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Bulletin SAF 1885


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Notice sur l’ancien couvent des Franciscains de Quimper, écrite au XVIIème siècle par Jean Beaujouan, découverte par Dom Plaine, traduite et annotée par M. Trévédy

M. Trévédy

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DE LA

MEMOIRES & DOCUMENTS INEDITS

NOTICE
sur .
L'ANCIEN COUVENT DES FRANCISCAINS DE QUIMPER
Découverte par DO~I PLAINE (1)
La plupart des anciens monastères bénédictins de France un peu cé':'
lèbres, et quelq~les. abbayes de Chan?ines r~guliers, ont ét~ l'objet, au
XVIIe siècle prmClpalement, .de N,otz~es latmes o~ françaises plus ou
moins étendues, qui offr~nt au]o.ur,d hUi, après ~es rumes amo.ncel~es par
la Révolution, u~ intéret consIderable ~n po~t de vue hlstO:HJU~ et
archéoloaique·. MalS les couvents des Freres mmeurs, des DommlCams,
des Car~es et des Ordres analogues n'ont point eu ordinairement le
même avantage. . .
Par suite, leurs annales, leurs tradItIons, leurs usages, sont souvent
autant d'énigmes pour l'hagiographie et l'archéologie même locales. La
Bretagne en particulier ne nous offre presque aucun document tant soit
peu ancien sur cette partie, si importante cependant, de ses annales reli­
gieuses. C'est pourquoi ayant eu la bonne fortune de retrouver récem­
ment a Paris une Notice latine sur le couvent des Frères mineurs -ou
Cordeliers de Quimper, le plus célèbre de cet ordre qu'ait possédé la
Bretagne, nous nous sommes empressé d'en faire tirer copie et aujourd'hui
nous accédons volontiers au désir qui nous a été exprimé en livrant ce
texte a la publiclté. De la sorte, outre l'intérêt de nouveauté que ce docu­
ment offrira, il permettra encore de comparer les traditions et de con­
trôler les assertions qui ont été émises dans des travaux assez récents
sur les origines du couvent de Quimper (2).
_ Il faut avouer que ce n'est pas le texte original qui a été re­
h'ouvé, mais simp.lement une copif> faite par ordre de Baluze. Or, par
malheur, cette copIe est assez défectueuse, surtout en ce qui touche l'or­
thog~ap~e des noms bretons et qu~lC(ues autres points. Mais il n'y aura _
que JustIce, selon toute apparence, a Imputer ces fautes, non à l'auteur
mais à la négligence du copiste. '
La Notice sur le couvent de Saint-François porte le nom de JEAN
B~AUJOUAN, procureur fiscal de Quimper. Mais nous manquons de ren­
seIgnements sur ce. personnag:e. ':l'out ce que nous concluons de divers
pa~~a~es .de .son écrIt, e,n partIculIer .de ce qu'il dit des Rosmadec, c'est
qu Il eCflvalÏ sous le r~gne ~e Hen~l IV et a~ant la mort de ce prince,
Or, M. Pol de C~urcy, ]ug~ SI co~p~tent en faIt de généalogies bretonnes,
nous .appren.d qu en 1588 Il Y aVait. a Nantes un maître des Requêtes, qui

portaIt le meme nom de Jean Beau'Jouan. Est-ce notre auteur? ...
Dom FRANCOIS PLAINE

Santo Domingo de Silos (Espagne),
Bénédictin de l'abbaye de Ligngé, de la
20 octobre i884.
Congrégation de France .

(1) Lue à Ja séance du 27 décembre f884.
(2) Voir dans .la Revue ' de l'Armorique; al1ll. 1847, le lra·vail de
M. Aymar de BlOIS. It. Dictionn, d'Ogée. Editïoll de 1853. Art Quimper. -

NOTITIA

CONVENTU FRANCISCANORUM .cORISOPITENSIUM
AUCTORE JOANNE BEAUJOUAN,
FISCAt.1 REGlO CORISOPITENSI (t):

'. 1, Augusti Franciscani cœnobii Corisopitensis initia al-
tiùs investiganti et antiqua, sic dubia, nec satis feliciter
certâ temporum serie_ distincta, sed multis ambagibus

refferta occurrunt. .
Constat tamen prima illius œdificia sub anno Doplini
1233 inchoata fuisse à Reverendo patre Raynaldo, gallico,
prœsule COl'isopitensi, et ex(is)tente illustrissimo Petro .
. Drocensi, Britanniœ Armoricœ duce et comite, perfecta
tandem; -
3. (2) primos incolas excepisse equites Templi ordinis
Joannis Baptistœ; sacram œdem
Hierosolimitani di vi
ejusdem diviet beatœ Mariœ Magdalenœ, tutelariumejusdem
brdinis numinum, titulo erectam ac insignatam fuisse, ... (3)
exemplo templi Hierosolimitani quondam a Joanne Hircano
Machabœo excitati. .
4. Quibus equitibus immensa patrimonia et prœdia (4)
amplissima antiqua cùm principum Armoricorum, cùm prœ­
sulum, procerum et privator1Jm (5) pie tas, relligio et devotio .
contulerit; quorum equitum toto Galliœ imperio profligata
relligio à Philippo Pulchro, Gallorum rege, causâ que
cognitâ, damnata memoria, anno Domini 1307. Mox etiam

eorumdem improbatâ religione et voto sacri concilii Vien-
nensis decreto, anno 1315, eorum œdes sacrœ et bona ad
aliorum ordinum usum translata sunt.
,. E '''E La ..

(t) Les notes sont imprimées à la suite de la notice .

NOTICE

SUR •
LE COUVENT DES FRANCISCAINS DE QUIMPER
PAR JEAN BEAUJOUAN,

PROCURBUR DU ROI A QUIMPER (t).
1. Les origines de l'auguste couvent des Franciscains
a Quimper, à raison même de leur antiquité, sont obscures.
Les dates n'ont pas malheureusement une suffisante certi­
tude; et l'étude de ces temps lointains est pleine de .

difficultés.
2. Cependant on peut tenir pour certain que la construc-

tion du couvent fut commencée, l'an du SeIgneur 1233, par
Révérend Père Raynauld, français, évêque de Quimper, et •
achevée au temps de très-illustre ' prince, Pierre de Dreux,
et comte de la Bretagne-Armorique;
duc
3·. (2) Que le couvent fut d'abord occupé parles chevaliers
Saint-Jean-Baptiste;
du Temple de Jérusalem, de l'ordre de
que l'église fut placée sous le vocable du même Saint-Jean

et de la bienheureuse Marie-Madeleine, patrons ordinaires

de l'ordre ...... (3) a l'exemple du temple de Jérusalem, bâti
autrefois par Jean Hircan Machabée.
Ces chevaliers possédaient depuis longtemps d'immen­
ses patrimoines et de vastes domaines (4), dons de la piété,
de la religion, de la. dévotion des princes bretons" des pré­
lats, des seigneurs et des particuliers (5). Leur ordre fut

r9yaume de France par le roi Philippe­
détruit dans tout le
~ et sa mémoire, après un débat solennel, fut con­
le-Bel
ran du Seigneur 1307. Un peu après, l'ordre fut
damnée,
par le Concile de Vienne en 1315, et les églises
réprouvé
et les biens des Templiers furent transférés à d'autres ordres.

5. Et judicio huic rei sit pervetusta et antiqua divi
Joannis Baptistœ effigies, parieti orientali templi Corisopi­
te~sis, a latere epistolœ, applicata, et in hunc usque diem
magnâ curâ asservata, quœ communi omnium calculo et
suffragio nitori templi equitum Templariorum et ornamento
inservisse, et fama fert et veritatis fides astruit. .
6. Dehinc prodentibus subindè temporibus, (sicut)
ex Troiœ cineribus excitata quondam Roma est, sic ex
Templariorium favillis et busto, procurante divinâ Provi­
Franciscanus prodiit et emicuit; et, extur­
dentiâ. sacer ordo
batis (è) civitate Corisopitensi Templariis, Minoritarum ordo
• in eâ~em urbe evocatus suffectusque est. .
7. De cujus ordinîs initiis, progressu, augmento et his­
toriâ non est mihi institutum quicquam referre. Hoc unum
tamen addidero: nonnullis placuisse œdificia Tem plariorium
dictœ urbis inchoata fuisse primùm anno Domini 1223;
aliis vero anno 1232, quod magis probo; aliorum tamen
esto judicium. Facilè error obrepsit numericarum notarum
transpositione, scilicet 1223 aut 1232, penultimarum litte­
rarum .

8. Ratum ergo penès me firmumque fiet ex prœdictis
initia dicti conventus tumulo humili lapideo, insculptâ tamen

Episcopi effigie, cum lîtui pastoralis et infulœ pontificiœ
ornamentis verendis, insculpto hoc epitaphio :
« Hic sunt in terrà reverendi prresulis ossa.
« Huic requiem dones. Hune tecum, Christe, corona (7). »
9. Nec procul vero a divi Francisci temporibus primo
extinctum est dicti cœnobii œdificium, futurum ejus secta-
toribus, voti sociis et successoribus domicilium (8). ls enim
est anno Domini 1210, qui multis a
ordinem auspicatus
"etl'Q pontificibus confirmatus, multis que priyilegiis dona-

5. Il faut voir une preu ve de cette origine du couvent,
très-ancienne image de Saint - J ean- Baptiste,
dans cette
placée contre le mur oriental de l'église, du côté de l'épître,
et conservée jusqu'à ce jour avec le plus grand soin. On
s'accorde à croire que cette image ornait autrefois l'église des
Templiers. Tel est le bruit commun et il mérite la confiance .
Par la suite des temps, de même (6) que des cendres

de Troie naquit autrefois Rome., ainsi du bûcher encore
fumant des Templiers, naquit par permission de la divine­
Providence, l'ordre saint des Franciscains qui allait jeter
tant d'éclat. Après la destruction des Templiers à Quimper,
Frères Mineurs fut appelé en cette ville pour
l'ordre des

prendre leur place.
7. Je n'ai pas à dire les débuts, les progl'ès, la grandeur,
en un mot à faire l'histoire de cet o-rdre. Je dois cepen­
dant m'expliquer sur un point. Quelques-uns ont voulu que
la maison des Templiers de cette ville ait été commencée
l'an du seigneur 1223, d'autres disent en 1232. Je penche
pour cette dernière date, sauf meilleur avis. L'erreur est
facile quand il s'agit de chiffres; et quand il suffit de la

transposition de l'avant dernier chiffre pour faire du nom­
bre 1223 le nombre 1232.
J'ai donné plus haut les motifs de mon opinion; j'ajoute
qu'on voit dans le couvent, sur une tombe formée d'une
pierre plate, l'image gravée en crèux d'un Évêque avec le
la mitre et les ornements pontificaux: sur
bâton pastoral,
cette tombe se lit cette épitaphe en deux vers :
« Ici sont les restes d'un Révérend Évêque.
« Donnez-lui le repos, ô ChrIst, et couronnez-le avec vous (7) .•
9. Peu après le temps de saint François, les Templiers
la demeure de
quittèrent cette maison, qui allait devenir
ses disciples., frères et successeurs (8). Saint François fonda
son ordre, l'an du seigneur 1210: l'ordre nouveau fut plu­
par les papes et enrichi de nombreux
sieurs fois confirmé

tus est; et obiit quarto nonarum octobris anno 1226, et
inter sanctos à Gregorio papâ relatus est, decimo septimo
calendar(um) Augusti, anno 1228.
10. Cujus ordinis beati patris Francisci funere desolati,

imo totins orbis solatiumnon multo post suscitavit Deus
beatum patrem Joannem Discalceatum (9), quem nonnulli,
. nullo tamen veri vestigio, beati patris Francisci comitem
et socium' asserunt (10). ls patriâ et parochiâ Redhonensi,
parentibus tamen Leonensis ' diocœsis oriundis, prresuli

Rhedonensi ~11) charus, et in obèundo visitationis munere
extitit; et ei, (ut multa paucis contraham)
cornes assiduus
cùm pel' tredecim annos parochiam natalem rectè regisset,
ad B. Francisci ordinem et exemplar totum se contulit, et
cùm 33 annis continuis in cœnobio Corisopitensi degisset,

tandem plenus dierum moritur in Domino., anno ejusdem
Domini 1349. Ejusque corpu's in capellâ divi Anthonii dicti
conventus conditur; ubi et non sine màgnâ nec inani
sanctitatis famâ, laude fideque ab omnibus christianis sepul­
chrum visitatur,nemine incassùm ejus suffragia implorante .
11. Hujus cœIiobii multa tantaque fuit majoribus com­
mendatio, ut prresules multi proceresque vitâ functi ex-

trema sua ibi prresolere, corporaque . inibi condi, multâ
devotione exoptârint et procurârint ; nec conquerendis
ex emplis diutius immorabor.

12. Reginaldi tumulum suprà retuli, cujus in episcopatu
successor Guydo de Plounevez (12) ad cœlum migraturus
eamdem cadaveri suo pacis et r.equiei sedem exoptavit; ibi
que juxta Reginaldi tumulum sepulchrum. elegit, sibi que
humile erexit, idibus J ulii anno 1266.
13. Reverendus item pater Bernardus ordinis beati Fran­
cisci, primo Corisopitensis, deind~ Novionnensis episcopus,
Parque Francire (13), fato functus, in dicto conventu
Cornes,
~epeliri extremis tabulis voluit, anno Domini 1344 .

1226 et fut mis au nombre des saints par le pape Grégoire,
le 17 des calendes d"août 1228.
10. Pour consoler de la mort du bienheureux père François
ses frères désolés et même le monde en tier, Dieu suscita peu
après le bienheureux père Jean Discalcêat (9). Quelques­
uns, sans aucune vraisemblance, en font un compagnon du
naquit dans une paroisse
bienheureux père François(lO).Jean
du diocèse de Rennes, mais de parents originaires du Léon. Il
cher àl'évéque deRennes(l1),et fut l'assidu compagnon de
fut
ses visites pastorales. Quand, pour tout dire dJun mot, il eut

sagement gouverné durant treize années sa paroisse natale,
il embrassa l'exemple du bienheureux François et entra
dans l'ordre. Il passa 33 ans de suite au couvent de Quim-

per, et, plein de jours, s'endormit dans le Seigneur, en 1349;

son corps est déposé dans la chapelle de Saint-Antoine du
C'est là que sa grande et juste réputation de
couvent.
sainteté attire les hommages et les prières d'une foule de
visiteurs; et aucun ne l'invoque en vain .
pieux

11. La réputation du couvent de Quimper fut telle que
et grands personnages voulurent y passer
plusieurs prélats
les derniers jours de leur. vie et y a~surèrent leur sépulture.
n'ai pas besoin de cherchai' longtemps des preuves de

cette dévotion.

12. J al parlé plus haut du tombeau de Raynaud. Son
successeur dans l'épiscopat, Guy de Plounévez '(12),sentant
sa fin prochaine, choisit pour ses restes ]e même lieu de
marqua sa place auprés de Raynaud et se fit une
repos. Il
sépulture modeste, aux ides de juillet 1266.
13. De même révérend pére Bernard, de l'ordre du bien-
François, d'abord évêque de Quimper, puis de
heureux
et pair de France (13), ordonna par son testa­
Noyon, comte
l'ensevelir dans ce couvent, en 1344 . .
ment de

14. Quorum exemplo Alanus de Lespervez, generis et
sanctitatis nobilit~te clarus, ejusdem sacrœ religionis ha­
bitu suscepto, primùm ad Corisopitensis episcopatum,deindè
Cœsariensis dignitatem evectus, electo
ad archiepiscopatus
que sibi in Franciscanorum choro e1.eganti tumulo inibi
humo mandari voluit, anno Domini 1455 (14) .
15. Reverendus prœsul Dominus Bertrandus de Rosma­
dec, Corisopitensium verus autistes, superior tempore, par
dignitate, illustris natalibus, nec inferior animo ... his innume­
randus est. Qui etenim huic ordini et cœnobio liberalis cùm

ornamentis suppeditandis, tùm supellectil~ sacrâ argenteâ
• et œdibus in occiduâ parte claustri extructis, munificus
pater, et vità functus, translatitiis parentum et maximè
suorum canonicorum suffragiis potiùs quàm voto proprio
(in) metropolim eclesiœ (";orisopitensis ... humo huic cœnobio
ereptus, illatus est, 28 annos tali dignitate, summâ cum

nominis et sanctitatis, famâ, functus mense februarii

16. Nec minori pietatis exemplo proceres equites Armo­
rici sepulchra sibi in dicto conventu fieri procurârunt .
Primus occu~ritJoannes, vice-comesà Fago (du Faou), qui
contràfidei inimicos acerrimus propugnator, bis mare emen- .
sus, victorque ad suos dûm reditum parat, in Avenione civi­
tate diem ultimurn clausit, corpusque suum in dicto cœnobio
traduci et humo condi supremis verbis voluit, anno 1397. ·
17. Sed et, anno 1404, Eudci (16), vice-comes à Fago, cùm
in Anglià cum multis aliis nobilibus occubuisset, corpus
suum in eamdem cœnobii sepulturam referri jussit .
18. Sed et superius cûm equites insignes, nata.libus cons­
et c1ari, Domini de Plœuc, de Poulmic, de Lan­
picui
.gueouez, de Liscus, apud Alreos Campos civilibus dissidiis
pro partibus Ducis Blesensis (17) et de summâ ejus ducatus

14. A leur exemple, · Alain de Lespervez, de grande
noblesse et de sainteté égale à sa noblesse, prit l'habit de
saint François. Il fut d'abord élevé à l'évêché de Quimper,.
puis à la' dignité d'archevêque de Césarée. · Il se construisit
un beau tombeau au chœur de l'église et s'y fit transporter

15. Le Révérend prélat Bertrand, seigneur de Rosmadec, le
vrai pontife de Quimper, prédéc.esseurd'Alain, son pareil en
dignité, dont le caractère égalait.l'illustre naissance, a droit
à une mention spéciale. Il combla de bienfaits l'Ordr'e et le
au couvent des ornements et de l'argen­
couvent. Il donna
• terie; il fit bâtir la partie occidentale du cloître; enfin il

fut pour les franciscains un père plein de munificence.
la faiblesse de sa famille, et surtout le vœu
Quand il mourut,
de ses chanoines plutôt que sa volonté, le firent enlever du
et porter à la cathédrale. Il avait gouverné son
couvent
diocèse pendant 28 ans avec grandeur et sàinteté. Il mourut
au mois de février 1445 (15).

16. La même pensée pieuse amena les seigneurs et les
chevaliers bretons à se faire construire des enfeux dal1s le
couvent des Franciscains.
Le premier qui se présente à nous est Jean, vicomte du
adversaire des ennemis de la foi. Il passa
Faou, redoutable
• deu~ fois la mer; et, comme il revenait vainqueur, il
mourut à Avignon; à ses derniers moments, il recommanda

que son corps fut rapporté au 'couvent, en 1397.
En 1401, Eude (16), vicomte du Faou, mort en Angle­
terre avec nombre d'autres seigneurs, ordonna de rapporter •
son corps dans la même sépulture.
18. Plusieurs nobles chevaliers de grande naissance, les
seigneurs de Plœuc, de Poulmic. de Langueouez, de Liscus
à la bataille d'Auray. qui mit fin à nos guerres
tombèrent
civiles. Ils tenaient le parti de Charles de Blois et combat­
lUI assurer le duché (17). Ils ordonnèrent que
taient pour

dimieantes, ciecubuissent, eorum corpora hînc relata sepul­
turœ mandantur, mense octobri 1364 (18) ,
, 19. Hervœus à J ugo,miles equesq ue non exigui nominis cùm
extremum diem.in Hispania claussisset, ossa tumulo majo-

rum collocanda in eàdem œde apportari,jussit,arino 1369(19) .

20. Neque silentio involvendi gemini Alani Domini ,de
Tivarlen, duo nobilitatis Armoricœ flores, . duo Martis

pignora, pater et natus, gemini Ordinis Franciscani

parentes, qui in dicto cœnobio sibi ultimo parentari, et
juxtâ supremâ fide persolvi, cùm pater anno 1384, et filius
1404 ad superos migrâssent, voluerunt.
anno
21. Quorum obi tu illustris etprœpotens eorum familia ad
Adeliciam ultimi Alani sororem devenit, quœ connubialibus
et pactis eum heroe equiteque insigni Joanne,
,tabulis
est; et thori
Domino de Rosmadec, matrimonio collocata

genialis consorti posteros, œfati patriœque claros cbaros
que dedit et edidit, qui cùm origine sua, tùm in suam fami­
Baronum
liam adoptione et successione, illustrium domorum
de Molac et Rostrenen, de la Hunaudaye, de Montafillant,
la Cbapelle, dominorum de Penboat, et aliarum
Comitum de
p)urimarum; qui tandem rerum bellicarum gloriâ, summâ
in principes fide, 'à tribunitiâ, summâque in milites potes­
magnâ om.nium gratulatione et summâ populariorum
tate,
ad Marcbionatis dignitatis
Armoricanœ provinciœ plausu,
ctrlmen, primô ab Henrico tertio, Gallorum rege,evecti, et
deindè ab Henrico quarto, Galliœ ~t Navarrœ rege, con-
fi'rmati et inter regni proceres coaptati et allecti sunt (20).
22. Petronilla de Rupeforti, uxor Hervœi berois Baronis
que à Ponte, extremis votis sibi sepulturam in eâdem œde
marito elegit,nono calendar(um) Augusti anno 1383(21).
eum
23: Hinc quibusdam causa fuit autumandi (nullo tamen
veri fideique recto indicio), bujus cœnobii fundationem

dominis Baronibus à Ponte tribuendam; cùm ex sepulcbro
hono-rifico lapideo in charD extructo, tùm ex insignibus

leurs corps fussent rapportés à Quimper, au mois d'octobre
19. Hervé du Juch, chevalier de grand renom, mort eil
Espagne\ fit rapporter son corps dans la même église,

20. Comment passer sous silence les deux Allain, sei-
gneurs de Tyvarlen, fleurs de la noblesse bretonne, enfants
chéris de Mars, le père et le fils, tous deux pères de l'ordre
de Saint-François ~ Ils choisirent au couvent leur dernière
demeure, quand ils moururent, le père en 1384, le fils

21. Leur mort fit passer de très-grands biens sur la tête
d'Adelice, sœur du dernier. Elle contraCta mariage avec vail­
lant chevalier Jean; seigneur de Rosmadec, et elle ~onna
à son époux" à son temps, à la patrie de chers et glorieux
enfants. Par leur illustre origine" par leurs grandes
alliances, par d'opulents héritages, ils devinrent barons de
et Rostrenen, -de la Hunaudaye, de Montafilant,
Molac
la Chapelle, seigneurs de Penhoët et de beaucoup
comtes de
d'autres lieux. Enfin leurs exploits guerriers, leur fidélité
aux princes, leurs grands commandements mili­
inviolable
taires leur méritèrent aux applaudissements de la Bretagne,
le titre de Marquis, que le roi de France Henri III conféra à
l'un d'eux. Henri IV, roi de France et de Navarre, con­

firma ce titre, et la maison de Rosmadec marcha de pair
avec les plus illustres du royaume (20).
22. Pétronille de Rochefort, femme du vaillant Hervé,
baron du Pon.t, choisit par testament sa sépulture auprès de
le 9 des calendes d'août 1383 (21).
celle de son époux,
23. C'est de là que quelques-uns ont pris occasion de dire
(mais sans aucun indice sérieux) que la fondation du cou­
était l'œuvre des barons du Pont. Ces seignéurs
vent
avaient un tombeau de pierre à une place éminente dans le

ipsius Hervœi ~ Ponte et Petronillœ de Rupeforti in imâ
parte speculariorum majoris altaris appositis. Hoc non ego
inficio; ast indè cœnobii extructi gloriam illis Baronibus
vindicare ratio non dictat, maximè cùm sepulchrum illud
lapideum suprà retulerimus à Joanne vice-comite à Fago
erectum, anno1397, ut insignia ejus eidem tumulo apposita
indicant.
24. Nec absimili belli fato vità functis Dominis de Ponte,
Guillelmo de Rosmadec, Joanne de Poulmic, Henrico de
et aliisquibusdam apud sanctum Jacobum de Beu­
Lesivy
(22) eruptione ab Anglis obsidi'one captis factâ, Carolo
vron
rege Galliœ, Arthuro Britanniœ Divitis-MontisComite,
VII
et Franciœ Conestabulario (23), mense Martis anno Domini
Minorita­
1425, quorum corporibus indè reportatis requies

rum humo quœsita partaque est (24).
25. Ne tœdio sim, omitto illustres proceres de Neveto, de
Pratanroux, de
Veteri-Castro, de Coatcanton, de Muro, de
de Pratanras, (25) Guengat, de Trohanet, de Quilliou, de
Tremillec, de Liscuz, et alios innumeros qui omnes, in vi vis
agentes huic cœnobio devotissimi, sic fato functi extremas
sibi in hoc conventu sedes delegerunt, pietatisque intuitu,
sanctitateque reliquiarum beatorum corpo­
loci religione;
rum ibi quiescentium et muIto cultu veneratorum permoti,

ibi quiescere, extremique judicii felicem sortem illic prœs­
tolari voluerunt, mandaverunt et postremâ " curâ provi­
derunt.
26. Piaculi imô sacrilegi instar fiet reliquiarum in dicto
cultarum "non meminisse; ideôque,
conventu pro religione
quantùm ex earum subscriptionibus assequi potui, ordinem
coronidis loco inseram et attexam :
27. Prima occurrit verendi venerandi que ligni salutiferi

Crucis dominicœ sanguine tincti insignis particula. .

chœur; les armoiries d'Hervé du Pont et de Pétronille de
Rochefort étaient sculptées au bas du grand autel: je ne le
pas; mais cela n'autorise pas à attribuer aux barons du
nie
Pont le titre et la gloire de fondateurs du couvent; surtout
lorsque (comme nous r.avons vu) Jean, vicomte du F~ou,
avait aussi fait constrUlre-, en 1397; une tombe de pIerre
élevée, sur laquelle se voient encore ses armoiries.
24. D'autres seigneurs, aussi victimes de la guerre, vin­
rent reposer au couvent. Guillaume de Rosmadec, Jean de
Poulmic, Henri de Lesivy et autres furent tués devant
Saint-James de Beuvron (22), dans une brusque sortie des
Anglais qu'assiégeait Arthur, comte de Richemont, conné­

table de France (23). Cet évènement eut lieu sous le règne
de Charles VII, au mois de mars 1425. Les corps de ces
seigneurs rapportès de Saint-James reposent au couvent
des Frères Mineurs (24).
Craignant d'être trop long-, fomets les illustres sei-

gneurs de Névet, du Vieux-Châtel, de Coatcanton, de Mur,
de Pratanroux, de Pratanras (25), de Guengat, de Trohan­
net, du Quilliou, de Trémillec, de Liscuz et beaucoup d'au­
tres. Pendant leur vie, ils étaient dévoués au couvent. A

leur mort, ils y choisirent leurs dernières demeures. Leur
• piété, la religion du lieu,' la sainteté des reliques des corps
glorieux gardées dans lJéglise, le culte rendu à ces reliques

leur firent désirer de reposer là, et d'y attendre la sentence

favorable du dernier jugement. Telles furent leurs vœux,
et leurs derniers soins.
leurs ordres
Ce serait presque un sacrilège que d'omettre la men­

tion des reliques conservées dans le couvent, à cause de la
vénération dont elles sont l'objet. Voici donc leurs noms
autant que j'ai pu les savoir par leurs titres. C'est par là que
je finirai.
27. La première de ces reliques est une parcelle i~signe du
bois vénérable de la croix qui fut teinte du sang du Sauveur.

28 . .l.Edicula argentea divœ Mariœ Lauretaneœ nomine
clara et numini sacra, gestantibus illam in altum circum-
ornata; in quâ muIta
que gestientibus angelorum choris
pietatis insignia et divœ Mariœ monumenta recluduntur.
29. Sed et ibi asservatm' caput divi Thuriani, prœsulis
quondam Dolensis, cujus festum celebratur duplici officio
ut et
in hâc Britanniœ Armoricœ parte Inferiori, die 13 julii,
Parisiis. In quorum suburbiis monasterio divi Maglorii
corpus invis'ïtur (26). Cujus
nomine extructo, reliquium ejus
meminit Baronius in suo martirologio. Is successit Arma­
episeopo, circà annum salutis 700; atque sex
helo, Dolensi
antè se prœsulibus divis scilicet : Samsom, Maglorio,
aut (ut aliis placet) Jurie­
Budoco, Gueveneo, Jumahelo
et divo Armahelo. Septimus accessit in sanctorum
meneo,
numero relatus, sic decessit septem retro sibi successoribus
poste ris ignotis.
30. Beati Ludovici Tholosani Archiepiscopi (27) et Fran­
. ciscani nonnulIœ reliq uiœ inibi sunt, veluti sacra, quam
semper gestabat, bulla, sive Agnus Dei, ut et ejus cingulum
quœ multo cultu a prœgnantibus mulieribus,
spartheum ;
quibus levamento opportuno sunt, venerantur.

31. Multorum item aliorum sanctorum reliquiœ, quorum
nomina, etsi ignota, tamen multis officiis tùm ab in colis,
tùm ab exteris cuIta, quorum (ut œquum esset) laudibus
dicendis exarandœ et historiœ posteris commendandœ (si)
. non satîs idoneus et impar orator, humillimus tamen ado­
rator, preces pro salute meâ pro nus supplex que exposco .

28. Une autre: un édicule -en argent sous le vocable de
Notre-Dame de Lorette. Il est soutenu dans les airs par
une troupe d'anges qui semblent tressaillir de joie. Dans
cet édicule sont enfermés plusieurs objets de piété à l'hon-
neur de Notre-Dame. ' .
29. Le couvent conserve le chef de saint ThurIal, autre-
fois évêque J dé Dol, dont la fête (double) est célébrée
dans cette partie de la Basse-Bretagne, au 16 juillet, comme
à Paris' aux fauxbourgs de cette ville, au monastére de
Saint-Magloire, on peut voir le reste du corps de saint
Thurial (26). Baronius a fait mention de cette relique dans
, son martyrologe.
Thurial fut le successeur d'Armahel, évêque de Dol, vers
700. Ses six prédécesseurs avaient été: Samson, Ma-
l'an
gloire, Budoc, Guévenec, Jumehel (que d'autres appellent
et enfin le bienheureux Armahel. A près eux il
Junemen)
1 ui septième, mis au rtombre des saints. Ses sept
fut,
successeurs sont inconnus. .
30. Le bienheureux Louis, archevêque de Toulouse (27) et
franciscain a plusieurs reliques au' couvent. Ainsi, on con-

serve pieusement une bulle ou A gnus Dei qu'il portait
constamment, et sa ceinture de jonc. Les femmes en mal
ont à ces reliques une dévotion particulière et en
d'enfant
éprouvent beaucoup de soulagement.
31. Le couvent conserve encore les reliques de plusieurs
~utres saints, dont les noms ne sont pas connus; cepen­
dant elles ne sont pas moins honorées et par les religieux
et par les fidèles du dehors. Je ne puis exposer l'histoire
de ces saints; pauvre écrivain, 'si je suis hors d'état de les
célébrer, comme il conviendrait, je sais du moins les hono-

rer en toute humilité, et je leur adresse à genoux une
fervente prière pour mon salut.

BULLETIN ARCBÉOL. DU FINISTÈRE. - Tome XII (Mémoires).

NOTES
(f) Les notes sont en général l'œuvre de D. Plaine. Quelques-uues
sont? ,?-~ec la tl'adu~tion, l'œuvre de M. Trévédy; elles sont signées de
ses InitIales. Enfin 11 y a quelques renvois marqués par des lettres, à
des éclaircissements imprimés après les notes. .
(2) Il faut sous-entendre Constat: la phrase commencée au paragraphe
précédent continue.
(3) JI manque plus je urs mots. L'auteur semble voulo"ïr dire que les
chevaliers du Temple ont pris leur nom en souvenir du temple de Jéru­
salem. (J. T.)
(4) Dans le texte prœda mis par erreur pour prœdia .
(5) V. Note A. (J. T).
• (6) 1.1\ préposition sicut manque dans la copie de Baluze .
(7) C'est l'épitaphe de l'évêque Beginald ou Reynaud, qui mOUl'lll le
3 mai 1245. V. plus loin § 12.
(8) L'auteur veut dire, si nous ne nous trompons, que les Templiers
de Quimper vers le temps de la mort de
ahandonoè,'ent leur maison
saint Francois .

(9) Ici commence une courte notice sur le B. Jean Discalcéat, notice
plus digne de foi que tout CI~ qu'on rencontre ailleurs sur son compte.
(10) Les auteurs franciscains Gonzague, Wadding, etc., ont mis en
avant cette opinion.
(H) La copie porte Rhedonemque, mot évidemment altéré; on peut
lire Rhedonibusque ou RherJonensi et traduire cher à l'évêque de Rennes
ou cher à l'évêque et aux fidèles de Rennes. (J. T) .

(12) Guy de Plonevez, Ju Faou, év. de Quimper (t26i-1266).
(13) Comte et Pail' de France. Bernard, 2 du nom, promu à Quimper.
1322. (WADDING. T. VI. p. 589, donne le texte du bref de
en juillet
provision) .
Claude Robert a avancé que ce Bernard avait été transféré de Quimper
à Noyon; mais la chose ne paraît pas confirmée. V. ANSELME.
D. MORIeE et après lui l'abbé TRESVAUX et M. HAURÉAU ont prétendu
à Nîmes. Cette opinion est aussi peu
que Bernal'd avait été transféré
fondée. V. W ADDING . T. VII, P 20 .
. Ce qui pal'aÎt vrai, c'est que Bernill'd mourut peu après sa promotion.
(M. Le Men, M onog de la Cathédl'ale, donne pour Bernard II, ces
deux dates: 1322-1324). (J. T). .
(I~) Allain de Lespervez, d'abord évêque de Dol, fut transféré à Quim­
en 1446, nommé archevêque de Césarée, en Hot, et mourut en 1455 .
per
On peut voir q1latre paun~aux de SOI1 tombeau portant ses armoiries
aU Musée de Quimper. (J. T).
(15) Il avait été pourvu de l'évêché en 14i6, il se démit en 1443, et
mourut en février 1445.
V. Note B. (J. T.)

(t6) Il élait probablement fils du précédent. Sur l'expédition où il
trouva la mort, v. Preuves de Bretagne, t. 2, col. 760. id. Dom Morice,
t. 2, p. 435. V. Bulletin de t884, II, p. H. (J. T) •
(t 7) Ils combattaient pour Charles de Blois. . .
Le nécrologe nomme en outre Guydomar de Treseaul. V. Bulletin
t884, lJ, p. 8. (J. T).
(tB) On sait que la bataille ~'Auray se livra le 29 septembre de cette
année .t364; maIs il est bien éVIdent qu~ plus.ieursjours furent employés
pour reconnaître les corps et les porter a QUImper.
(19) Notre auteur ne dit pas pourquoi ce seigneur se trouvait alors en
E"pa"ne ; mais il n'cst pas douteux qu'il fai8ait partie des troupes de
Bertr~ud du Guesclin, qui contribuèrent au gain de la bataille dè Mon­
tiei. Ses ossements seulement furent rapp'Jrtés à Quimper, selon la r.ou­
tume du temps. (V. Bulletin de 1884, U. p. t6.)
du Juch avait épousé Marguerite de Pratanroux et fut la tige
Hervé
de la branche cadette de la maison du Juch, qui posséda Pratanroux
pendant plus de deux siècles. (J. T.)
(20) V. Note C. (J. T.)
(2t) V. Note D. (J. T.)
(22) Saint-James de Beuvron, en Normandie, près d'A vranches. L'assaut
dans lequel périrent les Bretons se livra le 6 mars t426.
(23) Arthur 111, plus tard duc de Bretagne, n'était à cette date que
comte de Richemont et connétable de France.
(24) V. note E. (J. T.)
(25) Note F. (J. T.)
(26) Erreur. Ce n'est pas à Saint-Magloire, mais à Saint-Germain-des­
Prés qu'était conservé Je corps de iaint Thurial.
. (2~) Sa,int ~ouis, évêque de Toulouse (ce siège ne fut érjgé en arche­

veche qu apres sa mort en 13 f 7), est honoré le f 9 août. Ctl qui est dit
de son culte à Quimper avait échappé à tous les hagiographes .

ÉCLAIRCIS SEMENTS
NOTE A, § ~, p. 2-3. I~ Y a dans la copie primatorum, faute évi-
dente, ce mot étant un barbarisme; fallait-il lire primatum (des grands)
ou privatorum (des partic'uliers)? J'ai préféré la dernière leçon; prima­
tum offrait le' même sens que procerum. Avec privatorum l'énumération
est complète: (princes, prélats, seigneurs et particuliers) .

NOTE B, § i5, p.8-9. M. Le Men dit que Bertrand de Rosmadec

a employé son immense fortune à doter des hôpitaux, etc.
Rien ne parait moins établi que cette immense fortune. A cette épo­
que, la maison de Rosmadec avait plus d'illustration que de richesse:

l'opulence lui vint seulement par le mariage de Jean 1 du nom (frère .
de Bertrand) avec Alice de Tyvarlen. En outre, Bertrand, né du second
mariage de son père, avait trois frères aînés et deux sœurs. Sa mère,
Marguerite du Chastel, de l'illustre maison du Chastel, n'était pas héri­
tière.
C'est avec raison que M. de Blois (art. Bertrand de Rosmadec
dans la Biographie bretonne) admire que Bertrand ait.pu mener à bien tant
d'entreprises (( auxquelles aucune fortune privée n'aurait pu faire face» ;
et il faut supposer avec lui que l'Evêque devait recourir aux aumônes
des fidèles. Cette observation ne doit pas diminuer la reconnaissance

due à la mémoire du grand Evêque.
NOTE C, § 2:l, p. iO-H. Henri III érigea en Marquisat la terre de
Tyvarlen et celle des Chapelles en Comté (lettres de novembre 1576) .
Henri IV (août :l608) confirma le Marquisat de Rosmadec, qui fut con-
tinué sous le nom de de Pont-Croix, en faveur de René­
Alexis Le Sénéchal, comte de Carcado, fils de Marie-Anne de Rosma­
dec (:lH9). Celle-ci avait hérité de son neveu Sébastien IV, marquis
de Rosmadec, mort en i 7 00.
NOTE D, § 22, p. :l3. Pétronille de Rochefort n'était pas femme
de Hervé du Pont, tué à Saint-James de Beuvron; c'était sa mère. Celui­
ci avait pour femme Marie de Rosmadec, sœur de Guillaume, seigneur
de Tyvarlen, tué en même temps que Hervé du Pont .

NOTE E, § 2~, p. 12-13. Beaujouan commet ici ~ne erreur. Si Guil-
laume fut tué à Saint-James avec cinq autres seigneurs, le seigneur de
poulmic seul fut inhumé aux Cordeliers ; cela résulte de l'acte du Né-
crologe:
Tali die obierunt Dnns Hervœus de Pont-Abbatis, Dnus Joannes de
Poulmic, Guillelnws de Rosmadec Dnus de Tyvarlen, Gauffridus de Pyru
(du Perrier), Henricus de L- esivy, [(asnevet de Lanros, et quamplures
alii apud Snffi Jacobum de Beuvron; et à dicto loco corpus supradicti
Dni de Poulmic fuit adportatum ad conventum , istum.
Guillaume de Rosmadec est le même que le Nécrologe qualifie de
seigneur de Tyvarlen. C'était le fils aîné de Jean 1 , seigneur de Rosmadec
et d'Alice de Tyvarlen. Guillaume était seigneur de Tyvarlen du chef de
. sa mère, décédée vers 1~12.; mais ne fut pas seigneur de Rosmadec,
puisque son père lui survécut. ,La veuve de Guillaume, Jeanne de Lesper­
vez, fut tutrice de ses enfants; mais elle se remaria, en 1~28, avec
Hervé de Névet; et le duc donna pour tuteurs à ses enfants, Bertrand
de Rosmadec, l'Evêque, leur grand oncle, et Charles de Lespervez, leur
Le texte rapporte au ~ mars U25 l'assaut donné à Saint-James de
Beuvron. D. Plaine donne la date de 1426. La contradiction n'est
Beaujouan donne 1425 en copiant le Nécrologe des
qu'apparente.

• Cordeliers; il emploie le vieux style. Au commencement du XV siècle,
on faisait encore commencer l'année à Pâques; et le 4 mars se trouvait
à la fin de l'année 1425. Ce n'e~t qu'en 1563, à la réforme du calen­

drier, que le 1 cr janvier est devenu le 1 jour de l'année. Les historiens
ont appliqué la réforme rétroactivement et reporté au i er janvier le

commencement des années passées. Ainsi, pour prendre en exemple
les années 1425 et i426, tous les faits compris entre le i er janvier et le
jour de Pâques étaient de la fin de l'année i~25; mais le commence­
ment de l'année i426 ayant été reporté au 1 janvier, ces mêmes faits
se sont trouvés placés dans les premiers-mois de l'année 1426. ",

NOTE F,§ 25,p.i2-13. On a souvent confondu Pratanras, Pratan-
et Pratanros.Ces noms sont ceux de trois seigneuries voisines, mais
roux
distinctes (par. dePenhars). Les restes de l'ancien château de Pratanras
se voient à quelques pas du nôuveau château bâti par M. de Madec, le der­
nier seigneur (t78i-i783). Les ruines du château de Pratanroux

ont été prises à tort pour les restes d'une maison de Templiers et sont
connues aujourd'hui sous le nom de Temple des (aux Dieux •. Pratanros
est à peu distance.
La seigneurie de Pratanras avait trois tombes· au milieu du chœur
des Cordeliers; et de nombreux seigneurs de la maison de Lezongar,
seigneurs de Pratanras, y ont été inhumés.
Le Nécrologe ne mentionne pas d'enfeu appartenant aux seigneurs de
Pratanroux; mais il mentionne sept membres de la maison du Juch,
seigneurs ou dames de Pratanroux, inhumés dans l'enfeu du Juch; d'autre
part Adelice Le Saulx (fille du seigneur de Pratanros), femm( de Rolland
d(Lezongar, seigneur de Pratanras, fut inhumée dans le tombeau de
son mari, dans le chœur (3 des ides d'avril i~86) .
V. là-dessus: ~ Coat(ao et Pratanras, Bull. i882 et iS83 et Nécrologe
de Saint-François, Bltlletin de i88~, II,:p. 3 et suiv .
J. TRÉVÉDY .

JEAN BEAUJOUAN
ET SA NOTICE SUR LE COUVENT DE DE SAINT-FRANÇOIS (1) .

Dom Plaine, bénédictin de Ligugé, a suivi en Espagne
la bibliothèque de son couvent partant pour l'exil. C'est du
monastère de Silos, près de Burgos, qu'il adresse a notre
confrère, M. le chanoine Peyron, son intéressante COqlmu-
nication.
Dom Plaine estimait qu'on pouvait se dispenser de tra-
• duire la notice latine de Beaujouan. Mais tout le monde ne
sait pas le latin comme not.re savant correspondant. La
phrase de Beaujouan est pleine d'inversions qui la rendent
souvent obscure. Enfin la langue de Virgile et de Cicéron
ne suffit pas à notre auteur: il emploie pal'fois des expres
sions qui seraient nouvelles même pour un jeune bachelier.
J'ai clonc pris mon dictionnaire pour épargner aux autres
la peine de consulter le leur, et j'ai traduit la notice.
J'ai cru entrer dans la pensée de Dom Plaine en essayant
la biographie de Jean Beaujouan. J'en ai découvert trop
peu de chose; toutefois, ces indications ' ne sont pas dé-'
pourvues d'intérêt; et elles nous montrent que Beaujouan
était mieux placé que personne pour être bien informé.

Le nom de notre auteur est écrit indifféremment Beaujouan
et Beaujoan; lui-même signe d'une er d'autre manière:
deux actes de 1635 et 1636 le nomment de Beaujouan et
lui donnent Je titr.-e d'écuyer.

(:1.) Notice lue dans la séance du 29 janvier 188ft

Qu'était-ce que la famille Beaujouan ~
Dorn Plaine signale, en 1588, un maîtl'e des l'eq uétes du
nom de Jean Beaujouan, à la cour des Comptes de Nantes. '
Une obligeante communication me permet de le ratta-­
cher à notre auteur (1). Ce Jean Beaujouan était son frère
ainé.
Dans la dernière moitié du XVIe siècle, Louis Beaujouan
était seigneur de Kerminisic ou Kerminisit, paroisse de

Saint-Tugdual, diocèse de Vannes .

D'ùne première union avec Jeanne Huby, il eut deux fils
qui portèrent le même prénom de Jean. L'aîné, seigneur de
Keriot, fut auditeur, puis maître des requêtes à la cour des
Comptes; il mourut sans enfant, en 1596. Le second fut
seigneur de Kerminisit après la mort de son père, et devint
conseiller et procureur du roi à Quimper: c'est notre au-
teur. .' .
Celui-ci eut pour femme Anne Morice, d'une famille de
Quimperlé, dont la sœur, Jeanne, était en 1621 femme de
François Le Flô, conseiller du Roi et sénéchal de Quimperlé .

Le 20 juin 1621, il présenta au baptême dans la cathédrale
de Quimper (paroisse du Saint-Esprit), une fill e qui fut
n.ommée Guillemette, du nom de son parrain Guillaume
Le Prestre, évêque de Cornouaille (2).
Il eut en outre deux fils, un de son nom, seigneur de Ker­
loïs, et l'autre nommé Charles, seigneur du Lorédo, et deux
filles, Yvorée et Marguerite. Le 10 septembre 1742 (3), celles-
ci n'étaient pas mariées; mais Guillemette était femme de
Jacques du .Haffond, seigneur de Kerescam, TrénéloR et
Pratmaria, procureur du roi à Quimper (4).

(1) Je dois cette communication à M. Saulnier, conseiller à la Cour et
président de la Société d'archéologie d'llle-et-Vilaine.
2) Acte de baptême. Mairie de Quimper.
3) Acte de transaction. Minutes de Pinot, notaire à Rennes.
4,) Lettres de provision. Mai 164,1.

Jean Beaujouan mourut le 3 décembre 1640, 'remplissant
encore ses fonctions de procureur du Roi, et Jacques du
Baffond, son -gendre, lui succéda.
J'ai cherché en vain l'acte d'inhumation de Jean Beau­
jouan à Quimper. Il semble avoir habité la paroisse du
et Sainte-Catherine, et la p.artie
Saint-Esprit (rues Neuve
rurale voisine). Or, les registres de décès manquent pour
cette paroisse, en 1640: peut-être, s'il est mort en une
registres, son inhu~ation
paroisse dont nous ayons les
n'a-t-elle pas été constatée par le curé. Voici pourquoi :
En 1635 et 1636, et probablement jusqu'à sa inort) Jean

Beaujouan était syndic du couvent des Cordeliers. Il semble

naturel qu'il ait demandé l'inhumation dans leur église,
sous la protection de ces saints qu'il invoque si pieusement
pour son salut (v. ~ 31 in-fine). En ce cas, son décès aura
été constaté au Nécrologe, que noUs n'avons plus pour
cette époque; mais, si la levée du corps n'a pas été faite
par le curé, le registre de la paroisse ne gardera pas trace

de l'inhumation (1).
Les renseignements qui précédent nous donnent la date

approximative de l'écrit qui nous occupe. Essayons d'attein­
dre à plus de précision.
L'auteur nous fournit une première indication quand il
fait mention du Marquisat de Rosmadec. L'érection du

marquisat est du mois d'août 1608. Beaujouan parle à ce
Henri IV de maniére à marquer qu'il ne
propos du roi
vivait plus. Il reporte ainsi la date de la notice aprés le
14 mai 1610, date de l'assassinat du roi. . -

Mais ce n'est pas tout... L'auteur prend le titre de procu­
reur du roi. Ses lettres de provision ne se retrouvent pas:

(1) Une sentence du Présidial du 6 mars 1629, rendue en exécution de
l'arrêt de règlement du ~ er novembre 1623, autorisait les Cordeliers à .
. lever sur le refus des curés, les corps qui devaient recevoir la sépulture
au couvent. Fonds des Cord. V. Bull. 1884. Nécrologe, II, page 19 •

On peut supposer qu'elles étaient datées de 1602 à 1607,
période dont le registre est perdu. L'acte de baptême de sa
fille Guillemette, illisible en cet endroit, ne permet pas d'af-
firmer que son père remplit, en 1621, les fonctions de procu-
reur du roi; mais nous avons de ce fait une preuve certaine
autant qu'inattendue. Nous la trouvons dans l'aDeu de la
Commanderie de La Feuillée. rendu au roi en 1731 (1). On
y lit (page 3) que, en 1621, Jean Beaujouan, procureur
du roi, requit et obtint du Présidial la suppression de la
haute justice de Saint-Jean de Quimper., parce qu'elle était
dépourvue d'officiers (2). Enfin, les actes des Cordeliers de
1635 et 1636 donnent encore à Beaujouan le titre de pro- '
cureur du roi. (3). .

En 1635 et 1636, Beaujouan était, avons nous dit., syndic
couvent" ou, comme on lit en d'autres actes « procureur
« syndic, père syndic, » ou même (( procurateur spirituel
« des affaires et négoces séculières des religieux. » En
cette qualité, il avait en mains tous les titres du couvent,
la plupart sont perdus: c'était un devoir et une
dont
pO,ur lui d'en faire l'étude. Nul doute que ce ne
nécessité
soit pendant qu'il était syndic que Beaujouan a écrit sa
notice. Or il n'était par encore syndic en 1629, et mou­
rait à la fin de 1640 (4). La date de la notice se placerait
dates: 1629 et 1640.
donc entre ces deux

(:1.) L'aveu comprend trois gros volumes. Le tome III comprenant les
membres du Faouët, Croisty et Saint-Jean de Quimper, est selù déposé
aux arch. du Finistère.
(2 C'était très mal requis et très mal jugé. Un siècle plus tard, M. de
Tarn onneau, devenu Commandeur de La Feuillée, obtenait sans difficulté
du Parlement l'annulation de la sentence et le rétablissement de la haute
justice. Arrêt du 28 avril :1.727. Je reviendrai quelque jour sur ce
curieux incident, ou d'après, M. de Tambonneau, Beaujouan fut « le
« prinCIpal auteur du désordre. »
(3 Actes des 28 juin :1.635 (CC 2) et 26 juillet 1636 (M. 8) Fonds des
Cor eliers. Arch. dép.
(~) Jacques de Jauréguy, seigneur de Kergoadalez et conseiller du roi,

Comme je le disais en commençant, Jean Beaujouan
était mieux placé que personne pour savoir et nous dire la
vérité sur les Cordeliers. Mais il effleure à peine l'histoire
du couvent; puis il commence une liste des personnages de
marque inhumés da\ls l'église; ... · mais tout-à-coup il s'arrête
court de peur d'ennuyer (ne tœdio sim) (?, 25). De quel inté­
rêt au contraire serait son œuvre, s'il l'avait continuée. Il
aurait presque suppléé aux nécrologes perdus ! Mais le
modeste auteur ne pressentait pas l'utilité de son travail;
il ne pouvait prévoir que sa notice survivrait au couvent;
qu'un jour une loi barbare ordonnerait la destruction des
armoiries gravées sur les tombes; et que des Français,

dépassant les prescriptions de la loi, violeraient les sépul­
tures et saccageraient la vieille église qui gardait les restes
de tant de générations! (11

Toutefois, deux points importants sont mis en pleine

lumière par Beaujouan : la fondation du couvent par
l'évêque Raynaud Œ 2 à 9) et l'inhumation de ceprélat dans
le chœur de l'église Œ 8 et 12). Or, M. Le Men, dans sa
Monographie de la Cathédrale de Quimper (2), pour
cQntester à l'évêque Raynaud son · titre de fondateur, a nié
jusqu'à son inhumation au couvent de Saint-François. Il
convient donc d'insister sur ces deux points, comme Beau-
syndi? en.i6i6, l'était encore en i629 (J. J. 8). François Cran avocat
du rOI, SeIgneur de Tréoudet, succéda il. Beaujouan' il était syndic en
i6~3. (S.~) Fonds des Cordeliers. '
(i) C~MBRY (Catalogue, p. i6) donne le tableau de ces abominables

d~va~tations. Les sépultures violées renfermaient nombre de roturiers
d artIsans et de pauvres .. (V. Bull. i88~,Nécl'ologe. II, p. 3~). '
(2) P. 80 et suiv.

jouan a pris soin d'y insister lui-même; nous verrons tout
à l'heure pourquoi. . .
Albert Le Grand., écrivant quelques années après Beau­

jouan, cite l'èxtrait de l'ancien Nécrologe qui constate la
sépulture de Raynaud, fondateur du couvent J' il fait suivre
cette citation de ces mots: « Néanmoins le P. Gonzague,
« général des Cordeliers, dans son livre de Ortu et pro­
« gressione Seraphici religionis., dit que ce fut le seigneur
« de Pont qui fonda ledit monastère. »
J'ai peine à voir dans cette dernière phrase ce que M. Le
Men s'est complu à y trouver, (\ un redressement de l'erreur
commise dans le nécrologe ». Non: Albert Le Grand cite
et tout au plus exprime-t-il .un doute. Il
les deux opinions,
était pas possible d'aller au-delà; et voici pourquoi:
ne lui
C'est ·qu'il avait sous les yeux le texte du P. Gonzague,
imprimé en
Je suppose que M. Le Men a lu ce texte seulement dans
l'extrait qu'en donne Albert Le Grand. Il est cependant
prudent, même indispensable, quand on invoque une cita­

tion comme principal sinon comme unique argument, de
recourir à l'auteur lui-même. J'ai essayé de le faire; mais
l'ouvrage du P. Gonzague est rare. Je n'en ai pas trouvé un
~n Bretagne: les Pères Capucins de Paris
seul exemplaire
.. en possédent un; et ils ont trés gracieusement autorisé une
main complaisante à copier la page que Gonzague con­
au couvent de Quimper. Voici, phrase par phrase, fa
sacre
traduction un peu abrégée de cette page: dans six phrases
faisant ensemble douze lignes d'impression, la Monogra-
phie de La Cathédrale va me permettre de relever s.ept

erreurs (2) .

( i) A Venis~t.e*- typographiâ Dominici Imberti.
(2) A la fin de cette Notice on trouvera le texte intégral de Gonzague,

de Saint-François. .
sur le Couvent

Selon le P. Gonzague :
1 ° « Le magnifi'que baron, seigneur de Pont, fO,nda le
« couvent sur l'emplacement du château du fondateur de la
« ville. » Erreur (mais celle-ci est pardonnable) : le château
du fondateur de Quimper était, d'après M , Le Men, au
confluent de l'Odet et du ruisseau de Frout (1).
20 L'évêque, que le P. Gonzague nomme Renatus (René),
« fit, en 1232, la dédicace du couvent, dans lequel il avait .
« été nourri (hujus conventus alumno) )). Double erreur.
L'évêque n'est nulle part appelé Renatus; il était Français,
et c'est de la cour de Philippe-Auguste qu'il vint occuper
, le siège de Quimper (2).
30 « L'évêque Guy (de Plounévez), qui lui succéda, fut
a Vannes ». Double erreur: Guy ne fut pas le suc­
enseveli
M. Le Men place entre eux
cesseur immédiat de Raynaud.
Hervé de Landeleau (1245-1260) (3) ; et il admet sans dif­
ficulté que Guy a été inhumé aux Cordeliers (4).
4° Du temps de Guy (1262-1266) « vivait au couvent frère
« Jean Discalcéat, compagnon de notre patriarche Fran­
« çois. » Erreur; d'après M_ Le Men, Jean Discalcéat naquit

en 1280 (54 ans après la mort de saint François et 14 ans
après celle de Guy; il n'entra au couvent qu'en 1316 (40 ans
après la mort de Guy) pour mourir victime de son dévoû­
ment, en 1349 \5).

, 5° « On voit au couvent le chef de saint Thurial, autre­
« fois évêque de Quimper. » Erreur; saint Thurial (je rec­
- tifie le nom: Gonzague écrit ' saint Thurius) ne figure pas
dans la liste de nos évêques dressée par M. Le Men (6).
J'ai laissé au livre de M. Le Men le soin de redresser les

1) Monog. de la Cath., p. ~.

2 Id., p. 233-259. '

3 Id., liste des évêques, p. XVI.
~ Id., p. 8i.

5 Id., p. 85.
6 Id., liste des évêques, p. XVI.

erreurs du P. Gonzague. Si l'auteur de la Monographie de
La cathédrale avait eu sous les yeux le texte de cet au­
teur, il lui aurait accordé moins de confiance et n'aurait pas
préféré l'affirmation isolée de ce religieux étranger èt mal
informé à celle des Franciscains de Quimper (1).
M. Le Men invoquait accessoirement en faveur du baron
de Pont l'aveu au roi de 1732, par lequel ce seigneur ré-
clame une tombe éLevée et une vitre en supériorité dans
l'église du couvent. Ces prééminences étaient aux yeux de
la fondation.
M. Le Men une preuve de
En.ce qui concerne la tombe, Beaujouan, familier avec le
droit féodal de son temps, a prévu l'objection et y a répondu
d'avance: la tombe ne prouve rien; la preuve ç'est qu'il y
d'autres tombes élevees dans l'église et par exemple

celles des vicomtes du Faou; et pourtant ces puissants ·
seigneurs ne réclament pas le titre de fondateurs. La vitre
supériorité ne fournit pas non plus un argument con­
cluant. En droit féodal, la prétention du baron de Pont
n'eût pas été soutenable (2).
Mais, en fait, est-il bien certain que ce seigneur réclamât
le titre de fondateur ~ J'en doute, quand je lis dans l'aveu
d.e 1732 cette longue phrase qui remplit plus de trois pages
in-4°" et dans laquelle M. Le Men a puisé deux lignes ....
'(1.) Une partie des erreurs du P. Gonzague a passé dans les Annales
Minorum de Wadding. Cependant l'auteur, corrigeant Gonzague,donne à
l'évêque le nom de' Raynaldus et lui attribue pour successeur immédiat
Hervé de Landeleau. S'il fait vivre Jean Discalcéat dans le couvent, au
temps de Guy de Plonévez, du moins n'affirme-t-il pas qu'il ait été com­

pagnon de saint François. Wadding, t. II, p. 307 (2 éd. Romœ 1.732).
Le Menologium magnum Seraphici P. Francisci 1.698 rapporte
à 1.232 l'inhumation de Jean Discalcéat (erreur de plus d'un siècle), en le
qualifiant comme Wadding : dictus S. Franeisci socius. Voir les ex­
traits imprimés à la suite de la page du P. Gonzague, à la fin de cette
notice.
(2) On peut voir là dessus HÉVIN, Questions féodales, notamment
Chap. IX.

Mais en voilà assez sur ce sujet. Cette discussion de droit
trouvera mieux sa place ailleurs (1).
la première lecture, il semble qu'il y ait dans l'exposé
la foildation du couvent de Saint-François quelques
obscurités et même quelques contradictions, mais elles
sont seulement apparentes.
La fondation commencée en 1233 était achevée avant la
mort de Pierre de Dreux~ 1250 ; et l;ordre des Templiers
n'a été condamné qu'en 1307.
Il faut en lisant Beaujouan avoir ces trois dates présentes.
Quand il dit que le couvent (fondé en 1233) fut d'abord
par les Templiers Π3); quand il ajoute plus loin
occupé
(~ 7) que la maison des Templiers fut commencée en 1233,
ne faut pas le prendre au mot: il ne veut pas dire que
Raynaud installa les Templiers dans le couvent
l'évêque
bâtissait; mais il se réfère à l'état ancien du couvent,
qu'il
l'usage populaire a dû, longtemps après leur dis­
auquel
garder le nom de ses anciens possesseurs.
parition,
Frères Mineurs
De même, quand Beaujouan dit que les
ont remplacé les Templiers après leur destruct~on à Qu';m-

per, il ne se réfère pas à la condamnation prononcée seule-
1:)07. Les Templiers, pour un motif qui n'est pas'
ment en
connu, quittèrent leur couvent de Quimper (vers 1233) ; et
les Frères Mineurs furent alors appelés par l'ÉVêque pour
prendr.e leur place Π6). Ce changement eut lieu avant
le milieu du siècle, puisque en 1245, Raynaud fut inhumé
dans l'église du couvent, par les Frères Mineurs dont
il était le père et l'ami (2).
Jean Beaujouan n'est pas moins explicite en ce qui touche
Raynaud (Voir ~ 8 et 12).
la tombe de l'évêque

. (1) Dans un Essai sur le couvent des Cordeliers d'après des documents
médIts. '
(2) Nécrologe. (V. notice Bull. i88~, II, p. 23) .

Pour placer la tombe de Raynaud derrière le chœur de la
cathédrale, M. Le Men avait dû préférer les indications un
peu vagues de M. de Blois (de Morlaix) au témoignage
et deux. fois répété dl,! Nécrologe des Cordeliers (1)
formel
J'ai essayé ailleurs de démontrer la sincérité de ce témoi­
gnage et rassemblé beaucoup de citations qui me parais­
sent en faire preuve (2). Mais tout ce laborieux appareil
est désormais inutile: voici un témoin oculaire qui se pré-
sente et nous dit: « J'ai vu la tombe de Raynaud dans le
« chœur de Saint-François contre celle du Guy; » et il en
il en copie l'épitaphe. La cause est eritendue,
décrit reffigie,
ma longue plaidoirie est à supprimer comme un ' hors-

d'œuvre inutile.
Nul doute que Beaujouan n'ait connu le livre du P. Gon-
zague et qu'il n'y fasse allusion quand il dit que c'est sans
nulle vraisemblance' qu'on a contesté à Raynaud le titre de ,
(~ 23); et qu'on a fait de saint Jean
fondateur du couvent
Discalcéat un compagnon de saint François Œ 10). Nul
sur la 'fonda­
doute aussi que Beaujouan, quand il insistait

et la tombe de Raynaud, ne se proposât de répondre au
tion
P. Gonzague. En répondant au P. Gonzague, il a par avance
répondu àM. Le Men; et je ne doute pas que si celui-·ci
eût connu la notice de Beaujouan, il n'eût renoncé à placer
la tombe de Raynaud dans la cathédrale (3). .

(1) Monogr. de la Cath. p. 78-83.
(2) V. Bull. 188~ : Notice sur les Nécrologes, II, p. 23 et suiv.
(3) En rejetant l'opinion de M. Le Men, en ce qui concerne la tombe
de Raynaud, nous regrettons avec lui que la cathédrale ne garde aucun
souvenir écrit « de cet Evêque qui peut compter au nombre des princi­
« paux bienfaiteurs de l'Eglise de Quimper. »

III.
Les seigneurs du pays dont Beaujoua~ mentionne ·les •
inhumations nouS étaient connus par le Néerologe. et
notamment les deux Allain de Tyvarlen, le père et le
fils, morts, le premier en 1384, le second en 1404 (~ 20).
Beaujouan parle des deux seigneurs sur le ton du dithy­

rambe. La bngue de la prose ne suffit plus au grave magis-
. trat,et c'est à la poésie qu;il emprunte ses expressions. Qu'il
appelle les deux Allain de Tyvarlen, la fleur de La
chevalerie bretonne, soit 1 Mais ces hommes de fer eus­
sent été bien surpris, peut-être mème un peu scandalisés,
de s'entendre nommer Enjants chéris de Mars. ' Quels
exploits guerriers excitent cet enthousiasme de Beau­
jouan? C'est ce que nous ne savons pas. Nos historiens
n'ont pas pris soin d'en consacrer le souvenir. Le plus
jeune des deux Allain est seul nommé par eux. En 1402, il
. fut du nombre des Seigneurs bretons ' qui accompagnèrent
le jeune duc Jean V et ses frères, quand, après le mariage

.de leur mère avec le roi d'Angleterre, ils furent emmenés à
Paris par leur tuteur le duc de Bourgogne. En 1404, il
mourut à Saint..:Etienne, près de Nantes, sans doute Saint-
Etienne de Montluc (Nécrologe). Sa mère Plèsence de Pen-

nault fut aussi inhumée aux Cordeliers, et sous I/habit des
jrères, .enjanvi'er 1421 (Nécrologe) .
Allain de Tyvarlen avait pour unique héritière sa sœur
Alice ou Adélice, mariée à Jean, seigneur de Rosmadec,

chambellan du duc. Alice avait dû ètre richement appar-

tagée à la mort de son père. La mort de son frère allait lui
ouvrir un des plus opulents heritages du duché.
Le château de Tyvarlen (par. de Landudec) était le chef­
lieu d'un vaste fief qui comprenait « deux hâvres fort célèbres
« etconnus: Pont-Croix et Audierne, marqués dans toutesles

BULLF-TIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. - Tome XII (Mémoires). 3

« cartes » (1). Qu'était-ce, auprès de ces vastes possessions,
que la seigneurie de Rosmadec cachée dans la paroisse de
Telgruc, au coin nord-est de la baie de Douarnenez! Elle
avait été autrefois détachée du comté de ' Cl'ozon, puis par­
tagée entre deux branches (2) : deux châtel1ux s'étaient
élevés l'un auprès de l'autre. L'un, le grand Rosmadec, fut
l'héritage de la branche aînée à laquelle appartenait l'époux
d'Alice. Mais, malgré les cinq tours et les larges fossés que
La Colombière-Vulson décrit avec complaisance, il n'était
le chef-lieu que d'une assez mince seigneurie.
Mais les Rosmadec avaient pour eux une illustration an­
cienne, que les Tyvarlen ne paraissent pas avoir acquise.
La tradition et la chanson populaire voyaient en eux des
descendants des anciens rois de Bretagne . (3). Le premier
connu d'entre eux, Rivallon, sixième aïeul de Jean 1 , avait
eu pour femme, en 1191, Eléonore de Léon .(4) ; Hervé, son .
fils, 's'était croisé en 1238 ; Yvon, petit -fils d'Hervé, avait
comparu à l'Assemblée générale de la noblesse, tenue à
Ploërmel, en 1294, et connue dans l'histoire sous le nom

d'Ost du Duc de Bretagne (5).

A la mort d'Allain de Tyvaden, Jean de Rosmadec ajouta
à son titre unique de sire de Rosmadec, ceux de sire de
Tyvarlen, de Pont.-Croix, de Meillars, de Pennault, de
Tymaën, etc. La grandeur de sa maison était définitivement
fondée et pour longtemps . Cette haute fortune non-seule-

(1) LA COLOMBIÈRE-VULSON (Généalogie de la maison de Rosmadec). li
dit qu'au moment de son union Alice était fille aînée et héritière de
Allain de Tyvarlen et de sa mère Plésence de Pennault. L'erreur est
certaine: Allain, frère d'Alice, est mort en 1404, elle-même en 1412.
Le mariage avait eu lieu plusieurs années avant 1404, puisque Guillaume
de Rosmadec, premier né de cette union, laissa six enfants à sa mort en
2 LA COLOMBIÈRE-VULSON.
3 V. dans le BARZAZ-BREIZ, les Jeunes hommes de Plouyé.
4 La COLOMBIÈRE-VULSON. '
(0) Monsour Yvon de Rosmadec 1 chevalier. D.LoBINEAu,Preuves 437.

ment allait se maintenir pendant trois siècles, dans la des­
et masculine, mais elle allait croître de
cendance directe
aénération en génération. En 1505, la reine Anne de Bretagne
quatrième descendant de Jean 1 , à Jeanne de la Chapelle,
cadette d'Allain de la Chapelle" de Molac, etc., Lieute­
fille
nant général du Roi. La fiancée comptait parmi' ses ancêtres
trois maréchaux et un amiral de Bretagne; elle avait une
sœur aînée, héritière des titres du père; mais, en 1519, 'cette
sœur mourut sans enfants, et la dame de Rosmadec recueillit
sa famille .
les vastes domaines de

Au temps ou nous reporte la notice de Beaujouan, le
gouv~rneur de Quim­
marquis de Rosmadec (Sébastien Il),
per (1634), venait d'acquérir, avec 'le comté de Crozon" le
fief de Quéménet, qui touchait la ville de Quimper.
Tout à Quimper parlait des Rosmadec. La nef de la ca­
thédrale, ses tours, ses orgues, une partie de l'évêché,
Sainte-Catherine (1), une par­
l'Hôtel-Dieu et le couvent de
Cordeliers (2), le couvent des Ursulines que Sébas­
tie des
tien II venait de bâtir pour sa sœur (1621), était leur œu­
vre. Leur éeu pallé d'argent et d'azur, de si:c pièces, étin­
celait aux vitres des Cordeliers, de Saint-Mathieu, de la
Cathédrale (3) ; la haute justice de Quéménet s'exerçait aux
Cordeliers; et les fourches patibulaires du fief il. quatre
piliers, ,se dressaient sur la colline qui domine Quimper à
l'ouest et qu'on nomme encore aujourd'hui la co.lline de la
Justice (4). Le chemin qui conduisait de Quimper à Pont-
1) Aveu du marquis de Pont-Croix du 30 octobre 1.730; n° 2309.
2) C'est la notice ci-dessus qui nous révèle cette circonstance.
(3) li ne faut pas voir l'écusson ~es Rosmadec sur l~s piliers à l'entrée
du chœur. Cet ecusson avec la devIse: « Orphano tu eris adjutor " qui
si bien à Bertrand de Rosmadec, tuteur de ses neveux, est
s'applique
celui de l'évêque Jean de Lespervez. (1.MH-1.472). LE MEN p. HS .
. (4) Au dernier siècle, la colline de Rohan (écrit Roc'han selon l'an­
CIenne orthographe). Ce nom rappelait l'origine du fiéf de Quéménet qui,

Croix se nommait le chemin du Marquis (1). Il n'était pas
jusqu'à la cloche appelant les fidèles aux jours solennels
ne rappelât le ~ouvenir des Rosmadec. Elle était un don
qui
de l'évêque Bertrand et s'appelait de son nom Le Bertrand (2) .
Le syndic des C(lrdeliers trouvait dans ses archives les
Rosmadec: il lisait
.preuves écrites de la munificence des

aux Nécrologes les actes où la' reconnaissance des Frères,
célébrait ces seigneurs comme les jideles, les intimes amis,
les généreua:, les insignes bienfaiteurs du couvent. N'é­
pas assez pour justifier son enthousiasme ~
tait-ce
Beaujouan salue, et très-justement, la mémoire de Ber­
trandde Rosmadec, qu'il :lppellelegrand évêque, et que nous
.' pouvons nommer le grand bienfaiteur de 'la vieille cité .
C'est à lui que nous devons la nef et les tours de la cathé-
drale '; c'est lui qui a fondé et doté l'aum6nehe de Quimper,
le premier bureau de bienfaisance qu'ait eu la ville. Quel a
été le prix de ces bienfaits? En 1793, le tombeau du saint

évêque a été violé et ses cendres jetés hors de sa cathé­
draie; plus tard; sous . la. Restauration, les débris de sa
tombe ont été employés a.u pavage du chœur! Depuis, un

de nos évêques a relevé le tombeau de son prédécesseur .
Mais la ville de Quimper ne songe plus à Bertrand de Ros-

madec. En ce moment même, elle donne à ses rues les
noms d'hommes qui l'ont honorée ou servie. Le premier
nom qui devait s'offrir à son reconnaissant souvenir, était
constructeur de sa cathédrale. ' Une rue, si hum­
celui du
ble qu'elle soit, portera-t-elle ce nom vénéré ~ ...
L'époque où écrivait Beaujouan marquait l'apogée de la
maison de Rosmadec; et la dernière année du siècle allait
voir s'éteindre leur descendance· masculine.
autrefois, avait fait partie de la principauté du Léon. Aveu de i730.
V. les Fourches patibulaires de -Quéménet. (Bull. de i883).
(i Le cadastre conserve ce nom.
. (2 M. LE , p. !O8 et 335.

Sébastien 1 , premier marquis de Rosmadec, ma)'i en
premières noces de Françoise de Montmorency, fut gentil­
homme de la Chambre du Roi et colonel et mestre de camp

de l'infanterie de Bretagne. Il présida plusieur~ fois les
États de la province. Il s'était illustré sous le nom de mar­
quis de Molac. Il avait assiégé et pris Dinan sur la Ligue;
et Henri IV lui avait donné le gouvernement de cette
importante place. Le roi le nommait un de ses plus vail­
lants officiers; et le donna pour conseil au duc de Vendôme
dans la guerre qu'il préparait au moment de sa mort. Il
l'avait nommé a l'Ordre du Saint-Esprit et lui destinait le

maré~hal de France, Sébastien 1 mourut a
bâton de
Rennes le 1.:.':' septembre 1613. , Il n'avait pas encore 47 ans. ,
Après des obsèques presque royales, quarante jours après '
Je décès., le corps « fut mis en un carosse tirè par six che­
vaux et suivi de toute la maison du défunt a cheval et en '
», pour être conduit a Ponr-Croix; escorté « de la
deuil
procession de chaque paroisse » sur ce long parcours.
Son fils ainé, de même nOm, avait ajouté à l'héritage pa-
ternelles vastes domaines de sa femme, Renée de Kercouent,
dite de Kergournadec, du nom de sa mére (c le plus riche
parti .qui fut lors en Bretagne» (1). Plus tard, non seule­
ment la mort de ses frères réunit sur sa tête tous les biens
la famille (2) ; mais il acquit le comté de Crozon avec le

(avant 1636) et, vers le même temps, la
fief de ,Ql1éménet
seigneurie du Juch (3) : ces deux derniers fiefs contigus a
ses terres de Pont-Croix.

(1) LA COLOMBIÈRE-VULSON. Un des fiefs de la dame de Rosmadec
était Botigneau, compr~nant Bénodet, etc.
(2) S?n frère g~rmaIn puîné, le comte des Chapelles, avait servi de
second a son COUSIn le duc de Montmorency, et fut décapité avec lui en
juin 1627. '
(3) J'avais trouvé, pour l'acquisition par échange de la seigneurie du
Juch, !a date de fM8, et j'ai donné cette date (Fourches patibulaires-de
Quémenet. Bull. de i883, p. 2:1.7). Elle est inexacte. En effet LA 1

Sébastien II fut gouverneur de Quimper en 1634. Il Y
en 1636; il Y eut un fils que le syndic tint sur les
résidait
fonts de baptême, au. nom de la ville de Quimper-Corentin,
et le père voulut que renfant reçut le nom de Corentin, dU:
nom de la ville qui comparait à Pacte comme parrain (1).
Sébastien II devint plus tard gouverneur de Dinan (1643)
et mourut en 1653.
Son fils aîné Sébastien, lieutenant général des armées du
de Nantes (1665) ; mais sa des­
roi, allait être gouverneur
cendance masculine allait finir avec son fils Sébastien IV,
qui n'eut pas d'enfants de son mariage avec Catherine de
Scorailles, sœur de la duchesse de Fontanges, et mourut
l'année 1700 .

En voilà assez, je crois, pour prouver et l'illustration
et les liens qui les unissaient à la ville de
des Rosmadec
Je m'arrête ... Comme Beaujouan, mais avec
Quimper.
plus de raison que lui, j'ai peur d'ennuyer ...

J. TREVEDY,
Ancien Président du Tribunal civil •

COLOMBIÈRE-VULSON, dans sa Généalogie de ta maison de Rosmadec,
imprimée en i6~~, donne il Sébastien II le titre de baron du Juch; et
j'ai sous les yeux un aveu de Pratanroux, du i2 décembre i6~3, qui lui
dOlllle le même titre.
(i) La Chandeleur, i2 novembre 1636 .

Note sur la famille Beaujouan.
Au XVIe siècle, Louis Bea~jouan, ~l'. de j(ern:linisit (St­
Tugdual, évêché de Vannes ; sest marIe deux fOlS.

1. Avec Jeanne Huby, dont: ;
° Jean sl' de Kerrio, auditeur, pUIS maître des requêtes à
20 Jean, sr de KermimsIt, co?seIller du hm et pr~cureuI'
du Roi à Quimper, mort le 3 dece~lbre 1610.
30 Louise, femme de écuye~ Allam Le Lagadec" sr de Tou-
rous (1600).
Elle est qualifiée dame de .K.e~ minisit ; elle eut une fille
aussi dame de Kermlms~t et qUI porta cette terre,
qui fut
au moins pour partie, à Valentm de Talhouët sr de Sévé-
rac (mariage du Il octobre 1631). Elle ne possèdait pas
toute la terre puisque la déclaration des terres nobles de
Vannes, en 1666, la décrit comme . possédée en partie par .
les Talhouët, en partie par Thérèse Beaujouan, dame du
Roscouët. Cette Thérèse était sans doute petite-fille de Jean,
sr de Kel·minisit.
II. Avec Marie Lagadec, dont:
1° Sébastien, sI' de Kermadio;
2° Claude;
3° Yvorée.
Louis Beaujouan mourut en avril 1591 .
Sa veuve lui succéda quant aux meubles et fuf tutrice de
Sébastien. Puis elle convola avec Jean Lhonoré sr de

Kerambiquette (le ~êmequi, en 1594, le jour de l'~ttaque
de ~~zonnet SUI' QUlmper, ( payait à déjeûner au manoir
de 1 evêque. ) Chan. Moreau, p. 170).
Jean Beaujouan aîné fut gérant de la fortune paternelle
jusqu'à sa mort, en 1596.
Marie Lagadec continua cette gérance jusqulà sa mort,

Jean, SI' de Kerminisit, devint alors tuteur de Sébastien.
Jean avait épousé Anne Morice, dont la sœur Jeanne était
en 1621, femme de François Le Flo conseiller du Roi et
sénéchal de Quimperlé. Il en eut deu'x fils et trois filles:
Jean, sr de Kerloïs;
Charles, sr du Lorédo ;

Guillemette, baptisée à Quimper le 20 JUIll 1621 (Saint­
ESP1> it), qui devint femme de Jacques du Haffond, seigneur
de Kerescam, Trénélop et Pratmaria. . _
. Yvorée;
Marguerite; qui n'étaient pas mariées au 30 septembre
Cette date est celle· de la transaction intervenue devant

Mo Pinot, notaire à Rennes, sur le procès auquel avait
donné .lieu la tutelle de Sébastien Beaujouan.
L'instance suivie devant plusieurs juridictions durait
depuis plusieurs années lorsque Sébastien mourut. Sa veuve,
Jacquette Tourboul, en son nom et comme tutrice de ses
reprit le procès qui n'était pas terminé à la mort
enfants,
du .tuteur Jean Beaujouan, le 3 décembre 1640.
Après la mort de leur Fère, les enfants de Jean Beaujouan
gendre du Haffond reprirent à leur tour l'instance,
et son
terminèrent enfin par transaction.
et la
lettres de provision de Jean Beaujouan, comme pro­
Les
cureur du Roi, ne se retrouvent pas. On peut supposer
qu'elles étaient datées de 1602 à 1607, période dont le
registre est perdu. Il' est certain du moins qu'il exerçait ses
1621 (voir plus haut, p. 26). Il est mort en
fonctions en
fonctions. . .
~ acques du Haffond lui fut donné pour successeur ' par
lettres de mai 1641 D'aprés ces lettres, il était dès ce
moment le mari de Guillemette Beaujouan qu'il avait épousée
la mort de son père (1).
depuis
Les époux du Haffond sont morts jeunes, car le 10 mai
1 1653, Jean Le Flo, écuyèr, sr de Kertanguy, conseiller du
et successeur de son père comme sénéchal de Quim­
Roi
était tuteur de leurs enfants orphelins. En cette qua­
perlé,
lité, il rendait, ce jour, aveu pour Pratmaria à Révérende
Marguerite de Bréhant, prieure de Locmaria. La terre de
Pratmaria était partie dans le fief de Locmaria, partie dans
le fief épiscopal dont elle était gage de sergenterie (V. Coat­
tao et Pratanras, 2 partie Bull. 1883, p. 86).

Il ne faut pas omettre qu'un Jean Beaujouan a été pourvu
titre de sén~chal à Hennebont par lettres du 13 juillet

et reçu le 3 décembre suivant. Il se peut que ce
soit le procureur du Roi.

(i) Le 30 septembre 1640, elle est marraine au Saint-Esprit, et
n'est pas-mentionnée comme mariée.

APPENDICE

« Le célèbre Père GONZAGUE, plus tard Général de son
ordre .... , chargé de recueillir aux sources originales les tra­
ditions authentiques des divers couvents ... , rassembla de
tous les points de l'Europe les renseignements les plus pré­
cieux et les consigna dans son grand ouvrage: De ortu et
progressione Seraphiei ReLigioms. ~l écrivait vers 1580 .... ,
ava.nt que les guerres religieuses n'eussent détruit .... un .
nombre considérable de titres conservés avec soin dans

les archives des grandes fari1illes ou des maisons religieuses.»
« Wadding est l'annaliste officiel de l'Ordre de Saint­
François, et Huber son hagiographe le plus autorisé » (1).
Nous donnons ci-dessous tout ce que Gonzague, Wad­
ding et Huber ont écrit du couvent de Saint-François et
du B. Jean Discalceat.

La courte notice de Gonzague est, comme nous l'avons
vu, pleine d'erreurs .

(1.) Dom PLAINE. Essai historique sur le eulte du B. Charles de Blois.
P. 38 et 37.

Extrait du Livre du P. Gonzague DE ORTU ET PROGRESSIONE
SERAPHICI RELIGIONIS.
DE CONVENTU SANCTE "NIARIE MAGDALENE CORIZOPITl.
XXI.
In civita te Corizopiti, vulgo Kimper nuncupata, et in
castro fundatoris ejus, est conventus Corizopitensis.
Porro clarissimus vir, et magnificus Baro Dominus a

Ponte, nostri Ordinis amantissimus, ejusdem ab omnibus
affirmatur fundator.
3. Basilica hujus conventus primo nomine S. Joannis
Baptiste fuit insignita; et fertur ibi Templarios aIiquando
habitasse. .
Rursus sub nomine S. Marie Magdalene a reveren­
dissimo Renato Corizopitensium Episcopo, et couventus hu­
ius alumno, anno Domini 1232, dedicata est. •
Cui in Episcopatu sucessit venerabilis pater Guydo,
qui Venetis sepultus est. .
6. Eodem tempore floruit frater Joannes Discalciatus, Pa­
teiarche nostri Francisci socius, qui in eo conventu obiit, et
in sacello S Antonii extat ejus sepultura, craticulis fer­
reis circumsepta.
7. Qui vero capitis dolore cruciantur in illius tumulum
caput suum intromittunt, sicque a morbo vindicati illinc
abeunt.
8. Videt~r item ibi caput S. Furii Corizopitensium quon­
dam Episcopi.
9. Habetur etiam ille rlgnus Dei, quem secum deferebat
B. Ludovicus nostri Ordinis sacer Pontifex. Est ibidem
illius cingulum, seu corda, et mulieres parturientes gravibus
afflictœ doloribus,appositis illa Agni Dei effigie, vel ima­
gine, et corda, mox a tantis liberantur augustiis.
10. Multorum insuper sanctorum visuntur reliquie quo­
rum nomina ignorantur, nihilominus tamen maxime ve­
rantur .....

WADDING. Annales Minorum 1'. II. Éd. Il. Romœ. 1732, p. 307.
XL Non plane constat quo anno magnificus Baro
Domi~us a Ponte Minorib~s ~~opta,:erit. convent?l!1
C~rlOsC?htarq.~ CIVI.­
sanctre Marire Magdalenre CorisopItI,
tatis vulgo Cornowaille, S3:nc~o Corentmo dlC.atre, In Br~­
tannia Armorica, sub Arc~llepIsc~pO Turonen~l. Pr~ex­
titi t domicilium et écclesIa, male tamen habIta, derehcta,
ut ferunt, a Templariis, quo tam~n tempore .nes~it~r .. Id
solum in hac re certum est, EcclesIam, quœ prms mSIgme:­
'batur sancti Joannis Baptistre nomine, refectam, et sanctœ
Marire Magdalenre dedicatam fuisse, hoc ipso anno, per
ejusdern civitatis episcopum, quem et hujus conventus alum­
num et Renatum vocatum, ait Gonzaga; quem tamen Ray­
naldum seu Ragnulphum appellat Bituricensis in serie
ecclesire. Hune electum ait,
Episcoporum Corisopitensis
et obiisse anno 1245; infra quod tempus incidit
anno 1218
prredicta dedicatio, lie et nullam agat mentionem Mona­
chatus Franciscani hujus, ne que Guidonis de Plonevez,
quem tamen Minoritum fuisse, apud Venetos sepulturam
et Renato successisse, vel Raynaldo, in epis­
obtinuisse,
copatu, ait Gonzaga, licet non immediate successerit, in­
terveniente Herveo de Landeleau, qui sedit annis se­
decim.
In éodem loco atque eodem tempore floruit frater Joan­
nes Discalceatus,dictus S. Francisci socius,qui ibidem obiit,
sa~eno sancti Ant~mii extat . ej us sepult~ra craticulis
et in .
ferreiS Clrcumsepta. QUI vero capitls dolore divexantur, in
il~iu~ tm:nulum caput.suum i~tromittunt, sic que a morbo
vmdlCatl recedunt. Vldetur eham ... etc. (comme ci-dessus).
W ADDlNG corrige une partie des erreurs de Gonzague;
mais combien en commet-il encore ~ Je relèverai seulement
Jean Discalcéat. Ce saint reli­
celles qui concernent le B.
est mort en 1349, cent ans après la date indiqUée
gieux
par Wadding. Si son corps fut inhumé dans la chapelle
ses reliques, déplacées une premiére fois,
Saint-Antoîne,
sur l'autel de la chapelle faisant l'aile
avaient été posées

droite du chœur, plus d'un siècle avant que fut publiée
Wadding que nous citons (1) .
l'édition de
Ruber copie Wadding, en ce qui touche Jean Discal-
céat.

III
MENOLOGIUM MAGNUM SERAPHICI PATRIS FRANCISCI
Authore P. FORTUNATO RUBERO. (Monachii. Jehan Luc. Straub.1678) . . '

Nono calendar. Aprilis. XXIV Martii .
Corisopiti. in Britannia Armorica , ad annum 1232, Joan­
nes DiscaJceatus, dictus S. Francisci .socius, sanctitate
celebris obiit, in sacello S. Antonii sepultus et fel'reis cra­
ticulis circumseptus. Mirabile visu: qui capitis dolore
divexantur in illius tumulum caput suumintromittunt, sic
Raynaldus.
que a morbo vindicati recedunt. Gonzaga.
- Waddingus. .

(1.) ALBERT LE GRAND. Jean Discalcéa.t, § IX et dernier. •