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Bulletin SAF 1884


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Procès-Verbaux

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SEANCE DU 26 JANVIER 1884

Présidence de M.le Vicomte HERSART DE LA VIL~EMARQUE
. MEMBRE DE L'INSTITUT .

Étaient présents '; MM. AUDRAN, LUZEL, FOU-

GERAY, DE BÉCOURT, TRÉVÉDY,SERRET, FATY,
HARDOUIN, LE MAIGRE, BIGOT et DE BLOIS. "
Envoi d'ouvrages :
1 <> BuJleü'n du Comité des Tra?)aux kt"stor'l'ques,

numéros 1 et 2, et Repertoiy'e, t. II.
2 Journal des Savants, livraisons d'octobre, novembre

et décembre 1883. . .

3° Bullet'l'n de la Société académz'que de Brest,
t. VIII. .
Admission, comme sociétaires, de M. Sonier-Dupré,

çlirecteur du journal l'Union monarch'l'que, présenté
par MM. Trévédy et Serret ;

. . De ·M.· De La · Lànde de Calan, de Quimper, par les .

mernes .

M. le Président, ' au nom de ses confrères, félicite

M. Audran de sa nomination comme officier d'Aca-

démie. Aucmies palmes, dit-il, ne pouvaient être ni
, plus méritées, ni mieux portées que celles accordées,
sur la demande de la Sociéte archéologique du Finistère,
à notre savant et laborieux Vice-Président.
Deux autres membres de la Société, ajoute-t-il, ont

reçu en même temps la récompense -de travaux qui
nous honorent; l'un, notre. éminent historien breton,
. M. Arthur de la Borderie, a été nommé Correspondant .
,de l'Académie des Inscriptions et Belles - Lettres;

l'autre, M. le comte .de Brémond d'Ars,. marquis de

Migré, a été élu Président de la Société arc4éologique

de Nantes.

Le dernier cou l'riel" du Sénégal a apporté' enfin lé
catalogue du Musée archéologique, dressé par Mlle Le
Men, avant son départ. Il est entre les mains de

M. Audran, ami de la famille.
travail est réclamée depuis fort
L'impression de ce
longtemps. M. Trévédy demande à qui incomberont les

frais dè publication. M. Mallen regarde la question
comme très ,intéressante pour le budget de notre
Société. . ,

M. de Bloisr'~ppelle que dans une séance précédente
notre confrère M. Hémon avait conseillé de solliciter
, unè subvention spéciale du Ministère de l'Instruction
ayant été ouvert pour perm'ettre à
publique, un crédit
l'Etat d'encourager les Sociétés départementales qui " ' ,

entreprendraient la publication de catalogues de '

, musées ou collections historiques.

MM. Faty et de Bécourt estiment qu'avant de prendre
aucune décision, il conviendrait de procéder au l'écol­
lement des objets indiquÂs dans le mémoire de Mlle Le
, Men, de contrôler l'exactitude des désignations et de
avec soin la provonance ou l'origine de .
rechercher

chaque article. '

Aimablement interpellé par M. le Président, qui lui .

donne la parole, M. Hardouin s'excuse de ,ne pouvoir
, encore donner lecture de son compte-rendu des tra va ux
du dernier congrès de Douai; de nombreuses occu-

pations l'ont empêché de le terminer dans le délai qu'il ,
s'était précédemment fixé. , '

M. de Blois lit un important mémoire de M. Abgrall
où ce '~avant ecclésjastique entretient ses collègues de
la découverte qu'il a faite à Pont-Croix d'une chambre'
funéraire ancienne et des résultats de son exploration

du monument.
archives contiennent 42 collections complètes
Nos
des bulletins imprimés de la Société,. plus un grand
nombre de numéros dépareillés dont quelques-uns

forment cependant des années entières. Sur la propo-

. sition de M. 'frévédy il est convenu que chacune de

ces 42 collections formeront un ouvrage entier dont il
ne pourra être distrait aucun fascicule. Les autres
'livraisons pourront seules être demandées et vendues

isolément. ' .
La Société fait hommage à la YillE? de Quimper, pour '
être déposée dans la bibliothèque municipale, de la

collection complète de ses publications depuis l'année

· ' .. : . . ' Dons faits au 1VI usée :

10 médailles ou monnaies anciennes offertes par
M. Huon, instituteur à Guengat;
121 monnaies ou médailles anciennes et modernes;
pÇJ.r M'. Louis Hémon, député du Finistère, et indiquées
par lui comme provenant de la collection de M. Guyot,
de ConcarneaU'. '

. La séance est levée à 5 heures.
Le Secrétaire,

Vte DE 13LOI8.

DOCUMENT INÉDIT
Le 17 octobre 1881 (1), la Société a entendu la lecture

-d'une notice rédigée sur les notes de M. Le Men, concernant
Jean et Nicolas de Coetanlem, originaires de Morlaix ou de
Saint-Pol-de-Léon. Le premier devint amiral de Portugal
(vers 1484), le second, fut armateur de la caraque la Co.,.-:­
deLière (1500), qui, d'aprés la tradition, fut construite au
. port du Dourdu, dans la rade de Morlaix. .
Le 10 aoùt 1512, la Cordeltère, montée par le capitaine
.' Porzmoguer, combattit contre deux navires anglais près du
raz de Saint-Mathieu, à l'entrée de la rade de Brest.
Au nombre des pièces justificatives imprimées à la suite

de ce~te notice se trouve le récit de ce furieux combat, où

la -Cordelière brùla, après avoir coulé un des navires
ennemis et brûlé l'autre (2) .
Les documents authentiques sur la famille de Porzmo-

guer sont extrêmement rares; en voici un retrouvé aux·
Archives départementale's :
Nous COMMISSAIRES DES ETATS DE BRETAGNE Certifions
avoir vu Lextrait baptistaire DEscuier Jean Baptiste René
De porsmoguer fi~s De Messire ollivier marie de porsmo­
guer et dame françoise fiot seigneur et dame de la ville­
neuve né Le, 27 feuvrier 1746 Baptisé Le 1 e. 1' mars suivant
Signé En la dellivrance J : legleau Recteur de Ploumoguer.
AUTRE Extrait Baptistaire DEscuier ollivier ' marie De
porzmoguer fils D'au tre Escuier René de porsmoguer et de
dame marie magdelaine De Kerleau seig1'. et dame de la
villeneuve né Le 4° aout 14]6 Baptisé Le 6 dudit mois signé
. . En la: ,dellivrance J : Legleau Recteur De ploumoguer .
AUTRE Extrait Baptistaire D'Escuier Rene. De porsmo­
guer fils De Messir~ Christophe de po,rsmoguer et de . dame
marie RouxeI. seigneur ' et damè de porsmoguer né Le

17 8 e.1681 baptisé le 1 Cl' Xhre DIt an signé En la Dellivrance

(1) Voir· {881, page 143. •

(2) Fage 1.64. •

.J : LnglpttU RcctüUl' de ploumogucr, ' .
AUTRE Extl'ait Baptistair'o D'oscuier Cht'ÎRtophe de [>o['s­
. 'e' fils D.I:!.scuier René de POt'S noguel' etdedame Leve­

m~gu ~uibael' né Le 2 Septembre 1637. Baptisé Lelande-
naise b Il' J'l' C . r. 1
' SI' O'Ilé Enlade IV rance a, : l wu ure ue p oumoguer.
maIn b . .'
ET Copie Collationné De Larret De noblesse obtenu
Le 17e Juin 1670 par Ledit Escuier René de porsmo­
o'uer pere de Christophe, ayeul de René, bisayeul d'ollivier
~lal'ie Et t1'isayeul De Jean Baptiste René de porsmoguer
~uer a été maintenu dans sa noblesse Comme Issus d'an­
gi-enne Extraction noble. Ledit Collationé l'aporté par Le
res
Coat et gourhant no royaux abre~t.1e 16 X bro, 1757 . ..
Controllé a Bl'est Le landemain par nlllheu et Legahzé par .
Le Sr Carquet Lieutenant de la Cour Royalle de- brest ~e '
Dixneuf dudit mois. .
Nous Certifions de plus que Led Escuièr Jean Baptiste
René de pOl'smogue.r proposé Est par son peu de fodune , .
Dans Le Cas De Concouril', Donné au palais Episcopal à
Leon Le 23 X bre 1757. .

Les bphémùides de L'A nnuaire de la lvl al'ine consa­
Cl'ent, dans les termes suivants, le souvenir du combat ou
Porzmoguer perdit glorieusement la vie, en attachant son

navire comme un f)['ûlot, aux navires anglais:

« 10 août 1513. Bataille de Saint-Mahé gagnée par
« la flotte fl'ançaise sur une flotte anglaise: héroïsme 'de
« Primauguet, commandant de la Corcleltere.

Si la date de 1513 donnée par Dom Lobineau (p. 833) est
discutable, il n'en est pas de méme de la substitution de

Saint-lVlathieu à Saint-lldahé.J doilt le nom est moins

usité aujourd'hui. Ce qui importe surtout, c'est de rendre'à

l'héroïque amiral breton Hervé de PorzlUoguer,son vrai nom, .
en Primauguet. Qui le croirait ~ Deux navires de
clènaturé

la flotte ont successivement porté ce faux nom depuis 1852

, Le premier, lanc8 à " Brest le 15 sèptembre de la méme
année, a été rayé des listes de la flotte par décision du
3 mai 1877. Mais voila q ll'un alltee et sous le même nom

. BUtLETlN AnCIlI~·.OL. DU FINI"TE', °1·· .. - T )"I Xl (1 pal'tl'e)

tronqué, a été lancé a H,ochef'ort, f'n septernbl~e 1882! Du
moins, au tableau d'arrière, a-t-on éCl'it correctement la
devise bretonne de Porzmoguel': Val' VOl' ha var ZOUal'
mer et sur terre):

(Consulter la Biographie bretonne de M. Levot. t. Il, p. 649, et
le Nobiliaire de Bretagne, de M. Pol de Courcy, édition de 1846,
p. 317, à l'article POnZMOGUlm).

, SEANCE DU 28 FEVIUER 1884

Présidence de M. AUDRAN, Vice-Président .

Etaient pré~ents : MM. FATY, SERRE'!" MAL.LEN,
HARDOUIN, CANVEL, TRÉVÉDY, BIGOT, LE
MAIGRE, LUZEL , FOUGERAY ~ DE BECOURT"
VESCO et DE BLOIS. '.
M. de la Villemarqué, retenu par l'état de sa santé
, s'excuse de ne pouvoir assistér à la séance de ce jour.

Au nom de M. de Brémond d'Ars, M. de Blois dépose
sur le bureau 'le remarquable disr,ours prononcé par
notre confrère en prenant possession du fauteuil de la
présidence de la Société d'archéologie de la Loire·
Inférieure et dont celui-ci a tenu il faire hommage à
notre Compagnie. .
M. R'ené Kerviler a également adressé à la Société .

à l'étude des
un mémoire très-intéressant consacré
projectiles cylindro-coniques depuis l'antiquité jusqu'à

nos Jours.
Envois du Ministère de l'Instruction publique:

1 ° Bulletin du Comité des tr'J,vaux historiques,
année 1883.

2° Compte-rendu du Congrès de la Sorbonne en 1883.
3° Répertoire des travaux' h'l'stor'l'ques~ no 3. ,

M. Fischer, à la suite d 'une d~ite a la grotte de
de, Guiclan, et d'ulle
Roc'h-Toul, dans la commune
visite à l'Ile de Meulon, éerit à M. de la VilIe­
autre
marqué, en accompagnant sa lettre de deux croquis
achevés: - .

« Brest., il ùéecmbre 1883 .
« Monsieur et cher Président.
« Il Y a déjà plus de six mois que faurais eu a vous
rendre compte d'une excursion faite dans la commune de
Guiclan (Finistére), ayant pour objet de visiteL' la grotte de
Roc'h-Toul, signalée par M. de Mortillet, dans son ouvrage
sur les temps préhistoriques, et fouillée par M. Le HiL' de
Morlaix.
« Je n'aurais rien à signaler de nouveau si je ne croyais .
utile d'appeler l'attention sur une sorte de monument pré­
historique qui est menacé de disparaître, déjà attaqué par
les carriers, et destiné à macadamiser· la route.
« Cette grotte dont l'entr'ée fait face au petit moulin de
Kuollgay et au village de Luzec, est en quartz blanc.
Pt'U distante de la petite riviére de Pen~;é, placée sur
le plan incliné et roide d'une lande où sont épars des
fra,gments assez gros détachés du même bloc de pierre, elle
paraît élevée d'une quarantaine de mètL'es au-dessus du ni veau
. de la rivière. L'ouverture qui, au sol; il 3 m. 50 c. de large, et
. 8ù, 9 mètees de haut, forrnecomme une premiè,>e cavité de
. 15 centi mètl'es de · profondeur; la seconde pal>tie, qui 1 ui fai t
suite, a 30 mètres de-- profondeur. Le sol, relevé dans cettr
partie de 60 centimètres · par de grosses pierres, devient

inéga.l et il. une voûte dont les pierres semblent avoir été
détachées paf' une fo['ce autre que celle des hommes. Cette

voûte qui paraît suive8 la form e de l'arête extérieure fai-
sant saillie sur la lande, a l'ail' d'un immense dos d'animal
sur une longueur apparente d'environ 80 mètres au moins .
• « Je vous mets ci-inclus un calq ue d'un croq uis fait d'après
nature; c'est par le haut, plus près du sommet de la lande;
transport est plus facile, que ce monument est
d'où le
attaqué. Il m'a été impossible de savoir des ouvriers si ils

mais j ~ai
iraient j-usqu'à l'autre bout, que terrain et
apprIS

rocher appartenaient à Mme Bienvenue, de Morlaix, habitant
a Paris:, et que son représentant était M. Kermarec, à Morlaix.
c Je vous envoie, cher Président, ces renseignements,
tians l'espoir que vous pourrez peut-être faire conservee un
Hai monurnentpréhistoriqu0. Je suis bien en retard pour vous
Ü'ünsmetüe ces renseignements, mais j'ai eu à traverser
des temps de teouble tels, que je ne suis pas encore entiè-

rement l'OmIS.

({ J'ai l'emal'qué en outrr, dans cette gl'otte, une particu-
larité ciui pourrait fait'e atüibuer l'action de son ct'eusement
aux pél'iodes diluviennes. Sur la' paroi de droite, opposée à
l'action du courant, qui en t 1'8nsportant des pierres, a laissé

des tl'aces d'usut'e par les frottements des ~lets, on voit
des détériorations qui n'exi:-;tent pas du côté ga,uche qui ne

devait être exposé qu'à Llction des remous, Ne serait-ce
pas une attesiation de quelque intérèt?
«( Je vous envoie éga.lement un autre calque d'un petit
dolmen situé dans l'île de !l'Jeulon, prés Lanildut. Le plan

porte les cotes des dimensions relevées sur le nwmument.,

l'élévation représente l'état où il était il y a 4 ans, et dans
lequel il est vraisemblable~ent r.esté depuis, grâce à ce que
la pierre n'en est plus bonne à con'str-uÏre, L'île, ou plutôt la
· pl'esq u'ile, ' puisqu'elle l'est encore à' maré~ basse, devait
contenir d'autl'es monuments de la même époque. Quel-'
ques pierres 'dressées existent encore: l'une d'entr'elles
menhir très-élevé dans l'alignement des autI'es, a environ
5 mètres de hauteur sur 1 m. 50 c, de large et 50 ou "
60 cent l mètres d'épaisseur. On doit sa conservation à
M. Coliot, de l'Aber-Ilclut, n}archand de vins, qui a eritre~
pris l'('.xploitation' des granits de l'île. Les carriers avaie'nt

, c1éjù fait les entailles préalables au pied pour l'abattrè,
quand j} est intervenu moyennant quelques francs pour les
i nc1emnisel'. Je m'étais promis de signaler cet actesi louablec1e
consel'va\Ïon à l'issue d l~ }'Llle des "éancesoùj'ai pu assistel',

·mais elles sont ordinairement si l'emplies, qu'il m'a fallu le
silence du cabinet pOUl' répaeer' cet oubli involontaire et
aussi l'impossibilité où je vàis étee pendant toute cette année
scolail'e d'étre libre.
« Je vous prie, mon
che!' ' Président, de vouloir bien

m'excuser et
receVOlL'
les meilleures amitiés . de votre
tout dévoué.

« G. FISCHER »

Une autre communication de la plus grande valeur,
pdmifivementde.stinée à l'Associatz'on bretonne, est faite
par dom PL~tine à la Socùité m-chéologz'que du Finz'stèl"e :
elle répond aux questions 10 et 18 du programme du
Congrè-s breton ajourné, et concerne: 1° les anciennes
liturgies de , Li , Bretagne; 2° l'Histoire littéraire de

1 a Cornouaille et du Léon,

ANCIENNES LITURGIES DE LA BRETAGNE .
L'ancienne liturgie de la Bretagne n'a encore jamais fait

l'objet d'aucun travail particulier arrivé à l'na connais­
sance. Le sujet rie manqu-e pas d'intérêt cependant, mais

ce n'est pas le moment de le traiter avec les développe-

ments qu'il comporte. Il me suffira de poser quelques ja-
,. lons, qui pourr6nt plus tard guider de nouveaux explora- ,

teurs, et de four-nir quelques indications bibliographiques,
pour l'lltilit é des chercheurs futurs,
- On peut distinguer trois époques principales dans ]'his-

.toire des. liturgies de la Bretagne ou plutôt de toute la

France:

1 ° Les temps antérieurs à Charlema.gne.
2° L'époque, qui va de Charlemagne à saint Pie V .

3° l ,e~ temps 111ocle1'11,e5'_

~ 1. Temps antérieurs à Charl61nagne .
Nous n'avons ni document ni renseignement SUl' c.è
ce qui, dans ces temps reculés, puuvait distinguer notre

Liturgie particulièl>e de la Liturgie gallicane, alors en
usage dans toute la Gaule. On a quelquefo.is prétendu que.
les émigfés nous avaient apportés de l'île certains riLes
pascaux et autres, différents de ceux de Rome et du reste de
la Gaule .. Mais l'assertion paèaît pUl'ement gratuite 101's­
qU'OIl con'sidèl'e qu'elle n'a janlais été alléguée contre no.us
pal' les Tourangeaux danf-' leul' controverse au sujet du
titl'e métropolitain .

Temps postérieurs à Charlemagne.

Nous sommes mieux reuseignés sur ce qui concel'Oe

notre liturgie pOUl' les temps qui vont de Charlemagne à
::;aint Pie V. C'est l'époquo brillante de la liturgie. La ii­
I tUJ'gic tint alors en quelque SOl'te le sceptre du monde. La

poésie et la littérature, les arts et l'architecture semblaient

n'avoir d'autre souci que de tr'availler à l'enrichir de nou~
veaux chefs-d'œuvre. La France venait de renoncer à sa

litul'gie pour adopter la liturgie romaine, mais elle n'avait

pas renoncé pour cela à la plupart de ses anciens et légi­

times' usages, et elle sut si bien s'approprier et perfection­
ner la Iitul'gie dc' Rome qu'elle lui imposa un nom nou-
veau et des plüs significatifs, celui de' Liturgie Romano-
GaLLicane .

01', cette époque fut aussi féconde chez nous en chef~-
d'œm·-res littéraires que dans le l'este de la France et du

monde. cbf'èticn. Pour s'en convaincre, il suffirait d'étudier
à loisi,l' les quelques épaves qui nous sont l'estées de cette

épqque glorieuse. · .

En voici dans l'ordre cill'onologique, une indication aussi
complète qu'il nous a et~ pOf3i";iblc de la. faire:.' .

IXc siècle : Pontificale L~n aletaura (saint Malo), con-
serve à la bibliothèque publique de Rouen.

Xe siècle: 111issel de saint Vougay, conservé dans cette

petite commune du Finistère.
XIIIe siècle : Ordo Eliœ Cantoris, relatif aux usages
liturgiques de Nantes (Conservé à Paris, Sainte-Geneviève).

Xlr siècle : 1° Le livre des uS'1ges de Rennes" ma-

nuscl'it du chapitre métmpolitain; 2° Bréviaire de sa int
Yves. (Conservé au Minihi); 3° Bl'éviaires de Nantes, ma­
nuscrits conservés li la bibliothèque publique de cette
ville. '
XVe siècle. Missel cre Nantes, conservé au Grand-Sé-

mlnalre.
XVIe siècle: Livres liturgiques impl~imés. '

On ne sait pas le pl'ix qui s'attache en France a nos pee­
hliel's livres liturgiques imprimées. Tous ceux qui sonfanté­
rieurs à saint Pie V renferment le texte de notre belle li-

turgw romano-gallicane si riche en pièces de poésie et en

documents hagiographiques ordinairement anciens et cli­
gnes de faire autorité. Or, ces livres deviennent de plusell
plus rares, avec le Japs du temps. Voici, pal' diocèses,
ceux qui sont arrivés à notre connaissance:

1 Rennes, Missel in1pl'imé en 1492. Paris, Bibliothèque
nationale. Brevi:aire imprimé en 1514, abbaye de So-
lesmes. Bréviaire de l'abbaye de Saint-Melaine, im-
*primé en 1525, ·abbaye de Solesmes.
2° Nantes, Missel de 1520, Bréviaire de 15.18; (mais il est
préférable de consulter les manuscl'its cités plus haut).
?O Missel imprimé en 1535, Evéché de .• ? Bréviaire im-
primé en 1580?? On l'a cons,ulté à mO,n intention. '

4° Quimper, Bt'éviaire de 1490, Cure de Landerneau.
San/·torale de 1500. Bl'uxelles, Musée Bollandiste.

50 Saint-Pol-de-Léon, Missel de 1526, chez M. Pol de
Cou'l'cy, a sàint-~ôl même. Bréviaire de 1516. On en

connajt deux exemplaires (mais seulement pour la Pars
HiemaLis), l'un a Paris; Bibliothèque nationale, le second
à Ploërmel, maison mère des Frères. "
60 Tréguier. Aucun imprimé n'est connu .
70 Saint-Brieuc, Missel de 1543" à Paris, Bibliothèque
Mazarine. ' Bréviaire de 1548, donné à Mgr David par
M. Gaultiel' du Mottay.

80 Saint-Malo, Bréviaire de 1517. Il , se trouvait à la Bi-

bliothèque de la ville, vers 1850. Depuis il a disparu .
90 Dol, Bréviaire, de 1519. La Pars Hiemalis seule se
trouve à Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, Missel de
1522, conservé à Rennes chez les Péres Eudistes.

~ 3. - Époque moderne.

dit'e puis(lu'clle n'ap-
Il serait hol's de propos d'on rien

. pal'tient pas au programme.

ESQUISSES D'UNE HISTOIRE LITTÉRAlRE DE LA CORNOUAILLE
ET DU LÉON,
Cc sujot absolument neuf ne pourrait pas manquer d'offrir
un vif intérêt, Mon intention n'est cependant pas de l'a-
border, car, à vrai dire, ce serait de ma part tenter l'impos­
sible, mOn éloignement, actuel de toute bibliothèqùe fran­
çaise un peu considérable ne me permettant de consulter
aucun des nombreux documents, manuscrits ou imprimés,
" qu'il' serait nécessaire d'avoir sous ' la main pour un travail
de ce genre. Tout ce que je puis faii'ü aujourd'hui, c'est de
, signaler un ceL'tain nombre d'écrits hagIographiques encore

proposition de M. Trévédy est adoptée à la majorité

des voix.

. M. Luzel annonce qu'il a sollicité du Ministère de
l'Instruction publique et des Beaux-Arts une subvention
dest.inéiJ à couvrir les frais d'impression du 'Catalogue
du Musée et que M. Hémon, député de Quimper, a

promis d'appuyer cette demande. ' ,
L'illustre Père de La Croix, de la Compagnie de Jésus)
auquel on doit la découverte et l'e~humation de l'im-

portante station gallo-romaine de Sanxay, demande
aux Sociétés sa van tes de France de joindre leurs
efforts aux siens pour obtenir que le Gouvernement
, prenne le~ mesures nécessaires pour préserver ces
ruines d'une destruction prochaine.
Entrant dans ces ' vues, la Société d'archéologie du
Finistère ém8t un vœu conforme à celui qu'a déjà ·

exprimé la Société historique et archéologique de
Pontoise et du Vexin.

M. Bigot décrit l'état actuel d'un alignement de

pierres connu sous le nom (J'allee des fêes ou Korrz:qan,
à Poullan, dont M. Flagelle a fait montion dans son

rrpertoire _ archéologique du Finistère. Il parle ensuite
du transport, de Landen) au Musée, du tombeau du
marquis de Mesle (François du Chastel), de Châtoaugall,

avec sa statue en pierre. Ce monument n'était pas

unique: que sont devenues, demande-t-il) LIeux belles
chevaliers q ni se trouvaient autrefoi8 aux
stat.ues de

abords des églises de Carhaix et de Brasparts?
M , Hardouin a la parole pour lil'e un rapport, -

dont il croit devoir s'excuser comme d'nne sorte de
hors-d' œuvre,
sur

LE CONGRÈS NATIONAL
DES SOCIÉTl~S FRANÇAI~ES DE GÉOGRAPH.IE A nOUAI (1) .

Le compte-rendu de l'importante session tenue à Douai
du 2'6 au 30 aoùt 1883 (la sixième depuis l'institution du
Congrès), nécessite un ,rapide coup d'œil rétrospectif .

Chacun sait combien l'enseignement de la géographie,
de la topographie et de la cartographie avait été négligé eri

France, antérieurement à 1870.
De louables efforts tentés pour remédier à un état de choses

avaient échoué pour la plupart. L'inva-
aussi cléplorable,-

sion et les désastres militail'es survenus durant les dernîel's
rnois de la mème année 1870 et au commencement de 1871,
ne témoignèrent que trop promptèment des effets néfastes,

au point de vue de la défense nationale, de l'ignorance
des notions les plus indispensables SUl' la configuration
géographique du terl~itoire françai's: Elle était, au contraire,
connue de l'ennemi. Il avait réussi à la rendre presque
aussi famihère aux plus humbles miliciens de ses armées

qu'à leurs officiers de tous grades. .

Aussitôt survenue la paix achetée par le sacrifice de

deux provinces dont l'annexion avait constitué une France
de l'Est, l'unique Société de géographie qui exjstàt et dont

le siège avait été établi à Paris, prit l'initiative d'une réaction
, infatigable contre l'insouciance qu'elle s'était .vainement

(1) Voir la note de l'auteur au bas de la page 35.

ingéniée à conjurer, cornrnel'avaitfait, desol1 côtô, la dil'ec-
tion de l'Instruction publique. Il n'est pas inutile de rappelel'
que, fondée en 1821, pal' l'élite des savants français, cette
société ne comptait guère, cinquante ans après, plu,s do
deux cents mem1?res, malgré les publiGations qui, dès l'ori­
gine, avaient fixé sur ses travaux l'attention et les hautes
sympathies des compagnies étrangères, ses aînéès (1). Il
faut se hâter d'autant plus de constater que le nombre actuel
des membres monte à plus de 3,000. Grâce .aux ressources
procu rées par le taux élevé des cotisations et par des libé­
ralités qui continuent, une installation à souhait, de larges
encouragements aux découvertes ou ' aux ouvrages impor-

tants, une centralisation enfin, de plus en plus active, du

mouvement et des efforts qui se, manifestent de toutes

parts, se tr'ouvent définitivement assurés. .
Dès 1875, la 'Société française, désormais devenUe un
centre d'attraction et d'impulsion tout ensemble, fut en
mesure de provqquer l'exposition générale et le Congrès
international dont l'eclatan t succès fit tant d'honneur à

la science et au pays (2). .
L'élan imprimé depuis lors à la diffusion des connais-
sa,nces géographiques ne s'est point un seul instant ralenti .
Il n'y apas eu seulement, à son endl'oit, rayonnement du
centre àJa circonférence. De tous les points de celle-ci-con­
verge maintenant vers le même centre une action continue,

sans contredit la plus efficace de toutes .

Il convient d'y insister quelques instants .

A, ce sujet, l'éloge et les mérites d'un haut fonctionnaire

commandent assurément la plus grande réserve. Néan-

m Les Sociétés royales (l'Angleterre et de Russie, enll"autl'es, sans
des assor,iatioùs d'Allemagne, disposaient dès lors de ressources
pdrler
hors ligne ,
(2)' Il est pel'mis de dire des aCtes de ce Congrès publiés en deux forts
volumes, qu'ils ont été un monument élevé aux scie lices géogl't1phiqnes
dans leurs applications les- plus diverses. . .

moins, de l'institution des unions géogl'aphiques dont il

doi t êtl'e n.écessail'ement padé, ne peut étre séparé le nom
de leur promoteul', M. Foncin, Inspecteur génél'al de l'Uni­

versité. Il venait à peine de voir succéder a. son pl'ofessorat
. dans un modeste lycée (1) ct aux palmes de l'Institut (2),
une chaire à la faculté des lettres de Bordeaux, qu'il
entrepl'it une propagande destinée a devenir promptement
décisive. Sous sa présidence, s'organisa ·la . première
des sociétés de province dénommées Unions géogea-

phiques, dont les représentants ou délégués devaient.'si
rapide men t réussir a fondel' l'institution des Congres
ai1nuels nationaux. Le plan d'apeès lequel chacune d'elles a

été formée et se goùverrie n'a d'égale à sa simplicité que

l'efficacité de son application. Au chef-lieu de l'Académie
autant que possible, fonctionne, avec toute faculté de se

faire, aù besoin, cour de cÎl'cuit, un conseil central de direc-

tion. Il se compose: 1 d'un nombre restreint de membres
de l'enseig'nement public ou privé qui doivent ne s'y trouver
qu'en minoeité ; 2 de représentants de l'indusü;ie, du com­
merce, de l'administration civile et des armées de terre ou

de mer. . .

Autour du Conseil ainsi établi, se groupent des sociétés
locales, autonomes, rnaîtresses de leurs publications comme
de leurs statuts, sans autre subordination au même conseil,
que celle qui . naît des exigences du maintien du pacte •
d'union directrice. Elles ont a déléguer en permanence,
..dans ce but, ' auprès du Conseil central, leur président ou
un autre représentant.
Il convient, d'ailleurs, d'ajouter aùx indications qui vien­
nent d'être données, une remarque facilement pressentie .
Survenant la tenue du Congrès annuel, le droit de déléga-

(1) Mont·de-Mal'san .
(2) Le très savant Mérhoire dc M.
Foncin 3tH TURGOT, Y avait été

-couronne .

tion et par suite le bénéfice d'une convocation expresse et
officielle n'existent, absolument et rigoureusement parlant,

qu'en ce qui concerne les sociétés ne s'occupant que de géo­
graphie (qu'elles dépendent ou nOl~ d'une fédération). Les
représentants des Compagnies instituées pour l'étude de .

l'histoire et de l'archéologie n'en ont pas moins leur partici-
patIOn d avance autorlsée aux travaux du Congrès. Ne
fùt-ce que par leUl: esprit, les règlements à son usage,
tendent manifestement à consacrer cette participation fondée
sm: une solidarité d'études, scientifiquement indiscutable .

Dans les cinq départements qui cornposent, en mêrne
temps que l'ancienne province de Bretagne, le ressort aca-

démique de Remies, toute union géographique reste encore
. à réaliser. Nantes, Brest et Lorient y Ont toutefois leurs
sociétés spéciales de géographie. Toutes trois avaient délé-
gué un de leurs membres au Congrés de Douai. N otI,p
Société d'archéologie du Finistère y a aussi été représentée.
En acceptant la présidence, l'illustreJet infatigable M. de
Lesseps., avait témoigné de sa sollicitude à l'endl'oit des
études géographiques comme de l'union du Nord. Il s'était
empressé d'aider et dJhoywrer de son concours l'ol'gani-
sation de cette ·union. M. Foncin en avait pris l'initiative,
dès que le rectorat de Douai eùt succédé à la chaire de

Bordeaux.
Aussi brillant que rapide dans le~ régions du Sud-Ouest,
de l'Est (Nancy) et du Sud-Est (Lyon), le succès des unions

géographiques ne tarda point à dépasser toutes les espé-
rances 'dans le vaste et populeux ressort de l'Académie de
. Douai. Les sociétés confédérées s'y sont multipliées. Elles
y travaillent à souhait, disposant, pour la plupal't, de res-
• sources et d'une popularité qui ne se 'se sont point rencon-

ent
trées ùussi Q'énérùlelll ;tjllc;:r's au mèlne degl'ô. LC2.J"lCi- .
lites et les encou1'agements de toute espèce. procurés aux

instituteurs et auX institutrices ont contribué puissamment

aux résultats remarquables dont il vient d'ètre témoigné
pal' la session du Congrès et pal' l'Exposition qui l'a accom-

pagné. · .
leue côté, 'la société cen tl-ale, pat l'onne des unions, et

la société de gèogl'aphie commeéciale avaient voulu pae­
la réunion.
ticipel' à
Au nom de la première, deux de ses ni.embres les plus
distingués, M. Levasseur (de l'Institut) et M. Chades "Nlau-
noir se consacrèl'ent à la direction des travaux. M. le
recteur Nolen et M. le professeur Cons, de la Faculté des
lettres' de Douai, ainsi · que les autres membres de lB. Com-
mission organisatr'ice, p,>étèrent à la même tâche la colla­
bOl'ation la plus assidue. Il n'en fut aut['ement ni du secré­
taire général de la seconde des sociétés indiquées, l'hono­
rable M. Gauthiot, ni des chefs de l'enseignement public

ou privé, ni de la municipalité de Douai. A l'installation des
travaux du Congrès dans l'hôtel-de-viIle, s'associa un

accueil non seulement hospitalier, mais splendide. Les
vacances universitaires avaient d'ailleurs permis de livrer
la presque totalité des vastes locaux du lycée aux éléments

de l'Exposition. '
Un contingent véritablement immense, fut pro.curé par
les écoles primaires des six départements du ressort acadé­
mique (Nord, Pas-de-Calais, Somm~, Oise, Aisne, Arden-

nes). Maîtres comme élèves avaient concouru, et les tm-
vaux classés,. établiss~ment par établissement, se pouvaient
aisément comparer. Les collèges et les lycées avaient aussi
euà cœur de p,> ocurer de n01ables envois.
, La partie anecdotique du compte-rendu se tr'ouvera

èpuisée par la mention des excursions d'usage. La Belgi-
que, avec réception dans Anvees, qui fut si le ngtemps la
BULLETIN ARCHÉOL, DU FINISTÈRE. - TOME XI (i 1'0 partie).

méfr'opole géographique du monde entier', obtint les' peéfé­
rellces d'ull cei'tain nombre de délégués. Le plus gl'and

nombl'e se dirigea SUl' les pOf'ts de Dunkerque, de Calais et
de Boulogne. L'accueil mé,nagé aux membres du Congrès

par la population etles autorités de chacune de ces trois villes
maritimes ne saurait se décrire. Il restera gravé dans la

mémoire des visiteul's. Le 2 septembre, la tempête déchaînée,

au dépal't de Dunkel'q ue redoubla de violence durant le
trajet, et l'entrée dans Calais excita une anxieuse émotion .
A Boulogne, les membres bretons du Congrès eurent la
bonne fortune de serrer la main de M. Henri Martin, de
l'Ac.ldémie française. A la tête du cortège officiel, avec son
collègue, M. Huguet, et sa famille, il semblait promettre
une prolongation de sa vei'te et active vieiJ]esse.~ Mais

hélas! ce fut une anticipation de l'adieu suprême.

III

La tâche du repl'ésentant de la Société archéologique du
Finistère se trouvait forcémen t limitée. Elle rie devait guère,

en effet, consister qu'a se préoccuper, au point de vue de
l'histoire et des antiquités, des communications, des discus­

sions et de l'Exposition intéressant la double spécialité d'étu­
des qui vient d'être indiquée. Est-il besoin de rappeler
combien elles sont aidées par tout progrès en fait d'ensei­
gnement géographique topographique, ou cartographique ~

Sans entreprendre l'analyse des rapports qui seront publiés"
, il suffira de constater que, dans la région du Nord, ,des

résultats d'une haute importance SOl).t déja obtenus, tout

particulièremEmt pour l'instruction primaire et par elle .

Une méthode louable consiste, dans chaque école, a faire

accompagner d'un précis historique aussi exact et aussi clair
que possible sur la localité, la reproluction des plans du

cadastre, section par section, ainsi q ne du tableau d'as sem-

blage; et a relie!' la carle yommunale à celle du canton,
de l'al'fondissement et du département. Les monunients
historiques doivent d'ailleurs être cités et figurés .
Trois divisions avaient été 11'acées par le progl'am me,
sous cl)acune desquelles rentraient les diverses ques1ions à

discuter.

Les matières s'y trouvaient indiquées ainsi qu'il suit:
10 ENSEIGNEMENT DE LA Gl~OGRAPHIE ET GÉOGRAPHIE
SCIENTIFIQUE.

La Société archéologique du Finistère n'aurait pas manqué
de s'intef'esser ' aux discussions qui se sont engagées SUl' la
question: cc Des m~sées ethnographiques: quelle est la
cc méthode la plus favorable nù développement des études '

(( géographiques, qui puisse èu'e adoptée dans le Classe-
« ment des objets ethnographiq ues et an thropologiques? )

2° CARTOGRAPHIE
,Les feuilles de lü . carte au 200000 en publication par le
guerre on t été signalées à toute l'attention
Ministère de la

des sociétés de géographie, indication dont ne peuvent que
faire leur rrofit les sociétés d'histoire et d al'chéologie .

3 COLONISATION.

Som; cette ru brique figurait au programme une question

absolument étt'angère aux ëtudes de la Société archéolo-
, gique du Finistère, et mème en dèhors de son règlement.
Il s'agissait de la tl'anspol'tation pénale; sujet non-seule­

ment de la ' plus haute gmvité, mais d\me actualité fla-
grante. ' ,
une analyse de 'la discussion à laquelle il donna lieu

est l'isquée dans le compte-rendu, c'est uniquement pa'r

exception et sous le bénéfiee de l'indulgence de la Société

archéologique du Finistèl'e,

li n'y a point à s'étonnee que l'attention des organisa­
teurs du Congl'ès se fût préoecu pée des discussions parle­
mentail'es relat.ives à la déportation des mendiants, des
vagabonds et de certains autres délinquants récidivistes,

tenus pour inctlrrigibles. La légende austl'alienne et la
renaissance du droit pénal de 1791 . à 1794 en pareille ma­
tière, ne pouvaient pas.ser inaperçues; aussi se trouvait au
nombre des questions à traiter, la suivante: « Du rôle de
« la teansportation pénale dans le développement de la
« colonisation . » Elle a fait l'objet d'un vœ~ émis dans la '
séance générale du 28 août. Les procès-verbaux n'étant
point encore publiés, quelques indications sommait'es n'en

sont pas moins à puiser dans divers journaux ou revues (1).
La Société de Lorient avait étudié le sujet à fond.
, Les instructions sui van tes furent données à ses délégués:
« Si le Congrès venait à ,s'occuper de la trans[JOl'tation
« pénale comme élément de colonisation, nos délégués
« demanderaient qu'il plaise au Gouvernement de faire
« publier les r~su1.tats obtenus depuis trente ans (1853-
(t 1882) par l'application de ce systéme à nos colonies de
« la Guyane et de la Nouvelle-Calédonie. Il est hors de
. « doute que ces renseignements statistiques dévoileraient

« une situation fort triste, et qu'ils viendl'aient établir que
,II. l'élément pénal ne peut créer f,lucune colonie; qu'au con..,

. « tl'aire, il est un fléau partout où il existe. Nos délégués
« insisteeaient donc pour que le systéme de déportation
« pénale, quel qu'il soit, qui viendrait à être adopté, rie .
« fùt appliqué que dans une seule de nos possessions loin-

« taines, sacrifiée à cet objet. » ,

(1) V. notamment la lIotice publiée en demie!' licu par la Sodété

française des prisons (Bulletin cie 1883, p.804) ct trauuito Ù;lIlS la
Rivisl a di disc'ipline carcerarie (J 881, fi. 1504);

L'auteur du présent compte-rendu a vivement insisté SUI' ,
l'adoption du vœu ainsi proposé. Il a rappelé les discus.,.
sions survenues relativement au même sujet, lors de la

ten,ue du Cnngl'ès pénitentiaire internatiomd de Stockholm '
(1878) (1), aux travaux duquel il lui fut donné de participer.

Un véritable orage y éclata au sujet de la transportation
pénale, malgré le talent remarquable de parole et l'inébran­
lable conviction dont l'un des dèlégués du Gouvernèment
français fit preuve à l'endroit de cet élément de colonisation.
Si la théorie de l'ol'ateur s'étayait de l'autorité des, fonc-
tions qu'il occupait alors, et si son mérite d'écrivain s'est
manifesté par un important ouvrage, son système n'en
parut pas moins à maints contradicteurs, dénué , de la
garantie d'une étude personnelle sur place et suffisam­

ment pl'olongée, de l'ensemble des faits relatifs au fonc­
tionnement de la transportation pénale dans les établisse­
ments coloniaux.

A plùs forte raison en a-t-il été ainsi, des écrit~ a sensa-
tion, des peopositions de toute nature, des rappol'ts" et fina­

lement, des résolutions législatives que chacun sait. Il
n'est pas dû, sans doute, moins de respect aux intentions
et a la sincétité des convictions des pr:omoteurs et des
partisans de la loi maintenant soumise au Sénat, qu'à
, leul's peesonnes, et qu'a leue mérite. La préoccupation de la

plaie sociale dont l'intensit~ et les pé)'ils ne s'accusent que
trop par la progeession continue du récidivisme est, assu­

p\ment, légitime entee toutes. Il n'yen a pas moins, d'apl'ès
, l'auteut' du compte-rendu., a déplorer le parti pris de ·
substituer à 'l'unique et vrai remède, c'est-à-dire à la
tram;formation des prisons actuelles, l'empit'isme d'un

retoue systématique aux illusions du législateur de 1791 et

(.1) Voi .. 1° Actes du Cong1'ès. T. 1. p, iiO, 177,202 et T. 1/. p, 153,303.
2° La science pénitentiaire au' Congrès de Stockholm par :\1M Desportes
et Lcféburc, p. 88.

1794', à l'endl'oit de la déportation colonisatrice. Elle a,

depuis lors, été vue à Fœuvre. Qu'avant d'y l'evenir' s'ouvre,
à tout le moins, une enquête parlementaÏI'e analog11e à celle
par laquelle s'honorèrent, en 1872, l'Assemblée nationale et
la Commission élue dans ses rangs; une enquête sérieuse,

impartiale, approfondie; une enquête d'où ne soient point

écartés préventivement l'étude et .les enseignements des

budgets de la transportation et de ses nécrologes.
Au nombre des membres du Congrès, se rencontrait pré­
cisément un des anciens gouverneurs de la Nouvelle ,
- M. le capitaine de vaisseau Gauthier de la
Calédonie,
Richei'ie, offieier âussi expérimenté que savant, à l'activité
studieuse de qui la retI'aite si honorablement conquise n'a
fait qu'imprimer un nou \'el essor. - 'T'oute rapide q n'ait été
son improvisation a l'appui des instructions précitées de la
société de LOl'ient, e1le a, par sa précision, par l'énuméra-

tion des faits aussi décisifs que multiples qui y ont trouvé '

place, et par la connaissance intime du sujet envisagé S011'S

ses diver.s aspects, captivé au plus haut degré l'attention
et les sympathies de l'assemblée. Il en a été ainsi .de la
parole, également autorisée, de l'honorable M. Gauthiot,
secrétaire général, de la $ociété de géogl'aphie commer­
ciale. Même sous le régime actuel, en Nouvelle-Calédonie,
de nombreux correspondants, possesseurs d'établissements,
signalent la pel'manence cl 'un pél'il croissant à l'en-
droit de la sécurité des personnes et des biens. Aussi la
, perspective d'une augmentation continue de l'effectif des .
tram~portés excite-t-elle une répulsion génél'ale.

Le vœu proposé par la Société bretonne a été voté sans
con triHliction. ..
Il n'est pas inutile d'ajouter que, par une <"offwi-
dence naturelle, en même temps que si$geait le Con-
grès de Douai, ' les meetings et les délibérations cle la

l'eprésentation coloniale se succédaient en Australie, à l'effet
de protester dans le méme sens. Avec le' nombre des trans­
portés en Nouvelle-Caléd~nie ou dans les mémes parages,
. croîtront incessamment celui des évasions et la facilite de
celles-ci. De plus en plus inefficace, deviendra donc
rextradition, expédient déja, illusoire de fait. CAustralie
répudie, bien entendu, plus énergiquement que jamais,
J'origine et 19. filiatiOn dont sa prospérité et sa population
actuelle se trouvent gratifiées par la légende qui s'est
~ommuniquée a des documents officiels. C'est par le
travail libre, c'est a la sueur de fl'Qnts' honnétes que
l'immensité des déserts de la contrée a été presque
transformée en une terre promise, que ses vastes cités ont

été créées, que ses ports et leur mouvement n'ont cessé de

rivaiiser avec la prospérité de ceux de la métropole ell~:"

, mème. Les ancêtres de ses habitants actuels ont été d'in­
fatigables et vaillants pionniers, et non les convic(s dont la '
déportation et ]e travail forcé cessérent d'étre imposés aux

colons a mesure que s'étendirent les établissements de
ceux-ci. L'infranchissable barriére d'une résistance armée
se dl'essa, en dernier lieu, contre l'importation en Austra­

lie, de nouvelles cargaisons d'évacués des prisons' de la
métropole.
Aprés une digression aussi prolongée, il devient de plus
en plus indispensable de hâter la conclusion, du reste faci-
Jement prévue, de ·ce compte-rendu .
Elle se réduit aTexpression du vœu:

1 Qu'il s'établisse, pour la Bretagne, une' union géogra-
phique ; . .

2 Que, pour la tenue prochaine d'un Congrés, il y ait

rivalité entre Brest, où une récente et trés intéressante

exposition a eu lieu, Nantes, Lorient et Rennes.
, HENRI HARDoulN .

Notre honorable confrère après sa lecture, donne •
connaissance d'une lettre de M. le Ministre dé 1'lns-

trùction plJblique, répondant aux vœux formulés par .
. la Commission de surveillance de la Bibliothèque de
Quimper et tendant à obtenir la publication intégrale
CarLulaire de Landévennec, d'après la copie de

lYi. Le Mell. La Section de philologie et d'histoire a été
d'avis qu'il n'y avait pas lieu de donner suite à ces
Vq311X. Cette décision n'est pas absolue, ' selon lui, ellé .

. retarde seulement une solution. Le point essentiel, c'est
que le Cadulaire soit publié intégralement. Qu'importe
ensuite qu'on se serve d'un travail nouveau ou de la
copie déjà faite, dont la rÂvision d'ailleurs avait été

reconnue indispensable par M. Ramé dans son rapport
au Comité des travaux historique&. M. de la Villemarqué,
ainsi que le rappelle M. de Blois, ' a donné quelques

espérances à cet égard.
L3. séance est levée à 5 heures .

Le Seerétaire,
Vte DE BLOIS.

SÉANCE DU JEUDI 27 MARS 1884

Présidènce de le Vicomte HERSART DE LA VILLEMARQUÉ
MEMBRE DE L'INSTITUT.
Étaient présents: MM. FATY, FOUGERAY, BIGOT, '

TRÉVÉDY, CANVEL, 'VESCO,MALE~, LUZEL, LE

. MAIGRE, HARDOUIN, AUDRAN, SERRET.

M. de Blois, Secrétaire, s'excuse de ne pouvoir as- --
sister à la séance.
MM. Faty, Vesco et Trévédy sont nommés membres
. de la commission chargée ' de vérifier le mémoire pré-
senté par M. Jaouen pour les frais d'impression du
Bulletin de la Société-pèndant l'année 1883.

La Société d' h'l'stoz're et d'archéolog'ie de la Thurz'nge,
à Iéna, propose à la Société archéologique du Finis-
tère l'échange de leurs publications réciproques, qui
est acceptée. .
Dans le dépouillement de la correspondance se
trouve une leUre de M. Kerviler promettant une com­

munication archéologique. M. de la Borderie, de son

côté, annonce quelqlles pages sur la légende de saint:·

Mériadec. Le précieux manuscrit qui contient le récit
de cette légende n'est pa$ mentionné par dom Plaine;
l'abbé Euzenot en ignorait même l'existence, lorsqu'il fit
son excellente monographie de Stival (1).

M. le Président dépose sur le bureau les ouvra.ges _
suivants destinés à la Bibliothèque de la Société:

Bullet'l'n du Com'ité des travaux historiques, année

.(f) V. le .Bulletin, t. X, p. 276,

BULLÉTIN ARCBÉOL, DU FINISTÈRE. . TO~Œ XI. (Fe pal'lie) •

Journal des Savants, janvier et février 1884;
Annales du Musee Gu'imet : LE LALITAVISTARA,
tra-
duètion de M. Ed. Foucaux, membre de l'Institut.
MM. Luze] et Tr-évédy ont terminé leur travail pour]e
. classement des anciennes livraisons du Bulletin. Les
à la bibliothèque de
éollections formées sont déposées
la Société. '
. Le nom des Sociétés avec lesquelles on est en rela­
à la suite de ]a
tion d'échange sera désormais publié,

liste des sociétaires. .

. M. de la Villemarqué rappelle que l'envoi du Bul-

diverses ,sociétés avec lesquelles on est en
letin aux
dojt être adressé directement au Ministère,
relation,
frajs aux différents desti­
qui le fera parvenir sans
nataires.
Le document inédit sur .la famille de Porzmoguer
offre la phrase suivante : « • ~ • • •• Dans le cas de
concourir») (1). M. Trévédy demande la signiticationde

ce mot. M'. Audran répond qu'au siècle dernier,les jeunes
gens peu fortunés pouvaient ' concour'l'r soit pour en-

trer dans un collège, soit pour obtenir une place de
faveur.

Dans le même .article,· il y a une erreur.: au lieu de

1416 c'est 1716 qu'il faut lire.

M. Bigot, père, demande ]a parole pour une commu-
à l'Arc de triomphe de
_ nication intéressante relative
Sizun. "
, La rectification de ' ]a route nationale no 124, aux

abords de Sizun, doit traverser le cimetière et devait

(f) V. le Bulletin t. XI, p. f 9.

• (2) Ibid., p. 16 .

amener la destruction d'un , monument très.;. curieux .

édifié au XVe ou au XVIe siècle, 'connu dans le pays

sous le nom d'Arc de S'i~un. L'honorable architecte

diocésain écrivit d'abord à M. l'Inspecteur général •
des monuments historiques, pour le pri~r de faire
classer ce monument et' le sauver ainsi d'une destruc- .

tion prochaine. De son côté~ M. Fénoux~ Ingénieur en
chef des ponts et chaussées, dans un rapport adressé .
. au Préfet du Finistère~ le 2.8 janv.ier dernier, indiquait
. une combinaison permettant de dévier la route" tout
en conservant le monument dans sa position actuelle .
Par arrêté ministériel dU .. ,7 mars 1884,- l'Arc de
Sizun vient d'être classé parmi les monuments histo-

rIques.

M. de la Villemarqué adresse à M. le Ministre des .
Beaux-Arts et à :notre éminent confrère M. Fénoux,
l'expression de la reconnaissance des membres de la
Société d'archéologie du Finistère.

M. Luzel donne communicatiGn d'une découverte
faite, le 15 février 1884, à Douarnenez:

« Deux ouvriers, dit-il, travaillant à creuser des fon-

dements, rue FonteneJ le, ont découvert un énorme cer-

cueil en plomb; enfoui à deux mètres de profondeur
dans un terrain sablonneux.

« Une enveloppe de ~chêne, qui n'était -plus que de
la. poussière, couvrait ]e cercueil. L'épais-seu~ du
, ,plomb, dans les endroits bien conservés est d'un centi- "

mètre, le couvercle a 'un mètre quatre-vingt-dix de
· . long. .

( Les os du squelette trouvé dans le cercueil sont tout
émiettés et n'ont plus de consistance, si ce n'est une

mâchoire encore garnie de toutes ses l']ents; celles-ci
et parfaitement rangées. De longues épingles
petites

en ambre noir, et remarquables par les dessins et la
délicatesse du travail, ont été retrouvées autour des
restes du crâne; et vers le bas du corps, on a décou-

vert , un fragment de velours ou d'étoffe brodée d'or,
qu'on a dû enlever avec une précaution extrême. Dans

le cercueil était placés une fiole en verre et un vase de
-terre rougeâtre. Ces objets ne sont pas intacts ;' la
fiole de verre est remarquable en ce sens qu'elle sem­
ble composée de deux parties s'emboîtant l'une dans
l'autre. '
( Qui pouvait être ce haut personnage si soigneuse-
ment paré, si préciem~ement enseveli dans un double
peut remonter, c€tte mysté-
,cercueil? A quelle époque

rieuse sépulture? La question serait intéressante à
résoudre .

( La découverte, on l'a dit, a eu lieu rue Fontenelle,
à douze pas de «la voie, sur la pente rapide qui conduit
au bac du Guet. C'est donc à peu de 'distance de la mer,
et vis-à-vis même de l'île Tristan.
( y a-t-il quelque rapprochement P9ssible entre le
choix de ce lieu, autrefois désert, et l'île Tristan qui,

durant les dernières années du XVIe siècle, a été le

théâtre des effroyables exploits de la Fontenelle?
( On pourrait ,le présumer, si l'état de délabremen,t
absolu dans lequel on a trouvé le cercueil de plomb,ne

'donnait pas lieu de penser que 1adate-de cette sépulture

à trois siècles. »)
est de beaucoup antérieure

Une intéressante discussion a lieu sur le sexe de la
personne exhumée et l'époque de cette sépulture,

Selon M. A udri,w, la mâchoire, l'or et les épingles
indiqueraient la tombe d'une princesse armoricaine.

Quant à l'époque, elle est plus djfficile à préciser.
Rappelant la discussion et les idées émi~es au sujet
d'une découverte semblable faite, en 1845, au Pouldu;

M. Audran ne serait pas éloigné . de . croire que ce
serait une sépulture du Ve ou du VIe siècle. .
M. le Président, après avoir félicité M. Luzel de sa

communication, et remercié · M. Daniélou, maire de

Douarnenez, du don qu'il a fait au 'Musée des objets trou',

vés dans la tombe, . déclare la découverte d'une impor­

tance capitale; mais il ne pense pas qu'on puisse
arriver ,à un résultat vraiment scientifique sans une
étude comparative qu'il attend du reste de M. le Direc-
, . teur du Musée de Quimper : le Musée de Dublin lui
paraît devoir éclairer les antiquaires br.etons.
Il commence ensuite la lecture de son essai d'histoire

littéraire sur la légen.de héroïque de~ deux Br-etagnes .

M. Diverrès fait hommage à la Société des objets

suivants:

Un éventœü Lou'l's XV; •

Un Chr'lst en- bronze rappelant celui de Gawrinis ;

Une statue lte en boù; ;
Un portefeuille en maroqufn du Levant . . •

Des remerCÏüments sont. votés au donateur.

La séance est levée à 4 heures. .

Pour le Secrétaire empêché,

. A. SERRET.

. ANCIENS DOCUMENTS HISTORIQUES

Fondation du prieuré de l'île' Tristan ou de Saint-Tutuarn
et donation à l'abbaye de Marmoutiers.

. Dom Morice, dans le premier volume de ses Preuves, co-
lonne 540, a ,bien donné une copie de cette charte conservée
à l'abbaye de Marmoutiers; mais cette copie est moins

complète que la nôtre, prise également sur l'original, a
l'abbaye de Marmoutiers, en 1710, et collationnée .et signée
par le garde-chartes de l'àbbaye. Elle ne se , trouve pas

. dan~ dom Lobineau. Nous croyons donc utile de publier
intégralement ce document a'ncien, très intéressant pOUf'
notl'e histoire locale et présentant toutes les garanties dé-
sirables d'authenticité. Il a également son importance au
point de vue de l'onomastique et de la philologie, car il ré-

vèle quelques nO:tns tlouveallx. Nous · imprimons en ita-
liques 'ce qui manque dans le texte publié par dom Morice. ·
Il ne reste actuellement aucune trace de ce prieuré, un
des plus anciens de notre département et qui se trouvait à

rendroit ou s'élèv.ent aujourd'hui un phare et une batterie,

de construction t~)Ute moderne, destinée à défendre , .les

appi'oches de Douarnenez et à protéger ' sa belle rade .

IN No~nNE SUME ET INDIVIDUE TRINITATIS PATRIS ET FILII
ET Sf:'us Sti. EGO ROBERTUS, Dei graa Chorisopi­

tensis epusmemoria sepius revoLvens seculi . vo!uptates que
diligenti studio ticet pericuLose aglmus lJOnis operibus et.
elemosinis posse rediml, juxta iLLud date .eLernosinam et

omnia riuwda vobis et ' sicut aqua extinguit ignem lia p.le- '

mosina extingud peccatum.J et honora Dnuin de tua subs­
tantia; assensu et c'oncilio totius capituli mei, Majoris 1110-

nasterii monachis qualldam curtem meam insulam vide­
licet sti TutuarniEpi, nec non et propriam domum meam
, que -Br..itannica lingua Hamoth vocatur, cum üibus reddi­
et appendiciis suis in perpetuLim Libere et quiete pos­
tibus
sidendam dare deçrevi. Anno igitur millesimo centesimo

XVIII, indictione XI. ut- quod mente eoneeperam opere adin'~­
pLerem Majns monasterium expetii et donllm de his üibus

in manu Dni Gui! mi abbatis OITll1i vidente capitulo posui.
Brec autem sunt que ipsis monachis concedente nostro -una­
nimiter clero nec non · Conano, Britar..norum Duce, cunc­
tisque Baronibus Cornugalliœ, ob an iin e. ant.eeessorumque
successorum meorum salutem dedl et 111 . perpetuum
sive

habere concessi: Ecclesiam videlicet Sti Tutuarni cum oi­
bus redditibus et appenditiis suis ut supra dicit.ur et Hamoth

et duas partes decime plebis Sti Ergadi, que illa lingua di­
citur Plodergat, et tertiam partem sepulture ipsus parro-:
chie tertiamqu€J partem oblationis Parasceven djei, vide­
licet dominice Passionis et prime misse natalis Dîii, duas
etiam partes decime Sti Tuocei, .\lu~sque partes decime
Sti Tlliani et d uas partes sacerdotll eJusdem capelle, duas
insuper partes deeime Treflac, simiiiter etiam duas par~les
decime de ViLL'1rham et Vlila- Cohdoen et- Lanfiai et Lan~

duguan; tribus autem evolutis a.nni.s,. ad.didi dllas. partes

declme de Trefdùlan (1) et oblatwnl8 IpSlUS ecclesle tem­
pore D"iii A 19omari in cujus manu donum inde pluribus
videntibus posui. Quod ut ratum in 'perpetuum habeI'etur,
presentes litteras iiro sigillo muniri, et nomina canonico­
corum hoc donum majuris monrii concedentium subscribere
cenSUUfl us :
Gualterins Morguerhn (2), 'Robertlls Milo. Ranul-:-

phus Judicahl, Daniel, Petms,· Gauffredus Madiou

et fr: ejus Salomon, canonici, hujus rei testes. . A ldroenus
et Guethenohes, sti M,artini monaehi, Josue et Hilispoy,
, Jede(~aël, Dungual, Halanus qui euram hujus tionationis
et eoncessionls scripsit, Guarmus", Derguethen i et alii .
multi. · .

EGO autem Robe'rtus Chorisopitensis Epüs hac presenti
cartula sigillata subscribi jussi ut si quid supra dietorum
dono~um a.d jus episco 'JCfle pertinentium ratione probabi.li

pllfs m.venlrl p?!ud, me· zn. perpetuum ~oncessisse, si ,quid
ln eori:, epatu adq,lllr~re monachz potuerunt, eplSCO­
etza.m

a.uctorl~ate conceSSl et ln perpetu-um observari preeepi.
patz
HUJlfS rel testes sunt .. Israhel archidiaconus, xpianus

heremlta, Herveus, clerieus, Kenmarhoc, elericus, Gud-

(1) Dom Moriee porte: Trefduian.

(2) Dans dom MOl'ice: Morguethon .

horeth. De monaehis, Gaufredus nannetensis, Garnerius,
notarius, Donoaldus Brito .

DATUM ab inearn. Dni M. C. XXVI. -

Signum ROBERTI epi

Signum ISRAHEL archidiaconi

Collationné par nous garde-charte de l'abbaye de Mar­
moutiers, sur l'original en parchemin de la liasse des titres
du prieuré de l'Isle Trystan étant en bonne forme et scellé
en parchemin , lequel avons remis en ladite liasse.
A Marmoutiers, le 28 août 1'710.

F. BERNARD .

(Extrait des Al'chives du Finistère, série H, liasse 324) .

La langue de cette charte pourra paraître parfois obscure
et assez barbare; faut-il en rejeter la faute sur le copiste ?
Peut-être, pour une part du )]loins, bien qu'il ne faille ' pas
perdre de .. vue que le latin des documents de ce genre, à
cette époque, était loin ordinairement de ressembler à celui
de Cicéron.

SEANCE DU JEUDI 24 AVRIL 1884.

présidence de .le Vicomte HERSART DE LA VILLEMARQUÉ,
"'IEMBTtE DE L'INSTITUT

Étaient présents: MM. FATY, TREVEDY, SEH,REl'.

CANVEL. MALLEN, LUZEL, FOUGEH,A Y, HEMON,
député du Fi:1ist.ère, DIVERRES, BOLLORE, HAR.-

DOUIN et DE BLOIS. .
M. Vesco, receveur des finances, retenu par ses .
fonctions, s'ex~nse de ne ponvoir assister à la séance.
M. Audran, vice-président est également empêché
par une sérieuse indisposition, de se rendre à Qnimper:
la Bibliothèqne cie la
Depuis notre dernière réunion,
Société s'est enrichie des ouvrages suivants:

1 ° Bullel'in du GOJnité des tranau:lJ historiques.,
année 1883, no 2. 0 -
20 Jour'nal des Savw71s, livraison de mars 1884 .

30 Bttlletz'n de la Socz'été br'etonne de .qeO,fJ1'al,hic,
janvier et février. . '
40 Introduction et pr'enu;er chapib->e du traite inédit
patholo.qiqué de Laënnec, .opuscule déposé
d'anatomz'c
par' M. le marq uis de Brémond ct' Ars, conseiller général.
4° Histoz're de Conan Jl1ériadec, par le Pèl->e Toussaùzt

de Saint-Luc, carme; don de M. le comte de S.1int-
Luc. .
M. Canvela la parole pour rendre compte du Congrès

de la Sorbonne, auquel il a assisté avec M. le Con-
seiller Hardouin, comme délégué' rIe notre Compagnie.
Se proposant de donner prochainement l'analyse d0S

BULLETIN AnCH~:OL. DU FINrSTimF.. -, 1,'Ol\lF. XI. (Fe pa die).

principales questions traitées par la docte assemblée il
se contente aujourd'hui de dire deux mots d'un incident
auquel il a été mêlé personnellement et un peu malgré ·

L'étude, paraît-il, ne suffit pas toujours pour écarter

certains préjugés· des esprits les plus cultivés; ainsi,
ils se plaisent à représenter notre région comme nne

des .plus arriérées au point de vue de l'instruction pri­
maire dans le passé et dans le présent, et cela parce
que Gertaines cades modetnes couvrent la surfaee de
notre département d'ombres noires et épaisses comme
d'ignorance qui envelopperait nospopulaf.ions .
le voile

Quoiq ne la statistique soit une belle science, la vérité .
vaut mieux encore; aussi notre délégué a-t-il eu raison
avec l'mdépendance et la vivacité de son
de relever
patriotisme breton ce qu'il, y avait d'iujuste dans les
assertions trop absolues de M. Duruy, président de la
l'éunion. . .
En hOn1n'lè de cœur, 1'e savant p~'is à partie, s'est
empressé de calmer de légitimes susceptibilités en

exprimant ses vives sympathies pour la race celtique et
sa sincère admiration pour les fils qui se sont transmjs
d'âge en âge et ·comme un patrimoine sacré les vertus .
guerrières de leurs glorieux ancêtres. .
. A l'appui de son opinion, M. Canvel rappelle les
sùccès de. l'ancien Collège de Quimper, dirigé par les
les · Pères de la Compagnie de Jésus, et le zèle que
d8ployaient,. avant la Révolution, dan"s nombre de pa­
roisses, des prêtres . habitués qui groupaient autour
d'eux, dans de misérables réduits, des élèves studieux
. et avides d'instruction. On ne suivait pas, il est vrai, de

programme dans ces écoles de pl'esbytère ou de village ;
les maîtres enseignaient à l'aventure ce 'qu'ils savaient: ·
apprenait-on moins bien pOlll' 'cela ? L'équité commande
de ne pas passer soùs silence l'obscur mais uti]edêvoue~ .
ment de ces premiers instituteurs de la jeunesse en
Cornouaille.
Ils ont eu des imit.ateurs jusqu'au commencement
de ce siècle et M. le commandallt Faty signnle dans
notre grand poëte. Auguste Brizeux, illustre élève d'une

école paroissiale.
Qui ne sait par cœur les vers que l'auteut' de J.\1arie,
adresse au curé d'Arzano?

Humble ct hon vieux rlll'é d'Al'zanuô, digne prêll'r,
QlIe tel je respectais, ([lh: j'aimais eO .lIlT1e maître,
POUl' O('ÛIlPCI' tes jours, si plcills, 81 l'l'guliers

N'as··lu plus pl'ès de toi lcs l,auVl'cs (~collcl's?
Bd.as! je fus l'un d'eux ! ....
Une question qu'on adresse pal'fois à la Sorbl)nnoanx
délégués des Sociétés savantes: Où en estJe diction-

naire topographiq Lle de votre départeméütt Rédige-

t-on votre répertoire archéologique? n'a pn l'ocevoir en-
rr4ponse pour le Finistère.
core de
Dans les denüères années de sa VIe le regrettable

al'chiviste du Finistère avait recueilli de nombreux

docum8nts qu 'il avait même commencé à classer. Sa
consentirait pent-être à les communiquer, mais
. famille
trouvera-t-il un continuateur? A ce propos M. de Blois
désirait depuis longtemps attjrer l'attention de ses
collègues silr une série d'articles anonymes publiés

depuis quaü'e ans dans 1'.Annuair·e du Piwistère sous le

titre trop modeste de « Notice du département. ») L'au-

teur heure.usement inspiré a. composé de la sorte un

véritable dictionnaire des communes du Finistère et il
importerait de réuniI' en un volume les éléments, selon

la méthode sui vie dans les autres dictionnaires topo-
graphiques et archéoiogiques de la Fr,'.nce, publiés par
le Ministère. Les divisions de l'ouvrage sont les divi­

administratives, l'arrondissement, le canton et la
sions

commune. Au-dessous du nom de chaque commune
rencoptre des obserrations statistiques et agricoles

intéressantes, puis des indications historiques assez

sur tous les monuments a'nciens du pays .
complètes
L'idée est donc excellente, si l'exécution n'est pas

irréprochable; mais les défauts que l'on pourrait si-
gnaler sont de ceux qui disparaîtraient dans un travail

définitif; approuvé par la Commission du Ministère de
l'Instruction publique. ,
M. Canvel souhaite comme M. de Blois que les no-

tices du département soient bientôt l'objet d'un ou-
vrage spécial, et mises à la disposition qes sav du publie: c'est celui-ci qui se chargera, sur chaque
relever les omiSSIons que commet involontai-
point, de

rement l'homme même le plus au courant des choses
pays natal. M.Canvel peri.t être cité comme
de son

exemple: après a voir maintes fois parcouru en tous
campagnes d'Elliant, il croyait les connaître
sens les
à merveille. Quel n'a pas été son étonnoment en dé­
couvrant dernièrement dans cette eommune des 'ves­
tiges anciens et curieux qui avaient échappé jusqu'ici
à tous les regards. et même à notre Président dans
ses commentaires SUl~ la fameuse .Peste d'Elliant, sujet
d'une ad mirable cantilène. L'important en ceci est de

dresser un premier inventaire, les autres demanderont

moins de peine.

M. Hémon fait connaître qu'il a obtenu du Ministère
nne subvention de 1,000 francs destinée à payer les
frais d'impression du Catalogue du Musée.
En remerciant chaleureusement M. le Député de
Quimper de sa sollicii ude pour les intérêts de la So-,
ciété, M. le Président lui demande la continuation de
ses bons offices auprès des représentants du Pouvoir.
S'il pouvait obtenir les fonds nécessaires à la publi­
cation 'l'ntegrale du Cartulaire de Landévennec. il ac­
quérerait de ' nou veaux t.it.res à , la reconnaissance de
ses confrères; mais la Société elle-même n'est-elle

pas assez riche ponr en faire les frais?

lVi. Serret entretient ensuite la réunion d'une excur-
sion qu'il a faite récemment au lieu dit Miné-Tosta, en
Gouesnac'h. On y a découvert une cachette d'armes
gauloises en bronze ct des calottes on culots de cuivre
provenant vraisemblablement de la fonte d'autres
armes semblables. ~\'l. Clorennec, sur- la propriété du­
quel ces objets ont été trouvés, les a dépos~& au pres-

bytère de Gouesnac'h et c'est là que notre collègue a
pu les examinee à loisir. ' .
Les haches de bronze sont de formes variées. Quant

aux fl'agments, plusieurs présentent cette particularité
que les rivets sont encore adhérents dans les trous de

, la poignée destinés à les recevoir. Il Y a en outre une
pointe d'épée et un fer do lance bien conservés. '

Dans le désir d'assurer la possession de ces objets au
'Musée, M. Serret a voulu les acquérir et en a offert une

certaine somme. Son offre a été jugée insu.ffisante .

Convient-il de faire une nouvelle démarche et quel
• pl'ix' fixer? ~1.1e Président, apl'ès' avoir pris avis des

membres présents, ouvre il j:. Serret un crédit pOUl'
l'achat de ces objets divel~s. .
M. Serret ayant itidiqné l'exist.ence d'un tumulus et
. d'autres monuments celtiques autour de Miné-Tosta,
la Société pense qu'il y aurait lien d'y faire des fouilles
et nomme Ulle Commi:;sion composée de MM. Faty,
de Blois et Vesco, chal'gée de cette explorati(}n, de con­
cert avec 1\1. Serret.
. La séanee est levée à ;) heures. ~

Le Secrétaire,

Vte DE BLOIS .

J ,.\ C .\. CIJi':TTE ilE ·~"ItNÉ-ToST .\ (1).

Le 5 aVl"il 1884-, le fel'lllic'I' du viltage de Kel'garaduc, ('Il
(jouesnac'h, dèfr'ichait une geande lande, connue sous le
nom de ~'liné-Tosla (Jande la plus rapprochée de la tenue).
En creusant une t1'anchée pOUl' surélever le fossé du ch · ~­
min, qui traV81'Sant la la,llcto fait communiquee la ferme
avec la grand'route, il décl)u\Tit nne petite hache en bronzo.
Sachant que souvent on l:lY le pays on appelle un trés ol' , il dégagea la terre avec pl'é-
caution, nt fut assez heure n:\ pOUL' l'écolter une assez gnwüe

quantité d'objets en bmuze, ([ont voici la liste:

.~!1 Fmgments d'épées;
lli.~ conseevation et p:ènél'aI8-
;I() Haches en parfai t eh\. t
Ilwut \'
17 Fi'agillents de haell!'f:-; divf:'l'Ses ;
1 Pique;
1 Morceè.w de. lllOl'S dl~ eheval et 3 anneaux'

;~ Fragments de brace let. ;

2 Fragments de javelot; .

• l Grattoir;
1 Rivet ; . .

5 Culots de ceeuzet.
pesant en::;emble 52 livres.
16 'Jets de fonte.

Soi t en tout 11 0 piécer:: .

C'est au hasard qu'est cl '10 la découvede de cette cachette.
Le fondeur qu'un événement imprévu avait fOI'cé de ' .
quittee 80:1 ateli~r ne l'avclit pas fait sans espl'it de retour',
A pet\' pl'ès an milieu de cette Lan~le, émergent deux pierTes
di stantes l'llll e ·de l'autre d'une douzaine. de métres. C'est ù

(t) Y. P 53 ci-dessus,

cinq mètres environ de la plu~ petite pi'ene que l'on: avait
11l'cpal'é la cachette. .
On avait crensé une petite fO:-5se d'environ 0 fIl. 80 c. de

jJL'ofondeur. Ali fond on avait déposé une pierre plate rec-
tangulaÎl'e de 0 m. 60 c. de longueur sur 0 111. 30 c. de lar-
geur (un des coins de la piet're est cassé) ; puis, pOUL' pré-

~en'Cl' les objets du contact de la terre, ils avaient été mis

dans une caisse ou dans UL1e petite chambl'e faite avec du
bois. La précaution avec laq uelle ces objets ont été recueillis
a per'mis .de constater la présence du bois, mais il était en
un tel état de décomposition qu'il eùt été difficile de le
n~eueillil' : l'inVenteuL' n'y attachant aucune importance a
]'ejeté SUI' le tossé les fragments de bois avec les terres.
1\ n'a été tt'ouvé, Tostn, ni tI'aces de charbon, ni rl'agments de potel'ies .

;.\.. SERllET .

DOCUMENTS INEDITS

HOLLANDO-ANGLAISE DEVANT BELLE-ILE, HOUAT
FLOTTE

ET HEYDlCK EN 1701-1702 (1).
Depuis que le prince d'Ül'ange s'étoit emparé du trone
d'Angleteree, après cette victoil'e qu'ilyemporta en !t'lande
(lans la bR taille de La Baine le Il juillet 1690 et qui décida
du sort de l'Angleterre, les Anglois et les Hollandois ne se
l'egal'doient plus que comme membresd'un même corps qui
ne composoit plus qu'un méme peuple; en sorte que ce
J10uveau l'OY qu'ils reconnoissoient c.omme lem' chef com­
II'lUn, devintcornme l'âme et le premiel' mobile de tou!:'
leurs mouvements et que ces deux nations belliqueuses
n'agissoient plus que de cOl1ced dans toutes leurs expédi-
tions militaire!-3 et maritimes.
Leur réunion les mit en état de f01'mel', l'an 1696, une
àrmée de 80 vaisseaux de ligne, sans compter les frégates,
les galiotes à bombe, les brûlots et barques d'avis. C'est

n.vec cette formidable flotte, qu'après avoir mouille yuel-
ques jours à l'embouchul'e de Brest, sans toutefois l"ien
enü'eprendl'e SUl' cette cote, le lord Jean Beckeley, amiral,
vint à Bel-île vel'S le commencement de juillet dans le

dessein d'y faire une descente et de bombarder le bourg et
la place: ce fut du moins l'avis que donna, la veille de

. l'arrivée de cette flotte, le chevalier de Lévi, capitaine de
corvette qui s'étoit glissé de nuit à la queue de la flotte"
durant qu'elle étoit mouillée sur la côte de ' Brest, pOUl'

(1) Extrait. . d'mi lTIan.uscrit tl'ès-illt~re~~élnt du R. P. Francois-Marie

~alen. ~e Belle-l.'l', consef'\é~ dans la bibliothèque des religieux' de Saint­
Fra.llçOls de l.o~le~lt, t't .obllgra1rmellt cOJlllnllniqllt' à la S llciété archéo­
logIque du Fmlstere (Lue Je Journal du slège FLe Belle-Isle ,(t 761) et
les comrnentairc~ si instructifs de M. Mélul'jrs, dans le Bulletin: T. v'm,

,,'ju~ll'lIil'è de::; projets de cette i:lI'JIH~e llavale. ;;lll' cet avj~,
lJervé de la Ferrière, gO~lYer-l1et1r de la place, fit dès lejoul'
, lpème c1épav81- toutes les rues et mettr'e une barl~ique d'eall

devant chaque maison du bour-g, pOUl' servir en cas d('

borribal'c1ernent : mais comme on étoit accoutumé à de
pareilles allarmes .. , l'habitant resta tranquille la ,nuit
suivante.
Cependant le '1 juillet dès la pointe du jOUl', le signal fut
donné sur la mot te BOI'demne située sur la côte 'de Sa~;zoll,

que la flotte ennemie commençait à paroître à la hanteul'
de nIe; et les habitalls furent l'éveillés au bruit de!:i tarn -
hoursqui 'battoient la générale dès 3 heul'es le matin . .A
peine cette flotte fut-elle l1louillée en rade vers les 9 heur-es,
que tout Bel-île s'appel'çut qu'on chargeoit. de troupes de
débarquement le!:i chaloupes longue:::; dl's yaissea ux a me!:illl'{'

qu'ils al'rivoient et l'oll en compta: jusqu'à 60 : cependaJ.lt.
il n'y ayoit ellcor'e qU0 tl'ès-peu de monde rendu a son poste,
malgré les ordres pre::isans du gouveeneur. l/habitallt ètait

occupé a mettre :::les effets hors de la portée de la bombe et
lesolc1at, 'avide du gain et lal'gement païé pour' chaqu'
heure de travail, prêtOlt son secours a l'habitant pour l'aidel'
il sauver- son bien: mais Je comrnandant de la place .. sçut.
bient6t ranger les uns et, les autres à leurs c1evoil'!:i. Montü
à cheval pour agir plus promptement où sa présence étoit
IJécessaire, il tira un coup de pistolet chargé seulement
, de , pO~ldre sur' un soldat que la peUl' renversa : on le crùt
tué, le bruit s'en répandit, ct blent6t la cl'~inte d'lm pareil
châtiment fit courir a son poste le soldat et l'habitant.
Si les Anglais et les Hollandais avoient SÇll profiter a
tems de ce désordre et mettre ce matin-là leurs t l'oupes à
terl'e, ils y auroient t1'ouvé, si peu LIe l'ésistance" que n'nÏ'mt

dans File pour toute défense que l'habitant et Je batailloIl,
ils auniient bient6t forcé nos retranchements: rnais au lieu

de tentel' la descente a Bel-île, ils üJlaient ce jour-lù c1ébal'-

quel' 500 hommes à l'île de Houat qui n'étoit défendue qw'
par une tour où il n'y avoit qu'un lieutenant, un sergent et 15

s(llc1ats destinés a empêcher les corsaires de s'y ménaget­
uno retraite qui auroit été préjudiciable à nos vais'seaux , '
Illarchaùcls. Cependant le lieutenant fit si bien servir Je
eanon de la tour et répondit avec tant de fermeté à la som­
mation que lui fit un trompette de se rendre, que les assié-
genns, n'aïant point de pièces a~sez fortes pour faire brèche
n. eeHe tOUI') ils se lassèrent enfin d'en continuer le siège,
apl'ès s'ètee opiniatl'és quatre jours à le tenir. Mais avant
de se refit'e1', ils enlevèrent le peu de bétail qu'il y avoit dans
cette île et mirent tout en feu, la chapelle etles chaumièœs.
De là ils passèl'ent vers le- midi du quatrième four à l'île
de Heydick, où ]e terrain est plus plat et plus à découvert

(~t où ils auraient par conséquent plus perdu de monde qu ù
Houat. Aïant l'emarqué que la tour y étoit plus forte;. et le

lieutenant, qui y commandoit aussi à 15 hommes pour la
même fin, 1e3 aïant menacés de les foudroïel' à coups de
canons chal'gés à mitrailles s'ils no se retiroient avant la
nuit: c'ost le par·ti qu'ils pl'il'ent effectivement, après avoir­

tout enlevé et tout incendié comme dans l'autre île. Ils l'e~­
tèrent t1'anquilles Jo cinquième jour. Le sixième ils firent .
de::;cente à Grois. ile sans défense où il n'v avoit ni
une

tOUl' ni soldats comme dans les deux autres îl!3s; et le

septième une seconde: à la première ils y firent peu de
dégats; ce ne fut qu'à la seconde qu'ils la traitèrent comme

Bouat et Heydick.
Rien n'est plus romanèsque que ce qu'on lit sur les expé- .
ditions de'ces trois îles dans l'histoire navale d'Angleterre,
imprimée en 1752: on y métamorphose Jes villages de ces
, îles en villes et ces pauvres villageois en gens assez opu- '
lens pour avoir de grands troupeaux. Padant de la première
expéditiol1 que les troupes angloises fil'ent ' dans l'île de
s'explique ainsi: '
Grois; l'historien

« (Juelq ues-lm::; dB BOS gens qu'on y avoit débarqués lèl
« veille, tuérent et ammenèl'ent un grand nombre de hes-
« tiaux sans trouver de résistance., et qu'ils y brûlérent la
« plupad des villages : 'dans la 21) èxpéditio~l, les ;-;00
« soldats et ma6niel's achevèrent ce que le capitaine Filtz­
(1 Patrik n'avoit fait que cOl1'llnencer, Ils y détruisirent
«( Bncore 20 vilb~es ct ~'.m menèrent 1300 pièctlS de gl'O::;
« bétail et 'des chevaux. ) Aces traits, on ne reconnoît pas

SUl' nos cotes l'île de Gl'ois. .
On reconnoit enCOl'e moins l'île de Houat dans .la descr'ip­
tion qu'il en fait: « d'autl'es, dit-il, qu'on avoit ~lébarqués
(1 avec des berges ou des pinasses (1) à Houat une des îles
c( appelées cal'dinales, emmenèl'ent 300 pièces de bétail,
« apl'ès avoü' brùlé [r), viLle de ce nom. ) C'est appararn­
ment la tOUl' dJ Houat qui pa nH a llX yeux des Anglois
eomme un clocher .ct le village comrne une ville .
Voicy le comble de l'hyperbole, quand il parle de l'expédi-

tion de l'ile de Heydick: « il y eut sans exagération, repl'end-

c( il, au moins 20 villages et 1300 maisons de détrmtes iL
« Heydick, et on tua près de 1600 pièces de gros bétail

« et de chevaux. )) Fut-il jamai::; une exagèration de cette

fOl'ce? Il m~t cette petite Ut' qui à peine peut avoir' une lieue
de circuit, au niveau de celle de Grois qui a plus d'une lieue

de long; et d'un village, qui n'a guère plus de 20 chaumiè-
t'es, il fait' 20 hameaux : cependant de . Grois ils n'am me­
nèl'ent que ]300 pièces de gros bétail ., et ils en tuèrent 1600

Ù. Heydick !
En vél'ité si eet historien pare des mèmes couleurs tou~ .
les événements qu'il rapporte, quelle foi peut-on ajouter à
son histoire navale d'Angleterre ?- et n'est-ce pas là envier
aux Espagnols leur rodomontades que de grossir' si for,t

(1) Nom donné, ancienllement, àcerlailles cmbarratiolls lé~!l'I·cs. 1011-
gues, armées ùe huit ou dix avirons el dC!'lÎn<'t S Hll ser\'ice des vais­
seaux.

les objets ~ La plupart de nos historiens tombent dans une
autre extrémité opposée, qui est de ne faire nulle n:tention
du dégàl de ces tl'istes îles, ni du mouillage de cette flotte
nombreuse dans l~ rade de Bel-île durant près de 20 jOFrs,
Quoiqu'il en soit de tous les spectacles que les Anglois et
les Hollandais donnèrent dans ces trois îles qui parais­
soient la· nuit toutes en feu, l'on comprit qu'une de leurs
principales fins était de jeteL' par là l'alarme d~ns Bel-île.
Vaine pt'ésomption ! car dès qu'on vit que les tours de Houat
f't de Heydick subsistoient encore après leur sortie de ces
îles, on fut tou'ché du malheur de ces insulaires, mais on
n'en fut nullement allarmé, on s'y 'rassura même dans la

persuasion ou l'on était que l'ennemi ne pouvoit faire ù
Bel-île qu'une tentative inutile: c'est ce qui a'rriva en

pffet.
Les Anglois et les Hollandois embarquèrent force troupes
dans leurs chaloupes longues pour les débarquer au grand

sable, où on les attendoit et où l'on espéroit de les voii'
tomber dans le piège qu'on letir avoit dressé, mais que '
l'ignorance des canoniers rendit inutile, Cal' dès que les

. peemières chaloupes furent il la portée du canon, un

matelot, qui avoit été canoniee sue les vaisseaux, mais

peu versé dans l'art militaire, ' tira sans o.rdre et en

coula une à fond: le canonier de la Redoute diamétY'ale-

ment opposée, aussi matelot, croïant qu'il y avoit ordre de
tirer, pointa si bien ses canons qu'il tua beaucoup de ces

. troupes de débarquement. Quand le g6néral, qui les com­
mandait, vit que le canon des Redoutes et des batteries étoit
si bien servi, il renonça il son pt'ojet de descente et fit faire
.Ie tour de l'île à toutes ses' chaloupes, pour examiner si la
côte étoit également défendue dans tous les lieux où on la

. pouvalt tenter. .
Le derrière de J'île lie lui parût pas abordable par la pro-

digieuse élévation de ses côtes affreuses; et dès qu'il eut

t.loublé la pointe des Poulains pour l'evenil en rade, il fut. si
'bien canoné depuis les Redoutes qui c6toien t l~ havre de
Sauzon jusqu'a celle de Talifel' où il n'y avoit enCOl'e
qu'un mateh.t canonier et quelques .amazones tr'avesties en
habits d'hommes, qu'il fut contraint dè pl'endr.e le large
pour ne pas exposer son monde et ses chaloupes a péril'
à la fois. Ce cÏl'cuit autour de l'lie fit comprendre aux
Anglois et aux Hollandais, qu'il n'y avoit plus moyen de
faire aucune tentative a Bel-Ile; aïant été vigoureusement
l'epousses. .
Le gouverneur voulut faire pendre Je3 deux matelots ca­
noniers du grand sable, qui avoient tiré sans ordre et si à
contre temps: mais on lui représenta que ces pauvres gens
s'étolent méme figuré qu'ils auroient été pendus, s'ils n'a­
voient pas pointé et tiré leurs canons, lorsqu'ils virent lf's
. chaloupes des ennemis 'a la portée du coup; c'est ainsi que
J'ignorance des lois de la guerre leur sauva la vie .
Le lendemain de cette tentative, le 8 juillet, l'amiral dé­
tacha de la flqtte dix vaisseaux de guerre sous le comman-

. dement dli chevalier Bechman et du capitaine Mée.sse, avec
des galiotes ~ . bombes pour aller bombarder OLonne et

Saint- Mw'tin-de-Ré. Ils y jettèrent plus de 2,000 hombes,
. qui y firent trés-peu d'effets; quoiqu'ils se vantent, dans

leur histoire navale, « qu'ils laissèl'ent ces deux villes en
flammes », le 16 et le 17 de juillet. Après cette expéditioll,
ces galiotes et ces vaisseaux revinrent joindre la flotte et .
arrivèrent en rade le 23 sur le soir.
Durant le séjour de la flotte devant Bel-Ile, un accident .
pensa faire 'périr en plein jour le vaisseau amiral ou l'a­
miral parlementaire qui étoit tou t. neuf: le 'feu prit a sa
pouppe; mais il fut bientôt éteint par le prornpt secours
. qu'on y appOl·ta. Au moment du départ de la flotte, qui fut

le 24 juillet, vers les 8 heut'es du matin, ce même vaissean
mallval~ voilÎfH' .;;'étant trop incliné ver;;; la cfltf', le vent

n'éo tant pas èlssez fOl't pour le faire marcher, on jeta une
bombe qui fit crier tout l'équipage et allarma toute la flotte;
parce que cette bombe dans son point d'élévation, par'alssoit
au coup d'œil devoir fO~ldroïer ce vaiEseau; elle tomba en effet
à peu de distance de son tI'ibord. L'on vit aussitôt tous les
c .. \.l1ots et chaloupes des autres vaisseaux voler à son se­
eoUl'S, pour le tirer de ce pl'essant danger a fOl'ce de rames: 0
ce qni rendit leO jet des autres bombes, inutile. Le25 juillet,
il sUl'vint une si furieuse tempête q Lle, si cette flotte eut été

encore cn rade, aucun vaisseau n'eut échappé au naufrage
et fut venu se briser à la côte. 0 0
o Tandis que cette flotte mouilla en rade, le gouvel'neur
mit en œu vre tous les stl'atagèmes de guerre pour faire ac-
<,raire aux Angloiset aux Hollandois, qu'ils n'avoint pas
cette île aU dépourvu et qu'il y avait assez de monde
pris
pOUl' les repousser clans une descente ou du moins pour dé­
fendre la place en cas d'attaque. Il se servit habilement o des
l compagnies de païsans a cheval qu'on avait dressés il
bien faire toutes les évolutions militaires, comme nous l'a­
yons dit cy-devant. Il en posta cent au haut du glacis, 50 dA
l'rant et autant a la 2 ligne, sans qu'on pùt voir, de la flotte,

~'il n'y av oit pas un plus grand nombre rangé en file. Cent

: autres, partagés en trois bandes, voltigeoient tout le jouI'
:-;ur toutes les hauteurs en différens quartiel's de l'île et à
portée d'être apperçus de la flotte. Des deux cerlts de ces

cavaliel's postés au grand sable .. l'on en faisoit marcher
fOI,t lentement sur la montagne qui domine ce sable:
cent

tandis que les cent autees descendus dans le vallon préci-

pitaient leur mal'che au grand galop pOUl' arTiver à la file

ut la serrer. Cette l'lise eut tout son o effet : cal' quoique les
°eùnemis s'en défiàssent bien, ils supposaient pourtant qu'eft
, égal'd à la proximité du continent on avoit pû faire passer

~o la cavalerie dans l'île.
Pour rendre la descente des troupes de débarquement

difficile et meul'trière, le même gouvemeul' fit encore entt'e­
lacer par leurs limons plusieurs charettes qn'on chargea
de grosses pierres, pour rester immobiles dans leur situa­
tion, malgré les houles tOlljOU1'S fortes sur les rives. On les

plaça à quelque distance du bord de la mer, de manière
que dans les hautes marées elles é,toient couvert.es et toutes •
câchées à fleur d'eaU, afin que les chaloupe::; 10ilglJes des
ennemis échouassent dessus et qqe les canons des redoutes

et des batteries et la mousq lleterie des retranchements ·
pûssE:mt les cribler, durant que l'équipage auroit été en
mouvement pour les tirer de cet échouage, et que les trou­
pes de débarquement ne pûssent atteindre au rivage qu'en
se jettant à la mel;. C'est un piège qu'ils ne pouvoient.
éviter et où ils auroient · sùrement tombés, ces charette!";

occupant toute la ligne de la rive: mais la promptitude in-

··considérée à tiret',. 'les' préserva de leur entière défaite .
... Mais'·quand mêine c.es· troupes de débarquement auroient
surmonté ce premier obst~cle a leur descente, elles auroient
eû encore lUl autre à ·forcer pour se faire un passage libre:

parce qùe le maréchal de Vauban l'avoit fait barrer par dès

piquets si serrés l'un contre l'autre et barrés 'par leur jonc-
. tion, qu'il étoit impossible de traverser ce grand sable
sans les . abattre. Après quoi, il leur eût fallu se rallie l'
pour étre 'en état d'atteindre et de fOl'cer trois retran-
c.hements élevés les uns SUl' -les àutres, depuis le bas
de la montagne jusqu'au sommet; tandis qu'on aurait fait

pleuvoir sur ces troupes en désordre une gréle de grenade~
et de bombes, et que le c.anon et la mousqueterie auraient
·foudroïé hommes et chaloupes.

Voicy une nouvelle ruse. Dès qu'on av oit fini dàns IR
flotte la prière du soir et que le vaisseau-amiral avoit tir!"
le coup de c.anon pour le ~signal de la retraite, tous nos
tambours battoient le long de la c.ôte tous ensemble; et .
comme, outre les caisses de chaqup. c.ompagnie de la milic.(·

de l'ile et de la garnison, le gouverneur en avait fait tirer
un grand nombre de l'arsenal et que tous battaient du côté
de la rade, le renfOl't p.arût très considérable aux yeux de .
l'ennemi. La retl'aite étant battue, on commençait la priére
etl'onentonnaitdetouscôtéset tous à la fois les antiennes et
les chants de l'église dont les airs sont les plus élevés et les
plus perçans ; soldats, habitants, hommes, femmes, enfans,
tous chantaient en même tems et faisaient retentir l'air de
leurs clameurs, dans le silence de la nuit. Ce qui confirmait
l'idée ou du moins le soupçon qu'on avait dans la flotte,
qu'on avoit fait passer un grand secours dans l'île .
Au commencement du siége, le gouv.erneur avait fait
publier au son du tambour, que tout impôt sur les vins et

eau-de-vie était levé; et le marquis de Lavar~in, qui s'étoit

rendu en poste de Vannes à Quiberon, fit passer de nuit une

chaloupe à Bel-île pour donner avis que cette grande flotte '" .
~1'avoit tout au plus que 8000 hommes, de débarquement.
Ces deux articles rassurérent et égaïèrént même si fort le

soldat et l'habitant que, pour narguer l'ennemi, ce n'étoit
que des danses publiques en plein jour sur toutes les hau­
teurs, le long de la côte vers la rade, tout le tems que la
flotte y fut mouillée; parce qu'on s'y sentoit assez fort par
. tout ce que j'ai détaillé cy-dessus, non seulement pour la

repousser, mais même pour la détruire, sans en venir aux

mains. Cette inaction de la flotte, durant un si long mouil-

. lage en rade, prouve en effet qu'elle' redoutoit cette perte

d'hommes et de chaloupes qu'elles auroient infailliblement

faite, dans la tentative d'une descente; et cette excellente

manœuvre du gouverneur lui procura, cette année-la même
1696, l',honneur d'être fait Brigadier d'armée. .
Je ne me suis si fort étendu sur cet évènement que parce

' que j'étois moi-même du nombre des assiégés et en âge de
porter les armes et d'examiner tout ce qui passoit en rade
et d11ns l'île, et.queje suis plus au fait d'en pouvoir détailler

toutes les circonstanc~s que les historiens de ce tems-là,

qUI n en ont pu parler que sur les · rapports des ouvrages
périodiques. .

. BULLETIN ARCBÉOL. DU FINISTÈRE., , TOME XI. (ire partie).

SÉANCE bu 29 MAI 1884.

Présidence de M. le Vicomte HERSART DE LA VILLE MARQUÉ

MEMBRE DE L'INSTITUT. •

Etaient présents: MM. FATY, TREVE DY, CANVEL,
FOUGERA)", VESCO, DUCOURTIOUX, MALEN,
CORMIER, HARDOUIN, BOURASSIN, SERRET .
M. de Blois, secrétaire, s'excuse de ne pouvoir
à la séance .
assister
Présentations de MM. E. Druilhet - Lafargue, à
Lorient, par M. de la VHlemarqué et Diverrès; de
:\1. Le Quéau; notaire à Quimper, par MM. Trévédy et .
Canvel.
Ouvrages offerts et déposés à la bibliothèque de la
Société:
Société de géographie de Lorient, no 11, mars-a vriI.
de· la Société d'agriculture d'Angers,
Mémoires.
XXIV, 1882 et tome XXV, année 1883 .
tome
Revue de l'H{stoz're des Religions, 4 livraisons.
Journal des Savants. avril 1884. .

La parole est donnée à M. Faty, pour lire son rap­
sur les comptes du Trésorier.
. port
Sur la proposition du rapportenr et à l'unanimité, la

Société adresse ses remerciements et ses félicitations
à M. Le Maigre.
assister à la séance,
Encore trop souffrant pour
M. Audraü envoie ur1e note rectifiànt une erreur commise
au sujet de l'Île de Carrégan. La lectur~ de sa notice

. sur les foires de Quimperlé est écoutée avec beaucoup
d'attention .
M. Lochôu informe M. Lüzel qu'en nivelant un tumu-
lus, dans la commune de Plouyé, il a trouvé un dolmen
renfermant un crâne, ·un c01lier, deux sabres, des haches.

Les pourparlers engagés pour l'acquisition de cette
la Société en sera
trouvaille font espérer que bientôt '
propriétaire. . .
La Société ratifie le marché passé pour acquérir le

trésor trouvé à Miné-Tosta.

Comme parmi les 101 pièces il y a des exemplaires
en double et . en triple, un des sociétaires présents
pourrait faire des échanges, soit
demande si on ne
avec des collectionneurs, soit ayec des Musées. Après
une courte discussion, l'on est d'avis qu'en général les

objets provenant d'une fouille ou d'une trouvaille , et
dont on connaît parfaitement .1'()dgirie doivent être
gardés intacts. .
à ce
Cependant, ' en principe, on ne s'opposerait pas
la Société archéolo­
que certains objets, propriété de
logique et qui y sont représentés en double ou triple
exemplaires ne soient l'objet d'échanges.
M. SerI'et donne lecture de la visite faite à Goues-

nach. - . .
Observation ' de M. Bourassin sur le cercueil en

. plomb trouvé récemment à Douarnenez; à son avis
cette tombe est très-ancienne ~t doit dater des premiers
notre ère.
siècles de
M. de la .Villernarquéinsiste pour que M. le Direcieur
'du Musée de Quimper écrive au Directeur du Musée de

Dublin. Les rapports fréquents des Bretons et des

Irlandais, la découverte de tombeaux semblables en

Irlande, pourraient peut-être jeter un jour nouveau .
sur cette importante sépulture.
l'intéressant mémoire deM. Trévédy sur
Lecture de
Marion du Faouët.
M. Bigot communique quelques notes et une série de
sur d'anciens monnments celtiques.
dessins

Ces intéressants souvenirs du temps passé ont été

décrits par le chevalier de Fréminville et visités ·par
MM. Henri Martinet de la Villemarqué .
La publication et l'impression du plan de la ville de
100 francs
Quimper en 1764 nécessite une dépense de
(Voir tome X, page 415), qui est votée par les membres
La ville de Quimper doit y intervenir pour
présents.
et la mise en vente d'un certain
une certaine somme

nombre d'exemplaires p,ermettra à la Société de
rentrer dans ses déboursés .
La séànce est levée à 4 heures"

Pour le Secrétaire empêché :

SERRET.

ERRATUM. . Page 123 (2 Partie), supprimez le mot
suppliciés.

EXERCICE 1883.

Vérification des comptes du Trésorier.

Rapport de la Commission nommée à cet effet.
L'examen des comptes et des écritures de M. Le Maigre,
trésorier de la Société archéologique du Finistére n'a donné
lieu a aucune observation sérieuse.
Voici, en abrégé, quelles ont été les recettes et les
dépenses pendant l'annéé 1883.
RECETTES.
Au31 décembre1882, il existait en caisse
Les cotisations de 137 sociétaires ont -

prod ui t.. . . . . . . . . . . . .
Subvention annuelle accordée par le

département. . . . . . . . . . .

Don d'un membre anonyme. . . . .1

. Vente de bulletins. . . . . . . . .

Total des Recettes. . . . 4,036 97 4,036 97

DEPENSES.

Impression de Bulletin pendant l'année

. Versé 500 francs à la caisse cl u musée
ethnographique, montant d'une suh ..
vention qui aurait été indûment
touchée par notre Société. . . . . .
200 photographies de l'urne de Keram ..
plcart. .. .. .. . .. . .. . .. .. . . . 200 »

Honoraires du trésorier pour J1année

Brochdres de nos bulletins en 713 vo-

lurnes. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . .. . .

Ach3;t . ~'une _ .hache celtique., seule

acqUIsItIon faIte pour le musée pen­
dant l'année 1883. . . . . '. . . .

. Au concierge pour préparation de la
s.aIle.... .. .. ~ .. .. .. .. .. . .. . . .

Affranchissements, timbres et frai$ de
poste. . .. .. .. . . . . .. . .

epenses l verses. . . . • . . .

Total des Dépenses.
2,615 Il 2,615 Il

Au 1 cr janvier 1884 il reste en caisse ..

M. le Trésorier Le Maigre, spontanément, et sans y être­
sollicité, a consenti à une réduction annuellle de 100 francs
sur ses honoraires. qui étaient fixés à 300 francs; notre
Société, dont les ressources sont si restreintes, ne saurait
trop r~conna1tre c;et acte de généreux désintéressement et
vote des remerciements â notre comptable dont les services
sont si précieux et si appréciés. '
Quimper, le 10 mai 1884

Pour la Commission:

Le Membre 'délégué,

• FATY .

UNE · RECTIFICATION

L'île de CARRÉGAN, Karegan, aujourd'hui Kel'gan, dont il
est question ci-dessus (page 67), n'est pas Groix, mais une
île de peu d'importance dépendant de la paroisse de Ploe­
meur et située à peu de distance de la terre ferme. Elle ne .
rapportait .rien lors de la réformation du Dorhaine en 1680.
. Elle fut affermée en 1741 pour quatre ans et moyennant un
fermagè annuel de 24 livres payable d'avance; mais après

deux années de jouissance, le fermier abandonna l'île et ne
paya plus (1). .
Quelques années plus tard, après le siège de Lorient par

les Anglais (1746) et lorsque le gouvernement prit des me­
sures 'pour empêcher une nouvelle descente de l'ennemi, il
. Y construisit un f6rt qui existe encore aujourd'hui et qui

s'oppose à un débarquem-ent de troupes sur les côtes de
Guidel et du Pouldu. . F. A .

(1) Rentier aux archives ,co!lu~unales de Quimperlé .

SÉANCE DU 26 MAI 1884 .

Présidence de M. AUDRAN, Vice-Président.
Présents: MM. VESCÛ, FISCHER, LE MAIGRE,
CA NVEL, FOUGERA Y, HARDOUIN} LUZE L, FATY,
TRÉVÉDY, MALEN, MARCELON; SERRET. '
Retenu par un deuil de famille auquel s'associent les
Membres présents, M. de la Villemarqué prie M. Au­
dran de le su~:pléer, et ,de vouloir bien annoncer que
la publication du Cartulaz're de Landéveenec (1) sous
les auspices de la Société d'archéologie du Finistère ,
est maintenant chose assurée. ,

M. Ramé à qui avait été soumise la copie faite paT
. M. Le Men, était d'avis de n'en ' publier q,ue des
extraits. Grâce aux efforts de M. Hardouïn qui é(~han-

gea à ce sujet une cOTrespondance avec M. DelisleJet
sur les Instances de M. Hémon; notre deputé, le Minis­
tre de l'Instruction publique accorde uné subvention
de 800 francs pour la publication de ce précieux mOl1U-
, ment, à la condition que la .société participera elle­
même pour une somme de ~OO francs. "c , ·',

Malgré ses faibles ressources, la Société n'hésite

pas à prendre cette dépense à sa charge et la
somme de 500 francs, payable en deux exercices, est
votée à l'unanimité.
Il a été de plus décidé que, pour alléger les charges
de son budget, une sous'cripiion serait ou verte, tant

. <9 . Le Cartulaire de Landévennec, Œuvre de l'abbé
Gurdestin, a ét
redlge vers 884. '

parmi les sociétaires que parmi ~es personnes étran­
gères, avec prière de faire parveeir les souscriptions à
M. Le Maigre, trésor ier de la Société.
Le Cartulaire 'de L~ndévennec sera publié avec des
notes et des commentaires, comme le Cartulaire de
Redon. . .
M. Arthur de la Borderie, étIlcien élève de l'école
. des Chartres, Membre correspondant de l'Institut et.,
sans contredit, le savant le plus compétent en fait
d'origines et d'histoire de Bretagne, a bien voulu se
. charger de la transcription, ainsi que des commen­
taires et annotations. Le précieux concours de M. de
la Borderie ajoutera encore une grande valeur à cette
publIcation. .

Une lettre de M. Astor nous annonce que le Ministre
de l'Instruction publique, sur les instances de M. Hé­
mon, a accordé une somme' de 2,000 francs à répartir
. de la manière suivante: 1,000 francs au Musée ethnogra-

phique, 1,000 francs à la Société archéologique, pour la
confection de son catalogue.
Les ouvrages suivants ont été offerts pour la biblio­
thèque de la Société:
Bulletin dü Comité de travaux historiques et scienti­
fique, année 1884, no 2 ;
Societé des sciences et arts du Havre.
M. auteur d'un ouvrage sur la langue inter-

nationale néo-latine demande à ce que son travail soit
analysé. lVl. Canvel e8t chargé de ce travail.
. Le bulletin d'histoire ecclésiastique de Valence
demande l'échange. Le caractère spécial de ce bulletin
sera examiné, pour voir si on peut y trouver des ren­
seignements utiles à l'archéologie.

M. Fischer annonce que M. de Mortillet se propose de
venir incessamment visiter le Musée de Quimper.
Lecture d'une fouille faite à Plouhinec, par M. Ar-
graU.
Suite de la lecture de Marion du Faouët, par
M. Trévédy.
par M. Hardoïun d'un projet pour le dépôt aux
Lecture
archives départementales des minutes notariées ant8-
rieures à 1790.
Le séance est levée à 4 heures.
Pour Le Secrétaire. empêché:

SERRET .

M. HARDOUIN propose d'exprimer à 1\'1. le Préfet du
Finü;;;tère le vœu que M. l'Archiviste dèpartemental soit
autorisé à recevoil' de la part des titulaires actuels ou an-
ciens d'études de notaires, le dépôt des registres et autres
documents antérieurs à 1791 qui présenteraient quelque
intérêt pour rhistoire.
_ A l'appui de cette proposition, il donne lecture du rap­
port suivant:
« L'attention de la Société doit étre appelée sur un vote

émis par la section d'histoire et de philologie, au cours des
réunions de délégués tennes à la Sorbonne, du 15 au 19avril
1884. Ce vote a été précédé d'un rapport et d'une discus­
sion qui sont tout d'abord à analyser. Suivront diverses
indications complémentaires.

.:: « SUl' le programme des travaux du Congrès, se lisait,

sous le n° 8, la mention ainsi conçue: « Utilité et impor-
« tance des registres de notaires, des registres de paroisses
« et des documents des greffes; mesures prises ou à
« .prendre pour en assurer la conservation et en faciliter
« l'usage. »

«Les communications écrites ou orales auxquelles a donné

lieu le sujet précisé en ces termes, ont été de beaucoup les
plus intéressantes d'entre celles qui ont eu lieu au cours

des séances tenues par la section. . . •
« Elle fut tout d'abord redevable à l'honorable M. Jolibois
la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres du Tarn),

de la lecture d'un memoire complet autant que précis sur

les archives notariales et sur leues destinées. Il y a tout
d'abord été rappelé que l'abolition de la vénalité et de l'hé-

rédité des offices royaux de notaires, tabelliops, notaires-
clercs aux inventaires, notaires connus en quelques lieux
sous le nom de greffiers, ainsi que la suppression des offices
de notaires ou tabellions authentiques, seigneuriaux, apos­
toliques et · de tous autres du même genre, sous quelque
dénomination que ce pût être, furent pronon~ées par les
articles 1 et 2 du titre 1 du célèbre décret du 6 octobre 1791.
Elles eurent pour résultat de faire affiuer entre les mains
des successeurs des officiers 'ministériels ainsi dépossédés,
c'est-à-dire des notaires, fonctionnaires publics, institués
par les articles 1 et suivants du titre II du même décret et

maintenus à nouveau par la loi du 24 ventôse an XI, un
nombre indéterminable de titres et de documents de toute
nature. De pareils papiers ou parchemins, dont beaucoup

dataient de temps très anciens, étaient, sinon en totalité,
au moins en très majeure partie ... d'une valeur capitale au
point de vue des études historiques .
« Après un siècle tantôt révolu, il ne subsiste plus d'un
aussi riche fonds, que des épaves a la veille de disparaîtr~ . .
« Dès la survenance du décret et à part de trop rares ex- .

ceptions, les archives les plus précieuses se trouvèrent
presque partout livrées au souffle de la dispersion " et de la
destruction la plus active et souvent la plus brutale. Elle
s'achéve quotidiennement surtout dans les bourgs et dans
les campagnes, par la multiplicité des transmissions. "
cc D'année en année a décru l'intérèt de la conservation de

. pareils documen ts par' leurs dépositaires actuels.
« Il ne s'agit, le plus souvent, pour ceux-ci, que de pape­
ra~ses prédestinées a subir la moississure et les autres
périls d'un séjour dans les réduits les plus abjects. Entr~

autres faits de destruction, il a été rappelé que déjà, vers '
1776, les archives et minutes de plus de 1,500 études, dé­
posées au Châtelet, périrent dans un incendie .

« Ce n'est point d'hier que les pouvoirs publics se sont
préoccupés du sauvetage de ce qui a pu survivre. Il a fait,
à diverses reprises, l'objet de délibérations QU de mesures
émanées des départements de la Justice et de l'Intérieur,
du premier surtout. La législation continue, d'ailleurs, de
laisser absolument désarmé le département de l'Instl'uctiori
publique.

« Comme garde-des-sceaux, M. Dufaure, de patriotique '
mémoire, voulut remédier enfin au mal que chacun dé-
plorai t. .
« Sur son initiative, commença l'élaboration d'un projet
de loi. Les Chambres de notaires furent appelées à émettre
un avis: Il ne serait pas sans intérêt, mais il n'y a point
nécessité de reproduire ici, à· ce sujet, les textes officiels .
« On se bornera donc à rappeler qu'ils semblaient présager
une loi comportant, quant à sa mise à exécution, l'intermé
diaire tout àla fois, des parquets et des préposés de la régie
de l'enregistrement et des domaines. Le droit des titulaires
d'offices à la propriété des titres de toutes dates dont la
transmission avait été la conséquence de l'institution e11e­
même du notariat, ne risquerait-il pas d'en recevoir? Cette
appréhension domina,et comme souvent il arrive, la forme
emporta le fond. Elle fit croire qu'il ne s'agissait de rien
moins que d'ériger en une rigoureuse obligation, ce qui de­ •
vait rester une simple faculté abandonnée aux lumières et
a la bonne volonté manifeste des membres du notariat .
« La difficulté n'aurait-elle point sa solution dans le dépôt
purement bénévole, aux archives départementales, des
papiers ou titres, pour la plupart sans utilité au point devue .
pratique et pécuniaire, qui restent dispersés? ..

« L'honorable M. Deloche (de l'Institut), qui, de son côté,
a fait de la question, l'objet de l'étude la plus sérieuse,
avait insisté sur la réunion des actes et registres anciens

tlu notariat} au chef-lieu du départernent, la ou se trouve
o'énéralement parlant, le seul homme en état de les lire. .
écarte en effet toutes les cl'aintes que l'on pourrait cOilCe­
voit' au sujet de la conservation des documents dont il
ijo!ao'it. En somme, nul débat sérieux ne pouvait s'élever
par toutes voies amiables, leur concentration au chef-lieu
de chaque département.

« SUI' la proposition du Président de la section, M. Léopold
Delisle, l'éminent directeur de la Bibliothéque nationale, a
été émis, dans la séance du 16 avril, en des termes moins

impérieux que ceux qui avaient été proposés par la Com-
mission" {( le vœu que des mesures soient prises pour
« assurel' la conservation des anciennes minutes de notai­
« l'es, pour en dresser des inventaires et pOUl' en faciliter
fi. la communication dans l'intérêt de l'histoire. »
« Les délégués ont été, d'ailleurs, expressément invités

li. provoque!', sur ce vœu et sur les communications et rap­
ports par . lesquels il a été préparé, l'attention la plus
sérieuse de leurs Sociétés respectives, dans le but de solli­

citer, de la part de celles-ci" une intervention immédiate
auprès de J'autoritê départementale . .
« Entr'autres précédents de nature a déterminer le con-
cours officiel de MM. les Préfets a la mesure proposée, et
a en démontrer toute l'efficacité, a été rappelé ce qui na~
guère a eu lieu dans la Corrèze. Aussitôt connaissance
acquise de la décision par laquelle ils étaient invités a
. déposer aux archives départementales, les documents anté­
rieurs a 1791. MM. les notaires se sont fait un devoir de
déférer a cette invitation.
BULLETIN AUCHÉOI •• Dy FINISTimE.
- TO~lB XI. (Fe radié).

c c Il ne parait pas douteux ùn seul instant, que le double

exemple qui a été ainsi donné, n'ait toute chance d'ètre
suivi dans.le Finistère. Un appel aux lumières de l'autorité
départementale, sera par elle accueillie, et, de leur côté,
MM. les notaires ou anciens notaires, témoigneront de
leur bon vouloir à l'endroit des études historiques .ainsi
que de la conservation et de l'usage des documents propres
à y aider, dont ils seraient les dépositaires .
« Il reste donc uniquement, si l'on ne s'abuse, à préciser
quelques indications de détail.
« De tout dépôt, il serait délivré, par M. l'Archiviste
départemental, . des récépissés, soit collectifs, soit sur in­
ventaires, avec réserve de toute faculté pour chaque dépo­
sant, de prendre, sans déplacement et sans frais, extrait
ou copie de toutes pièces ainsi remises aux archives .. La
décision serait insérée dans le Bulletin des A etes adminis­
tratifs, et la Société, sUI'la notification qu'elle en recevrait,
serait autorisée à lui donner toute publicité. »
Après échange de diverses observations, la proposition
la teneur vient d'ètre reproduite, est adoptée unanime­
dont
ment et le bureau invité à transmettre à l'autorité départe­
Finistère , une copie certifiée de la présente
.. mentale du'
délibération.

SÉANCE DU 24 JUILLET 1884 .

Présidence de M. le Vicomte HERSART DE LA VILLEMARQUÉ,
MEMBRE DE L'INSTITUT

Étaient présents : MM. BOURASSIN, LUZEL ,
HARDOUIN, CANVEL, LE MAIGRE, DE BECOURT,
MALLEN FATY, SERRET et DE BLOIS.
M. de la Villemarqué a le regret d'annoncer que la
santé de M. Audran, vice-président de la Société ,
n'a éprouvé qu'ulle légère amélioration" depuis notre
amis espèrent que
dernière réunion; néanmoins, ses
à Cauterets, sur le conseil des
la cure entreprise
aura les plus salutaires résultats et per-
médecins, '
mettra prochainement à notre sympathique confrère

de reprendre ses études et la place si distinguée qu'il
occupe au milieu, de nous.
M. Vesco , receveur des . finances, empêché par'
ses fonctions, s'excuse de ne pouvoir assister à la
séance . .

Depuis le 1 juillet, la Société a reçu l'hommage des
1 du Ministère de l'Instruction
ouvrages suivants :

publique: .
Le Journgl des 8avvnts, livraisons de mai et de
juin 1884;
Le Bulletz'n des tra'iJaux h~'storz'ques et sC'lentz'fiques,
section d'archéologie, année 1883, no 2.
2° Le Bulle#n de la Socz'été archéologz'que de Nantes,
, tome XXII, année 1883. ' ..
M. le Conseiller Hardouïn a été avisé du succès pro­
M. Hémon, député de Quimper,
bable des démarches que

a poursuivi ès auprès du Ministère de l'Instruction publi-
but d'obtenir pour notre Société les secours
que, dans le

dont elle a besoin. Prévenu en notre faveur par d'exeel-
lents rapports, M. le Ministre s'est mont.ré disposé à
nous accorder une subvention importante destinée à nous
indemniser en parti~ des sacrifices considérables que
nous nous sommes imposés pour la création du
musée ethnographique, pour l'impression des catalo-
gues et enfin pour la publication du Cartulaire de
Landévenl1ec.
M. le Président se fait l'interprète des sentiments de
rend:mt un public hommage à la sollicitude de
tous en
M. Hémon, qui a bien mérité de notre compagnie.
- M. de la. Villemarqué craint que plusieurR articles
impriméR dans un journal de Lorient, sous la. signature
de notre collègue M. Diverrès, n'aient passé inaperçus.
divers documents inédits extraits des
Ils contenaient
archiveé départementales du Finistère et :lvaient trait
à l'histoire peu connue . des anciennes corporations
ouvrières, dans notte région. C'est une étude pleine
d'actualité et il serait regrettable que M. Diverrès
s'arrêtât en chemin et ne songeât .pas à condenser ses
recherches dans un travail d',ensemble dont notre

Société a le droit de réclamer la primeur.
M. de Blois a eu l'avantage de s'entretenir de cette
M. Diverrès, qui songeait alors à tirer
question avec
des documents qu'il emportait la matière d'un inté­
ressantmémoire .

Présentation et admission de membres nouveaux:
Par MM. Luzel et Salzac, de M. Courmes, contrôleur,
pl'emier commis des Contributions indirectes.

Par MM. Luze1 et Audl~an, de M. Riou, juge de paix
à Briec.
Par MM. Le Maigre et Mallen, de M. Lullier', per-
cepteur à Tay-Hinh (Cochinchine). ,
Par MM. De Blois et De Brémond d'Ars, de M. Le
Révérend, architecte à Nantes.
Une note de M. Lukis, .accompagnée de plans et de •
rend compte de l'exploration du
légendes explicatives,
Plouyé. Une particularité
tumulus de Kerguévarec en
à signaler, outre la découverte d'un certain nombre de
flèches en silex fort bien travaillées, c'est la
pointes de

• disposition de ces objets, rangés circulairement autour
d'une petite plaque de jais ou lignite, peut-être une

amulette, qui se trouvait placée à la partie de la cham-
bre corresponda~lt à peu près à la hauteur des pieds
d'un corps que l'on y suppose inhumé. . -
Suivant M.de la Villemarqué, les chambres d'un
du Morbihan, fouillées avec tant de sOÏll ' par
tumulus
M. Galles, aurai en t offert en grand un spectacle ana:-

logue. . .
Il serait encore utile de rapprocher ces faits des ·

observations consignées dans les mémoires des sociétés ·

qui ont visité nombre de sépultures anCiennes, pans le
départemellt'-de la Marne, dit M. Faty. On a cherché
. depuis longtemps l'explication de ces pratiques et for­
mulé bien des hypothèses dont aucune, malheureuse­
ment~ ne repose sur une donné~ vraiment scientifique .
rite funéraire ou un
Que ce soit l'accomplissement d'un
. symbolisme religieux, dont le sens . nous échappe, la
· " chose n'en est pas moins digne d'attention. '

M. Lochou, propriétaire du tumulus de Kerguévare0

et :maire de la commune de Plouyé, offl'e de céder ,au
Musée toutes les pièces trouvées sur sOn terrain',

moyennant une légitime indemnité de '~O fi'ancs. La
proposition est acc~pté.e à l'unanimité et des remer-
ciements sont votés au nom de la SoCiété à l'honorable
et intelligent administrateur 'de la commune de
Plouyé (1). .
,On lira aveè intérêt .. a la suit:e du procès-verbal ,
'une note que nous adresse notre co.llègue, M. Lukis, ,
sur cette importante fouHle du tumulus ' de -Ker­
guêvarec.
M. l~ Vieomté de Ker-ret, 'au nom de M . . F:loc'h, curé
de iGo.nesnac'h .. 'fait don au Musée d':une pointe de lance
en bronze, trouvée c à Mené-Tosia, et qui a été ajoutée
aux autres objeis' provenant d· .u tr.ésor · archéologique
..:. de cette localité,.dans 'la vitrine ' qui lt;ii est cônsacrée,
d'an·s notre Musée',
M. de Mortillet. visitant récemment · notre Mlls~e en
'compagnie du zélé directeur, .décernait à notre œuv,re
des éloges dont nous avons lieu d'être fiers et qui
doivent ·nous encourager à suivre rés0lu'ment la voie
où nous sommes entrés.

Corif01'mémentaux indicgtions de l'ordre du J'OUf

M. le Président donne la ' parole à M. Canvel .pour 'la

lecture très écoutée et 'très a1 ppla.lldie de son compie-
renffu du Congrès des sociétés ·savantes, à la Sorbonne ..
Le mémoire sera imprimé,au 13ulletin,

M. Luzel propose ensuite il Pexamen de ses collè­
gue un Noël français plein de- poësie naïve et qu~il

(f) Le mobilier dû Cé tumulu!', -acquis par. la ~ociélr, est aujourd'hui
déposé au u,~ée archéologique de Quimpel'.

ent
croit cmnplètem inédit. Il a été recueilli aux envi- .
l'ons de Guerrande, . dans la Loire-Inférieure -, par
M. Pavee, père du président du tribunal civil de
Quimper. C'est une vraie . bonnefodune pour notre
Bulletin de pouvoir publier corn,me -prirnaur cette
charmante pièce, qui présente au plus ,haut degré le
caractère populaire et que l'on lira plus loin .
Le temps ne permet pas à M. de Blois d'achever la
lecture d'une importante conférence de notre savant

compatriote,',M~ Bertrand, mem-bi'e de l'Institut, sur le~
antz'quz"tés et la cz~mUsatz"()n de l'Irlande. Cette commu-
nication, faite si gracieusement à notre président, sera
reprise à la prochaine réunion •

. La séance est levée 8 5 heures .
Le Sec/'étaire, •
Vte DE BLOIS .

NOEl. DE LA HAUTE BRETAGNE

Quand la 'Vierge vint à. la messe,
jour de la Chandelous,
print sa piu belle robe
Elle
est de cinq cents coulous,
Qui •

oue . nou, nou, nou,

Nouël, nouël, nou !

Elle print sa belle robe .

est. de cinq cents coulous)
Qui
La ceinture qui la serre

Elle fait dix mille tours.
oue . nou, nou, nou .

Nouël! Noud ! nOll !
La ceinture qui la sefl'e, .
tOUl'S ;
Elle fait dix mille
Ell' s'en fut chez Madeleirie :
« Voulou-veni quant et nous? »
Nouël, nou" nou, nou,
Nouël, Nouël, nou.
EH' s'en fut chez Madeleine ~
(( Voulou veni quant et nous? .
Les chemins par où q n'eUs passent,
Les buissons fleurissaient tOUS!

Nouël, etc.

Les chemins par où qu'elle passent

Les buissons fleurissaient tous,

furent dans l' cimetière,
Quand ells
Les cloches sonnaient trétous !
Nouël, etc.

Ouand ells fnrent dans l' cimetière

Les cloches sonnaient trètous,
Quand eIls furent dedans l'èguièse,
L'éguièse reluisait tous!

Nouël, etc.
Quand elles furent dedans l'éguièse (l'église),

L'éguièse reluisait tous;
1,e prétr' qui disai t la messe
En a ombelié les mous (mots).
Nouël, etc.
Le prète qui disait la messe
En a om belié les mous,
« -Qué qu'y a dans cette éguièse

« Qui me fai t om belier tous? »
Nouël, etc.

Qué qu'y a dans cette éguiése
tous?
, Qui me fait ombelier

- C'est Madeleine et Marie,

Nouël, etc;

C'est Madeleine et Marie
La mèr' de Notre-Seignous,
Qu'ells nous mènent en Paradis
. Et nous conduisent tretous !
NoüeJ \ nou, nou, nou 1

Nouël, Nouël, nou 1

EXPLORATION D'UN TUMULUS
DANS LA COMMUNE : DE PLOUYÉ (FINISTÈRE).

Au mois d'avril dernier, M. Lochou, le .maire actuel de
j:)louyé, a fait couper une tranchée du sud-est au nord-ouest,
dans un tumulus qui se trouve dans une lande ~ui apparte-
nant, entre les deux villages du Vieux-Tronc et Kergué-"­
varec, à environ deux kilomètres du Huelgoat.
Ce tumulus, qui a 27 mètres de diamètre, est fait de terre
meuble, sans mélange de pierres. Quelques morceaux
de charbon de bois ont été rencontrés, dans le travail
d'exploration. Il est situé SUl' une colline qui domine presque
tout ce pittoresque pays, au sud, dans la direction de Car-
haix, jusqu'aux Montagnes-Noires .
A une profondeur de 2 m ... GO c. du sommet, les ouvriers
rencontrèt'ent deux pierres plates en granit, qui couvraient •

le tombeau et mesuraient 1 m. 50è. sur' 1 mètre, et de 12 à
15 centimètres d'épaisseur; elles reposaient sur quatre murs
maçonnés à sec, qui formaient le tombeau. N'ayant per­
sonne pour les diriger, les ouvl,iers brisèrent ces pierres
pour. pouvoir entrer dans la cavité. Ils trouvèrent, au milieu,
deux ou trois os d'un crâne humain non incinérés.
Mais là où le corps avait reposé, . il existait une grande
quantité de cendres et de charbon brûlés .
. D'un côté étaient placés trois poignards, et de l'autre, une

épée et un · poignard, avec des fragments de bronze ayan~
appartenu, probablement, à un autre poignard. J'ai pu

rejoindre deux ou truis morceaux des poignards et de l'épée.
Le tout trè$ oxydé. Au-dessus du crâne étaient rangées trois
haches plates, en bronze, et au bas du tombeau se trou-

vaient 24 pointes de flèche barbelées, en silex ... d'une finesse
admirable. Elles ètaient disposées en cercle autour d'un

ornement en jais ou lignite percé de trois trous, d'un côte,
et cinq de l'autre. Trois seulement des cinq trous ont ren- . -
contré les troi~ premiers, pour suspendre l'objet en ques­
tion, qui se portait sans doute au cou, au moyen d'une
ficelle. . _ _ - _ .

L'on peut voir sur les poignards -et sui, l'épée -des mar-
ques qui montl'ent comment ils étaient emmanchés ... avec
leurs six rivets. .
Le croquis qui accompagne ce petit travail est fait d'après
la description que M. Lochou lui-mên1e m'a faite dumobi-

lier de ce tumulus. .
Toutes les pierres qui composaient le tombeau avaient
été enlevées. avant mon arrivée sur les lieux. Je n'ai pas
pu constater la .forme du sépulcre, ni ses dimensions, mais
je ne crois pas qu'elles dèpassaient 1 m. 20 sur 0 m. 80 c.
Plusieurs des pierres ont l'air d'avoir été soumises a l'action

du feu.
Le tombeau avait été creusé à 50 ou 60 centimètres plus
bas que le sol nature { ce qui aurait donné une profondeur
totale de 3 m. 10 0 ' 3 m. 20 c. _
Il est regrettable que cette trouvaille intéressante n'ait
pas été conservée intégralement. Les ouvriers prenaient
les silex pour en faire des pierres à feu pour leurs briquets.
C'est comme cela que bien des objets dignes d'intérêt local
so_ nt souvent dispersés et perdus! -
Dans)a commune de Plouyé, il y a plusieurs tumulus, qui
n'o,nt pas encore été explorés; d'autres ont été fouillés, il y
années. _
a bien des

J'en ai examiné un qui avait été fouillé; nous y avons

trouvé un fragment de poignard très oxydé, à côté d'un
, vase qui avait été brisé en 80 morce~ux ; je suis parvenu,
en juxtaposant les morceaux, à reconstituer à - peU' près le

vase dans son ensemble. Il mesul'e 27 centimètres de hau t
et 16 centimètres de large; il a quatre anses et ressemble
aux pots à lait que nous voyons aujourd'hui dans nos p.am­
pagnes.
Je considère la t.rouvaille de Plouyé comme très

intéressante, parce que je crois que les haches vlates ont
suivi immédiatement ou de près l'âge de pierre, et précédé
haches à douille et à talon, ajnsi que les armes. La
les
manière d'entourer rornement en jais ou liginite avec dès
pointes de flèches me paraît aussi digne d'ètre remarquée.
. LUKIS.

SÉANCE DU 28 AOUT 1884 .

RQUE,
Présidence de M.le Vicomte HERSART DE LA VIL

. MEMB.RE DE L'INSTITUT.

Étaient présents : MM. LUZEL , FOUGERAY, -
DE BLOIS, VESCO, CANVEL, HARDOUIN.
MALLEN,
Se sont excusés par lettres : MM. BIGOT père et

FATY.
Au nombre des pub1ioations déposées sur le bureau
et dont la liste fera suite au procès-verbal, se trouve
un exemplaire (N° l, 1884) du Bulletin du Comité des
travaux klst01~iques, section d'histoire et de philologie,
contenant (pages 68 à 77) un second rapport présenté
le 7 janvier dernier, par M. Ramé, au sujet du Cartu-
laire de Landévenec. Plusieurs membres ont déjà pris
connaissance de ce rapport. Les conclusions seules ont
reçu l'approbation du Comité, il la haute bienveillance

Quant au surplus 'u même rapport, œuvre demeurée
personnelle à s ,n savant auteur, les mêmes membres
insistent sur la nécessité d'y répondre. La Société se
réserve d'y aviser.
Communication est ensuite donnée de la note sui­
vante, émanée de notre confrère M. Arthur' de la Borde­
rie, correspondant de ] 'Institut, et dont l'insertion tex­
tuelle au procès-verbal a été immédiatement 'prescrite:

NOTE SUR LE CARTULAIRE DE LANDÉVENNEC
Les trois quarts du Cartulaire de Landévennec sont
occupés par la vie de saint Guenolé ou . Uinualoë,1 écrite au
BULLETIN ARCBÉOL. ni! FINISTÈRE. -- Tom: XI. (Fe partie) •

IXe siècle par l'abbé Gurdestin (ou plus exactement Uurclis-
ten), d'après les traditions et les anciens écrits conservés
dans ce monastère: cette rédaction est certainement anté­
rieure à l'année 884.
« Le dernier quart du Cartulaire (seul publié dans les
Documents inédits de l'histoire de France) comprend des
pièces en forme de chartes ou de notices, dont une partie
pourrait être considérée comme une dépendance de la vie
de saint Guénolé.
« Cette vie renferme des longueurs; plusieurs chapitres
sont entièrement remplis de considérations pieuses, mysti­
ques ou ascétiques.
« Telle qu'elle est, en y joignant les n9tices du dernier
quart du volume qui ,se rapportent à l'époque dé Gradlon et
n'en constitue pas moins la source la
de Guénolé, elle
source à peu près unique de toute l'histoire antique de la
Cornouaille; elle représente tout ce que l'on savait, tout ce
histoire, au temps de Gurdesten,
que l'on croyait de cette
c'est-à-dire au IXe siècle. .
« M. Ramé a cru et a 'dit, dans son rapport, que l'abrégé
de cette vie, composé au XVII~ siècle, par le P. J acques­
Bernard, et imprimé par les Bollandistes sous le nom de
vrai­
Gurdestin contient tout ce qu'il y a d'essentiel, de
ment historique dans l'œuvre de Gurdesten: c'est une
erreur. Il serait aisé de prouver au contraire que tous les
traits caractéristiques, les plus curieux pour l'histoire des
mœurs et pour la critique, ont été omis, effacés par l'abré­
viateur.

« Il est vrai que certains chapitres, certains fragments
intéressants ont été publiés, dans leur texte même, soit par
D. Morice., soit par M. Ramé, à la suite de son rapport:
mais dans ce qui est inédit, il en 'reste tout autant, sinon
plus. Et d'ailleurs., qui ne sent que cette publication frag-
mentaire, absolument incomplète, ne repraduit point la

physionomie de l'œuvre, ôte même à ce qui est publié
sa valeur ~ Et, puisqu'il s'agit ici d'un docu­
beaucoup de
ment qui constitue le plus ancien titre historique d'une
o'rande contrée bretonne comme est la Cornouaille, n'est-il
pas véritablement nécessaire de lepublier, dans son texte et
en entier?
« Le Cartulaire de Landévennec a été écrit au XIe siécle,
probablement en 1047. Or, il existe à la Bibliothèque natio­
nale (nls. latin 5,610 A) un autre manuscrit aussi ancien
qui ne contient pas les chartes et notices formant le der­
nier quart du Cartulair~, mais qui renferme toute la vie de
saint Guénolé composée pa t' Gurdesten, q ni n'a pas été copiée
sur le Cartulaire, mais qui a d'Cl l'être directement sur le
manuscrit primitif du IXc siécle ; qui. par conséquent, a des
variantes fort utiles poür l'établissement d'un bon texte de
l'œuvre de Gurdesten. .
J'ai une copie de la vie de saint Guenolé, prise sur le
manuscrit 5610 A, avèc beaucoup de soin.

« Je reverrais donc trés-volont.iers les épreuves de la vie de

saint Guénolé en les a6nférant avec le texte de ce manus-

(( Quant au -exte du Cartulaire, il sera facile d'obtenir de

la Bibliothéque nationale la copie faite par feu M. Le Men,
être considérée comme exacte. Si l'on me
laquelle doit
mettait en main cette copie de M. te Men, j'en tiendrais
compte également, comme représentant la version manus-
crile du Cartulaire et pour établir le meilleur texte possible

de la vie de saint Guénolé, en ayant soin de signaler toutes
les variantes, qui, dans ce manuscrit comme dans l'autre ,
, pourraient présenter quelque intérêt.
« Je ne cache pas toutefois que, pour biên faire ce travail
serait bien préférable d'avoir en main
de confrontation, il
l'original même du Cartulaire .

(( Pour l'introduction historique et les notes, il faudrait, je
crois, se borner à l'indispensable; mais il y a des points de
critiq ue histol'ique qu'on ne pourrait éviter de discuter; en
particulier, tout ce qui concerne la chronologie de saint
Guenole et du roi Gradlon, puisque c'est Hda base, le point
de départ de l'histoire de la Cornouaille.
(( Il faudrait aussi une table des noms propres d'hommes
ct une table des noms de lieux; il me serait impossible de
m'en charger. Mais je tâcherais, si on le désire, de trouver
le moyen de rédiger l:examen des questions de chronologie
et de critique historique dont je parlais tout à l'heure,
encore bien que l'édition de Gildas .. dont la Société de l'His­
toire de France a bien voulu me charger, me mette sur les
bras une lourde besogne et réclame le plus clair de mon
temps. (( ARTHUR DE LA BORDERIE. »
Lecture est faite d'une lettre de M. le Ministre de
et des Beaux-Arts, portant avis
l'Instruction publique

de l'ordonnancement d'nne somme de 1,000 francs des-
tinée au Musée breton. Cette somme a été payéE! sur
l'acquit de M. Le Maigre, trésorier. La Société
exprime ses remercîments tant à M. le Ministre de
qu'à l'honorable M. Hémon .
l'Instruction publique
Le Musée, avec sa galerie de costumes si ingénieu­
petr les soins de l'administration de
sement disposée

l'établissement, continue de provoquer une aftluencé
sans précédents, de visiteurs françaiH ou étrangers . .
La PoZz'ce de la Ville de Quimper, au X VIlla siècle
il fait l'objet de curieuses recherches et d'un savant
mémoire deM. le Commandant Faty. A raison de
l'empêchement du laborieux auteur, lecture en a été

donnée par M. Canvel. Renvoi à la Commission.

Des félicitations sont adressées à M. Luzel, par
M. de la Villemarqué, pour la publication du curieux
Noël français inédit, imprimé dans le dérnier Bulletin .
observations sont échangées entre le
(p. 84). Diverses
Pré~ident, MM. Luzel et Canvel au sujet des chants
bretons. Le désir est manifesté que le texte du Noël
publié soit suivi de la notation musicale. M. Vesco
se charger de pourvoir à ce desz·deratum.
accepte de
Le même membre communique deux feuilles destinées
à l'impression de cartes à jouer, portant indication du

n9m du typographe Jehan Nicole., de Quimper. Ces
feuilles ont été détachées par M. Vesco de la reliure
d'une partition- musicale datant de 1723. La communi-

sera ultérieurement complétée par des recher-
cation
ches sur l'imprimerie mentionnée. '
Sur la présentation de MM. 'Hersart de la Villemarqué
et Luzel, M. le vicomte Olivier de Carné, officier de
marine, domicilié au Marc'hallac'h, en Plonéis (Finis­

tère), est admis COlnnle membre de la Société .

. de di vers dOG- ments inédits relatifs à l'histoire locale .

A raison des vacances scolaires, la prochaine 'séance
n'aura lieu qu'en octobre. •
La séance es_ t levée à 4 heures.
Le Secrétaire par intérim,
HARDOUIN .

DOCUMENTS INÉDITS

Nomination d'un bedeau à la Cathédrale de Saint-Corentin.
Ses droits, ses charges.

« Du secon.d .jour de Febvrier mil six centz. douze, à la
feste de Purification de Nostre Dame, fut eligé et créé
maistre J ehan Pasquer, natiff de ceste ville de Kemperco­
rentin, bedeau, par Messieu es trésvénémbles et discrets

chanoines du Chapitre de l'église de Mons St-Corentin,
cathédrale de Cornouaille, pour les servir en ladite église
et ailleurs où il leur plaira luy commander.
« Et luy ont lesditz sieurs ordoné des gages la somme
et nombre de vingt et quatre livres tournoys par an, tant
que son service leur sera agréable, ladite somme payable
par le sr procureur de leur msnse capitulaire, de quartier en
quartier.
«( Et en oultre ses gages ordinaires, lesditz sieurs luy
promettent prandre cincq soulz tournoys de chacun homme

qui prandera le droit d'annate audit chapitre.

« Et aussy pourra prandre cincq soulz tournoys de toutz
ceulx qui seront pourveus de chapellainie, institués curés
e-n ladite église de Sainct . Corentin, nomm i's et p t'ésentés

vicaires perpét.uels, tant du t;orps en général que des parti-
culiers dudit chapitre. .

« Luy prometent davantage lesditz sieurs de pr~ll1dl'c de
chacun chanoine, lors de sa réception, soit en personne ou
par procureur exprés, cincq soulz tournoys, et chacun
- enterrement et service où quelqu'un des Messieul's officiera,
cincq soulz tournoys.

« Le tout sans aucune diminution des gages ordinaires
et pratiques' du sergent du cœur etmaistre des cérémonies

en ladite église;

« Et sera ledit Bedeau tenu de faire les services cy-après .
voir
spécifiés sC3: : .
« De se trouver tous les dimanches et festes doubles en
ladite église cathédrale et prandre sa robe my-party rouge

et violette, en laquelle y aura deux escussons des armes de

. ladite église, qui sont d~asur a une truite d'argent mar­
tellée de geulle, portant son batton d'argent sur l'espaule,
ayant en main une houssine blanche pour conduire les
processions, marchant devant les 'enfeq.tz dn cœur, tant par
dedans l'église que quand l'on ira dehors en quelque part .
que ce soit.
« Sera aussy ledit bedeau teneu de conduire et escon­
duire les diacres et soubz diacres au chantouer pour dire
/ l'espitre et l'évangile, aux dimanches et jours de festes .
doubles) et lorsqu'ilz donneront l'encens au cœur seule-

ment. »
« Fera ensemble ledit bedeau avec le sergent du cœur

des Messieurs 11 Ch~itre, lors qu'ilz porteront chappes,

tant au cœur qu'audehors, et conduira le second chanoine

à la chappe, lors qu'ilz iront deux ensemble. Aussy sera
teneu ledit bedeau, lesditz jours de dimanches et festes
doubles, durant matines, la grande messe et vespres, de
·tenir les portes du cœur fermés, et de ne laisser entrer
a~dit cœur que des gentz discretz et de remarque auxquelz
il leur baillera place, s'il s'en trouve selon leurs qualitez, et

pourraprandre advis. »

« Ledit bedeau mettera hors du cœur toutz autres qu
auront en,très, tant enfentz qu'artisans, si ce ne soit par

commendement de quelqu'un de Messieurs dudit Chapitre.

(( Sera aussy tenu ledit bedeau d'advertir le sonneur des
cloches de fermer les grandes portes de ladite église, durant
les sermoJ;ls-, et d'y mettre hors les gueux et pauvres ques­
tantz l'aumone, petitz enfens faisantz du bruit, et aussy
les chiens.

« Et lors qu'il y aura offt'ande, soit au cœur ou dehors,
quand Messieurs dudit Chapitre y assisteront, il sera tenu
de les aler quérir et conduire, en après Messieurs les Juges
du Siège et aultres grandz seigneurs, sy se trouvent pré­
sentz par advis de Messieurs du Chapitre.
« Finallement, sera ledit bedeau tenu de se trouver
avecques nosditz sieurs du Chapitre pour les conduire
reconduire, lors ·qu'ilz seront en corps à quelque assemblèe,
soit en la ville o? hors de la ville, à la réception d'un éves­
que, d~un gouverneur ou de quelques aultres grandz seI­
gneurs, mesmes à cheval, s'il est besoing, sans aultres
sa despense de bouche seulement.
sallaires, fors
« A quoy faire et acqomplir il s'oblige, suivant les con­
ditions raportées, témoing son sign, cy-mis.

(Extrait du registre des délibérations capitulaires du Chapitre
1595-1648. Aux Archives du Finistère.)
de Comouaille,

SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1884
Présidence de M.le Vicomte HERSART DE LA VILLEMARQUE,
MEMBRE DE L'INSTITUT
Etaient présents: MM. BIGOT, Architecte diocésain,
Conseiller HARDOUIN, LE MAIGRE, FOUGERAY,
MALLEN, Commandant FATY, CANVEL et DE BLOIS.
Bibliothèque. Ouvrages déposés depuis la dernière
1° Bulletin du Com: .z·te des Travaux hz'stori­
réunion :
ques, section d'archéologie, année 1884, no 3 ; 2° Journal
des Savants, livraisons d'août et de septembre 1884.
M. Révérend promet son concours
Correspondance.

actif aux travaux de la Société qui l'a récemment
le plus
1 admis dans ses rangs.
1 M. le Président avant d'aborder l'examen des ques-
. tions inscrites à l'ordre du jour, exprime en termes
émus les regrets de la Compagnie à l'occasion de la

retrace avec au âtit d'éloges que de justice les éminents.
re us par notre si modeste confrère aux
services
études historiques dans la Basse-Bretagne. Malgré les
retraite de M. Audran, l'importance de ses
goûts de
et le bonheur de ses recherches avaient
publications
- forcément élargi le cercle de ses relations, mais partout
l'honorabilité et l'aménité de son caractère lui avaient
assuré de flatteuses sympathies ou de fidèles amitiés
attendri dans le discours
dont on retrouve comme l'écho

prononcé sur sa tombe par M. Luzel. '
M. Bigot nous promène ensuite à travers les abbayes
des évêchés de Quimper et de Léon et attireparticuliè-

. BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XI (ire partie).

rement notre attention sur les cloîtres souvent très­
remarqua hIes qui décoraient ces antiques asiles de la
prière et de la vertu. L'auteur du poëme de Laude

vitœ monasticœ a tracé en deux vers l'aspect de ces
édifices.
« Quadratam speciem structura domestica prœfert,
« Atria bis binis inclyta port.icibus. »

Par suite de cette disposition des lieux, les cloîtres

situés autour d'un atrium planté d'arbres et d'arbustes
devenaient le promenoir ordinaire pendant les heures
de récréation et offraient en outre le moyen de desservir
· sépar,~~J:ent et de relier par une galerie couverte les
quatre ailes de l'édifice. Quoique l'usage de ces cons­
tructiolls fut très commun, le cloître le plus ancien
dont nous ayons conservé des vestiges est celui de .
l'abbaye de Daoulas remontant au XIIe siècle .. Celui
des Cordeliers de Quimper, détruit en 1845, appartenait

au XIIIe. Dans une ville voisine, à Pont·}' Abbé, le
cloître des Carmes avait échappé aux injures du temps,
protégé sans doute par le souvenir de· Bertrand de
Rosmadec dont le large écusson était gravé dans le .
granit. Le propriétaire a démoli ces gracieux piliers

élevés vers 1382 et a fait transporter les pierres, numé­
rotées, à sa campagne, dans l'intention d'y rebâtir le
cloître: la mort l'en a empêché .
Un puits où la famille du fermier vient puiser l'eau
employée aux besoins du ménage marque seul l'empla-
cement du cloître de Landévennec ; au Relec les ves-

tiges sont encore plus effacés, quoique M. le chevalier '
de Fréminville ait parlé des ruines qu'il avait visitées;
M. Bigot explique très clairement l'erreur où est tombé

ce savant archéologue. Il a pris pour les piliers d'un
cloître, les arcades de la salle capitulaire de l'abbaye.

Cette salle s'ouvrait, il est vrai, s'ur le cloître par
trois baies ou arcades encore apparentes et sa construc­
On voit dans l'église
tion semble avoir été très soignée.
du Relec une peinture murale représentant la Vier'ge
avec l'Enfant Jésus. Ce sujet est traité avec une naïveté
qui dénote plutôt l'antiquité de l'ouvragé que le talent
de l'artiste.
a été rasé à
Dans l'abbaye de Saint-Maurice, tout

l'exception ' du puits leqllel, si l'on s'en rapporte aux
anciens plans, paraît avoir été creusé à l'un des angles
Locmaria de
de l'atrium. Le cloître du prieuré de

il a été reconstruit
Quimper ne présente aucun intérêt,
au XVIIe siècle. Quant aux arcades que l'on observe

! dans le jardin du presbytère, il est possible qu'elles
aient servi de support à une ancienne salle capitu-
. laire.

A Sainte-Croi . de Quimperlé le eloître édifié de

1694 à 1705 est demeuré en parfait état de conserva-
• 'tion. Enfin P9 ur terminer' cette longue énumération,
M. Bigot mentionne le cloître dès dames calvairiennes
la cour centrale était autrefois décorée
de Quimper dont
d'une belle vasque, du centre d~laquelle s'échappait un
charmant jet d'eau. C'est aujourd'hui le Séminaire
diocésain.
M. Hardouin ayant obtenu la parole fait connaître que
« par suite des vacances d'usage de la Société, on n'a pu

'« arrêter ellcore la teneur de la délibération résolue au
« sujet du rapport présenté le 7 janvier 1884 relative­
« ment à l'impression du Cartulaire de Landévennec

. « par M. Ramé, rapport inséré dans la collection du
« Comité des travaux historiques, section d'histoire et
« de philologie. Cette délibération sera inscrite en tête
« de l'orùre du jour de la plus prochaine séance. »)
M. le Conseiller abordant un autre sujet, annorice
que M. Larhantec, dont le nom vaut à lui seul un éloge,
vient de terminer la restauration du beau calvaire de
Nizon, pour laquelle la Société d'archéologie avait

exceptionnellement voté une. subvention.
« Le monument se compose d'une croix de granit
« fin de Scaër à double face .

« D'un côté le Christ, de l'autre la Vierge mère, la
« tête ornée de la. couronne royale, tenant dans ses bras
« l'Enfant Jésus: croix et statues ont été taillées dans
« le même bloc.
« Au pied de la croix se dressent deux statues
« géminées tournées en sens inverse, l'une représentant
« saint Jean et Marie-Madeleine, l'autre la mère du
« Sauveur et saint Pierre. Ces statues reposent sur des
« consoles soutenues par des anges 'qui portent dans
« les mains des écussons sur lesquels avaient proba­
« blement été gravées les armoiries des anciens sei-
« gneurs du Plessis-Nizon. .
« Plus bas, dans le sens de la façade du monument,
« deux cariatides entourent l'arbre de la croix de leurs
« bras enlacés; au dessus, la représentation de l'Ecce
« homo et de sainte Véronique. On remarque de-nom­
I( breuses nodosités sur le fût de la croix scellée dans
« une pierre redangu'laire, laquelle est elle-même posée
. « au centn~ d'une petite plate-forme à chanfrain. Sur
« cette plate-forme et parallèle,ment au fût de la croix

({ s'élèvent deux colonnettes de granit rose surmontées
« des statues de saint André et de saint Amet, patron
« de la paroisse. Suivant une opinion populaire, les
« nodosités indiqueraient que le cal vaire a été érigé
« dans un temps d'épidémie et pour obtenir la cessation
« du fléau. Enfin) l'espace compris entre les colon!lettes
« est occupé par le groupe de la déposition; la mère
« de douleur entourée de Marie-Madeleine et de Marie­
« Salomé tient sur ses genoux le Christ mort. Les deux
« personnages du Christ et de la Vierge sont rem ar­
« quables par leur expression et leur cachet d'anti-_
« quité.

Deux inscriptions indiquent les conditions et l'époque
. de la restauration .

La première est ainsi conçue : Renket gant tud ar
barrez, c'est-à-dire restauré par les gens de la paroz'sse . .

La seconde contient les noms des membres du conseil
dé fabrique en 1883 : .Jean-Marie Millin, recteur ;

Péron, Nicolas Burel, Corentin Dizet, Jean Flécher,

M. le Conseiller Hardouin entretient
En dernier lieu
la Société d'un manuscrit conservé dans la biblio-

thèque du Tribunal civil de Quimper. « Ce manuscrit,
« dit-il, contient, en dehors du texte de l'usement de

« Cornouaille sur les domaines congéables annoté par
« Furic, une lettre du 16 janvier 1856 de M. le comte
« Aymar de Blois et uüe très-intéressante notice du
« même sur le commentateur .

« Furic fut au XVIIe siècle un avocat distingué du
« siège présidial de Quimper; encore qu.'il s'agisse de

« la réédition d'un imprimé conservé à la bibliothèque •
« dè la Cour d'appel de Rennes, cet imprimé est telle- '
« ment rare que le manuscrit dont le Tribunal civil se
« t.rouve possesseur devient par le fait un texte presque
« inédit. Sa publication serait un service rendu aux
« études qui continuent sur l'histoire à la fois si
« curieuse et si ardue du domaine congéable. L'auto-
« risatipn nécessaire à 'l'effet d'en faire prendre une

« copie serait à solliciter de M. le Président du Tribunal
« civil. ») Cette proposition chaudement appuyée par
plusieurs membres est mise aux voix et adoptée.
Admission d'un nouveau sociétaire : M. du Cassel,
présenté par MM. de Blois et de la Villemarqué.
La suite de la séance est remplie par la lecture de la

première partie du mémoire de M. le président Trévédy
sur la Léproserie de Quimper et les Caqueux devant le
sénéchal de la ville, en 1667.
La séance est levée à 5 heures.
Le Secrétaire,
Vte A. DE BLOIS.

DOCUMENTS INEDITS

CHANSON POPULAIRE MONORIME
Recueillie il Moncontour par M. LR COUOLLlŒ.

Camarades, à la guerre le roi nous a mandés:
A qui la donnerai-je ma maîtresse à garder?
_ A moi, à moi, mon frère, fort bien la garderai;
A moi, à moi, mon frère, fort bien la nourrirai.

S' ra priée de n' rien faire que de coudre et broder:

A six heures sa couche, à huit heures lever,
A dix heures la messe, à midi à diner :
la désennuyer.
Une jeune servante à

Ah! oui, àh! oui, mon frère, fort bien la nourrirai.
Du bon pain de ma table, du vin de mon cellier. li

N'était pas hors la ville Jes nouvelles ont changé;
11 lui a dit : sœlh: belle, les moutons garderez.

- Comment les garderai-je? jamais n'en ai gardé.
- Apportey moi ma gaule je m'en vais vous montrer. li
Le premier coup qu'il frappe, la marque en est resté;

Le second coup qu'il frappe, le sang a ruisselé .
1 beau-frère, bergère je serai.
- ' Voilà! voilà
1 voilà! beau-fl'ère, les moutons garderai. ,.
Voilà
Les garda sept années sans rire ni chanter;
Au bout de sept années la belle s'ennuyé .

- Pour entre vous, les filles ,.. qui allez au marché,

Apportez-moi un corgne qui au loin cornerait;
, Apportez-moi un corgne q' mon mari entendrait, ))
N'a pas si tot la corgne qu'elle se met à corner .

- Tournez ma bl'ide à gauche; j'entends, ma mie sonner;
Tournez ma 'bride à gauche, je ru' en vais la trou ver.
Bonjour, jolie bergère, m'enseignez à loger,
. , ........ , . aussi de quoi souper.
- La bas chez ma belle-mère y a beaux lits dorés,
. . . . . . . . . . . aussi de quoi soupei'.
Mais n'allez pas lui dire que vous ai envoyé:

C'est la fclmme la plus dure qu'aurez jamais tl'Ouvée. Il

Quand l' mari fut à table, il ne voulut pas souper,
S'il n'eut e,u la bergère à les accompagner,
_. Soupez, soupez, mes sieures; eU' vous empoisonnerait;
Od les cochons elle mange, fallait pas la prier.
y a des croûtes sous la table qu'allons les lui porter;
y a bien sept années qu'elle n'a ses doigts lavés.
- Hola! ho la ! chère mère. vous en ez dit assez
Qu'on m'apporte de l'iave pour ses doigts lui laver;

Une serviette blanche pour les bien essuyer.
Où sont les belles robes que je t'avais données il
- Les a données aux fill es pour aller à danser .
-- Où sont tes helles coëffes et tes mouchoirs brodés?

- Les a donnés aux filles pour aller au mal'ché .
, Hola! hola! ma femme, en a 'lez dit assez;
Hola! hola! ma femme, en avez dit assez:
Avez été sel'vante, maîtresse Vous serez (f).

(t) Cette intéressante hallade française correspond à la ballade bre­
Français peints par eux-mêmes,
tonne dont le texte se trouve dans les
le Barzaz-B1'eiz et les Guerziou-Breiz-lzel, et a été traduit dans Jes
Derniers Bretons. Voir aussi Les chants et chansons populaires de l'Ouest,
T.lI., p.2f!ietsuiv. .

,SÉANCE ' DU 27 NOVEMBli,E 1884.

P -ésidence de ~t le Vicomte HERSART DE LA VILLEMARQUE,
, MEMBRE DE L'INSTITUT.
Etaient présents: MM. HARDOUIN, LUZEL, FATY,

BOURASSIN, DU MARHAL~ACH, FOUGERAY, CAN-

VEL ASTOR, maire de Quimper, BIGOT, TREYEDY,

MALLEN DUCOURTIOUX, LE CARGUET, VESCO,
SERRET, LE MAIGRE et DE BLOIS.

Hommages à la Sociét.é :
1 ° Bulletin du Comite des travau.1JJ hz'ston:ques, sec­
tion d'archéologie, année 1883, no 3.

2° Répertoire des travaux historz'ques, année 1882,

tome II, no 4. Id. année 1883, tome III, n° 1.
1 30 B?A.lletz"n du Comité des h'avaux historiques, sec­
tion d'histoire et de' philologie,' année 1884, no 1. '

musée Guimet). N° 2, mars et avril, no 3, mai et juin

5° Trois livrai , ons du BuUetz"n de la 80cùJté bretonne

de géogïetphz'e.
6° Bulletin de la Socz'eté acadèmfque de Brest 2° série

tome VII. ~
70 La 'Venus de Quùu'pl?ly, par lH. Di verrès, membre
Société d'archéologie du Finistère.
de la

Dépouillement de la correspondance .
Lettre ~e M. le président. Pavec autorisant la Société
d'archéologie à faire prendre copie d'un manuscrit
déposé dans la bibliothèque du Tribunal ci vil et conte-

nant le texte de l'nsement de Cornouaille sur les
domaines congéables, annoté par Furie.
BULLE fIN ARCHÉOL. DU FINISTbm, ' ToUl~ XI (Fe pll'lic). '

Lettre de M. Guillaume, président de la Société
des antiquaires de France, invitant les autres
nationale
compagnies à seconder ses efforts auprès du Gouver-

nement pour assurer la protection des ' monuments
, anciens dans toute l'étendue du territoire national et
des possessions françaises.
Sur la proposition de M. de la Villemarqué, la Société
émet un vœu fa-vorable qui sera transmis au président
de la Société des antiquaires de France.
Circulaire de la Société niçoise pour recommander et
soumettre à la critiq ne un proje,t de langue auxiliaire
néo-latine.
Lettre de M. le Ministre de l'Instruction publi­
,que :fixant l'époque de l'ouverture du Congrès de la
Sorbonne pour l'année 1885 et donnant le programme
des questions qui seront traitées dans ,cette réunion.
M. Bourassin demande si quelqu'un de ses collègues
a précédemment connu' et constaté l'existence sur le
territoire de la commune de Gouesnach, de retranche­
ments ou murs vitrifiés. Notre honorable doyen fut
chargé il y a quelques années de faire, conjointement
d'état-major, un rapport sur les murs
avec un officier
vitrifiés de F éran, dans le départemûnt des , Côtes-du-
Nord. 1

Après avoir examiné avec la ,plus sérieuse attention
Jes murs et l'intérieur du fort dans lequel on découvrit
, _plusieurs médailles romaines, les explorateurs émirent
l'opinion que ces murs étaient l'ouvrage des Romains ,;
mais dep~is cette époque on a signalé des construc­
tions identiques en Suède, en Saxe et en Allemagne.
M. Bourassin modi:fiant son premier sentiment incli-

nerait aujourd'hui à penser que les peuples du nord
ans
émigrés vers Ja Bretagne et l'Ecosse ont apporté 9
ces pays leur mode de construction et leur système de
défense. Plus tard les Romains auraient tiré parti de ces
forteresses et les auraient occupées pour assurer leur
domination sur les pays conquis. Quoi qu'il en soit de
cette hypothèse, il convient de rappeler que M. Le Men
a lu au dernier Congrès breton de Quimper un m'émoire
sur cette question. Si ses conclusions diffèrent de celles
M. Bourassin, l'un et l'autre se rencontrent sur ce

point que ces murs, composés de fragments de pierres
vitrifiables et de boue disposées couche par couche ne
peuvent être l'effet du hasard, mais sont la suite d'un
des~ein arrêté pour assurer la durée et augmenter la ré­
sistance de postes stratégiques .
La première question portée à l'ordre du jour con-
tient une énonciation défectueuse: aussi M. le Prési-
dent tient-il, pour éviter tout malentendu, à bien établir
que le document dont M. Hardouin doit donner lecture
n'est pàs, corn e on l'a annoncé par erreur, le rapport
, adopté par la/ ommission de la bibliothèque de Quim­
per, qui n'a pas encore été réunie, mais un projet de
rapport que l'honoral:: le Con sei 11er soumet à la Société
archéologique du Firlistère en vue de profiter de ses
observations.

Plus tard, 'si la Commission de la bibliothèque accep­
tait ce travail à son tour et si M. le Maire en autori­
sait la publication, cette pièce pourrait être insérée
, dans le Bulletin de la Société au même titre q ne l'a été

la précédente délibération de ' la Coml11js~ion de la
bibliothèque sur le Cartulaire de Landévennec.

Cette délibération eut le tort de déplaire à M. Ramé,
et l'on se rappelle comment il a traité la CommisRion
de la Bibliothèque de Quimper, le Conseil municipal de
la ville, MM. les Sénateurs et MM. les Députés du Finis­
tère, non sans viser aussi la Société d'archéologie du
département.
Sous le bénéfice de ces observations, la parole est
donnée à M. le Conseiller Hardouin qui présente un
exposé très exact de la question. "
La publication intégrale du Cartulaire venait d'être
assurée grâce à la subvention de l'Etat et au complé- '
ment ,voté par la Société, lorsque parut le second l~ap.:.
,port de M. Ramé, œuvre toute personnelle, à son auteur"
à pact bien entendu les. conclusions que le Comité s'est

senles appropriées. La Société ne peut d'ailleurs qu'être
reconnaissante de la proposition que le Comité voulut
bien faire et qui a été accueillie si gracieusement, '

d'une subvention pour l'impression totale.

M. Trévédy se demande pourquoi~ lorsque les atta:-

ques ont été surtout dirigées contre la Commission de
la Bibliothèque et le Conseil municipal de la ville, la
Société d'archéologie, intervertissant les rôles, se pla-
cerait au premier rang pour soutenir la lutte et réclamex
en quelque ~ortè une réparation qui ne lui est pas due,.
M. le Màire de Quirriper 'ex'plique l'àttitude du Con­
mnnicipal que l'on est surpris de trouver en caùse
seil
dans cette affaire. Il s'est en effet borné' à , appùyer
'uil vœu précédemment éinis par la Sodété d'arché6-
logie. Si l'on était libre de .ne pas prendre en considé'·
ration la recoinmandation des admin.istrat.eurs de la

leurs .actes ,avec
ville, ' on . devait du mOInS apprecler

Malgré cela 'M. le Maire ~stime que l'on s'éxagère
peut-être un .peu l'importance des récri minations con'­
tenue's dans' ie rapport de M. Ramé, et q~'il y aUrait
profit à laisser t.omb~r dan~ un juste ~ubli une qu'e::' .'
l'elle entreprise sans motif comme sans mesure, que­
relle d'ailleurs devenue toute rétrospective. .

. . M. l'abbé du Marhallac'h, MM. Luzel et Canvel dé:'

. veioppent des arguments analogues·,

M. le Président resumant, alors le débat est amené

'à dire qn~ le Comité des Travaux historiques, dont il

est Menibre honoraire, se refuserait très probable.ment
l à" enregistrer ;dans ' ses procès-verbaux les' protesta-
tians de la Société d'archéologie et de la Commission

de la bibliothèque. . '.

Un autre gel re de satisfactiorl 'est d'ailIetü"s réservè
à celles-ci: M. de la Bo'rderie, ': correspondant de l'Ins-

titut, s'est' chargé de la publication du Cartulaire de
servira d'introduction à ce travail" notre émineùt
qui

confrère rendra à chacun la justiee qui lui est due.

M. le Maire répondanLe.l1. suite à une question de
M . . le Président, ne peut prendre sur lui d'autoriser
la remise du manuscrit du Cartulaire entre les mains

de M. de la Borderie; 1 mais il s'empressera de sou ..

mettre toute demande de la Société à la Municipalité
. . et à la Commission de la hibliothèque : L'~une et l'autre
se montreront assurément disposées à faciliter dans
la mesure du possible le travail de M. de la Borderie.

M. dé la Villemai'qué donne ensuite lecture de son
rapport sur l'importante découverte faite à Quimperlé
dans l'ancienne église du couvent des Dominicains du
de Bretagne; et il
tombeau de Jean de Montfort, duc
communique à la Société dHférents débris de briques
armoriées trouvées dans le tombeau .

M. Vesco dépose la musique d'un ancien Noël récem·
ment publié dans le Bulletin et qui a été noté par ses
SOIUS.
M. Le Carguet fait don à la Société de trois haches
.en pierres polies, d'une matière tTès précieuse et d'un
la commune de Cléden.
travail exquis, trouvées dans
Cap-Sizun.
,La Société, avant de se sAparer, vote à l'unanimité
des remerciements à MM. Beau et Foulquier les habiles
organisateurs du Musée ethnographique du Finistère,
de plus en plus admiré des étrangers.
La séance est levée à 5 heures .
Le Secrétaire,
Vte DE BLOIS .

DOCUMENTS INEDITS

AR PLONJER

Pa oann war bont ann Naonet, euz em divertissa,
Lon
Ma luron, lurette 1
Ma luron lura !
Ha me rancontr va mestrès war ar pont oouela .
Me da c'houlen digant-hi : Petra eo d'eoc'h gouela ~
Va goalenn aour, emezhi, 'zo kouet er mor, ama .
Petra rofec'h-hu d'in-me, ha me iel' d'hi zappa?
- Hanter kant scoet, emezhi, 'roïnn-, a galon vad .

Na d'ar c'henta plon jade n, n'hen euz gwelet netra; .
Na d'ann eilved plon jade n, el' grean eo stoket;
Na d'ann drivet plon jade n, al' voalen 'n euz stoket;
D'al' bevare plon jade n, allas 1 ez eo beuzet.
_ el' .Rrennestr 0 sellet diout-han :
He vamm a oa

Ha possubl 've~ eme hi.." e ve va mab beuzet !
Na war ann aod ann Naonet he gorf 'zo bet cavet.
ann Naonet ez eo bet douaret.
Barz en berred

War galon ann den iaouank eur wezenn 'zo savet;

\Var galon al' plac'h iaouank, eur rozenn 'zo savet ·
El-lec'h e tisken bemdez roue al laboused.
Eur rozenn euz ar gaera war he bez 'zo savet;
Ma lavaI' ann dud iaouank : rozenn aon eurusted 1

Recueilli dans les elwi1'OllS
de Morlaix.

:LE PLONGEUR (1) ,

Quand fêtais SUl' le pont de Nantes à me divertir,
Lon la! "

a l uron, urette.
Ma luron, Iura!

Je rencontrai ma maîtresse qui pleurait sur le pont.

Et moi de lui demander: Pourquoi pleurez-vous?

_ Ma bague d'or, dit-elle, est tombée dans la mer, ici.

et j'irai l'attraper?
- Que me donnerez-vous, ,

- Cinquante écus, dit-elle, je les donnerai de bon cœur.
La première fois qu'il plongea, il ne vit rien;
La seconde fois qu'il plongea, il n'atteignit que le sable; ,

La troisième fois qu'il plongea, il atteignit la bague.
La q uatrièm.e fois qu'il plongea, hélas! il, se noy:::)..

Sa mère était à la fenêtre qui le regardait: '
- Serait-il possible, dit-elle, que mon fils fùt noyé?
Or, sur la plage à Nantes, son corps a été trouvé.
Dans le cimetière de Nantes il a 'été enterré. :

Au~des~us d,u cœur du jel.!-ne h0l11D?-e ,On a planté unarbr,e;.
Au-dessus du cœur de la jeune fille on a planté un rosier,
Sur lequel descend chaque jour le roi des oiseaux (2).
Un rosier des plus beaux a été planté sur sa tombe, à elle,
Les jeunes gens l'appellent le rosier du bonheur!

. (t) C'est unè version bretonne de la ballade populaire Le PLongeur,
SI repandue dans toute l'Eu l'ope. , __ .. ,:<, "
(2) Le rossignol. . , "

. SÉANCE DU 27 DECEMBRE 1884 .

Présidence de M. le Vicomte HERSART DE LA VILLEMARQUÉ,
MEMBRE DE L'INSTITUT .
Étaiel1tprésents: MM. SERRET, BIGOT, HARDOUIN,
MALLEN TRÉVÉDY, LUZEL, LE MAIGRE, FOU-
GERA y, FATY et DE BLOIS.
Dans le courant du mois de décembre les ouvrages

suivants qui seront déposés à la bibliothèque, ont été
adressés à la Société: .

1 ° Jow"nal des Savants, 2 série, tomeIX, année 1883-
20 Bullet?':]"i du C01nite des t?r'avaux historiques et
. $cientifiques, sed.ion d'histoireet de philologie, année
30 Commisszon meteorolopiqzt'e d'Ilie-et- Vilaine,
année 1883.

4° Annales du Nlusee Guimet, Tome VII.
Notre confrère, M. Hémon, communique la nouvelle

réponse qu'il a reçue de M. le Sous-Secrétaire d'État

au Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts à l'occasion d'une subvention sollicitée spontané-
ment par lui et par plusieurs de ses collègues en fa veur
de notre compagnie. Cette demande a été soumise le
8 décembre dernier au Comité des travaux historiques,
mais · comme l'affaire a été renvoyée par la seetion

d'archéologie à la section cl 'histoire, aucune décision
ne pourra intervenir avant les premiers jours de fé-

vr18r.
i3ULIŒIIN AHcnilOL. DU FJNISTÈUE _ . TOME Xl (ire pal'lie). 1 1

De sa retraite de Santo Domingo de Si~os, dom
Plaine veut bien nous faire savoir par l'intermédiaire
de M. Paul Peyron, secrétaire de l'évêché de Quim­
per, qu'if tient à notre disposition · les vies de saint ·
Renan et de saint Corentin et une notice inédite sur
l'ancien couvent des Franciscains de Quimper. Dom
Plaine ajoute que le Bulletin qui lui avait été gracieu­
sement envoyé jusqu'au mois de janvier '1878 a cessé
. de lui parvenir depuis cette époque.
Sur la proposition de M. de Blois, la Société décide
à l'unanimité que la collection des bulletins en souf­
france sera incessamment expédiée à nc.tre érudit cor­
respondant, ainsi que dix exemplaires de chaque bul­
letin où paraîtra quelqu)un de 'ses artieles.
M. le conseiller Hardouïn a été chargé par la Com­
mission de la bibliothèque d'annoncer que le Cartulaire
de Landévennec a été réclamé a Paris à la suite d'une
délibération récente". Quand il aura eté réintégré dans
la bibliothèque de la vill e , L\l. le Président pourra, au
nom de la Société, demander qu'on le lui confie et auto­
risation lui sera même accordée de laisser le précieux
manuscrit aux mains de M. de la Borderie pour faci-
liter à celui-ci son travail de révision et de publication
du texte.
Le M~mojre consacré par M. de la Villemarqué à la
découverte du tombeau de Jean de Montfort, dans
l'église des Dominicains de Quimperlé, a été accueilli
avec le plus vif intérêt par les archéologües. Un de nos
confrères, de la Société des Antiquaires normands, qui
s'est particulièrement occupé des briques décorées
placées sur les tombeaux du Moyen-Age, constate

l'analogie de nos c.;arre[lllX de tene enite et. ornée élH':C
ceux qui étaient fabriqués an Mvlay, en Basse-Norman­
die, où ils étaient ordinairement employés à des dal-
lages funéraires.
D'autre part J"abbé Euzenot relève dans la sépulture
de Quimperlé tous les caractères que l'on est accoutumé.
à rencontrer dans les tombeaux en maçonnerie du
XIVe siècle existant en Bretagne. Une chose cependant
paraît anormale, c'est la dimension du sépu ]cre,]arge de
Om85 d'un bout à l'autre Ce fait est d'ailleurs à rappro­
cher des constations du docteur Martin, qui a reconnu
en cet endroit quatre tibia .s symétriques appartenant à
deux individus peut-être de sexe différent. '
On s'est en effet demandé si ce tombeau n'avait pas
été construit pour recevoü~ deux cadavres. Par un
sentiment très respectable de piété conjugale, les
désirent quelquefois rapprocher dans la mort ce
époux
qui avait été uni dans la vie. Jeanne de Flandre, l'é-
auprès
pouse héroïque, n'a-t-ellepas ainsi voulu reposer
de son mari?

M. de la Borderie ne rejetie pas absolument cette
hypothèse. Il fait observer " toutefois qu'elle n'est ap­
puyée d'aucun document historique. Après la mort de

Jean IV et le siège d'Hennebont le rôle de Jeanne de
parait terminé. On la suit ell Angleterre au
Montfort
château de Tykill, puis elle disparaît complètement.
savant t;ritique croit que si l'on fouillait les
atchives d'Angleterre et de Flandre, on par­
vieilles
viendrait peut-être à découvrir quelque pièce nouvelle
très obscur du temps et du lieu
qni éluciderait le point
la mort de cette princesse. Mai~ M. de la Villemar-

q ué ne pense pas que la taille des ossements problé­
matiques trouvés à côte de ceux de Jean de Moiltfort
(1 m 53) convienne à une amazone telle que sa femme.
M. de Blois juge que les recherches historiques

pourraient s'étendre utilement aux pays dans lesquels
étaient situés les domaines personnels de Jeanne de
Flandre, domaines qu'elle a dû administrer jusqu'à sa
mort et sur lesquels elle s'était peut-être retirée si el1e
a quitté l'Angleterre.
Jeanne de Flandre était fille de Louis, comte de
1290 Jeanne, fine unique de
Nevers, lequel épousa en
IV, comte de Rhétel et de Donzy. Elle n'eut
Hugues
q n'un frère, Louis II, tué à la bataille de Crécy, et
inhumé dans réglise de Saint-Donatien de Bruges.
Dom Morice, dans les Preuves dp- l'Hz"stoz're de Bre­
tagne (T. II, 620), cite une assiette de 2032 livres trois
sous parisis, de terre, faite par le roi au d i l C de Bre­
tagne, en rec01npensation des terres qu'il avait es
comtes de lVevers el de Rethel. Ces terres provenaient
évidemment de la succession de ]a mère de Jean V;
'l'acte est du 25 avril ·1393.
Le même auteur rapporte cr. II, 699, Preuves), un
codicille du duc Jean IV confirmant son testament en
douze feuilles , fait en Angleterre et désignant pour sa

sépulture l'église cathédrale ,de Saint-Pere de Nantes:
Les circonstances empêchèrent d'accomplir la vo­
lonté du duc, dont le corps fut transporté et. inhumé
à Quimperlé, dans l'Abbaye-Blanche.
, M. Bigot, architecte diocésain, a visité depuis notre
dernière réunion la maison des Dames de la Retraite,

pour lesquelles il él, bâtiün8 chapelle, en face de

l'ancienne église abbatiale et il a examiné ce qui
reste de cette église. Quoique les édifices aient été
ruinés les fondations et quelques pans de murs
• demeurent encore assez apparents pour qu'il fut
facile de dresser Je plan exact de l'ancienne église, et

il le fait passer sous les yeux de ses confrères. Il ré·
sulte de son examen que le tombeau de Jean de
distant de quatre mètres du chevet du
Montfort,
chœur. se trouvait p1acé en face du maître-aut.el, à
l'endroit même indiqué par le Prieur de l'A bbaye­
Blanche. Le choix de cet emplacement, comme l'a
fait observer judicieusement M. Trévédy, respectait
tous les droits de préémineuce du défunt comme sou-
verain et comme héritier des fondateurs .
M. le Maj or Fàty prie M. de la Villemarqué de
procurer une empreinte des briques décorées, afin
lui
déterminer plus sûrement le caractère héraldique
des figures représentées. sur l'une desquelles 'd'ailleurs
on n'est pas d'accord. .
Des remerciements sont votés à runanimité à ·
Mme Sagot, supérieure de la Retraite, pour la reli­

gieuse sollicitude avec laquelle elle a recueilli et
conserve les précieux re~tes découverts dans l'église
des Dominicains, et pour le concours empressé qu'elle
a bien voulu prêter .à la Socz'été archeologz'que du
Finis tèr'e,
Lecture est ensuite donnée d'une note de M. Le
Carguet, sur la découverte d'une sépulture ancienne
à Roz-Criben, pres Audierne.
M. Trévédy, prend après la parole pour lire la Notice
de Jean Beaujouan sur l'ancien couvent des Franciscains

de Quimper, notice mentionnée plus haut et dont il a
pris la · peine de traduire le latin difficile et sou veut.
barbare.
M. Serret dépose sur le bureau li ne petite statuette
de plomb, dont le type et l'origine sont malaisés à
déterminer. . .
Le même Membre regrette que l'Annuaz're du Fz'-

n,'stère ne fasse pas mention de la bibliothèque de la
Ville, du Musée, de la Société d'archéologie et du
Musée ethnographique. Cette omission p·réjudiciable. à

tous les intérêts, sera certainement réparée pourvu
qu'on la signale à t.emps à l'Administration.
M. Ser-ret insiste pour que la Commission du cata­
logue se réunisse prochainement et adopte un mode

définitif de classification des objets. '
La séance est levée à 5 heures.
Le Secrétaire,

Vt DE BLOIS .

DOCUMENTS INÉ DITS
AR SAOZON EN BREIZ-IzEL

Vit ann deiziou em euz klevet .
Ez eo ar Saozon diskenn~t; .
Tra la dira~ tea la la !
Diskennet in t , vit ann deiziou,
En enezen Pipi '1' Guillou: tra la, etc ....
Bete '1 loaiou, al' skudellou,
Zo èt gant-he 'n ho godellou,
Eur vouiz a vloaz, euz al' c'haêra,
'Zo lazet gant-he 0 tenna ;
Lazet è bet gant ann tennou, .
Ha dispennet gant sabrennou_
Eur maout kaër diouz al' c'haëra
A zo êt gant-he da rosta.
DansaI a reent al' gavotten,
. D'obel' goap euz ar Fransijenn ;
Lâret a reent dre ho sonio :
'Neb dostao 'n devo '1' maro ! ...

LES ANGLAIS EN BASSE-BRETAGNE

Ces jours (derniers), m'a-t-on dit,
Les Anglais sont descendus;
Tra la dira, tra la la !
Ils sont descendus, ces jours (derniers.)
Dans l'île de Pierre Guillou : tra la, etc ....

Jusq u'a des cuilleres et des écuelles

Ils ont (tout) ernpOl'té danç; leul's poches.
Une truie d'un an, des plus belles,
A été tuée pal' eux, à coups (de fusils) ;
Elle a été tuée a coups (de fusils)
Et dépecée avec des sabres.
Un beau bélier, des plus beaux,
A été emporté par eux pour être rôt.i.
Ils dansaient la gavotte,
Pour se moquer des Français; .
Et ils disaient dans leurs chansons:

Quiconque approchera sera mis a mort! ...

Ce fragment de chanson que j'ai recueilli dans l'an'ondissement de
Lannion, et qui se chante sur un air de danse, fait évidemmeut allusion
à une descente d'Anglais dans quelqu'îlot des Côtes-elu-Nord. L'époque et
le lieu précis sont difficiles a déterminer, l'Ile de Pierre Le Guillou n'é­
tant pas indiquée sur les cartes, et sans doute imag-inaire. Quoiqu'il en
soit, ces quelques vers, conservés dans la mémoire du. peuple, témoignent
de la rapacité des Anglais, qui pillaient et enlevaient tout, jusqu'aux
éetœtles et (J,14'fJ Guûlères .
F.-M. LUZEL •