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Bulletin SAF 1883


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Séances du 30 juin, 4 août 1883

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SÉANCE DU 30 JUIN 1883 .

Présidence do M. AUDRAN, Vice-Président.

Étaient présents : MM. EARDOUIN, BOURASSI~J
FOUGERA Y, MALEN, . DUCOURTIQUX, TR~VÉDY,
LUZEL, VESCO, SERRET. .

M. de la Ville marqué, appelé le matin par dépêche, .

s'excuse de ne pouvoir présider la séance. Une partie ' .

de la correspondance n'ayant pu être remise à

M. Audran, lect.ure en sera donnée, à la prochaine

réunion. .

M. L.o. B .... (1) écrit à M. le Président et offre de

vendre divers objets de bronze et un fragment de .
bracelet trouvés sur l'emplacement d'un· camp qu'il .
croit romain. Avant de ' conclure ce marché, M. Luzel
. propose d'~crire à un de ses amis demeurant près de
cet endroit, pour· le prier de lui rendre compte de la
valeur de- ces objets et de leur importance, au point
de vue archéologique.
Un membre exprimé le vœu que le fronton sculpté •
d,u collège aujourd'hui en démolition soit donné au

Musée. M. Trévédy est chargé de faire les démarches
nécessaires pour obtenir la remise au .Musée de ces
pier.res sculptées, qui pourront être encastrées dans le
mur construit en ce moment dans la cour du Musée,.
Présentation et admission de M. de la Serre, capi-
taine au 81 e de ligne, par MM. Bolloré et Faty.

. (1) Le. nom de cette personne sera donné, dans le prochain procès- .
verbal, lorsque la Société se sera décidée au sujet de cette offre .

M. ," Le Bos fait hommage d'une brochure dOlL il est
l'auteur et qu'il intitule Causeries 'bretonnes ou Remar-

, ques sur la formation de la langue ceda-bretonne. Cet
ouvrage sera déposé dans la Bibliotbèqùe de la
Société.
, 'M. Audran lit une notice 'sur une tombe gallo-
romaine récemment découverte. '

Rapport de M. Hardouin sur la réun.ion des sociétés
savantes à la Sorbonne, en avril 1883. A vaut .le com-
mencer. sa lecture, M. Hardouin, au nom de tous ses
collègues, r~mercie M. Audran de son intéressant

travail sur les procès-verbaux des premières séances
de la Société archéologique du Finistère. '
M. Trévédy èom,mmiique un travàil de ,M. G. Bigot,

architecte du département, sur les fourches patibu-

laires de Quéménet. Le charmant dessin au crayon

qui a<;compaglle le texte donne lieu à plusieurs obser-
vations. A cause de l'heure avancée, la discussion
aura lieu â la Rrochaine séance. '

La séance est levée à 4 heureR.
Pour le Secrétaire empêché, '

A. SERRET.

SÉANCE DU 4 AOUT 1883.

, Présidence de M. AUDRAN, Vice-Président. '
Présents :' MM. FATY, LUZEL, MALEN, Xavier

DE BLOIS, DIVERRÈS, HARDOUIN remplaçant le '
Secrétaire empêl3hé. Se sont excusés: MM. DE LA ,
VILLEMARQUE, le Président,TREVEDY et VESCO.
La correspondance comprend les documepts 'dont
l'analyse ,suit : '.' "
1° Lettre' de M. le Sous-Secrétaire d'Etat de 1 'Ins-

traction publique et des Beaux-Arts à M. Hémon,
député, annonçant que la demande de la Société tendant
à obtenir une allocation applicable à ses propres tra- ,

vaux et distincte de celle qui a de nouveau été accordée

en son nom pour le Musée départemental du Finistère,
sera soumise au Cor.nité des travaux historiques, dès sa

plus prochaine séance.
, 2° Avis donné par ,M. le Maire de Quimper, le
3 juillet, à M. le Président Trévédy, que M~ l'Architecte­
voyer a été prié de conserver le fronton sculpté' du
CoÎlège et -de le déposer dans la cour , du Musée. J)es
remercîments sont, votés à l'Administr'ation, municipale.
A raison des circonstances mentionnées dans une
lettre relative, à la non exécution de la décision qui est

ici rappelée, M. Malen 'est délégué à l'effet de veiller,
en se concertant avec M. l'Architecte-voyer, au trans-
port et au placement de la pierre.

3° Communication de la part de l'honorable M. Lukis,
de Saint-Fiacre, près Morlaix, concernant l'acquisition
proposée de haches, de bronze qu'il annonce avoir été
BULU~TI" DE LA Soc. ARCUÉOL. DU FINISTftRE. TOMR X. f 5

découvertes dans un champ, à Collorec, en y creusant

une douve. Renvoi à M. Luzel, qui recoit mission de

vérifier les objets offerts et de proposer, s'il y a lieu~
l'acquisition des plus notables d'entre ces objets, sinon
de leur totalité. '. .'

4 Des observatio~s sont échangées au ,sujet tant

d,e l'insuffisance du tirage actuel du ' Bulletin, que du

défaut de toute fixation du prix auquel pourraient. être
cédés , les exemplaires réstant des volumes nos 1 à 8
inclusivement. '
Il est décidé: d'une part, qu'à dater du 1 ~l' janvier
~,' prochain, le tirage sera de 300 exemplai.res; d'autre

" '. part, que la cession au prix de 3 fr. 50 c. par volume,
des publications ' antérieures à 1882, sera mentionnée

au verso de la couverture de chaque bulletin. '

Il est ensuite voté sur l'admission, 'comme membre
titulaire, de M. Mouillade, propriétaire à Penhars,

présenté' par MM. Trévédy et Guépin. Cette admission
est prononcée. _
, Une erre,ur de pagination est signalée dans le bül-
1elin qui vient d'être distribué. Une page numérotée 195
(au Feu de 181) y fait suite immédiate à la page 180,sans

qu'il existe d'ailleurs une lacune quelconque dans le
texte. L'imprimeur sera invité à faire opérer la rectifi­
oation devenue' indispensable.

, M. Audran rappelle que, dans la notice sur le couvent
et l'église , des Cordeliers de Quimper, publiée en 1845

(Revue de l'Armo'rz'que et de l'Ouest, tome l, p. 229
et suiv.) et dont un extrait 'a été repr'oduit dans le

tome X (en cours d'impresssion) de notre Société,
(pages 206 et 207), M. 1e comte Aym<:tr de Blois, de-

docte mémoire, signa~a au nombre des monuments
. funèbres qui y existèrent, les sépultures de 6 chevaliers
bretons tués le même jour, en 1425, sous les murs de
Saint-J ames-de-Beu vron. .
Au sujet de la sextuple translation qui al:lrait ainsi,eu

Ùeu M. Audran a eonsidéré comn1e indispensable la

citation du texte suivant:

. Pridie nonasmartii obierunt J.Vobiles Domini D. Herveus
de Ponte.: D. Johannes de PouLmic, Guilielmusde Ros- .

madec Dominus de Tyvaralen, GaujJridus de Piru,
Henricus de Lysun, Kanzevet de Lanros, etquamplures

aiii apucl S. Jacobum de Bovel'on; ET A DICTO LOCO CORPUS

SUPRADICTI DOMINI DE POULMIC FUIT APPORTATUM AD ' CON-

VENTUM ISTUM ANNO M CCCC xxv .

De ce texte emprunté au nécrologe de l'abbaye et
reproduit par Dom Lobineau (Preuves, page 1003), il
. résulte qu'un seul . des corps, celuidu sire de Poulmic,

fut transféré et inhumé dans l'.église des Cordeliers (1).
Il est ensuite donné lecture d'une note ainsi concue: .

Un anneau d'or trouvé dans le jardin des Dames Ursu-
lines de Carhaix et dont M. le chanoine Téphany est devenu

le propriétaire, a fourni à M. le Commandapt Faty le sujet
d'un article aussi curieux que savant ,2). Tout derniérement,

en lisant Ovide, j'ai trouvé quelques détails qui sont, peut-
être, de nature à éclairer d'un peu de lumière la question

déjà traitée. Je demande la permission de citer, à l'appui de

, (1) Une commu~licalio~ obligeante ?e M. le Pl'ésid~nt Trévédy p~rmet
d ajouter les mentIons SUivantes (entt' ault'es), constatant que le même
nécrologe contient, néanmoins, une commémoration de chacun des six
d~funt~: LANROS, vid . . Poulmic. ~. HHRVOEUS DE PONT '(AI?batis) tali
du~ obut prœpotens ac mrtuosus mûes. GAUI<"RIDUS DR .Pmu ·(td.)
(2) Voir tome IX , page 338. .

mon "assertion, les pre'miers ver's de la septième élégie du

pl'emièr livre des Tl'ïstes,dont voici la traduction: « Qui
« que tu sois qui possédes l'image fidèle de mes traits,
« détaches-en le lierre, couronne bachique qui ceint ma
« tête; ces symboles heureux ne conviennent qu'aux poètes
« heur'eux. Une couronne me sied mal, dans l'état où je
« suis. Tu dissimules en vain, tu sais que je m'adresse a

« toi, .le meilleur des amis, qui me por'tes partout à ton
« doigt, qui as fait enchasser mon portrait dans un 01' pur,
« afin de contempler pal', le seul moyen possible, les traits
« chéris de l'exilé. Peut-être, chaque fois que tu les regar­
« des; te prends-tu à dir~ : Qu'il est loin de moi, ce cher
« Ovide! Ta piété m'est précieuse. '» A la suite de l'élé-
gie, on trouve cette note: « Dans les premiers temps ' de la
République, on se contentait de graver quelques lettres dans
, ,la matière même de l'anneau: depuis, on enchâssa sur le
cercle mème de , l'anneau, un diamant ou quelque autre
pierre précieuse où ron gravait aussi de simples lettres,

mais où l'on grava ensuite.les images de ses protecteurs ou

de ses amis. » Les vers et l'inscription Sabine vivas me por-
tent à croire ql~e l'anneau a appartenu, non à un des Sabinus
mentionnés, mais, à un client ou à un ami d'un de ces
illustres personnages; peut-être à un disciple du fameux
jurisconsulte Sabinus, qui ènseigna à Rome avec tant

d'éclat et dont l'école fut fréquentée par l'élite de la noblesse

romaine. Ne trouve-t-on pas aussi une certaine analogie
entre le poëte exilé sur les bords affreux du Pont-Euxin et
ce client de Sabinus rélégué au fond de la presqu'He armo­
ricaine, pays alors presque sauvage, en face d'une mer
terrible 'et des, Bretons séparés, comme dit Virgile, du reste

de l'univers. Cette inscription rappelle aussi ces acclama-
tions poussées, par la foule assemblée au cirque: Probe
vivas, Aureliane vivas, à l'avènement d'un empereur ou à
son retour d'une campagne glorieuse.

Un Membre de la SoCiété archéologique.

M . . Luzel, Archiviste du département, propose à la
Soc,iété de publier, soit dans ses bulletin~ mensuels,

soit séparément, les Comptes des Jn'l'seurs ou comptables
de la ville' et communauté de Quimper, pour les
et 1597. Ces comptes) qu'il a trouvés
années 1594, 1596
aux Archives du Finistère, contiennent des renseigne- ·
sur la période la plus intéressante .
ments précieux

de l'histoire de la Ligue, da.ns noti~e département. On
y voit, entre autres choses, les mouvements des trou~ '
pes tenant pour le Roi ou pour la Ligue, dans le pays,
et les dépenses par le menu) au jour le jour) faites,
tantôt pour les une~, tantôt pour les autres (1), par la
ville de Quimper qui supporta pr€sque tous les frais

de la guerre, et dont le budget, pendailt plus de quinze
ans, resta' écrase sous le poids de cette charge exces-

sive. Le siège du fort de Crozon ou de Camaret, occupé
par les Espagnols, celui du fort de Penmarc'h, les
Tristan et les trois
sièges successifs du fort de l'île
tentatives de Lézonnet et de La Fontenelle contre Quim ..

per se trou vent compris dans cet intervalle.' .

la mission des Sociétés comme la
M .. Luzel pense que
nôtre doit êt.re principalement, et au même titre que
les fouilles et la description des anciens monuments .
au jour les
celtiques, gaulois où romains, de produire

documents écrits restés inédits, qu'ils appartiennent à
des dépôts publics ou privés. et qui peuveIlt contribuer
à jeter quelque lumière sur des points obscurs ou peu
connus de notre histoire locale. Or, tout ce qui concerne

(1) Jusqu'en octobre ~594. la ville deQuimper tenait pour la Ligue
e~ elle ne passa au parh du Roi qu'après s'être rendue au Maréchal

ù Aumont, le 20 de ce même mois. .

la Ligue, en Bretagne, est du plus grand intérêt, ,et
bien des points de cette époque rüalheureuse 'sont
encore insuffisamment connus. Les comptes des miseurs
de Quimper sont de nature à en éclairer ' quelques-uns
et la publication n'en ,peut être que profitable poùr la

science et pleine d'intérêt pour nos compatriotes. On

, pourra, du reste, s'en faire une idée par le titre du
cahier de Alain Chevillard, arnsi conçu: .
« Estat particulier par le ,menu des deniers, mises
( et . dépances déboursez ~t faictz par noble homme
« Alain Chevillart, procureur sindic des nobles, bour-

« geois et habitants de la ville de Kempercorentin pour
t( l'armée du roy et le siège mys audevant le fort de
« Douaranenès par le sieur capitaine du Pré, maistre
« de camp conduisant ladite armée, le seiziesme Fen-

« vrier mil cinq ,cens quatre vingtz et dix-sept; et ,
« pour autres ,sièges dudelmys mys par Monsieur de
« Soudéac, lieutenant _pour sa n~ajesté en ce païs,
« conduisant ladite armée du roy adevantîes fortz de
'. « Penmarch et dudit · Douaranenès, en ladite année
« mU cinq cens quatre vingtz dix-sept; desquels
« deniers, myses et dépances il suplye allocation pour
« la somme à laquelle Hz seront trouvez monter, luy
« servir de descharge en la dépance de son compte
« général et à mesditz sieurs habitans, nobles et bour-

« geois pour le pourvoir pour le remboursement ou
« ainsin (ainsi) qu'ilz yoizrortt.l'avoir à faire. »)
Les deux autres comptes sont : celui de 1594, de .

Rolland Le Denie, et celui de" 1596, ' de François
- -et Jean L'Honnoré. ' .
Au nom de la Société, M. le Président félicite et

remercie' l'honorable M. Luzel de sa communication,

sur l'intérêt et l'importance exceptionnelle de laquelle
il serait superflu d'insi'ster. La place de documents
inédits aussi précieux, à tous égards, que ceux dont
l'existence vient d'être signalée, est marquée, d'avance,.

tant dans le volume en cours de publication, que dans le
subséquent, s'il y avait lieu. L'impression en est déei- '
dée, ,à l'u'nanimité. Le vœu est en outre exprimé que
la, copie à livrer à l'impressîon soit accompagnée de
la préface sommaire, ainsi que des annotations histo­
riques ou topographiques dont le , savant éditeur
reconnaîtrait l'utilité pour l'intelligence du texte.

, La parole est eu:;:;uite donnée à M. Hardouïn, qui lit
un rapport dont l'impression immédiate est aussi dé-

cidée (1). Conformément aux c.onclusions de ce rapport,
et par les motifs et considérations qui s'y trouvent ex­
primés, la Commission de la bibliothèque communale,
l'Administration et le Conseil municipal de Quimper
ont décidé qu'il y avait lieu de 'déférer au chef si

bienveillant et si éclairé du département de l'Instruc-

, tionpublique et des Beaux-Art.s, en même temps qu'au

Comité des travaux historiques, plus amplement in-
formé, la décision pri~e le 13 décembre dernier par la
section d'histoire et de philologie relativement au Car- '
tulaire de Landévennec, le manuscrit sans contredit

le plus curienx de notre bibliothèque'pu.b~ique.

A la publication intégrale résolue dès 1841, et en
dernier li~u confiée à M. l'arehiviste Le Men, dont ,
la copie préparée pour l'impression a même été, trans-

'7 7" n " OFF.,.

(f) Voir ci-après, p. 250). ,

mise au Comité pal' la famille du savaüt défunt, la
section entend substituer la reproduction d'un simple
fragment, arbitrairement séparé du corps du manus~
crit, c'est-a-dire du texte hagiologique. La Société s'as ..

. socie au vœu instamment émis que la décision pre­
mière s'exécute et que le texte imprimé d'une œuvre .

du XIe siècle, demeurée avec le Cartulaire de Redon,
l'une des principales d'entre les sources si rares de

l'histoire de Bretagne, au XIe siècle, ne subi~se pas
une mutilation aussi regrettable, à tous égards, que
celle dont il -s'agirait. .

Le rapport suivant est lu par M. HARDOUIN :

CONGRES DES SOCIETES ·SA V ANTES

(Session ·de 1883) .

MESSIEURS ET HONORÉS CONFRÈRES :

Le seul d'entre les délégués de la Société arcp,éologique
du Finistère qui ait pu prendre part aux réunions tenues à la
. Sorbonne, les 27,28, 29 et 31 mars dernier, vient s'acquitter
présenter un compte-rendu quelconque de l'ac­
du devoir de
complissement de sa mission. Chacun sait d'ailleurs que les
véritables procès-verbaux des séances, les analyses publiées
Journal officiel, des communications ou discus­
dans le
. sions entendues; suffisent amplement à donner une idée de
l'ensemble des travaux de la session. .

Aussi, l'aperçu qui va suivre ne consistera-t-il guère
qu'à signaler, aussÎ rapidement que possible, à l'attention de
la S,ociété quelques-uns des mémoires les plus importants
ceux qui ont été soumis à la section d'histoire et de
parmi

philologie.

Il v a lieu, toutefois, de préalablement donner place à
quelques indications que l'on serait tenté ~e dire a;necdo-
tiques. L'archéologie, d'ailleurs, ne sal)l'aIç non plus ètre
complètement passée sous silence. '

Tout intéressante qu'~lle eùt été, la réunion de 1882
. n'avait pas laissé de se ressentir défavorablement de
l'évolution, voire de la révolution (purement règlementai.re,

o'râce à Dieu), survenue dans l'intervalle d'une session à
l'autre.

, Hommes et choses avaient, au point de vue de la direction
de l'œuvre s'entend, subi l'atteinte de ,mutations plus ou
moins radicales.
D'une part, en effet, le Comité des travaux historiques
remplaçait. le personnel purement administratif du dépar-

tement de l'Instruction publique. .
D'autre part, l'agencement des travaux et la tenue des
séances devaient différer du tout au tout de ce qu'ils avaient
été jusqu'alors. .
A peine est-il besoin de rappeler, sous ce· dernier rap­
port, que jusques et y compris 1881, tout mémoire à
communiquer se trouvait astreint à une double condition .

Il devait, effectivement, avoir été lu en séance de la Société

représentée, et avoir en outre été transmis officiellement avant
l'expiration du délai de rigueur annuellement déterminé.

On se souvient .-aussi qu'aucun programme de questions à
discuter en Congrès, n'était d'avance rédigé et publié. En

revan'che, aussitôt reçus et classés, les mémoires étaient
distribués, section par section, au rapporteur qui devait
en rendre compte en séance publique et solennelle de clô-
ture de la session. Enfin, des encouragements de l'État ou
étaient décernées aux plus méri-
des mentions honorifiques

tantes des Sociétés qui avaient participé au Congrès, régime
qui, s.oit dit en passant, les fit, ironiquement, mais non sans
quelque vérité, comparer a autant d'écoliers en COrlCOU1'S

d'ambition de laurim's universitaires .

Désormais, au contrait'e, une 'entière liberté quant aux
communications écrites oU: orales devenait la règle, l'en­
voi préalable de mérnoires, soit directement, soit selon

vi, demeurant d'ailleurs façul-
le mode précédemment sui
tatif. De plus, était décrétée la publication, en temps op-
portun, d'un programme contenant, entr'autres questions
a discuter, celles qui auraient été précisées~ avant la clôture
du Congrés,en réunion des bureaux de chaque section, tant
d'offic.e ·que sur la pmposition de délégués. .
La résignation ' aux faits accomplis ne fut pas moins
réelle qu'elle ne devenait indispensable.
Toutefois, hors de session, de telles doléances retentirent
au sujet de la réuniori de rhistoire et de l'archéologie en

une seule et même section, qu'un changement a vU'e s'en
suivit. A la restriction du nombre des sections, succéda
une règlementation diamétralement contraire.
C'est ainsi que le Congrès n'a' pas ' compté, en 188:3,
moins de 5 sections. Elles ont fonctionné sous les dénomi-

" nations suivantes' :

. 1° Histoire et philologie; 2° archéologie; 3° sciences
économiques et sociales; 4° sciences mathématiques, phy-
siques, chimiques et météorologiques; 5° sciences· natu-

relles et géographiques ou géologiques; sl;tns parler de la
réunion concomitante des délégués des sociétés des beau x-

arts, réunion devenue· de simple section du Congrés, a l' of'i-
gine, un Con grés sui juris qui de plus en plus, par le
nombre et surtout par l'activité" de ses membres, rivalise
avec son ·ame. .
Jamais, commela Société peutmaintenants'en convaincre,

n'avait été aussi résolument appliquée la méthode qui

consjste iL diviser le travail scientifique ou littéraire, à le
spécialiser, à le localiser.
A n'en juger que par le début, le nouveau règlement ne
c~ci que des avantages. Mais, on ne le sait
présenterait en
que ûop, c'est plutôt par sa durée que par l'éclat de sa

primeur que se légitime le succès, en fai,t d'organisation.
C'était vers la section d'histOIre et de philologie que
par habitude, se diriger les pas du délégué de la
devaient, .
Société archéologique du Finistère. Cette annéé, d'ailleurs,
l'attraction naissait tout spécialement de la question du
pr"ogeamme relative aux Etats provinciaux. Des études sur
les assemblées autres quecélles qui furent tenues en Bre-
tagne jusqu'en 1789, eussent puissamment aidé à la conti-
nuation des travaux entr.epris au sujet de ces dernières.
Mais, comme on le constatera plus amplement bient6t,
l'espoir qui avait été conçu ne s'est nullement réalisé .

Sans que le même délégué ait d'ailleurs à autrement
préoccuper ici de son individualité, qui que ce puisse être,
il ne saurait omettre, ne fût-ce que pour excuser lecarac-

tère forcément restrictif du compte-rendu qu'il a l'honneur

de présenter atljourd'hui, de mentionner l'assiduité dont
il dut faire preuve à chacune des seances de' la section
préférée. Il y siégea au bureau, parmi les assesseurs. -
Le représentant de . la Société du Finistère manquerait
d'ailleurs au devoir, le plus impérieux, s'il ne réitérait, ici,
les remerciements · qu'il a exprimés au nom de la section

entière, comme de soq bureau, à M. Léopold Delisle,
savant éminent à tous égards, dont la présidence mit
de plus en plus en relief les hautes lumières et la si
bienveillante impartialité.
M. le secrétaire-rédacteu~' des pl~ocès-verbaux fit, de son
coté, preuve d'autant d'obligeance que de courtoisie. .

M. Léopold Delisle était d'ailleurs à la veille de recevoir,

en séanc'e générale de clôture de la session,) l'un des hom-

mages à ]a fois les plus éclatants et les miellx mérités qui
se puissent concevoir. Dans une éloquente allocution,
, M. le Président du Conseil, Ministre de l'Instruction

publique, devait rappeler l'érudition véritablement merveil-
et le patriotisme a l'avenant, dont le tant honorable
leuse
Directeur de la Bibliothèque nationale a naguère fait
preuve· pour la récupèration de , précieux manuscrits .

Ces manusèrits étaient un patrimoine françaiiS, dont un
célèbre coupable'avait, par la fraude et pal~ la cupi-
trop
dité la plus infernale, doté les collections d'un richissime
Anglais. Ce fut debout et par ses applaudissements pro-
longés, que l'Assemblée associa son suffrage à la remise à
M. Léopold Delisle des insignes de Commandeur' de la ·

Légion d'honneur.

Certains échos des séances de la Section d'archéologie,
' présidée par notre éminent et sympathique historien

M. le Sénateur Henri Martin, ne laissèl'ent pas
national,
de pénétrer jusque dans l'enceinte réservée a l'histoire et a
la philologie. Il convient d'ajouter que parmi les assesseurs
.. - du mème président, se rencontrait M. , Léon Palustre, le
suceesseur de M. Arcisse de Caumont d'illustre mé­
digne
moire, fondateur de la Société française pour la consel'va- .
tion ' des monuments, et de l'institution de ses assises
annuelles.· .
Les sépultures datant de l'ère 'Celtique, en Auvergne ct
en Guienne, .ont fixé l'attention de MM. Delort et Grellet­
Balguerie.
La période gauloise a, d'ailleurs, provoq LIé de la part '

, d'un savant ingénieur et al'chéologue breton, M. Pocard­
Kervill~r, ,connu tout au moins de nom, de chacun des

Membres de la Société, une consciencieuse étude sur les
l'et.l'anchements existant dans la Loire-Inférieure. Une
discussion relative a la balistique et aux projectiles de
pl'ovoquée
l'époque, sujet inséparable du précédent, a été
par M. Mowat.· "
D'après des .témoignages" confirmés pleinement du reste"
pal' les procés:--:erbaux, des discussions nOI~ moins vives
qu'intéressantes sont survenues au, sujet de la classification
parties les plus importantes de diverses '
chronologique des
notables églises telles, entr'autres, que les cathédrales de
Limoges et de Coutànces. La même classification appliquée

auX 870 églises ou chapelles (ni plus ni moins)" du diocèse
de Clermont, a fait aussi l'objet d'un mémoire dù à
à M. MaUay; l'architecte départemental du Puy-de-Dôme.

D'autres communications très nombreuses et non moins
intéressantes se sont succédé, poUL' lesquelles il est, ici,

non sans r'egj'et, fait renvoi aux comptes-rendus publiés
daus le Joitrnal officiel. Mais ainsi l'exigent les circons-

l<:1nCeS et spécial~ment la mention a réservey' :au travail,
sans contredit le plus. important à tous égards, dont la
section d'archéologie ait eu à s:'occuper. La Société a tout

naturellement pressenti qu'il s'est agi des fouilles exécutées

et des découvertes faites a Sanxay (Nièvre) par un explo-
, rateul' d'une activité, d'un savoir et d'une expérience hors
ligne, le , R. P. Delacroix. Sa c6mmunicatio'n étayée de
, plans et de coupes œune ~imension peu ordinaire et d'autant
plus propice a l'auditoire, avait commencé dans le cours
de la session de 1882. Un rappel intempestif, mais nullèment
prémédité et encore moins désobligeant d'intention, a
, l'observation de la clepsydre attestant que l'heure légale de
clôture dè la séance était dépassée, vint regrettablement
interrompre le narrateur en pleine carrière. Présent a la
séance, l'auteur du compte-rendu actuel doit ramener a ses

véritables proportions cet incident grossi outre mesure on

même dénaturé par certains commentaires. Le docte reli­
gieux a du reste témoigné lui-même de leur exagération,
par l'empressement avec lequel il à, cette année, repris
son sujet. '
séance et un local ayant été· tout exprès réser­
Une
vés à cette repl'ise, ila pu, tout à l'aise, donner car­
rière à l'œuvre de sa tant légitime prédilection. Après
avoiL' décrit avec la facilité et l'abondance dont il a le
il jour. des monuments d'une
secret, toute la partie mi'se
localité que son importance hors ligné ne sauva point
des ,ténèbres de l'oubli, le temple, les thermes, le théâtre,

les hôtelleries, l'infatigable et savant archéologue a

émis l'opinion qu'il ne s'agit ni d'une villa, ni d'une
cité ou d'un oppide, ni enfin d'une station balnéaire, mais

bien de l'ancien siège des assemb.Iées de la tribu des
Pictons. Sur quoi échange non moins animé que prolongé
entre MM. Palustre, favorable à l'apprécia- ,
d'observations

tion de l'auteur de la découverte, Demuys, conservateur-
adjoint du Musée d'Orléans, et De Lasteyrie, tcllis deux

réclamant, avant conclusion, un beaucoup plus àmple
A dhue sub judice lis est. Il reste du moins avéL'é
informé.

que, naguère encore déserte autant qu'ignorée, la vallée
nivernaise de la Boissière a, grâce à Sanxay, ses visiteul'st
ses touriste$ même, sans parler de ses échos dans les

hautes 4e la presse. Tout autL'ement
régions les plus'
importants et durables resteront les encouragements, Si
mérités sous tous les rapports, qui n'ont point fait défaut
au R. P. De La Croix: Le chef du département de l'Ins-
truction, publique a, dans un entl~etien ad hoc, témoigné du

même intér~t que le Comité des travaux historiques, à
l'endroit de la poursuite des explorations et de 1'allocation
des subsides nécessaires. Finalement donc l'œuvre est bien
loin d'avoir perdu pour attendre. .
L'instant est venu de rentrer pour n'en plus sortir, dàns

l'enceinte de la section où l'assiduité du rappol'teur lui titit
lieu, cette alinée, de toute autre participation aux travaùx.

. III.

A l'exception d'ùne seule, la plus importante de toute, .:;,

les questions du programme de la section ·d'histoire et" de
philologie ont fait l'objet de lectures suivies, pour la
plupart, de discussions orales'- Diverses autres commu­
nications sont venues s'y joindre, et, sans l'ordre parfait
. et la précision ünpl'imée par le d' a la tenue des cinq séances, de plusieurs heures
pl'ésident,
chacune, qui ont eu lieu, l'ajournement de plusieurs lectures

eùt été inévitable, .

. Maintenant quelques rapides indications, présentées dans
l'ordre déterminé par le programme, suffiront a IJaccor~l-

plissement de la tâche du délégué· de la Société.
Une' premiére question avait pour objet la . méthode à

suivre pour' rechercher .l'origine des noms de lieux, en
France, ainsi que la valeur des résultats obtenus . C'est là,
. .il n'est pas besoin de le rappeler, matiëre a controverses
en fût. Plus abondent en ceci les travaux, moins ' se
s'il
prépare, a leur endroit, la conèorde, · Un intéressant débat
a eu lieu en!re MM. Boyer, de Chaban, Le Hél'icher et

Joret, ce dernier professeur de littérature étrangère à la

facuIte des lettres d'Aix. De plus, dans un remarquable .
mémoire, M. Forestier a signalé l'importance d'un~étude

approfondie tant des listes cadastrales 'que des autres docu­
ments antèrieurs se référant à la topographie locale.
La fondation des villes neuves ou bastides, ainsi que '
l'histoire des milices communales au moyen âge (2 et

3 questions) seront à reprendre, dans la session prochaine,
en parcourant la voie qu'a si bien fl'ayée M·, le chanoine
Potier. . .

Sur la 4 question, relative aux itinéraires suivis par les .
pèlerins français cheminant vers l'Italie ou la terre Sainte,
importante maison
un curieux livre de comptes d'une
du midi de la Fra~ce, au XIVe siècle, a
commerciale
donné lieu à un très savant et très intéressant mémoire

de M. Forestier, érudit aussi actif que judicieux .
. Relativement aux documents antérieurs au XVe

trats ruraux il. qui advint ainei la chance vainement bri­

guée par tant de municipaux de ville leurs contemporains,
transmettre, authentiquement, sans nulle flatterie,
de voir
du reste, bien au contraire, leur figure il la postérité. Peu
de Capitouls toulousains eux-mêmes jouirent d'une pareille
faveur.
Une vive satisfaction se trouvait d'ailleurs destinée au
représentant de la Société atchéologique du Finistére. L'au-

l'une des communications relatives il la 5 question
teur de
n'être autre, en effet, qu!un compatriote et qu\m cûllè-
devait

Û'ue aussi distingué que laborieux, M. le comte de l'Estour':'

beillon. Le mémoire dont il a donné lecture tend il établir
frairies de comté' Nantais sont des divisions terri­ •
que les
toriales ou portions de paroisses, qu'il ne faut pas confondre
et autres corporations religieuses. Des
avec les confréries
traces nombreuses en subsistent. M. de l'Estourbeillon rat­
tache l'origine 'des mêmes frairies ' aux anciens clansbre­
tons, . transformés dès le IVe siècle par le Christianisme. .
L'absence de textes d'une date ancienne, il l'appui d'une .
. aussi ingénieuse donnée, ne pouvait manquer de d~chaîner
une tempête de doutes et de scrupules suggérés par les

exigences de la critique historique. Cette tempête laissait
d'ailleurs debout, bien entendu, l'hommage a si juste titre
acquis au consciencieux travail de notre honorabl e con­
frére. M. le Président Léopold Delisle a craint que le lien
par lequel les frairies s'y trouvent rattachées aux ap.ciens
clans manque de solidité. Il voudrait que M. de l'Estour­
beillon pût donner, en appendice, les statuts de quelqu'une
de ces associations, pour vérifier en quoi et comment elles
charités et autres corporations religieuses,
différeraient des
de date relativement moderne . .
sujet toujours de la mème intéressante communica­

tion, le représentant de la Société du Finistère a cru .
d'evoir hasarder une indication il n'utiliser du" 'reste que
BULLEl'IN DE LA Soc. ARCHÉOL. . DU FIl~JSTÈItE. -- TOME X. t 6 .

très éventuellement ... après vérification minutieuse. Retrou-
vant facilement dans sa mémoire, ou ils s'e gravèrent non
moins facilement, ne fût-ce que par la rudesse de leur conson-
nance, les mots: fiefs faracheux ALIAS frareseheux et revan-
chables" il ne crut pas inutile de les signaler' à l'attention
de M. le comte de I>Estourbeilion. Dans la nouvelle comme

dans la ' très ancienne coutume de Bretagne, ces mots ex_
primaient surtout la solidarité ' établie, au point de vue
du recouvrement des droits féodaux ou redevances, à l'en-
contre des possesseurs, en quelque nombre qu'ils pussent
être, entre lesquels se trouvait 'di visée une seule et
mème tenue. Un lien de solidarité, mais cette fois active
tOute culturale, loin de n'être que passive, aurait-il
préexisté au régime consacré par ces deux coutumes? C'est
ce dont il y aurait, peut-être, à s'enquérir.
l'an dernier, la onziéme question, relative à ,
Déjà traitée,
l'histoire des petites écoles avant 1789, a itérativement
donné lieu aux disqussion's les plus animées, après la lec­
, tu·!'e du nouveau et curieux mémoire de M . l'ancien recteur

Maggiolo, dont les recherches ont porté sur 260 cantons et
... c'est-à-dire environ 94 0/0
4432 communes, dont , 4134
avaient une école, en 1789. Reste à poursuivre l'enquête au
, suj et de la consistance de cette école, sous le triple rapport '
sa fréquentation, de sa tenue et de ce ,qui pouvait s'y,
apprendre. '
Il convient de mentionner parmi les communications qui
ne se référaient point au programme, celle de M, Castonnet-
la Société académique indo-chi-
Desfosses, membre de
noise, concernant divers documents inédits et fort intéres_
sants sur la fondation de Pondichéry ... qui ne fut à l'origine
qu'un petit fort protégeant quelques cabanes. Une intel'li­
gente et patriotique direction devait transformer en co­

lonie remarquablement civilisée, cet embryon de village. La '.
parole éminemment chaleureuse et sympathique de Yhono-

rable délégué a provoqué d'unanimes applaudissem~nts.
Le même accueil était réservé a la lecture que M. l'abbé '
Rance, professeur de mOl'ale a la faculté de théologie d'Aix,
ecclésiastique jeune encore et fort distingué, a ' donnée de
lettres, la plupart inédites, de Fénelon, découvertes en Al­
lemagne, au château d~Anhold. Elles furent adressées à une
princesse de Salm, abbesse de Remiremont. L'appui de
l'illustre,archevêque avait été réclamé au sujet d'un grave •
procès intéressant le couvent. D'autJ'es lettres, celles-ci de
direction, furent destinées à une princesse de Darmstadt,

tombée dans la plus extrême indigence. Fénelon, dans cette
correspondance, apparaît unissant au dévouement le plus

-charitable et le plus éclairé envers l'infortune, une :haute
eL très sagace expérience des aftaires purement tempo-
. ' 1'e11e$. M. le vice-président B?issier, de l'Institut, y a
trouvé urie confirmation du portrait tracé du tant célèbre

archevêque par Saint-Simon. La section a exprimé le vœu
d'une publication ,immédiate des lettres et du commentaire .
aussi érudit qu'élégant dont elles .ont été l'objet de la part
de M. l'abbé Rance .

Tout prolongé qu'ait été déjà le compte-rendu présentè,

il reste à y ajouter textuellement la communication sui-
vante faite par l'auteur du même compte-rendu, vers la fin

, de la séance de clôture des travaux de la section :
« 'Tout espoir d'entendre dans la session actuelle une
lecture qnelconquese référant a l'histoire des ètats pro- .
vinciaux, est, a-t-il dit) définitive'ment déçu. NYest-ce
point le cas d'associer a l'expression du regret qu'il en ait
été ainsi) quelques hâtives indications. ayant. pour but de ne
pas laisser :3 bsolument inaperçue une question aussi inté-
ressante à tous égards ~ .
Qu'il soit donc permis, en ne parlant d'ailleurs que des
Etats de l'ancien pays et duché de Bretagne, d'ex1Jrimer le
vœu que l'attention soit ramenée sur leur histoire et de

signaler a l'appui de ce vœu; toute l'importance d'un docu­
ment inédit, très-connu du reste et qui continue d'être mis
largement a contribution par les érudits ou les historiens de
la région .

se trouve aux archives départementales d'Ille-et­
Vilaine., et se réfère à la série intégrale des sessions tenues
durant une période ' d~ plus de cent soixant.e-cinq ans .

Voici., du reste, la teneur même du titre : Table ou précis

alphabétique et historique . de toutes les matières conte-
nues dans les Registres des' États, depuis 1567 jusqu~en
1732 inclusivement .,dressée par Messire François- .'Vi athurin
de la Marzelle, ehevalier seigneur dudit lleu., greffier des

dits États, afin de rapporter sans interruption et sous le

même point de vue, la façon dont chaque affaire a été

traitée par les Etats et ee qùi a été statué en conséquence .
Cette table n'a exigé rien lTIoins que quatre énormes
registres in-folio, d'une dimension exceptionnelle.
Après l'indicible ' satisfaction qu'il éprouverait. de voit'
imprimer un texte dont la valeur historique dépasse
l'étendue elle-même, le digne et savant directeur 'du dépÔt

fort considérable où se conservent les quatre registres dont .

Il s'agit (1), n'en connaît guère de plus grandè que celle de
·le communiquer .
Il ne saurait y avoir que vérité, sans mélange~:aucun . de
chauvinisme breton, a signaler l'importance hors ligne .
\m tel document pour l'histoire de la représentation pro-

vinciale en général, comme pour celle d,es Etats de Bre-
tagne en particulier. C'est, au double point de vue de la
forme et du fond, ~ll1e ' œuvre non moins remarquable que
méritoire,- à tous égards Elle est sans rivale, dans les
anciens pays d'Etats, autres que le duché annexé en 1532 à

a dL
• OZE .. , '$ 2L 'Li E ="

(:1.) M. l'Archiviste Quesnet.

la couronne de France. Nulle part, d'ailleurs, il est. permis '
de l'affirmeI'-, la représentation provinciale ne fut ni plus
ancienne, ni aussi considérable) ni tenace au rnême degré

que dans cet ancien duché. Il suffira, pour s'en convaincre,'

de jeter un simple coup d'œil SUl' la table ~es chapitres.
L'un des plus intéressants est celui où se trouvent mention­
nées les recherches auxquelles donna lieu ladisparution des
registres an térieul's ft 1567 (1). ' .

A peine est-il besoin de men tionner ici, tant leur lecture
est devenue familiél'e au dehors comme au dédans de la
1 province, les deux volumes consacrés par un écrivain

dis.tingué, M. de Carné, de l'Institut, ft l'histoire des Etats

de Bretagne.
Depuis la publication de ces deux volumes,' œuvre
éminemment littéraire et synthétique, partant plus ou
moins affranchie de recherches et d'aperçus de pure érudi-
dition, ont paru diverses monographies qui seront trés

utilement consultées. Il convient de citer tout particuliè-

rement, sans en exclure Çl,ucune, et sans parler d'une foule
de mémoires épal's da~s les recueils des Sociétés armori- '

caines, une très intéressante notice de M. Du Châtellier, de

l'Institut, classe des Sciences morales et politiques (2),
ainsi· que maints passages importants du beau livre de

M.le professeur Dupu-y (3). Ce n'est point d'ailleurs se ren-
dre coupable d'une indiscrétion à son endroit que de noter
ici, en passant, qu'.après M. Quesnet, les archives d'Ille-et­
Vilaine n'ont pas, présentement, d'hôte plus assidu que le
même savant et si consciencieux professeur, circonstance
révélatrice de la préparation sur pièces et sur place, d'ou-

vrages .ultérieurs concel'nant les plus intéressantes d'entre
les délibérations prises par les États. '

Cf) V. T. 1, page H.
(2) Ce que devint la repl'ésentatioll provinciale. après 1032.
(3) De la réunion de la Bretagne à la Fnlf!ce. .

. Il ne reste plus qu'à jeter un rapide coup d'œil sue les
que paraît comporter, le sujet qui serait à traiter,
divisions
dans la session de l'an prochain. ' ,

Durant la période qui s'écoula de la chûte de la domination .
romaine à l'établissement définitif de la féod.alité, quelques
textes datant de l'ère carlovingienne, presque tous à em­
prunter au Cartulaire de Redon, relatent certaines réu­
nions plus ou moins nombreuses de chefs militaires et de
notabilités du clergé, délibérant soit comme haute cour de
, jüstice, soit au sujet dE'- quelque guerre ou de quelque pacte
d'alliance intéressant la région entière \1)".
A dater de 1089 's'ouvre une seconde période, à prolon-
ger, semble-t-i1.J jusqu'en 1532. .
Au dèbut même de cette période, l'institution s'af-
. firme. Alain et la duchesse siègent in plenaria euria (2).
Depuis lorl:\, sinon périodiquement, au moins de plus en
plus fréquemment, se succèdent à Redon .. à Vannes, à
Ploërmel, à Auray, à Rennes, à Nantes, des assemblées
provinciales (3) . Avec la noblesse de tout rang et les
sommités ecclésiastiques de chacun des neuf évêchés, y
siègent, en nombre · très l~estreint.J il est vrai, mais non

sans s'acheminer à quelque . influence, 9.es représentants
du tiers-:état, pour la plupar·t officiers d'es juridictions du­

cales~ De jour en jour, pOUl" ainsi dire, fi dater du
XVe siècle jusqu'à la pr~mière moitiè du 'XVlo, gran­
dissent le rôle et l'influence des États comme corps poli­
tique, législatif et administratif tout ensemble',
Ils atteignent à leur apogée.J dés le second mariage et

durant tout le règne d'Anne la tant célèbre Duchesse reine .
Une troisième et dernière période s'ouvre avec èt par le

(t) Années 8t8, 840, 846, 8!)4, 860. 87f.
(2) Cart. de Redoll; p, 238 •
(3) H27, i289, HOt, t3t3; t3U>, t332, f360, f381 .

pacte de réunion à la France (1532), ére, de déchéance
politique, il est vrai, ère surtout de résistances non moins
stériles qu'obstinées a la centralisation . et a ~'absolu­
tisme de l'autorité royale, ère enfin prédestinée fatale­
ment a ne se point clore .sans des discordes qui dégé-
nérérent en sanglants conflits, aueours de~laquelle néan-
rnoins persévéra l'activité adm~nistrative la plus mél'i­
toire et la plus tenace comme la plus ingrate qui se pùt
imaginer. ' En 1539) les États participèrent a la pre­
mière réformation de la coutume. Ils dirigèrent en réa­
lité la seèonde avec ' Bertrand d'Argentré, en 1580, le
rôle des Commissaires royaux autres que l'illustre et
rude légiste breton, ayant été, cette fois, aussi subalter­
nisé qu'il avait été, précédemment, autoritaire et domi-: .
nateur.

Publier l'œuvre du digne greffier des. Etats de Bretagne,
ce serait rendre un éminent service rendu a la cause de l'his-
toire,mème générale. La dépense a faire aurait~ assurément,
son importance; mais les budgets des cinq départements

in téressés sont loin de n'y pouvoir suffire sans compro-
mettre aucune des exigences des autres services.

Au siècle dernier) aucun sacrifice ne coùta aux Etats
poUl; assurer la publication tant des preuves de l'histoil'e
de la province, que d~œuvres topographiques égàlem'ent
d'une .importance hors ligne:
Puisse un tel exemple n'être point dédaigné par les '
cinq assemblées entre lesquelles se partage la représen­
ta tion régionale de l'ancien duché 1

En somme,' au regret que la 7 question du programme
n'ait point été traitée, dans la session actuelle du Conarès
~'associe le vœu que cette question si intéressante soit
. reproduite dans le programme de la session de 1884. »