Bulletin SAF 1883

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Découverte d’une ancienne sépulture à Melgven

Fr. Audran

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DECOUVERTE D'UNE ANCIENNE SÉPULTURE A MELGVEN
(FINISTl~HE) (1).
Des cultivateurs de la commune de Melgven . travaillaient,
au mois dernier (2) dans un champ dépendant du lieu de
Keranpicart, mis en culture depuis peu d'années. . . .
Le travail auquel ils se livraient était un défoncement
plus profond que celui qui avait été fait jusque là. A- une
très faible profondeur (environ 30 centimètres) ils re.ncon-

tt'èrent une pierre qu'ils résolurent aussitôt d'enlever; 'le .
déblaiement mit à decouvert une autre pierre plate d'environ
2 mètres de long sur 1 mètre de large et qui reposait sur

des assises bien établies; ils crUf'ent dès lors à la décou- .
vûte d'un trésor et ' soit appat du gain, curiosité ou sim-
plement . désir de parfaire leur travail de défoncement,
ils enlevèrent -cette pierre et se trouvérent en présence
d'une petite chambre dans laquelle il !l'Y avait, au lieu de
tt'és.or, que quelques ossements reposant sur un sable fin,

et une ~lrne en terre commune ne contenant: que du sable
et un peu de terre. Toujours sans doute à la recherche du
trésor, ils enlevérent successivement toutes les pierres de
. la sépulture et finirent par combler la fORse dans laquelle
ils rejetèrent les ossements; l'urne seule fut conservée et
remise à M. le Maire de Melgven. Le sol ne conserve
aujourd'hui aucune trace de ces fouilles. .
Le bruit de cette ' découverte se répandit rapidement.
Notre Président en fut informé par M. le Maire de Nizon,

commune voisine de Melgven; avis en fut également
donné .peu de jours après par M. le Maire de Melgven., et le
jeudi, 21 de ce mois, nous étions à Keranpicart, pour nous
rendre compte de l'importance de la dècouverte. .
Le sol avait, èté labouré et ensemencé, et les ossements
JI avaient ètè enfouis de nouveau, mais les pierres formant
(1) Voit' ci-dessus, page 226, S~(m(je du 30 Juin 1883 .
(2) Mai 1883.

la 'sépulture étaient intactes sur le sol, e.t il était facile à
J'aide des renseignements donnés par les personnes pré-
sentes à la découverte de reconstituer le tombeau. .
Il était composé de cinq pierres; deux, longues de
40 c. et hautes de 66 centimètres formaient les côtés
nord et sud; ' deux, de moindre dimension, . fermaient les
extrémités est et ouest; une cinquième servait de couverèle.
Sue chacune des deux grandes pierres latérales on avait
creusé deux rainures, de maniére à encastrer les extré­
mités du tombeau; ces rainures n'étaient pas perpendicu­
laires; de sorte que le t-ombeau présentait au fond une
surface plus longue et plus large que celle recouyerte par
la cinquième. Voici au surplus les dimensions que nous
avons relevées :
Chacune des pierres latérales mesurait en hauteur
66 centimètres, en longueur 1 m. 40 c. Les. rainures dont
je viens de parler étaient pratiquées à environ 10 centi­
mètres des extrémités, de sorte que le tombeau avait au

fond 1 m. 20 c. sur 70 centimètres de large et dans la
partie supàrieur.e 1 m. 10 c. sur 60 centimètres.
. Ces dimensions ne permettaient ' pas l'inhumation dans
tout son long, d'un homme, même de petite taille, aussi
nous fut-il dit par les personnes Frésentes que la tête et la.
partie haute du corps étaient relevées et les jambes repliées.
Ce tombeau est de tout point semblable à ceux 'décou-

verts à Mahalon, en 1880, et que je vous ai décrits dans la
séance du 19 .juin 1880. (Voir le Bulletin, année 1880,
page 138); semblable 'à ceux decouverts par M. Grenot il,
Trez-Goarem, en 1869; semblable encore à cepx signalés

en 1846 à l'île du Loch (archipel de~ Glénans), par ' le
baron de la Pylaie. (Voir le Bulletin de 1882, page 214). J'en
tire la même conclusion, c'est que le tombeau de Melgven,
n'est ni romain ni gallo-romain, mais gaulois et anté-.
rieur à IJintrocluction du christianisme dans notre pays.
FR. AUDRAN.