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XII.
NOTICE SUR M. AUDRAN
Par M. DE LA VILLEMARQUf: (1).
Dans le procès-verbal de notre séance du 24 juillet der
nier, M. Aymar de Blois, se faisant l'organe de notre com
pagnie, s'exprimait ainsi:
« M. de la Villemarqué a le regret d'annoncer que la
santé de M. Audran, vice-président de la Société, n'a
éprouvé qu'une légère amélioration, depuis notre dernière
réunion; nèanmoins, ses amis espèrent que la cure entre
prise à Cauterets, sur le conseil des mèdecins, aura les
plus salutaires résultats et permettra prochainement à notre
sympathique confrère de reprendre ses études et la place
si .distinguée qu'il occupe au milieü de nous. »
L'espoir des amis de M. Audran, et nous l'étions tous ici,
ne s'est pas réalisé; il s'est éteint le 9 septembre 1884.
Jean-François-Marie Audran ... né à Quimperlé, le 20 sep-
tembre 1828, n'avait que cinquante-six ans, il promettait à
sa ville natale, il promettait à l'érudition bretonne, de longs
sa' tombe, en -
services; M. Luzel les a appréciés, devant
termes émus: -
« Je ne viens pas, a-t:-il dit, faire un discours, ni le pa
négyrique de l'honnête homme, du savant et de l'ami qui
prématurément: tout a mes regrets et a ma
nous quitte si
douleur, je n'en aurais en ce moment ni le pouvoir ni le
courage. Je viens seulement adresser un · dernier adieu a
M. François Audran, au nom de la Société! archéologique du
Finistère, dont il était Vice-Président, et l'un des collabora
teurs les plus sympathiques, les plus laborieux et les plus .
Le Président de cette Société, M. de la Villemar
instruits.
qué, se fut, certes, mieux acquitté de ce devoir douloureux,
mais, d'autres obligations le tiennent éloigné en ce moment,
(1) Notice lue dans la séance du 16 octobre 1884.
et il doit le regretter bien vivement. Du' moins, avons nous
l'assurance que dans un des plus prochains Bulletins de la
Société archéologique rlu Finistère, il parlera de notre ami
commun comme il ]e mérite et rendra pleine justice et à
l'homme de cœur et de bien et au savant distingué dont le
nom se rencontre à presque toutes les pages de ce recueil.
« M. Audran avait le goût, on peu.t dire la passion, des
recherches et des études historiques et archéologiques.
« I~ apportait dans tous ses travaux un esprit judicieux et
honnête, soutenu par une excellente méthode critique.
« Aussi, a-t-il souvent éclairé et parfois trouvé des solu
tions nouvelles et définitives sur plusieurs points obscurs
ou controversés de notre histoire locale. .
« Quimperlé surtout et son ancienne ,abbaye de Sainte
Croix étaient l'objet constant de ses préoccupations et de
ses recherches, et leur histoire, dans ses moindres détails,
n avaIt presque plus de secrets pour lui .
(( Ceux qui 's'ocçtiperont plus tard de ces mêmes ques
tions trouveront le teuain déblayé, les difficultés aplanies,
et seront tous ses obligés. .
(( M. Audran possédait encore d'autres titres à la recon
naissance de sa ville natale. On sait, en effet, qu'il l'admi
nistra comme maire pendant plusieurs années, dans des
circonstances difficiles, et de maniére à emporter, en se
retirant, l'approbation, i'estime et les sympathies de tous
ses concitoyens. .
(( Les qualités dominantes du caractére de notre -ami
étaient l'honnêteté., la bonté et 'la bienveillance. .
« Nous ne craignons pas de trouver de contradi~teur
en affirmant que jamais on ne surprit sur ses lèvres ou
dans ses écrits une parole blessante ou simplement désa
gréable à l'adresse de qui. que ce ~oit.
« Quimperlé perd en M. Audran un de ses enfants les
plus doux, les plus distingués et qui lui feront le plus
d'honneur. »
Votre Président n'aurait rien à ajouter à ces éloges Si
on ne lui avait rappelé un devoir que sa présence au .
Congrès de l'Association bretonne l'a empêché de rem
plir, et dont il est heureux de s'acquitter, au nom de la
Société archéologique du Finistère.
n'a pas attendu ce jour pour 10 faire: pen
Du reste, il
dant le Congrès même, il a rendu hommage au savant dont
l'Association bretonne déplore aussi la perte, comme d'un
de ses .(lignes auxiliaires; on peut lire dans la Revue de
Bretagne et de. Vendée (VI, 239);
« M. Audran, à. peine enseveli, a déjà. été l'objet d'un
souvenir digne de son zèle et ~e sa probité scientifique. »
La probité et le zèle, deux qualités distinctives de notre '
confrère, ont, en effet, marqué toutes ses études, monogra-
phies pour la plupart, sans· autre prétention que l'exacti
tude, ce qui ne l'a pas empêché d'al;river quelquefois à. la
perfection ..
Dès l'âge de 25 ans, au Congrès breton de Vannes, où il
était placé, comme rédacteur, dans le bureau des communes
du Morbihan, il prenait des leçons du directeur de la classe
d'al'chéologie,M. de Blois, et de M. de la Borderie, alors à.ses
débuts, et il en profitait si bien que notre regretté Président
voyait en lui l'espoir de la Société finistérienne. Aussi, dès
qu'il la rétablit, en 1873, fit-il appel à. des cartons qu'il
savait on ne peut mieux garnis; c'est ainsi que . notre
Bulletin s'enrichit, pendant douze années, des tra\:aux
suivants:
Excursion archéologique de Quimp'erlé au Pouldu, rive
. droite du Laita. (T. I, 68).
Analyse du procès entre la dame de Moëlan et le recteur .
de la paroisse, au sujet de certaine redevance féodale, con-
sistant en une paire de gants. (lb. 114).
Mémoire sur les Dominicains de Quimperlé, avec piècel!!
justificatives. (T. III, 133).
N otes sur une découvertetde monnaies près Quim perlé.
(T. IV, 50). _ . .
Notice sur la paroisse de Redené,près Quimperlé. (Ib.158).
Le Papegaut de Quimperlé. (T. V, Il).
Les Ursulines de Quimperlé. (VI, 34).
Le Château de Quimperlé. (T. VIf, 97). .
La maison et le mobilier d'un magistrat
breton, au
XVIIe siècle. ·(lb. 103) .
Le tumulus de Mahalon. (lb. 138).
L'Ile de Seins ou de Sizun. (T. IX, 14).
Notice sur la Société archéologique du Finistèl'e.
(lb. 206 et T. X, 165). -
Tant d'études solides et choisies auxquelles il faut ajou
ter une nouvelle édition de l'histoire de Quimperlé, par'
par M. Audran et en train de
M. de Blois, fort augmentée
au mOyEm des nouvelles recherches publiées
l'être encore,
cette année même, ne devaient pas rester sans récompense.
L'auteur reçut de ses confrères du Finistère la plus flatteuse
assurément: trois fois nommé leur vice-président, il le fut
de sept Congrès bretons et obtint, sur notre demande, les
sa vie.
palmes académiques, la seule ambition de
Cependant, il en était une plus importante, que ses meil
leurs amis eurent la consolation de voir réalisée: croyant,
il finit par mettre carrément ses pratiques d'accord avec
ses croyances . .
trahirent son cou-
Au dernier moment, quand ses forces
rage, son admirable sœur prit sa main défaillante et l'aida
a achever le signe de la croix et du salut.
elle-même