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Bulletin SAF 1885


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Note relative au prétendu camp vitrifié de Beg-ar-C’hastel (commune de Gouesnac’h)

M. Serret

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NOTE RELATIVE AU PRÉTENDU CAMP
VITRIFIE
• DE BEG-AR-C'HASTEL *
Une tradition, fondée sur le seul témoignage de notre
anCIen Archiviste, attribuait au camp de Beg-ar-C'hastel
des traces de vitrifications. Des vestiges déposés dans nos

collections comme provenant de ce camp et déposés dans

les vitrines du Musée ne nous ayant laissé voir aucune

trace de vitrification, nous avons voulu constater ce qu'il y
avait de fondé dans les allégations de M. Le Men.
Cet ancien poste est situé a l'extrémité de la: pointe de
l'anse de Saint-Cadou en Gouesnac'h. De forrne presque
circulaire, la moitié du camp- a, d'un côté, des défenses
naturelles, des rochel's presq ue a pic au bas desquels coule
la riviére. De rautre côté un rempart assez élevé fait de
main d'homme et qui existe encore.

La position stratégique de ce point est très importante .
On commande J'entrée des Vircours, on domine tout le
Lec\anou, ou aucun mouvement de b:lteau ne peut se faire

sans être immédiatement remarqué. De plus on y aperçoit
facilement les signaux des postes de Bourlibou (1), Les-
perhet et celui de Penhoat-Bian, ce dernier situé en face,
de l'autre côté de la riviére. "
on examine le rernpart, on remarque qu'il est très

élevé, construit en terre et en gros granit, trés abondant en
cet endroit. La masse de terre remuée est énorme pour un
si petit emplacement et semble prouver que c'est plutôt un
abri pour se protéger des vents. de N.-O. et de S.-O. qu'un
moyen de défense.
Envil'Oll à un kilomètre se trouve un plateau d'ou
l'œil embrasse un horizon des plus étendus, et c'était la que
devait être le camp ou tout au moins le pâté principal, car
de là on découvre la nier, les Montagnes-Noires, la crête de

(*) Note lue dans la séance du 26 mars 188~.
( f ) Voir Bulletin de la Société, tome III, page 179.

la colline où est actuellement la l'oute de Conçarneau, les
hauteurs de Saint-Évarzec. C'est non loin de ce plateau que
l'on a trouvé des t 1iles romaines, des haches en bronze
(cachette du fondeur à Miné-Tosta) (1). Lanhuron, où on a
également recueilli des haches et divers outils est au-dessous
de ce plateau.
Revenons maintenant à ce mot" de ca.mp vitrifié ici tout à
fait impropre, car on ne trouv;e aucune trace de vitl'ification.
Si l'on examine soigneusement et minutieusement les
brèches et les pierres de ce rempart, on y trouve bien des

pierres ayant subi ['action du feu, mais d'une manière pure-
ment accidentelle et non générale. Le granit en cet endroit
présente un aspect particulier. C'est un granit grossier à
gros grains. Le feldspath, substance fusible, y domine.
Enfin il se délite à l'air et se casse facilen1ent. Dans ces
conditions si ce poste avait été fait d'une manière perma-
nente et défensive avec des fascines, des pieux et des che­
vaux de frise, et si, selon la coutume, au moment de

l'évacuation on y eût mis le feu, toute cette partie du

rempart serait certainement vitrifiée.
On peut s'en convaincre d!autant plus facilement que non
loin de la se trouve une briqueterie. Uintérieur du fouf'
constrUIt avec ce granit et où la cuisson se fait au bois est
entièrement vitrifié et, pour me servir de l'expression du
briquetier qui nous le montrait, l'action du feu sur cette
pierre faisait venir a la surface de gros boutons de verre.
Dans ces conditions, l'emplacement nommé le camp

vitrifié (2) de Beg-ar-C'hast.el doit changer de nom et

redevenir le poste d'observation de Beg-ar- C'hasteL.

(1.) Voir le bulletin, tome XI, page D8.
(2) Les camps vitrifiés sont assez rares, le plus connu est celui de
Saint-Péran (commune de Pléran, arrondissement de Saint-Brieuc). '
M. de Caumont en parle dans son Bulletin monumental, t. XI, p. ~82,
t. XII, p. 283,t. XVI, p. ~29. Voir aussi: Congres de l'Association
bretonne tenu à Saint-Brieuc en 1.8~6, p. 20. . Id. Année 1.8D3,
p. 1.71. et 230. Dans son Essai historique sur le Maine, l'abbé Renouard
donne un mémoire sur le camp de Sainte-Suzanne, arrondIssement de
L·aval. V qir aussi le Magasin pittoresque, t. XIII, p. 83 .