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Bulletin SAF 1883


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La paroisse de Stival (la paroisse, saint Mériadec, église Saint-Mériadec, fontaine de Saint-Mériadec, Lech de Saint-Mériadec, chapelle Saint-Pierre, chapelle Sainte-Trifine, cloche ou bonnet de saint Mériadec)

Abbé Euzenot

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes


LA PAROISSE DE STIVAL

BIBLIOGRAPHIE .

Les Pa,.oisses~ par M. Luco, Malguénae et Btival. Bul­
letin 'de la Société polymathique du Morbihan, 2 $emes-
tre 1878. . .

A rchives communales, Pontivy, par M. L. Rosenzweig,
Annuaire du Morbihan, 1875, '
Gutdel et ses antiquités, pal' l'abbé Ellzenot, Bulletin .de

. l'Association brêtonne, Congrès d'Auray 1878 .

Les' Cercueils de pierres du Morbihan, par , le même,
ibid, Congrès de Redon, 18El. . .

Généalogie de Talhouët, appendice. Talhouët en Stival.
Mémoires sur fétat de la Nohlessede Bretagne, par le
R P. Toussaint de Saint-Luc, Carme de Bretagne, etc"

t. III. 1691.
Le Morbihan, etc., par M. Cayot-Délandre,
Propres, du diocèse de Vannes.
. Divers

Vies des Saints de Bretagne, par p. Lobineau, édit.
Tresvaux, t. II. , .
Vies des Saints de la Bretagne-A rmorique.. par le
P. Albert Le Grand, édit. Kerdanet.
Mémoire sur ['Inscription de la Cloche de Stival .. pal' .
M. ]e vicomte Hersart de la Villemarqué ; Méinoires de ~
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1864 .

NOTES SUR STIVAL •

LA PAROISSE

Stival a subi bien des vicissitudes, sous le rapport ecclé-

siastique. Un pouillé de 1422 Em fait une paroisse distincte .

Le pouillé de 1516 et les suivants, jusqu'à la Révolution,

paroissial; Stival et Malguénac.
unissent, sous le même titre

L'annexion, dont il est impossible de fixer l'époque précise,
. se réporte donc au. temps compris ' entre les deux dates . .

précédentes. Le titulaire des deux paroisses unies fixa
résidence dans la plus importante ... à Malguénac. Stival

et en reçut le nom; ' néanmoins, à
devint une simple trève
son installation, le recteur prenait suècessiveIl!ent ' posses-
sion des deux par'oisses. Seul gros décimateur, le recteur
dîmait partout a la trente-troisième gerbe. Aprés lui, l'abbé
de Bonrepos passait aussi dans les champs soumis' à cette

redevance et prenait deux gerbes des trente-deux laissées

par le recteur; mais ce droit , de l'abbé était un champart
~t non, une dîme ecclésiastique. Malguénac et Stival appar­
tenaient au doyenné de Locmalo, autrement dit de Ke"menet

ou Guémené-Guégant ; les deux bénéfices étaient à colla-

tion libre et soumis à l'alternative. Le faubourg de Pontivy,
Outreléau, maintenant Tréleau, en breton Trandeur, autre­
fois Tré· an-deUl''- faisait partie de Stival.
En 1614, quatorze frairies se partageaient le , territoire
deux paroisses . . Les frairies de Stival étaient celles de:
des

. Stival, Kergoff, aujourd'hui Kerg6, Saint-Drefin ou Sainte-

Trifine et Le Rongoët. .

Au Concordat, l'ancienne paroisse de Stival fut annexée
à celle de Pontivy. Un vicaire de cette paroisse avait sa
résidence à Stival. Depuis 1820, cette section, tout en
restant incorporée à la commune de Pontivy, est devenue

une paroisse distincte. Dans les dernières années du second

Empire, la paroisse du Sourn s'est agrandie, au détriment
de plusieurs communes voisines, et s'(3st.annexé l'ancienne
·en Stival.
frairie du Rongoët,
Les paroisses unies de Malguénac et de Stival ont eu les
recteurs suivants:
1496.· Charles du Hautbois, en- même temps vicaire
général, doye'n de Kemenet-Héboé ou de Guidel, recteur de
Saint-Patern. ~

1531-1552. Yves Bellec, chanoine de Vannes.

1552-1556. Jean Salomon, chanoine de Vannes.
1594. Pierre Dréano, de l'Ile-d'Arz .
1594-1608. Hepri Lechet, chanoine de Vannes.
. . 1608-1611. Autre Henri Lechet, de Cléguérèc. Le
presbytère 4e Malguénacétant ruiné,., il fixa son domicile à
Stival.
'1611-1624. Jean Kermabon, originaire et prêtre de
Malguénac. .' . .
1628-1658. Jean de la Pommeraye, d'Ambon.
1665-1669. André Berthelot, sieur du Val.
1669-1677. Georges Deshayeux~ recteur de Saint-
Caradec-Trégonnel.

1682-1717. 0 Yves Le Guydart, de COt'nouaille .
1717-1730~ Jean Le Gùydart, aussi de Cornouaille.
1730-1739. Gabriel-Claude' dI e Boisgeslin, des sei-
gneurs de Kersac, et prêtre dü diocèse de Saint-Brieuc .
1739·1-742, Jacques Boutouillic, des seigneurs de Kero-
man et ol'iginaire de Languidic.
1742-1763. Louis Raoul, de Pluméliau, curé de Saint-
Patern .

1763-1784. . François'-MÇ;trie Morgan, de Séglien, rec-
teur de Langoëlan.
1784-1802. François Guillome, de Pluméliau,' recteur
de Cléo·uérec. Il refusa de prèter le serment prescrit par la
Constitution civile du clergé. En 1802, il fut maintenu à la .
la paroisse de Malguénac .
tête de

Au nombre des terres nobles de Stival 'on peut citer:
Kerdisson, Le Rongoët, Le Resto, Sainte-Trifine, Talhouët.

Les deux principales familles ,étaient celles de Bahuno du

Liscoët et de Lantivy. . . .
la maison de Bahuno du Liscoët, du Cosquer, de Ker-

madehoa, ' de Kerolain, du Resto, de Kerdisson et autres
lieux, appartenait, dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, je l'ai signalé dans une autre étude. le fief de sergent
féodé de Kermadehoa, en Plœmeur, siègedil bailliage de

Poher ou Pohiel', qui comprenait Plœmeur, Quéven, Guidel
et partie de l'île de Groix, dans l'ancienne châtellenie de
La Rochemoisan :. de sable, au loup passant d'argent,
surmonté d'un croissant de mème .

Talhouët appartenait, lors de la réformation de 1513, à
Guillaume Rolland, successeur de François Rolland et
. d'Ollive Soudan, ses père et mère. Peu après, il fut acquis
par François de Lantîvy et Noëlle de Quillien, ,sa .femme.

François de L~mtivy était le chef d'une famille originaire
d'Angleterre, tl'ansplantée en Bretagne, et comptait pour
ancêtres: Pierre, marié" vers 1350, à Aliénor de Lanvaux;

Raoul, seigneur de Kervasel, marié à Aliette de Lannoua'n ;
Jean; autre Jea~, et enf1'n Guillaume, époux de Louise de
KeI'~outtier. François 'de Lantivy fi,;ura, en 1553, au rôle
de la noblesse · de l'évèché de ' Vannes, qui marcha au
secours de Belle-Isle. Sa descendance directe conserva ' la

. terre de Talhouët, jusqu'au jour où elle s'est éteinte dans
la maison de Gras. Elle fut maintenue, à la réformation 'de
1668, dans la personne de Louis de Lantivy-Talhoùët, chef

de nom et d'armes, et, plus tard, admise aux honneurs de la
cour: De Lantivy, sieur de Talhouët et dudit lieu, dû. Rest,
de Landrécar, de la Ferrière et autres lieux: de gueules à
l'épée d'argent en pal, la pointe en bas. De Gras, du Bois
de la rive, du Timen, de Beauregard, etc.: d1azur, au lion
d'or lampassé et armé de gueules, à trois contre-cotices de
même brochant sur le tout; devise: Stat Jortis in arduis .

Le patron de' l'ancienne comme de la nouvelle paroisse
de StivaJ est saint Pierre, à qui une chapelle est dédiée
dans le cimetière. Saint Mériadec est simplement titulaire
de l'église qui porte son nom; et c'èst seulement par con-

cession épiscopale et pour donner une plus grande facilité
aux offices que cette église est affectée au service parois-
sial. Une autre chapelle est placée sous le vocable de sainte .
Trifine. · .

SAINT MÉRIADEC
Saint Mériadec a passé une partie de sa vie à Stival. Il y

bâtit un ermitage et un oratoire, près d'une fontaine, dont

le nom. est peut-être devenu par la suite le nom de la

localité StivaL, altération ou forme diffét'ente ' de StiveL;
« Stivel, fontaine dont. la source sort d'un rocher et qui est
ordinairement accompagnée d'un lavoir », d'après le
Dictionnaire de Le Gonidec. Dans la même paroisse de
Stival, à une petite distance du Resto, une source s'appelle
jetan' er StijeL; l'expression qui traduisait 'l'idée de fon-

est devenue un nom propre. '· .
taine
Divers Propres de diocèses ' contiennent· la ~égende de
saint Mériadec : l'ancien Bréviaire de Nantes et celui qui
1790, par Mgr de la Laurencie; le Lection­
fut publié, en
et corrigée, dans
naire de Vannes, d'où elle a passé, revue

le Bréviaire . de la même église, de 1589; les ' Propres de

Vannes de 1660, de 1726, de 1757, ce dernier réimprimé
sans correction en 1849. Le Propre de 1875 donne aussi sa
léO'ende, mais sagemen t amendée. Les A etes insérés dans
le vieux légendaif':' de Tréguier ont · été vus et suivis par

le P. Albert Le Grand . Ils ont été la base des vies du saint.
Le Lectionnaire et par suite le Bréviaire de Vannes ont
puisé à la même source: a ne considél'er que la marche du
récit et les détails de la biographie, on pourrait voir dans
la légende insérée aux vies des Saints de la Bretagne­
Armorique un .co·mment~ire étendu du bréviaire vannetais.
Dans leu)' deuxième tome de juin, les Bollandistes ont suivi
le recueil de l'hagiographe breton. .
La plupart de ces docum~nts voient en saint Mériadec un

descendant de l'hypothétique premie~ roi des Bretons~ Le
Bréviaire s'exprime ainsi: « Beatus Mereadocus de genere

Britannorum ex recta linea consanguinitatis Conani regis
magnifici procreatus.» D'aprés le Propre de 1757 et

de 1849, «( Mereadocus, regiœ Conani Mereadoci, qui pri-
mus 'in Britania·minore regnavit,progenie ortus est ad ini- ,
tium seculi septimi. » Pour Albert Le Grand, saint Mériadec
était « natif de la Bretagne-Atnorique, de la race royale de
Conan Mériadec, premier Roy catholique dudit pays. » Le
Propre de 1875, jugeant, a sa valeur, le fabuleux. Conan,
se contente de dire: «( Mereadocus, illustri genere in . Bri­
tan nia minori natus, a teneris annis humaniores litteras'

. didicit, etc., ) mais ne se prononce pas sur l'époque où
il a vécu. L'ancien bréviaire de Vannes dit: « circa

annum 666 ... obiit. 1) Le Propre, imprimé, en 1660, par
ordre de Mgl',Charles de Rosmadec, met son ordination vers

.l'an 659. Le" Propre de Mg.r de Bertin, de '1757, donne
l'année 666 comme la date approximative ' de . sa rt :
« circa annum sexcentesimum sexagesimum sextum obiit. »
Albert Le Grand, dans sa biographie, le fait naître vers
l'an 758; mais il se corrige dans son catalogue des évêques .
BULLETIN DR U Soc. ARcnÉO L DU FINISTERE. ,,, TOM.E X tg

de Vannes: « Prenez gal'de, dit-il, qu'il y a erreur au daté
de sa naissance en sa vie, y ayanL l'an 758 'pour 626. »
De tous les écrivains qui ont pa,rJe de saint Mériadec,
est le seul, si je ne me tl'ompe, qui le place
D. Lobineau
daùs unepèriode différente; il le fait mourir en 1302. Se
fondant sur ce passage de ses 4cfes qui donne au seigneur
du pays le nom de vicomte de Rohan, il fait remarquer que
le ' solitaire de Stiva ne pouvait vivre au temps fixé par tous .
auteurs, « auquel temps, dit-il, il n'y avait point de
les
vicomte de Rohan. L'histoire, ajoute-t":il, nous apprènd
n'yen a eu qu'au commencement du douzième siècle
qu'il
et que, par conséquent, Je saint Mériadec qui a été visité
par un vieomte dé Rohan n'a ' pu vivre dans le septième
nî dans le huitième siècle. » D. 'Lobineaü dit avoir trouvé

la date de 1302 au Légendaire· de Tréguier; il reconnaît, en
outre, avec d'autres auteurs, que ce recueil paraît avoir

été écrit au quatorzième siècle ou dans les premières années
du . quinzième. Ne peut-on penser' que ce m-illésime a été
mallu ou mal copié et qu'il n'indique pas 'autre chose que

l'année et le jour, la sixième férie de juin, où le manuscrit
a été achevé ~ N'est-il pas il croire encore que l'auteur des
actes ou_ qllelque copiste du quatorzième siècle aura subs-

titué te titre et le nom de Rohan au nom du seigneur de
Stival,afin de ftatter une famille alors ' puissante dans la
' province ~ Du reste, la question semble insoluble, le Légen-
daire de Tréguier ayant disparu, depuis la Révolution, avec·
toutes les archives de cette église. D'ailleurs,. ces actes ne
peuvent jouir, dans toutes leurs parties, d'une grande auto­
p,ité. L'affirmation que le solitaire de Stival descendait de
l'histoire de l'extermination' des brigands
Conan Mériadec,
et de l'établissement de trois foires il Noyal, et d'autres
détails f'ncore, comme les mille génuflexions par jour et les
mille par nuit, paraissent .bien n'être que des additions ou
des changements dus il l'excessive crédulité du copiste ou

au désir' de fail'e honneur' a. la. famille de Rohan qui se pré­
tendait issue du fabuleux fondateur de la monarchie'

bretonne.
Dans le cimetière de Noyal-Pontivy se trouve un cef'-
cueil monolithe de granit (~u genre. dit cadovingien ;. la tra­
dition locale en fait le tombea.u de saint Mèriadec. J'ai

étudié, ailleurs, ce monument et j'ai constaté qu'il ne peut
pas être antérieur aux dernières années du huitième siècle,
de même que les sarcophages de cette forme 'cessent géné-

ralement d'être employés vers la fin du onzième. Que saint
Mériadec soit mort vers le milieu du septième siècle, sui­
vant le sentiment qui paraît le . seul vrai, ou seulement au

commencement du quatorziême" ce cercueil- n'a aucun droit
à porter le nom du solitaire de Stival. IJu reste, saint .Mé-
riadec ne mourut pas en cet endroit. Devenu évêque- de

Vannes, il mourut très-probablement dans cette ville; et

suivant les recueils du P. Albert le Grand et des Bollan-
distes et les Propres diocésains antérieurs à celui de 1875,
il fut inhumé dans son église cathédrale. . .
En somme, les seuls points de la vie de saint Mériadec

que' l'on puisse admettre avec certitude sont: sa naissance
dans la première moitié du septième siècle, son séjour à

Stival, où, par son éminente sainteté et l'mfluence qu'il
exerçait autour de lui, il rendit au peuple ' des services
importants. son élévation au sièg0 -épiscopal de -Vannes et
son inhumation dans l'église cathédrale.. .

III .

ONU ENTS RELIGIEUX

EGLISE SAINT-MÉRIADEC
L'église actuelle dut remplacer l'oratoire constl'uit par'
saint Mériadec. Elle appar·tient, sauf q uelq ues appendices

peu irnpoetants, au style ogival fh1mboyant. Coerecte dans
sa sévère élégance, elle n'offre pas de détaIls remarquables
à signaler; je me contenterai d'en indiquer l'ordonnance
générale, en omettant des points secondaires. L'église se
compose d'une tour située à l'ouest, d'une seule nef., d'un
transept et du chœur; elle contient des vitraux magni-
fiq ues. .
La tour, en piel'l'e, est formée d'une bas6 quadrangulaire
flanq uée de corltt'eforts à ses angles. Le côté ouest est percé
d'une porte ogivale, d'une bon style, dont . l'arc est envi-
ronné d'une archivolte à . contrecourbe garnie de crosses et
• surmontée d'un fleuron. A gauche et à droite s'élévent deux
pinacles ornés de ,crochets; aux angles, grimacent deux
gargouilles. Une autre baie semblable donne accés dans la

nef; deux arcades ogivales aveugles décorent les faces
latérales intérieures du porche de la tour. Des angles de la

voùte partent deux arceaux liés, au centre, par une clef

sans ornement. L'étage supérieur, à pans nus et trés élevés;
est percé, sur chaque- face, d'une ouverture en forme de

de meurtrière. La derniére zône, plus étroite et peu haute,
présente trois baies, rectangulaires à la base et rétrécies,
au sommet, par les corbeaux qui supportent le linteau .

Elle est surmontée d'un 'amortissement en ardoises, de

forme octogone et à pans arrondis, d'où monte une fléche
en ch~u'>pente, couverte également d'ardoises. Une tourelle
cylindrique contient, au midi, la cage d'escalier .
Le nef est _ éclairée" au sud, par deux fenêtres ogivales
séparées par une porte du même genre ouvrnnt sur un
, porche de construction moderne et en plein-cintre Le laté­
ral nord n'a pas de fenêtres. Deux portes, en plein-cintre,
donnent accés, l'une dans l.a chapelle des . fonts, d'origine
peu éloignée, l'autre dans un cabinet de décharge. Le' croi-
sillon ' sud a pour fond une belle fenêtee divisée par deux
meneaux :priiSmatiques en trois compartiments. Dans le .

latéral ouest de ce bras de croix, une porte ogivale à archi~
volte a été boüché'e. Une grande ou verture, à trois meneau x
occupe le chevet.
Au latéral Est de chaque cl'oisillon est appliqué un autel

de bois, de forme quadrangulaire, accosté et surmonté d'un
retable à quatre colonnes torses garnies de vignes cha"gées
de feuilles et de grappes et portant des chap~teaux corin-
thielis. Au-dessus de l'entàblement, s'élève un fronton
curviligne brisé, dont les volutes sont reliées entre elles par
des guirlandes de fleurs et de fruits. Le tout est terminé
paf une attique formée par deux colonnes d'ordre composite"

encadrant une statue, comme le font, deux à deux, les
colonnes torses du retable lui-même, et portant un fronton '
curviligne. Des statues d'anges se voient aux extrémités.
Ces deux retables, du dix-septième siècle, on't de la valeur.

Le maître-autel, en bois également, est accompagné
d'un .ciborium ou baldaquin qui n'est pas sans mérite.
Qtratre colonnes corinthiennes, cylindriques et en bois,
placées, les deux antérieures, de chaque côté de l'autel, les

deux autres en arrière et plus rapprochées l'une de l'autre,

portent quatre arêtes OI'nées qui, par deux courbes gra- ,
cieuses en sens contt'aire figurent une sorte de dôme à jour
et se 5iressent pour soutenir une couronne fermée,su,rmontée

de la. croix. Cette construction, ,parsa hauteur, nuit mal­
heureusement à l'effet que devrait pl~oduire le vitrail 'de la

fenètre du chevet ,
Aux deux côtés de cette baie se dresse un retable d'ordl'e/
corinttlien, formé de c1èux colonnes cylindriques en bois,

encadrùn t une, statue et terminé par un fronton brisé chargé
d'urnes et.de corbeilles de fleurs. '

Quait'e entmits sculptés traversent la nef et portent,
entre autres armoiries, l'écu des seigneurs du Bauzo, en

Malguénac, du nom de Coëthual. Tout autour de la nef du
LI'ansept et du chœur' )'égne une cOt'nicpe en bois) sculpte,

ornée de mascarons et de grotesques. Le lambris est peint,
en entier" de feuillages et de fleurons d'un assez ag'réable
effet. L'intrados de la voûte est garni d'un véritable réseau
de fines nervures .
vitraux l'emar:­
L'église Saint-Mériadec contient des
les uns bien conservés, d'autres a l'état de frag-
quables"
ments.

La fenêtre, située au près de la ,tour, présente, dans son
panneau de' droite. l'apôtre saint Paul, tenant l'épée d'une

main, les épaules couvertes d'un manteau semé jes mâcles
de Rohan. 'Dans le panneau de gauche, figurent deux
personnages, dont l'un. une femme, porte la couronne

, ducale. Des mâcles figurent encore au sommet du tympan.

La fenêtre, ol,lvrant sur la nef, près du croisillon sud,
offre plusieurs débris de verrière. On y remarque saint
Laurent et son gril, une couronne ducale, etc.
Les deux principaux vitraux se trouvent dans les fenê­
tres de la partie sud du transept et du chevet.

La baie du croisillon est divisée par deüx meneaux

prIsmatIques en tr:OlS compartiments ,qUI contenaIent, en '

douze tableaux~ diverses scènes de la Passion de Jésus-
Christ. Un de ces tableaux a complétement disparu, au
. sommet du compartiment de gauche. Au bas de la même
la partie inférieure du dernier tl1bleau,
division du vitrail,
représentant Jésus au Jardin des Olliviers, a été égtl,lement

brisée; heureusement, la scéne véritable est restée: il n'y .
~ . eu de dètruit que des motifs d'ornementation. Une autre
remarque importante-, c'est que l~s divers panneaux sont

placés d'une manière très .irrégulière et que, de 'quelque
manière qu'on les considère, de bas en haut ou ,de haut en
bas dans chaque compartiment, ou hori~ontalement en
suivant l'ordre des peintures disposées, les unes à côté des '
autres, dans les trois' zones, il est impossible de relever la

suiteJog~que . des ,stat.ions de la Passion , C'est un défaut

simplement de pose et qui n'enlève rien à la. valéu'r des
sujets représentès, On obset'vera èncore .que deux tableaux
ont le mèmeobjet : Jésus-Christ devant Anne" dans l'un,
devant Anas, dans l'autre: évidemment, on a voulu dire
Caïphe dans l'une des inscriptions. Voici, de bas en haut, .

la liste des scènes figurées clans chacune des parties de

cette verrière:
Compartiment de gauche ou Est:

Jésus au Jardin des Ollivier's ;

Ecce-homo;

Jésus devant Anne.

Compartiment du milieu:

Baiser de Judas et arrestation du Sauve Ut' ;

Flagellation;

Portement de croix;

Jésus en croix.

Compartiment de droite :

Jésus devant Anas; :

Couronnemont' d'épines ;

Descente de croix; ,
Dépouillement du Sauveut'.
La partie supél'ieure du tympan est brisée; dans la zone

inférieure, des anges portent des instruments de là. Passion,
la croix, la couronne d'épines, etc. ' ,
Sur un socle figuré dans le vitrail, à l'angle droit Înfé­
, rieur, bn lit l'inscription ,suivante:

En. l'an 1552

'Fut. faict.

Cette. vitre. '
Et. fut. l'ou (V)

Riel'. Jeha (il)

Le Flamant.

Cette verrière, l'nalgré son état de i1ùltilaÜon et lafâ~beuse

disFusitioll de ses parties, est exceïi~tit'ë. L~s '·pe~s~l.1llages

'nombreux, groupés avec art, concourent tous harmonieu­
sement à l'action représentée; les attitudes sont expressives.
Le vitrail de la fenêtre du chevet est en meilleur état et,
par la grandeur plus considérable des personnages et la
richesse de l'ornementation, produit un effet encore plus

,marqué. Il représente, en seize tableaux, la généalogie des

l'ois de Juda.
A la, partie inférieure, entre le premier et le troisième
. meneau, David, tenant en main le livre des Psaumes, est
couché sous une draperie, que soutiennent, dans les com­
partiments extrêmes de gaucbe et de , droite, deux person­
nages à costume oriental orné de pierreries et coiffés de la
mitre. Dans chaque série de panneaux, s'étagent ensuite
trois ancêtres du Sauveur, portant; les uns là mitre orien­
, . tale, les autres le diadème, le sceptre. Salomon, jouant de
la harpe, est assis immédiatement . au-dessus de David.
Autour des personnages s'enroulent des phylactères avec·
des inscriptions rela'tÏves à la Vierge; par exemple: « Ecce
Virgo concipiet et pariet Filium;» « Egredietur flo~ de
» etc. ' A la partie supérieure du tympan~ résu­
radice Jesse,
mant toute cette préparation providentielle dont elle est
l'objet, apparaît la Vierge, vètue du costume de la première
moitié du seizième siècle. Elle est couronnée, assise sous
et porte l'Enfànt-Jésus sur ses genoux; des anges
un dais
l'environnent. . .
Ces peintures, réellement mag~ifiques, ne sont ni datées .
Par certains détails" comme la' forme du ·vête­
ni signées.
ment de Marie, elles sont . nécessairement contemporaines

permis de croire que
des tableaux du croisillon sud. Il est
les deux verrières sont dues au même artiste ou, comme il
s'intitulait lui-même, au même ouvriee, Jehan Le Flamant.

Les deux parois latérales du chœur sont tapissées de .
huit fresques qui, pour être anciennes, n'en sont pas moins
détestab.les et i'eprésentent, d'après la légende, des traits de
la vie de saint Mériadec .

FONTAINE DE SAINT MÉRIADEC
A une centaine de mètres au sud du bourg, a droite de la
route conduisant .a Pontivy, se voit la fontaine dédiee il;
saint Mériadec. Elle fut, au temps de l'érection de l'église.,
convertie en une piscine .portant les caractères et les orne­
ments de l'âge ogival flamboyant. Les neuf mâcles de
Rohan figurent au tympan. Un mur d'enceinte protége la

piscine et son lavoir. .

LEc'n DE SAINT MÉRIADEC
A qu'elques mètres au sud de la tour, se dresse un lec'h
qui doit être signalé, pour l?a forme, les sculptures dont il

porte la trace et la légende qui le concerne. C'est un ancien
menhir qui a dû être modifié a plusieurs reprises. Il porte.)
dans le pays, le nomde Prie-Dieu de saint Mériadec. Haut
de 1 m. :75 c. a partir du sol, il · a ' été, dans la partie
supérieure de la face Est, sur une longueur de 0 m. 90 c.,
taillé profondément, au-dessus de la base qui, re.stant en
. saillie, formerait ainsi une sorte d'accoudoir. Dans la por-

-tion amincie apparaissent' des restes de sculptures, dont il

. est assez difficile de déterminer le sujet, le trait n'étant pas
profond et le gr.anit, a gros grain, se décomposant au
simple toucher. On peut cependant y voir, sur un. socle
allongé a extrémités arrondies, comme un fût de croix
surmonté par un triangle dont les côtés se -prolongent au- ' .

dela de l'angle d'intersection, de façon à figurel' une croix
de Saint-André. A gauche et" à droite de la hampe de "la

croix, on pourrait reconnaître des chandeliers à branches
multiples. Le sommet du lec'h est creusé d'une cavité ou
est plantée une petite croix de pierre, à br~nches courtes

et de longueur différente. La faée ouest du monument
porte, en creux, la trace comme d'un pied de chévre. D'après

la tradition locale, assez peu respectueuse en c.et endroit.,

saint Mériadec, Rgenouillé devant sa croix, était souvent
distrait de ses prières par les ébats d'une chèvre qui venait
le visiter. Un jour, saisi d'impatience, il se leva, se plaça .
derrière ranimai et, d'un coup vigoureux, le pl'écipita
sur le lec'h qui se creusa sous le pied de la chèvre. En
même temps, l'élan fut si fort que le pied du saint; l'en cOn-
, trant une pierre. y entra profondément, laissant un sillon,
sous la forme d'une chaussure gigantesque. Cette pierre,
lors de la construction de l'église, fut mise dans le mur du
latéral sud, près .de la cage d'escalier, où on la voit encore.
Ce qui ressort de ces légendes que, tout enfant, j'ai entendu
raconter a. des vieillards, c'est que la forme actüelle du

lec'h, avec les caractères qu'il porte, remonte a une époque
fort reculée .

CHAPELLE SAINT-PIERRE

Au sud de J'église Saint-Mériadec, dans le cimet.ière,
s'élevait une chapelle dédiée à saint Pierre, patron de
Stival. Elle a été démolie en 1853 et remplacée pal' un

édifice conçu dans le style ogival, mais ne présentant
aucun intérêt. Au moins, J'on a su conserver, dans la
fenètre du chœur, un ancien vitrail qui, bien .que trés infé- .
rieur aux v.errières de l'autre église, a . cependant de la
valeur.

Il est divisé en quatre tableaux. A gauche, le premier
. tableau représente l'Annonciation; au.:.dessous, on voit la
Nativité de Jésus-Christ; saint Joseph adore 1'Enfant-
Jésus. Le panneau· supérieur de droite mérite d'être
remarqué: debout derrière une table, sur laquelle il a posé
le couteau de la circoncision et ses lunettes, le gl'and-pr'ètl'e,
coiffé de la mitre et couvert de la chape, reçoit Jésus · des
mains de Marie; saint Joseph, un cierge a: la maîn, éclail'c
la scéne. Au tableau inférieur est figurée l'Adoration des
Mages. .

CHAPELLE SAINTE-TRIFINE

La paroisse de Stival possède une chapelle sous le vocable

de sainte Trifine. Cet édifice n'a aucune valeur architectu­
rale. Dans sa partie la plus ancienne" il remonte à la fin du
quinzième siècle, ou au commencement du seizième: la
fenètre du chevet, complétement masquée, à l'intérieur,

par . un tableau, et, dans sa partie inférieure, au dehors,
par la sacristie, laisse voir son tympan chargé de flammes.
La porte sud doit être du ' dix-septième siècle. La porte
ouest et les fenêtres, a cintre surbaissè, sont d'une époque
postérieure. Dans la nef, trois entraits, dont l'un est daté
'de 1653, portent les macles de Rohan et d'autres armoiries.
Le véritable intérêt de cette chapelle est dans les peintures .
qui décorent le lambris. La voûte, en bois, est divisée, au ·

. nord et au sud, en quatre compartiments, où sont figurées
les principales scènes de la vie de sainte Trifine et qui sont
séparés par des ornements di'\'ers, d~s guirlandes, des

dauphins avec lesquels se j' uent des amours .
Les tableaux du pan nord représentent, en partant de

l'autel: . . ' .

Le mariage de Trifine. Celle-ci porte un manteau semé .
d'hermines. . .
L'a fuite de Trifine et sa poursuite par son mari

Son martyre.

Le tranl')port du cadavre par Guérock (sic).

Au c6té sud, les tableaux sont les. suivants, en revenant .

vers l'autel :
Entrevue du Comte avec saint Gildas.
Destruction de Castelfinans par saint Gildas, au m'oyen
d'une poignée de sable qu'il lance contre le château.
Résurrection de la Sainte par saint Gildas, au château

de l'Hermine.

Trifine, après avoir donné le jour a saiut Tremeur,

devient religieuse au monastére :qu'elle fi fondé,. prés de
Vannes. '

bonnes; elles.... ont été exécùtées
, Ces peintures sont

Au-dessus de l'autel, un tableau repl'ésente Conomor a
cheval, s'apprêtant à donner la mÇ>l't à Trifine. Ce tableau

est encadré dans un retable a niches garnies de la coquille '
au 'cintre et de la second~ moitié du dix-septième siècle.

CLOCHE OU BONNET DE SAINT MÉRIADEC.
L'église paroissiale de Stival possède un véritable joyau,
une relique sans analogue dans la contrée: la cloche ou

bonnet de saint Mériadec. M. de la Villemal'q ué en donne
la, description suivante: ,
« La cloche de ~tival est en cuivre mêlé d'argent; elle
n'a pas été fondue, mais battue au marteau. Sa forme est
a peu près celle d'lin bonnet carré; elle est SUl'rnontée d'une
anse qui permet de la tenir a la main. Ses dimensions, les
voici: hauteur (y compris l'anse) 0 m. 21 c.; diamétre de
l'ouverture dans un sens, 0 m. 18 c.; même diamètre dans
l'autre sens, 0 m. 15c.; battant, 0 m.13 c. de hallt. Son état
de conservation serait parfait, sans une petite fissure qui
existe a l'orifice ..... Sur un des côtés, on lit trés distincte-
ment les mots pi,. tu/' fic is ti; ils sont écrits de haut en bas,
" en lettres de deux centimètres et demi de hauteur) en
moyenne. » ,
, Cette description très-exacte, doit être complétée par
un détail. Depuis la publication du Mémoire de M. de
la Villemarqué s'ur l'inscription de la cloche de Stival, la
fissure signalée a donné lieu à une caSSUl'e qui a détaché
quelques petites pièces de métal, a la partie inférieure de
l'une des faces. Cet accident a peut-être modifié le timbre
de la cloche et en a rendu le son quelque peu dut' et criard.

Cette cloche passe pOUl' guérir les maux de tète et.
d'oreille, et même la surdité: on la fait sonner, puis on la
pose sur la tête du fidèle. D'après la tradition 10 Jale, elle .
aurait appartenu à saint Mériadec. Cette assertion ne s3.Uf'ait.
être justifiée par aucun document; mais il est certain que, de
trésor paroissial a possédé cette
temps immémorial, ' le
cette relique, et le peuple a toujours cru' que cet instrument
servait au saint pour appeler à la priére les h:;tbitants du
voisinage. Au commencement de la Révolution, la cloche
transportée à Pontivy; des fidèles de saint Mériadec
fut
allèrent la reprendre et la rendirent à l'église de Stival.
Il Y aurait lieu maintenant de rechercher l'époque à
laquelle on peut en reporter l'origine et de déterminer le
sens de l'inscription. .

existe, · en Angleterre, quelques cloches à main

semblables à celle de saint Mériadec. M. de La Ville­
marqué en 'signale une, entre autres, gardée à D"nhlin,
Elle est dite de saint Patrick; on en connaît .l'histoire,
au moins; depuis l'an 946; et on la fait remonter à rapôtre
de l'Irlande, mort 'vers la fin du cinquième ~iècle, ou à
ses dis~iples qui avaient appris de lui l'art de travailler les

métaux et qui passaient pour y ètre très habiles ."Or, . cette
cloche est du même métal, de méme ' fabrIcation et de
même forme que celle de Stival ; la ressemblance est telle,
si l'une et l'autre avaient été fondues au lieu d'être
que,

battues au marteau, on pourrait affirmer qu'elles sont
sorties toutes les deux d'un seul moule. Il n'y a 'qu'une
différence, c'est que la ' cloche' d'Armagh, consp.rvée à
Dublin, n'a pas d'insCription. ' Mais il est à remarquer que,
à la simple inspection des caractères de la cloche de Stival, ' .
des paléographes, familiers avec les caractères irlanddis,
ont été poetés à les croire gravés en Irlande, peu d'années
après la mort de saint Patrice~ Cependant, de cette

identité de forme on ne pourrait conclùre à l'identité

d'origine, car ces caractères n'étaient point particuliers à
rrrlande et l'on s'en servait également à la même époque,
sur le continent'; il faut seulement constater: lOque les
paléographes les plus comp tents s'accordent SUl' leur âge,
qui ne peut guêre être de moins de onze ou de douze cents

ans; 2 que les archéologues sont 'd'accord pour attribuer

au cinquième et au sixième siècle la plupart des cloches
même genre. " ,
M. de laVillemarqué a traduit l'inscription de Stival.
breton archaïque; d'après lui, pir tur fie
Il y a reconnu du '
is ti signifient pir, « dulee, suave »,. turfie, « sonans »,. is
ti, « es tu » J, tu sonnes doucement, agréablement. Pour la
justification de cette lecture, il faut se reporter au mémoire
notre directeur: unediscusssion philologique de cette
.' nature ne saurait être facilement analysée. . "
Le texte étant donnè,. cette traduction n'a pas été et ne
pouvait ètre contredite. Cependant, l'inscription est-eUe
très exactement rapportée ~ Si l'on considère les syllabes,
qui la composent, il n'y a lieu à aucun doute ~
les mots
d'ailleurs, les caractères sont bien tracés et la lecture en
est aisée. Mais, le co~ps de l'inscription présente une

particùlarité qui, jusqu.'à présent, à ma connaissance du
n'a pas été signalée. Entre les syllabes fur et fic, .
moins,
on voit comme une sorte de point en creux de 0 m. 001 de
largeur e·t de 0 m. 003 environ dans sa' plus grande lon-
, gueur, et en forme -de triangle, irrégulier, La, présence de '
ce point après pir tur, quand il n'yen a aucun entre les
autres mots, pourrait faire croire, ,s'il ,a été produit à
dessein, que l'ouvrier a voulu appeler l'attention sur les
deux premières syllabes et en faire un seul mot; la signi­
fication du texte serait ainsi absolùment modifiée. Deux:
questions se posent ' don.c :' ce point a-t-il été tracé inten-
tionnellement ou est-il le , résultat d~un accident 1 S'il est le
résultaJt d~un accid,ent, faut-il y voir la suite d'un coup ou'
un défaut dans le métal.?

J'ai examiné très soigneusement, dans toutes ses parties
la cloche de Stival. Or, mon impression conciencieusement
je vais l'exposer.
raisonnée,
Ce point n'a pas été produit intentionnellement. Dans le
cas contraire, on pourrait demander ' pourquoi, au lieu
d'occuper à peu près le milieu de l'espace compris entre
tur et fie, il est placé de manière à toucher presque de sa
pointe l'F de' fic, ce qui n'est pas du tout la position ordi­
naire d'un . signe séparatif, et PQurq uoi, entre les aùtres
mots, il n'y a pas de points de cette sorte, contrairement il.
l'usage. En outre, ce signe, par sa forme, ne représente

aucune figure géométrique ' régulière. Ce n'est ni un simple

ni un cercle, ni ' un ovale, ni un losange, ni un
point,
triangle, ni un polygone composé de lignes de même
nature. ' Sur une base à peu TiréS rect~ligne s.'élève une

verticale dont le sommet est relié à l'extrémité de droite de
l'autr'e c6té par une ligne courbe un peu ondulée. Cepen­
dant, l'ouvrier a montré, par la netteté du trait dans les
Iettt'es de l'inscription, qu'il était assez habile pour dessiner
une figure régulière. .
D'autre part, les traces de coups sont nombreuses sur les
divers pans de la cloche. II s'en trouve une, en particulier,

sous le T dè isti. Elle est assez grande, de form~ 'ovale et
a' été produite par un instrument contondant. Le contour
est parfaitement arrèté; la surface intérIeure est arrondie.
Il n'en est pas de même pour la petite cavité qui précède
fic. On ne s'expliquerait pas qu'elle eût été formée il. l'aide
d'un marteau. En outre, un instrument tranchant, un

ciseau, par exemple, aurait taillé et repoussé le métal et
déterminé des pans lisses; or, ici, la concavité est quelque
peu rugueuse. Je serais porté croire, sans pourtant
oser l'affirmer, que nous sommes en présence, non de la
trace d'un coup, mais bien d'un défaut dans la matière. On
. se rendrait compte ainsi du motif qui a porté le graveur à

L'inscription serait un compliment adressé à son œuvre
par' l'ouvrier satisfait.
La paroisse de Stival peut, à juste titre, se montrer fière
de posséder un pareil trésor.

Abbé EUZENOT.