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LES MONUMENTS ORIGINAUX •
L'B ISTOIR E DE SAINT YV ES (1)
, RAPPORT
A. DE LA BORDERIE
Par
Correspondant de l'Institut.
MONSEIGNEUR,
VOUS avez bien voulu encourager le projet d'une
publicatz'on desü'née à faire connaître les Monuments
originaux de l'histoire de saint Yves. Je viens rendre
compte à Votre Grandeur des recherches en~repr'z'ses
dans ce but et des resultats attez'nts en ce qza: touche
l'existence de ces vénérables docurnents.
La vie de fiaint Yves ayant été l'objet de ces infbr
rt'bations solennelles que la langue ecclésiastique appelle
procès de canonisation, les premiers et les plus sûrs
monuments de son ' hz'st01.:re sont ceux quz' sortent de
cette source. . Ensuite viennent les docU'lnents biogra-
phz'ques et liturgiques, les vies et les offices du saint, '
composés peu de temps après son décès par ses
contemporaz·ns .
(1) C'est à la publication de ces documents découverts par M. de la
Borderie et al~SSl importants pour l'Histoire que glorieux pour la Bretagne,
qu'il a étéfait allusion dans la séance du 26 février 1885.
BULLETIN Al\CHÉOI, .. DU FINISTÈRE. - Tome XII. (Mémoires). 6
On connaît exactement l' kt'stoire de la canonisation
de saint Yves. Moù~s de dix ans ap~'ès sa mort, de 1312
à 1314. le duc de Breta.r;ne Jean lII.demanda au Pape
Clement v d'instz'tuer une enquête canonique sur la vie}.
les vertus et les mz'ra'cles du saùû officùll de Tre,quer.
La mort de Clement V (1314), suivie d'un inter.règne de
vingt-huit moz's, fit perdre de vue cette requête. Bien
tôt cependant Jean III de Bretagne renouvela ses dé-
?narches auprès du pape Jean XXII, successeur de
Cle?nent V (1316-1334),' le ;roi et la reine de France,
l'univer'sz"te de Paris, nombre d'évêques et d'archevêques
y joigrtirent les leurs. Enfin en decembre 1329, Guz' de
Brijagne comte de Penthz'evre, frère du duc Jean III,
et Yves de Boz'sboissel, él,êque de Tréguer, muni de la
procuratz'on de son chapitre (1), se rendz"rent à A vz'gnon,
alors résidence du pape, pour le même objet .
Vaincu par tant d'z'nstances, Jean XXII donna une
bulle en date du 26 fé1..'rzer 1330, décretant l'ouver-
ture d'une enquête sur la vie et les ?niracles d'Yves
Haëlori, et nO?n1nant pour comnu'ssaires de cette enquête
Roger Le Fort, évêque de Lin~oges, At'gZz'n de Blaye,
évêque d'Angoùlê1ne, et Aimeri, abbé de Saint-Martin
de Troarn au d'l'ocèse de Baïeux.
L'enquête fut mite à Tréguer par ces commissaires,
du 23juin (tU 4 août 1330. Outre l'atteStation commune
donnee par 500 personnes. ensemble et en masse, tou
, chant la ? fléputation de saz'nteté d' Yves de KermarNn (2)
(.1) En date du samedi après la Conception de la Vierge, c'est-à-dire
après le 8 décembre i329, ce qui répond au 9 de ce mois, dont le i Cl',
cette année là, était un vendredi.
BoIl, Maii IV, p .. 54,2, édit. d'Anvers-, 0t 54,3 édit. de Paris.
on reçut dans l'enquête el ôn cQucha par ecrz"t, su')" les
faits de la vz"e et les m't'racles du saint, plus de 240 dépo·
sUions partz"cul1,êres, 243 selon les uns, 249 selon les
autres.
Le texte de cette enquête 1nis au net, formant u1i
long rouleau compose de 81 peaux de velin cousues à (a
suite les unes des autres, fut presenté en plein consis-
toire, le 4Juin 1331, au Sow'eraz"n Pontife, qui dés(qna
aussitôt trois card inaux et leur donna ( commission
( de recevi:n'r ce procès-ve1"bal ou enquête, de l' oum'ù",
( de le voir, de l'examiner et de le dresser comme on
accoutumé de faire en ces rencontres dans l'Église
( romaine, et de faire leur rappO?"t à Sa Sainteté de
tout ce qu'ils y trouveraient (3). ») Ce qu'ils firent en
. effet quelque temps après: sur ce rapport, la cause fut
Jugée et décidée, encore bieïe que, par suite de cù'cons-
. tances . extérieures, la proclamation défin'tt't've de la
ait tardé Jusqu'en 1347.
. sentence de canonisation
A insi, le procès~verbal de l'enquête et le rapport des'
cardinaux, voilà les deux pièces fondamentales de l' his
de saint Yves.
toire
On saü aussi,' que, dès le XIVe siècle, la sentence de
canonz'sation une fois proclamée, le pape désignait ·
deux personnes pour composer l'office du nouveau saint,
l'une chargée de la légende (c'est-a-d?'re des leçons rela
tives a la V1,'e et aux miracles du saint), l'autre des
an tz'ennes , 1 "épons, versets, hymnes et oraisons: quand
. l'office devait prendre place au bréviaire romain, . le
(3) Jacques de l'OEuvre, . Vie de saint Yves (1695) p. 234; et rrwnus-
crit d~ M. Prud'homme, f. i et 2. .
pape dészgna.zt deux cardt:naux (1). Pour saz"nt Yves
ce ne· fut pas le cas ; peut-être le Sai'nt Père délégua
t-z'l le soin de composer' c.et offic.e à l'évêque dzocésaz·n .
Ce quz' ne faz"t pas de doute, c'est que, sitôt rendue la
. sentence de canonz'satz'on, un office de saint Yl..les tut
composé, et cet office, contenant dans ses leçons une vz'e
développée du sa z"n t, mérUe auss'i de prendre place
dans les rnonuments origù1,aux de son hzstoz·re .
Ces Monuments seraient donc:
1° Le procès-verbal de l'enquête de canonz'sation,
dész:qné dans les documents latins sous le no?n de Pro-
et que nous appellerons l'Enquête .
cessus,
2° Le rapport officiel des cardinaux, comprenant un
Sorn?naz"re de la vz'e et des vertus, et un Sommaire des
miracles; chaque sommaz"re divisé - en paragraphes, .
chaque pa1"agraphe appuyé d'un ou de plusieurs té?noi
gnages de l'Enquête, cUés par extrait, résumés ou
im?nédz'atement au-dessous. Ce document est dtt
allégués
en lahn Relatio processus, en françz'as le Rapport des
cardinaux ou simple?nent le Rapport .
. 30 L'Office prinûtifdu saint,
Vitré, 23 novembre 1884 (2),
(1) Voir Fleury, Histoire ecclésiastique, livre XCV, § 37.
2) Tous les éléments de cette publication monumentale sont sous presse
à Saint-Brieuc. chez JI. Prud'homme, au prix de iOO francs l'exem-
plaire in-4°. .