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Bulletin SAF 1885


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Procès-Verbaux

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SÉANCE DU JEUDI 28 JANVIER 1884

Présidence de M. le vicomte HERSART DE LA VILLE MARQUÉ
MEMBRE DE L'INSTITUT

Présents: MM. ASTOR, FATY, LUZEL, TREVE DY,
SERRET, MALLEN, FOUGERAY, BIGOT, LE MAI-
GRE, HARDOUIN, CANVEL, VESCO et DE BLOIS.

Ouvrages envoyés et déposés à la bibliothèque:
10 Journal des Savants, livraisons d'octobre et de
décembre 1884. . .
20 Étude sur les monuments primitz"(s de la peùzture
à Rome et Mélanges archéologiques, par
chrét'ienne
M. Le Fort. Paris, Plon, 1885.
Correspondance. M. le Maire de Quimper fait
connaître à M. le Président qu'il a réclamé auprès du
Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts,
conformément à la délibération prise par la Commis­
sion de la bibliothèque municipale, la réintégration du
manuscrit du Cartulaire de Landévennec. Son Excel­
lence en avait précédemment sollicité .la communica­
tion afin de faciliter les études philologiques - de
M. d'Arbois de Jubainville, membre de l'Institut.
M. le Ministre a répondu qu'il était tout disposé à
accéder au vœu de l'Administration quimpéroise, mais
que, dans l'intérêt même de la Science celtique, il ré­
clamait un très-court délai dont l'auteur avait besoin
pour mener à bonne fin un travail presque terminé.
M. de la Borderie ne tardera donc pas à avoir le
manuscrit en main et pourra, à son tour, commencer
la publication intégrale du précieux Cartulaire .

BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. T. XII (1 partie) .

Un membre se préoccupe de la responsabilité as'su-
par la Société d'archéologie, en empruntant et en
mée
la ville confie avec tant do
déplaçant le Cartnlaire, que
courtoisie à sa sollicitude. Ne eonviendrait-il pas, dans
ces circonstances, de recherchee le mode d'expédition
sûr et de se concerter plus tard avec M. de la
le plus
Borderie, en vue de garantir la restitution du manus­
crit dans les mêmes conditions de sécurité .et d'inté-
grité? '

On s'est aussi demandé à quelle somme s'élèveraient
les frais d'impression? Tl est impossible de déterminer
un chiffre quelconque à premièee vue; car les notes
qui accompagneront et éclairciront le texte, devront
nécessairement modifier toutes les prévisions d!après
- leur nombre et leur étendue. Toutefois, un crédit de
500 francs, affecté à ces dépenses, a déjà été inscrit à
notre budget. M. le Président aurait bien voulu y
joindre une somme de 800 francs promise) dans le
but, par M. le Ministre de l'Instruction publique,
même
sur la requête très-instante de notre collègue, M. Hémon.
Malheureusement notre trésorier n'a reçu jusqu'à ce
joùr aucun avis de paiement. En signalant ces retards
à l'honorable député de Quimper, on doit compter qu'il
à obtenir le
s'emploiera, avec son zèle accoutumé,

prochain mandatement de ces fonds.
Le musée ethnographique départemental continue à
attirer · l'attention des curieux les plus . compétents.
galerie n'est pas unique en son genre, mais elle
Notre

est importante. en ce sens qu'elle offre aux regards la
collection complète et pittoresque de tous les costumes

bretons port~s par les habitants des différentes régions

du Finistère. M. Landrin, directeur du musée du Tro­
cadéro, voudrait faire, dans son établissement, pour
toute la France, ce que nous avons fait pour notre
seul département. Il invite donc la Société d'archéo-
triple emploi dan's ses vitrines ou qu'elle n'aurait pas
utilisées. Cette petite opération commerciale est assez
délicate à traiter, et M. Beau, s'il consentait à en

accepter la mission, se trouverait tout naturellement
désigné pour suivre ceLte négociation, car c'est prin-
à son goût d'artiste, à sa persévérance et
cipalement
au zèle de ses collaborateurs que le département est 0

redevable du succès du Musée ethnographique. Nul,
par suite, ne saurait apprécier mieux que lui les objets

susceptibles d'être aliénés sans in(;onvénient et sans
dommage pour nos collections.
M. de la Villemarqué dépose sur le bureau les feuilles
du plan ancien de Quimper dont la reproduction a été
dirigée et surveillée avec un soin minutieux par MM. les
Ingénieurs Fénoux et Quélennec. La Société est heu­
reuse de saisir cette occasion pour remercier les deux
bienveillants fonctionnaires de leur utile concours. 0
Le plan a été tiré à quatre cents exemplaires : les
trente premiers sont réservés à titre d'hommage de
Conseil municipal de
gratitude aux membres du
Chacun de nos confrères en recevra un avec
Quimper.

l'envoi du prochain Bulletin. Quant aux exemplaires
qui resteront, soit- environ deux cerits, M. Trévédy pro-
pose de charger les libraires de la ville de leur vente,
moyennant un prix déterminé et une commission à
débattre avec eux. La motion est adoptée .

jour est repris après ces longs prélimi­
L'ordre du
naires. M. Trévédy a la parole et expose sans flatterie

la vie et les œuvres de mince mérite de Jean Beaujouan~
procureur du roi à Quimper. La mémoire du vieux
magistrat était tombée dans un oubli assez mérité.
M. de Kerdanet ne le nomme même pas dans ses
notices biographiques, et les registres de la Cour des
comptes mentionnent seulement l'installation de deux

sa famille, Jean de Beaujouan, recu con-
membres de

, seiller-auditeur le 3 décembre 1588, et Vincent de
Beaujouan de Kermadio, conseiller-maître, le 16 février
M. de Courcy, dans l'Armorial breton, écrit Beau­

jouan, sr de Kermadio, paroisse de Kervignac, évêché
par M. Trévédy
de Vannes. Kermadio adopté également
doit être la bonne orthographe du nom.
M. de Blois lit ensuite un Mémoire du plus vif inté­
rêt de notre compatriote, Mgr Laouénan, sur les Mo­
numents celtz'ques dans l' [nde. L'épithète ,de celUques
appliquée aux pierres sacrées de ce pays paraît un peu

hasardée à l'Evêque lui-mêD1e; mais comment les
. nommer? Pourquoi d'ailleurs soulever une · question de
mots, quand on comprend si bien que la rencontre im-
prévue de monuments identiques ait ramené la pensée
de l'intrépide et savant missionnaire vers 'les rivages
aimés de sa chère Bretagne? Il a retrouvé dans l'Inde,
à l'état de culte, les superstitions phalliques que le
n'a pas pu encore faire disparaître toutes
christianisme
de notre sol, et dont MM. Faty, Luzel, Canvel et de
Ville marqué signalent plus d'une trace trop évi­

dente dans le Finistère et les Côtes-du-Nord.
M. Pol de Courcy, dans une lettre
Notre confrère

tout intime, revient avec beaucoup de verve et d'~u­
mour sur la question du tombeau de Jean de Mont-
fort. L'exhumation des restes du duc paraît à ses
Pour justifier ses doutes il
yeux fort conjecturale.
donne les raisons suivantes: que prouvent. si on y
tient, les carreaux vernissés trouvés dans la sépul­
ce genre de dallage était· fort
ture? rien, puisque
au moyen-âge, tant dans les églises que
commun
dans les châteaux. Les motifs d'ornementation des

briques sont-ils plus concluants? Nullement. Le ca­
price de l'artiste a tracé . arbitrairement les dessins
auxquels il ne faut pas donner une signification, tels
par exemple que la tour de Castille et non de Navarre.
La Cas tille, en effet, porte une tOUl' dans son écus~on :
• les armes de Navarre étaient au contraire une doublo
chaîne dite en blason Trecheur. Ce s armoiries sont
d'ailleurs constamment reproduites depuis Henri IV
sur les monnaies et sur les monuments datant du règne
successeurs ~
de ses
. Le prieur Yves Pinsart a laissé des indications
puisse fixer sûrement le lieu
assez précises pour qu'on
où avaient été deposés les restes de Jean de Montfort.
Mais que de ruines se sont amoncelées depuis autour .
de sa tombe ! Sans ppeler la chûte de l'église en
1592, nos pères n'ont-ils pas été témoins des spoliations
de 1793 ? La preuve que la tombe ducale n'a pu échap­
per aux injures du temps ou des hommes c'est que l'on

y retrouve les restes de deux squelettes, tandis qu'on
ne devrait en rencontrer qu'un.

sur les tom-
La dissertation du savant abbé Euzenot
beaux maçonnés estqelle bien d'accord avec les faits?

Ne témoignent-ils pas que les caveaux funéraires sont
partout plus larges que la bière en bois recouverte de
étaient destinés à contenir? Les fouilles
plomb qu'ils
M. de Courcy dans sa cathédrale de Saint-Pol-de­
Léon, le démontrent.
La témérité d'une affirmation disparaîtrait., selon lui,
au lieu de ces consi­
même pour les plus sceptiques, si
représentait quelques lignes ou seulement
dérations on
autour de la
quelq ues mots de l'inscription gravée '

pierre tom.bale et relevée par l'abbé de Boisbilly ; si
surtout on avait retrouvé la bière en bronze qu'on
s'attendait à voir paraître .
Ap~ès cette lecture qui a provoqué beaucoup d'obser-
vations en sens divers, mais prouvé que la Société
archéologique du Finistère n'est pas, comme l'a fait
M. le Président, une Société d'admiration
observer

mutuelle, la séance est levée à 5 heures.
. ' Le Secrétaire,
. Vte DE BLOIS .

Ordonnance du Roi Henri III au sujet de l'adoption dans son
de la réforme du Calendrier grégorien. .
royaume

L'époque du comAmence~ent ~e l'anné~ a varié plusie~rs
fois, depQ.is la chute de 1 empire romam. Le Calendr~er
JuLien, ou de Jules César, qui date de 45 .ans avant la naIS­

sance 'de Jésus-Christ, la faisait commencer au 1 janvier,
jour de la Circoncision. D'autres prenaient pour point de
d~part la naissance de Jesus-Christ, ,c'est-à:dire le 25 décem­
bre; d'autres, le jour de la Conceptton, qUI est le 25 mars;
enfin, l'année a encore été datée de la Passion. Charle­
magne emprunta à l'Italie la coutume de commencer
et cette coutume fut généralement suivie
l'année à Noël,
auX. VIlle et IXe siècles. Au Xe siècle, on abandonna l'usage
de dater de la Nativité ou Noël, et l'on suivit simultanément
deux systèmes chronologiques, dont l'un prenait pour point
départ le pr janvier, et l'autre, le jour de Pâques, De là
une grande confusion, dans la chronologie du moyen-âge.
P.eu à peu, la coutume de commencer l'année à Pâques
prévalut: elle régna à Paris et au nord de la France, pen­
dant les XIVe et XVe siècles et dans la première moitié du
'XVle siècle. Dans le midi, on se servait d'un autre calendrier,
Enfin, l'ordonnance· de Roussillon, rendue en 1563, par
Charles IX, ou plutôt par le chancelier de l'Hôpital, décida -

qu'à l'avenir l'année . civile commencerait au 1 janvier.
Mais, l'Eglise conserva son calendrier spécial.
En 1582, la France adopta la réforme grégorienne, qui
retranchait dix jours de l'aimée, et on- passa immédiatement
du 5 octobre au 15 du même mois (1), C'est ce qu'on appela
Nouveau styLe, en opposition avec le Vieux style, que la
plupart des nations protestantes ont suivi, jusqu'au dernier
siècle et que suivent encore les Russes. Il en résulta une
jours entre les deux calendriers, différence
différence de dix
s'accrut d'un jour à peu près par siècle, Le Calendrier
qui
grégorien a pris son nom du pape Grégoire XIII, qui est
l'auteur de cette réforme. Une erreur. de calcul de 11 m'inutes
et 12 secondes en plus par an, qui existait dans le calendrier
de Jules César, amena une telle perturbation que, en 1582,
erreur donnait déjà dix jours en plus, ce qui rendait
cette
la réforme de Grégoire XIII.
nécessaire •
Voici, d'après l'exemplaire conservé aux Archives du .
Finistère, adressè à l'évêque de Léon et portant la signa­
.. ture de Henri III, le. texte de l'ordonnance de ce prince pour
recomm~nder l'usage du Calendrier grégorien, dans toute
l'étendue de son royaume:
(i) Erreur commune à la plupart des historiens, en ce qui concerne le
mois d'octobre, comme on le verra par le document suivant. .

DE PAR LE ROY.
OSTRE amé, et feal, ayant nostre sainct Pere le Pape
Gregoire treziesme ordonné vn Calendrier Ecclesiasti­
sa saincteté nous a enuoyé, comme à tous les
que, lequel
autr.es Roys, Princes et Potentats de la Chrestienté, par
lequel elle a trouué estre necessaire de retr-acher dix iours
entiers en la presente annee, pour les causes et raisons
amplement deduictes par iceluy. Et combien qu'elle ait
ordonné que ledict retranchemet se feroit dedans le mois
d'Octobre dernie'r passé, neantmoins n'aurions 'peu le faire
executer et ensuiure audict mois. Et voulans que les'sainctes
ordonnances du sainct siege ayent cours, et soiet obseruées
en nost1'e Royaume, comme il conuient, mesme en ce faict
pour ne nous desvnir et separer des autres Princes qui ont
ia receu et faict obseruer ledict Calendrier: Nous voulons
et ordonnons qu'estant le neufiesme iour du mois de
prochain expiré, le lendemain que l'on ~opteroit
Decembre
le dixiesme, soit tenu et nombré par tous les endroits de
nost1'e Royaume le vingtiesme iour dudict mois, le lende­
main vingtvniesme, auquel se celebrera la feste de sainct
Thomas. Le iour d'apres sera le vingtdeuxiesme. Le len­
demain vingt troisiesme, ' et le iour ensuyuant vingtq ua­
triesme. De sorte que le iour d'apres, qui autrement et
selon le premier Calendrier eust esté le q uinziesme, soit
copté le vingtcinquiesme .. et en iceluy celebree et solennisee
la feste de Noel. Et que l'annee presente finisse six iours
apres ladite feste, et la procha~ne que l'on comptera mil
quatre vingt et trois, commence le septiesme iour
cinq cens
apres la celebration d'icelle feste de Noe!. Laquelle annee
et autres subsequentes auront apres leur cours entier et
complet comme deuant. Delaquelle nostre intention et
ordonnaèe auons bien voulu vous aduertir, à fin qu'ayez à
l'ensui ure, faire obseruer, et pourueoir au seruice qui se
doit faire aux Aduents de ladicte feste de Noel et à autres
festes ordonnees par l'Eglise esdicts iours retranchez. Et la
faire proclamer et lire aux prones des Eglises de votre
Diocese, comme nous enioignons presentement à nos
Courts de Parlement, Baillifs et Seneschaux, faire en
l'estendue de leur Ressort et Iuridiction, à fin que nul n'e~l
puisse pretendre cause d'ignorance. Et à ce ne faictes •
Car tel est nostre plaisir.
faute,
à Paris, le troisiesme iour de N ouembre mil cinq
Donné
cens quatre vingts et deux .
HENRY
DE NEUFVILLE.
Ce document nous apprend qu'en France, la réforme n'eut lieu qu'au
mois de novembre et non en octobre comme le prétendent plusieurs auteurs.

SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1885
Présidence de M. le vicomte HERSART DE LA VILLE
MEMBRE DE L'INSTITUT
Étaient présents: MM. LUZEL, FATY, FOUGERAY,
TREVEDY, SERRET, GUEPXN, DE BECOURT, BEAU,
BIGOT, VESCO, HARDOUIN, LE MAIGRE
CANVEL,
et de BLOIS.
Ouvrages reçus depuis la dernière réunion et déposés
à la bibliothèque de la Société:
10 Revue de l'histoire des rel(qions, no II, livraison
de septembre et d'octobre; n° III, livraison de novem­
bre et décembre 1884 ;
20 Répertoire des travaux historiques, t. 2, ~mpplé­
ment. index; id. t. III, no 2 ;
3° Bulletin du Comité des travaux kistoriques et
scientzflques, section d'archéologie, année 1884, no 4.
4° Six opuscules dans lesquels Dom Plaine a traité
les sujets suivants: . .
A. . Vie inédite de saint Pol-de-Léon.
B. . Essai historique sur le culte du 'B. Charles
de Blois. . .
C. L'apostolat de saint Clair. '
D. Introduction aux Acta sanctorum Armoricœ.
E. Le tombeau et le pèlerinage de saint Ronan.

Le missel de s·aint Vougay.
Correspondance: Une circulaire de M. le Ministre

de l'Instruction publique invite chaque société savante
à déléguer un ou plusieurs de ses membres pour
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. T. XII (1 partie). 2

assister au prochain congrès de la Sorbonne et prendre

part aux travaux de cette assemblée. Une acclamation
unanime renouvelle le mandat si bien rempli l'année
dernière par' MM. Canvel et Hardouïn.
M. le Maire de Quimper annonce à notre Président
qu'il met à sa disposition le manuscrit du Cartulaire
de Landévennec, récemment réintégré dans la biblio-
thèque de la ville. 1 •

D'autre part M. de la Borderie a écrit qu'il se trouvait
en mesure de commencer la collation et la révision du
texte. Il faisait remarquer en même temps combien son
travail serait simplifié, si la Société pouvait obtenir la
copie du manuscrit faite ·par M. Le Men et déposé
depuis à la Bibliothèque nationale.
M. de la Villemarqué est d'avis d'adresser à cet
effet une demande à M. üelisle, pense que cette dé-
marche sera couronnée de succès.
Ces points une fois réglés, la Société doit résoudre
une autre grosse difficulté. Comment, à défaut de la
subvention ministérielle, se procurera-t·elle les fonds
nécessaires pour couvrir les frais d'impression qui
dépasseront très-probablement les crédits ouverts sur
le budget, à la séance du 16 juin 1884, mal datée du
26 mai 1884? M. Trévédy regretterait que la pénurie
de nos ressource~ arrêtai désormais la publication d'un
document aussi important. Pourquoi ne pas donner
à notre premièr.e décision et faire appel aux
suite '
souscriptions des sociétaires ? Leur générosité aura
rapidement fourni le complément de la somme réclamée
par l'imprimeur. Une combinai.son de ce genre a permis
dans un département voisin, de livrer
dernièrement,

à lapublicité les procès-verbaux, jusque là inédits, de
la canonisation de saint Yves. C~ qui a réussi dans
les Côtes· du-Nord, réussira de même dans le Finistère.
La proposition mise aux voix est adoptée à l'unanimité.
On convient ensuite de laisser à M. de la Borderie
le soin de traiter directement avec un éditeur sous les
réserves marquées d'ailleurs dans sa lettre.
M. Luzel constate que l'échange de nos bulletins
avec ceux d'autres sociétés savantes serait fort a vanta­
geux. 11 Y aurait peut-être lieu d'augmenter alors le
tirage du bulletin. En tout cas il serait bon d'en sur­
veiller la répartition de telle sorte que les volu l',es
conservés à la bibliothèque se trouvassent toujours
complets à la fin de l'année, ce qui malheureusement n'a
pas été fidèlement observé. ' ,
M. Beau remercie la Société des encouragements
qui lui ont été prodIgués pendant qu'il s'occupait avec
M. Foulquier de l'organisation du Musée ethnographi-
que. Les galeries sont ,terminées et il est resté effec­
tivement dans les magasins certains objets en double,
triple ou même multiples exemplaires. On a décidé
que plusieurs de ces objets sans intérêt pour les collec-
tion~ pourraient être aliénés à prix d'argent. M. Beau
aecepte volontiers la délicate mission de suivre ces opé­
rations commerciales au mieux des intérêts de laSociété .
M. le Président renouvelle ses éloges au Directeur
du Musée ethnographique et y ajoute les sincères fé­

licitations de tous à l'occasion de la distinction si bien
méritée que celui-ci et M. Foulquier viennent d'obtenir
de la part du Ministre de l'Instruction publique qui
leur ft décerné à tous deux les palmes académiques.

M. Serret dépose sur le bureau le projet de Catalo­
gue du Musée et explique l'ordre suivi dans le classe-

ment des objets. " .
• La parole est ensuite donn'ée if M. Faty pour
la lecture de son Mémoire sur les comptes des
miseurs de la ville de Quimper à l'époque de la Ligue.

M. le conseiIIer Hardouin raconte ensuite avee beau­
coup de verve le plaisir qu'il a éprouvé en découvrant
aux Archives, dans le fonds de l'abbaye du Relec, un
acte très rare et très curieux de conversion de Que­
vaise en titre de cens et de rachat. Qu'était-ce que la

Quevaise? Duparc-Ponllain dans son ouvrage des

Prz'ncz"pes du droit françaz's, t. l, p. 100, remarque que
( dans plusieurs provinces du royaume il y a encore
( des restes de l'esclavage du temps des Romains,
( qu'on appelle servitude ou main-morte. Mais les
( droits qui en résultent ne s'étendent que sur les biens
( du serf ou main-mortable, et la personne est parfai­
( tement libre: nos usements de domaine congéable
( en ont conservé des traces dans les droits de mote
( et de Quevaise. »)
Sous cet nsement répandu dans le ressort des ab­
bayes du Relec et de Bégar et de la commanderie du
Paraclet, les Quevaisiees sont obligés d'occuper ac­
tuellement et en personne leurs terres " sous peine de
déchéance. Ils doivent en ensemencer au moins le tiers
chaque année, et n'y rien lever avant que le seigneur
ait perçu ses droits. Le dernier " enfant du Quevaisier ""
hérite seul de la Quevaise, et si le propriétaire meurt
sans enfants, celle-ci retourne au seigneur.
Des lettres royales d'Henri III, datées du 22janvier

1575. abolirent ce mode de tenue foncière, mais elles
eurent peu d'effet puisqu'en 1659 un arrêt du Parle­
ment de Bretagl1é ordonna solennellement la suppres­
sion . de la Quevaise et sa conversion en titre de cens
et de rachat. L'heure fatale 8tait donc venue; aussi
M. Hardouin nomme-t-il spirituellement le contrat
qu'il présente, l'acte de décès de la QuevaiRe.
M. Guépin fait remarquer que le pays de Corlay a
été omis dans ),énum~ration des cantons soumis à cet
usement part.iculier.
M. Trévédy se souvient d'avoir examiné plusieurs
actes postérieurs à la date de 1659 indiquée par
M. Hardouin; il en résultait que la .Quevaise était en-
core en usage dans la dernière moitié du XVIIIe siècle .

M. de Blois formule à son tour certaines réserves.

l'autorité de Duparc-Poullain, il conteste l'ori­
Malgré
gine romaine et le principe servile du droit de Quevaise.
La question fut étudiée en 1791 par le . comité de féo­
d'agriculture, etc. composé des
dalité, de constitution,
membres les plus distingués de l'Assemblée consti­
tuante,et les conclusions du remarquable rapport ré­
digé par André-Rémi Arnoult, député de Dijon, vont
à l'encontre des opinions exprimées par le savant ju- .
risconsulte breton.
Si les statuts coutumiers désignés sous le nom d'u­
sement de Quevaise n'ont été imposés que dans le
ressort de quelques seigneuries ecclésiastiques, c'est
sans doute parce que les seigneurs laïques les ju­
geaient peu profitables. à leurs intérêts pécuniaires.
Est-il bien sûr que les abbés du Relec n'aient pas sol­
licité eQ-x-mêmes l'abolition de la Quevaise et -sa con-

version en un autre droit plus avantageux pour eux?
On rapporte en effet qu'en 1641 cinquante-six vassaux
-de l'abbaye demandèrent à vivre et à mourir sous l'u­
sement de Quevaise, et que le Parlement n'accorda
l'arrêt de 1659 que pour rendre inutile l'enquête récla­
par les colons menacés. Les mœurs sont partout
mée
l'arrêt demeura cette
plus fortes que les règlements, et
fois encore lettre morte puisque les registres du Par-
lement nous apprennent qli'en J 774 l'abbaye du Relec
soutenait contre ses vassaux Quevaisiers seize procès
devant cette juridiction et deux devant celle du Relec.
M. de Blois termine ses observations en émettant le
la con­
vœu que son honorable confrère, si versé dans
à son
naissance de l'ancien droit, veuille bien donner
étude plus de développement et apporter dans une

autre séance un commentaire instructif pour tous sur

l'use ment de Quevaise .

MM. Trévédy et Hardouin demandent à quelles
sources ont étè puisés les renseignements qui ptécè-
dent.
M. le Secrétaire répond qu'il les a extraits de divers
ouvrages; spécialement du journ:ll du Parlement, t. V,

où l'on trouve rapporté un aveu au roi du 21 août 1641,
par î-,igr de Rieux, évêque de Léon et abbé du
rendu
Relec. A cet aveu est jointe l'inféodation de l'usement
Quevaise rédigé en quinze .artieles; en second lieu de
Dom Morice t. l, Preuves, préface; enfin du recueil des
arrêts de Noël du Faïl. L'arrêt du 11 octobre 1568 et
cUl'ieux à consulter.
les notes qui l'accompagnent sont
Recherchant le motif de préférence en droit des puî­
le vieux Conseiller au Parlement écrit qu'aux
nés,

coutumes d'Anjou et du Maine, l'ainé fait les partages
et les plus jeunes choisissent: ce qui fut pratiqué par
le's dieux au partage du monde; car Jupiter, puîné,.

eut le choix et prit le ciel, Neptune la mer et Pluton
la terre. .
Après la nomination d'une commission chargée de
vérifier les comptes du Trésorier, laquelle a choisi ·
pour rapporteur M. le Major Faty, la séance est levée
à c ipq heures. ' .
Le Secrétaire,

Vte DE BLOIS .

ERRATUM

A la page 20 du . Procès-verbal ,du dernier Bulletin, à la
mettre le mois de décembre au lieu de novembre .
note,

ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL

Souscription à la publication du Cartulaire de Landévennec

sous les auspices de la Société archéologique du Finistère .

Il importe de rappeler les termes mêmes du procès-

verbal de la séance du 16 juin 1884, de la Société ar_
chéologique du Finistère; présidence de M. Audran '
(T. XI, p. 71), au sujet d'un supplément de dépense
pour l'impression du Cartulaire .. ( Malgré ses faibles
( ressources, la Société n'hésite pas à prendre cette dé­
( pense à sa charge »), et la somme de 500 "francs, paya­
ble en de~x exercices, est votée à l'unanimité. Il a
été de plus décidé que, pour alléger les charges de
.son budget, une souscription serait ouverte, tant
parmi les sociétaires que parmi les personnes étran­
gères, avec prière de faire parvenir les souscriptions
. à M. LE MAIGRE, Trésorier de la Société. .

SÉANCE DU 26 MARS 1885.

Présidence de M. le vicomte HERSART DE LA VILLE MARQUÉ
MEMBRE DE L'INSTITUT
Ètaient présent s : MM. LUZEL, HARDOUIN, FATY,

TRÉVÉDY. FOUGERA Y, SERRET, DU CASSEL,
PABAN, CANVEL, DUCOURTIOUX, LE MAIGRE,
DE BÉCOURT et DE BLOIS.
Hommages à la Société:
1. Journal des savants, livraisons de Janvier et de
Février 1885. ' .
II. Revue archéologz'que: Gavrinz"s, par M. Maitre .
III. Bu1letin et mémoz"res de la Socz'été d'Archéo-
logie d' lle-e t- Vilm;ne. .
IV. RapPo'i't de la Commission ' météorologique
d'Ile-et- V'üaine.
V. Bullet'l'n de la Société des Sciences et Arts agri-
coZes et Hortz'coles du Havre) nos 26, 27, 28.
VI. De la manière de discerner les médailles antiques
de celles qui sont contrefaz'tes, d'après Beauvq,is, de
l'académie de Corto1le, par le Vte de Colleville (Quim­
perlé, imprimerie Clairet).
Admission d'un nouveau sociétaire: M. Prosper
Le Guay, propriétaire' à Concarneau, présenté par
MM. Luzel et Le Maigre. .
E:IJcursion archéologique. M. Serret a visité avec
soilll'emplacement du camp de Parc-ar-C'hastel, snr
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. ' T. XII (ire partie). 3

l'Odet, auquel M. Le Menn avait autrefois donné une
importance exagérée, en signalant parmi les moyens
pour mettre cette position stra:­
de défense employés
tégique à l'abri des attaques de l'ennemi, la couche
de matières vitrifiées qui recouvrait les pare­
épaisse

ments -extérieurs du mur en pierre du rempart.
examen attentif des lieux rend très-problématique
l'assertion , de notre ancien secrétaire, car on ne se
trouve pas là ' en présence d'un ouvrage permanent,
Par
destiné au casernement d'une troupe quelconque.
ses dimensions exigües le poste de Parc·ar-C'hastel
paraît plutôt n'avoir été qu'un signal construit sur une
éminence pour mettre en relation la . statiQn militaü'e
lit·
voisine avec les autres camps retranchés soit du
toral soit de l'intérieur. -
On ignore sans doute les circonstances qui ont
amené l'évacuation de ce fortin; mais il est vraisem·,

blable qu'en se retirant le3 chefs du petit corps
d'observation auront pris la précaution de détruire

tous les ouvrages ' dont l'ennemi aurait retiré quel-
que avantage.
Des traces d'incendie sont visibles à Parc-ar-C'hasteJ,
et ce fait suffit d'autant mieux à expliquer la vitrifi
cation de quelques pierres, que la nature fusible des
sables 'et des roches de ce quartier est eneore exploitée
M. Fougeray nous apprend, en effet, que
de nos jours.
l'on tire de ces parages,.des briques employées dans la
construction des fours à poterie de Loc-Maria, où l'on

attribue les qualités de durée et de résistance qui les
à leur prompte vitrification.
distinguent,
, M. le Commandant Faty, pendant son séjour en

Auvergne, a constaté des phénomènes analogues à
Aubière et à Romagnat.
M. Serret, abordant un autre ordre d'idée, explique
l'ordre suivi dans ]a rédaction du Catalogue du Musée
archéologique.
Tous les objets trouvés dans une. fouille et qui étaient
précédemment dissémin.és dans diverses vitrines, seront
désormais réunis dans la première galerie et formeront
autant de groupes distincts. La Commission est par-
venue à reconstituer ainsi une quinzaine de fouilles.
Sous la rubrique: Provenance diverses, on compren­
dra les objets isolés se rapportant aux types de la
pierre, du bronze, etc.
Dans la seconde salle, consacrée au souvenir du
moyen-âge et de la renaissance, les objets sont divisés
par séri0, ainsi :
plâtres, pierres
Pierres, marbres,
Sculptures, .
. - cuites, albâtres.
Série A.
Bois sculptés,
Bancs, tables, bahuts, coffrets, lits.
Série B.

Peinture,
Tableaux, vitraux.
Série C.
Verreries,
Verres, glaces, faïences décorées.
Série D.
Objets en or ouen argent, cuivres
Orfèvrerie,
ciselés ou dorés, reliquaires,
Série E.
étains, horlogerie, ivoires, etc.
Serrurerie,
Serrures, heurtoirs, clefs, plaques
Série F. •
de cheminée, etc. .

Tapisseries., tissus Tapis, tapisseries, broderies, den-
Série H. telles, tissus .

Armes orientales, offensives, de
, Armes et outils,
chasse, oütils en fer, instruments
Série K.
de métier.
Cette disposition présente le grand avantage de pou­
voir' incessammént et sans frais tenir le Catalogue au
courant par l'adjonction d'un supplément et de numéros
nouveaux. Une carte indiquant le lieu des principales
fouilles, et des planches 'reproduisant les modèles les
plus curieux des objets celtiques conservés au Musée
termineront le volume. D'autre part, M. Beau prépare

pour le Musée ethnographique une notice avec g'ra-
vures et légendes explicatives. '
Correspondance. M. le Maire de Qui1nper a adressé
à M. le Président deux lettres: la première, pour re-
mercier de l'envoi du plan ancien de la ville; la se­
conde, pour annoncer la remise du manuscrit du Car­
tulaire de Landévennec pendant là séance de ce jour.

Conformément à cet avis, M. Derenll'e, bibliothécaire,

dépose de sa part, sur le bureau, le manuscrit dont il
lui est délivré un récépissé par M. le Président .

Cartulaz're c.'e Landévennec. M. de la Borderie,
correspondant de l'Institut, avec un empressement
dont la Société a lieu d'être aussi flattée que recon­
naissante, a obtenu de M. Catel, imprimeur à Rennes,
tous les renseignements de nature à évaluer exacte­
ment les frais d'impression du Cartulaire de Landé- .
vennec.
Suivant toute probabilité, le volume ne dépassera
pas 300 pages; mais, pour éviter tout mécompte et
laisser une marge suffisante pour le df~veloppement de
la préface et des notes, il. est prudent d',adopter le nom-

bre de 320 pages, soit 20 feuilles d'impression, de
16 pages chacune. .
Or, voici le tarif fixé 'par l'éditeur; format in-8°.
pour 300 exemplaires} 44 fr. la feuille de 16 pages .
Pour 400 49 fr.
pour 500 53 fr.
Brochage, 15 francs le 100; couverture, 3 fr. 50 c .

Les calculs faits d'après ces bases donnent les ré-
sultats suivants :
brochés et couverts coûteraient
300 exemplaires
953 fr. 50 c.
brochés et couverts coûteraient
400 exemplaires
t,054 francs.
500 exemplaires brochés et couverts coûteraient
1,152 fl'. 50 c. .
Comme ' une somme de 500 francs seulement a été
inscrite au budget de la Société avec cette affectation,
M. le Président fait observer que la Société, si elle per­
siste dans ses projets de publication et ne reçoit pas,

en tout ou en partie, la subvention ministérielle promise,
principaux:
devra règler quatre points
1° Prendra-t-elle à sa charge tous les frais d'im-
pression du Cartulaire ?
2° Combien fera-t-elle tirer d'exemplaires?

3° Donnera-t· elle pouvoir à M~ de la Borderie de
traiter en son nom aux conditions ci-dessus énoncées?

40 Que1s ·voies et quels moyens employera-t-elle pour
à l'éditeur?
parfaire les sommes dues

premiè:t::e proposition est accèptèe à l'unanimité

et sans discussion,

A l'occasion de la seconde, MM. Trévédy, Ducour­
. tioux, Hardollïn et dé Bécourt font tour à tour ressortir
les bénéfices que la Société s'assurerait pour elle-même

passant un traité pour 400 exemplaires.
Cette motion, mise aux voix, est également adoptée.
Le troisième point ne soulevant de discussion .
part, M. le Président soumet aux suffrages
d'aucune
de l'assemblée la résolution suivante qui est la cons­
titution d'un véritable mandat:
( M. de la Borderie ' est autorisé par la Société
« archéologique du Finistère à traiter au nom de
( celle-ci et aux conditions ci-dessus énoncées avec
( M. Catel, .imprimeur à Rennes, pour l'impression de
- ( 400 exemplaires du Cartulaire de Landévennec,

( devant former un volume in-8° de 20 feuilles d'im-
( pression, de 16 pages chacune. Le pl~ix de ces
( 400 exemplaires, brochage et couverture compris,
. ( ayant été fixé à la somme de 1 ,054 francs. »)
Cette troisième proposition est encore votée à l'una-
nimité.
Enfin, M. Trévédy recommande la souscription publi­
que comme le moyen de se procurer le plus prompte­
ment et le plus sûrement les fonds nécessaires.
M. Paban partage le même sentiment et ne doute pas
que. tous les organes de la presse bretonne dont il est
un des représentants ne s'efforcent à l'envi et sans
acceptation de parti de contribuer au succès d'une
entreprise qui est en définitive un acte de patriotisme.
MM. Ducourtioux et de Bécourt démontrent que le .
chiffre de 5 francs, mis en avant par plusieurs socié­

taires comme taux de la souscription à chaque exem-

plaire, n'est pas trop élevé, à la condition que les
volumes vendus ensuite par la Société ou livrés au
commerce seront cotés à un prix supérieur, la diffé_
rence formant nécessairement le bénéfice des souscrip-

teurs.
Ces observations sont prises en considération et
l'assemblée émet un dernier vote conforme.
M. le Président rend compte de l'opuscule numisma­
tique dont M. de Colleville lui a fait hommage, et il
veut bien l'offrir à la Sociét8 archéologique du Finis­
tère. Sous la modestie du titre, se cache un travail
consciencieux qui fournira à ceux qui liront ces pages
garantir,des artifices des faussaires.
les moyens de se.
et ils n'ont
La cupidité a rendu ceux-ci industrieux,
pas hésité à faire appel aux ouvriers les plus habiles
pour donner aux pièces sortjes de leur officine tous
les caractères de l'àuthenticité. Les Padouans, qui
M. de
excellaient dans ce genre, ont fait école; aussi
Colleville a-t-il bien mérité de tçmtes les personnes qui
s'occupent sérieusement de numismatique ancienne .
regret de M. le Président, c'est que notre
Le seul
Société n'ait pas eu la primeur de l'important travail ,
critique de, notre confrère.
M. Luzel, en quelques mots délicats, exprime le
même regret en s'associant aux mêmes éloges.

Il donne en suite lecture de la légende, l'Ange et .
l'Br mite qu'il a recueillie sur les lèvres d'une vieille
et déjà publiée dans le ,
conteuse du pays de Tréguier
2 volume de ses contes; l'attrait d'un érudit commen­
réëit oriental, localisé en
taire se joint au charme du
Bretagne. Comparé aux traditions conservées dans les

autres pays, le récit breton semble bien supérieur
par la science de la composition et la mise en scène.
à la morale c'est celle du monde primitif relati­
Quant
vement à la Providence, comme M. Gaston Paris l'a
remarqué dans une savante étude qui a été fort ._
applaudie au palais de l'Institut.
M. de Blois a la parole pour lire d'importants docu-

ments inédits sur Hervé de Porzmogùer, communi-
par M. de la Borderie. Notre éminent c"onfrère a
qués
mis, dans ses commentaires, en pleine lumière l'héroÏ-
que figure de l'amiral breton, et il complète excellem-
ment l'étude de M. Jal. '.
M. de la Villemarqué-termine la lecture du mémoire
si intéressant de Mgr Laouënan sur les monuments
celtiques dans l'Inde; il annonce ensuite que M. Le Mai-
gre va recueillir IdS noms des sociétaires qui voudront

bien s'inscrire pour la publication du Cartuiaire de
Une note insérée au bulletin indiquera
Landévennec.
les délais passés lesquels les adhésions ne seront plus
admises. .
La séance est levée à 5 heures. .
Le Secrétaire.,

Vte DE BLOIS .

SÉANCE DU 30 AVRIL 1885.

Présidence de M. le vicomte HERSART DE LA
MEMBRE DE L'INSTITUT

Étaient présents : MM.HARDOUIN, LE MAIGRE,
BEAU,FOUGERAY,TRÉVÉDY, FATY, LUZEL, DU­
COURTIOUX, SERRET.
M. LE GALL DE KERLINOU, membre de.:'1a Société

polymathique du Morbihan, assiste à la séance.
M. de Blois, Secrétaire, s'excuse par lettre de ne
pouvoir se trouver à la réunion.
Ouvrages reçus et déposés à la Bibliothèque de la .
ciété : \ -'. . .

Zeitschrift des Verein für Thüringische Geschichte.
Iéna, 1884.
Société géographique bretonne. Bulletin de janvier-
février 1885. '. -
du Comité des travaux historiques et scien-
Bulletin

tifillues, année 1884 . .
Journal des savants, mars 1885.
Comité des travaux historiques et scientifiques. -
Liste des membres titulaires, honbraireset des cor-

respondants, 1885.
Mémoires de la Société nationale d'agriculture,
sciences et arts d'Angers, t. 26; 1884. ·
En ouvrant la séance, M. le Président prononce
quelques paroles émues à l'occasion de la mort de
M. Canvel. Notre confrère, aussi savant que modeste,
nous avait sou vent apporté un précieux concours dans
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. T. XII (pe partie). 4

des discussi.ons sur des questi.ons phil.ol.ogiques de la
langue bret.onne. Enlevé presque subitement à la suite
d'une c.ourte maladie, qui lui a cependant permis de
recev.oir "les Sacrements de l'Eglise, M. Canvel prépa-
rait p.our n.otre S.oéiété le c.ompte-rendu des séances
de la Sorbonne, auxquelles il venait d'assister, et .où
l'année dernière il avait représenté n.otre S.ociété.
M. Hard.ouin qui a acc.ompagné M. Canvel à Paris est
prié de v.oul.oir bien faire ce c.ompte-rendu.
Il est pr.océdé au dép.ouillement de la c.orresp.on-
dance .

Lettre du Ministère de l'Instructi.on publique ac-
c.ordant une subventi.on de 500 francs p.our aider la
S.ociété à publier le Cartulaire de l'abbaye de Landé-
vennec . La S.ociété v.ote des remerciements.
M. de la Borderie accuse récepti.on du Cartulaire de
et ne p.ouvant faire la table des n.oms
Landévennec
et des l.ocalités, un savant pr.ofe~seur a bien v.oulu
se charger de ce travail. Il est en .outre décidé que
de cet .ouvrage sera de 9 francs, mais que
le prix
p.our les membres de la S.ociété a'rché.ologi-que du
Finistère le prix en sera réduit à 5 francs, plus
1 franc p.oUf' le recev.oir franc.o. Le chiffre du tirage
sera fixé un peu plus tard .
M. Beau a également assisté aux séances de la S.or-
b.onlle. dans la secti.on des Beaux-Arts. Il rend
c.ompte des diverses c.onf8rences qui .ont été faites sur
les arts a,nciens et m.odernes, et d.onne d'intéressants
détails sur la f.ondati.on d'écoles de dessin p.our les jeu­
nes gens. Les délégués .ont visité en détail la manufac- .
ture de Sèvres. M. Beau termine en lisant un appel
fait par la Soczëte des amz's des monuments parisiens .

Cette Société qui est en formation, a pour président .
M. Alb8rt Lenoir, membre de l'Institut, et son comité
est formé de notabilités connues dans les arts et la
. littérature. Son but , est d'assurer dans chaque dépar­
tement la sauvegarde des monuments, des souvenirs
et des mesures à pren­
historiques ou archéologiques
dre pour les conserver.
Les délégués ont aussi visité les costumes bretons (1)
du Musée ethnographique, au Trocadéro. Sous tous
les rapports, le Musée des costumes de Quimper est
de beaucoup supérieur par le choix, la variété des
costumes et le goût qui ont présidé à cette installa­
tion. Aussi M. le Président profite de la présence de
M. Beau pour le féliciter de nouveau très chaleureu­
Hement, ainsi que son collaborateur, M. Foulquier.
On donne lecture du rapport sur les comptes du Tré­
sorier, qui sont approuvés.
M. le Commandant Faty lit la suite de son travail

sur les comptes des Miseurs pendant la Ligue.
Ce travail, d'un intérêt capital pour l'histoire de
Quimper, don :':e des détails' tout à f;:tit inédits, et

qui plus est, rectifie et relève de nombreuses erreurs
commises par le chanoine Moreau, dans son His~
toire dé la Lzgue en Bretagne. De nombreuses félicita-
tions sont adressées au Commandant Faty.
M. Trévédy commence son étude sur les rues de
Quimper, laquelle explique le plan de 1764, publié par
la Société .
, Le Secrétaire par intérim,
SERRET.

(i) Voir Notice. Joumal L'homme, ire année, p. 363) par M. P. Sébillot.

NOTE
Le plan de la ville de Quimper en 1764 a été déposé a
la Bibliothéque de la .Société archéologique du Finistère
(Archives du Finistère, rue du Palais-de-Justice). MM. les
Sociétaires sont instamment priés de le Jaire retirer afin
d'éviter qu'il soit plié. A cause de ses dimensions, le plan

adressé par la poste, devrait . être plié pour être réduit au
format du Bulletin et il peut subir quelque dommage. -
Le plan sera adressé avec le Bulletin du mois de mai

(4 livraison de l'année) à tous les Sociétaires qui ne
l'auront pas fait prendre avant le 20 juin .

SÉANCE DU 28 MAI 1885

présidence de'M. le vicomte HERSART DE LA VILLEMARQUE
MEMBRE DE L'INSTITUT
Étaient présents: MM. TRÉYÉDY, MALEN, FATY,
LUZEL, HARDOUIN, DE BECOURT, DUCOURTIOUX,
GUÉPIN, SERRET.
M. de Blois encore souffrant et M. Le Maigre s'excu­
de ne pouvoir assister à la séance.
sent
Ouvrages déposés sur le bureau pour la Bibliothèque
Soci~té :
de la
. J oU?~nal des Savants} avril 1885.
Bulletz'n du Com'l'té des travaux hz'storz'ques et scz'en-

. t'tjlques, année 1885.
Bulleü'n de la Société polymath'l'que du JJ1orbihan,
année 1883. .
Revue de l'hz'stoire des religz'ons} janvier et février

Essai sur l'orig'l'ne du nom des CO?n1nUnes dans la
Tour aine et le 'Verm andois, par M. le ete de Chaban.
Présentation et admission de nouveaux membres:
Par MM. Trévédy et Serl"et, de M. le Cte de SiJguy.
Par MM. Luzel et Faty, de M. Guiard membre du
Conseil muni cipal de Quimper.
- Par MM. de Bécourt et Serret, de M. Canet, négo­
ciant à Quimper, et de M. Villard, photographe à
Quimper. .
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINIS'l'ÈRE. T. XII (pc partie).

M. le Pr~sident procède au 'dépouillement de la
correspondance et donne lecture d'une drculaire et
d'un que~tionnaire que la Commission ornithologique,
siégeant au Ministère dès Beaux· Arts, adresse aux
chasseurs et aux amateurs afin d'avoir des renseigne­
ments sur les migrations des oiseaux dans les diverses
contrées de la France. . .
Lettre de M. de la Borderie, du 9 mai 1885, relative
au Cartulaire de Landévennec. Il annonce une tentative
nouvelle pour avoir la copie de M. Le ·Men, le plus tôt
possible.
C'est M. Emile Ernault, professeur de littérature
latine à la faculté de Poitiers, où il fait un cours libre
de littérature celtique; qui s'est chargé de la table des
noms et des lieux du Cartulaire.
Sur la proposition de M. Trévédy, une circulaire rela­
tive à la pu blication du Cartulaire de Landévennec sera
adressée aux Sociétés savantes et aux personnes que

cet ouvrage peut intéresser.
M. Serret demande la parole. Son travail sur le clas-
sernent des collections du Musée est presque fini, et
avant de le remettre à l'imprimeur, il serait nécessaire
d'être fixé sur certains détails. Le format adopté est
celui du Bulletin, le tirage se fera à 1,000 exemplaires.

M. Le Carguet fait don au Musée d'une très belle
hache en azulite.

En creusant des fondations, dans l'ancien enclos de
l'abbaye de Kerlot, on a trouvé une clef de lucarne
avec des armoiries et une autre pierre sculptée; ces
deux objets ont été donnés par 'M. Étienne Roussin au
Musée.

Des remercîments sont votés aux généreux donateurs.
M. Lle la Villemarqué donne lecture d'un travail
extrêmement remarquable de M. Euzenot sur un sar­
cophage antique découvert à Quimperlé.
. M. Trévédy continue son étude sur le plan et les rues
de Quimper.
La séance est levée à quatre heures .

Pour le Secrétaire empêehé~
A. SERRET .

Pour remplir le vide qui reste dans cette page et la suivante, nous
repro luisons un arrêt curieux de la cour de Rennes, réglementant la
chasse, vers la moitié du XVIIe siècle . .
ARREST DE LA COUR DE RENNES
DU 1 1' DÉCEMBRE 1643.
CONCERNANT LA CHASSE. --
Sur ce que le procureur général du Roy . en la Cour a
remonstré que, au mespris qe plusieurs arrestz et reglementz
d'icelle, renduz suyvant les ordonnances des Roys, touttes
sortes de personnes indiféran tes chassent à touttes sortes de
bestes, que les laboureul's, artisans et autres personnes de
condition commune abandonnent leur mestier et le labeur
de la terre, les escoliers leurs estudes et les clercs leur
praticque, pour le plaisir de la chasse, et particuliérement
depuis que l'usage des fusils s'est randu commun, de sorte
que sy la COUl' n'intel'pose son aucthorité, les fuyes (1) des
ge il tilshom mes seront ruisnées et la cam paigne despourveüe
de tnutte sorte de gibiers, requérant quïlluy pleust y pour­
voir, LA COUR, faisant droit sur ies requestes et conclusions

(i) Colombiers dont les boulins ou trous vont jusqu'à terre .

du procureur général du Roy, fait prohibitions et' deffances
suyvant les peécédantz arrestz à touttes personnes de con­
dition commune et aux escoliers, de quelque quahtté et

condition qu'ilz soye nt, de porter fusilz et aultres armes à
f~u, tirer sur les pigeons, chasser aux bestes fauves, noires,
lIévres, connilz (lapins), faisantz, perdrix, oyseaux de
rjvière, se RRrvlr cl"" fnrp,1.7.; t.irAf3B8~; tonnelles, COUVE'oT'­
touers, coletz et aultres engins., sur pevne de punition
Clllq cens livres d'amande et de confiscation de
corporelle,
leurs armes et engins, dès àprésant déclarez acquis aux

dénonciateurs et ceux q,uy les arresteront; enjoinct ladite
Cour aux officiers de la table de marbre et maistres parti­
culiers, et aux juges subalternes d'informer contre les con­
trevenantz, chascun endroict soy, et ordonne que, à la dilli­
gence du Procureur général du Roy, le peésant arrest sera
leu et publyé par les carefours et lieux accoustumez de cette
ville (Rennes), et envoyé aux présidiaux et barres royalles
ressort, pour en estre pareillemen t fait lecture et
de ce
publication, mesme aux prosnes des églizes parrochiales,
par les recteurs d'icelles et affixé aux portes des dites
6g1izf:::5, il. ce que persoune n'eu pr'Mande eause d'igno­
rance. Faict en Parlement, à Rennes, le premier jour
de décembre 1640. Ainsy signé: AULNETTE.
(Archives du Finistère, série H, fonds de l'abbaye du Rélec).

SÉANCE DU 25 JUIN 1885

présidence de M. le vicomte HERSART DE LA VILLE MARQUÉ

MEMBRE DE L'INSTITUT

Etaient présents: MM. FATY, TREVEDY, PEYRON,
Secrétaire général de l'Evêché, MALEN, DE BECOURT,
FOUGERA Y, HJ\RDOUIN, COllseillAr honoraire, LU ZEL,
VESCO, G\.TROT, Lieutenant an 118 de ligne, BIGOT,
LE MAIGH,E, DE BLOIS, Comte DE LIMUR.
Ouvrag.-\s adressps à la Société . d'archéologie du
Finistère et déposés à la Bibliothèque:
10 Journal des Savants, li VraiSJll de mai 1885 .
2° Annales du /llusée Guz·met.
30 Bulletin de la Société bretonne de géog'rapht'e.
4 année, livraisons de mars et aVl~il 1885.
4° BulleHn de l({Société polymathz'que du Morbz'han.
Année 1884.
5° Les missz'ons secrètes du lvlajor gbléral baron de
son rôle d 1?lS 'la .querre de l'I!tdependance amé- .
Katb et

'ricaine, par M. le Vicomte de Colleville.
CorresIJondance. La Société polymathique du Mor~
bihan, par l'in termédiaire de son Secrétaire, demande
à fai re l'échange de ses publications avec celles de
notre Compagnie et à compléter la colledion des der­
niers bulletins anuuels dont quelques fascicules ont
été égarés.
Communication semblable au nom de la Société
archéologique des Côtes-da-Nord .
. BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. Tome XII. (ire partie). 6

Une Société américaine dontle siège est à Washington,
la Srnz'thsonz"an Instz"tutzOrt dirigée par l'honorable

M. Powel, désire se tenir en rapport avec notre SoCiété
et annonce, comme témoignage de ses relations confea­
ternelles, l'envoi prochain d'une collection de photo­
graphies fort intéressantes au point de. vue de l'ad et
de J'archéologie dans le Nouveau-Monde.
M. le Président présente une monnaie d'or trouvée
dans le département et annonce que le propriétaire de
cette pièce est disposé à la céder an Musée départe­
mental moyennant finances. Quoique la légende se
trouve altérée en plusieurs enJroits, M. de Blois croit
reconnaître une monnaie du roi Jean, et indique Je
prix de 1.5 francs comme la valeur la plus grande que

l'on puiss~ attribuer à ce sol d'oe dans l'état de conser-
vation où il se trouve actuellement. M. Le Maigre est
autorisé à traiter de eette acquisition dans la limite que
l'on vient d'indiquer.
M. le Président souhaite la bienvenue à M. le Comte

de Limur, un des membres dist.ingués de la Société
morbihaullaise, qui a bien voulu assister à la f:3éauce

de ce jour et prendre part à nos ·trav,anx. Les Gollec_
tions min~ralogigues . rassemblées par M. l'le Li mur
dans les vastes g'lleries de son hôlel sont d'antant
mieux connu ··s du monde sa \'al1t, q ne IAur ai mable
. propriétaire s'empresse toujours, comme le rappelle
NI. le Conseiller Hardouin, d'y donner accès à toutes
. les personnes qui se recommandent par leur goût pour
les études sérieuses. M. de Limul~, dont la générosité
égale la science veut bien offrir à notre Musée une

collection d'objets se rapportant aux âges préhisto-

riqnes, recueillis pn gl'ande part par lui-même, dans les
cavernes longtemps inexploréd8 du centre de la France.
Ces vestiges de l'homme primitif et d'une civilisation
rndÎluentaire on t particu:ièf'ement attiré l'attention des
arché c-log , au dernÏer congrès de Vannes. ,
ues

M. Je Commandant ~<'aty demande à poser une ques­

à M. de Linilu'. On a IOll'guement et à diverses
tion
l'èpri:ses plu'lé de la décou verte ct 'ateliers destinés à la
fabrication d'objets en silex, mais ces nouvelles ont
p,.esql!8 t01ljours été contestées, puis démenties. Au
demellfélnt, existe-t-il réellement, dans notre Bretagne,
des établissement.s de ce genre?
M. de Li mm' répond q ne le si tex éclaté ne paraît pas
avoir ét.é jama:s trav On a pnrlé, il est vrai, d'un até!ier de fabrication
sitné à la Ganterie, près de Saint~Briel1c; mais ici nne
distindion devint néL:8ssaire, La station de la Ganterie
, est située à pro_ ximité d'un gisement dt~ grès particu-
lier suscepiible d'un polissage assez facile. C'est cette
substance. aSS8Z tend're an sortir de la carrière, qui a
été exploitée au lieLl indiqué.
Le silex, la pierre éclatée avec laquelle on confec­
tionnait, par exemple, des couteaux, des pointes de
flèches ne sa rencontre pas dans les masses géologi-
ques de notre pres1lu'île. Sur nos côtes, on en trouve des
spécimens plus ou moins nombreux, qui ont été appor·
tés par les grands courants océaniens. Ils ont proba-
blement formé, à l'origine, l'un des éléments du com-
merce extérieur des premiers peuples de la Bretagne.
On pounait pent-être citer eomme lieu de trafic la

petite rIe d'Orlanic, dans le · Morbihan. La mer a, depuis

des siècles, roege les rIvages de cet îlot et envahi une
partie de son aneienne surface. Aujourd'hui, on décou­
• vre sous les l'aux, peu profondes aux abords de l'Ile,
des sépultures curieuses et des amas de silex éclaté en
telle quantité qu'on ne peut jes regarder que comme .
un dépôt commercial.
M. Luzel demande à son tour à M. de Llmur

s'il serait possible, d'après la nature cIe la pierre,
. d'inàiq1ler où ont été fabriquées les belles haches
exposées au musée archéologique de Vannes.
A ce sujet, M. de LirnuI' fait obsel'ver que la compo­
sition chirmque de ces pi erres est très-variable. Ainsi,
la grande hache provet~ant du tumulus de Mané-er­
Hroek est en chloro-mélanite, ta ndis que celles non
moins remarquables qui furent découvertes à Aradon
p~r un Frère Jésuite sont d'uue composition différ'ente.
\ M. du Châtellier possède dans son musée de Kernuz
plusieurs types de ce~ haches san vées d'une de~tf'uction

inintelljgente par les soins ,..] u bon Frèl~e. On dit vul­
gairement que ces haches sont en jade; le mot n'est

pas scientifique et de plus il est impropre, parce que le
jade est comme le granit une expression générique
qui s'applique à des rochers d'aspects dissemblables.
Après M. de Limur, M. le Conseiller Hardouïn prend
la parole pour rendre compte du Congrès de la Sor-
bonne .. auquel il aS8istait comme délégué avec notre
collègue si regretté, M. le professenr Canvel, qu'une
. mort non moins prompte qu'imprévue a récemment
enlevé à l'affection d'une famille bien aimée et aux
profondes sympathies de confrères dévoués.
M. le Conseiller rappelle en termes émus la carrière

laborieuse et honorable de son compagnon de voyage,
la confiance des fa lnilles, l'attachement des élèves, les
du pr01esseur et finalement les ét ndes qui nous
succès
ont t.ous intéressés <- t qui nous promettaient un collabo-
rateur des plus érudits et des plus distingllés.

Sur la proposition de M. Hal'douïn, appnyée par
MM. Luzel, dé- 18. VillernHrqllé, Mallen et de Bloi~, on
décide l'envoi de la co lection Gomplète des Bulletins
de la Société archéologique du Finistère, à la Biblio-
thèque nationale et àla Bibliothèque. Mazarine, à Paris.
. M. Trévédy continue la lecture de son mémoire sur
les anciennes rues de Quimper.
La séance est levée à 5 heures.

Le Secretaire,
Vte DE BLOIS .

Formalités a observar pour la démolition et nouvelle
construction d'UfiJ Eglise paroissiale, en 1786 (1).
L~ Consf'il sOUssigné estime que la conduite du gpnél'al
a con voqUf~t' une assernblèe gén i~ l'a!e des pl'opl>ie­
conSlste
taif'es de biens clans la pSf'Oisse, pal' un billet qui sel'a lu au
prône de la gTand'mE'sse parois~ialf', ppndant trois diman­
ches consecl1 tifs, p'M' M 1 ;~ Ftecteul' ou son vi aire, bi! let
dan:;; lequel 1 P.S pl'opf'iétai l'es J e biens seront invitAs a se
tl'ouvp..I· a l'ass "rnblée qui set'a (enüe le ditnanche d'rlpl'ès la
del'nière publication, pour d 01 iberer' sur le point de s<:1,\'oir
si on se borne:'a a faire les l>epar<.l.tiOllS manquantes à
l'Agllse ou la l'ecOlJstt'llir\~ , et pour <1vise t' aux: moyens
d'execllter l'un ou l'aùtl'c de ces deux pr·ojets. Ce bi llet
d':1Vel,ti~semen.t rpmj)liJ'a 19. clispositinn des l'pglernens " ui
exi ;p.nt qUA le sujet des assembl<"es soi ! annl n ;:., d<1t s le
billet de convocati()n, billet au pied dnquel M. le Rectt::~ur
ou son v:cail'e certifiei'ont l'avoir publié, pelldant trois
dimanches consp-cutifs . .
M. le Sènéchal et M. le pt' fisca l de la juridiction SOI1S le

proche fief de laquelle l'église est située ser'Ollt in\Îtés parti­
culièrement par les trésJ)ders en char'ge de se trouve!' à
l'assemblée, pour hl. pi'esioer, et Ipul' pt'esence y SMa d'au­
tant plus inti'>ressante qu'iis y maintiendl'ollt le bon ordee)
difficile a pr'ad'luel' dans une a~semblée tlll11ultneuse.
Il y a lieu de penser que le généI'al des habitans nom­
mera un ou deux èxperts p01!I' examiner l'etat de ' l'église
et pour' donnnr leur avis sur le point de savoÎl' s'il.suffit de
la repare!' et pour dl'essel' un pro <.;és verbal de dévis esti­
matif des reparations qui doivent y être faites, ou s'il est

(1.) Cette consultation nous a paru curipus8, et nous avons pensé que
la publication dans notre Bulletin pouvait offrir de l'intérêt et 'mî me
quelque utilité, On y trouve indiquées de sages mesures et précautions à
prendre et qui, pour la plupart, peuvent être rpcommanùées, de 110S
jours encore, aux fabriques et aux communes qui eutreprennent des
:réédificatlons ou des restaurations d'églises, et cela trop souvent d'une
façon aventureuse, un peu au hasard, sans égard à l'état de leurs finances
QU sans un bon devis, dressp- par un homme comp ::tent et mùrement
étudié. Aussi, que d'avortements et de résultats déplorables, à divers
points de vue! ' .

Sous l'ancien régime jusqu'en 1789, le mot général, dans l'acception
crtte pièce, s'ent.endait dé la généralité des habitants d'une
qu'il a dans
délibérntiye pour l'administration de la commu­
paroisse ayant voix
nauté politique; c'était à peu près l'équivalent des . conseils municipaux
de nos jours .

riécessaire de la faire démolir et l'econstruire.l'expel't" Ol~
ies eXf:'ertsqui seron~ ~10mmés doivent être. choisis .parrm
les artIstes .les plus cel~b.T'es du can1~m, et S,l le pal'tl de l.a
l'eeonstructlcn et démohtlOl1 est llomInant, 1 11s:semblée dOIt
charger l~s ~I'(>.so.riers ~n chal'g,e de f~i.re a' signe!, par un
exploit ~lgmfie ~ partles, ou a dOD?l?lle le~, déclm.a1.eul's
llse
de 1 eg .
Ce pt'océs-verbal ayant été rapportf', 11 SeI'fl nécessaire de
convoquer, aVf~C >,les formalité~. cJ! devant établies, une
nouvelle assemblee des ,prOprIetaIres de b:ens. POUi' en
(mtendl'e la lecîure, e t pOUl' prendre le parti qu'ils verront
;écessajrc. 'Si les expcl'ts OBt estil~lés t:jue la l'f~~on?tT'uctio.n
eet indisp!-Jllsahle, non seulement Cie la nef de l'eglJse, malS
e~;c:orc du chœur' et du chanceau, il sera nécessaÏl'e de
fait'e assiO'oét' les décimateuI's au siège présidial de Quimper,
chœur et cha lcpau, aux tel'tTl es dl! pl'Oces-vel'bal, dont
eonie leur sera signifiée, pour èti'A tldite !'ecollstl'uction faite
au\ fins d"une adjudication commune avec le général ou
séparée de cel·le de la ne f ~1e l'églls,e . " .

Lor~qu(' cet1(~ contesta!lOn a v: 'c les deClmatenrs ~ura eté
terminée, le grni'r-al sera dans If-'. cas (lc~ se détenmner sur
le l)oint d ~ savoir s'il se pourvoira au conseil, ou au parle­
m~nt pOUl' obtenir une levée de deniers.
Il faut d'a bor'd iui Ohscl've l' sur ce point que les habitans
ne sont cr.ar-gf"S que de rentl'etien dl-' la n8f de l'église aux

termes de l'ar(cle 22 de l'édit dc' 1695, (:,t que i'f'ntretien du
chœul' et chancp,au cnnc;~roe les décilDHteurs, suivant
l'ar6cl e 21 . Ainsi le gl"u('ral ne sera chargé qUb pe la
somme a laqupllA le procés-vel'bal de dévis n,ura fixé les
réparntions de la nef. Si cette SOOHne n'exc~d()it pflS celle
Ci u i e :' iste d \'uJS S0S coffl'es, il sel'Oi r dans le cati de faire
dans son assem bl é8 une adjudication de son devis par'tlCu­
lier, sauf aux décim;üpurs à en fëùre une du chœur et
chanceau qui le concernent, Si, au contr'aire, le dévis esti­
matif excède consid pl'aldement la , somme qui existe dans
les coffres de la fabriq IlP J le généra l ne pou na se pou I?voir
ail pai'lAment, qui ne lui acC'of'del'Oit qu'une levée de la '
somme de 60D livi'es, par chacun an Il lui Sfwa donc plus
a.vantageux ,d'envoYt'H' à un ~,vocat au Con~(~il une expédi­

non du pI'oces-verbal de clévlS des r é pRra tlOn s de la. nef et
de le charger de prèsenV:.r au Conseil la req !Jète, afin
d'obtent. on de la levée de L .i somme port' e au procès-verbal
de dé\'is;

L'usagp, du Conseil du Roy est de l'en\ à M.-l'intendant, pourdollner sou avis SUl' icelles.
l'équètes
Celui-ci charge son subdélégue sur le lieu de verifier l'etat
des choses, et ce subdèlégué nomme un expert pOUl' rap­
porter un procés~verbal de dévis est.imatif do la l'econstruc­
la nef. procés-verbal qui est renvoyé au Conseil et
tion de
sur lequel intervient l'arrêt qui ordonne la levée de~
deniers.
- On observe en dernier lieu qu'avant de commencer la
démolition de l'église, le général doit faire constater par
des experts les droits honorifiques, tels que bancs, enfeus
et armoiries, qui y existent a l'intérieul' et à l'extéI'ieul' de
l'eglIse, en présence des parties intt:>.r'essèes, ou elles
düement appellées. Ce procés-verbal doit être rapporté en
d'un des juges du présidial de Quimper, auxquels
présence
le général présentera une réquête a ce qu'il leur plaise
nommer un de MM du siège pour y assister et un expert
d'office pour procéder a ladite visite et vérification.t
Aprés que le commissaire auea été commis e l' 'xpel't
nommé, le Général présentera la requète aù commissaire,
qui fixera le jour et l'heure de la descente à un tem ps
celui de 3 semaines, pendant lequel temps
éloigné, tel que
générèd fera assIgner, par 3 bannies publiques, pendant -
3 dirnanches consecutifs, à l'issüe de la grand'rnesse, par
le ministère d'un huissier et de deux recOI'ds, tous pl'éten­
dans droits et intérêts aux prééminences et dl'oits honori­
fiques de l'eglise a comparoitre, aux jour et heul'e fixés par
le Commissaire dans lallÏte Eglise pour assiste!' et ètl'e pré·­
sents au pr'océs-vei'bal qui en sera rappor·té, y déduire leurs
et représenter' leu i's titl'es, fetute de quoy il y
pt'étentlOlls
sera-passé outre, tant en présence qu'absence.
Oelibél'é à Rennes, le 21 mars 1786. Signé: Pothier de hl.
Ger.mondaye" Boylesve et Le Livec Delauzay.
(A rchioes du Finistère).

SEANCE DU 30 JUILLET 1885 .

présidence de M. le vicomte HERSART DE LA VILLEMARQUÉ
MEMBRE DE L'INSTITUT

Étaient présents: MM. LUZEL, LE MAIGRE, DE
BÉCOURT, FOUGERAY, HÉMON, FATY, BIGOT,

HARDOUIN, SERRET. .

M. Luzel rappelle qu'aux termes de son règlement
la Société doit procéder d'abord au renouvellement des'
membres du bureau dont les mandats sont expirés.
Sont élus:

Presz'dent : M. de la Villemarqué, membre de
l'Institut.

Vz'ce4Prész'dents : MM. l'abbé du Marhallac'h, vicaire
général; Luzel, archiviste départemental; Trévédy,
tribunal civil de Quimper.
ex-président du

.Secrétaz·re : M. Aymar de Blois, propriétaire à
Quimper.
Secrétœire-aqjoz?zt: M. Serret, propriétaire à Quimper .
Trésorier: M. Le Maigre, directeur de la Compagnie
d'assurances LE FINISTÈRE •
. M. de la Villemarqué remercie les personnes pré:'
sent.es de l'honneur qui lui est fait d'être, pour la
troisième fois, appelé à la présidence; mais il ne l'ac­
an ; il profite de la présericede
cepte que pour un
M. Hémon pour le remercier des fonds obtenus pour
notre Société archéologique.
est ensuite décidé que le prix de l'édition du Car­
tulaire de Landévennec, -tiré sur papier de Hollande

sera de 25 francs au lieu de 30.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. Tome XII. (pc partie). 7'

Les ouvrages suivants ont été donnés pour la

bibliothèque :

Bulletin historique et philologz'que, année 1885, no i,
Société bretonne de géographie, n° 18,

Mémoires de l'Académie de Nîmes, année 1883.

Journal des Savants, juin 1885.

Présentation de M. Malinge, percepteur à Landi­

visiau, par MM. ' Le Maigre et Luzel et de M. Paul

Sébillot, par M. Luzel et de la Villemarqué .

Des remerciements sont votés à M. de
Brémond

d'Ars qui a fait don des objets suivants:
10 Un polissoir en granit rouge. .
2,0 Une hache.

3° Un très-beau couteau en silex, remarquable par
sa longueur.
4° Une petite hé!-che en diorite.
M. Malinge, percepteur à Landivisiau, ~nnonce
l'envoi d'une amphore gallo-romaine, remarquable par

sa dimension et son bon état de conservation, décou-
verte près du moulin de penmarc'h, à 1,500 mètres du

petit bourg de Saint-Derrien, faisant autrefois partie
de la commune de Plounéventer.

Remerciements pour cette magnifiq ne amphore qui,
actuellement, est placée dans les collections.
Lettre d.O M. Léopold DeHsle, dir,ecteur de la Biblio­
thèque nationale, exprimant ses remerciements· pour
l'envoi des onze volullles composant la collection des
Bulletins de la Société archéologique parus jusqu'à ce

.Jour. . ' .
M. -de la Villemarqué donne lecture du rapport qu'il

a adressé à M. le Préfet, pour lui rendre compte des
de la Société, pendant les années 1884-1885 .
travaux
M. le Président parle de l'intérêt du transport, au
Musée départemental, du précieux sarcophage décou-
à Quimperlé et dont il a été question dans la
vert
séance du 30 avril 1885. .'
La découverte du tombeau de Jean de Montfort dans
l'abbaye des Dominicains de Quimperlé a provoqué
A ce sujet, il est donné
une active correspondance.
lecture d'une lettre de M. de Quatrefages, de .l'Aca­
démie des sciences (section d'anatomie), précisant
question du' sexe. M. de la Borderie, de son côté, envoie

le texte d'une pièce de 1370, où le roi Edouard IV
les soins à donner à Jeanne de Flandre: Enfin
prescrit

M. de Limur qui a visité ce tombeau avec beaucoup

de soin, déclare qu'il y a eu deux châsses et que les
pierres en sont de deux époques diff~rentes .
Il est ensuite donné lecture d'un travail de M. '1'ré-
védy snI' le chevAl en pierre de Ghellen, qui est main-
tenant dans la cour du Musée M. Roussin envoie un
croqu-is et Ulle notice sur un cheval semblable qu'il
Plo-
possède, provenant de sa ferme de Kerlot, en
melin. .
L'état de détérioration de ces deux objets amène une
au personnage et au sujet qu'ils oï:ü
discussion relative
pour but de représenter. M. Luzel démontre qu'il ne
peut pas être question du roi Granon, atinsi que le pré­

tend la croyance populaire, S'agit.,il d'un saint, de
l'archange saint Michel ou de saint Georges? L'échange
n'ayant apporté aucune lumière, la dis-
d'hypothèses
cussion a été remise à une autre séance, dans l'espé-

rance que l'examen des 'titres de propriété des lieux
où ces monolithes ont été trouvés apportera quelques
indices sur leur origine et leur destination. ' .
est levée à 4 heures et demie.
La séance

Le Secrétaire-adjoint,

A. SERRET .

SEANCE DU 27 AOUT 1885

Présidence de . LUZEL, Vice-Président.

ARCHIVISTE DU DEPARTEMENT

Étaient présents : MM. LUZEL, HARDOUIN,
Olivier DE CARNE, FATY, DE BECOURT, - MALEN,
FOUGERA Y, LE MAIGRE, SERRET :
M. Luze1 informe la Société que M. de la Villemarqué,
à Quimperlé, n'a pas pu faire par­
retenu inopinément
rap-
venir en temps 'utile les communications et les
ports qu'il ,avait préparés. Un des membres présents
à donner lecture ,j'un
, est, en conséquence, invité
Mémoire adressé à Mgr l'Évêque de Quimper, par l'un
M. l'abbé du Marhallac'h,
de nos deux Vice-Présidents,
afin de démontrer l'authenticité et l'identité d'une
relique insigne de saint Corentin, qui, après avoir été
proposée à la vénération des fidèles,dans la cathédrale
200 ans, a disparu en 1824, et n'a
de Quimper, pendant

été retrouvée qu'en 1879, dans une des armoires de la '
sacristie.
ce remarquable rap­
La Société désireuse de retenir de

ce qui intéresse ses travaux ai'chéologiques, a
port
exprimé le désir que le secrétaire voulut bien, à ce
point de vue, en donner une analyse aussi complète
que possible, dans le procès-verbal de la présente
séance.
Avant d'entrer au fond de la question, M. du Mar­
hallac'h rappelle les origines historiques et, les pl'e-
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. Tome XII. (pe partie). 8

mières vicissitudes de la relique: Les. restes de saint
Corentin enterrés au Ve siècle dans sa cathédrale;
leur dépôt entre les mains d'Hugues Capet, pour fuir
les descentes et les ravages des Normands; enfin leur

remise aux moines de Marmoutiers, près Tours, qui en

restèrent pendant 800 ans les gardiens trop fidèles.
Après bien des sollicitations toujours repoussées,
les moines consentirent,en 1623,àcéder à Mgr Le Prestre
de Lézonnet, éveque de Quimper, l'humérus de l'un des
bras de l'apôtre de la B.asse-Br~tagne, qui,.pendant un
laps de 200 ans, c'est-à-dire jusqu'en 1824, occupa dans
la cathédrale la place d'honneur que lui assignait la
vénération des fidèles. .
A vant de disparaître, en 1824, cette grande relique
avait subi une éclipse de deux :-tns, de 1793 à 1795.
Daus la nuit du 8 au 9 décembre 1793, un maître
menuisier, du nom de Sergent., d'aecord avec le diacre
Mougeat, qui était au service des prêtre~ constitution­
nels de la cathédrale, déeoba, au péril de leur vie,
le bras du patron de la Cornouaille, avec la petite
châsse qui le renfermait, ainsi q,u'une autre relique dite

des Troz's gouttes de sang, qu'ils déposèrent dans le
presbytère d'Ergué· Armel, chez un prêtre assermenté,
Yves-Claude Vidal, leq lle] se fitleuf complice et qui fut,
« pendant deux ans, un reeéleur fidèle. ») Trois jours
après, le 12 décembre, la cathédrale était envahie et

saccagée et les débris f).lrent brûlés sur la place d'armes
qu'on appelait alors la place de la Révolution. Après la

mort de Robespierre,un décret rouvrit les portes des égli­
ses et, le 12 décembre 1795, la relique de saint Corentin
ainsi que celle. des Troz's gouttes de sang rentrèrent

solennellement dans la cathédrale, où elles furent pla- '
cées à l'entrée du chœur ,la première, contre le pilier de

l'Épître, la seconde, contre celui de l'Evangile. L'auto-
rité diocésaine du jour en fit dresser procès-verbal, à
exposées jusqu'en 1824. r\ cette date, des travaux con­
sidérables, entrepris pour dégager l'entrée du chœur,
donnèrent lieu de retirer les deux reliques, mais ce

qu'on était en droit de ne considérer que comme une
mesure provisoire devait être pour le bras de saint
Corentin un nouvel exil de 60 ans. .

Ici se pose une question. Comment expliquer cet
enfouissement, qui paraît avoir eu, au début dù moins,
un caractère intentionnel? Il s'était formé une
opinion très sévère pour tout ce qui avait subi le
contact des prêtres assermentés et, en l'absence .j'au­
thentiques qu'on réputait brûlés, le procès-verbal
dressé en 1795 par les prêtres jureurs, était non-
seulement sans autorité canonique, mais encore sans
valeur historiqud et frappé d'une indignité qui rejail­
lissait sur l'objet qu'il avait eu la prétention de res­
taurer.
Sous l'empire de ces idées, un autre procès-verbal de
1807 se chargeait d'affirmer la non-existence de la reli-
que par ces mots: « nous qui jetons un regard rétrograde
sur la malheureuse époque où le bras de saint Corentin'
a disparu, nous remplissons un devoir sacré en' cons­
tatant par ce procès-verbal le transport de l'Ossz"culum
D;Oit le remplacer »). En effet, Mgr Don'tbideau, sans
qui

l'avoir sollicité, recevait d'un de ses amis, M. Leguernal
de Keransquer,' vicaire-général de Tours, des reliques

de ~'1JtCol"e~ti~ , nt de l'église de Marmoutiers,
et qU: .I ,.co'lnme cellés de Quimper, avaient été sauvées
pendant la Révolution. Dans le mandement qu'il adresse
à cette occasion, Mgr Dombideau, bIen loin de confir­
mer les affirmations du procès-verbal de réception
des nouvelles reliques, s'abstient de toute allusion de
nature à alimenter la controverse et se borne en pro­
clamant la réception de l' Ossiculum, à fixer le lieu où
il sera placé dans l'église. Pendant que ce procès­
proclame la disparition du bras de saint
verbal
Corentin, il Il'en conserve pas moins sa place d'hon-
neur, à l'entrée du chœur, et personne ne songe à la
lui contester. En effet, les inventaires dressés par les
ordres et sous la surveillance des évêques, 'en 1812,
1814, 1818 et 1821, répètent tous ces mots : article 9,
à l'entrée du chœur, entre les piliers, deux tombeaux
avec des eeliques : à droite, la nappe des Trois
gouttes de sang; à gauche, le bras de saint Corentin.
Malgré cette éclatante possession d'Etat, le déplace-
ment de la relique en 1824 amena vite l'oubli avec le
silence. En effet, l'inventaire de 1825, dressé par ceux-
là même qui avaient établi celui de 1821, ne mentionne
ni la nappe des Trois gouttes de sang, ni l'humérus de
saint Corentin. Il est vrai que la première de ces deux
reliques reparut, quatre ans après, dans la chapelle des '
fonds, en 1829, mais elle reparut seule; ce qui laisse­
rait entrevoir plus qu'un effet de la négligence, l'in­
tention d'éliminer sans bruit, ni procès, l'antique relique
du premier évêque de la Cornouaille.
Cet état de choses, confirmé d'ailleurs par les leçons
du Bréviaire de 1834, qui s'arrêtait dans le récit des

vicissitudes du bras de saint Corentin, à la Révolution,
chercher à pénétrer, au-delà, le mystère de sa
sans
destinée, laissait carrière, depuis 46 ans, à ceux qui

en niaient l'existence, lorsqu'en 1870, le savan! auteur
de l"Hz'stoire ecclés~'astz'que, M. l'abbé Darras, en par­
courant une liasse de vieux manuscrits placés dans les
archives de l'Évêché, fut frappé des détails précis et
de la forme respectueuse et solennelle dans laqueJle
était rédigé l'un d'eux. Il venait de découvrir le pre­

mier authentique d'après lequel, le 10 mai 1623, les
l'abbaye de Marmoutiers consentaient, à
religieux de
au Révérendissime évêque de
l'unanimité,la concession
Cornouaille, Mgr Le Prestre de Lézonnet, d'une partie
du corps de saint Corentin. A l'acte figurent,entr'autres
signatures, celles des évêques de Quimper, de Sain1-
MaJo et du grand prieur de Marmoutiers. Au verso, se
trouve le procès-verbal de la livraison de la relique,qui
paraît être, dit le rédacteur, peu expérimenté en science
un os de la cuisse de saint Corentin. Le
anatomique,
sceau de l'abbaye,appliqué sur ce document,est confirmé
par la signature des deux évêques. Les principaux
authentiques renaissaient donc de leurs ' cendres.
L'attention éveillée les recherches se continuent et les
titres de la relique vont se succéder,sans interruption
ni lacune.
Au lieu de la déposer à la cathédrale, Mgr Le Prestre
de Lezonet l'avait conservée dans son château de Ker- .
en Scaër. A sa mort., le 8 novembre 1640, il en
végan,
fit don à sa cathédrale et la remise du legs par ses
exécuteurs testamentaires fut l'objet d'un procès-verbal
authentique) dat0 du même jour 8 novembre 1640 .

Il Y est dit : que les exécuteurs. testamentaires
auraient ouvert une grande armoire, dan~ lÇlquelle
ét~it ladite reliqlN~ qui est, l'os d'un <;l~s bras, de
l'épaule au coude ; env~loppé d'un ta,ffetas vert, dans
une petite ça'tsse d~ bois (1) couv~rtQ de papters et de

ficelles et qui, entr'autres cachets, avait recu celui d"un
sieur Texier, chanoine de Quimper, assistant l'Evêqre
de Cornouaille à la réception d~ ~823, et qui se trouvait
présent à l'établissement du présent procès-verbal.
Le papier collé sur la châsse fut déchiré, à la jonction .
du couvercle, qui fut ensuite fixé à raide d'un corgon.
Nous avons dan~ cette pièce l'indication exacte, de la
relique, de son enveloppe et le signalement de la boîte.
Le tout absolument conforme à ce qui existe aujour­
d'hui, tant à l'égard de la reliql\e, qu'à l'état de la
boîte ou châsse, où la déchirure du papier est appa-
rente.
Le bras, porté au trésor de la cathédrale,le 8 novem­
1640, y resta jusqu'au 3 mai 1643. Mgr du Louet, qui
bre
avait succédé à Mg~ Le Prestre, avant de célébrer
pour la première fois la fête de la translation de la
relique et de la porter sur le jubé, qui venait d'être

construit, voulut jouir de la vue de ces . restes vénérés.
La châsse fut ouverte, en pré.sence du Chapitre. Le
à côté de celui de ses
nouvel évêque apposa soo cachet

et fit dresser un 4 6\ procès-verbal, dans
prédécesseurs
lequel se trouvent rappelées les mentions concernant
la boîte, avec le détail des
l'état de la relique et de
signatures et seeaux précédemment apposés sur les
trois premiers authentiques.
(t) La boîte a ~O centimètres de long sur 30 de large et 20 de haut.

V oici donc les titres rendus à la grande relique;
mais à quoi bon" puisque les contemporains de 1824
et qu'il ressort des affirmations ou des
ont disparu
n'existe plus,
omissions plus ou moins ealculées,qu'elle
ait même gardé la trace des circonstances
sans qu'on
de la disparition.
Cependant l'archiviste Le Men, qui n'avait étudié la
question qu'avec les yeux désintéressés du savant,
disait à l'archiprêtre-curé de la cathédrale: Cherchez 1
dans l'église, ou dans les caves ou dans les combles,
bras de saint Corentin; et il répétait
vous trouverez le
en 1877, à la page 357 de sa Monographz"e de la cathé­
La relique du bras de saint Corentin existe
drale :
dans la cathédrale. Le secret de ses affirma­
encore
avait eu connaissance du
tions consistait en ce qu'il
procès-verbal dressé en 1795, que M. de Penfentenyo,
administrateur actuel de la cure de Saint~Corentin,

retrouvait récemment, à son tour, entre deux feuillets
de l'inventaire de 1840. Nous rappelons ici que déjà
en 1879, la relique elle-même avait été découverte par
la même personne, enfouie depuis 60 ans dans la pous­
armoire de la cathédrale ..
sière d'une
La restitution de la relique ne PQuvait plus faire un
doute. Elle s'imposait avec l'autorité d'attestations mul-
t tipHées, irrécusables, sans solution de continuité car le
procès-verbal de 1795, outre q.u'il était le seul témoignage
pOE/sible, au temps ' où iJ s'est produit, revêt, en outre,
tous les caractères de la sincé~ité et de l'indépendance,
car il ne faut pas oublier qu'en 1795 une déclaration .
pareille n'était pas sans danger, en face d'un pouvoir

qui restait hostile à tous les prêtres, jureurs ou non.
Nous arrêtons ici l'analyse de ce remarquable tra-

vail, que nous avons essayé de faire en noUs servant,
autant que possible, des idées et des expressions
mêmes de l'auteur. Nous ne devons pas cependant
omettre la discussion qui complète ce Mémoire, où
s'affirme l'esprit critique de notre savant collègue. La
forme précise de cette discussion, qui résume toutes
o les preuves. nous a porté à en donner une copie tex­
tuelle, à la suite du procès-verbal.
Enfin, dans son besoin d'exactitude, M. du Marhal-
lac'h demande à la photographie le témoignage sensi­
indications répandues dans son Mémoire, et il
ble des
y introduit un fascicule où se trouvent la reproduction
du second authentique et la représentation de la petite
châsse, avec toutes les particularités ressortant des
authentiques.
Après la lecture de ce mémoire, aussi intéressant
par son objet qu'à cause du voile qu'il lève sur plus d'un
détail de notre histoire locale, M. Luzel exprime à
M. le Président Trévédy tous les remerciements de la
Société archéologique, au sn jet du fragment si curieux
et si important du groupe équestre de Briec, dont il a
si libéralement enrichi le Musée d'antiquités de Quimper.
M. le Major Faty fait ensuite connaître que l'existence
d'un groupe similaire ou analogue lui a été signalé
à St-Cornely, en Languidic, près d'Hennebont, et qu'il
se propose de vérifier le fait. Le savant M. Alexandre
Bertrand, Conservateur du Musée de Saint-Germain,
de passage à Quimper, et dont l'attention avait été
appelée sur le groupe de Briec, a signalé à M. Luzel

un remarquable travail de M. le Conservateur du Musée
sur des monuments analogues
archéologique d'Epinal
trouvés en France et à l'étranger et qui sont de nature
à éclaircir sinon à résoudre le problème de la signifi­
cation du groupe de Guel1en. Néanmoins, à titre hypo-
thétique, M. Bertrand pense .qu'il pourrait être le frag-
IVe ou Ve siècle, représentant,
ment d'une œuvre du
sous forme allégorique, la lumière terrassant les ténè­
bres. Comme ce modèle paraît s'être 'multiplié en Bre­
tagne, il Y aurait lieu de croire que le christianisme
l'aurait adopté pour marquer son triomphe sur le paga­
nisme. M. le Major Faty préférerait y voir la légende
terrassant le dragon.
de saint Georges
M. Briot de la Mallerie fait don au Musée archéolo-
gique des fragments d'une. urne cinéraire trouvée près
de la chapelle de Saint-Germain, dans la commune de
Plogastel-Saint-Germain, en mai 1885, par les ouvriers
qui travaillaient au chemin de grande communica-
tion
Cette urne était parfaitement c.onservée et intacte;
les ouvriers l'ont brisée, pensant y trouver un trésor;
elle ne contenait que des cendres et des débris d'osse-
ments .
Des remerciements sont votés au donateur.
A cause des vacances, il est décidé que la réunion du
mois de septembre n'aura pas lieu.
La séance est levée à 4 heures .
Le Sscrétaire àdjoint,
SERRET .

Discussion des Preuves du MémoIre relatif au bras
Corentin.
de saint
Légè'nde placée e'n face du fascicule photographique.
La 'pl'emière photographie est la reproduction du second
atithèntique'. Il porte les signatures suivantes: ,
GUILLAUME, évêque de Saint-Malo;
Guillaume LE PRESTRE, évêque de Cornouailles;
Th. HARY. ODESPUNC. ' SYMON .

Par commandement de nosdits seigneurs les Evêques :
J. GERVAIS. LE TEXIER.

Au-dessous de cette première photograp!tie se tl'Ouve
la petite châsse, sur laquelle Oll'Temarqu'e ';
celle de
6.6. Des caractères màmiscri ts épars sur les papiers
qui furent collés à Marmoutiers.
4. Les bavures de ces papiers déchirés le 8 novembre
1840, au manOIr de Kervégan. '
3. Cordon qui servit le même jour à rattacher le cou-
vercle à la châsse, lorsqu'elle fut refermée.
5 . . Lenœudformé par le cordon surie milieu du couvercle.
22. De chaque côté de ce nœud, les armes de Mgr Le
Prestre de,Lézonnet apposées par les chanoines, après la
mort de l'Evêque, au manoir de Kervégan .
L Le sceau des 'armes de Mgr Le Gouverneur) Évêque
de Saint-Malo, le 10 mai 1823. .
8.8. Le sceau des armes de Mgr du Louët, apposé le
2 mai 1843. .
7. Le sceau des armes du chapitre, apposé par le cha-
noine Le Texier.
9.9.9: 'Les plis formés 'par le taffetas vert. Linceul de
la relique.
Les armoiries:
1° De gueule aux 3 écus d'argent semées d'hermines , -
LE PRESTRE DE LÉzoNNET.
2° D'azur à la croix, _aux étoiles et au croissant d'argent.
- LE GOUVERNEUR.
3° Voiré d'argent et de gueule. ' Du LOUET.
4° Un chanoine sur fond ' de gueule. . Le chapitre de
Quimper.

Les numéros indiqués en regard de chaque article cor­
respondent avec des numéro~ semblables placés sur la
photographie,en regard de l'objet signal~ dans la légende.
châsse, ces deux piéc~s ne .sont pas seq­
Authentique et
ment du même siècle, de la même année, du même mois,
elles datent de la même heure.
Pesons ces expressions de l'authentique : « outre no.s
seings manuels, nous avons apposé et mis Les sceau lx de
nos armes. »
« Nos seings manuels sur le parcherniIJ., Lf}s sceauLx de
nos armes sur la châsse .
Otez la châsse, les armes disparaissent, le procès-verbal
annonce des actes qui ne s'ac­
devient invraisemblable, il
complissent pas.
Je n'ai pas exploré sans ,quelque effroi l,es .~ceaux em­
preints su~ ~a châsse, Le ~Icroscope pouvaIt deJ?uer toutes
mes prévIsIOns. Mes cramtes f~.lrent. emportees . p~r le
dispersa leur pousslere; Je VIS auss~to.t les
souffle qui
30 hermines de Mgr Le Prestre se ranger sur ses .tr01s ecus­
d'argent. Vous pouvez voir comme moi la croix d'al'­
sons
gent de MlF de Saint-Malo se détacher sur son fond d'azur,
ait été écrit pour la
Est-il douteux que le procès-vel'bal
châsse et que le bras de saint Corentin ait retrquvè son au-
thentique '1 . .
petite caisse longue commence a l'ab- .
L'histoire de cette
ne finit pa!? en 1623 .
baye de Marmoutiers, mais elle
Elle est taillée à la mesure du bras de saint Corentin et fut
unie ~ son couvercle par du papier collé, lorsque Mgr Le
Prestre la porta à son manoir de Kervégan.
A sa mort, les chanoines de Quimper procèdèrent à une
nouvelle enquête. Ils déchirèrent le papier collé au niveau
du couvercle et ils endommagèrent quel­
du bord inférieur
ques-uns des cachets de Mgr de Saint-Malo, qui, au nombre
de huit, étaient apposés sur le périmètre de la suture. Les
deux côtés de la boîte furent rattachés par un cordon: son
nœud fut formé sur le couvercle et les chanoines qui si­
gnèrent le procés-verbal, mirent un cachet de l'évêque
défunt de chaque côté de ce nœud. Le chanoine Le Texier,
signataire d~s quatre procès-verbaux, avait apposé !e ca-
chet du chapItre. .

Le 2 mai 1643: Mgr du Louët visita la relique et sur les
4 faces de la chasse on retrouve son écusson.
Le 3 mai, elle fut portée sur le haut du Jubé et le déal
Chapitre nous montre avec quelles cérémonies on la
descendait, dans les jours solennels et pendant les grandes
calamités, comme en 1768 et 1782.
En 1795, elle fut placée dans un des tombeaux en bois .
par le brave maître-menuisier Sergent. C'est dans
fabriqué
ce tombeau qu'elle fut exposée, contre le grand pilier du
chœur; c'est dans ce tombeau qu'elle fut portée dans la
sacristie, en 1824, et qu'elle fut retrouvée, en 1879.
Nous n'avons encore dépouillé qu'un dossiel',et les autres
sont également chargés 4e détails minutieux. La distrac­

tion d'un rapporteur (2 authentique) eut suffi pour faire
naître un soupçon préjudiciable a mes clients .
. Je plaide les circonstances atténuantes.
Grâce pour les moines de Saint-Martin, a Marmoutiers,
peut être même à la Pierre-qui-Vire (1) n'y avait-il pas
d'anatomiste. '
A part cette réserve, ce que je demande a notre juge, c'est
n'ètre"pas indulgent. C'est d'ètre inexorable.
Vous trouverez, Monseigneur, la sainte relique parfaite­
ment conservée, dans son linceuil de taffetas vert. Elle
reposè dans la mème petite caisse Longue de bois, couv,erte
de papier, empreinte des sceaux de nos seigneurs les Evê­
ques. Son tombeau présente encore ses moulures et ses
couleurs.
Je me propose de faire passer sous vos yeux tous les
procès-verbaux revendiquent. Chacun répon­
objets que les
dra a son signalement, trait pour trait. Ici, point de grâce.
« Non transeat iota unum ant unus apex )). Chaque couleur,
chaque nom, chaque signature est a son poste. Tous les
rédacteurs des procès-verbaux ont été des, photographes .

(:1) Maison de l'ordre de saint Benoît à laquelle appartient Mgr l'Evê-
que de Quimper, à qui le Mémoire est adressé. .

SEANCE DU 29 OCTOBRE 1885
présidence de M. le Vicomte HERSART DE LA VILLEMARQUE
MEMBRE DE L'INSTITUT.
Étaient présents : MM. LUZE L, FATY, TREVEDY,
FOUGERAY, PABAN, LE MAIGRE, l'abbé PEYRON,
DE- HÉCOURT, HARDOUIN, DE BLOIS.
Depuis la dernière réunion, la bibliothèque de la
Société s'est enrichie des ouvrages suivants:
1 ° Bulletin historz'que et philologique, année 1885,

20 Répertoire des travaux hz'storiques, T. III.
30 Socz'été bretonne de géographie, Bulletin-n° 19.
40 Bulletin de lrt Société arch,éologique de iVan tes ,
T. XXIV.
50 Annales de la Société des Alpes-Maritz'mes, T. IX.
60 Journal des Savants, livraisons de juillet, août et.
septembre 1885.
Correspondance. Le Secrétaire de l'Académie
d'Hippone. propose d'établir un échange de pnblica­
tions entre les deux sociétés. Adopté. M. Serret
s'excl~se de ne pouvoir assister à la séance de ce jour.
Sous sa surveillance, on a placé dans les vitrines du
Musée de nombreux spécirpens du travail de l'homme
dans les âges préhistoriques. L'envoi de ces curieux
objets avait été annoncé par M. le comte de Limur,
dont chacun a gardé présent à l'esprit le savant entre-

tien sur ce sujet très peu connu .
La dernière circulaire du Ministère de l'Instruction
1 publique contient le programme du Congrès des Sociétés
savantes à la Sorbonne pour l'année 1886. Il a paru

utile d'en détacher la partie qui a trait aux études
hist.oriquGs, philologiques et 'ar'chéologiql1es. Voici ce
QUESTIONN AlliE: ,
Jo Mode d'élection et étendue des pou-
Histoire. -
voirs des (~éputés aux Etats provinciaux.
2° Les esclaves SUt les botds de la Méditerranée au

Moyen-Agt:!.
3° Récherche des documents d'après lesquels on peut
déterminer les modifications successives du servage.
40 Origine et organisation des anciennes corporations
d'arts et méi iers.
5° Origine, importance et durée des anciennes foires.
6° Anciebs livres de raison et de comptes et jour­
naux de famil le .
7° Liturgies locales antérieures au XVIIe siècle .
8° Origine et règ1ements des Confréries et Charités
antérieures at! XVlI@ siècle.
9° Etude des anciens calendriers.
10° Indiquer les modifications que les recherches
les plus l'éteules permettent d'introduire dans le
i ableau des constitutions communales tracé par
M. Augustin Thierry.
11 ° Des li vre3 qui ont servi à l'enseignement du grec
en France, depuis la Renaissance jusqu'au XVIIIe siècle.
12° Les exerc1<.:es publics dans les collèges (distribu­
tions de prix, Académies, représentations théâtrales,
etc.) avant la. Révolution.
13° Anciennes démal'cations des diocèses et des
cités de la Gaule, servant encore aujourd'hui de limites

aux départements et aux diocèses.
140 Etude des documents antérieurs à la Révolution,

la population dans une Hllcienne circol18cription civile
oU ecclésiastique. .
150 L'histoire des mines en France avant le XVIIe
siècle.
160 De la signification des préfixes EN et NA devant
les noms propres dans les chartes et les inscriptions en
langue romane.
170 Objet, division et plan d'une bibliogri-tphie dé-:
partementale.
A rcheolog't"e. . 1 Quulles sont les contrées de la
Gaule où ont été signalés des cimetières à intinération
remontant à unI:; époque antériel1re à la conquête
romaine? Quels 'sont les caractères distinctifs de ces
cimetières?
20 Dresser la liste, faire la description et recher-
che!' l'origine des , œuvres d'art hellénique, des ins­
criptiolls <. t des marbres grecs, qui existent dans les
collections publiques ou privées des divers départe-
ments. Distil1guer ceux de ces monuments qui sont de
provenance Iocal ,~ de ceL1X "qni ont été importt's dans
les temps modernes. .
30 Dresser la liste deN sarcophages païens sculpt.és

de la Gaule, en étudier les sujets, rechercher les don­
nées historiques et les légendes qui s'y rattachent et
indiquer leur provenance.
4° Signaler les nouvelles découvertes de bornes mi-
litaires ou les consbtations de chaussées antiques qui
peuvent servir à déterminer le tracé des voies ro-
mainr's en GémIe ou en Afrique.
50 Grouper les renseignements ' que les noms de

lieux· dits peuvent fournir à l'archéologie et à la géo.
graphie antique.
6° Signaler dans une région déterminée, les édifices
antiques de l'Afrique tels que arcs-de-triomp.he,
templt's, théâtres, cirques, portes de ville, tombeaux
monumentaux, aqueducs, ponts, etc., et dresser le
plan des ruines les plus intéressantes.
7 Etudier les caractères qui distinguent les diverses
écoles d'architecture religieuse à l'époque romaine, en
s'attachant à mettre en relief les éléments constitutifs
des monuments (plans, voûtes, etc).
8 Rechercher, dans chaque département ou arron­
dissement., les monuments de l'architecture militaire .
France, aux différents siècles du moyen-âge. En
donner des statistiques, signaler les documents histo­
riques qui peu vent servir à en déterminer la date.
9° Signaler les constructions rurales élevées par les
abbayes, telles que granges, moulins, étables, colom­
biers. En donner, auta.nt que possible, les coupes et
}Jlans.
10 Etudier les tissus anciens, les tapisseries et les
broderieR qui existent dans les trésors des églises,
dans les anciens hôpitaux, dans les musées et dans
les collections particulières.
11 Signaler les actes notariés du XIVe au X VIQ siècle,
contenant des renseignements sur la biographie des
artistes, et particulièrement les marchés relatifs aux
peintures, sculptures et autres œuvres d'art comman-
dées soit par des particuliers, soit par des municipa­
lités ou des communautés.

12 Etudier les produits des principaux centres de

fabrication de l'orfévrerie en France pendant le moyen­
âge, et signaler les caractères qui permettent de les
distinguer.
13° Quelles mesures pourraient être prises pour
améliorer l'organisation des musées archéologiques de
province, leur installation, leur mode . de classement
et pour en faire dresser ou perfectionner les catalogues?
Admission d'un nouveau sociétaire, M. Lorois, dé­
puté du Finistère, présenté par MM. de la Villemarqué
et Trévédy.
M. le ' Président communique les trois premières bon~
nes feuilles du Cartulaire de Landévennec, publié à
Rennes, par les soins de M. de la Borderie, sous les
auspices de la Société ar\.:héologique du Finistère.
Des remerciements chaleureùx sont adressés au sa­
vant et si obligeant éditeur.
distrait en ces derniers temps par des
Le public
préoccupations diverses, n'a pas suffisamment pris
garde à l'annonce de cette première édition <.:omplète
d'un document capital pour l'histoire de la Basse-Bre­
tagne. Il convient donc d'adresser un nouvel appel aux
sonscripteurs dans les journaux et dans les revues
savantes de la province. M. Trévédy veut bien se
charger de rédiger une nouvelle note dans ce sens.
M. Sébillot, qui, dès 1878, avait essayé de tracer
sur une carte la limite des différents dialectes bf'etons ,
expose dans un nouveau mémoire des idées assez
l'esprit, mais ne suffit ·
neuves, dont l'originalité frappe
pas, d'après M. de Blois, pour justifier la thèse de l'au­
teur. Celui-ci admet en principe que les dialectes
bretons correspondent d'une manière assez -exacte

aux limites des anciens évêchés; sur ce point peu de
contradictions: mais notre ingénieux confrère est-il
sûr de faire admettre aussi aisément l'origine très­
hypothétique à tout prendre, qu'il semble assigner aux
deux dialectes de Léon et de Tréguier? Cet autenr en
effet, après avoir remarqué avec sagacité que les deux
dialectes en question ne s'éloignent pas beaucoup de
la mer, ajoute qu'il doivent leur formation probable à
l'émigration des Bretons insulaires qui a eu lieu à
deux reprises différentes et qui, presque partout, s'est
arrêtée aux approches des montagnes. Au reste, le pro··
blème est maintenant posé et sa solution mérite d'exer­
cer la patience et la curiosité des philologues bretons.
. ~l. de la Villemaequé revient sur la découverte du
groupe équestre du Guellen, dont la signification et la
destination n'ont pas· encore été bien déterminées. Des
renseignement transmis fo r t obligeamment par le direc-
teur du musée d'Epinal, sont de nature à faciliter les
recherches. On a recueilli sur les bords de la Mosello
statue da même type que celle ('ont M. le prési­
une
èl fait si généreusement don au Musée et
dent Trévédy
qu'il a sauvée très à propos d'une destruction prochaine.
paraît-il, d'autres semblables sur les rives
Il en existe,
tiraient la même image
du Rhin. Les sculpteurs qui
des granits bretons et d8S pierres plus tendres des car­
rières des Vosges, s'inspiraient d'une même pensée et
vraisemblablement sous une forme
reproduisaient
ont voulu
convenue une allégori e populaire. Les uns
mythe païen, le soleil~ par exemple, triom­
y voir un
phant des ténèbres; d'autre3, une légende chrétienne:
Saint Michel terrassant Lucifer, le prince des mi-

lices infernales, ou encore saint Georges. Sur le terrain
des conjectures, on pourrait hasarder nombre d'expli­
cat.ions aussi satisfaisantes: la vérité est que dans
. l'état actuel de nos études nous ignorons complètement
le sujet de cette sculpture et. sa destination primitive.
M. dt la Villemarqué, conseille à cette occasion de
consulter un travail assez complet de M. Cerquand,
'nséré dans une des dernières livraisons de la Revue
Gelttque: L'auteur s'est appliqué dans cet article à
réu nir les légendes où l'imagination populaire a con­
servé j"histoire plus ou moins merveilleuse de héros
luttant contre des dragons. Il n'a oublié que notre roi
Arthur.
Un négociant de Quimper, M. Desrues, a recueilli
respectueusement dans sa demeure une petite statue
de saint qui provient, assure-t-il, de l'ancien moulin de
l'Evêché, détruit vrrs 1860. Il a autorisé M. Trévédy à
en faire l'exhibition devant notre Société. Une particu­
larité à noter, c'est que cette image se trouvait
placée dans un évidem ent pratiqué an centre d'une
pierre sculptée et était accompagnée d'un titre' en
parchemin: une dalle en ardoise recouvrait l'orifice de
la cachette. Le parchemin dont la lecture révèlerait
sans doute le nom du saint personnage est malheu-
reusement égaré,
M. Trévédy achève la lecture de son travail sur l'an­
cien Quimper et sollicite en terminant les critiques et
les rectifications auxquelles un ouvrage de ce genre
ne saurait échapper. '
. M. de la Villehlarqùé donne lecture de quelques
contes de' la Haute-Bretagne, sur la Mort et ses

'Voyages, recueilis par l'infatigable M. Sébillot, non sans
égayer ce sujet sinistre par quelques bonnes histoires
semblables dont notre Ankou breton fait l'objet.

A propos du mot A nkou, il raconte l'aventure pht
lologique très-divertissante, arrivée à un de nos plus

illustres celtisants coptemporains, M. Ebel, qui a pris
la signature de M. ENCINA, graveur parisien, pour le
nom d'un ancien dieu gaulois) et ~ démontré, avec force
arguments, et des meilleurs, l'identitéd'Ankou,d'Anken
et du grec Anankè « fatalité l ») avec l'honorab1e
M. Encina. Il y avait de quoi donner le coup de la mort
à un philologue; mais son étrange méprise ne prouve
rien contre une science où il était passé maître; elle
prouve seulement que les savants doivent être modestes.
M. de Baye, connu par des études anthropologiques
et archéologiques estimées) a commencé, en vue du
Congrès qui doit se tètlir à Athènes en 1886) à compulser
les documents propres à mettre en relief les progrès
opérés en France dans ces études depuis le congrès de

Lisbonne Des questions de ce genre n'ont pas été trai-
tées dans nos réunions, mais ceux de nos collègues qui
s'en sont occupés feraient acte de boune confraternité
en adressant leurs observations à M. le baron de Baye,
au château de Baye (Marne) .
La séance est levée à 5 heures.
Le Secrétaire,
Vte DE BLOIS .
ERRATUM. Au bas de la page i i 0 (Ménwi1'es), an lieu de Inburbs)
lire Suburbs.

SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1885

Présidence de M. le Vicomte HERSART DE LA VILLE MARQUÉ
MEMBRE DE L'INSTITUT "

Présents: MM. LUZEL, SERRET, TREVEDY, DE
BÉCOURT, FATY, LE MAIGRE et DE BLOIS.
Ouvrages déposés à la Bibliothèque depuis la der-
nière réunion :
1 ° Annales du musée Guimet, t. VIII. "
20 Revue de l'Histoire des Religions, t. XI et XII.
30 Société archéologique de B01'deaux, t. VIII.

40 Journal des Savants. Octobre 1885.
M. le Président annonce la. mort de M. Hénon,
membre fondateur de la Société, et se fait l'interprète
des regrets unanimes laissés par cet excellent confrère
dont l'obligeance et la courtoisie n'avaient d'égales
que sa haute probité et son amour du devoir.
Correspondance. M. Bigot s'excuse par lettre de
ne pouvoir assister à la séance de ce jour.
Mme Nelly Feltz, supérieure générale des Dames
de la Retraite, a offert à la Société archéologique du
Finistère, un sarcophage trouvé dans l'ancien chœur '
de la communauté de Quimperlé et qui semble gallo-
romaIn.
Des fouilles antérieures à celles qui ont fait décou­
vrir, sur les mêmes lieux, le tombeau de Jean de Mont­
fort et de son l:6roïque femme, avaient mis au jour,
dès 1876, le sarcophage monolithe en question. Il était
alors intact, mais par ignorance de sa destination

BULLETIN ARCHÉOLOG. DU FINISTÈRE. Tome XII. (1. re partie). 1.0

primitive, on le déplaça~ et il fut changé en réservoir.
C'est à M. l'abbé Euzenot, digne émule du savant abbé
Cochet, que revient l'honneur d'avoir constaté l'im-
portance de ce monument. Il en a fait l'objet d'un
très explicite à la Société archéologique du
rapport
dans le tome XII des Mémoires,
Finistère, publié

M. le Président est invité à exprimer officiellement
à Mme Feltz, et à Mme Sagot, Supérieure de la Maison
de Retraite de Quimperlé, les sentiments de grati­
tude de la Société archéologique du Finistère.
à nos compatriotes pour
Le dernier appel adressé
à leur connaissance l'ouverture d'une souscrip­
porter
tion destiné~ à couvrir les frais de la publication inté­
grale du Cartulaire de Landévennec, sous Is direction
M. de la Borderie et sous les auspices de notre
Société, n'est pas resté sans effet; de nombreuses de­
parts
mandes de souscriptions sont parvenues de toutes
au Trésorier.
Plusieurs libraires ont même proposé de prendre
leur compte un certain nombre d'exemplaires à des
sur ce
conditions diverses. Notre Compagnie consultée
maintenir les prix tels qu'ils ont été
point a décidé de
sur les prospectus, savoir: 5 francs le volume
portés
pour les Sociétaires; 9 francs pour ]e public. Ceux de
Messieurs les libraires qui se présenteraient dans notre
Société, obtiendraient seulement le privilège de pouvoir
à 4 exemplaires, aux cpnditions indiquées
souscrire
pour les Sociétaires.
M. Trévédy juge l'occasion propice pour demander
que l'on fixe d'une manière définitive le prix de chaque

volume formant le recuei 1 des publications d'une année
On ne s'est, en effet, préoccupé jusqu'ici que de déter­
miner la valeur de la collection complète des Bulletins
avis contradictoires, on décide que
de la Société. Après
antérieurs à l'année 1882 se
la vente des volumes
traitera au prix de 3 frallcs le volume: l'année 1882,
presqu'épuisée, ne sera vendue qu'en collection; enfin
à cette date,
les publications annuelles postérieures
coûteront 5 francs le volume. Néanmoins, les Socié­
à bénéficier des avantages précé­
taires continueront
stipulé" en leur faveur.
demment
M. de la Villemarqué recommande chaleureusement
la publication des Mélodz'es populaz'res de Basse-Bre­
tagne, publiées par notre confrère M. BourgauIt­
en vers par
Ducoudray, avec une traduction française
M. F. Coppée. Le nom des deux hommes qui ont uni
leur incontestable talent pour mener à bien cette œuvre
poétique et musicale est un gage assuré de succès (1).
Avant d'aborder les questions inscrite3 à l'or­
dre du jour de la séance, M. le Président ne résiste
au plaisir de lire la préface en vers de la vie de
pas
saint Guénolé, par Gurdestin, si merveilleusement tra­

duite et commentée par M. de la Borderie .

Cette lecture n'intéresse pas moins qu'une note con-
par le même auteur à expliquer le récit très
sacrée
exagéré du massacre commis à Quimper lors du siège
de 1344, massacre que l'injustice de beaucoup d'écri-

vains a attribué au malheureux Charles de Elois .
Il convient, en effet, de décharger la mémoire de ce

(1) Paris, LEMOINE et fils, éditeurs, 1.7, rue Pigalle. Prix net, 1.0 fr.

prince du reprot~he de crunuté que le chanoine Moreau
a renouvelé avec une certaine autorité daus Son his­
toire de la Ligue en Bretagne. M. de la Borderie ne
conteste pas toutefois les excès auxquels se livrèrent
le~ soldats entrés dans la ville prise d'assaut. Leur
cruauté fut mêrne peut-être excitée par la trahison
qu'Ollivier de Tinteniac, Jean Ruffier et Gilles de la
Berchère avaient découverte peu de temps auparavant;
mais est-il vrai que Charles de Blois eût donné des
pas empêchée?
ordres pour cette tuerie ou qu'il ne l'eût
Dom Lobineau, dans sa vie des saints de Bretagne,
a analysé la déposition de ce Gilles de la Berchère,
91 e temoin entendu dans l'enquête pour la canonisation
de Charles de Blois. Il y est dit en propres termes que
ce prince fit cesser,le massacre par toute la ville et se
à l'église pour la sauver du pillage; qu'il
. rendit aussitôt
la prit sous sa protection avec tous les prêtres, les
reliques, les ornements et tous les autres biens, défen­
dant sous peine d'être pendu de faire le moindre mal
aux ecclésiastiques et de les amener prisonniers,
quoique les Anglais n'en usassent pas de même à
l'égard des gens d'église de ·son parti.
Malgré cet évènement, la mémoire de Charles de
était restée populaire à ce point parmi les habi­
Blois
tants de la Cornouaille, que peu d'années après la
mort dece prince, on les voyait venir en grand nombre
et par dévotion pour visiter son tombeau dans l'église
de Guingamp. Ils n'y étaient pas seuls puisqu'on lit
dans le testament de Jeanne de Montbazon, vicomtesse
de Châteaudun ,. cité par André du Chesne, et rap­
porté à la date du 31 décembre 1394: ( Item je vueil

et ordonne que deux pélérinages soien t faits et accom­
plis. l'un à Saint-Gilles, en Provence, et l'autre à Saînt­
à Guingamp, et que à chacun desdits lieux
Charles,
soit présenté un cierge, chacun d'une livre de cire. »)
M. Trévédy, a inutilement cherché à se procurer la
Re1iue archénlogz"que dans laquelle a été inséréé la
description minutieuse de la statue équestre con-
servée au musée d'Epinal et des autres sculptures
sur les rives de la Moselle et du
analogues trouvées
Rhin. L'étude de ce mémoire donnerait sans doute lieu
à des rapprochements intéressants. La question, du
reste, mérite d'être traitée avec soip, car depuis que
l'attention publique s'est tournée de ce côté, voici que
l'on signale près de nous d'autres monuments de ce
M. Roussin en possède un sur son do­
genre. Ainsi,
et le dernier procès-verbal a omis de
maine de Kerlot,
menLionner celui que M. Luzel avait découvert il y a
plusieurs années à Plouaret, dans les Côtes-du-Nord.
Ce groupe offre une djfférence utile à relever: le
monstre placé sous les pieds du cheval a un buste de
femme, c'est le premier que nous ayons entendu citer
de ce genre. La Bretagne possède donc trois exem­
plaires d'un groupe qui a tous les caractères d'un
mythe 'populaire, sans compter la statue de saint Geor­
ges, signalée à une autre séance par M. Faty, dans la
chapelle de Saint-Cornély, dans la commune de Lan­
guidic. On nous promet un dessin exact de cette statue.
M. Luzel désire donner)lecture d'un charte de la fin
dn XVe sièc'le, communiquée par notre confrère M. de
Brémond d'Ars, président de la Société archéologique
. de Nantes, et conservée dans les archives de son

château de la Porte-Neuve, près de Quimperlé. Ce titre
rempli de détails curieux sur certains usages seigneu­
riaux, avait pout' objet de mettre fin à une contesta­
tion élevée entre le seigneur de la Porte-Neuve, de la
maison de Guer, et la dame de Hirgarz, dame de
Kermagoer, qui prétendaient l'un et l'autre au droit
exclusif de L'Ure dans la chapelle de Cargoët en Moëlan .
Le privilège de placer des tentures armoriées ~ l'inté­
rieur et à l'extérieur d'.une église, nous semble aujour­
d'hui chose de médiocre intérêt: mais en droit féodal il

en était autrement, et la L'l'tre était une sorte de cons-
tatation publique de la juridiction supérieure de son
propriétaire. C'est dans ce sens qu'il faut entendre
l'article 60 de la coutume de Tours, et mieux encore,
l'article 2 du chapitre 5 de la coutume de Loudun, en

Poitou, qui est ainsi conçu: ( Le seigneur chastellain
est fondé ct 'avoir la prééminence devant ses vassaux
ès églises estans en et de sa chastellenie comme d'avoir

et retenir listres à ses armes et timbres au dedans et

dehors desdites églises. ») ,
M. Serret fait don au Musée de quatre médailles
d'argent:
Une pièce en argent de Louis XIV.
LUDOVICUS XLIII. D. C. R. A.
REX 1675 FR. ET NA V ARR-LE.
Franc. Henri III.
Face. HENRICUS III, D. G~ FRANC. ET PAP.
REX. 1581.
Revers. - SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM.
Monnaie en argent du cardinal de Bourbon, proclamé

roi par le parti de la Ligue sous le nom de Charles X.
11 frappe monnaie . Mort à Fontenoy en 1593 .
Face. Une croix fieurdelysée. ~' CAROLUS DEI
G. FRANC. REX. 1590.
Revers. ' SIl' NOMEN DOMINI BENEDICTUML. A .

Le Franc et la monnaie du Cardinal de Bourbon ont
été trouvés au pied d'un mur que l'on était à réparer
à Audierne.
XI. Gros d'argent.
Louis

LUDOVICUS DELPHINUS.
SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM.
Blanc au soleil.
LUDOVICUS FRANCORUM, REX.
SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM.
Ces deux pièces viennent d'une trouvaille faite en
octobre 1885. En défrichant une partie du petit bois
en Plonéis, les ouvriers ont mis au
de Saint-Anne,
jour une bourse en cuir où étaient environ une cen­
taine de ces pièces.
Des travaux publics exécutés à proximité du bourg
de Kerfeunteun ont laissé à découvert, sur une certaine
longueur, une portion de la voie romaine qui se dirige
vers Châteaulin. Elle est en bon état de conservation

et sollicite la curiosité des promeneurs.
M. de la Villemarqué a entrepris une étude très-
nouvelle sur les Joculatores bretons. Sous ce nom géné­
rique on désignait la grande famille des jongleurs,
ménestrels, poètes et musiciens ambulants que l'on
rencontrait partout.
Le pape Alexandre III a eu souci du salut de l'âme de

amuseurs publics. Il était ce semble fort compro-
ces

mis, car le chef de la chrétienté ne permet aux confes­
seurs de les absoudre que dans des cas déterminés.
A ce propos, M. de Blois fait observer que ces Gengleurs
avaient parfois mau vaise réputation et que le substalitif
gengloz's, depuis longtemps tombé en désuétude, était
synonyme de tromperie, comme il l'a vu dans ces
rimes francaises : '
viéilles
Qu'il s'avoit fait comte de Blois •
Par son barat et par genglois,
Hâtons-nous cependant de faire une large exception
pour nos poètes populaires bretons.
Quelques-ulis d'entre eux, continue M. de Blois, ont
peu t,être joui dela faveur etde la familiarité de Richard
Cœur-de-Lion. Roger de Hoveden, écrivain du XIIIe siè­
cle et l'un des historiens de ce prince, a écrit en effet:
( Hic, ad aug'lnentum et famam sui nominz's, emendz'­
carmiluf et rythmos adulatorios comparabat : et
cata
de regno Francorum cantores et joculatores munerz'bus
allexerat, ut de z'llo caneï ent in platez's, et jam dicebatur
ubz'que ut non erat taUs z'n orbe. )
Mais l'heure qui avance ne laisse à M, de la Vil­
lemarqué le temps de nous apprendre le nom d'aucun
de nos vieux poètes bretons ignorés. A la prochaine
séance notre président continuera sa lecture,
La séance est levée à 4 heures .
Le Secrétaire ~
Vte DE BLOIS .

SEANCE DU 24 DECEMBRE 1885.

Présidence de M. le Vicomte HERSART DE LA VILLEMARQUÉ
MEMBRE DE L'INSTITUT
Étaient pi'ésents: MM. FATY, TREVEDY, DIVER-
RÈS FOUGERAY, BIGOT, MALEN, LE MAIGRE,

SERRET, VESCO, HARDOUIN.
MM. DE BLOIS et LUZEL s'excusent par lettre de
ne pouvoir assister à la séance.
Les ouvrages suivants ont été donnés à la Bibliothèque

la Société : .
• Bulletin historique et philologique. Année 1885, n° 2 .
Bulletin archéologique. Année 1885, n° 2 .
Bulletin' de la Société historique et archéologique de
la Thuringe, à Iéna. 4° vol. Cahiers 3 et 4.
Société bretonne de géographie. 4 année, n° 20. .
Recueil des publications de la Société Hâvralse
d'études diverses. Années 1880 à 1884.
Jonrnal des savants. Node novembre 1885 .

Rapports sur, les musées et les écoles d'art indus-
par M. Marius Vachon. .'
triel,
La parole est à M. Bigot. Il présente quelques obser-

sur les appréciations personnelles de
vations critiques
M. Palustre. M. Léon Palustre publie un grand ouvrage
qui a pOlir titre La Renaissance en France. Il y étudie

• époque~ dans les
les principaux monuments de 'cette
XIe et XIIe livraisons sont con­
différentes régions. Les
.à l'ancienne province de Bretagne. M. Bigot, ar­
sacrées
chitecte diocésain (1), dont l'éloge n'est plus à faire, a

(1.) M. Bigot a relevé, dessiné et étudié particulièrement une grande
. ~al't13 des princiI?aux cl.ochers ~t . monumen~s du Fini~tère. La pub~ica­
tIon de son travaIl seraIt un verItable serVICe rendu a ceux qui s'mté­

ressent aux études archéologiques et artistiques. .
BULLETIN ARCHÉOLOG. DU FINISTÈRE. Tome XII. (Ire partie). 1.1

étudié particulièrement les monuments bretons' sans

contredit il est celui qui connaît le mieux le style bas-
breton, si on peut appeler ainsi les légères modifications
qui, sans arriver à créer un style particulier, donnent
'à nos monuments une couleur locale.
cependant
Dans le cours de cette lecture, au sujet de l'ARC DE
SIZUN, M. Trévédy fait remarquer que les démarches
M.Bigot, père, et de M. Pénoux, ingé­
pressantes de
nieur en chef des ponts et chaussées, ont' fait classer,
du 7 mars 1884, l'Arc de Sizun au
par arrêté ministériel

nombre 'des monuments historiques (1). La rectification
" de la rou'te nécèssitait la démolition de cet important édi-
',,:- ' cule; mals, au Iuois d'octobre 1884, la commune de Sizun
, ". a voté une somme de 1,200 francs pour déplacer l'Arc et ' .
Je reconstruire un ' peu plus loin. Ce travail est urgent,
puisque la route est finie et que l'Arc est le seul obstacle

au passage; cependant, depuis quatorze Inois, rien n'a
été fait. ,
Il est décidé qu'une démarche sera faite au nom de la
Société auprès de M.le Préfet du Finistère pour que, selon
le désir de M. le Ministre des Beaux-Arts, il soit enfin "
donné suite au vœu de la commune de Sizun.
M. Diverrès présente un manuscrit qui lui a été confié
par les R. P. Capucins de Lorient, et donne les explica-
tions suivantes :
Terminé en 1759, ce manuscrit, qui porte, di~-il, le
titre d'histoire de Belle-lle est l'œuvre du R. P. Fran­
çois-Marie, de Belle-Ile, autrement dit [P. Le Galen, de

l'Ordre des Frères Mineurs Capucins.
Il forme un volume in-4° de 237 pages. Malheureuse-
ment une trentaine de ces pages ont été' arrachées, c'est
une lacune regrettable, qu'il serait cependant facile de
(i) Bulletin de la Soc. archéol. T. XI. Procès-verbaux, p. 42.

combler en s'adressant à la municipalité de Belle-Ile,
qui possède une copie de ce travail. .
Les Pères Capucins de Lorient sont devenus possesseurs
de cemanuscrit d'une façon assez singulière: « M. de La-
« 'marzell s~ promenant un jour aux environs de Sar­
« zeau dit [mon excellent ami le R. P. Emmanuel, dans

« l'avertissement qu'il donne en tête de son ouvrage, in-
« titulé : Histoire des seigneurs et du spirituel de Belle-
« Ile, rencontra des enfants jouant à la messe; leur
« missel n'était autre chose que le vieux manuscrit dont
« il est cas. Il l'obtint pour quelques pièces de monnaie,
« et en fit don au T. R. P. Louis' de Saint-Etienne, ex-
« provincial des Capucins de Paris, qui le laissa au cou:- "
« vent de Lorient. » , , .< " ,

Le R. P . Gardien des Capucins de Lorient a bien voulu

M. Diverrès,
me confier ce précieux manuscrit, éontinue
m'a permis de vous le com.mu:p.iquer aujour-
c'est ce qui

d'hui.
L~ R. P. François-Marie de Belle-Ile naquit au Palais, .
1676, il était âgé de 79 ans lorsqu'il
(Belle-Ile-en-mer) en
15 octobre 1755 (1). . •.••
commença ce travail, le
Ce manuscrit, qui n'a jamais été entièrement édité et
qui est écrit de la main du P. Le Galen, a dû être son

seül ouvrage, car son nom ne se trouve point dans la

bibliothèque des écrivains de l'Ordre.

M. L uzel communique. une lettre qu'il a recue de M. Har:'"
douin, demandant la reprOduction intégrale de la charte
à la dernière séance et qui contient de si curieux ren­
lue
seignements sur les Litres. M. Luzelfait observer qu'il a
et supprimé
donné tout le texte vraiment ,intéressant,
et' détails inutiles.
seulement l es répétitions
M. Serret donne ensuite lecture du travail de M. l'abbé
(i) Note du manu,scrit.

Abgrall~ sur une pierre tumulaire de l'église de Ploaré,
que la tradition populaire dit être la tombe de Marguerite.
Le Nobletz, sœur du célèbre missionnaire .
ly.I. le Recteur de Ploaré ajoute · quelques détails sur
ce mémoire. Il explique comment à la suite des invasions
Normandes, des reliques ont été transportées en lieu sûr,
et comment on en a distribué des !fragments dans divers
cathédrale's ét couvents .
M. Sen'et fait savoir qu'une tour et des substructions
été récemlnent découvertes dans un
. gallo-romaines- ont
champ appelé .L1!loguérou, entre le sémaphore de Combrit

et la route de la grève qui mène à l'Ile-Tudy .
M·. l'abbé du Marc'hallac'h fait don au Musée de
poteries, tuiles, fragments de marbres provenant de la
villa romaine du Pérennou.

M. Vesco a .fait hommage des planches xylographi-
ayant servi à l'impression de l'imagerie populaire
ques,
en Basse-Bretagne, qu'il avait présentées à la séance du
29 décembre 1883 (1).
Des remerciements sont votés aux généreux donateurs.
M. Trévédy donne lecture de quelques addenda à son

son travail sur la ville de Quimper.
La publication du Cartulaire de Landévennec est l'ob­
jet d'une active correspondance. Sur la proposition de
M. Hardouin, une Commission de trois membres est
nommée pour s'occuper de la question. Cette Commission
est composée de MM. Hardouin, Luzel et Trévédy.

La séance est levée à 4 h. 1/2 .

• Le Secrétaire-adjoint,

A. SERRET .

(1) BULL. T. X. p. ~16 .