pris le nom de la Chair salée, dont l'appellation nouvdle
est une abréviation .
. Partant de la rue Obscure eUe borde le bas de l'an­
cienne place aux: Ruches, nommée encore ainsi en 1701,
(Titres d'une maison de la rue), figurée au plan sous le nom
place au Beurre de pot, et qui garde son nom de place
Beurre. C'était autrefois le marché au beurre et au

miel.
C'est assurément au voisinage de cette place qu'il faut
chercher l'ancienne rue aux: Ruches; mais quelle est-elle?
Est-ce la partie de la rue du Salé allant de la rue Obscure
à la place 1 Je n'y vois aucune apparence; et je serais
porté à trou ver la rue aux: Ruches dans la rue actuelle
du Collége, qui borde à l'ouest ]a place aux Ruches.
Le nom de rue du ColLége est nouveau, puisque le Collége

n'a été fondé qu'en 1619. De 1792 à 1816, cette rue a porté
le nom de rue des A. rts.

La rue du -Salé se continuant au-delà de la place aux
Ruches rencontre la rue des Étauœ, vicus Stallorum en
1284 (Cart. 31. 1), aujourd'hui rue des Boucheries.
La pr'olongation de la rue des Étauœ vers le nord et le
sommet de la colline est nommée sur le plan et s'ap­
pelle aujourd'hui rue MezgLoaguen. Anciennement le nom
de rue des Etauœ se contip:uait jusqu'à la rencontre de la

rue qui va de la place du CoLLége à la place Mezgloaguen .

Cette rue transversale se ilOmmait, dès 1764, rue " des

Vendanges, tr'aduction maladroite , du nom latin Vicus

Vineœ, qui traduisait l'ancien nom breton rue Viniou,

Biniou, Beniou, Benniou (on trouve ces quatre formes).

Le nom de r1,le des Vendanges est relativement nouveau :
l'usage, dès 1651, et l'Évèque, dans son aveu de 1682, tra­
duisaient bien plus exactement rue de la vigne.

Un acte de vente de 1489, que je retrouve .aufonds du
Chapitre) nous révèle deux choses non établies jusqu'ici:
1 la continuation du nom de l'ue des Étauœ jusqu'au car­
refour de la rue Viniou; 2 le tracé exact de cette der­
nière rue, '3ur lequel rvI. de Blois a hésité n .
Cet acte constate la vente « d'une vieille mazière et
« place de maison, faisant le coing entre les deux rues des
- « Etaulx et Viniou; ferant du côté orient sur la rue des
(( Etaulx, et du nord sur la rue Beniou. » L'orientation ne
laisse aucun doute: et c'est précisément à cette même
place gue récris ces lignes. " , Je reviendrai tout à l'heure

sur ce point. " -
La rue des Vendanges met la place du Collége en com­
la place de iilezgloaguen. '
munication avec
Entre cette place et la porte Saint-Antoine se voit la rue

(*) l, p. 4,1,7. M. DE BLOIS a écrit que la rue Viniou était ou la rue
des Vendanges actuelle Olt la rue descendant de Mezgloaguen et dèbou­
chant sur la place Médard. Nous allons tout -a l'heure supprimer cette
- conjonction ou.

des Boucheries. Quand la boucherie a cessé de s'exercer
en cet endroit et est descendue rue des Etaux, cette der-
nière rue a pris le nom des Boucheries; et l'ancienne rue
des Boucheries, entièrement rebâtie, est devenue la rue
Le Normand, du nom de son constructeur .
On nommait dès 1594, et le plan nomme rue Bily, la
ruelle à escaliers qui descend de la place Mezgloaguen, et
que nous nommons rue Saint-Nicolas, en souvenir de
l'ancienne chapelle et du cimetière de Saint- NicoLas-des-

Bois (43). La chapelle vendu~ nationalemen.t a disp.aru avec
son cimetière. ' . .
. Vers le bas de la rue Bily s'ouvrait à gauche une ruelle
conduisant à l'escalier et à la poterne Bit y, dont nous .
avons parlé. Il est encore aujourd 'hui facile de reconnaitre
l'amorce de cette ruelle dans la rue Saint-Nicolas (44).
Anciennement la rue Saint-Nicolas ne portait pas le
nom de BiLy : c'est ainsi que le rentier de l'Aumônerie,
dressé en 1580, mentionne « une'rente sur la maison en la
« rue Quéréon, faisant le coing comme l'on va à la rue
« Vinniou.» (45) Cette indication est précieuse: elle nous

apprend que la rue Vinniou débouchait sur la rue Kéréon;
en quel point ~ Assurément, au coin de la place :vlédard
actuelle. Rapprochons cette inuication de celle que nous
fournissait tout à l'heure l'acte de vente de 1489 et nous
pourrons tracer l'ancienne rue Viniou. Il faut appeler de
nom uniq ue cette voie sinuel1,se qui partant de la place du

. Collége ' conduit à la place Mezgloaguen, contourne cette
place a l'est et au sud, enfin descend rapidement place
Médard.
- Peut-être allez-vous, non pas me dire, mais penser que
j'insiste trop sur cette petite trouvaille et qu'elle n'en vaut
pas la peine. Vous avez bien raison; mais, écoutez mon
excuse: J'habite la rue des Vendanges ... et je m'y trouve
si bien, que, mes fonctions ne me retenant plus à Quimper,

j'y reste quand même ... Que ne puis-je rendre à la vieille
, ['ue un petit service, et obtenir que ce nom nouveau et ridi-
cule de rue des Vendanges fasse place, une fois pour toutes,
a l'ancien nom de rue de La Vigne!.. . '
Rien de plus arbitraire que ce nom unique donné à la
voie la plus tortueuse que l'on vit jamais; et il se com­

prend que ron ait songé à .donner au moins deux noms à

la rue. Maihrureusement le nom de Bi/y fut mal trouvé,

puisqu"iI était déjà porté par une rue de la Terre au' Duc (46).

La rue Bily rencontre vers le bas la rue des GentiLshommes.

Cette rue.. a, dit-on, été batie après la Ligue Pendant les
troubles, la plupart des maisons nobles des environs avaient

été pillées et ravagées et leurs propriétaires vinrent ha-

biter en ville.
C'est dans une des maisons à gauche en montant que

demeurait Mre Jean Léon, sgr de TI'éverret, sénéchal de

Cornouaille 'et en même temps maire de Quimper, colonel
de ses milices, etc. C'est de cette maison que partit, le
27 janvier.!. 773, le brillant cortège qui suivait à la cathé­
drale le duc de Fitz-James, commandant général de la pro­
la duchesse Victoire Gouyon de Matignon allant
vince, et
tenir sur les fonts le fils nouveau-né du Sénéchal (47).
La rue des É'taux, au haut de laquelle débouche la rue
des Gentilshommes, nous ramène à la rue Kéréon ou des
Cordonniers, eH' latin Via Sutorum, aut.refois Grande Rue,

en latin Vicus I~1agnus, en breton rue lUeur. Voila beau-

coup de noms; mais la rue en avait encore d'autres! La
partie haute de la rue s'est nommée, comme nous avons
vu, POl'z-Men, en latin Porta lapidea, en français. Porte
de pierre, du nom de la por t.e ouvrant sur le Tour du
On trouve la même partie nommée aIlciennement
Châtel.
rue des Poureaux ou Poireaux, par allusion sans doute au
voisinage du marché aux légumes.
Au carrefour des rues S alnt-FI'ançois et des Etaux

la rue était large de 15 métres environ Cette dimension
à cette partie de la rue le nom de Place Maubert •
méritait

qui subsiste encore; une croix était plantée en cet endroit
comme sur la: plupart des places (48). ' Au commencement
XVe siècle, le marché aux légumes se tenait sur la place
Maubert; on lit, en effet, dans un acte du 15 mars 1415 :
in platea herbarum (sur la place
maison place Maubert,
aux Herbes (49). .
Au bas qe la rue Kéréon, un autre carrefour portait,
comme aujourd'hui, le nom de Place Médal'd. C'est sur
cette place qu'avait été autrefois, dit-on, le siége de la Jus­
tice ecclésiastique J' et c'est ce souvenir que rappellerait la
« A la barre de Saint-Médard. ))
devise du chapitre
La rue Kéréon était comme aujourd'hui la principale ar­
tére de la Ville-Close.

Il nous faut maintenant rappeler ce qui malheureusement
n'existe plus.
Et d'abord l'ancienne église municipale de L\~otre-Dame
du Guéodet. Elle était située à l'angle de'la rue des Étaua: et
de la rue du Guéodeé. Elle n'avait pas été vendue nationale-
ment; et aux termes du décret du 18 germinal an X, elle
devait étre mise à la disposition de l'Evêque. L'Evêque de
Quimper la réclama; mais l'Administration municipale
répondit qu'elle en enlevait des pierres pour réparer la cha­
pelle du Collége (50). L'Evêque n'osa insister. La pierre de
construction ne manque pas en ce pays; que penser d'ad-
ministrateurs ne voyan~ dans la vieille église de la cité
qu'un amoncellement de moëllons bons à employer, et
transformant cet édifice en carrière! Voila comment fut
et périt Notre-Dame du Guéodet.
ruinée

Elle avait pourtant droit à la vénération. Construite en
1209 d'abord, reconstruite en 1371, elle avait remplacé une
chapelle des premiers siècles. La tradition attribuait la ces­
1412, aux prières faites devant l'image
sation d'une peste en
de Notre-Dame; et, jusqu'a la fin du siècle dernier, chaque
au jour de la Chandeleur, la reconnaissance popu­
année,
laire offrait une bougie de la longueur des -remparts, pour

brûler devant l'autel. '
« Le soin avec lequel la confrérie de Notre-Dame veillait
« sur le luminaire du vœu avait frappé l'imagination popu­
« laire. » C'était un dicton que « si la bougie de Guéodet

« s'éteint Quimper sera submergé » (51). A l'angle des deux

rués et contre la chapelle, se voyait encore, il y a quelques
par là que, selon la croyance vul­
années, un puits. C'est
eaux de la mèr tnêlées à celles de l'Odet devaient
gaire, les
déborder sur la ville et la noyer.

La boq,gie du Guéodet s'est éteinte: nous avons vu com­
et il ne reste plus
bler le puits, il y a q uelq ues années,
trace de la chapelle.
Pour ceux mêmes auxquels un lieu consacré par la prière ,
depuis tant de siècles ne dit rien, la chapelle du Guéodet

n'avait-elle pas droit au respect? .. C'est dans ses combles

pendant plusieurs siècles, les bourgeois de Quimper
que,
«( ·fait leur chambre de ville » et délibéré les affai­
avaient
(52). Mais ses souvenirs ne devaient pas
res de la cité
sauver la vieille église municipale. Son jubé, ses admira­
bles boiseries ont servi à faÏt'e du feu; et ses belles vîtres
tant admirées par Cambry ont été détruites (53).

Au haut de la rue du Collége, le plan figure le collége
des Pères Jésuites, bâti sur l'emplacement du Jardin du
Chapitre que rnentionne le chanoine Moreau (54). Le colIège
a été bâti après 1619. Le plan marque même l'élégant perron
de la façade. Tout cela vient de disparaître; et la photo-

graphie n'en ga.rde même pas l}image! La chapelle,

achevée en 1717, survit seule; mais masquée et déshono-
rée (*).

L'enclos de Saint-Prançois occupait un large espace,

pas tout l'espace circonscrit par la rue
mais cependant
Kéréon.J le mur de ville et la rue Saint-François. La partie
voisine de la rue Kéréon appirtenait aux maisons sud de
Prenez l'alignement sud de la ruelle (aujourd'hui
cette rue.
rue) qui vient de la Terre au Due au Stéir, menez une ligne
jusqu'à la r~e Saint .. ,[i'rançois, et vous aurez la limite
droite

nord de l'enclos du couvent. Cet enclos a\'ait deux entrées,

la principale, sur la rue Saint-François, l'autre dite
une,

porte de Sainte- Claire (55) dunnant sur la rue Kéréon, au

point où elle rencontre aujourd'hui la rue des llalles ; et le
public prenait passage par là pour aller d'une rue à l'autre.
Je n'ai à décrire ni l'église des Cordeliers que M. de Blois à
(56), ni l'enclos que le plan de M. Bigot, publié par
décrite
la So~iété arehéolo,qique, nous met sous les yeux (57). tylais
je voudrais faire retrouver sur les lieux la place qu'occu­
paient les édifices disparus.
La.: halle actüelle occupe la cour autrefois cimetière des
mais dans laquelle on n'ent.erl'ait plus dès le
Cordeliers,
du dernier siècle. Son angle sud-est seule­
commencement
Parc) occupe une parti.8 du colla­
ment (le plus voisin du
téral unique de l'ancienne église; la nef est presque toute
dans la rue du Stéï". Le chœur de l'église
entière comprise

(li) En gardant la chapelle, dont l'existence a été, dit-on, un instant
menacée (!) il fallait, puisqu'on abattait la façade du collége, profiter. de
l'occasion pour élargir la place déjà trop étroite, et dégager un peu plus
la chapelle. Ou a fait précist)ment le contraire, sans I}1nbre de nécessité.

La Société archéologique a SEULE protesté, à l'avance et à temps (25 mars
1.882) contre cette faute dl' goût; et, je puis le dire aujourrl'hui, j'ai été
le premier à pousser le cri d'alarme. Un avenir prochain nous donnera
raison. Je crois même que, dès ce moment, l'opinion publique est una­
nime à condamner ce qui s'est fait.

s'avançait sur la rue Saint-François actuelle jusqu'à environ
huit mètres des maisons qui bordent cette rue du côté est. La
nef et le collatéral étaient séparés par huit piliers. Le coin
sud-est de la halle marque exactement la place du pr pilier
. placé dans le chœur; à quatre mètres juste plus loin, était le
second pilier situé à la porte du chœur et contre lequel
s'appuyait IJautel de Saint-Antoine de Padoue. C'est a cette

place mème qu'a reposé pendant plusieurs siècles le B. Jean _

Discalcéat, ce saint cordelier mort victime de son dévoue­
ment pendant la peste de 1349, et resté si populaire dans
nos campagnes sous le nom familier de Santic dû, petit

Saint noir (58).

Contre le m ur nord de l'église s'appuyait en appentis une

chapelle dite des Agonisants ou de Notre':" Daine de Vertu.
Près de cette chapelle, à peu près vis a vis l'angle de la
maison de Calan actuelle, s'ouvrait la porte principale de
l'enclos de Saint-François, porte monumentale accostée de
deux écussons aux armes de Bretagne, pleines sur l'uni
écartelées sur l'autre des armes de Thouars. Cette porte
était celle de la 'cour du château de Guy de Thouars. Le .
'terrain que le Comte prétendait occuper dans la Ville Close
de Quimper, en 1209, était donc celui que l'évêque Raynaud
donna aux Cordeliers en 1232 (59). Ce terrain de prés d'un
hectare comprenait presque le quinzième de la Ville-:Close ;
et il s'explique ainsi que l'Evèque se soit opposé à l'entre-
prise de Guy de Thouars. .
Beaucoup de personnes vivant à Quimper ont vu cette
porte; elle était surmontée d'une (( chambre») que Me Amette,

receveur de l'Evèché, avait fait constl'uÏt'e lorsque, en
1745, il accensa la porte avec une portion de la coue des
Cordeliers. C'est cette construction barbare de Me Amette qui
nous vaut le renseignement historique que je viens de rap­
peler. Le Sénéchal accuse Amette d'a voir abattu la porte avec
l'écusson ducal;' l'Évèq ue répond que là porte et l'écusson

BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XII. (Mémoires). 2i

sont toujours ~ leur place, et en appelle au témoignage de
la ville tout entière! Mais, moins d'un demi-siècle après,
les ~cussons allaient disparaître, quand un décret inspiré par
une haine aveugle, sans aucun souci dela science historique,
(14 septembre 1793) ordonna la suppression des armoÏL~ies.
Ce qu'un écusson armorié disait à tous les yeux en 1745,
il nous faut aujourd'huj le chercher laborieusement dans
de vieux titres. .
Cette porte livrait entrée il la cour et au cimetière que
traversait pour aller à la porte Sainte-Claire donnant
l'on
accès à la rue Keeéon. En enh'ant, on longeait l'église à
gauche. .
En 1793, l'église des Cordeliers fut saccagée, et Cambry
visitant Quimper, en .1794, était épouvanté de ces odieuses
profanations (60). . Le décret du 14 septembre 1793 avait
ordonné de marteler les tombes; mais les héros du 12 décem-
bre 1793 ne pouvaient s'arrêter là. Ils s'attaquèrent aux sta-
tues de saints qui furent solennellement brûlées; et s'achar-
nèrent avec une fureur sauvage contre les tombes qu'ils
brisérent, l'envel'sèrent et retoUl'nèrent, sans songer qu'ils

outragaient les restes d'ouvriers, d'indigents, leurs pères
Cordeliers enterraient par charité dans les
peut-être, que les
longtemps abandonnées des vicomtes du
sépultures depuis
Faou, des barons du Pont et d'autres seigneurs (61) .
Le cloître était accolé à l'église vers le sud. Les bâti­
ments conventuels étaient entre le cloître et la rivière de
Stéïr. Le dernier débris des Cordeliers, caché d~rrière les
maisons qui borden.t le quai du Stéïr, va disparaitr'e·. Ce
bâtiment nommé au XVIIe siècle « département de Saint-
Louis ») a servi pendant plus d'un siècle et .demi d'auditoire
au présidial et aux hautes justices seigneUl'iales s'exerçant
à Quimper. . .
L'église, saccagée en 1793, et non réparée depuis, devait
périr, en 1843, victime d'une cQupable insouciance. En .

vain des voix autorisées s'élevèrent-elles pour la défendre.
notre voix n'a été
Elles ne furent pas plus entendues que
écoutée quand nous avons demandé grâce pour la chapelle .
La vieille église fit place à une halle. . .
du Collége.
Auparavant, le cloîtee vendu nationaJem~nt avait été
détruit presque pierre à pierre. On peut voir une image
fidèle deses arcatures dans la galerie extérieure qui conduit ·
àla sacristie de la cathédrale (BULL; X, p. 202) . Les colon­
cloîtee ont fait, dit-on, du macadam et du pavé .
nettes du
Les tombes de l'antique nécropole ont été vendues et dis-
persées. On est venu les prendre là comme on va prendre
des pierres à une carrière. Elles sèrvent de pavés dans
plusieurs maisons de la ville et mème ~à la campagne. Une
douzaine seulement ont été sauvées de la destruction et

sont déposées au Musée archéologique. Sunt lacrymœ
rerum 1 ...
A la même époque (181-5), la ville construisit vers l'angle

nord-ouest de l'ancien enclos des Cordeliers un pont sur le
Jusque-la il n'y avait eu de communication entre les
Stéïr.
deux rives que par le pont au bout du Parc et par le P0fl:t
Médard. .
Puisque nous faisons notre promenade sur le plan de
1764, nous n'avons devant nous que le pont Médard :
et entrons dans la Terre au Due .
passons ce pont

NOTES DU CHAPITRE III.

(1.) L'aveu mentionne la maison marquée au plan, auprès de laquelle
était « un degré » qui servait à mOllter sur le mur de ville.
(2) MOREAU, p. 347.
(3) M. LE MEN, p.229.
(4) Subdélégué, p. 3.
(5) CAMBRY, II, p. 335.
Le palais rpiscopal avait été vendu nationalement le 28 décembre '
1792 pour 28,700 francs; un' vingttème du prix, ou 1.435 françs seule-
ment était payable comptant et le reste en dix annuités. Le département
a dû le racheter pour 75,000 Iran cs. Voilà une jolie opération 1 et com-
bien la nation en a-t-elle fait d'analogues!
(6) M. LE MEN dit du XIIIe siècle (p. 223); il se réfère évidemment
à la cathédrale primitive. En effet, en 124,9, on donnait au Chapitre
({ operarium quod pater reclificaverat juxtâ frontem ecclesire à parte occi­
({ dentali. » Cart. 56. po 2L
(7) Compte des recettes. Fonds du chapitre. Arch. dép .
En i 7 49 (22 août) les sieurs Mouillard « et a utres firent exponse et
« abandon d'une maison contre l'église cathédrale pour être déchargés
« d'une rente de 50 livres. » Enregi~tr.
En 1793, onze de ces échoppes furent vendues nationalement (Arch.
dép. 104-1.05). li eût mIeux valu les abattre tout de suite que d'avoir à
les exproprier plus tard.
(8) .26 juillet 1.424. On lit dans nombre de dictionnaires géographiques
copiés,selon l'usage, les uns sur les autres, que la cathédrale a été com­
mencée à cette date. La -vél'ité est qu'elle était construite toute entière à

cette époqu., qui est eelle de la pose de la première pIerre des tours .
_ (9) Sur la construction dps flèches. Voir BULL. X, p. 262 .
Lire dans le Catntogue ùe Cambry (p. 1.2) les dévastations commises
à la cathéùrale le 12 décembre 1793, jour de Saint-Corentin. Lire aussi
le récit indigné de M. LE GUILLOU-PENANROS. Adrninist. du dép. du
Finistère, p. 374. .

(10) M. DE FRÉMINVILLE, 1., p. 304, se méprend quand il parle d'une
tour de la ville nommée la Tour du Châtel .
(il) M. LE MEN, p. 4.
(12) Sépulture de la Chandeleur, 1.6 avril 1768.
(1.3) Aveu de l'Evêque, 1.682 .

(n) M. LE MEN, p. i6.
(1.5) V. le curieux récit inséré par M. LE MEN au Bull. VII, p. i22.
(16) Evêque, 6 VO
(17) HÉ VIN. Questions. féodales, p. 82. - Nous reviendrons plus tard
sur ce point.

(18) HÉVIN. Id. Réform. i539.

(Hl) Voir Chàp. n. '.

. (20) OGÉE. Quimper. p. 399.
(21) Chan. MOREAU. p. 207.

(22) Subdélégué 1781. Nous trouverons bientôt le marcM aux Légu-
mes dans la rue Kéréon. .

(23) On lit en marge d'un acte de baptême de la par. de Saint-Julien
(21 juillet 1704) ,« jour qu'ontit le feu de joye pour Monsgl'. le Duc de
« Bretagne et les chandelles allumées le soir avec toute la réjouissance
« publique. »
Le duc de Bretagne était le fils aîné du duc de· Bourgogne, frère de
Louis XV : moins de huit ans après, le même char funèbre emportait à
Saint-Denis le duc, la duchesse de Bourgogne et le duc de Bretagne.
(24) Ces détails. sont empruntés à un curieux manuscrit de l'Évêché
intitulé Cérémonial dît Chapitre, 1.749.

M. DE BLOrs (Ogée, Quimper p. M6) m'a fourni le détail du costume
élégant des héraults de la ville, en usage jusqu'à 17 ~3.

(25) Evêque. •

(26) HÉVIN, p. 57 du volume. Le lumineux mémoire de l'illustre
feudiste est à lire tout entier.
(27) HÉ VIN, p. 73.
(28) Sénéchal, i 0 vo. Evêqu~, 12 rO. t3 rO et VO. i 7 vO.

(29) Sénéchal et Evêque, 1.0 l'0 •
(30) Sénéchal et Evêque .
(31) P.-V. aux Arch. de l'Evêché. La fille du sénéchal devint mère
du docteur Laënnec : la veuve La Roque-Keranùraon (Corentine

Laënnec) était sœur du bisaïeul du docteur.

(32) Sénéchal, 16 vo, 22 VO. ' -

, (33) « Les places au-devant des églises étaient originairement des
« cimetières, appelés pour cette raison paradis, d'ou l'on a fait parvis ...

« La . place devant l'.église de Notre-Dame (de ~aris) est nommée
« anCl~nn '~f'nt Par~dls de Notre-Dame., L'expreSSIOn éta ~l employée
même a QUImper, OU nous tronvons aupres du porche de Samt-Mathleu,
la chapelle de N~tre-Dame du !'aradis. Dict. de TRÉVOUX, VO Parvis
HÉVIN. Quest. feod., p. 73; et Il cIte d'autres exemples .

(3~)V. le Nécrologe de Saint-François. Bull. XI, 2 p., p. 3 .

(35) Monog. p. 227 .
(36) M. DE FRÉl\HNVTLLE (Finistère l, p. 30~) admpt cette tradition;
mais il se méprend quand il .dit que les corps furent inhumés auprès
d'une tour de la ville dite la Tour du Châtel .
(37) Sur les tanneries, v. Chap. II. Sur la rue Treus, aveu de l'Evêque

(38) M. LE , p. 65.
(39) Plan. Arch. dép. V. ci-dessus, Chap. 1 , in fine, la note au
bas de la page.
(~O) Fonds du Chapitre. Actes de Saint-Ronan.- Tous ces noms
sont traduits par le mot Obscure .
(~i) J'ai déjà publié l'acte de naissance de Fréron. Je le publie de
nouveau ici, ne fut-ce que pour épargner à eeux qui écrivent à Quimper,
le soin (je né dis pas la peine) de le chercher. Il se trouve à la première
page du registre de Saint-Ronan pour' 1718.

« L'an mil Sflpt cent-elix-huit, le vi~gt-et-quattriesme du mois de
janvier, a esté baptisé dans l'esglise de Sainl-Corentin, cathédrale de
Quimper, par le soussignant Rr, Elie-Catherine, fils légitime de noble
homme Daniel Fréron, orfeuvre, et de demoiselle Marie-Anne Le Cam­
pion, son espouse, demeurants en la paroisse de Saint-Ronan. Ont été
parain et maraine noble homme Elie . Marias, marchand de Bourdeaux,
et demoiselle Catherine Le Roy, espouse du sieur Dean, marchand dra­
à Quimper; l'enfant né le vingtiesme du présent mois, environ les
pier
sept à huit heures_du soir, et ont signé avec nous. .
« Catherine LE Roy, femme du DÉAN; Elie
MARIAS; François LE DÉAN; Margue­
rite LE DIVIN; BmoART; Marie-Joseph

FOURNÉ; D. FRÉRON; Marie-Anne CAM­
PION; DE LANOÉ ; R. de Saint-Ronan et

de Plomodiern. »

Les, biographies de Fr4ron cont~ennent .bien d;autres inexactitudes,
faute a leurs auteurs d'aVOir consulte les regIstres de l'Etat-Civil.

(4,2) Espion anglais . . Ann. litt. 1757, t. VII, p. 14,5.

(4,3) Miseur.· MOREAU, p. 316.

(4,4,) V. chap. II, § lII.
(4,5) BULL. VIII, p. 117.

(4,6) Rentier des Cordeliers. Arch. dép. M. DE BLOIS croit que le
nom de rue Vily, de la Terre au Duc, doit son nom aux galets, en
breton Bily, dont la rivière du Stéir avait pu jadis couvrir son sol
(l, 4,17). Mais le même nom donné à une rue en pente, abrupte et fort
de la rivière ne peut avoir cette étymologie. .
au-dessus
(4,7) Cet enfant reçut les noms de ses illustres parrains et marraines;
mais la ville, qui se paraît alors du nom de son premier Evêque, obtint
d'eux. d'ajouter à leurs noms celui d ~ Corentin, comme cent ans aupa­
la ville, parrain du fils de Sébastien II, marquis de Rosmadec,
ravant
gouverneur' de Quimper, lui avait donné le même nom.
(4,8) MOREAU, p. 212.

(4,9) Fonds du Chapitre.
(50) Arch. de l:Evêché.

(51) M. DE BLOIS, IV, p. 25.

(52) Chan. MOREAU, p. 218 •

(53) 'CAMBRY, l, p. i2 et 13.

(55) Fonds des Cordeliers. Arch. dép., acte de fondation du 27 mai

(56) II, 1.84,5, p. 229.

.(57) Plan publié en 1.883 par la Société archéologique, voir p. 1.99.

(58) M. LE MEN, parlant du B. Jean Discalcéat, dit: « Pour un
« motif qui ne m'est pas connu, on l'invoque pour retrouver les objets
« perdus. » P. 85. . .

J'ai hasardé ailleurs cette explication (BULL. XI, 2 pa·tie, p. 4,0) :
Jean Discalcéat a reposé longtemps sous l'autel de Saint-Antoine de
Padoue; et sa statue, que nous voyons aujourd'hui derrièl:e le chœur
de Saint-Corentin, était posée sùr une console ou un piédestal auprès
ou au-dessus de l'autel de Saint-Antoine. C'est une dévotion très répandue
que d'invoquer saint Antoine pour retrouver les objets perdut' .. (BOLLAN­
DISTES, t. XXIII, notamment p. 220-24,7-24,8.) Il était d'~sage à Quimper,

en invoquant saint Antoine, de déposer une offrande sur son autel, aux
pieds de la statue de Saint-Jean. Ce dernier, dans lequel les Cor­
nouaillais voient un ami, devait naturellement l'emportd dans l'esprit
de ses compatriotes sur samt Antoine, un sèlinl étranger et peu connu
d'eux; et, dans la suite du temps, les prières et les offrandes deposées sur
l'autel Saint-Antoine dériv'rent à son voisin Jean Discalcéat.
Cette dévotion est certainement nouvelle: en effet elle n'est mentionnée
ni par le P. Gonzague, l'historien des Franciscains, devenu Général de
l'ordre, qui écrivait il la fin du XVIe siècle, ni par Huber, leur hagio­
graphe (1.678), ni par Wadding, leur annaliste officiE'l (:1732). Tous

les trois disent que Jean Discalcéat est illvoqué pour les m.aux de tête ;

mais ils se taisent sur la dévotion si populaire aujourd'hui il Quimper.
(Voir citations des passages concernant Jean Discalcéal, BULL. XII,
2 partie, p. 40.)
De son côté, Albert Le Grand, dans sa vi.~ du B. Jean Discalcéat
(:1636), écrit (§ dernier) : « n· est en grande vénération, et plusieurs
personnes détenues de « grandes infirmités. en ont été délivrées par ses
mérItes. » Mais l'auteur, qui s'est renseigne il Quimper même, ne dit
des pratiques dont nous sommes chaque jour témoins.
rien
(59) Évêque.
(60) CAMBRY. Catalogue 16 « Quelle nudité! Quelles dévastations! Tout
est pavé de tombes, renversées, brisées, retournées. »
(6:1) V. pour plus de .détails, Nécrologes de Saint-François. BULL. XI,
2 partie. .'

(A suivre) .