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, L'ÉGLISE DE GUIMILIAU
A Guimiliau, l'œil de l'archéologue renèontre du premier
ensemble de monuments caractéristiques. En
coup. . .
clocher,' le porche, le calvaire, la sacristie et la petite cha ,
pelle funéraire. En pénétrant à l'intérieur, il aura encore à
admirer des morceaux tout-à-fait surprenants, et même de
petits chefs-d'œuvre. Il nous faudra donc une notice assez
détaillée pour passer en revue ces remarquables ouvrages.
Commençons par l'extérieur de l'église .
Le Clocher.
La partie la plus ancienne de la construction est le clo
cher, qui a dû être accolée à une église antérieure, église
qui a été remplacée par l'édifice actuel, .dont les piles et les
arcades ont été raccordées tant bien qu.e mal au massif de
la tour.
Cette tour, qui se trouve au bas , de la nef du milieu, donne
entrée dans cette nef par une porte à arc surbaissé, déco-
rée de moulures prismatiques. Elle est accostée de deux
colonnettes chargées de losanges, et surmontées de petits
pinac'les de la base desquels part une accolade feuillagée,
qui sert de couronnement à la porte. .
Dans le' tympan se trou:ve un écusson fruste. Des deux
côté.s de la porte. deux angelots ti~nnent ~es banderoIies
avec légendes' rongées par le temps et devenues illisibles;
tout près est un bénitier détaché, accompagné d'un écusson
portant un calice· avec· le chiffre 1. M.
Aux angles du clocher sont des contreforts ornés de ban-
deaux-larmiers, et sur le côté midi est disposée,. comme
cage d'escalier, une tourelle ronde surmontee d'une' pyra-
mide oc~ogonale. . ' '
Au haut de la base, portée sur deux des fac~s par un bel
encorbellement sculpté, règne une balustrade fla.mboyante
qui, a ses quatre angles, e,st ornée de gargouilles et de
petits pinacles ;. puis vient le beffroi ou chambre des cloches,
comprenant deux larges baies dont les ramparlts sont déco-
rés de feuilles de choux; le tout est couronné par une .
flèche octogonale dont ' les arêtes sont chargées de cros
settes végétales.
Tous les détails de ce clocher et de la porte qui est pel'cée
a sabase indiquent la fin de la période gothique dans notre
pays, c'est-a-dire le milieu du XVIe siècle. Ce style a beau
coup de rapport avec le porche de Lampaul et la porte sud
de La Roche-Maurice (1530-1550).
L'Ossuaire.
Passant du côté midi de l'église, on trouve un curieux
ossuaire de construction plus récente que le reste de l'édi-
, fice. Cet édicule, accolé au côté ouest du porche, comprend
un soubassement surmonté de six colonnes portant une
architrave qui sed en même temps de corniche et supporte
le toi t. ",
Dans le soubassement on trouve d'abord deux bénitiers
en pierre, accessoires indispensables de tout ossuaire, puis
différents bas-reliefJ sculptés en kersanton et disposés
sans ordre:
• 1 ° Saint.,..François d' A~sise montrant ses stigmates;
2° Notre-Seigneur au tombeau. Deux anges à genoux .
tiennent la tête -et les pieds du corps sacré, deux autres
, assistent.
la Sainte~ Vierge et saint
3° Notre-Seigneur en croix,
Jean a ses côtés.
. 4° Adoration des Mages.
5° Deux anges à chevellll'es frisées, vêtus de dalmat.iq'\).es
et tenant un ostensoir.
60 NotI'e-Seigneur à la colonne; deux ~o~dards avec
~ et culottes bouffantes le tiennent par des ~iens.
t oqu ~ . , '
70 Visitation. Saint-Joseph, appuye sur un baton, se tIent
à l'écart. .
80 Notre-Dame-de-Pitié .. La Saint-Vierge tient le corps
de Notl'e-Seigneur sur ses genoux; à ses côtés" saini Je'an
et une Sainte-Femme. .'
Le Porche .
Puis vient le porche, admirable morceau offrant tous les
caractères de la Renaissance, quoiqu'il date seulement du
règne de Louis XIII.
Dans la façade est percée une grande arcade ornée de
colonnes et d'une foule de sujets sculptés dans les vous-
sures. . .
Cette arcade est surmontée d'une frise et d'un fronton
triangulaire, lequel à son tour supporte une seconde frise
et second fronton plus aigu, terminé par une lanterne à
base· carrée et à couronnement arrondi. Les angles du por-
che sont appuyés par de beal~x contreforts chargés de
riches détails. .
Comme ce petit monument est couvert de sculptures,. tant
à l'extérieur qu'à l'intérieur, il faut en analyser successive-
ment chaque partie. .
Dans les contreforts d'angle, le 'soubassement est com-
posé de panneaux, encadrés de solides moulures sculptées
dans le granit; plus haut immédiatement, viennent des
en kersanton.
sculptures
Les profils ont conservé toute la netteté, toute la finesse
premiers jours; ils ont quelque ~hose d0 la pureté des
des
moulures des temples grecs. D'abord on . voit une
belles
petite frise formée de cartouêhes alternant avec des têtes
variées · et la plupart grimaçantes. Dans deux des pan-
neaux, de petits amours portent des cartouches; à côté est
un petit personnage portant toque et grandes braies.
Les niches qui couvrent les côtés des contreforts sont
formées de colonnettes supportant des dais en forme de .
lanternons. Elles abritent :
1° Un saint moine tenant un livre.
2° Un saint évêque en chape, avec mitre et crosse.
3° Un saint papé bénissant. .
4° Un saiht Sébastien.
Au bout de ces contreforts, un solide entablement sup
porte' de bea,ux clochetons carrés, terminés par une coupole
. et une petite lanterne ronde.
Dans la façade, encadrant l'entrée du porche, deux colon
nes can.nelées sont portées sur deux bases ornées de car
touches vigoureusement sculptés Deux autres colonnes
e.ngagées forment l'intérieur de l'embrasure de l'arcade ·
d'entrée. Ces colonnes comprennent quatre tambours can-
· nelés et trois bagues ornées, dans le genre des colonnes de
la façade des Tuileries, construite par Philibert Delorme.
Ce genre de colonnes se retrouve encor~ au fond du porche
• et a été reproduit dans plusieurs édifices de la même épo
que, notamment dans' le porche de Saint-Houardon, à Lan-
derneau.
Entre les moulures prismatiques des embrasures, et dans
les voussures de l'a l'cade, sont sculptées différentes scènes
de la Bible. Il faut les lire en partant du bas et en faisant
alterner les deu.x côtés. .
Adam et Eve. Le démon tentant notre première mère.
L'ange les chassant du paradis .terrestre.
Ève avec ses deux premiers enfants au berceau.
Adam pénitent, tenant des instruments de labourage .
. Sacrifice de Caïn. Caïn debout, fa fumée du sacrifice
descend vers la terre.
SaCrifice d'Abel. - Abel à genoux, la· fumée monte vers
]e ciel. . '
Arche de Noé. Noé. et ses enfants, puis les diffërents .
animauX mettant la tète à la fenêtre . .
Noé cultivant la vigne et cueillant du raisin, puis foulant .
ce raisin dans une cuve.
1 vresse de Noé; péché de Cham.
l'Evangile inscrit
Annonciation, avec tout le texte de
sur une banderolle.
Visitation.
L'Ange apparaissant aux bergers.
Adoration des bergers.
Adoration des mages.
Présentation et Circopcision.
Fuite ,en Egypte.
Au-dessus de la Sainte-Vierge portant l'enfant Jésus sur
un âne, se voit un groupe comprenant une femme et deux
anges dont l'un tient un enfant. .
Dans les voussures, une foule nombreuse d'anges tenant
des encensoirs ou différents instruments de la Passion~
D'autres prient, les mains jointes ou les bras levés. On
y distingue aussi saint François d'Assise, saint Laurent et
deux autres saints. .
par une admirable clef corn"':
Cette archivolte est fermée
posée d'une granqe volute recouverte d'une longue feuille
droit de cette clef on remarque la
d'acanthe, Du côté
date 1617. .
Sur cette clef monumentale et sur les deux chapiteaux
corinthiens des colonnes cannelées, repose un entablement
composé d'une architrave moulurée, d'une frise et d'une
. corniche soutenue par ' des modillons. Sur la frise est
sculptée l'inscription suivante:
o QV AM: METVENDVS VERE: NON: EST: HIC: AL
EST: LOCUS: ISTE IVD : NISI: DOMVS: DEI.
Au milieu et aux deux extrémités, au-dessus de la clef
,et des deux chapiteaux, sont trois bustes en cariatides,
une femme 8t deux homÎ'nes ; ceux-ci coiffés d'une toque,
celle-là, tête nue, avec un collier de perles soutenant un
médaillon. Dans le fronton qui couronne la cOfniche est un
buste de femme ou de' siréne. En dehors du fronton on voit
deux têtes de chérubins, et aux angles, deux gargouilles
formées de deux chiméres remarquablement galbées et
d'une maigreur prodigieuse. '
PIHshaut régne.le second entablement et 1'e second fron
ton, dont les rempants aigus sont décorés de volutes ajou
tées reri1plaçant les crosettes de la période. gothique. Au
milieu de ce fronton, uné niche formée de colonnettes ioni-
ques abrite la statue de saint Miliau. Le saint Patron de
l'église est assis, la couronne ducale en tête, la cordelière
, passée au cou. Il est vêtu du mar~teau ducal et tient de la
main droite l'épée et de la gauche le sceptre .
Le clocheton qui couronne l'ensemblè du porche est
encore plus beau , et plus important que ceux des contre-
forts d'angle. '
Dans l'intérieur, c'e qui frappe d'abord, ce sont les niches
qui contiennent les statues des douze apôtres. Ces niches
sont séparées par des colohnettes ioniques dont les piédes- '
taux sont orirés de cartouches et de têtes diverses. Sur l'un,
deux petits personnages luttent de force en tirant sur une
corde. Les statues des Apôtres ont la raideur et le carac-
tère hiératique de la sculpture du XVe siècle en Bretagne .
Elles rappellent, mais en moins bien, les statues du FolgOët.
Les dais, quoique conçus en plein style de la Renaissance,
sont agrémentés dans le bas .de petites découpur ...;s flam~
boyantes. .
La corniche qui soutient ces statues est couverte de fines
sculptures dans les intervalles qui séparent les modillons.
Ces modillons eux-mêmes sont ornés de l~eprésentations
variées. Sous cette corniche est une frise où l'on remarque
des tètes saillantes ayant un càractère étrange. On croit y
reconnaître la personnification des différents vices: orgueil,
. alousie" avarice, colère, moquerIe, vamte ou coqu~tterle
~ccornpagnée d'un paon. Dans la même frise" du côté gau
che en entrant, 11 faut noter ~leux scènes singulières sculp
tées en bas-relief: d'abord un petit personnage 'presque en
ronde-bosse, portant une aumusse et une tunique couvertes
d'hermmes ; pUIS deux persoI}nages a genoux ou estropIes:
l'un crie' et est surmonté d'une tête cornue et à longues
oreilles, la femme prie et porte un chapelet; ensuite un
estropié n'ayant qu'~ne jambe, marchant à l'aide de bé-
quilles; enfin une sorte de Père-Eternel, les mains levées .
La seconde scène représente le Seigneur créant Eve qui
sort du côté d'Adam endormi. Tout autour se voient les
animaux de la création. Dans le panneau suivant on lit la
date de 1606. Enfin, au côté opposé, dans le dernier pan
neau, près de la porte, se trouve saint Jean baptisant .
N otre-Seign~ur. .
Au fond du porche, deux portes séparées par un trumeau
donnent accès dans l'église. Sous les chapiteaux des cham
branles, on voit d'un côté deux·personnages nns, représen
tant les p8cheurs retellu~ captifs par un lion qui figure le .' '
démon; de l'autre, deux hommes sont liés ou semblent
lutter ; leurs jambes sont couvertes de poils épais et
terminées par des sabots fourchus.
Les arcs des portes sont divisés par des claveaux sàil
lants et par une clef sculptée. Au trumeau est adossé un
joli bénitier, porté sur une colonnette cannelée. Au-dessus
du bénit~er, un ange à genoux · tient deux goup'illons; il
. est surmonté d'un dais orné de pilastres, gaînes, cariatides,
peti tes niches, etc . .-.
D~ns les côtés, deux colonnes à tamboupscannelés,
bagues sculptées et chapiteaux ioniques? supportent l'en-
tablement, et dans le tympan, une niche, accostée de deux
gaines et cariatides, renferme une statue de Notre-Seigneur
bénissant, revêtu d'une robe longue aux plis raides et ser-
rés pr~sque analogues à ceux des statues rom:mes de
Chartres et d'Angers.
Le porche est couvert d'une voûte découpée par de belles
nervures, qui forment au milieu un pendentif assez remar-
quable. ' .
Passé le porche, on voit se développer le mur du bas-
côté sud. Il est divisé en trois travées, séparées par des
contreforts armés de bandeaux, de niches avec pilastres et
dais, et surmontés de clochetdns. Chacune de ces travées
est percée 'd'Une .longue fenêtre à trois baies que surmonte
un gâble terminé aussi par un clocheton. Au bas du ram-
pant du pr(}mïer gâble, tout contre le porche, est une
pierre portant la date de 1642. Dans çette même travée,
, près du contrefort, est percée une porte à plein cintre,
, accostée de deux pilastres ioniques, et couronnée par un
et un fronton. Au tympan de ce fronton est un
entablement
portant trois mains bénissantes, 2 et 1, armes de
. blason
tout surmonté d"une couronne et entouré de
Kerbalanec, le
l'Ordre de Saint-Michel.
, De l'autre côté du premier contrefort, on re~arque une
tourelle ronde noyée dans la muraille: c'est une cage d'es-
calier montant ~ une tribune intérieure, maintenant dé
truite; c'était la tribune des seigneurs de Kerbalanec . •
La Sacristie .
Donnons ~eulement un coup-d'œil au calvaire qui avoi
en cet endroit; nous y reviendrons après avoir
sine l'église
'passé en revue tout le monument qui nous occupe main-
tenant. '
A cette extrémité du bas-côté s'élève . la sacristie, sur
un plan tout-à-fait original. On peut dire .que c'est une .
etites, qui font pénétration dans ses muraIlles, et qUI sont
statuette en plomb représentant saint Miliau, patron de '
l'église.
Cette sacristie a beaucoup de rapport avec celle de
Pleyben, dont les formes sont encore mieux accusées à
l'in téL'ieur.
Sur le soubassement du second contrefort on lit l'ins-
cription suivante: . . .
F : FAIRE: LORS: F: HERVE: PICART:. ET ; JEAN
POVLIQVEN : LAN: 1683.
Chevet et côté nord .
Au chevet nous remarquons les pans coupés de l'abside, •
avec leurs fenêtres flamboyantes, leurs contreforts, leurs
gâbles aigus et les lanternes de couronnement. C'est la dis_
position .habituelle des églises de cette époque: on peut la
remarquer, avec plu.s de richesse · encore, dans celle de
Lampaul. Sur les pilastL'es du clocheton de l'un des con-
treforts d'angle se lit la date 1664. · . .
Le bas-côté nord est b~aucoup plus sobre que tout le reste
de la construction; il étaitmème primitivement dépourvU'
de contreforts. Les lourds éperons qu'on y remarque main-
tenant ont été construits en 1867, pour empêcher le déver-
sement des murs dont la solidité était compromise par la
suppres~ion des entraits de la charpente. A ce bas-côté est
accolée une petite sacristie ou chambre du trésor. Plus loin
. on remarque deux portes dont la première assez belle;
dans sa feise on lit cette inscription:
DOMVM : TV AM : DE : DECET: SANCTITVDO : IN :
LONGITVDINEM: DIERVM.
BULLETIN DE LA Soc. AUCHi~OL. DU FINISTÈRE. - TOlllE X.
de la seconde porte, qui est plus siInple, on
Au-dessus
lit :
DOMINI : IVSTI: INTRABVNT: IN:
HJEC: PORTA:
EAM : 1636.
Intérieur.
En pénétrant dans l'église, ont voit qu'elle est divis-ée en
celle du milieu ~t celle du nord, ont
trois nefs, dont deux,
chacune 6 mètres 30 de largeur. La nef du midi est divisée
par quatre colonnes qui soutiennent des maîtresses-poutres
ou des arcs traversaux, et · mesure 8 mètres 90. Les deux
latérales sont terminées par des murs droits, et. ont
nefs
longuèur de 34 mètres. Celle du milièu" au contraire, se
une
termine par une abside à pans-coupés qui se prolonge de
4 mètres en plus, ce qui donne à l'édifice une longueur inté
rieure de 38 mètres .
Dans ' cet intérieur, notre œil est frappé déjà par les
. fonts baptismaux, la tribune, le buffet des orgues, et
la chaire à prêcher. Ayons le courage de nous en détacher
pOul' ·un moment; quand nous aurons vu tous les autres
:détails, nous pourrons les admirer à loisir.
Contre la colonne avoisinant les portes du porche prin-
cipal, se trouve un bénitier portant l'inscri ption :
MEMENTO: MORI : 1683.
Près de la porte de l'escalier montant à la tribune des
Kerbanalec., . autre bénitier en kersanton, assez gracieux;
puis, incrusté dans la colonne en face de cette porte, ul}
troisième petit bénitier entouré de ces paroles gravées sur
trois lignes :
, ASPERGES ·
ME: DOMINE
HISSOPO
Autels.
Dans le chœur, chacun des autels mérite de fixer notre
attention,' Les rétables qui les surmontent dénotent un tra
vail et un goût remarquables, Les colonnes torses entourées
de vignes, les frises, les festons, les médaillons, les mille
motifs variés semés à profusion, sont l'œuvre d'une riche
imagination et d'une main habile,.
Saint-Joseph le plus voisin de la sacristie,
Dens.l'autel de
notons d'abord les petits amours qui décorent les piédestaux
des colonnes du milieu. Ils sont montés sur des aigles,
tiennent d'une main des festons de feuillages, de fleurs et
de fruits, et' portent sur la tète des corbeilles richement gar-
mes.
Puis les petits personnages des niches inférieures: saint
Hervé l'aveugle, avec son petit guide et le loup traditionnel;
_ saint Yves, accompagné du riche et du pauvre; saint
François d'Assise, les mains élevées et montrant ses
stigmates.
Plus haut, au milieu, la grande statue de saint Joseph
tenant l"Enfa~t-Jésus par la ,main. Sous cette statue; dans
un médaillon tenu par deux ,joli.3 peti'ts anges, deux mains
sont jointes en signe d'alliance, et au-dessus se trouvent
les chiffres de la Sainte-Vierge et de saint Joseph.
Des deux côtés de la statue principale sont deux Saintes-
Ferpmes, probablement sainte Anne et sainte Élisabeth: au
haut, saint Laurent tenant son gril, puis l'Arbre du bien et
du mal et le serpent d'airain. ' ,
Autel de Saint-Miliau.
Dans la niche du milieu est l'a statue du saint Patron
de l'église; il est revêtu du manteau ducal, couronne en
tête. Autour de son GOU est passée une cordelière; dans ses
mains, il tient l'épée et le sceptre. Dans les dix panneaux
qui l'entourent sont représentés différents épisodes de sa
vie et de son martyre: Les panneaux qui se regardent sem-
blent faire partie de la mème scéne : .
1° La mère en prière; Notre-Seigneur lui apparaît dans
le ciel. Personnage à moitié nu à genoux; à coté de lui
un enfant, une femme; gouttes de pluie dans le ciel.
.2° Sa mère le charge de distribuer du pain aux pauvres.
3° Le Saint et des moissonneurs. .
4° Le bOUl'l'eau vient'pour lui trancher la tête. .
- 5° Le Saint porte sa tête dans ses mains. ' Son frère
Rivode, qui l'a fait tue]', et une femme sont à ses côtes.
6° Même scène, la femme le soutient; plus loin, deux
anges semblent le précéder. .
Maître-autel. - Autel du Rosaire .
_ Le maître-autel àctue , qui recouvre probablement l'autel
primitif en pierre, n'a rien de remarquable. On peut seule-
ment noter la maîtresse-vitre qui le surmonte et qui repré
sente la Passion. C'est un mélange bien confus de person
nages, et analogues, du reste~ au styie des vItraux de cette
époque .
A u milieu de l'autel du Rosaire est la Sainte-Vierge don
nant le rosaire à saint Dominique et a sainte Catherine de
Sienne .
Tout autour sont des médaillons représentant les quinze
mystères.
Dans les côtés, saint Zacharie ou le prophète Elie, et
saint Nicolas. En haut est assis le Père-Eternel tenant son
fils sur les genoux.
Il est bon de remarquer aussi les statues de saint Hervé
et de saillt Yves adossées aux colonnes du chœur ~ elles
sont d'un très-beau stvle. ·
Baptistère. •
Al'rivons maintenant à la merveille de l'église de Gui
miliau, le baptistère. C'èst ,un magnifique baldaquin en
chêne sc~lpté, abritant la cuve baptismale. Il est porté
SUl' huit colonnes torses du galbe le plus pur et 'le plus
gracieux. Les spirales de ces coloIines sont .garnies de .
branches de vigne et de laurier; des oiseaux aux poses les
plus diverses, des limaces, des serpents y dérobent les baies
du laurier et les grains de raisin. Du haut des fûts partent
des arcades à plein cintre, {lant les tympaI).s sont couverts
de sujets variés: renommées couronnant un dauphin et
jouant de la trompette, (ces trompettes portent des drapeau?C
autrefois blasonnés) ; petits amours jouant au milieu des
fleurs, anges drapés, tètes de chérubins; deux autres anges,
dignes des plus beaux temps de l'art grec, portent le plat sur
lequel repose la tête de saint Jean-Baptiste; aigles ... festons,
guirlandes de toutes sortes. . .
Au:..dessus existe une frise ornée d'arabesques, de chiffres,
d'emblémes. SUl' deux cartouches on lit.:
F: DV: TEMPS: DV: VENERABLE: M: H : GVILLERM:
RECTEVR ......... LORS: DERIEN : POVLIQVEN : &:
IAQVES: QVOTAYN: FABRIQVE.
Plus haut, dans une succession de niches d'une ornemen
tation très-riche, on trouve seize statues qui forment une
belle couronne autour de ce dôme monumental: . ,
1 ° La Sainte-Vierge. avec' l'Enfant-Jésus.
2° . Saint Michel terrassant le' dragon. . .
3° Saint Miliau.
4° Le Bon Pasteur.. .
5° Saint Augustin.
6° S3.int Ari1broise.
7° Saint Jérôme.
8° Saint Luc.
9° Saint Marc .
10° Saint Jean.
11 ° Saint Mathieu.
12° Ecce Homo.
13° Saint Roch . .
Saint François d'Assise.
Saint Louis, sous'les, tr'aits de Louis XIV.
Saint Léon. .
Au-dessus de ce rang de niches règne une) balustrade qui
sert comme de naissance au dôme de la coupole. Ce dôme
ornè de pilastres, d'arcatures, de corniches, d'urnes, de
médaillons, etc., est de la plus grande richesse. Il supporte
. un groupe représentant le baptème de Notre-Seigneur, et
ce groupe est abrité par un second baldaquin porté sur
quatre colonnes, et surmonté d'un lanternon que couronne
un ange aux ailes déployées.
Mentionnons encore les deux guerriers armés qui gar-
dent la porte du baptistère, et la date de 1675 inscrite sur
la cuve baptismale; c'est l'année de la révolte des Bretons
à propos des droits du timbre. .
Ce baptistère est le chef-d'œuvre de la sculpture sur bois
dans tout le diocèse. A mon avis, il dépasse encore le jubé
de Rosegrand, près de Quimperlé, celui de Lambadel' et
l'admirable l'étable de Kerdévot. .
Déplorons le défaut d'éclairage qui permet si peu de
jouir de sa beauté, et aussi le mauvais état où il se trouve,
le peu de soin dont il est l'objet.
. Tribune des Orgues .
Elle ne porte pas de date, mais d'après son style et le
soleil qu'on remarque dans un des médaillons, on peut dire
qu'elle est aussi du temps de Louis XIV. Tout en admi
rant les frises, les culs de lampe et les mille détails
. sculpt,és qu'on y trouve, men~ionnons parti~ulièrement
les trois bas-reliefs qui ornent le côté sud et la façade est.
1 Marche 'triomphale. C'est, dit-on, la reproduction
d'un tableau de Lebrun: triomphe d'Alexandre. En tête son.t
des hérauts à cheval sonnant de l'olifant, puis le peuple por~
tant. des palmes et acclamant le souverain, des pages con
duisantpar la bride les chevaux du char triomphal. Sur ce
char, orné dé ~estons et de tentures, est assis le vainqueur
portant une perruque à la Louis XIV.
Une victoire' ailée vient de déposer une couronne sur sa
tête, Est-ce une flatterie à l'adresse du grand roi?
20 Davi.d jouant de la harpe dans les jardins de son palais,
C'est un tableau 'merveilleux, ' don~ant en perspective une
idée de toutes les splendeurs des jardins de Versailles~ .
30 Sainte Cécile touchant de l'orgue. -
La Sainte est couronnée de roses; son regard inspiré
plonge dans l'infini, et semble indiquer qu'elle écoute les
concerts des Anges.
Le côté nord de la tribune est fruste et dépouillé de tout
omement.
On prétend qu'il était aussi couvert de .belles sculptures
. et de deux bas-reliefs qui auraient été enlevées et trans-.
portés au musée de Cluny.
pas passer un détail d'une grâce charmante:
Ne laissons
c'est un groupe de deux petits anges assis sur les tourelles '
du positif de l'orgue; ils lisent tous deux dans un même.
livre, et chantent avec une admira}}le piété.
Chaire à prêc·her.
La forme de la chaire est loin d'être gracieuse, mais
dans les motifs qui l'ornent on !t'ouve cèp,endant des élé":
monts du plus haut 'intérêt. .
Le pied est formé par un groupe de quatre angelots
potelés; (~e la corbeille qui les surmonfe, partent des' gaines
en cariatides pour supporter la cuve. Celle-ci présente
quatre pans coupés or~és de médaillons richement encadrés
et richement soutenus. Dans ces médaillons sont les qu'atre
Evangélistes accostés des Vertus théologales .et morales:
1° la Foi avec calice et flambeau. .
2° Espérance, ancre, livre et crucifix.
3° Charité, petits enfants .
4° Prudence, miroir et serpent.
5° Force, portant une colonne.
6° Justice, balance et épée.
Deux jolis médaillons miniature, soutenus par deux petits
anges, représentent David jouant de la harpe, et Moyse
portant les tabl~s de la loi. Dans' les .quatre angles sont les
statues des sybilles. Enfin, deux autres petits médaiUons
nous donnent l'inscription suivante:
RE: M : H : GVILLERM : SIEVR: RECTEVR :
LORS: AN: TANGVY: E: HERVE: LE MEVR: FABRI-
QVES: 1677:
Calvaire .
Passons maintenant encore à l'extérieur pour étudier le
. i)oëme de pierr~ taillée par le ciseau de nos ancêtres.
La disposition générale du calvaire consiste dans un
massif de maçonnerie accosté de quatre ailes ou gros con-
treforts percés d'étroites arcades. Au-dessus de ces arcades
régne une frise où sont figurés les différentes scènes de la
Passion. Ces scènes se continuent sur la plate-forme et
comp"osent tout autour comme un second étage de person-
nages. Cette représentatiop qui n'a peut-être .pas la correc-
. tion et la pureté des lignes des calvaires de Pleyben et de
Plougilstel, nous reporte hlieux aux mœurs et aux costumes
de l'ép?que: c'est bien là, la soldatesque du temps de
Henri III, ce sont des soudards brutaux, vantards, joyeux
viveurs, prenant part à une scène carnayalesque, et menant,
c leurs,tambours et leurs olifants, un véritable charivari.
ave '
, Sur la façade de chacun des contreforts est assis un
des Évangélistes écrivant; ,q uelques-uns portent la barrette.
Entre deux des ailes, faisant face à l'entrée du cimetiére,
~st un petit autel surmonté de la statue de, saint Paul-de-Léon.
Au-dessus de cette statue règne une frise avec inscrip-
tion dans laquelle on peut -lire la date de 1581.
Au milieu du massif s'élève la croi~ de Noti>e.;.Seigneur
accompagnée de celle des deux larrons. Sur cette plate-forme .
et mêlée aux différents épi~ode,s de la Passion, est une
autre scène qui en est cependant tout- à-fait distincte: c'est '
I(atel goUet, la femme perdue des légendes du pays, damnée
pour avoir trop dansé. Elle est, traînée en enfer par une
bànde de démons, et précépitée dans une gueulle mons
trueuse repréSentant l'entrée de l'abîme.
Chapelle Funéraire. ,
Au fond du cimetière est une chapelle assez ,originale
ornée sur' sa façade latérale de coloimes ou pilastres entre
lesq uels sont percées de petites baies à plein-cintre.
reliquaire n'a pas la valeur des édifices
Cette chapelle ou
analogues qu'on peut admirel' à Saint-Thégonnec, Lampaul,
Sizun, La Roche-Maurice; mais on y remarque un détail
qui n'existe point dans ces localités: c'est une 'petite '
chaire en pierre assez bien ornementée, à laquelle on ,
accède de l'intérieur pa'r une des baies :à pleincintre. On
voit là un reste de la tradition des chaires extérîeures pour
, la prédication en plein air.
la porte on lit: MEMENTO: MORI : avec
Au-dessus de
la date de 1648.
En terminant cette 'monographie, disons que l'église de
Guimiliau conserve encore deux belles bannières de la fin
du XVIe siècle. Le trésor ancien devait être fort riche
mais il a complètement disparu. .
J.-M. ABGRALL .