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LE TOMBEAU DE JEAN DE MONFORT
PAn M. DE LA. VILLEMARQUÉ (t).
Il Y a un an, qu'en creusant un canal dans laba
cour des Dames de la Retraite. à Quimperlé, qui occuI
l'ancienne maison des Dominicains, on a découvert
tombeau. .
Immédiatement prévenus, le Président et le Vice-PrésÏc
de la Société archéologique du Finistèl'e se sont rendus
les lieux, où Mme la Supérieul'e ayant bien voulu mettI
leur dispositi')n le jardinier du couven t, sous la direction (
ingénieur civil, l'on a procédé a des recherches méthodiq
Ce l'apport est le résultat des observations qu'on .a faite
L' encein te dans laquelle la décou verte a eu lieu · et
n'a guère plus d0 dix mètres carrés, S'ouvl'e à l'o~est St
square de la communauté, au levant sur le verger; elle
fermée au nord pal' un four et la cage grillée d'un poulai]
à l'est par un pan de muraille en ruines" dans l'intér
de laquelle on remarque deux crédences ogivales et un
de colonne engagée, et par un appen tis cou vert 'en ardoi
Extérieurement, à l'angle oriental de la basse-cour, au-de~
. d'énormes assises de piel~re, s'élève un . vieux châtaig
touffu .
C!es~ au sommet de l'aire de cette basse-cour, dans r
de l'appentis, au point donné comme l'église principal
portant le n° 8, sur le plan de l'abbaye des Dominica
conservé aux A~'chives du Fini~:tère, que le tombeau a
trouvé.
(1) Rapport III à la séancc du '27 novcmbr0 j 884, de b So
archéologiquc du Fi nislèrc.
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n j t" .
Pour le dégager, on a commencé par enlever soigneuse
ment toutes les terres environnantes; trois côtés d'une
maçonnerie en gros moellons juxtaposés, unis au mor-tier,
n'ont pas tardé alors à paraître; .le quatrième côté ètait
démoli; pas de couvercle sur le tom beau.
. Nul doute que la sépulture n'eût été déjà violée. Ce doute
s'est changé en certitude quand on a procédé aux fouilles
dans l'intérieur. Après avoir enlevé quantité de carreaux
bruns et rouges armoriés, Ja plupart b/risés, 'débris évidents
d'un pavé de chp:mr, on a rencontr'é pèle-mêle quelques osse
ments et un crâne .
Aucun signe d'ailleurs, aucune inscription, aucun objet
de nature à éclairer l'exploration, si ce n'est les carreaux
en brique avec dessins j aunes ou blancs (1). .
Je me trompe, le fond du tombeau a présenté une parti
cularité remarquable, et l'un de nos cv .lfrères les plus com-
pétents en fait d'anciens tombeaux, nous l'a signalée: il est
garni d'un dallage en pierres, signe caractéristique d'une
époque bien déterminée, Ja première moitié du . XIVe siècle .
Une seconde observation importante résulte des dimen-
sions du sépulcre: sa largeur est la même d'un bout à l'autre,
et elle dépasse du double les mesures qu'on avait lieu
d'attendre: il a 85 centimètres de large. Les tombeaux
én maçonnerie du temps où ils .étaient d'un emploi général,
étaient : .. u contraire fort étroits, et ne présentaient que la
place du corps, selon M. l'abbé Euzenot; il est vrai que
l'on tapissait les bières de plomb; mais un corps, même
• enfermé dans une châsse en bois recouverte de plomb 'serait
loin de remplir tout l'espace compris entre les parois laté-
. raIes de celui qu'on a découvert .
La question est donc de savoir s'il a été construit pour
recevoir deux cadavres; elle sera examinée plus tard.
J (t) Un (J'eux porte une tour, la tour de Navarr;e; un autre une fleur
de lys de iotI!le archaïque ct dift'érente de'plusieursautres moins anciennes .
A peu de distance, ,et' rangés parallèlement, mais sans
cercueil, six cadavres ont été retirés de tetTe, mêlés a des
débris de bois; le dernier portai t encOi'e au tour de la t6te
les restes d'une couronne de cheveux. '
Appelé a donner son avis touchant les ossements trou vés
dans la tombe en maçonnerie, le médecin de la commu-
nauté des Dames de la Retraite, a bien voulu faire le rap-
port suivant, à la demande de Mme la Supérieure .
« Ce jourd'hui, 6 décembre 1883 ... je me suis rendu chez
les Dames de la Retraite, a Quimperlé, pour y examine!' les
débris d'un ou 'de plusieurs squelettes trouvés tout récem
ment dans une mêrne tombe, sur le terrain de la commu- .
nauté, etconstater', autant que possible, l'âge, le sexe, la taille
des individus dont on me soumettait les reliques .
« Mon attention s'est tout d'abord portée SUI' 'un crâne
auquel manque un fragment de la partie droite du frontal
et la moitié antérieure du pariétal .droit. J'ai pu restituer a
quelques-uns de ses points d'attache, le temporal droit dé
sarticulé, et juxtaposer à sa partie supérieure, la base du
maxilla'L'e supèrieur, désagrégée pat' la vétusté .
« Ce crâne, à grands diamètt'es, est celui d'un homme; il
mesure 51 centimètt'es de circonférence. Les dents c2nines
ét les incisives, une grosse molaire et une petite molaire, à
gauche, sont seules absentes des alvéoles. Toutes les autres
dents existent, revêtues de leur émail parfaitement con
servé : ce sont assurément les dents d'un adulte, dans la
force de l'âge. ,
« Cet examen du crâne a été suivi de celui des os longs .
« J'ai reconnu quatre tibias, symétl'iques deux à deux ...
ayant appartenu à cleux in di vidus différents- : deux tibias
plus gréles, de 34 centimètres; deux plus longs, de 3? centi
luètres; mesut'e qui, d'aprés les tables d'Orfila, accordent
à l'individu porteur des pl'emiers tibias une taille de
1 m. 53 c., et au porteur des seconds, 1 m. 77 c.
« Je reconnus également un calcanéum gauche avec
l'astragale, quatre fragments d'humérus, deux fragment~
de cubifus, un fragment de péroné, trois métatarsiens, un
bout de clavicule, quelques fragments d'os de la base du
crane. . -
cc Les deux tibias plus courts (34 centimètres), aux apo-
phises moins volumineuses, aux tubérosités pour insertions
musculaires moins saillantes, semblent avoir appartenu à
une femme. 11ais je ne puis i'ien affirmer.
'« Il est aujourd'hui reconnu que l'expert, en l'absence
ne peut établir que des probabilités rela-
des os pelviens
tivement au sexe ...
« En foi de quoi j'ai signé lé présent rapport que j'ai
désiré rendre le plus conforme à la vérité.
4: Quimperlé, 6 décembre 1883.
c( E. MARTIN,
« L()cteur-~Iédccin. »
Un nouvel examen, en date du 30 janvier 188!, n'ayant
offert au consci~ncieux Docteur aucun de ces. os pelviens,
sur le sexe d'un des
ou du bassin, il persiste dans son doute
individus examinés par lui, croyant toutefois qu'il y en
avait deux dans le tombeau, dont l'un moins grand, avec
des proportions plus grêles.
crâne de ce dernier ne lui a même pas per
L'absence du
mis d'en fixer l'âge, comme il l'a fait approximativement
pour l'autre" dont il a constaté absolument le sexe. Quant
à l'ancienneté des restes que l'on trouve e'n terre, la science
. anatomique ne peut guère la constater avec précision.
L'histoire offre un chronomètre plus certain: c'est donc '
,à, elle que nous devons nous adresser maintenant.
'\i LLEIlN AnCHÉOL, DU FINISTÈRE •. , TOlllE XI (Memoires.) 18
III
Les archives particulières du couvent des Dominicains de
Quimperlé et les archives générales de notre province nous
répondron t.
Nous avons d'abord le rapport fait sur son abbaye, au
Père de Sainte-Marie, le 22 décembre 1643, par le Père
Yves Pinsart, alors prieur (1).
Fondé vers l'année 1254 par Blanche de Navarre et de
Thibaut, et connu sous le nom breton
Champagne, fille de
de A bbaty-Guen,q'.li signifie en français l'A bbaye Blanche
ou de Blanche (2), le couvent des Dominicains de Quim-
perlé était une des deux maisons de plaisance qu'avaient
la Duchesse et son mari, Jean Le Roux, duc de Bretagne,
au bord du Léta, dans la forêt de Carnoët. Grâce à sa piété
.le parc seigneurial., délicieusement situé au pied
généreuse,
d'uri côteau dédié à saint Davy, le patron des anciens Bre
tons, devint l'enclos des enfants de saint Dominique; leurs
jardins descendaient jusqu'au fleuve, et les servitudes mo
nastiques s'étendaient jusqu'au point où l'ElIé se marie à
l'Izale.
La fondatrice qui partageait ses faveurs entre l'abbaye
de son nom 'et l'abbaye de Prières, où l'on priait Dieu pour
les naufragés des côtes de Bretagne, et l'abbaye de la Joie,
près Hennebont, dont on vit souvent l'abbesse (( malgré son
titre à la douleur en proie», dota non moins richement les
Lêta : elle leur alloua une rente de quatre-
Dominioains du
vingt-seize livres à prélever sur les revenus de la châtellenie
leur donna le droit de colombier, de four à ban, de
ducale,
foires franches, de prendre leur bois de chauffage dans la .
forêt de Carnoët (40 charretées), et les tint quittes de
certains impôts.
(1) Voir le Bulletin de la "Société archéologique du Finistère, III, ' 149. '
(2) Notice SUl' H.edené (1777) Ibidem, IV, 168 •
En échange, les religieux lui promirent ce à quoi elle
plus: trois cent soixantè-trois messes à perpétuité
tenait le
(une par jour) pour elle-même, et des services nombreux ·
pour ses parents défunts. Le plus illustre d'entre eux, celui
réunissait, comme on l'a dit, toutes les vertus d'un
qui
grand saint à toutes les qualités d'u!! grand roi, Louis IX,
devait être l'un des premiers il en profiter:.la pieuse et cou
rageùse femme, on le sait, l'avait suivi en Terre-Sainte, à
la croisade de 1270, avec son mari, son fils et sa belle-fille,
et été témoin de la mort du héros chrétien .
Lorsqu'elle l'eut suivi au tombeau (1283) et qu'elle y eut
trouvé la vraie joie, dans sa chère abbaye d'Hennebont, ses
protégés de l'Abbaye Blanche eurent dans les ducs Jean II,
Jean III et Arthur II, puis dans Jean de Montfort-l'Amaury
et l'incomparable Jeanne, des imitateurs de sa charité.
« Feu mon seigneur et père, écrivait leur fils, le Con
quérant, à la date du 23 janvier 1384, avoit une grande
affection pour eux. » (1). ,
. D'après les archives de l'Abbaye Blanche, cette maison
était si chérie des ducs qu'elle « leur a servy des confes
prédicateurs et bons officiers » (2). Attirés par les
seurs,
bons exemples des religieux et leur piété, la fondatrice et
son mari auraient même « demeuré quelques années en ce
couvent. »
Que Jean de Montfort et son épouse Paient aussi visité
n'en saurait douter. On ne peut douter davan
souvent, on
tagede l'irifluence qu'exercèrent sur eux leurs confesseurs,
prédicateurs et bons officiers de l'abbaye. .
Qui sait s'ils n'attribuèrent pas aux prières de leurs
fidèles serviteurs réclatante victoire remportée pat leurs
armes dans les plaines qui dominent le couvent ~ Froissard,
on se le rappelle, raconte que les tenants de Jeanne de
(1) Bulletin, lIT, 136.
(2) Ibidem, 150 et 1lSL
Montfort, du haut des murailles d'Hennebont, son impre
nable forteresse, conseillaient en riant, aux assiégeants
d'aller quérir du secours dans le cimetiére où dormaient
leurs compagnons, aux champs de Kemperlé .
en soit, longtemps avant l'invention du télé
. Quoi qu'il
graphe électrique, plus d'un sympathique courant existait
entre le parti de Jeanne, c'est-à-dire toute la Basse-
Bretagne, et sa fidéle Abbaye . : les Frères prêeheurs bre
tonnants ne devaient pas moins bien la servir que ses gens
d'armes.
C'était du reSle de bonne guerre, et personne alors n'y
trouvait à redire. Le pieux Charles de Blois n'avait-il pas
lui-même, sous le froc, ses a~ôtres aussi passionnés' r Il
répondait très-sagement à ceux qui blâmaient son riva] :
«( Vous ne parlez pas bien; mon ennemi croit avoir aussi
bon droit que moi; il défend sa cause., comme je défends
la mienne.» Mais en vrai chrétien, il gémissait de
cette lutte fratricide et on l'entendait souvent dire : « Il
eût mieux 'valu pour moi être moine que Duc de Breta
. gne !. ... Le pauvre peuple ne souffrirait pas tant des
querelles où je suis engagé malgré moi. Quand donc sera-
t-il délivré dès n"iisèresqui l'accablent à mon sujet? >.) (1) .
De telles paroles font trop d'honneur au cœur humain,
pour qu'on ne les rappelle pas. _ .
Ce qui n'est pas moins honorable pour Jean de Montfort,
et je ne puis résister au plaisir de citer le fait, d'à,utant plus,
dit Lobineau, qu'il est resté ignoré des historiens de Breta
gne, c'est la belle conduite du prisonnier du Louvre dès sa
sortie de captivité.
van t de songer à a 11er a Lond l'es sollici ter le secours d li
roi d'Angleterre contre le roi de France, son geôlier, il alla
droit à Avignon trouver le pape pour le solliciter en laveur
(1) Dom Lobincall, He des Sa~'nts de Bretagne, in-fo, 285 •
de son comriatriote, Yves de Kaermartin, dont il demandait
la canonisation, par reconnaissance .
.« Malade et mourant, désespéré même des médecins, dit
le duc de Bretagne, devant le consistoire, je me suis voué
à dom Yves, et jai été si parfaitement guéri, grâce à lui,
que deux ou trois jours après, j'ai eu la force d'aller à pied
saint » (1) .
au tombeau du
C'est Clément VI lui-mêm.e, qui constate le témoignage,
quatre ans après., dans un discours du 18 mai 1347; mais
il eût pu constater un autre miracle non moins éclatant en
voyant deux adversaires, brouillés à mort et qui ne s'abor
daient que l'épée à la main, se donner cette main, et récon
ciliés pour un -moment, jurer sur les reliques de saint Yves,
qu'il était la plus grande gloire de leur duché de Bretagne.
Tous les partis, dit Lobineau, s'intéressaient en effet
également à une canonisation o.ù les deux premiers témoins
furent les chefs mêmes de ces partis. .
Quand le mari de Jeanne de Montfort revint d'Angleterre
à Hennebont, « las et tOUl'men té d'ennuys et de tristesse »(2),
retrouver celle qu'il allait laissér veuve, avec un enfant de
ans, eût-il la consolation que Dieu donne parfois à
tt'ois
ceux qu'il châtie avec de la gloire? Il serait doux de le ·
savoir, et que le saint, son protecteur, l'a encore assisté, au
lit de mort.
En attendant qu'elle poursuivît le cours des succès que
l'univers admire, l'héroïque veuve s'occupa des funérailles
de son mari qu'elle fit transporter à l'Abbaye Blanche (sep •
. . (~ Il avoit voulu, assure Yves Pinsart, que
tembre 1345)
son corps fust enterré au chœur dudit couvent des Domini
» Elle se conformait à ses désirs. En consé-
cains (3).
(0 Dom tobineau, ibidem, p. 255. 270, 272.
(2) Veniens ex ArJglia lassus et ·mœrore confeclus (Chronicum Bri
tannicum, ad annum 1345, D. MORlCE, C, 113. Cf. P. LE BAUD, Histoir
de Bretagne, 297 .
(3) Bulletin de la Société archéologique du Finistère, III, 151.
« que·nce il fut ensepvely au couvent des Jacobites' ou Domi-
« nicains de Kemperlé », dit Pierre Le Baud ; mais il
pour faire preuve d'impar'tialité, ,
ajoute immédiatement
peut-être aussi pour ne pas contrarier les Bénédictins :
« d'autres dient qu'il fût premièrement inhumé en l'abbaye de
translaté chez les
Sainte-Croix dudit Kemperlé, et depuis
Jaco bites (1). »
. L~endroit précis de la sépulture était indiqué par une
inscription en vers latins placée au-dessus de la porte de
la sacristie de l'église, et composée vers l'année 1635, par
le prieur: les deux derniers vers de l'épitaphe qui en avait
six, étaient : .
• Uxor cum nato rem perficit, ossa que chari hic
Conjugis ad medium majoris colIo :::at arœ .
« Sonép'Ouse avec so~ JUs acheva l'œuvre, et fit déposer
les ossements, de son cher époux, ici, en face du maître
autel (2).» . ' '
Le prieur fait cette remarque importante, qu'avant la
chûte de l'église.J qui s'écroula vers l'an 1592, faute de
sans ' doute, « l'on a veu, au chœur
solides fondements
du couvent, url cénotaphe ou fausse-chasse couverte de
à fleurs de velours noir (3). »
drap d'or
Ce cénotaphe ne = fut point rétabli après la chûte de
et le drap mortuaire en or, aux fleurs noires en
l'église,
velours, pas davantage, car Ogée ne parle que du tombeau
de bronze où fut mis le duc dans l'église des Dominicains
et de la pierre tombale marquée d'une simple croix en relief
r~couvrait (4) .
qui le
(1) Histoire de Bretagne, lac. citat. ch. 36.
(2) Bulletin, III, 101. . .
(3) Ibidem.
(4) Dictionuaire historique et géographique de Bretagne) 2 édit. l, 141
et li, 429 •
De leur côté, les Dominicains, dans l'inventaire de l'ab
baye, a la veille de lel,ll' expulsion, n'en font pas mention;
ils déclarent seulement (2 février 1790), et la déclaration de
vait étl'e fatale, que « vis-a-vis du maître-autel, repose
bronze, le corps de Jean de Montfort,
. dans un tombeau de
la fameuse et belliqueuse comtesse de Monfort. »
époux de
Ils avaient déçlaré, dans le même inventaire, qu'il « fût
inhumé en présence de Jean IV, son fils, et des Etats
assem blés (1) ». .
Quatre ans après, Cambl'y, président du district de
Quimperlé, parlant des Dominicains qu'il traitè de « fu
rieux stupides, qui devaient servir le plan de monarchie
universelle,. conçu par les pontifes romains, » style du
enterré sous
temps, répète que le comte de Montfort fut
le grand autel de leur église de Quimperlé. .
« On lisait il y a peu de temps, dit-il, son épitaphe au-
dessus de la chapelle de saint Hyacinthe, » une des cinq de
l'église (1), et il cite ou plutôt il écorche les vere latins du
prieur Yves Pinsard, heureusement copiés par l'abbé de
S'il faut en croire l'abbé, une inscription, ainsi
Boisbilly.
aurait fait le tour de la pierre:
• conçue,
HIC JACET JOHANNES DUX BRlTANNIJE ET COMES MONTFORTlS
QUI DECESSIT xx SEPTEMBRIS ANNO M CCC XL v,
ORATE PRO EO .
La pierre portant cètte épitaphe aurait recouvert le sé-
pulcre en bronze, placé au-dessous du pavé du chœur, à
fleur de ce pavé. Toutefois, le plan de l'abbaye, dressé avant
la démolition de l'église, ne l'indique pas.
j L'A nnée terrible, comme dit Yictor Hugo, arrive
passons; nous avons d'ailleurs pour principe d'éviter tout
ce qui divise, et de chercher tout ce qui rapproche.
(1) Hullelin, III, 1!S8.
(t) Voyage ùans le Finistère, 1 édit.; III, 82 .
Nous ne connaissons, du reste, pour cette année., qu'un
acte de vente de l'Abbaye à un fourn~seur de l'Etat, au
port de Lorient, aussi acquéreur du chàteau de Leslay,
rasa; son fils la revendit, le 26 germinal an IX, aux
qu'il
époux Maistre, de Quimperlé, qui cédèrent la propriété,
par acte de vente du 12 janvier 1808, pour le prix ' de
75 cent., à Mlle Marie-Charlotte de Marigo, et à
ses compagnes, grâce à la piété desquelles l'Abbaye Blan-
che retrouva sa destination primitive. -
Logées tant bien que mal dans ce qui restait du couvent,
elles se dévouèrent avec zèle àl'œuvre des retraites breton-
nes et à l'éducation des petites filles de la campagne.
Mais quelle gêne dans les premiers temps! La Sœur
chargée de la sacristie regrettait surtout labelle argente- '.
rie de l'église abbatiale. Qu'étaient devenus la grande
croix d'a:rgent·, les deux chandeliers d'acolytes, l'encensoir,
:le 30Ieil, ' le ; saint'~cib _oire, les tr618 calices,-les deux burettes
avec le .' plateau,les deux statti~ttes . d argent qu'on portaIt
. aux p~océssionset dont l'une,' celle de l'Enfant Jésus,
contenait une parcelle. de .la Sainte Robe, donnée par le roi
Henri IV, çl'Apglete~re (1399-1413) ; ces objets précieux -
avaient-ilseulesqrtd~:s vase'ssacrés des communes rurales,
llépioré inênie par:Gan1bry? Et les trois cloches de la tour ~
Après sa démolition, avaient-elles été fondues, comme le
plomb du clocher Saint-Michel, comme le cuivre de
statue d'Alain Cagnar'd, contre la destruction de laquelle
Cambry proteste au nom « des monuments des arts (1). »
Du moins, une chance plus heureuse était réservée à
un objet d'une grande valeur, mentionné .avec tous les
autres, dans les deux inventaires de l'église : le fameux
reliquaire d'argent du XVe siècle, ce que les paysans
appelaient la Chapelle d'argent, n'était pas perdu: on pou-
(1) Le Finistè~e, III, 8J, 92. -
vait le voil' SUl' le nouvel autel, comme SUl' l'ancIen, encore
. exposé quelquefois à la vénération des fidèles .
Le 27 avril 1809 fut un jour mémorable pour la maison
des Dames de la Retraite; on dressa ce jour-là un acte inti
tulé: Procès-verbal relatif ci un Reliquaire qui a appar
tenu à la l'r1aison des Dom~nieain8 de Quimperlé; il vaut la
peine d'être cité in-extenso: ce n'est pas ici un ho1's
d'œuvre:
« Le vingt-sept avril de l'an mil huit cent neuf, Nous
curé de la paroisse de Ste-Croix de la ville
Michel Henry,
de Quimperlé, et Pierre Le Flô Branho, chanoine honoraire
et supérieur des dames Ursulines de ladite ville de Quim-
perlé, commis par Monseigneur Dom bideau de. Crouseilles,
évêque de Quimper, baron d'empir~, rri~mbre' de la Légion
d'honneur, â l'eft'et de rapportel' état f?t 'pr()cês-verbal d'un
reliquaire qui nous a été p~ésenté, et présùrriéa~6oi:r appar-
tenu à la maison des ci-devant 'bomlnicains :'de 'la même
ville de Quimperlé; eri -~o'nséq~ence hous ' n~:Us- sdmmes
réunis, ce jour, et avons procédé à ç~tté appréciation comme
suit: . ' .. : : .
Extérieur du Relfquaire: . ".: .' : . . .
« Ce reliquaire en forme de quaré long présente, a son
premier aspect, une petite chapelle dont la toitu're est il,
l'impériale; sa longueur, en mesurant par le socle, est de
14 pouces, à hauteur moyenne 12 pouces et demi; sa partie
supérieure 10 pouces, sa largeur dans la base est de 4
pouces 4 lignes, et dans la partie supérieure d'un pouce
10 lignes, sa hauteur est de 8 pouces. Aux quatre coins,
sont de petits pilliers en bois des isles, tournés, de la hau
teuI' de neuf pouces' 3 lignes, emboîtés dans des tuyaux en
tout surmonté, au milieu, d'une tour en argent et
argent, le
en galleries, de la hauteur de sept pouces, de forme exa ..
gone, aiant à son sommet un anneau rempli par les Armes
de Bretagne, des deux c6tés.
« Le coffre de ce reliquaire est en bois couvert d'une pla
tine en argent élégamment ciselée aveé figures et ornemens
en vermeil, et attachée audit coffre par une quantité de
petits clous .
« Dix ouvertures en forme de fenêtres se trouvent dans sa
hauteur moyenne, et dans le devant de la partie antérieure
qui représente la toiture sont sept ouvertures dont cinq cir
culaires, la sixième elliptique et la septième rectangulaire.
« Sur le sommet de la toiture sont encore deux ouvertu-
res circulaires et deux autres de la même forme aux deux
. bouts, le tout:destinê à la montre des reliques.
« La partie postérieure présente égalernent dans sa hau
teur moyenne dix ouvedures aussi en forme de fenêtres et
trois ouvertures circulaires sur là toiture, le tout destiné
à orlJ.ement,~ 'excepté l'ouverture circulaire du milieu qui
présente une relique.
« A la partie antérieure du socle se trouve attaché un
médaillon dont le contour est en argent ciselé, couvert d'u'n
à points, sous lequel on voit l'image de la
cristal convexe
Ste-Vierge prêsentant le rosail'e â St-Dominique.
« Après l'examen ci-dessus de rextérieur du reliquaire,
à l'effet
nous avons fait appeler Joseph Guillerm, serrurier,
·de séparer la platine d'argent du coffee.
« Nous rapportons avoir trouvé dans l'intérieur de la
tour une relique aiant pour inscription ces mots: des onze
1 miLLe vierges. ' A l'ouverture elliptique, une relique avec
l'inscription: Vera Crux: à l'ouverture circulaire, au-des
sous de la précédente, une relique avec l'inscription: De
sepulchro Domini; dans la partie à droite de l'ouverture
rectangulaire, une relique avec l'inscription: Vera spina, et
à celle de gauche, une relique avec l'inscription: De mo
numento Domini .
« Dans l'une des deux ouvertures circulaires placées aux
deux extrémités du rectangle des reliques, l~s inscriptio'fls
de St-Jean-Baptiste et du soulier de la Vierge. Dans deux
autres ouvertures circulaires, sur la toiture, les reliques de
St Maurice et de St Gudo ; que dans toutes et chacune des
autres ouvertures, nous avons trouvé des reliques dont,
par vétusté, les inscriptions étaient ou illisibles ou anéan- .
oU confondues. Le fond de toutes les ouvertures est
tie8
garni d'étoffe de soie cramoisie et les reliques garanties par
des verres simples .
Intérieur du coffre.
« Aiant rempli cette partie de notre commission, nous
avons fait ouverture du coffre par espoir d'y tro~.ver quel-
ques écrits probataires de l'auteriticité 'du- toüt; 'nous nous
sommes aperçus avec douleur que ce coffre ne contenait
aucune trace ni aucun vestige dJunpareil monument .
« Par suite de notre commission nous avons fait appeler
Ml' Le Moign, recteur de Redenné; 'Pierr~-Louis Michel,
maire de la même commune; Yves Fichoux, marguiller;
François Ervan, propriétaire-cultivateur, et Pélagie Fichoux,
aussi de la même commune, lesquels nous ont d'une voix
dans l'opin.ion que ce
unanime déclaré avoir été consfament
avait appartenu a la maison des Dominicains de
reliquaire
et que depuis plusieu'rs années il était conservé
Quimperlé
par la commune de Redenné .
« Pélagie Fichonx a ajouté avoir caché chez elle ce reli
dans les temps orageux de la Révolution, et que
quaire
dans un temps plus calme elle le remit audit Pierre, recteur
de Redenné, lequel présent a reconnu la vérité de cette
partie de la déclaration de la dite Fichoux et a dit lui-même
en avoir fait la tradition à l'un de nous
soussIgnes en pre- .
sence des dits Yves Fichoux et Michel.
« François Ervan a ajouté à sa déclaration avoir vu ce
reliquaire chez l'ancien recteur de Redenné et que celui-ci
a, à différentes reprises, certifié qu'il provenait de la mai-
son des Dominicains de Quimperlé. .
« Le frère Raymond Le Coquil, ancien Dominicain de la
maison de Quimperlé, également appelé par nous, nous a
sur notre interpellation, la description
fait de mémoire,
d'un reliquaire que, dans son temps, dans cette maison, on
exposait à la vénération des fidèles, et à la première repre-
sentation du reliquaire, soumis à notre examen, il en a
reconnu l'identité, et nous a proposé de le certifier en quel-
que ce fut, s'il en est requis. '
que manière
« Ensuite nous avons fait arjpeler François Dodeur, et
Hyacinthe Le Moign, anciens habitants de cette ville, aux
quels nous avons fait les questions suivantes:
, « D. Vous rappelez-vons d'avoir vu dans l'église des
Dominicains de cette ville un reliquait'c richement orné ~
Oui.
L'exposaIt-on a la vénératIOn publique!
Oui; et on le portait processionnellemen t.
« D. S'il vous était représenté le reconnaîtriez-vous 1
« R.- Oui.
« En l'endroit nous avons représenté aux dits Dodeur et
Le Moing le reliquaire qui fait l'objet du présent.
« Ils ont avec enthousiasme et spontanément dit: Ah!
le voilà, c'est lui~même! et ont ajouté que tous leurs con
citoyens feraient la même déclaration qu'eux, parce qu'il
est de notoriété publique ql.\e ce reliquaire existait dans le
couvent des Dominicains de Quimperlé .
« De tout quoi nous avons rapporté le ' présent pour être
soumis a :Monseigneur l'évèque, sous nos seings les dits
jour et an .
« ~E FLÔ DE BRANHO,
« Chanoine honorllire de Quimper. »
« HENRY,
« Î.ul'é de Quimperlé. ))
Si l'émotion des diverses personnes appelées en témoi-
gnage fût grande, quelle dût être celle du dernier fils de
saint Dominique a la vue de l'écrin 'sacré contenant dE's
reliques d'un prix inestimable, parmi lesquelles il pût en
d'autres de vieux saints du pays: Colomban,
distinguer
Hervé, V énael, Y dunet, toujours sous la garde des Hermi-
nes bretonnes?
En compagnie des religieuses de la Retraite, vivaient alors
des veuves d'officiers de la marine française et quelques
dames peu fortunées auxquelles elles offraient unasi1e. .
C'est il, l'une de ces respectables pensionnaires, veuve
au service de la patrie,
d'un capitaine de vaisseau mort
qu'est due la seule inscription qu'on trouve parmi les ruines
de l'ancienne église du cou vent. Toute fruste qu'elle est,
elle mérite d'être citée: on lit sur une stèle en granit, de
32 centimètreJ;; de haut sur 40 de large, encastrée dans la
déja indiqué, au-dessus du tombeau pré-
façade de l'appentis
sumé de Jean de Montfort: .
FAIT PAR M. V.
IHS
BRINDEION
Madame de Brindejonc, en plaçant ainsi son nom mo
deste entre les deux signes qui figurent les deux noms
les plus saints, et en les accolant aux fleurs de lys de
Fi>ance, voulut laisser, avec un témoignage de sa foi reli
gieuse et patriotique, un souvenie de l'autel renversé (1).
Une autre fondation attribuée à Mme de Brindejonc, est
l'oratoire de Sainte-Anne, souvenir aussi de l'église détruite,
et placé dans son encein,te. Une précieuse note, écrite il
y a longtemps, et restée entre les mains de Mme la Supé
rieure de la maison, donne la date de la bénédiction: ({ Les
Pères Simpson et de Grivel sont venus à la Retraite en aoùt
1818, pendant une retraite française, et le 21 juin 1819;
ils y ont resté, chaque fois, deux jours francs. La petite
Sainte-Anne a été bénite le mardi aprè4 le
chapelle de
21 novembre 1818. »
C'était donc dans l'intervalle de leurs visites à la commu
nauté, et l'on peut croire qu'ils n'ont pas été étrangers a
l'idée dé la construction de ce petit monument expiatoire.
. Le vieux châtaignier qui remplace l'ancienne tour, où
, « les trois Cloches» sonnaient encore en 1790 (2), est le .
dernier témoignage de la piété des dames pensionnaires.
Celui-là, on peut le dire, est un arbre sacré, et j'espél'e
bien qu'on le respectera.
J'ignore depuis quand les colombes du voisinage viennent
s'y poser et gémir; à coup sûr c'est depuis qu'elles n'ont
plus pour asile leur colombier féodal que je retrouve au
n° 15 du plan de l'Abbaye, avec la mention: cc Bâti du, temps
des Ducs ». Pour elles aussi je demande le respect; n'offrent_
elles pas un symbole touchant ~ Mgr de Saint-Luc, évêque
de Cornouaille, le rappelait à sa sainte niéce Victoire,
(1) Une croix en picrre porrant d'un côté Jî~sus, M ,lIlIA, DOMINICUS,
ct de l'autre les armes des :Frèl'es prêcheurs, avec la date 1640, était
debout, Rvant 1793. sur le pont Saint-Dominique tV.le Bulletin, 111,139).
- Les Brindejollc, seigneurs de Birmingham, de Tréglodé, paroisse
d'àrgent p. une souche de
de Landujan, évêché de Saint-Malo. portaient
jonc, arrachée de sinople, accompagnée de trois canettes de sable.
(P. deCollrcy). '
(2) Bulletin, Ill, p. 145.
dam'e de hi. Retraite de Quimper, en lui annonçant, dès le '
21 novembre 1783, des circonstances terribles qui se soat
trop rèalisées, mais aussi en lui indiquant le vrai refug~ .
Si nous voulons enregistrer les plus récentes opinions
touchant le lieu de la sépulture de Montfort, nous trouve
rons dans l'édition d'Ogée de 1843, un article de M. Aymar
de Blois relatif à la question. Il était neveu de cet abbé de
Boisbilly, qui copia exactement l'épitaphe de Jean de Mont-
et il l'a transcrite, dit-il, « d'après la copie éCl'ite de sa
fort,
main» (1).
« Il ne reste plus aujourd'hui au couvent de la Retraite,
poursuitM. A. de Blois, aucun vestige ni aucun souvenir de la
sépulture du comte de Montfort. Toute trace de cettesépul
ture a dispal~u avec l'ancienne chapelle qui .a été démolie,
et la tradition n'apprend même pas si les restes de ce pel'
sonnage, jadis si célèbre, ont été transférés dans un autre
tombeau ou s'ils reposent encore dans le sol qui les reçut
En 1847, un professeur du collège de Quimperlé, M. Da
niel, a répété, d'après Ogée, que Jean de Montfort a été
inhumé dans l'église des Dominicains, dans une tombe de'
pronze, recouverte d'une pierre tombale, marquée d~une
simple croix en relief .
assure que la chapelle Saint-Hya
Le même professeur
cinthe, sur le mur de laquelle Cambry a lu les vers latins
qu'il estropie, était « une petite chapelle funéraire, tenant à
l'église principale, et que sans doute elle fut faite pOUl' ren-
fermer le tombeau (2) .
Reproduisant ensuite l'allégation de M. de Blois, qu'il ne
(f) Nouveau dicHonnaire historique et géographique de Breta
gne, Ir, 431.
(2) Histoire de Quimpellé, t 6.
reste plus aucun véstige ni aucun souve'nir de la sépulture
du comte de Montfort, si ce n~est la petite chapelle sépul
crale, il conclut qu'il n'en sait pas plus long quela tradition,
laquelle, d'après lui, serait parfaitement muette touchant
les restes de . cc personnage. '.
:Mais au bout de sept ans., l'opinion de M. de Blois s'était
modifiée, et dans sa notice historique sur la ville de Quin~-
perlé (1849), il se pose cette question: « Que sont devenues
les cendres du comte de Montfort ~ » et il répond : on n'en
sait rien; se bornant à conclure : « il est li croire qu'elles
qui les reçurent d'abord (1) »). Ceci était
reposent au lieu
la critique mème, et une critique bien digne du savant
archéologue breton.
En·fin., en 1865, un antiquaire non moins autorisé,
M. Pol de Courcy~ dans la Bietagne contemporaine, clot
par ces paroles la liste des historiens qui ont traité la
question du tombeau de Jean de Montfort: « échappé à
grand peine aux dangers de la malheureuse expédition sur
Quimper, en 1315, il mourut peu de jours après, à Henne
bont·, et . fut inhumé dans l'église des Dominicains de
Quimperlé (2).
Il cite aussi l'épitaphe copiée par l'abbé de Boisbilly;
qu'il croit authentique, et les vers composés à la mémoire
du duc de Bretagne par le prieur de l'Abbaye Blanche ..
Arrivé moi-même au terme d'un r~pport qui aurait gagné
à étre fait par l'autre témoin de la découverte, ce cher et
clairvoyant confrére que nous avons perdu, je dois conclure:
({) pe édition, p. 23; 2 édition, par M. Audran, f881, p. 59-.
(2) Le Finistère, p. 3J. .
malgré plus d\llle question délicate encore a résoudre, je
dirai avec l'auteur des Confessions: Et ego credidi prop
ter quod et loquol·.
Oui, je crois à la découvel'te du tombeau de Jean de
Mont-fort, et voilà pourquoi j'ai pris la parole (1).
(1) (( Il descendait cn droite ligne de Lou!s-Ie-Gros, l'oi ùe France ...•
Quoique Charles de Hlois se présentàt comme étant aux droits d'une
héritière de la mai50n de Penthièv.re, l'intérêt ne laisse pas de se portel'
ver~ Jean de Montfort. La force d'àme de sa jeune épouse n'est pas la
st'ule cause déterminante de celle Caveur. L'on "oit évidemment que la
province est pour lui, que la grande masse le soutient; ct le "œu
national, en se manifestant, légitime sa cause. C'est un peuple que l'on '
vieut attaquer dans ses foyers; ce sont ses villes que l'on assiège: la
force de l'étranger est appelée à la soumettre.
u ' La résistancc acquiert alors un caractère légal, ct l'héroïsme d'une
f~mme qui vient jetcr son épée daos la halance, achève de conciliel' :~ œ
parti tous les suft'rages. La lutte des deux maisons de Blois ct de Mont
est la plus btlle époque de l'histoire de Bretagne .
fort
(l Si les I).!itiofis sont toutes destinée;; à avoir leur siècle d'héroïsme,
c'est incontestablement ici qu'il faut placel' celui de la vieille Al'mo~
riqlle. n. (DARU, ùe l'Académie française, Histoire de Breta!Jne, Il, 79 et
97, Pans, f826). Il .
BULLETIN AnCIlÉoL. DU FINISl ÈUE. -- T01UE XI (Mémoires). 19