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Essai sur la réformation des coutumes en Bretagne

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Le Mémoire ci-après de NI. le Conseiller Hai'doüin,
completera les travaux analysés dans les procès-verbaux

des séances du 25 mars et du 3 juin 1882. _

ESSAI SUR LA REFORMATION DES COUTUMES
, EN BRETAGNE

AVANT-PROPOS (1)

, Plus l'exploration des . antiquités ,ceItiquesde la
Bretagne redouble d'activité, . moins l'étude des insti­
tutions qu'y s'y succédèrent semble désorrpais p'rovo-
quer d'attèntion. , '
Les nécropoles mégalithiques n'ont plus de se-
crets (2). . .
Tout au contraire, la très-ancienne coutume, l'an­
cienne et la nouvelle elle-même, quoique depuis moins
jour en jour davantage à
d'un siècle abolie, tendent de
devenir autant de ruines oubliées · sous l'âpreté des

landes de la contrée. .
Aussi a-t-il paru opportun de ne pas négliger 1'0c~
casion qui survient de consacrer à toutes trois une
programme de tra­
courte notice. Dans un tout récent
vaux intéressant l'histoire nationale, se· trouve en
effet mentionnée la reprise d'études sur la réforma-

(f) Communication a été donnée de l'Essai qui và suivre, en .séan­
ces: fO de la ,Société archéologique du Finistère, du 25 mars et dlt ,
3 'uin f882; 20 de la réunion des Délégués des Sociétés départemen­
à Paris le 13 avril de la même année (Voir Journal officiel .
ta es, tenue
du 14 du même mois).

(2) Une aftluence de visiteurs, de toutes nationalités, comme de tout
mérite, dont l'Égypte prend ombrage, continue particulièrement â
Carnac, désormais pourvu d'nne voie ferrée. Il est 'à craindl'e que
les derniers vestiges des forêts mégalithiques de la presqu'île sacrée, ne
tardent 'guèl'e à disparaître au contact de la dynamite et de ses cxplo-
SlOns.
BULLETIN DE LA Soc. ARCHÉOL. DU FINIS1'ÈRE. To~m IX. . fO

tion du droit coutu mier au cours du XVIe siècle (1).
Chacun sait qu'en Bret.agne les caractères et les ins~
titutions participèrent de Ja nature du sol, qui par­
tout s'y hérisse de roches granitiques .
Aussi deux exceptions, l'une permanente, l'autre
temporajre, à l'unité de législation en dernier lieu dé­
crétée dans l'étendue entière du territoire national,
la tenacité
s'imposèrent-elles comme conséquences de
et de l'archaïsme tout ensemble de
. du particularisme
certains régimes fonciers (2).
va suivre se concentre exclu­
L'intérêt de l'essai qui
sur les textes et documents relatifs à la
sivement
double révision qu'eût à subir dans le cours d~
XVIe siècle, le droit coutumier à l'usage « de l'ancien
« pays et duché de Bretagne. ») Toutefois, il y avàit
nécessité ,de frayer par un aperçu préliinin$jre l'accès
des mêmes documents.
Qu'il soit permis, uniquement pour le besoin de la
division de cet aperçu préliminaire, d'envisager un ins­
tant la réformation des coutumes de Bretagne, sous
actes, pourvu par sur­
l'aspect d'un ' drame en deux
croît, d'un prologue et d'un épilogue.
Aussi bien, la mise en séène ressuscitera-t-elle for-
, cément, et les personnages devront-ils être comme ils
le- furent alors, nommés ici un à un. La mémoire de
plusieurs d'entr' eux 1 a survécu. En outre, sur le dé~
nouement de l'action vint rétroactivement jaillir un
refl€t de la destinée dernière du plus illustre
lugubre
, de tous.

(1) (( Étudier les procès'-verbaux des réformateurs des eoutumes au
XVe et , au XVIe siècle; y rechercher l'état de la législation à l'époque
où ont pds fin les guerres avec les Anglais.) (Ile ' question du pro­
gramme annexé à la circulaire de M. le Ministre de l'Instruction pu­
hlique, relative à la. réunion de 1882).
(2) 'Lois: 10 du 6 août 1791 et du 9 brumaire an VI sur les domai­
nes eoogéahles; 20 du 6 dér.embre 1850, relative au partage des com­
mUllaux dans les cinq départements composant l'ancienne province de
Bretagne. . .

PREMIÈRE PARTIE

Il n'est pas besoin de rappeler que la Couronne, en de-
'tant la réformation des coutumes, de même qu'eile af-
cre .
sa prérogative autorjtaire et centralisatrice, acheni.ina
firn
la France vers l'unité de législation. ,

L'entreprise ne présenta, politiquement parlant.. dans

aucune province, autant d'intérêt qu'en Bretagne. Elle y
à l'origine, la confirmation et la sanction du pacte
devint,
en apparence pétitionné, mais en réalité subi
de réunion,
sept ans auparavant (1). L'œuvre :de prédilection du

ministre Duprat, aidé du président breton Louis des Déserts,
fut continuée par le ministre Poyet et ses créatures dans
là province annexée. . ,
En fait de voies et moyens de succès, les gouverIiè- .
ments d'alors, on ne l'a point Oublié, 'se préoccupèrent gé­
néralement beaucoup plus de l'efficacité que de la moralité .

Les consciences n'en furent pas -moins unanimes à
proclamer les mains des deux chanceliers cités, encore plus
dégagée.s de scrupules que pourvues de dextérité .
en soit, il fut avisé à la réformation des cou-
Quoiqu'il

, tumes de Bretagne peu de temps après la trève qui avait
été. subie, non sans humiliation) à Nice) le 12 juin 1538. La
supér·iorité de Charles.:..'Quint s'imposait. Armées et finan-
ces avaient été épuisées. Les désastres survenus ~près les
guerres lointaines qu'une politique d'aventures avaît fait se
s'uccéder) se troùvaiènt de moins en moins atténués pSir
quelques succès éphémères, et par l'éclat de la bravoure da
roi chèvalier. .
Qu'il y eût de nombreux précédents et que des.' abus
(1) 4 août 1!532. Voir à ce sujet le réc'ent et tr'ès-remarquable oUvrage

de M. le professeur {)f:lPUY : Histoire de la Ré:!,tnion de la .-Bretagne .
à la France. PélriS, Hachette, 1880, tome II, pages 284 et suiv .

plus nombreux encore fussent à réformer dans l'adminis­
tration de la justice en particulier, le fait est hors de
(1) Mais l'évidence n'était pas moins qu'il s'a­
contestation.
gissait avant tout et surtout de faire acte d'autorité royale
sur la Bretagne.

Au nom de François 1 « père) légitime administrateur
« et usufructuaire des biens du dauphin duc et seigneur,
« proprrétaire du dit païs (2) », des lettres de commission

furent donc décernées en mai 1539, aux gens du Con-
y établi, pour « assembler à Rennes les officiers ayant .
seil
« l'administration de la. justice d'icelui, et la dresser as-
« semblement le caïer entier d'icelles coutumes, pour

« après être arrêté par les commissaires qui seraient a ce
« députés. » . . '. .
A la nouvelle qui ne tarda point a s'en propager, grand

émoi non pas ·seulement . au Conseil, au Parlement, en
Chancellerie de l'ancien duché, mais encore en toutes
barres grandes, moyennes ou petites, des marches dé
Normandie a Lantreguer et Léon, comme des confins d'An- · .
Touraine, de Poitou et de Saintonge, aux extré-
jou, de
mités de la· Cornouaille. .
. Quel praticien, en effet, si 'peu clerc fùt-il, eût' pu dé­
sormais s'y bercer d'une illusion quelconque relativement'
au 80.rt de la coutume régnante~ ne passait-elle point, .sur

l'heure, de vie a trépas, en tant que libre expression de
et . d'un droit séparatiste de son es;"
l'antique autonomie
sence~ S'agirait-il, a son sujet, des rigueurs d'un refus
de sépulture' ou de l'octroi d'honneurs funèbres ~ telle de.:
venait, en réalité et au fond, l'unique alternative. Il n'en
poÏlvait être autrement a l'article d'une réformation d'of-

(1) Consulter notamment le Précis . historique du droit français. par
M. MlNIEI{. .Paris, Mal'esq, 1854, in-8°iP. 575).
(2) Voir relativement aux titres prétendus par Fl'ançois 1 , M. Du­
PUY, t. II, p. 282.

t de haut décrétée. La Chancellerie royale allait
fi ce e ., '.' EC!' .
'e ne plus connaître nI treve, 111 replt. llectIve-
en ou l . . .
, peine l'œuvre occulte des gens du ConseIl terml-:- -

men , . .
la tant célébre ordonnance chte de VIllers-Coterets,
ée et
surve '
. (9.) avec investiture de pouvoirs discrétionnaires ou
tuee ""'
'en fallait. . -
peu '
L'un des hauts dignitaires du Parlement de Bretagne (3),
mandé à la Cour, était revenu nanti des Ietfres royales, en
la compagnie d'un non moins haut dignitaire du Parle­
ment siégeant dans la capitale (4). Trois autres person­
naO'es de presque égale importance leur étaient adjoints (5).

Tous avaient mission non-seulement d'arrêter c (. ouïs et
cc appelés les gens du païs », la rédaction de la coutume
nouvelle, et de la publier, mais encore, tout spécialement,
d'informer au sujet tant cc de la multitude el. proximité des
« barres et juridictions royales ..... que du grand et effréné
c(. nombre que l'on disait être des ·notaires. » -
La notification a chacun des membres dès trois Ol'>dres,
de la cédule de convocation émanée des deux premiers
conimissaires, ne tarda point davantage. Elle eut lieu,
selon l'usage, par emprunt des formules comminatoires etdu
luxe de publicité dont la procédure criminelle de l'époque
exigeait remploi a l'endroit des accusés contumaces (5).

(1) 10 août 1539. .
(2) 14 août, même année. Voir d'ailleurs ci-après, p. 179.
(3) François Crespin, président. . '.
(4) Nicolle Quellain, président ès-enquêtes de la Cour du Parlement, à
Paris. .
. (5) Mal,tin Ruzé, conseiller en la même Cour, pierre d'Argentré, sé­
néchal de Rennes, Pierre Maree, maître des requêtes de Bretagne, qui,
. en 1»32, s'était montré fort secourable au chônceliel' ·Duprat. .
. (5) L'ancienne ehancellerie ducale quoique maintenue lors de la réu­
Illon, ne se trouva. pas moins supplantée par l'article 12 ainsi concu
de l'ordonnance citée de Villers-Cotterets : « Défendon~ au gardes sdel
« du pays de Bretaigne de ne pourvoir ès-offices des rois d'ari11es et
" sergents ..... de ne bailler aucunes grâces ne rémissions sinon celtes
« qui 'sont de simple justice. » ". .

Ce fut ainsi que, le 2 octobre 1539 ~ dès l'aube pOur
ainsi dire, et dans la salle basse de l'évêché de Nantes,
époque et lieu indiqués a leur convenance, les réforma­
teurs vinrent a l'exception de l'un d'eux (1), siéger comme
en cour de justice, assistés de leur notaire greffier (2),

présent d'ailleurs et requérant le procureur général du roi
près le Parlement de Bretagne (3).
Très-nombreux comparurent les membres des trois or:"
dres alors réunis., également a Nantes, dans le couvent des

Cordeliers (4).
La représentation du clergé des neuf évêchés de Breta-

gne constituait une assemblée sans rivale en quelqu'autre
province de France que ce pût être, au triple point de vue
leurs préroga­
du nombre de ses membres, de l'étendue de

tives, et dê l'ascendant exercé sur les populations.
Presque ausssi compacte se présenta la noblesse. A la
seule nomenclature des -titres et des dignités de chacun de
réapparait toute une chevauchée en bataille,
ses délégués,
devjses et brandons éployés_

Quant au tiers-ordre, a ne consulter que les textes offi-
ciels, son concours n'aurait eu, comparativement a celui
chacun des deux autres, qu'une très relative importance.

D'une part, en ~ffet, subsistait relativement au rang., une
infériorité , à l'état aigu vis-a-vis de la noblesse. D'autre
part, l'ïnfériorité devenait tout autrement' flagrante encore
quant au nombre.
pût paraître sa phalange, le
Quelqu'exigüe toutefois que
tiers-état avait occupé de temps immémorial, son poste

(1-) Pierre d'Argentré retenu par une maladie.
(2) Faisant (de Rennes).

- (3) Jean Duhan, représenté par l'avocat général Gilles Le Maistre.
(4) Voir ida seconde Partie (p. 34 et suiv. Cl-après) le dépouillement des
procès -verbanx de la réformation. Consulter aussi à la Bibliothèque de
Renn'cs (Dépôt modèle ,à tous égards) le manuscrit de l'ahbé DE PO~T­
lIRIANT. intitulé; De l'assistance du tiers aux E~ats de Bretagne.-

d'honneur en tous combats pour la défense de la patrie
bretonne.
juridictions royales ou procureurs de la
Officiers des
avaient su conquerIr, tout au moms dans le rayon de leurs
siéo-es, une certaine notori,été de savoir et d'expérience (1).
17 n'est pas inutile non plus de rappeler que si, lors de
,la première réformation de ses coutumes, la Bretagne avait
eu sa large part des sacr~:fices imposés à la Franc'e ' par
les revers de François 1 , la paix intérieur'e, bienfait si
longtemps inconnu d'elle, n'y régnait pas moins depuis

près d'un demi-siècle. .
La renaissance des lettres, des sciences et des arts y
avait rayonné. Langeais et Blois d'abord, puis Amboise,

le vieux Louvre, Saint.:Germain, Villers, Fontainebleau et
leurs imitations plus ou moins heureuses dans la province,
avaient supplantè les antiques séjours de la maison ducale,
épars, tantôt sur Ja cîme des rocs, tantôt dans d'agrestes
solitudes à proximité de forêts et de chasses légendaires (2) .

Là, dès le retour au foyer, après les chevauchées cle guepre,
chefs et compagnons d'armes avaient séculairement riva­
lisé de mâle simplicité d'existence, pour diautant mieux

continuer de rivaliser au champ d'honneur.

Désormais tendait à y dominer de plus en plus au détri-

ment non-seulement de l'agriculture, mais encore d'une

(1) L'histoire univel'sitaire doit reconnaissance aux. réformateui's de
1039, pOUl' la fidélité avec laquelle furent énumérés dans les procès­
verbaux, les diplomes de licence et de doctorat ès-droits. Les grades
obtenus pour la . plupart, ,soit à Bourges, soit à Angers,
avaient été
soit enfin (depuis 1460) à Nantes. Les membres du tiers-ordre n'en
eurent point d'ailleurs le monopole. Des dignitaires non seulement des
chapitre::; métropolitains, mais encore de simples collégiales s'étaient
llantis de fiiplomes de facultés de droit, mérite que plusieurs héritiers
, de mai~ons de très-haut parage n'avaient point non plus dédaigné.
(2) Au XIV· siècle encore, même 80U3 la plume de rédacteur:; d'édits,
la forêt de Brocélyan entr'autres, restait peuplée de merveilles.

foule de pa trimoines nobiliaires, l'attraction de la COUr
lointaine, de son faste, des brigues qui s'y fray~ient
accès (1). .
Les réformateurs de 1539 se firent-ils une illusion quel­
conque à l'endroit de l'impopularité qui, de la mission
qu'ils avaient sinon hriguée, tout au moins acceptée, ne
pouvait manquer de se communiquer à leur personnalité
elle-même ~ Il est permis d'en douter. Si deux d'entr'eux,.
en effet, occupaient de hautes fonctions à Paris, tous fu-

rent originaires de Bretagne. .
Au demeurant, leurs contemporains les réputèrent gens
à l'envi l'un de l'autre, avisés, voire à l'occasion ru-
sés, de grand savoir d'ailleurs et de haute expérience,
sans réserve dévoués au service de la cause royale et de
ses exigences quelles qu'elles pussent être.
Jusqu'à quel degré de rigueur les premiers commissaires
réformateurs méritérent-ils à la barre de Phistoire, le blâme
de n'avoir pas même pressenti que fatale leur deviendrait
la disgrâce du chancelier, et 'plus fatale encore sa mé-
moire ~ C'est ce dont il n'échet d'autrement s'enquérir ici .
La séance d'ouverture ne put suffire à la monotonie des
lectures de protocoles, ainsi que des appels et réappels
tés. Ils continuérent le lendemain et ne finirent que par
usi

l'exhibition tout apocalyptique d'un « caïer en neuf-

« vingt-dix feuillets de papier. » Il s'agissait du texte
élaboré à huis-clos par la Commission royale .
(i) Tout récemment, dalls un mémoire concernant les classes agrico­
les de Bretagne et leur histoire, lu à l'Académie des sciences morales
et politiques, un publiciste éminent, M. Baudrillart, a insisté sur les
ravages matériels et moraux qui résultèrent · de l'absentéisme pro­
gressif des I:obles de la province, de la préférence donnée au sé­
jour de la Cour ou des villes, et de la ré légation des manoirs au rang de
simples résidences de villégiature où les populations rurales se trouvèrent

de plus en plus laissées sans défense à la merci d'illtendants et de col­
lecteurs de taxes. La réaction survenue vers le milieu du siècle derni~r,
fut tardive. Le temps lui fit défaut. Elle se heurta bientôt à la Révo-
lution. .

A son aspect, indicible émotion dans les rangs des trois
ordres.
Le procés-verbal en fait foi.
« Et avant de pa!?ser ,outre, y lit-on, en effet, nOl)S fut re­

« montré par Me Gilles Dubois de Guéhéneuc, licencié ès-
« droits, procureur des dits Eta~s,qu'il était question de la
« rédaction et réformation de la coutume du païs, qui leur
« était chose de grande importance, et que par le dit
« caïer, on pourrait avoir changé quelque chose de l'an-
« cienne coutume qui leur serait immuer leur manière
« de vivre; qui ne se devait faire quoi que ce soit sans
« a;voir par les gens des dits Etats vu ledIt caier et eu
« tems compétent pour sur icelU:i m1)rement délibérer. »
Ir n'en fut point refusé « Transumpt paraphé pour icelui
« communiquer aux dits gens, » avec aj.ournement de la
séance au surlendemain (c'était un lundi) « pour qu'ils
« n'eussent occasion d'eux doulloir de précipitation ou

« autrement. »)

Mais le répit que les commissaires avaient cru se ména-
ger ainsi, ne leur fut nullemment imparti.
Effectivement, à peine commencée .la matinée du
dimanche 5 octobre, une solennelle ambassade survint, à
laquelle les commissaires réunis dans le logis de l'un d'eux,
purent dénier audience. Ses membres avaient été choisis

parmi les sommités de chacun des trois ordres (1). Elle

remplaçait leur procureur éconduit la veille et à qui se

trouvait substitué le procureur des bourgeois de Rennes,
Me Champion « par la voix et organe duquel les com­
« parants nous requirent de la part desdits Etats, que '
« voulissions surseoir de procéd'er à la dite réformation et
(f) Ce furent : Mi~hel Leduc, vicaire de .l'évêque de Rennes~ Guil­
laume Deschamps, VIcaire de l'évêque de Saint-Malo, les seigneurs de
C'1rné et de Cresmeur, et les procureurs dès bourgeois
Tyouarlen, de
de Nantes et de Rennes, Ballue èt Champion. ~ .

« publication des coutumes jusqu'au prochain parlement
« pour plusieurs raisons par eux proposés ... A quoi fîm es
« réponse que dedans huy) ils bailleraient leur requête par
« écrit. »
Il y fut répondu le lendemain dès huit heures du matin .
A cet effet) les réformateurs n'hésitèrent point a ~e

transporter) de leurs personnes) dans le local où délibé-
rait l'assemblée.
Ils avaient jugé opportun d'atténuer par les ménagements)
de pure forme d'ailleurs) qui se reflétèrent non sans quel-
qu'affectation dans le procès-verbal, le refus prémédité de
tout sursis. La p'erspective des dépenses a subir en pure
perte, par suite de tout ajournement, ne fut point omise.
Héritiers impuissants autant qu'appauyris) d'une institu-

tion d'origine immémoriale et populaire, les Etats) après
toute résistance légale épuisée, n,'avaient plus qu'a se ré si-
gner a une capitulation atténuée par tous les honneurs de la
guerre. Vainement toute initiative en fait de réformation
des coutumes, leur avait-elle été aussi explicitement que
possible réservée (1). Comme trop souvent, le plus fort
armé -d'entre les successeurs des hautes parties contrac-
tantes au second traité de mariage de l'aJtiêre et tant célè-
bre duchesse ~nne, n'avait eu souci de promesse quel­
conque. Ainsi qu'en 1532, les Etat,s eurent donc a tenir le
langage 'que très véridiquement Bertrand d'Argentré leur
prêta plus ·tard en ces termes : « Le roi de France
« est un grand roi qui jamais ne souffrira cet angle du
« pays en repos, s'il n'en est seigneur irrévocable (2). »

(f) ARTICLE 6. (( S'il advenait que de bonne raison, il y eût quel-
« que canse de faire mutation particulière ne augmentant, diminuant
« ou interprétant les dits droits; coutumes, constitutions 09 établisse­
« ments, que ce soil pal' le Parlement ou assemblée des Etats dudit
« pays, ainsi que ùe tout temps est accoutumé, et que autrement ne
« soit fait. Nous voulons et entendons qu'ainsi ,se fasse: appelés toute­
n fois les gens des trois Etats du dit pays.)) (Edit. de Janvier 1498).
(2) • Dupuy. To.me lI, page 285 .

Ainsi finirent et l'oraison funèbre de l'ancien droit breton,
et le prologue de sa réformation première.
Quelques indications sont maintenant à donner sur le

vieux livre coutumier qui fut si vaillamment ,défendu.

Hévin avec son érudition et sa judiciaire si connues, as-

signa comme date a la très-ancienne coutume, l'année·
1370 au plus tard et plus vrais~mblablement encore l'an-
née 1330 (1).
Œuvre à la fois collective, anonyme et pr:ivée, cette très-

ancienne coutume n'en devint pas moins l'èquipollent d'un
texte législatif. Elle fut non seulement un corps de droit,
mais en outre, et fort longtemFs, un livre d'études dans
la province (2).
toute l'étendue de

Ses rédacteurs y professèrent outre l'antipathie la plus
énergique' à l'endroit des justices seigneuriales .. une morale
éminemment chrétienne et une orthodoxie de catholicisme
dont la ferveu'r fut loin, néanmoins, d'exclure toute indé­
et toute lutte contre les empiètements des
pendance
cours ecclésiastiques

(1) Voir p. 29 ci-après la dissertation " empruntée à. l'une de ses
sur la jurisp.rudence du Parlement de Bretagne (Arrêts de Frain,
notes

(2) L'Université de Nantes ne fut instituée qu'en 1460 par le duc Fran­
çois II. (( Il manqua longtemps à la Bretagne, fait remarquer M. Dupuy,
« ce que nous appellerions un étiiblissement d'instruction supérieure ...
I( Beaucoup de jeunes gens ... pour achever leur instruction, se conten­
(( taient de suivre les audiences des tribunaux. )) (Voir tome II, p. 378, et
, les documents, pour Ja plupart inédits, cités en note).
(3) Qu'il suffise de noter ici, entre une foule de textes similaires, les
SUIvants: ,~
« CH. 99. En tout plet a haine et haine est péehé mortel. En ceux
(1 lieux (église ou terre benoi-ste) ne doit l'en faire que les oraisons .et
« œuvres de miséricorde », fut-il dit ail sujet de Ja' défense de procéder
, à quelque acte de juri~iction même volontaire oq gracieuEe que ce pût '

En somme, dans le langage du XIIIe siècle, la très-an-
cienne coutume importa en Bretagne, au cours du XIVe., la
familiarité d'un droit libre d'allures, soucieux de bon sens

et d'éguité, raisonneJlr, généralement sans subtilité, mais
non point, parfois, sans malice. ' La vieille compilation
puisa par prédilection a des sources nationales. Tout en
subissant l'influence du droit romain, elle s'inspira d'œu­
vres de date ancienne et partant en voie de relative oblité-

ration, telles entr' autres que le conseil de Pierre de Fon-
taines, les coutumes de J?eauvoisis par Beaumanoir, les
étaplissements de saint Louis, le livre de Justice et Dou Plet .
Toutefois, quant au régime de la propriété et de la po­
lice rura1e, ainsi que par maintes dispositions concernant

la famille, la très-ancienne coutume retint l'empreinte d'un
archaïsme comme d'un particularisme, de nature à .solli­
au plus haut degrè, on ne saurait trop le répèter, l'at-
citer,
tentîon des érudits (1). '

être, soit en pareils lieux, soit à plus forle raison « en tavernes ou au­
« tre8 lieux deshonnêtes. ))
« CH. 178 •.•. Justice amoureuse non haigneuse ..... par haigne ad­
« vient-il plusieurs cas par quoi Ion perd. le meuble, la terre, le corps
« et l'âme, vel l'honneur. »

« Par aussi semble-t-il de raison que nul, ne nulle ne devrait être
« excommunié de là où 1'011 pl,lil"sC faire éxéclltion sur terre, sur meu­
« bles ou sur immeubles, et aussi n'ont que faire les gelJs ou leurs voi­
« sins qui n'y ont coulpe, d'être travaillés au cas qu'il n'y a défaut de
« justice séculière. »
(( Quant à gouverner justice (barons) doivent mettre nobles gens en
« telles offices, vériteaux, loïaux, sages et riches, car pauvreté fait trop
« de maux. ,' ... Et il est asssez de seigneurs qui cuident gé;ligner; et
« ceux tiennent en leurs offices gens de rapine, pour ce qu'ils leU!' font
«' valoir leurs offices; contre lIll denièr qu'ils en ont, iceux gens en ont
« quatre, et pour ce qu'ils sont .de rapine leur obëît chacun plus qu'aux
« prudes gens, car prudes ens ne sont pas malicieux en leurs offices,
« mais quand iJg ont d'of 'ces sont bonnes ct adonc sont honorés' et
« les rapineurs déshonorés. ,r •
(1) Les caractèl'es qui viennent d'être signalés n'échappèl'Cnt point à
. la haute sagacité de M. Giraud (de l'Institut), Dès 1843 il consacra aux
eoutumcs de Bretagne ùn aperçu très méritoire ,quoique trop rapide.­
(Ret:ue de législation,. tome XVlI, p, 300-571). L'honneur d'inaugurer
les débuts de la typogt'aphie advint dans Pal'Îs d'abord, puis en Breta­
gne, à la trés-ancienne coutumc (Voit' p. 178 ci.-après).

Toute paradoxale que fùtréputée en 1539 la durée du
dérivant d'un aussi vieux livre, elle n'avait' pas
réo'ime
moins eu ses raisons d'être. D'une part, l'aide d'une suc-
cession de plus en plus rapide d'édits cet de règlements de
l'autorité ducale ou royale, rehÙifs aux branches les plus

importantes du droit civil.ou criminel, ne .lui avait point
. fait défaut. D'autre part, la rudesse et la simplicité d'une

civilisation toute primitive avaient persisté dans les ràngs
de la presqu'universalité des populations rurales. En Nor­
mandie, a-t-il été dit quelque part, la méfiance imprima,

dès le XIe ~iècle, un véritable essor a l'écriture comme
instrument de preuve. En Bretagne, au contraire, la con-
fiance avait perpétué l'usage du record. La mémoire des
sages de chaqu~ localité, et celle de leurs 'héritiers non
dégénèrés, étaient restées les garde-notes ou tabellions
a peu prés uniques en fait de contrats, voire souvent de
jugements. '. .
Malgré la vénération dont elle avait conservé le pres-
tige, la très-ancienne coutun1e n'en était pas moins at-
teinte d'un double vice rédhibitoire. .
D'une part, le langage ' dont elle demeurait l'un des plus

curieux monuments, avait depuis longtemps cessé, non-
seulement d'être usité, mais encore d'être ' couramment
compris, même en Bretagne galloue .
D'autre part .. l'étendue de beaucoup d'entre ses tant nom-
breux chapitrys· -n'avait désormais d'égale que l'obscurité

maints passages. .
La vérité cQmmande aussi 'de rappeler que si, dans la

plupart des bar.res petites ou moyennes qui de temps im-
mémorial foisonnaient dans l'étendue de l'ancien duché; le
délabrement et l'indescriptible tenue des locaux a l'usage
de la justice étaient un mal, ce mal avait été de bien loin
dépassé par la- gravité de~ abus de tout genre dont l'in-

vétération persistait. Mais dans la conviction des Etats,

c'était d'une réforme mûrie. et lentement progressive que
et sans nulle impatience,
se préoccupaient exclusi vement,
Partout également dominait l'idée que
les populations.
surannée qu'elle pût paraître sous certains rapports
toute

. 'ou même dans son ensemble, hi vieille coutume fidêlement
et savamment interprétée, ne laissait sans défense aucun
"intérêt légitime. I~ n'était, ajoutait-on, juridiction tant .
infime fût-elle, qui n'eût à citer avec honneur les 'noms
la modicité de
de praticiens ingénieux à voiler de toute

leur vie et de leur demeure, un mérite conquis par le 'plus
En possession d'une confiance d'autant
opiniâtre labeur.
plus absolue que moins pécuniairement rétribuéè, on les
voyait, dérobant à peine quelques heures de chaque jour et
.quelques semaines de . l:année pour la fa~ille ou :po-ur Ja
:gestion d'un chétif patrimoine rural, fenir . incessam­
'ment 3JU service des classes 8urehargées de taxations,
l'autorité de leur parole ou de leur plume.
Du contenu au cahier fatidique dont l'original ou 'une
copie -quelconque ont, jusqu'ici, échappé aux recherches,
il n'est possible de raisonner que d'aprés les mentioQs

qu'en firent les réformateurs. Elles témpignent du rassérè­
nement au moins relatif, qui, à sa lecture, survint dans

l'esprit des Etats.
En effet la Commission royale n'avait sans doute point
négligé de faire une part qui différa le moins .que possible
de celle du souverain des animaux dans certain apologue,
à la législation générale, c'est-à-dire aux ordonnances
et· futures. L'extension de leur
royales passées, présentes
autorité à la Bretagne entière, était naturellement devenue
d'autant plus aggluti­
l'objet de réserves ou de références
natives que moins explicites:
,à ce tort près, il ne s'était, en somme, agi, relati-
.Mais,
vement au droit privé, que de modifications de forme. Le
fond persistait. A peinè son costume breton s'y trouvait-il
quelque peu francisé.

Aussi, interpellés, (non sans quelque peu de 'malice,
semble-t-il,) au début même de la séance du 7 octobre,. de
déclarer « s'ils voulaient que le livre ancien, coutumier
« fùt lu ou le caïer dont ils avaient eu copie, » les Etats
"de nouveau présents avec leur procureur et leur greffier,
s'empresSèrent-ils de répondre : . « que le dit caïer qui
(c avait été fait p.ar ordonnance' du roi, avait été par eux
« vu, et y avaient trouvé lesdites coutumes mieux
« ordonnées qu'elles n'étaient en leurs anciens livres
« coutumiers, et à cette cause qu'ils voulaient avoir lec-

c( tur'e des dites coutumes, selon qu'il est rapporté au dit
« caïer ».
, Les trois ordres ne tardèrent point à demander grâce ou
dispense de toute continuation de cette lecture elle-même.
En effet il fut constaté dans le procès-verbal avec une sin­
cérité dont il doit être tenu compte à la mémoire' des réfor­
mateurs: « qu'après plusieurs ~rticles lus qui furent trou­
« vés obscurs tant en langage que ' pour invollution et
« multiplication de paroles, fut ordonné du consentement
« des dits Etats, que les articles qui se trouveraient obscurs,

« seraient sans immutation de sens, mis en langage plus
« clair, aisé et facile à entendre, appelés avec nous, fut-il
« ajouté, ceux qui seraient nommés des Etats. » Tant et si
et· cahier
si bien que, finalement, ancien livre coutumier

officiel furent, en Commis'sion, réséqués, disséqués, trans-
formés à dire d'experts, en langage usuel sans grand souci
de correction. Effectivement, à part quelques esprits obsti­
Français ~
nés ou frondeurs, qui se préoccupait alors du
N'était-ce point au latin qu'avait eu recours l'annotateur,
demeuré anonyme lui aussi, de la très-ancienne coutume ~

C'est qu'il ne pouvait exister de publicité sérieuse pour une
œuvre quelconque de science ou de littérature, sans em­
prunt de la langue redevenue classique. Il n'était, dans

fancien duché, région si incorrigiblement bretonnante

qu'elle fût demeurée, où un livre, même étranger :\ la li­
turgie, n'eût sa libre pratique assurée, dés qu'écrit en latin .
Tel était devenu de la part des États eux-mémes, l'em­
pressement de hâter à tout prix, une réformation quel-
conque, que dès le 20, octobre, elle fut terminèe sans inci-
dent notable, autre que la survenance d'un grave débat re­
latif à la juridiction ecclésiastique. Trois séances furent
encore tenues, mais uniquement pour la récitation du nou­
veau texte annoncée et' préconisée 'à son de- trompe
sur les places 'et carrefours de Nantes, cérémonial de pure
ostentation auquel, vraisemblablement, le public libre s~bs­
tint de procurer une compljcité quelconque. -
Le, premier acte de la réformation eut donc tout au .
moins le mérite d'une abréviation aussi hâtive que possible
sa durée. ,

III .
Régime transitoire de son essence, le texte qui devint

l'ancienne coutume ne racheta jamais aux yeux des Etats,

le double tort d'àvoir été imposé d'autorité royale, et rédigé
avec une précipitation qui, tout en s'expliquant,pe se jus-
tifia nullement par les circonstançes maintenant connues.
un legs d'indélébile protestation Se trans­
A son endroit,
mit de réunion en réunion des trois ordres.
Méme librement voulue, méme accomplie en toute ma­
turité, la réformation originaire eût-elle beaucoup moins
défavorablement contrasté qu'il n'advint, avec la législa-
tion de plus en plus ' centralisatrice et unitaire, à laquelle
et décisif essor ne tarda point à ê~re imprimé
un nouvel
par les tant célébres édits de Roussillon (1)" de Moulins (2)

et de Blois ~ (3).

(t) Août-15M. .
(2) Février 1566.

(3) Mai i 579.

Il est permis d'en douter.
Lorsque survint, à moins d'un demi-siècle de dis-
seconde réformation, il n'était coutume quelcon-

t anc " .
ue si relativement parfaite qu'elle dût être réputèe, qui,
moins encouru déchéance.
En 1540, dans la préface en latin dont il dota la première
édition de l'ancienne coutume et qui mérite d'être littéra­
lement reproduite (1), le professeur Eguiner Baron, d'ori­
D'ine bretonne (2), exalta jusqu'au lyrisme les Commis­

saires royaux et leur œuvre.

Plus tard, Bert.rand d'Argentré n'en conçut au contraire
que dédain. Il leur reprocha d'avoir légiféré un pi~d
dans l'étrier (3).
N'est-il point plus vrai de dire de l'ancienne coutume,
qu'elle n'avait mérité ... ni cet excés d'honneur, ni c~tte

indigni té ~ .
en langage usuel et intelligible, d'un , corps
Codification
de droit indescriptiblement diffus, confus . et suranné:
d'ailleurs aidée sur l'heure, comme elle le fut, d'une large
et intelligente publicité, elle devint, touie brusquée qu'elle

eût été, un bienfait signalé pour la pratique, comme pour
l'étude du droit breton. Non seulement la rédaction indi­
geste et vieillie de la trés-apcienne coutume, mais encore
la rareté croissante jusqu'en 1538, des exemplaires de son
texte, étaient autant. d'obstacles de plus en pl,us insurmon-
tables à tout progrés. .
Tout au contraire, l'édition parfaitement correcte et qui

(f) Voir ci-après, p. 188.
(2) Une fort intél'essante notice a été consacrée par M. LEVOT (Bio­
gr.aphie bretonne, Tome 1), à ce jU1'Ïsconsultc, physionomie ol'igill3Ic
èntre toutes. Baron qui enseigna le Droit l'Ornain, en demier lieu,
. à l'Université d'Angers, eut pour émule à èelle de Bourg~s, un autre
brelon, le célèbre Duaren.
(3) Voir Hévin ; Consult" 37 et ci-après, p. 189.
BULLETIN DR LA Soc. ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME IX. t t

fut suivie de beaucoup d'autres (1), dont il a été déjà parlé,
rendit accessible à chacun et à tous le texte réformé.
N'aurait-elle eu . que l'avantage d'inaugurer la carrière
du 'tant célèbre commentateur qui lui destina l'œuvre nla­
gistrale par laquêlle il débuta (2), l'ancienne coutume ne
serait pas demeurée sans titre sérieux à la gratitude des
,contemporains. '
, Elle eut d'ailleurs aussi le mérite d'acheminer à la réfor-
mation définiti.ve; d'y très notablement aider; d'en être
demeurée s'il est permis de s'exprimer ainsÎ, l'ossature par
excellence, et tout autrement caractéristique encore que ne
l'avait été, quant à sa propre structure .. la très-ancienne
coutume. La conférence à établir entre les trois textes ne
cessa jamais d~être l'irrémissible loi de leur étude ou appli-
cation raisonnée.
La situation de plus en plus précaire de la royauté à
survint la seconde 'réformation, fit contraster
l'époque où
aussi absolument que possible celle-ci avec la première.
, Imposée en 1539, la nomination de Commissaires royaux
fut au contraîre, en dernier lieu .. sollicitée. De dictatoriale
qu'elle avait été originairement, leur mission ne consista
guère,- la seconde fois, qu'à aider à l'ac.complissement de
la tâche des États à qui se trouvèrent, en réalité, presqu'ex-

clusivement dévolues l'initiative, la direction .. la décision.
1575, la révision nouvelle' subit des re·
Autorisée dès
tards non moins inévitables que prolongés. Les troubles
civils et religieux de l'époque avaient fini par s'étendre de
• l'intérieur de la France à la Brètagne. Depuis l'organisa­
tion définitive de la Ligue, en particulier, obstacles sur
obstacles s'étaient accumulés à l'endroit 'de toute réunion
efficace des États~ Ils purent néanmoins, en 1579, délibérer

(i) Voit· ci-après, p. 188. '
Bertrand d'Argentré.
(2) Commentaire des tr~is premiers livres, par
- Rennes, Duclos, 1568, m-4°.

utilement à Rennes ou une majorité fort 'i'ésolue comme il

en fut témoigné dix ans plus tard par des événements de la

. . Un édit, de tous pOIlltS favorable aux remontrances et
auX réclamations qui furent alors formulées, niavait
oint tardé à survenir (1). La réformation et la désignation
Ph' d' . 1 ..
des députés c arges y concourIr avec es commIssaIres
royaUX, n'y avaient pas plus été omises que dans plusieurs
sessions précédentes. Ce ne fut, néanmoins, qu'à la fin de
la réunion tenue à Nantes, en septembre 1579, que put
être définitivement décrétée la convocatior;t,cette fois suivie '
au 11 avril 1580, à Rennes, dans
d'effet. Elle fut indiquée
'le couvent des Jacobins. Il y eut, relativement parlant, '
affluence de députés des trois ordres. '
En considération de l~œuvre et de son importance, une
, trêve tacite survint à tous conflits d'opinions potitiques ou
religieuses. Elle avait déjà rendu fructueuses les délibéra­
tions préparatoires sagement provoquées ' de la part des
magistrats et praticiens réunis de chacun des sièges de
Ces délibérations ou les articles néces­
quelque consistance.
sitant révision se trouvaient indiqués furent., naturelle­
ment, d'un grand secours ,à la commission dirigeante, mi­
partie de réformateurs et de délégués des trois ordres.
Dans chacune des séances qu'elle tint, elle discuta les ar­
ticles dont la rédaction avait été proposée par les États
Le, débat continuait, au besoin, en réunion plénière des
trois ordres. -
Telle fut la préoccupation de ne rien précipiter et de
maintenir au co.ntraire à toute réclamation, la facilité de
se produire même tardivement, que la clôture des labo­
rieuses conférences qui se prolongèrent dans Rennes jus­
qu'à la firi de mai 1580, I?-'entraîna point l'irrévocabilité de

(i) Voir ci·après, p. i90.

la rédaction. Tout au contraire, divers compléments y SUf-
• vinrent au cours de la session qui s'ouvrit à Ploërmel le
16 octobre' suivant. Bien plus, trois des commissaires

royaux se crurent autorisés à décréter, le 31 janvier 1581 ..
avant la signature et la régularisation définitive du procès­
verbal, l'annexe officielle d'une délibération de la munici-
palité de Rennes en date de la veille, relatant divers usa-

ges locaux (1).
Bertrand d'Argentré avait été le promoteur et l'âme de la
réformation nouvelle. Il voulut en devenir l'historien.
parlant, simple membre de la Commission
Officiellement
royale, l'autorité du droit coutumier de l'ancien duché, fut
en réalité, la seule, après celle de Dieu et de sa conscience, .
entendît relever. On le vit, du commencement à la
dont il
fin de la session, ' et ,Çhaque jour de séance, debout dès
l'aube, pour préparer dans le silence du cabinet, textes et
arguments; âprement discuter, le matin, en Commission
mi-partie; tenir tète, l'après-midi, en réunion des Etats, à
leurs orateurs les plus renommés ou aux coalitions les plus
buriner en, quelques traits d'un
formidables, et, le soir,
style' lapidaire et d'autant plus incisif, ou la victoire con­
quise ou la défaite subie. On eût dit d'un dernier chef bre­

ton demeuré en armes sur la brèche du dernier rempart de
l'autonomie, pOUl' succomber avec elle et comme elle, sans

capitulation.
journal de siège, l'Aitiologie, titre que Ber­
Véritable
trand d'Argentré n'hésita point à emprunter au grec, alors
appelé de plus en plus fréquemll).ent à la rescousse du latin
en Bretagne comme ailleurs, fut un écrit sans rival comme
sans précédents. Elle devint la caractéristique par excel­
, 'œuvre de 1580 à laquelle elle communiqua sa
lence de l

propre originalité. L'occasion surviendra bientôt d'y re-

venIr .

(i) Voir ci-après, p. 200.

Élabol>ée dans les conditions que l'on vient de voie, la réfor-
mation définitive des coutumes de Bretagne prit rang parmi
les plus considérables d'entre les monuments similaires. Il en
fut de même du commentaire anticipé et plus tard en par­
tie complété dont elle devint l'objet. Du nom de Dumou­
lin ne se sépara guère, ultérieurement, comme autorité en
fait de droit coutumie.r, le nom de Bertrand d'Argentré.
Malgré d'importantes modifications successivement su-

bies, l'économie des trois coutumiers bretons, ne varia
guère quant a une notable partie des institutions. La dis­
tinction des classes, la constitution de la famille, l'ordre
des successions, le régime de la propriété, la police rurale, .
l'immixtion du clergé dans les testaments se transmirent
du premier au dernier sans dérogation absolument essen':..
tielle au particularisme et à l'archaïsme qui s'étaient per-
pétués. Toutefois, entr'autl'es matières, les partages
nobles et les appropriances ou bannies par suite et comme
conditions de la transmission d'héritages ou droits fonciers,
donnèrent 'lieu a de graves débats (1). Il en fut de même,
quoiqu'a un moindre degré, tant des privilèges de l'église,
l'ancien duché étant demeuré pays d'obédience, que des ju­
ridictions et ressorts. L'indépendance et l'égalité entre bar­
res ou sièges judiciaires persistèrent. Mais il y eut, en der­
nier lieu, subordination de chacune et de toutes au Parle-

ment, absolue quant aux questions de compétence, très-
étendue, quoique relative, quant aux autres matières. De la
nouvelle coutume disparut d'ailleurs la tendance plus ou
l'ancienne, a favoriser, au détriment
moins dissimulée de
, de la cour souvm'aine de Bretagne, les évocations au
conseil du roi ou· au Parlement de Paris. -Le débat survenu
en 1539 au sujet de revendications de l'église reparut en
1580 (2). Dans un tout autre ordre de faits) il y eut af-

(1) Voir ci-après, p. 201.
(2) Voir ci-après, p. f87.

fluence de réquisitions concernant le maintien d'usements
particuliers) et d'Argentré se courrouça sans succès de la
facilité avec laquelle ce maintien fut prononcé. Ainsi ad-
, vint-il de la tenue à domaine congéable (1)) régime pré­
destiné) comme on le sait) à susciter des orages dont) hier
encore) un écho a inopinément ressuscité (2). Enfin) quant
aux procédures civiles ou criminelles et quant aux con­
tra ts usuels ou obligations) la nouvelle coutume de Bre­
tagne ne différa point sensiblement de la plupart des

autres.

Pour n'avoir été que lentement progressive) l'influence
de la nouvelle coutume n'en conserva pas moins une im­
mense portée. Elle devint avec les œuvres concomitantes
de son promoteur) l'objet de travaux incessants· dans cer­
tains desquels une érudition aussi sûre que profonde fut
au service de la dialectique la plus acérée.
Une première édition du nouveau texte parut dès 1581,
par les soins et sous les auspices de Bertrand d'Argentré.
Suivie de la publication) en 1582) de son histoire de Bre-

tagne) entreprise selon le vœu des Etats auxquels il la
dédia) et en 1584 ... tant du commentaire du titre des dona­
tions de l'ancienne coutume (son chef-d'œuvre) ... que de
autorité et sa réputation à
l'aitiologie (3)) elle éleva son
leur' apogée. .
pressentiments auxquels l'illustre
Mais, depuis lo.rs) les

(i) Voir ci-après p. 200.
(2) Voir d'une part la communication déjà citée de M. Baudrillart et
part, la discussion à laquelle elle a donné· lieu. (Journal officiel
d'autre
du 6 et du i3 juin f882). 1
(3) ' Hévin a précisé dans ses An'ests du Parlement de Bretagne (3" édi-
tion. Rennes, Garni~r, i684, in-4°. Avertissement), l'exacte bihlio-
graphie d.es œuvres publiées du _vivant de Btlrtrand d'Argentré. .

énéchal de Rennes n'avait pu s'empècher de donner cours,

ne se réalisèrent que trop promptement : sa destinée ne
connut plus qu'infortune et ri~ueur.
D'après le témoignage de contemporains illustres (1), le
prince des jurisconsultes bretons, au cours de sa vie publi- '
que ou privée, associa l'aménité du caractère à·toute l'élé- ,
vation de son esprit et de son savoir. Dans sa demeure
ornée de l'une des bibliothèques les plus considérables de '
l'époque (2), l'hospitalité la plus libérale accueillit les sa- ' .,
vants de toutes nations, ses correspondants ou visiteurs.
D'une tout autre humeur se montra l'écrivain. Sa fran­
chise sans réserve ne se manifesta que trop souvent par
une rudesse à l'avenant qui dépassa, notamment quant à
Dumoulin et à sa mémoire, l'acrimonieuse virulence alors

usitée en fait de controverses. L'aitiologie a droit ... sous ce
rapport, à une mention toute spéciale. Du 'haut de son
siège de sénèchal, si fièrement préféré non-seulement aux -
emplois les plus enviés des conseils de la Couronne, mais
encore à la première présidence du Parlement de Bretagne
lui-mème, ' l'intraitable commentateur ne mémJgea à
personne l'expression la plus dure de ce qu'il crut la vé-
rité. Dans une ,altière préface (3), il fulmina de véritables
anathèmes tant contre le suffrage universel des trois ordrés
en fait de réformation de coutumes, que contre toute im- '
mixtion de leurs membres non légistes. Le surplus de
l'ouvrage n'en démentit nullement le début. Rien n'y dis- '
parut de la ranc'une gardée de tout échec subi au cours '
Le vœu, entr' autres-, y revint de la sup­
des discussions.
pression des procureurs et non' pas seulement du titre les
(1) Voir notamment la corr,espoudance de Scpvole de [Sainte-Marthe
ôtés par Chal'les d'Argentré dans les prélimi­
et les autres documents
naires de son édition des œuvres paternelles, (Paris, Buon, 1618, in-f ) .
(2) Voir ci-après, p. 203.
(3) Elle se trouvera reproduite ci-après, p. 201.

concernant (1). Ni le clergé (2), ni la noblesse (3) ne fu­
rent, il, l'occasion, plus épargnés. L'auteur, quant il, lui,
ne négligeait pas de se décerner tout éloge mérité (4).
Bertrand d'Argentré, une fois la réformation accom­
plie, ne conserva plus longuement les fonctions judiciaires
dans l'exercice desquelles il avait tant honorablement
vieilli (5). Il dut même, en dernier lieu, chercher un re­
fuge sous le toit d'une habitation rurale et amie (6). Il
était septuagénaire, lorsque parut la secondé édition de
son histoire de Bretagne (7). Ses illusions séparatistes et
l'implacable haine vouée a la suprématie de la France, il,
ses institutions, il, sa langue elle-même, s'y manifestè­
rent avec plus d'énergie encore qu'en 1582 (8). Les très

graves évènements dont Rennes devint bientôt le théâ-
(1) Hunc ego titulum (le troisième) ex toto expungi ex jure consue­
. tudinario volebam. " et expediebat totum hoc genus vitiligalorum cum
suo titulo perire. . .
(2) Au sUJet de la diminution du nombre des jours fériés, sollicitée
par les deux autres ordres: « datum est concordire ne quod amplius
« urgeretur. Et conlemni is ordo malebat quam cedere. Nam Petro­
Il borussianos, Waldenses qui hoc in totum cOlltemnunt inter schisma-'
« tibus reponimus. Il
(3) Rappelant sa résistance à l'art1rle 359, qui autorisait à retenir quel­
ques deniers d'entrée sur afféagements du sol des défrichements fores­
tiers, d'Argentré ajoute : « Concessum sitibundis pecunire ut quiddam
(( hoc lieeret... indormiente procuratori generali qui si intercessisset
« decretum perferri non potuisset. Il
Tl s'était déjà écrié au sujet de l'article 257, amsi conçu : Si l'héri­
tage est noble, et celuy sur lequel on faict l'appréciation noble, les .ap­
préciations seront nohles: ct Alioqui si nU afferunt prreter ignorantem
« et stolidam nobilitatem, tam inepti habendi sunt quam sutores ad

« pictUl'am œstimandam tJt vitia in sta1uis.)) .
(4) « Cum hic titlllus ~des fiefs et féautés) .....• expendendus occur­
(( risset, mirum ('epenle ineessit silentium; pauci magistri; discere
« omnes avebant; maleria per se obscllra nec tribunalibus cognita,
(( ob~curius tradita. Rogatus explicui veterum de ea re sensum ..... si­
(( gillatim scripto exhibui totum titulum l'elexere exorsus ... demptis
(( ~enticosis muHis.))

(5) n fut remplacé comme sénéchal de Rennes par Guy Le Meneust.
(6) Château de Tizé, près Cesson. .

(7) Paris; DUPUIS, 1588. In-fo .
(8) Voir ci-après, p.203.

tre (1) furent suivis d'un arrèt de censure (2) auquell'émi­
nent commentateur ne, survécut guère (3). A l'exemple de
la duchesse reine, dont la mémoire fut~ de sa part,
l'objet du culte le plus fervent, il eut, selon sa propre ex­
pression, le cœur infiniment haut et indomptable.
armoricaines et des œu vres
L'étude des vieilles coutumes
magistrales qui leur furent consacrées (4) n'a pas cessé de
s'imposer mème à quiconque ne se préoccuperait que des
exigences pratiques. En Bretagne, elle reste la condition
ne plaider ou de
absolue de l'accomplissement du devoir de
juger qu'en pleine connaissance de cause, les procès si

nombreux encore qui y surgissent au sujet de la propriété
d'une foule d'usages locaux. Partout ailleurs
foncière et

à celle des origines et
cette étude se lie indissolublement
de l'histoire du droit national.

(1) Le f4 mars 11589 la ville où la cause royale comptait de très­
nombreux partisans, surtout dans les rangs parlementaires, avait été
surprise et occupée par les soldats de Mereœur; maiE' dès le 5 avril sui­
vant, le gouverneur MOlltba rot, évadé de prison, réussit à rétablir l'au­
torité royale. (Voir notamment GRÉGOIRE, La Liguo en Bretagne. -
NUille:;, Guéraud, 18156, in-8°).
(2) Le procureut· général La Guesle-Mol1tmartin dénonça dans l'an­
cien sélléchal de Rennes un faciendaire de Mercœur. (Ibid.). De plus,
la prise à partie du livre et sa réfutation officielle continuèrent long­
temps après la mort de l'auteur.
(3) Bertrand d'A rgentré mourut en 1590. .
(4) Après Bertrand d'Argentré doivent être cités Pierre Hévin, le plus
érudit comme le plus judicieux des consultants et des feudistes (mort
1692). aiilsi, que Duparc-Poulain qui fut, comme on le sait, le maître
de Toullier. Comment d'ailleurs omettre Carré si savant également, si
digne, si malheureux? Naguère encore, un autre breton, M. Champion­
nière, rivalisa avec Hévin lui-rr.ême (Voir De lù propriété des eaux
courantes. Pari~, Hingray, 1846). Les noms de beaucoup d'autres dodes
défunts pou"rraient être mentionnés ici. Qu'il soit permis de ne point omettre
celui de M. le Comte Aymar de Blois qui, au cours de sa tant honora­
ble carrière de magistrat, d'avocat et de député, sut mettre une con­
naissance approfondie de l'ancien droit breton, au service d'intérêts pu­
blics ou privés de la plus haute importance. Entr' autres travaux, son
rapport sur la proposition devenue la loi de 1850 déjà citée et relative
au partage des terres vaines et vagues dans les cinq départements com­
osant l'aucienne Bretagne, fixa au plus baut degré l'attention. L'école
retunne peut, rela tivement au régime si ardu et tout ensemble si inté-
ressant des domaines congéables" s'honorer aussi des ouv de
Beaudouin-Maisonblanche (Institutions convenancières) , de • Au-
lanier et enfin de M. Du Châtellier (de l'Institut), cité ci-après, p. !89 •

SECONDE PARTIE

ANNOTATIONS ET DOCUMENTS (1)

LA TRÈS-ANCIENNE COUTUME
1. DATE DE SA RÉDACTION. A ce sujet, Pierre HÉVIN
(Arrests du Parlement de Bretagne. Rennes, Garnier,
1684, in-4°, p. 550 et suiv.) s'exprima ainsi:

« J'entre dans l'examen des deux propositions de M. d'Ar­
gentré touchant la très-ancienne coust.
« La première, qu'elle fut rédigée en 1456. La seconde,
à tous nobles la faculté de pratiquer l'Assise.
qu'elle donna
« A l'égard de la première, il 'a dit que la rédaction avait

(1) Une publication récente, Il Bibliographie de la Bretagne ou Ca­

talogue général, par M. Frédéric SACHER (Hennes, Plihon, 1881, grand
in-80), facilite toutes rechet'ches et citations. Dans une seconde édition
désit'ée, disparaitrai~nt les lacunes de la première. Les sour­
vivement
ces principales de l'histoire de Bretagne se trouvent d'ailleurs aussi in­
le livre cité plus haut de M. Dupuy (préface, p, Xl à XVI).
diquées dans
DOM LOBINRAU (Histoire de Bretagne), les preuves qui font suite à
l'ouvrage de DOM MORJCI<, la correspondance historique des bénédic­

M. DE LA BORDERIE (Nantes, 1880, in-8 le Carlulaire de
tins par ) ,
Redon, publication m..agistrale de M. Aurélien DE COURSO~ (Paris, .

Didot, 1863, 1n-4 avec les observations de M. DR LA BORDEHlE (Paris,

Aubry, 1863, in-8 ) ; enfin les nombreux articles qui ont trouvé place
revue:.;
darls les Mémoires des sociétés, dans les annuaires ou dans les
dont la Bibliographie de M. Sache\' contient la nomenclature (p.213 et
suiv.) sont â mentionner tout spécialement. L'importance des rechet'­
ches, des dor.uments et des . faits qui abondent dans la plupart ùes tra­
les réserves à fai re
vaux mentionnés ici, n'est nullement atténuée par
dans l'intérêt de la critique et de la vérité, au sujet de plusieurs ll'entr'
eux. .

été faite environ 1450, qu'il a ensuite précisément déter-
miné à l'an 1456 par cette raison qu'elle fait mention d'une
Constitution du Duc Pierre, de l'an 1456. Si l'antécédant
estait vray, la conclusion seroit bonne. M. du Fail, dans
son épistre dédicatoire, dit aussi que ce fut environ
l'an 1450. Les Autheurs de deux consultations l'ont dit de
mesme sur la foy des premiers et j'ai veu d'habiles gens
qui croyoient avoir donné de grandes preuves d~ leurs
recherches, en disant qu'elle avait esté rédigée environ 1450,
adjoutant le conte de M. du Fail, que· les rédacteurs
est oient Coppu le Sage, Tréal le Fier et Mahé Le Loyal (1).
« Tout cela n'est pas véritable. Nous avons deux trés­
vieilles Coûtumes; la premiére peu connuë aujourd'huy et
qui couroit il a plus de 300 an,s sous le nom du petit volume .
dont parle l' Anonym~ sur 1 art. 271 de la très-anc., du
temps duquel, il y a deux siècles, elle estoit déjà, rare.
(M. d~ Argentré en parle dans la question 42 du partage des
nobles).
« Elle contenait les Constitutions de Jean 1 , Jean II,
Arthur II, et Jean III, mises en un petit recuëil.
« L'autre est ce que nous appelIons la très-ancienne
Coust. plus ancienne d'un siècle pour le moins, que le
temps que tous. les précédens Autheurs assignent à, la
rédaction; les preuves seroient la matière d'un grand châ­
pitre, je me contenteray d'en déduire icy deux ou trois.
« La première se prend du stile; tous ceux qui ont
quelque connaissance des stiles s'aperçoivent manifestement
que son langage est beau(wup plus ancien que celuy des
Ordonnances de nos ducs de 1450, 1451 rnesme que celles
1424, 1420, 1405, et particulièrement dans les manuscrits

où l'on trouve souvent soüée et seüe pour sienne, maie pour
mienne, comme dans les établissements de St-Loüis, mesme
estaet pour il faut~ estouvoir pour le besoin ou le nécessaire,
qui ne se trouvent que dans Villehardouin et ses comtem-
porams.
« La seconde, qu'elle contient bien plusieurs dispositions
Jean 1 , Jean II et Jean III mais elle n'en con- .
des Ducs
tient aucune de celles de Jean V de 1405, 1420,1424 et 1430,
ni de celles de Pierre II de 1450, 1451 lesquelles portent en
teste, mesme celles de 1405, qu'elles ont été faites pour

(1) La légende fit, eomme on le voit, irruption même dans le domaine
du droit coutumier de Bretagne. .
Cbacun connaît l'essor vertigineux qu'elle . prit, grâce à la crédulité et
à l'i ntolérance ses vél'itables ailes, dans maintes œuvres plus ou moins
historiques d'intention qui ne sont pas toutes d'ancienne date.

corriger la Coust. et sont nouvelles dispositions qui ont
toujours esté observées depuis et qui seroient dans cette
Coutùme si elle estait postérieure . . Par exemple, par
l'art. 314 de cette Coust. la femme renonçant à la commu­
nauté prenait sa part dans les acquests, ce que le duc
Jean V corrigea par la constitution de 1420 qui ordonne qu'à
l'avenir la femme qui renoncera aux meubles ne prendra
rien aux acquests, depuis lequel temps cette disposition a
esté pratiquée et fait encore l'art. 433 de notre
toûjours
Coust. Or il est indubitable que si ladite Coûtume avoit
esté rédigée depuis 1420, cette correction établie par Jean V
en 1420 et qui a toujours esté observée depuis, y seroit
rapportée et l'on n'y trouve que l'ancien droit abrégé. Je
pourrois fournir vingt autres exemples semblables.
« La troisième qu'il n'est point vray que cette très­
ancienne Coust. fasse mention d'anciennes constitutions du
Duc Pierre, soit de 1451 au de 1456, comme suppose
M. d'Argentré dans son traité des Partages; la négligence
en cela n'est pas supportable; il est bien vray qu'elle dit
roturiers ne pouvaient acquérir fiefs sans payer
que les
rachat; mais cela est tiré d'une constItution du Duc Jean III ;
celle que fist le Duc Pierre en 1451 fut une prohibition
absoluë d'acquérir. ' .
« Si bien qu'il est évident que la très-anc. Coust. con­
tenant quelques dispositions du Duc Jean III et n'en con­
tenant aucune du Duc Jean V qui vint au Duché en 1399, et
le temps du duc Jean IV s'estant passé en guerres conti­
nuelles pendant lesquelles on songeait à ::Iutre chose qu'à
rédiger les Coust., on ne peut assigner à cette rédaction
autre temps que celuy de Jean III qui joüit d'une paix pro­
fonde et qui s'employa à policer son estat c'est-à-dire
environ 1330 à quoy convient parfaitement le langage dans
lequel elle est concuë. »
II. PROLOCUES. « Les Romains, lit-on dans l'un d'eux,
« ont élevé et exalté leurs polices par leurs loix .... La très
« noble duché de Bretagne abondante en tous biens et
« grandement embellie de loix et constitutions que leurs

« trés nobles devanciers et progéniteurs princes d'icelle
« terre, zélateurs de justice et florissans en toute vestu
« ont discrètement et juridiquement ordonnées et établis
« par le Conseil et commun assentement des prélats, comtes"
« barons et autres saiges personnes du pays. »

L'autre est à reproduire textuellement (1). Il est ainsi
conçu:
1 « Aucune fois est advenu en plusieurs terres, landes,
~erfoilles, qui ne portoient que peu de fruits, les fruits
valu que po y, et plusieurs avoient esté seigneurs
n'avoient
qui saiges, puissants et bons ménagiers, avoient esté tenus,
ceux n'avoient été advisés d'entendre à y édifier,
et oncques
vindrent icelles terres à auçunes personnes qui
et depuis
à Y édifier, les ungs planter bois, vignes, les
commencèrent
autres merfoilles essainer et faire manoirs et autres choses,
chacun comne- il voyoit que bon estoit. Et aucunefois
est advenu~ que quant aucuns commençoient celles enprises
plusieurs s'en gaboient et parloient dépiteusement, ou
que
par haine ou par envie, disans telles paroles ou semblables:
voyes cestu~ qui commence à battre l'eau, qU!lnt il com­
mence à faIre telles besongnes que plus salges et plus
riches que lui ne fit oncques. Et aucuns en avoient qui
en laissoient à faire leurs enprises, et
pour telles paroles
aucuns qui les commençoient et ne les pouvoient achever
aucunefois par mort, aucunefois par faute de mise et les
autres accomplissoient ce qui estoit commencé et n'estoit
accompli; et quant ils estoient accompli ce que n'avoit onc­
ques rien valu, pourceque poy de profit portoit, porta plus
en ung an qu'il n'avoit fait en vingt ans de para­
de valuë
vant, et pour ce ne doit nul, ne nulle avoir honte de faire
et moult bien, volontiers le doit faire, car de bien
profit
viennent tous biens; et à ce devroient apprendre les jeunes
gens, et non pas ès folies et mauvais mestiers; car qui
aprent les mauvais mestiers, chacun s'en doit moquer, et
les devroient-on battre comme ceux qui aprennent à mentir
et à celer vérité, au cas que besoing n'est; et renier Dieu
et la Vierge Marie et les Saints et les Saintes, et avouër les
et se donner à eux; à mocquer les autres, et à joüer
Diables
au jeu des dez et du bouclier, à renieurs, batteurs, menas­
seurs de gens, dépiteux, orguëilleux, paresseux, luxurieux,
envieux, gloutons, convoiteux d'autrui bien sans bonne
et toute mauvaise estude; car de mauvais mestiers
cause, de
. apprendre, la fin est mauvaise et en vient-on à meschief
et triboüil au 'Pays, espécüdement à icelui et à leurs amis.
Et pour ce doit chacun et chacune s'en abstiner et appren-

(1) Il COI1SiEte mauifestement en une paraphrase du pasl'lage suivant :
« Car tant comme l'on scet plûs de bien, l'en vaut plus, car pour néant
(( a Dieu donné Seigneurie, s'il n'a sens en luy. ))

dre a bien faire et non pas le contraire, et s'en adviser au
commencement: ca.r on di t en proverbe, que de bien faire,
en peut venir, et aussi du mauvais service, mauvais
le bien
guerdon. Et aussi disons-nous semblablement combien
y ait plusieurs hommes saiges en Bretaigne et bons
qu'il
et aussi pour celles choses et pource que plu­
coûtûmiers,
sieurs Juges qui avoient Justice a gouverner, et ne la gou­
vernoient pas tout généralement selon les coûtumes qui
sont établies en Bretaigne, et selon que droit et justice
doivent être faits, pource que ils ne le sçavoient et devi­
soient les coûtumes tout autr'ement que ils ne devoient
estre, et fesoient tort a ceux qui avoient droit, et le droit a
ceux qui avoient tort et qui devoient estre pugnis, et plu­
sieurs fois avenoient que se fesoient plusieurs, les ungs
par non-savance et les autres ' par soÛtenance, dont nous
avons devisé et commencé . a écrire , en cette matière, non
pas par la science de nous seulement, mais pource que
nous avons entendu et appris ô les saiges qui approuvès
. estoient en la Duché généralement, et par les -opinions
qu'ils montroient et confortoient par raisons ~fficaces et
qui appelés est oient de Monseigneur le duc de Bretaigne,
des évêques, de barons, et des ungs et des autres a gou­
verner le Duché en leur temps, . et par le sens d'eux. Et
pource que par Nous ne peut tout estre accompli, plaise a
tous ceux qui voiront et auront cette matière, l'amender
en ce qui voiront que devra estre amendée, et ajouster ce
qui devra estre ajousté, et oster ce qui devra être osté, et
accomplir ce que devra estre accompli par raison; car
nous attendons faire ce le mieux que nous pourrons, afin
que contents puissent estre ostés et querelles abrégées, et
bailler il. chacun son droit et bien faire, et mal lesser, et
faire paix entre les gens au temps advenir. Et se aucunes
choses ne sont éclardies par faute de mésentente ou de
leur plaise ]e mettre en la meilleure
faute d'écrivain, qu'il
entente que verront que sera à faire, car nous ferons 10

mIeux que nous pourrons. »

III. EDITIONS. L'aperçu suivant qui n'est nullement
limitatif, en présentera l'ensemble:
Dès 1480 a Paris, en 1485 a Bréant-Loh~ac, en 1492 a
Rouen, pour des librairies tant de Rennes que de Caen, la .
très-anc~enne coutume eut la chance d'inaugurer concur-

remment avec des livres d'heure et de piété, les débuts de
la typographie (1).
Survinrent, au siècle suivant, l'édition de Nantes (1533)
et une .seconde de Rouen (1538); mais, cette fois, pour
Caen seulement. Une éclipse aussi prolongée dans le fonc­
la presse bretonne au sujet du droit coutu­
tionnement de
mier, ne s'expliquerait guère sans l'effervescence conco­
d'l'oit romai~.
mitante de l'étude du
Il convient enfin de rapprocher de la très-ancienne
coutu'me 'de Bretagne, le très-a.ncien coutumier de Nor­

mandie, en cours de publication, par M. Joseph TARDIF,
(Rouen, Métérie, 1882.)

RÉFORMATION DE 1539 (2)
1. ,On ne saurait, à son endroit, négliger entr'autres
constatations, les suivantes qui survinrent en pleine assem­
blée des trois ordres : . « Souventes fois advient que si
« aucune matière est pendante en la cour de l'ung des gen-
« tilshommes qui aura sénéchal, alloué et lieutenant, la

« sentence qui sera donnée par le dit lieutenant, ressortira
« par devant l'alloué et du dit alloué par devant le séné-
« Ghal qu~ n'en, connaitra que il, pIets . généraux, les quels

(1) Voit' à ce sujet les indications très-exactes quant aux fonds de la
bibliothèque municipale de Rennes, donnée :; par M. SACHER. (Biblio­
graphie. V Coutumes ~e Bretagne, page 42 et suiv.). Consulter
par M. de la BORDE­
surtout les savantes notes tout. récemment publiées
RIE, dans leBibliographile Breton, recueil intéressant à tous égards.(Ren-
1881-1882, nos 15, 16, 1-7). . .
nes, Plihon,
(2) On consultera, ut.ilement. quant à l'histoire ancienne de Bretagne
quant aux text~s dont la connaissance se lie plus ou moins étroite­
ment à celle du droit coutumier, le précis inséré dans les Consulta­
tions d'Bévin sur la coutume de Bretagne. Rennes, Vatar, 1734, in-40,
page :181 et suiv •

« ne tiennent que trois à quatre fois l'an, et passent
« aucunes fois plusieurs pIets avant en faire décision, et
« icelle faite, va la dite sentence par ressort de contredit
. « ou appellation à la cour du baron ou seigneur dont la
« jurisdiction sera tenue, et de la prochaine jurisdiction
« royale .... et de là .... ès cours de Rennes ou de Nantes ....
« (Ordonnance faite par le roy Ct Vennes. A oust 1532). »

II. Malgré les. divers travaux auxquels la constitu-
tion et la tenue des États de Bretagne durant la période an­
térieure à 1539 ont déjà donné lieu, une monographie exactë
et complète reste à publier à leur sujet. Il y aurait à consul­
ter tout particulièrement, en ce qui concerne la représen­
tation du clergé, outre l'ouvrage de dom Beaunier (1) relati­
vement aux neuf diocèses de l'ancien duché, les pouillés qui
ont trouvé place dans la publication du Cartulaire de
(2). Quant à la noblesse, des indications seraient à
Redon
emprunter à la carte féodale publiée par M. de la Borderie.
au tiers État, la bibliothèque commu­
Enfin, relativement
nale de Rennes possède, comme on l'a dèjà dit, l'opuscule
manuscrit et inédit de l'abbé de Pontbriand, fort judicieux,
mais regrettablement sommaire, qui a été déjà cité.
la réformation, ouvert le 20 août
Le procès-verbal de
J 539, clos le 23 octobre suivant, fut publié avec le texte
nouveau, dans la première édition de l'ancienne coutume.
d'autant plus d'intèrêt, que
Cette publication a conservé
recherc~s semblent avoir èchoué jusqu'à présent,
toutes
relativement:
1° Aux papiers des États tenus à Nantes du 2 au 23 du
même mois d'octobre 1539; .
2° Au cahier préparé par la Commission royale instituée
en mai précédent;

e t pr~eures.
(t) Recueil historique des archevêchés, évêchés, abbayes
Paris, Mesnier, t726, in'40, 3 vol.
(2) P.455 et suiv.

30 Enfin à l'original du procès-\'erballui-même.
Seul, le texte officiel (sur parchemin), de l'ancienne cou­
tume, revêtu des signatures Crespain, QueUain, Ruzé,
Marec et Faisant, a pu être consulté. Il fait partie des
manuscrits de la bibliothèque de Rennes (1).
Voici textuellement, en ce qui concerne la participation
des trois ordres à la réformation de 1539, les mentions du
procès-verbal des Commissaires:
« Et avenant le dit second jour d'oc~obre par devant
nousdits Crespin et Qu~lain, Martin Ruzè, Conseiller du
notredit Sire.en ladite CO,ur de Parlement à Paris" et
Roi
Pierre Marrec, Maître des Requêtes dudit Seigneur, en la
Salle Basse de la Maison Episcopale de Nantes, lieu par
Nous député et des.tiné pour va,quer au fait ~e laditce rédac­
tion et réformatIOn de Coutume, seraIent comparus
plusieurs des trois Etats desdits Païs et Duché de Bretagne.
Et là en l'assemblée Desdits Etats, aurions fait lire à haute
voix lesdites Lettres Patentes, par Maître Charles Faisant,
Notaire en la cour de Rennes pris par nous pour Greffier
de ladite rèdaction et réformation, le Procureur Génèral dù
Roi audit Païs, ce requérant, par Maître Gilles le Maistre,
Avocat dudit Seigneur. Après laquelle lecture aurions fait
apeller ceux desdits Etats qui avoient été ajournés pour
assister à ladite rédaction et réformation de coutûme, selon
et ainssi qu'il apparoissoit par les exploits et relations des
sergens qui les auroient intimés et ajournés, par rordon­
nance et commandement desdits Sénéchaux, Alloués (2),
Prévots et Lieutenants dudit Païs.
« Et premièrement" furent appellés ceux de l'Evêché de
Rennes, auquel apel comparurent pour le Clergè vénérable
et discret Maître Michel le Duc, Chanoine en l'Eglise
Cathédrale dudit Rennes, Maître Sébastien Thomé, Tré­
s~rier et Chanoine en ladite Eglise de· Rennes, Maître
GIlles Quemper, Procureur de Maitre' Jean le Bigot, Abbé
Commendataire de l'Abbaïe de Saint Pierre de Rillé,

(f) La collection des l'egi~tI'es des Etats, conservée aux archives dépar­
temèntale3 d'Ile-et-ViJaioe (apl'«s avoir longuement existé au château de
Nante~), ne S'OUVl'è qu'à dater de j 15152. Ou se fait un devoir d'exprimer,
au sUjet des recherches dont il vient d'être parlé, les r.emerciments les
à MM. les ar.chlvistes Ouesnet (Ille 'ct-Vilaine) et Luzel
plus sincères
(Finistère). ~

(2) Magistrats adjoints aux titulail'es.
BULLETIN DE LA SO~. ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. - TOME IX.

Maître Robert d'Espinay, Docteur aux Droits, Chantre et
Chanoine dudit Rennes, et Prieur Commandataire de Ga­
hart, par ledit Maître Michel le Duc son Procureur, Maître
Guil1aume Lisiart, Prieur Commendataire du Prieuré de
Jean Temperain, - Prieur Commendataire du
Livré, et
Prieuré de Ploëchastel, présens .en personnes, Frères Yves
Busseteau, Procureur de Frère Jean de Cahideuc, Com­
mandeur de la Guerche, de l'Ordre de Saint-Jean de
Jérusalem, Maître Robert Guillemin, Procureur des Che­
vecier 'et Chapître de la- Guerche, et encore ledit Maître
Michel le Duc, Procureur de Maître Jean le Seneschal,
Prieur Commendataire du Prieuré de Hédé. Pour le Clergé
Nantes, comparurent vénérable et discret
de l'Evéché, de
Maître Gilles Quemper, Abbé Commendataire de l'Abbaïe
Beaupol>t, Chanoine en l'Eglise Collégiale de Notre-Dame

dudit Nrmtes, Vicaire et Procureur de Rèvérend Père en
Dieu Messire Loys d'Acignè, Evèque dudit Nantes, Frère
Bertrand de Loïon, Abbè de Villeneu$ve, Maître Mathurin
Glé, Abbé de Geneston et de Beaulieu, Frère Jacques de la

Porte, Abbé de la Chaulme, Frère Pierre de la Haye,
Abbé de Meleray, Maître Léon Tissart, Abbé Commenda­
taire de l'Abbaïe de Buzay, Maître Guillaume Droilliart,
Archidiacre et Chanoine de Nantes, Procureur des Doïen
et Chapitre dudit Nantes, Maître Pierre de Maubusson,
l'Eglise de Nôtre Dame de Nantes, Procureur
Chevecier de
des Chanoines et Chapitre de ladite Eglise, Maître Guy
A~bé Commendataire de l'Abbaïe de Prières, et
Broillard,
Prèvôt de l'EglIse Collègiale de Saint-Aubin de Guerrande,
Procureur des Chanoines et Chapitre dudit Guerrande,
Frère Yves Busseteau, Commandeur de Saint-Jean et Sainte
Catherine de Nantes, 'de l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem,
Maître Gilles de Lisb, Procureur des Prévôt et Couvent de
Vert,Ou, Maître Anseaulme de Vaujoyeu, Procureur de
Maître Joachin l'Escoubb, Prieur Commendataire de Notre­
Dame de Toutejoye de Nantes, Maître Raoul des Melliers,
Procureur de l'Universitè de Nantes,
Licentié ès Droits,
Maître Jean Hux, Prieur de Saint Estienne de Clyon, pré­
sent, et Bertran Charrier, Procureur des Prieur et Couvent
Saint Phihbert de Grand Lieu, Maître Loys du Boderf,

Saint Esprit d'Auray ... Procureur du Révérend
Chevalier du
Père en Dieu, Messire Jean de Rieux, Eveque de Saint
Brieux, et Seigneur Chatelain de Chateauneuf. Et pour les
et Chapitre dudit Saint Brieux, Maître Anssaulme
Doïen
de Vojoyeux-, Procureur de Frère Georges de Guemadeue,
Saint Jagu, Prieur de Henausal et Estoublac,
Abbé de
Maître" Guillaume des Champs, Chanoine en l'Eglise-

Cathédrale de. Saipt Ma!o, Vic~ire e't Procureu~ 4 ~ .. P.
, Dieu MeSSIre FrançoIs Bolller, Eveque de dudIt Samt
des Doïen et Chapitre hudit Saint Malo, Maître Guy Drouil­
lart Procureur de R. P. en Dieu Messire Glaude' de Rohan,
Evêque de . Cornoaille, Maître Pierre. Marie, ?eigneur . ~e ·
Higourdh.aye, procureur de R, P .. en DIeu MeSSIre FrançOIs
de "Laval, élû Eveque de Dol, . et Abbé Commen,dataire du
pour les Doïen et Chapitre dudit Dol et pour
Tronchet.
Frère Guy.de Challon,ge, Abbé de la Vieu)( .-V,ille, ~a~tre
Olivier LolIcart, Official et ProcureUr de Reveren,dIssime
le Cardinal de Saint-Quatre, Eveque de Vennes, MaHre

Olivier de Trevelo, Recteur de Ploërlin, Procureur de véné­
et discret Messire de Reüis, Maître Guy l)roillart"
rable
Procureur du Chapitre de Vennes, Frére Loys du Boderf,
Prieur des Prieurés d'Ars et de Saint Guen, présent Frère
François de Brovel, Prieur du Prieuré de Bourgerel, et
Procureur de Frère Bertrand de Brovel, Abbé de Lanvaux,
et de Messire Gilles du Qiurisec, Prieur de Saint Gr1+al,
Maître Gilles Godet, Procureur de R. P. en Dieu Messire
Antoine' de Grignaux, Eveque de Léon, et de Maître Ha­
mon Barbier, Archidiacre de Qllenneinet Dilly, en l'Eglise
dudit. Leon ... et Abbé Commendataire de Saint Mf!,hé, et
encore ledit Godet, Procureur des Chanoines et Ch,f!,pitre
de Lesneven, Maître François du Fou Doïen en l'Eglise de
Cardinal de BOJ.lrbon, Evêque de Tregu,er,
Révérendisime le
Maître Gilles Quemper, Chanoine en l'Eglise dudit Tl'eguer,
et Abbè Commendataire de Notre Daine de Beauport, Pro­
cureur du Chapitre de ladite Eglise, et des Religieux et
Couvent de lad,ite Abbaïe de Beauport.. · .
« Et pour l'Etat de la po blesse dudit Evêché de Rennes,
comparurent Maître Guillaume de Porcon, Seigneur de
la Haye Porcon, Procureur de Haut et Puissant Guy
comte de Laval... de Montfort et de Quintin, Vièomte de
Rennes et Baron de Vitré, Messire François Gabart, Doc­
teur ès-droits, Proqureur de, Haut et Puissant Jean de
Sire de Château-Briant, de Derval et de Malestt'oit, "
Lava],
Comte de Ploëhan, Baron de Vircal~, Chevalier de l'Ordre,
Maître Robert Guil~emin, Procureur en la juridiction de
la . Guerche, appartenant à I-Iaute et Pmssante Dame
Anne d'Alençon, Marquise Doüairière de MonferrÇl.t~ re­
quérant celui Guillemin, être reçûà comparoir pour ladite
Dame en cette partie, jaçoit qu'il n'ait procuration spéciale
pour elle, à cause qu'elle n'est demeuran'te en ce Païs,
Maitre Jean Bernard, Seigneur de Lesmaës, Procureur de
Haut et Puissant Jean Sire d'Acigné,. Vicomte de Loëat et

de Tonquedec, et Baron de Coëtmen, Chevalier de l'Ordre
Maîtr~ François . de la Tourneraye, Procureur de Nobl~
et Puissant François Sire de Maure et du Plesseix Angier
Maître François Bérard, Licentié ès-Loix. Seigneur de l~
,Haute Touche, Procureur de Haut et Puissant Guy Sire
d'Espinay et de Segré, et de Radegonde des Déserts,
Damoiselle ... Dame de Brecquigné, et de Moréac, en son
nom, et Tutrice de Claude d'Espinay;fils d'elle et de feu
Jean dJEspinay, Seigneur de Boisduliex, Anceau de la
Motte, Procureur de N-oble et Puissant Seigneur Charles
de Saint-AmadoUl', Vicomte de Guignen et Seigneur de
Thoüairé, Messire François Brullon, Chevalier, Seigneur
de la Muce, François Le Port, Seigneur de Larchatz, et
du Plesseix, de Casson, Jean de Saint-Gilles, Seigneur de
Pordo, Gohier de Champaigné, Seigneur de la Montaigne,
Pierre de Cavernet, Seigneur de Cavernet, et de la Pou­
chaye, Jean du Bouscehet, Seigneur de la Haye de Torzé, .
Maître Gilles Choüan, Seigneur des Clardières, tous pré­
sens en personnes, Jean du Bois, fils aîné, et. Procureur
d'autre Jean du Bois, Seigneur de Boulac, Maître Jean du
Pin, -Procureur de Gilles du Tierçant, Seigneur du Tier­
çant, Hector Reau, Procureur d'Olivier d'Dst, Seigneur
d'Ust et du Mollant, Maître Robert Guillemin, Procureur
de Richard,Paisnel, Seigneur de V~ufieury.
« Pour l'Etat de la Noblesse de l'Eveché de Nantes, com­
parurent Messire Loys drAvaugour, Chevalier Seigneur
de Kergrois, Procureur de haut et Puissant H,ené, Vicomte
Rohan, Comte de Porghouët, Baron de la Garnache, Sei­
gneur de Blein et Yheric, ledit Maître François Berard,
Procureur- de Haute et Puissante Dame Susanne de Bour­
bon, Dame Douairière de Rieux et de Rochefor11 Baron­
nesse d'Ancenis, en son 'nom, et Tutrice de Haut et Puis­
sant Claude Sires de Rieux son fils, Seigneur desdits lieux;
Messire François Gabart, Procureur de Haut et Puissant
Messire François de Bretagne, Baron d'Avaugour, Sei­
gneur de Clisson ... et de Haut et Puissant François de
Rohan, gentilhomme de la Chambre du Roi, Seigneur de
et de la Chapelle Glen, Maître Gilles de l'Isle, Procu­
Gyé
reur de René du Bellay, Seigneur d'Oudon, Messire Marc
de Carné, ledit Messire Loys, d'Avaugour, Chevalier Sei­
gneur de ~ergroys. et Procureur de Messire Jean de Cre­
gny... Chevalier Seigneur de Canaples et du BoisjolIys,
Mathurin BaUué ... Docteur aux Droits, Procureur
Messire
du Noble et Puisssant Bonaventure l'Espervier, Dame de
Laure, cIe Briot et du Loroux Botereau, en son nom, et
Tutrice de François de Laure son fils, Seigneur desdits

lieux Anseaulme du Vaujoyeulx, Procureur de François
de duemadeuc, Seigneur de la Mare .. en son nom, ~et
Tuteur d'autre François du Guemadeuc, Seigneur du Gue­
l11adeuc et de Trevear, Maître Jacques de Chàteautro, Sei­
o'neur du Chesne, par ledit Maître François Berard son
Procureur, Jean de la Lande, Seigneur de Vieillevigne,
Ch~uvyn, Seign~ur de la Muce, Jacqu.es de
Jacques
Tehillac, SeIgneur de T~hIllac .. Loys de :rennel, SeIgneur
de la Desnerye .. FrançoIs, Grunaud, SeIgneur de Procé,
Claude de la Cheverne Seigneur de la Chevel'p, Bertrand
de Pouëz, Seigneur de la Moricière, Messire Guillaume
Laurens, Seigneur de Montrelaix, Jean de Lesmerac, Sei­
aneur dudit lieu, François de Montauban, Seigneur du
Jean de la Rivière, Seigneur la Chauvelière et de
Goust,
tous présens en leur personne, Pierre Le Vayer,
Crapado,
Procureur de Damoiselle Anne de la LoiherIe, Dame de
Maître François Berard, Procureur pour
Boisroüaud, ledit
Maître Jacques de' Châteautro, Seigneur du Chesne, ledit
Maître Gilles de Lisle, Procureur pour Gilles de Peillac,
Seigneur des Montilz, Ferouceau, ledit Maîtr~ Ra0!ll des
Procureur pour Amaury de Basoges} SeIgneur
Melliers,
de Beauchesne. .
« Et dudit Etat de Noblesse de l'Evèché de Saint-Brieuc,
Jean de Robien, Seigneur dudit lieu de Robien, par Jean
Geslin son Procureur, Maître Jean Solvaye, Procureur' de
François Roussault, Seigneur de Querhuel, Yvon de Quer­
Seigneur de Lannevez, et François Perezart, Sei­
raoul,
gneur de Brehat, présens, et Pierre Le Nepveu, Procur~ur
de Jean de Pezrieri, Seigneur de Pezrien.
« De l'Evèché de Saint-Malo, comparurent dudit Etat de
Jean Bernard, Procureur de Noble et Puis~ant
Noblesse
François de Voluire, Vicomte du Bois de la Roche, Baron
de Cens et Seigneur de Saint-Brice) Messire Joachim de
Matignon, Chevalier, Seigneur dudit lieu et de la Roche
Tesson, par ledit Messire Mathurin Ballüe, son Procureur,
Noble et Puissant Charles de Beaumanoir, Vicomte de
et Seigneur du Besso, présent, François d'Uri­
Medreac
gnac fil s aîné, Procureur de ·Pierre d'U rignac, Seigneur
d'Urign~c et de flumaugat, Brien~ de Tréal, Seigneur 'de
Be~ubOls ~t de 1 Advepture, MessIre André Galery, Che­
valIer, ' SeIgneur de BOls-Jean et de Gresbe, présens, Maître
Et~enne de l'Annehelaye, Procureur de Bertrand Ferré,

SeIgneur de la Garraye, Anseaulme de Vaujoyeux, Procu­
reur de Guillaume de Quitté, Seigneur de Vaucou]eur, et. de
Jeanne la Vache, Dame de la Tousche ' à la
Damoiselle
Vache, et Gilles le Prestre, Seigneur de la Lohière et de
Menart, présens. .

« .De l'Evèché de Cornbüaille, Haut et Puissant Jean de
Baron du Pont, Vicomte du Fou, et Seigneur de
Quelenec,
Rostrenen, par Maître Jean Geslin, son Procureur, Alain
Rosemadec, Seigneur de Tyoüarlen, et Messire Jacques de
Menet, Chevalier, Seigneur dudit lieu, présens, Henri de
Procureur de Jean de Quellen, Seigneur dudit lieu,
QuelIen,
et du Vieux-Châtel, et de François de QuelIen, Seigneur
de Quistinic, Henri Galliot, Procureur de Seigneur de
Quemmerch.
« De l'Evêché de Vennes, Haut et Puissant Loys de Rohan,
Seigneur, Baron de Guemené, par ledit Messire François
Gabart, son Procureur, Sylvestre de Questinic, Seigneur
de Questinic et de Bomerel, Jean de Kerveno., Seigneur de
Kerveno, Messire Julien d'Avaugour, Chevalier, Seigneur
de Tromeur et de Quelan, Jean de Fresnay, Seigneur de
Sei­
Quenhoüet, Messire Georges de Coüetdro, Chevalier,
gneur de Pinieuc, Rolland de Sallarun, Seigneur de SalI a­
run, et Jean du Groesquer, Seigneur du Groesquer.
« De l'Evèché de Léon, François Tournemine,Seigneur de
et Procureur de Noble et Puissant
Coëtmeur, en son nom,
René du Châtel, Seigneur du Juch, ét Damoiselle Marie du
Juch, Dame du Châtel, tant en leurs noms que comme
curateurs de Noble et Puissant Claude Sire du Châtel,
Baron de Marcé et Vicomte de Pommerit., Yvon de Boute­
ville, Vicomte de Coüetquenon, Jean de la Boüere, Sei­
gneur de Trougoff, par François de la Boüere, son fils
aîné et Procureur.
Et de l'Evêché de Treguer, Allain Pinart, Procureur de
Raoul de Koussi, Seigneur de Koussi, et d'Amaury de
Seigneur de Lezhildry. '
Lezhildry,
Comparuren t aussi honorables personnes Messire Chris­
tophe Brexel, Docteur àux Droits, Sénéchal de Nantes,
Maître François de Quermenguy, Maître des Requêtes du
et Alloüé dudit Nantes, Jean de Langle., Licentié aux
Roi
Loix, Lieutenant, Messire Olivier de Lescoüet, Docteur
aux Droits, Prévôt, . Messire Guillaume Laurens, aussi
Docteur aux Droits, Procureur du Roi, audit Nantes,
Maitre Jean Glé, Licencié en Loix,. Alloüé de Rennes, et
Messire François Brullon, Docteur aux Droits, Procureur
du Roi, audit Rennes, Conseiller du Roi au ·Parlement du­
dit Païs de Bretagne, Maître Charles Le Frère, aussi con­
seiller audit Parlement et 'Sénéchal de Vennes, et Maître
Olivier de Kermerio, Lieutenant dudit Vennes, Maître
Augustin Moro, Procureur du Roi en Cornc>üaille, Maître
Pierre Le Cozie, Sénéchal de Morlaix, de Lanmeur et de
Lannyon et Procureur du Roi à Guingamp, Maître Fran-

cois Christien, Alloüé du ressort de Gouéllo, Messire
Allain de la Boüéxiére, Docteur aux Droits-, Sénéchal de
et Procureur du R~i en sa chambre des comptes .
Lesneven,
dudit Païs de Bretagne, MessIre Raoul de Cleauroux, Doc­
teur aux Droits, Sénéchal de Lam balle et Moncontour,
Maître Jacques Pinart, Sénéchal de Brest et Saint-Renan,
Maître Jean du Chatellier, Sénéchàl de Fousgeres, Maître
Guillaume de Porcon, Sénéchal de Saint-Aulbin et Nicolas
Perraud, Sénéchal de Hedé, Maître Michel ]e Boteuc,
Sénéchal et Nicolas Thibaud, Procureur du Roi en Guer­
rande, Maître Raoul le Lepureux-, Procureur de Jugon,
Maître Pierre de Villiers, Procureur d'Auray, Jean du Pin,
Procureur de Monfort, Jean Guilloüèt, Procureur de Saint­
Malo et Robert ~uillemin, Procureur de la Guerche; et
pareill~~,ent .comparurent Maître Michel Çhampion,
LicenCIe es LOIX, Procureur des Nobles BourgeOIs, Manans
et Habitants de la ville de R~nnes, Messire Mathurin
Balluë Docteur aux Droits, Procureur des Nobles Bour­
o-eois -' Manans et Habitants de ladite ville de Nantes,
Pierr~ Certain, Procureur des Nobles Bourgeois et Habi­
tants de la ville de Kemper-Corentin, Jean Vento, Procu­
reur des Nobles Bourgeois et Habitants de la ville de Ven­
nes, Guillaume Gicquel, Procureur des Bourgeois et
Habitants de la ville de Dinan, Guillaume Berthé, Procu­
reur des Bourgeois et Habitants de la ville de Vitré, Maître
Yves Ch~mpion, Procureur des Bourgeois de la ville de
Foulgéres, Henri Galiot, Procureur des Bourgeois et
Habitants de la ville de Quimperlé, Maître Olivier le Duc,
Procureur des Bourgeois et Habitants de la ville de Conq,
Messire Loys Bellec, Docteur aux Droits, Procureur des
Bourgeois et Habitants de la ville de Hennebont, Olivier
Procureur des Bourgeois de Morlaix, Geffroy Guil­
Macé,
Procureur des Bourgeois et Habitants de la ville de
lemé,
Saint-Aulbin, Maître Raoul des Melliers, Licentié és Loix,
Procureur des Bourgeois et Habitants de la ville du Lo­
roux et Mathurin Auquet, Procure~lr des Bourgeois et
Habitants de la ville de -Lamballe, comparant pal' Maître
Guillaume de la Bouëxière, son Procureur, »
Les réformateurs maintinrent aux juges d'église la con-
naissance de la solennité du testament ainsi qu'il avait été
écrit ,au livre coutumier. Puis: « Sur ce que lesdits gens
« de l'état de l'Église requéraient que la connaissance de
« l'aprobation totale fût déclarée leur appartenir, » il y eut
renvoi au Conseil privé.

Enfin il Y eut maintien des domaines congéables ainsi
que des usages locaux des üois villes principales, en ces
termes:
« Et aprés lecture de tous les dits articles étant au dit
caïer, demandâmes aux dits gens des trois Etats s'il y
avait aucuns artiCles, coûtumes et observances audit païs
autres que celles qui étaient écrites audit caïer et qui
avoient été ,lues en leur présence ... Et... nous furent da­
vantage par les procureurs des dits bourgeois de Rennes,
Nantes et Vennes et par le greffier de la juridiction du res­
sort de Gouello présentés certains articles des usances et
coutumes locales qu'ils nous dirent et remontrèrent être­
gardées respectivement ausdits lieux, lesquels articles nous
fîmes semblablement lire èt publier. »
III. PRÉFACE DE L'ÉDITION DE 1540. Eguinarius
Baro jureconsultus: Studiosis omnibus jurisquiritium per
Britannicam Celticam. Macti animo estote; macti studio;
victoria vobis tandem in mariu est. Inventi sunt. vestro
sœculo, quinque viri qui cornicum oculos, ut ille inquit,
confixerunt eLà cautis pragmaticis eorum sapientiam com­
pilarunt. En inqnam, vobis mores patrios, quœsitis olim, in

hoc tenebris fucatbs, gallic~ redditos et resectis diligenter
superfiuis, per titulos, articul.osque ln ordinem conJectos .
Quod vobis evenisse dum triumpho, et in vestram omnium
gratiam, interpretationem ex jure romano in eosdem cons­
cribere instituo, ille, Philippus Bur.gundus bibliopola hic ce­
leberrimus ... (1) vehementer institit ut tantisper cœptum
laborem intermitterem dum verum indicem perlecto cursim

libello colligerem (2). . .

(f) Le nom de l'éditeur dont il s'agit ici, paraît avoir été Bourgui­
gnon, quoique, parfois, imprimé tel que, sans doute, il 3e prononçait,
c'est-à-dire le Bourgoignon. Très actif libraire de l'université d'Angers,
il sut aevance~' par la publication rie la coutume réformée, ses confrè­
res de Nantes où pourtant existait aussi une université.
(2) JI Y eut en f040, outre l'édition in-40 une édition in-8°. Suivirent:
fO en 1042, une autre édition in-80; 20 en f046, chez Mestral'd, à Ren­
nes, autre édition également in-80; 40, 00, 60 chez Duclos, de la même
ville, les éditions de 1068, de f oH et de f 074. Une publicité aussi

Loin de s~associer à un éloge aussi enthousiaste, Ber­
trand d'Argentré, trente ans plus tard, fulmina, au contraire,
en français, cette fois" tout gallophobe qu'il fût par tempé­
ramment, le réquisitoire suivant: ,
« Venant l'an 1539, le roy donne commission de réformer
la Coustume ancienne (de Bretagne) mal escripte, entendue de
aussi mal ordonnée. La commission
nuls, ou de bien peu, et
àcinq personnes des premiers estats et qualitez
est adressée
du païs. Cela importoit; il n'y eut sage ni autre qui n'y fust
et qui ne se meslast d'en faire leçon; chacun venoit
appellé
cahier et y avoit composé, mais un seul ne s'a.c­
avec son
« Cestuy est
cordoit. Les practiciens interrogez disoient :
le sens. » L'autre disoit: « Il en est bien loin, c'est cestuy
là. » Le tiers :" Ce L'est n'y l'un n'y l'autre. »
« Lesdits sieurs commissaires estoient trois François,

qui n'entendoient en l'usage chose quelconque, et n'avoient
de q uoy fournir pour faire (comme on dit) le holà 1 Des
deux Bretons, celuy en qui il y avoit plus de jugement et
d'experience demeura malade et n'y put assister. Les com­
missaires avoient hâte, craignans que J'assignation de leur
payement ne vînt pas, et n'y vouloient gueres advanturer
de temps.
« Pour conclure, se voyans au bout de leur entendement,
s'advisèrent d'une adresse plus nécessaire qu'ingénieuse .
ils
Car, comme ont accoustumé les escoliers qui ne sont
assurez de leur latin, ils transcrivirent'les mesmes mots,
active dans un intervalle de 34 ans, prouve que ]'ancienDe coutume ne
fut pas l'œuvre sans portée que certains écrivains ont pensé.
La hihliograpbie de l'anCIenne coutume se trouvera complétée par les
indications qui sont à puiser dans la Notice déjà citée de M.de la Bor­
derie, mentionnant l'imprimerie Du Clos; de Relllles. l'Voir Bibliophile
breton, 1882, p. 2 à 15).
Enfin, au sujet de l'ancienne coutume, cn tant que le domaine congéa­
hIe s'y trouva maintenu, ne doit point être omis le savant éruoire de
M. DU CHATELLIER, intitulé : De quelques modes de la propriété en
Bretagne, et inséré dans les Mémoires de l'Académie des sciences mo-
(Année 1861). . .
rales et politiques

ordre et texte de l'ancienne Coustume, pris du chapitre 209,
et en firent ,cinq ou six articles, n'y changeans ch0se
quelconque, faisans en cet endroit l'office de simples copis­
tes; et les mesmes et ipsissimes mots de l'ancienne, avec
leur obscurité, nodosité et salebres, transportèrent en la
nouvelle, disans en leurs esprits:
- « Personne n'aura matière de nous arguer de faulte:
nec enim addidimus nec minuimus ex eo quidquam. S'en
serve qui en aura affaire comme il pourra!
« C'estoit en effet servir des truffies, ou plustost truffes,
entre deux belles serviettes blanches. Or voyons ce 'qui
s'en est en suivi ... » (1)
L'Aitiologie, même en son latin, et la préface de l'his­
toire de Bretagne, celle-ci tout en français, n'atténuaient­
elles point quelque peu, par avance, la surprise dont la
manifestation a trouvé place a ce sujet, sous la plume d'un
docte bibliophile ~

. ~ III.

RÉFORMATION DE 1575-1580 •
1.,..,...- . La date relativement moderne de la révis·ion défini-
tive, et la facilité de recourir, quant a elle, aux textes ori-
ginaux, permettent d'abréger les extraits des procès-ver-
baux.
Dans le Précis des Délibérations des Etats (2) les pré-

(i) En rappelant ce passage de l'Ârlvis et Consultation sur les partages
des nobles de Bretagne, Rennes, Du Clos. MDLXX, in 40, l'honorable
M. DE LA BORDERIE (Bibliophile Breton, i882, nO i6 p. 5 et 6) aloute :
Il Que dites-vous de cette gaillarde façon d'arranger les gens? Soup­
çonniez-vous chez ce profond Jurisconsulte, chez ce .grave magistrat,
une pareille veine satirique et un style de cette trempe?
Ce sont-:-là de ces bonnes aubaines que les vieux bouquins, dédaignés
réservent à leurs amis. II
de la foule,
(2) Tome 1, p. i29 (Archives départementales d'Ille-et-Vilainc) .

liminaires de la seconde réformation se trouvent ainsi re­
latés sous le titre COUTUME : .
1567. 2g septembre (fO 60). On demande un règlement
certain sur les usages locaux. .
1568. 27 septembre (fO 126). On lit des lettres patentes
du 7 avril 1568, par lesquelles le roi mande au Parlement
de lui présenter deux ou trois de ses membres pour s'in­
former des usances locales et des privilèges du pays.

1571. 26 28 septembre (fO 385-401). Les États nom-

ment MM. les présidents de Cucé et de Beaumont, quatre
gentilhommes, les sénéchaux de Rennes et de Nantes, et
le Procureur général du Parlement pour la réformation de
la coutume et des usances locales. On supplie le roi de leur
expédier uue commission à cet effet.'

1572. 8 mars (fO 444). On nomme une nouvelle commis-
six membres du Parlement, qui, suivant la forme
sion de
la · première réformation, appelleront les
observée lors de
États pour travailler à la réformation.

1574. 26 octobre (fO 259). Sur la demande d~s Etats le
roi dit qu'il pourvoira dans un temps plus commode à la
réformation de la coutume.

1575. 26 27 , 28 septembre (fO 232, 266, 288, 307),
M. de Cucé dit qu'il a fait publier les lettres patentes ... et
qu'il 'est nécessaire de députer des trois ordres pour y as­
sister. Le roi dit qu'il nommera des commissaires pour
procéder soigneusement à la réformation. Les Etats
nomment quatre commissaires de l'Eglise, deux ou trois
de la noblesse par évêché, et sept députés du Tiers-Etat.
- On demande que les sénéchaux de Rennes, Nantes,
Vannes et Cornouailles y assistent aussi.
1576. 26 septembre. 1 octobre (fOS 346, 388). La noblesse
nomme encore un député par évêché pour assister à la

réformation remise au 15 mars 1577. On demande' au

nouveaux commIssaIres pour ladite
roi quatre autres
réformation.

1577. 28 septembre (f 436). On enregistre l'assignation
donnée au l mars prochain .

1579. 11 e mai Cf 41 et 42). Attendu que personne ne
s'est trouvé à cette assignation, on en donne une nouvelle
à Rennes au 1 octobre 1579. '

1580. 20 , et 21 octobre (fOS 126-127). On commence (le
20) et l'on continue la lecture des articles réformés.

Il faut ajouter que les Etats convoqués à Nantes en
vertu de lettres patentes du 19 août 1579, avaient émis le
vœu « qu'il y eût aucuns de MM. les officiers de la Cham­
« bre des comptes, afin que la dite réformation se fist par
« l'avis et en présence des officiers tant de la cour de Par­
« lemêiit, chambre des comptes, que juridictions ordinai­
« res; pour à quoi pourvoir, fut-il ajouté, ont encore les
« dits gens des États, ce jour (28 septembre 1579) nommé
« et député de leur part, savoir: »
Suit une liste de noms. Ils se retrouvent avec les noms
d'autres délégués, dans celle qui ' fut insérée au procès­
verbal de la séance d'ouverture, enfin tenue le lundi après
Quasimodo, 11 avril)580.
Il. Les Commissaires avaient dès le 15 août 1575, ou-
vert leur procès-verbal. Ils furent, en dernier lieu: indépen­
damment de René de Bourgneuf, seigneur de Cucé, con­
seiller au conseil ,privé du roi et premier président en la
cour du Parlement de' Bretagne, Pierre Brullon, seigneur de
la Muee, aussi conseiller audit conseil privé et président en
ladite cour, Bertrand Glé, seigneur de la Coustarclaye, aussi
conseiller du roi en ladite cour, Nicolas Allixant, conseil­
ler et président aux enquêtes, Budes, procureur général, et
d'Argentré, sénéchal de Rennes. Le procureur syndic des
Etats qui, cette fois, requérait conjointement avec le pro-

cureur général lui-même, fut Me Arthur Leforheux, docteur,
aux droits, sieur du Vigneau.
L'appel fait par le héraut des mêmes États ' constata la
présence des députés suivants:
« Pour le clergé: R. P. en Dieu Messire François Thomé,
Evêque de Saint Malo, Messire Thomas Faverel, Chantre
de l'Eglise de Dol, Sébastien Bouscher, Trésorier de l'Eglise
de Rennes, Pierre d'Argentrê, Prieur de Sens, Official et
Chanoine dudit Rennes, Pierre Alain, Archidiacre du
Desert, en l'Eglise dudit Rennes, Guillaume Bogard, Archi­
diacre en l'Eglise de Vennes.
« Pour l'Etat de la Noblesse: de l'Evèché de Rennes,
Messire François du Gué, Vicomte de Mejusseaume, Che­
valier de l'Ordre du Roi, Capitaine et Gouverneur de Ren- .
nes, et Sous-Lieutenant de cent Lances des Ordonnaces du
la charge de Monsieur le Duc de Monpensier;
Roi, sous
Sieur et Vicomte d'Apigné, Che­
Messire Julien Botherel,
valier de l'Ordre du Roi, Antoine de la Boüexiere, Sieur de
Beauvais Bourg-Barré.
« De l'Evêché de Nantes: Messire René d'Avaugour,
Chevalier, Sieur de Kergrois, Messire Claude Auger, Che­
valier, de l'Ordre du Roi, Gentilhomme ordinaire de sa
chambre, Sieur de Crapado, Messire Bonaventure de la
Musse, Chevalier, Sieur de la Musse Ponthux.
« De l'Evêché de Vennes: Messire Guy d'Avaugour, Che­
valier, Sieur de Vay, Messire René de Kermeno, aussi
Chevalier de l'Ordre, Sieur du Garo.
« De l'Evêché de Saint Malo: Messire François de Mon- ·
terfil, Sieur dudit lieu, Chevalier de l'Ordre, Messire Jean
le Bouteiller, Sieur des Landes et de Maupertuis, aussi
Chevalier de l'Ordre, Capitaine des Gentils-hommes de
l'Evéché de Dol. . '
« De l'Evêché de Cornoüaille: Messire Marc Rosmadec,
Sieur de Pontecroix, Chevalier de l'Ordre du Roi, Capitaine
et Gouverneur de Dinan.
« De l'Evêché de Léon: Messire Troilus Demescàüets,
Marquis de Coüetresnoüal, Chevalier de l'Ordre du Roi,
la Chambre, Capitaine et Gou­
Gentilhomme ordinaire de
verneur des Ville et Château de Morlaix.
« De l'Evêché de Dol: Messire François de Tremigon,
Sieur de Langan, aussi Chevalier de l'Ordre du Roi, Jean
de Meaupetit, Sieur de la Ville-Maupetit, aussi Chevalier
l'Ordre, Alain de Brehant, Sieur de Launay-Baudoüiri.
« De l'Evêché de Saint-Brieuc: Messire Jacques le Vayer,

Sieur de Tregomma Chevalier de l'Ordre du Roi, Ens~igne
de cent Lances des Ordonnances de sa Majesté, sous la
Charge de Messieurs de Saint Pol, et Duc de Longueville,
Saint Denoüal, Sieur et Vicomte dudit
Messire Jacques de
lieu, Chevalier de l'Ordre du Roi, Messire Georges Thomas,
Sie~r de la Cosnelaye, aussi Chevalier de l'Ordre, et Ensei­
sa Majesté,
gne de cinquante Lances des Ordonnances de
sous la Charge du Seigneur de la Hunaudaye.
« De l'Evêché de Tréguer: François de Kerousi, Ecuïer,
Sieur du dit lieu, Messire Jean Loz, Chevalier, Sieur de
Kergoanton.
« Seroit aussi comparu Noble Homme Maître Guillaume
de Francheville, Sieur du Len, Avocat du Roi, en la Charp.­
bre des Comptes, et Député par les Gens des Etats, comme.
Officier de ladite Chambre. )~ .

III. La session. de Rennes n'avait pas suffi au labeur
de la réformation définitive. Il y avait eu .. d'ailleurs, ab-
sence forcée et presqu.e totale des. trois ordres de l'évêché
de Nantes .
Une session finale s'ouvrit à P10ërmelle 16 octobre 1580 ..
dont mention fut faite en ces termes :

« Nous dits commissaires et Jacques Foucault, conseiller
et Président aux Enquêtes de ladite cour, aussi nommé et
commis par lesdites Lettres Patentes de commission, n~us
serions le seizième jour d'Octobre audit an trouvés en la
ville de Ploërmel, en laquelle avoit été .faite par comman­
dement du Roi, la convocation desdits Etats généraux; au­
quel lieu se seroient aussi trouvés lesdits Budes, Procureur
Général, et d'Argentré, sénéchal de Rennes, et étant tous.
ensemble en .ladite ville de Ploërmel, seroient venus par
devers nous Messire Pierre Foullé, Abbé de Saint Je8.il
Desprez lès Josselin, Pierre, de Bardi, Archidiacre de La­
mée en l'Eglise de Nantes, les sieurs Comte de la Mai­
gnanne et du Plessis Josso, Maître Rolland Charpentier,
et Yves TaUon Procureurs des Bourgeois et Députés des
Villes de Nantes et Vennes, lesquels nous auroient dit
avoir été commis par les Gens desdits trois Etats, qui
étoient assemblés du couvent des Carmes dudit Ploërmel
et envoïés par devers nous de leur part, pour nous deman­
der le Caïer de la réformation de ladite Coûtume; qui avoit
été par nous et leurs Députés arrêté et signé à Rennes ès
mois d'Avril et Mai derniers, afin d'en avoir lesdits Gens

des Etats communicatio~, et ic~lui voire n~ûrem~nt-, et qu:e
Messire Nicolas l'Angeher, ~veque de Samt-Brieuc, aVOlt
été commis par le corps desdIts Etats, avec aucuI}s autres ,
particuliers dudit Clergé, de la Noblesse et Tiers-Etat, pour
voir ensemble ledit Caïer, et après en faire leur raport en
leurdite Assemblée générale; suivant laquelle requête nous
aurions envoïé audit Evêque de Saint-Brieuc" par ledit
Gautier notre Greffier une copie dudit Caïer, par lui colla­
et signée, et le vingtième dudit mois d'Octobre se­
tionnée
roient retournés pa,r devers nous lesdits Députés, lesquels
auroient dit avoir vû la copie du Caïer de ladite ré­
nous
formation, laquelle leur avions fait bailler par notre dit
et mis par écrit par forme de Remontrance, ce que
Greffier,
être changé, corrigé, ou éclairci
leur avoit semblé devoir
sur aucuns articles d'icelui Caier; lequel écrIt ils nous au­
roient prèsenté, et requis que sur lesdites remontrances
leur eussions fait réponse aussi- par écrit auparavant con­
et publier le Caïer de ladite réformation. Et après
clure
a.voir vû ledit écrit, lenr aurions, dit que lorsque ferions
lire et publier en l'assemblée générale desdits Etats, ledit
Caïer de ladite réformation, ils pourroient en l'endroit de la
lecture des articles, sur lesquels ils ont trouvé à dire, pour
l'augmentation, éclaircissement ou diminution, dire et pro- '
leurs raisons, et faire telles remontran­
poser de vive voix,
ces et requêtes que bon leur sembleroit, sur lesquelles nous
leur ferions réponses, et pourvoirions sur le champ par
l'avis même de ceux de ladite Assemblée, en laquelle nous
aurions dit qu'entendions aller sur les deux heures de l'a­
près-midi du même jour, pour commencer la lecture et pu­
dudit Caïer, afin qu'ils en eussent averti les Gens
blication
desdits trois Etats, ce qu'aussi aurions fait publier à cri
en ladite Ville. Et à ladite hèure nousdits Commis­
pub1ic
saires, et ledit Procureur Général, serions entrés en la
Grande Salle c1udit Cou yent des Carmes, où aurions trouvé
Etats assemblés en grand nombre.
les Gens desdits trois
Et aprés avoir fait lire par ledit Greffier les Lettres Patentes
du Roi de notre dite Commission, et les notres particulières
ci-devant insérées, contenant l'assignation par nous donnée
ausdits Etats généraux, pour y faire publier le Caïer de la­
Procureur Général auroit remontré
dite réformation. Ledit
comme avec les Députés desdits Etats, il auroit été par
nous dês le mois d'Avril et Mai derniers, procédé à la ré­
formation desdites Coutumes, et que pour içelles voir 'pré­
sentement publier en cette Assemblée d'Etats généraux.
tous les Evéques, Abbés, Prieurs, Couvents, Chapitres et
autres Ecclesiastiques, même les -Ducs, Barons, Comtes,

Vicomtes, Seigneurs, Chastelains et autres Nobles, et les
Procureurs des Villes et Communautés de cedit Païs y au­
roient été en vertu de notredite Commis'sion du vingt­
unième d'Aoust dernier, assignés par les bannies et procla­
mations qui en ont été faites par toutes les Villes et Juri­
dictions roïales. de cedit Païs, requerant qu'ils fussent pre­
sentement appellés en général et par chacun Evêché, ce
qu'aurions ordonné être fait par le Héraut desdits Etats.
Auquel appel ont comparu .~ Pour le Clergé de l'Evêché de
Rennes: Messire Pierre Allain, archidiacre du Désert en l'é­
glise de Rennes et Recteur de Ballazé,Procureur des Evêques,
Chanoines et Chapitre de Rennes. De l'Evêché de Nantes:
Messire Pierre de Bardy, Chanoine et Archidiacre de
Lamée en l'Eglise dudit Nantes. De Dol, ledit Messire
Pierre Allain, aussi Chanoine en l'Eglise de Dol. De Saint­
Malo, R. P. en Dieu Messire François Thomé, Evêque du­
dit lieu, et ledit Messire Pierre Foullé ... Abbé de l'Abbaïe de
Saint-Jean des Pretz. De Cornoüaille, Maître Yves Toula­
len, Chanoine et Chantre en l'Eglise dudit Cornoüaille.
Pour les Evêques, Chanoines et Chapitre dudit lieu de
Vennes, Messire Jean Guynot, Chanoine en l'Eglise dudit
lieu, et Maître Loys Theart, Proc:ureur de Messire Hector
Paul Scoti, Abbé Commendataire de l'Abbaïe de Saint­
Sauveur de Rhedon. Pour le Clergé de Saint-Brieux, R. P.
en Dieu Messire Nicolas l'Angelier, Evèq,ue dudit lieu. Pour
les Evêques, Chapitre et autres EcclésIastiques de Léon,
n'aUl'~it aucun comparu. Et pour l'Evêque et Chapitre de
Treguier, Messire Guillaume du Huelgoüet, Chanoine de
ladite Eglise.
« Et pour l'Etat de la Noblesse dudit Evêché de Rennes,
ont comparu Maître Guy Meneust, Sieur de Brequigni ...
Avocat en la Cour de Parlement, Conseiller et Procureur
Général en ce Païs, de la Reine Mère du Roi, Dame usu­
fruitriere de la Baronnie de Fougères, et des Seigneur:s:;
de Saint-Aubin du Cormier et Liffré, Maître Guillaume
Godet, Sieur de Booz, Avocat en ladite Cour, Procureur du
Seigneur Comte de Laval, Monfort et Quintin, Baron de
Vitré, Vicomte dudit Rennes ... etc. lequel, audit nom, a pro­
testé que quelque réformation qui se fasse de ladite Coûtume
elle ne pourra nuire ni préjudicier aux droits patrimoniaux,
privileges anciens, usemens locaux et particuliers dudit
Seigneur de Laval, ni de ses droits de Prevôté, exemptions
et immunités de lui ... ses hommes et vassaux, sans préjudice
de laquelle protestation générale, dont' a demandé acte lui
être délivré, a dit qu'il répétoit les opositions par lui ci­
devant formées au nom dudit Seigneur de Laval, contre

certains articles ~apo~'t,és en l,adite. Coutû.me réformée; sur
lesquelles a reqUls lUl etre fait drOIt, LedIt Meneust, Procu­
reur de Messire Charles de Cossé, Comte de Brissac, et
Seianeur de la Guerche, et de Dame Judith d'Acigne sa
fen~ne, Dame D'acigné, Malestroit, Chateau Giron, Fonte­
nay la Gresillonnaye, Chateau-Loger, Polligné, Messire "
Jeal~ Rosmadec, Chevalier, Seigneur du Plessis-Josso,
Procureur de Jacques Sieur de Sevigné, encore ledit M~­
neust., Procureur de Messire René de Theillac et de Dame
Louïse d'Epinay sa femme, Sieur et Dame du Bois-Dulliès,
la Fontaine, Messire François du Gué, Sieur Vicomte de
et de la Gaudinaye, etc. Chevalier de l'Ordre
Mejusseaume
du Roi, Capitaine et Gou verneur:' de Rennes, et Soûlieutenant
de cent Lances des Ordonnances du Roi, sous la charge de
Pair de France, Gouver­
Monsieur le Duc de Montpensier,
neur et Lieutenant, Général pour sa Majesté en ce Païs,
Messire Julien Botherel, Sieur Vicomte d'Apigné, aussi
l'Ordre du Hoi, Messire Hené de Langan, Sieur
Chevalier de
du Bois-Fevrier, Chevalier de l'Ordre du Hoi, Messire Hobert
du Bois Chevalier, Sieur du Bois de Pacé, noble homme An­
d~ la Boüessiere, Sieur de Beauvais Bourg-Barré, Le
toine
Sieur du Plessis d'Argentré, Messire Jean l'Evèq ue, aussi
Chevalier de l'Ordre du Hoi, sieur de la Sillandaye, et de la
Ville Briend, Jean du Han, Ecuïer, Sieur de la Metterie,
Fourmont, Escuïer, Sieur de la Hallegroye.
Guillaume
« De l'Evêché de Nantes: Maître Loys de Cadillac, Sieur
de la Marche, Licentié aux Droits, Alloüé et Juge ordinaire
la Vicomté de Rohan, et Pierre du Fesvre, Sieur de Ke1'­
vadio, Procureur Fiscal en ladite Vicomté,/ Procureurs spé­
ciaux du Seigneur Vicomte de Hohan, Prince de Léon,
Porhoët, etc. lesquels ont répété les précédentes
Comte de
et protestations faites par devant Nous -au nom '
opositions
dudit Seigneur de Hohan. Et y ont p~rsisté à ce que par la
réformation qui auroit été ci-devant faite, ou le seroit ci­
après, il ne seroit préj udicié, dérogé, ni innové aux .anciennes /
Coûtumes particulieres et usemens locaux, droits, libertés,
et privileges qui lui apartiennent, et dont 1 ui, ses hommes
et vassaux ont droit, et sont en possession de j oüir et user;
Messire Claude Auger, Seigneur de Crapado et de la Chau­
l'Ordre du Hoi et Gentilhomme
veliere, etc. Chevalier de
ordinaire de sa chambre, Messire Bonaventure de la Musse,
Sieur de la Musse de la Chese-Girault, etc.,
Chevalier,

Charles de Ploüer, Sieur du Bois-Hoüault, Che­
Messire

valier de l'Ordre du Hoi .. Messire Claude du Breil, Sieur de
la Mauvoisiniere, aussi Chevalier de l'ordre de sa Majesté,
Pierre de la Motte, aussi Cheva.lier de l'Ordre da
Messire
BULLETIN DR LA SOi:. ARCHÉOL. DU FINlSTÈIUl. . TOME IX. 13

Roi, Sieur de Longl~e, Montigny, etc. Gentilhomme ordi­
naire de la Chambre du Roi, François de Bruc, Ecuïer
Sieur des Guillers. '
« De l'Evèché de Saint Malo, Maître Pierre le Goüesbe,
Procureur spécial de Messire Philippe du Russec, Seigneur
dudit lieu, Baron de Sens, Seigneur de Saint Brice" Vicomte ,
du Bois de la Roche, Chevalier de l'Odre du Roi, Conseiller
en son Conseil Privé, Capitaine de Cinquante Lances des
~rdonnances dudit Seigneur, Gouverneur pour Sa Majesté
au Païs et Duché d'Angoulmois, Jacques Picault, Sieur de
Procureur special de Messire Amaury Gouyon,
Morfoüace,
Baron de la Moussaye, Comte de Ploüer, etc. Chevalier de
rOrdre du Roi, Capitaine de Cinquante Lances des Ordon­
nances de sa Majesté, Messire Claude Rosmadec, aussi
Chevalier de l'Ordre de Sa Majesté', Sieur des Chapelles de
Saint Joüan et de Ros, Messire Jean d'Avaugour, Sieur de
Saint Laurens et ,du Bois de la Motte, Messire Jean le Bou­
Sieur des Landes et de Maupertuis, Chevalier de
teilller,
l'Ordre du Roi, et Capitaine des Gentils-Hommes de
Messire Françôis de Monterfil, Sieur dudit
l'Evêché de Dol,
aussi Chevalier de l'Ordre de sadite Majesté, Noble
lieu,
de Trecesson, Sieur dudit lieu, Messire
Horr,me Gregoire
Georges Thomas, Sieur de la Cosnelay.e et de Vaunoise,
aussi Chevalier de l'Ordre du Roi, Gentilhomme ordinaire
de sa Chambre, et Enseigne de cinquante Lances des
Ordonnances de sa Majesté, sous la charge duSeigneur de
la Hunaudaye, Jean du Guiny, Sieur de la Garoullaye, et
de Bonnaban, Gilles du Guiny, Sieur de Queheon, Capitaine
de Ploërmel, Messire François de Tremigon, aussi Chevalier
de l'Ordre du Roi Sieur de Langan, Noble Homme Loys le
Prestre, Sieur de Lezonnet, Capitaine des Ville et Chateau
de Conq, Messire Pierre Brehault, Chevalier de l'Ordre du
Sjeur de la Rivière et de Malle-Ville, Noble Homme
Roi,

Jean Vuirart, Sieur' de la Ville-Voisin, de Plumaugat,
Ecuïer Sieur de Treveleuc.
« De l'Evêché~ de Cornoüaille, Messire Jean Rosmadec,
sieur du Plessis-Josso, Procureur spécial du Sieur Baron
du Pont et de Rostrenen, vicomte du Fou'et du Besso, Mes­
sjre Troillus de Mescouëz, Marquis de Coëtrenoël, Baron
de la Joueuse-Garde, Chevalier de l'Ordre ,du Roi, Gentil­
homme ordinaire de sa Chambre, Capitaine et Gouverneur
des Ville et Château de Morlaix, Messire Nicolas de Tivar­
len, sieur de Kerharro, aussi Chevalier de l'Ordre du Roi,
Jean de Plœuc, Ch.evalier, Sieur de Brignon, Vin­
Messire
cent de RinaiSOri, Ecuïer, Sieur de Beaucours.
« De l'Evêché de Vannes, Messire Claude Rosmadec,

Chevalier de l'Ordre du Roi, sieur de Chappelles, Procu-
reur spécial de Dame Marguerite de Beau-manoir, tutrice
de Bastien Rosmadec, Seigneur de Mollac, de Rosmadec,
de Tivarlen, lequel audit nom a dit s'oposer à la réforma­
tion desdites Coûtumes, en ce que par icelles seroit dérogé
aux droits privilèges, prérogatives et prééminen­
ou innové
dont elle a accotumé de jouïr et user, Mesire Jean Pa­
ces
pin, Chevalier, sieur de Pontquallec, de Quifistre et de Bri­
gnac, Messire Jean Rosmadec, Che.valier, sieur du Plessis­
Josso, et de Lesnehué, Messire Vincent de Kerveno, Cheva­
l'Ordre du Roi, sieur dudit lieu, de Baud, et de Ker­
lier de
lan, nobles hommes Jacques dé Rimaison, sieur dudit lieu
et du Trest, Tanguy Henry, Ecuïer, Sieu!' de Quingo, Jean
du Boderu, Ecuïer, Sieur du Kergantel,
le Sénéchal, Ecuïer, sieur de Kercado,
sieur de Ketdreho, Olivier Ezue­
Loys du Boderu, Ecuïer,
nart, Ecuïer, sieur de Kerangat, Jean le Moulnier, Ecuïer,
sieur de Gemarut, Abel du Houlle, Ecuïer, sieur de Trous­
corf, et Guillaume Philippes, Ecuïer, sieur de Resto .
« De l'évêché de Saint-Brieuc, sont comparus Maître
Jean Le Gascoign, se disant Procureur du Seigneur Baron
d'Avaugour, de Goëllo, lequel auroit dit s'oposer pour ledit
sieur, à ce qu'il ne soit rien fait, ni innové au préjudice de
ses droits patrimoniaux et usements de sa Seigneurie de
Anne de Sanzày, Comte de la Maignanne,
Goëllo, Messire
Seigneur de Mollac, etc., chevalier de l'ordre du Roi, Gen­
tilhomme ordinaire de sa Chambl~e, Capitaine et Gouver­
neur de l'Isle de Noirmoustier, lequel a dit s'oposer à la pu­
blication que l'on veut faire desdites Coûtumes, en ce que
par icelles seroit fait aucun préjudice à ses droits et privi­
lèges tant héreditaux que particuliers, et audit cas a pro­
testé d'apeller et se pourvoir, comme il .appartiendra, Me~­
sire Thomas du Guemadeuc, Seigneur dudit lieu, de Que­
briac et de Beloçat, Vicomte de Rezay, Chevalier de l'Or­
dre du Roi, et se disant grand Ecuïer héreditaire de Bre­
tagne, par Maître Georges Bardoul, Ecuïer, sieur de la
Ville-Picault, Notaire, Secrétaire du Roi, son Procureur,
Messire Jacques le Voyer, Chevalier de l'Ordre du Roi,
Seigneur de Tregommar, Enseigne de cent lances des Or­
donnances de ô,a Majesté, sous la charge du duc de Lon­
gueville, Messire Christophe de la Roche, sieur de la Tou­
l'Ordre du Roi, noble homme Jean
che-Trebrit, Chevalier de
Maupetit, sieur de la Ville-Mau petit .
« De l'Evêché de Léon, Messire Loys, Seigneur de 1(er­
maven et du Seiz Plous, Messire Vincent de Plœuc, Che­
va.lier de l'Ordre du Roi, s'lem' du Tymellr.

« De l'Evêché de Treguier, nobles hommes Pierre de
sieur dudit Feu, Jean Loz, Ecuïer, sieur de
Courtadren,
Kerguenton, et Yves de Lenloup, Ecuïer,sieur de Kercabin.
« Pareillement aussi ont comparu pour le Tiers-Etat,
Maître Gilles Lezot, sieur de la Ville-Geffroy, Procureur des
manans et habitans de Rennes, Maître Antoine
Bourgeois,
de Brenezay, MaÏl:e, et Rolland Charpentier .. Procureur des
manans et habitans de Nantes, Allain Guillaume
Bourgeois,
et Jean Josset, ProGureur des Bourgeois et habitans de la
Ville de Saint-Malo, Maître Yves Tillon et Jean Chesdasne,
Procureur des Bourgeoïs et habitants de Vennes, Michel
Perrault, Procureur des Bourgeois et habitants de Quim­
percorentin, Michel Pommeret, Procureur des Bourgeois
et habitans de Saint-Brieuc, Maîtres Julien Charpen-
tier et Jean de la Houlle, Procureurs des BourgeOIs et
habitans de Ploërmel, Guillaume Hamon, Procureur des
et habitans de Dinan, Maître Auguste Tregit,
Bourgeois .
Procueeur des Bourgeois et habitans de Fougeres, Maître
Loys Theart, Procureur des Bourgeois et habitans de Re­
clon, Jacques Bellec, Procureur des Bourgeois et habitans
de Hennebond.. , Procureur
des Bouegeois et habitants de Morlaix, Pierre de Kerandec
pour Jean son frère, Procureur des Bourgeois et habitans
de .la Ville d'Auray, Guy de Gennes et Jacques le Fau­
cheux, Procureur des Bourgeois, manans et habitans de
Maître Pierre Turpin, Procureur des Bourgeois et
Vitré,
habitans de Guingamp, Maître René Roy et Julien Joüan
pour ceux de Josselin. » .

IV. Restent à citer, textuellement aussi, à' raison de
leur importance, les passages suivants du même procès-
verbal: .

« Sur le DCXXXIV qlii est le pénultième, les dits gens
« des Etats ont requis que les mots ajoutés à la fin du dit
(C ~rticle contenant 'sinon en ce que expressément il y se­
« rait dërogé,' fussent raïés, disant que ce serait abolir
« plusieurs usements et droits particuliers qui sont outre
« et contre aucuns articles de cette réformation, les 'quels
« toutefois ont été reçus et en ont ceux qui les prétendent,
« joui et usé -de tout temps jusqu'à présent et ne peuvent
« leur être ôtés sans leur fairè grand préjudice, et pour ce
« ont demandé qu'ils leur fussent réservés et exceptés

« comme ils l'auraient été pal' la réformation faite en 1539 ..
« Aussi ont les' gens des dits États relnontré que sur les al"
« ticles et requètes qui nous avaient été présentés dès le
« mois de mai dernier pour ' régler et rédiger en certaine
. « coutume les droits ct usements du domaine congéable,
« nous aurions remis a y ordonner en cette assemblée gé-
« nérale des Etats où se ferait la publication des coutumes
« réformées ce qui était fort nécessaire pour retrancher la
cc longueur des procès et soulager le peuple des grands
« frais qu'il est contraint de porter pour informer chacun
« pDr des dits droits et usements; à cause de l'incertitude,
« variété et diversité d'iceux :
« Sur quoi après avoir ' ouï le procureur général (qui se
« contenta, d'après le procès-verbal de requérir contre tous
« les non comparants le maintien du projet en discussion),
« avons ordonné que ces mots sinon en ce qui expressé- .
« ment y sel'ait dérogé, demeureront à la fin dudit article et
« que les usances locales de Rennes, Goello, Vennes, ville
«. et comté de Nantes seront ajoutées et écrites à la fin de
« ce livre coutumier comme elles étaient au précédent, et
« quant aux droits et usements de domaines congéables,
« que les faits contenus aux caïers, requêtes et mémoires

« qui nous ont été présentés, seront arrètés par écrit sous
cc le seing du procureur des États ou autre fondé de pou­
« voir ou procuration valable et communiqués au procu­
« reur général pour ce fait, y être ordonné ce que de rai-
« son. Et cependant ceux qui prétendront les dits droits de
«. convenant et domaines corigéables en useront et joui­
cc l'ont, comme ils ont fait au tems passé bien et duement. »
V. Enfin, la transcription suivante de l'altière préface

de l'Aitiologie.J permettra de donner des allures et du ton
de l' œuvre, une idée suffisamment exacte pour dispenser
de citations plus amples : « Primum omnium prœdictum
« volo, ne quis hoc quidem loco commentarios a me de

« juec Romano cxpcctet: prœstabitur ista fortasse qualldo
« que opera, si liceQit. Sed cum multis, hisque gravibus de
« causis, ordines Panbritannico suo conventu, veteris con­
« suetudimis scriptum, refol'mal'i a principe obtinuissent,
« publica obtestatione petiere, ut ego ea de re consultan-
« tibus interesse vellem, atque adeo relationibus adessem,
« quce quâque de re apud commissarios scisci peterentur,
« quos inter ipse adscriptus essem. Parui, nec publicœ
« curœ deesse volui. qui vetus forum et rerum judicata­
« rum curricula, et successionnes judicantium vidissem.
« El'gO in eonventu ordinum disserui, quœ cujusque in ar­
« ticuli mâteriâ controversiffi incidissent, descripsi sensu,
« quid ad scriptum hactenus defuisse videretur, quid usu
« mutatum, alio atque alio tempore aut valuisset, aut vero
« viluisset, et ut ista explicate articulis comprehenderen­
« tur, admonui. Multa:ibi sapienter ut ego quidam judico,

« nec tamen omnia ex omnium sententia su nt constituta,

« sic denique ut multum omnino malœ frugis decessisse
« palatiis confidam : et si omnia omnibus licere putantul:,
« libertatem censendi plerique vocare sunt soliti cum re­
« rum imperiti, censuram sibi de rebus quibusque arro­
« gant, et (ut Paulus loquitur) volentes esse legis doctores,
« nesciunt de quibus loquuntur, nec de quibus affirmant:
« ambitiose, pervicaciter, insolenter, inepte de magnis re­
« bus statuere, vulgus hominum suffragii jus vocare
« soIent. Quid? pugnare quosdam supercilio ingenti qui­
« dem illo, sed hebeti et retuso telo cum ratio non suc-
« cuerit : enimvero et studiis contra tendentium quiddam,

« et si l'arum id quidem cessisse indoluerent boni. Sed
« quid facias? Non tam bene cum rebus humanis agitur

« ait quidam magnus magister merum, ut meliora sem­

« pel' pluribus placeant : nullœ sine talibus curœ publicœ
« transiguntur. Quare quid inter eos actus in controver- .
« siam venerit, quid propositum, quid contradictum, quid
« denique consensu obtinuedt, in animo est tradere : quid

« si non industriœ, labol'ls cel'te et diligentiœ pal's non
« exigun fui, ut habeant posteri de quibus censeant ipsi ...
« Quœ tarnen omnia non eo dicta accipi volo, ut ista quœ
« constituta sunt, ullo unquam tempo1'e mutanda cen­
« seam ... sed ut admo'neantur magistratus., si quid bene
« agentibus incogitantius accidit (et spero l'arum id fore
« articulis ut puto, non amplius 13) judiciis temperandum.»

INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES

1. Dans la Préface de la premiére édition de son His­
toire de Bretagne (1)., Bedrand d'Argentré dit de ses

prédécesseurs : « Taschan t toujours a mieux faire, ils
« se sont toujours aisément passés du bien dire aujour­
« d'hui tro]J plus affecté ... Et plus eussé-je fait, ajouta­

« t-il, si tous ceux qui ont des enseignements aux coffres
« m'en eussent secouru comme ils devaie,nt par raison et
« pour leur honneur ... Les affaires, en magistrat célèbre,
« poursuivit-il, m'auront tantôt fait consommer quarante
« ans de temps avec. quelque réputation non commune
« parmi les flots qui ont pass~ tant de guerres que d'en­
« nuieuses paix~ .. sans en avoir rapporté quelconque ré­
« compense particulière, combien que n1éritée, fors une
« bienveillance de quatre roys et de la meilleùre part des

« vivants qui en avaient connaissance. » Enfin il dédaigne
et raille « les bien disans français... adonnés au délieat
« embellissement de leur langue. » Si son histoire est in­
complète., c'est parce qu'il fallait bien leur laisser quelque
chose a faire (2). .

(1) Paris, Dupuy, 1582, in-folio. -
(2) Consulter: 1° 'Vie de Bertrand d'Argentré. Rennes, Duchesne.
1820. in-8° (simple Notice de circonstance, devenue fort l'are)~ par
MIORCRC DE l\.ERIJANET, et l'excellent arlicle de la biogl'éiphie LEVOT. •

II. ' Les ouvrages de d'Argentré relatifs à la Coutume,
l'estèrent par excellence, le corps du- droit breton, même
depuis l'importance hors ligne que nombre d'œuvres de
doctrine et de jurisprudence acquirent successivement à
dater de l'époque où rivalisèrent de savoir, à Rennes, le bar-
rea'll, l'école et la magistrature. •
« En 1608, écrivit Pierre Révin (1), on imprima en un
«( seul volume. tant ses premières œuvres que les posthu-

« mes qui n'avaient point eu sa dernière main, que l'on
« disposa selon l'ordre des titres de la Coutume, ce qui fait
« que l'on y void quelques ' contradictions.... J'advertis,
« ajouta-t-il, les curieux de livres que du grànd nombre

« dJéditions qui ont esté faites, la troisième de l'an 1621
« est la meilleure. » La quatrième (2) fut imprimée sur un
manuscrit préparé de la main même du président Charles
d'A.rgentré, l'un des fils de l'auteur. -
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, l'étude de plus
en plus laborieuse, des COlitumes de Bretagne et des œu­
vres de Bertrand d'Argentré) reçut l'impu,lsion la plus vive,
de l'ouvrage déjà cité de Pierre Révin (3).
Peu de temps après (en 1689) parut une sorte de diatribe
intitulée: Observations sommaires sur la Coutume de Bre-
« tagne pour faire connaitre le sens qu'elle avait dans son
« origine et celui que l'usage luy a· donné avec) la rédac-

(t tion de la même coutume selon l'ordre des matiéres et la

« pratique ordinaire du pays (4). » L'auteur, Pierre ABEL,
avocat en Parlement, dénonça maintes dispositions abso­
lument inconciliables (à son ,avis) avec la raison et le bon -
sens.

(1) Avertissement concernant la 'troisième édition des arréls de Frain.
Renne~, Garnier, f684, in-40. ' .
. (2) Paris, Buon, f628, in ·folio.
(3) Mort en f692.
,4) Laval, Ambroise, f689, ÎlI-4° .

La conférence des trois coutumes, la détermination du
sens et de la portée de leurs principales dispositions, leur
histoire elle-même, incidemment toutefois, donnèrent lieu
durant la première moitié du siècle suivant, à des publica­
tions du plus haut intérêt. On eût dit d'une sorte de pres-:­ •
sentiment tant de l'évolution qui devait survenir avant la
fin du m.ême siècle, que de la nécessité de faire jaillir d'un
passé qui de plus en plus s'éloignait, quelques dernièrs
rayons de lumière.
Ainsi s'expliquent le légitime succès de la mise au jour
des œuvres posthumes de Pierre Hévin (1) et l'œuvre, à
tous égards si remarquable, par laquelle Poullain-Du­
parc (2) voulut préluder à la publication de son traité inti­
tulé Principes du droit français (3). Il n'est pas besoin
d'ajouter que le docte breton fut l'un des jurisconsultes du
siècle,dernier qui réussirentlemieux à dégager de l'ensem­
ble des coutumes, les éléments d'une législation à l'usage
de la France entière.
Une bibliographie quelque peu circonstanciée des œu­
VI~es ou publications concernant les coutumes, serait un
service signalé rendu à l'étude de l'histoire de STetagne .

(f) Rennes, Vatar, 1734, in-40.
(2) Coutumes générales du pays et duché de Bretagne.
Rennes, Va-
17415-1748, 3 vol. in-40. .
tar,
(3) Ibid. 1767-1771, 12 vol. in-12.

LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU FINISTÈRE (NOTICE SUR)

D APRES LES PROCES-VERBAUX DES SEANCES
La Société archéologique du Finistère date de 1845; elle
compte donc aujourd'hui 37 ans d'existence.
Elle doit sa création à l'initiative des membres de l'Asso­
ciation bretonne, fondée à Vannes deux annéQs auparavant .
et qui subsiste encore.
La première réunion eut lieu à Quimper le 27 mai 1845,
sous la présidence de M. Aymar de Blois, président de la
classe d'archéologie de l'Association bretonne... l'un des
membres délégués pour la formation des sociétés départe-
mentales.

Les membres qui assistèrent a cette sèance sont au
nombre de 18; ceux qui convoqués ne purent assister et
adressèrent leur adhésion sont au nombre de' 33 ; enfin
3 adhérents nouveaux furent prèsentés et admis.
Je ne puis, dans cette courte notice, vous donner les
noms de ces 54 personnes que yappellerai volontiers les
fondateurs de l'archéologie dans notre département; mais
qu'il me soit cependant permis de c.iter au hasard quelques
noms qui restent chers à notre Société. 1

Parmi les morts, et ils sont bien nombreux: M. le baron
Boullé, Préfet du Finistère; Mg.!' Graveran, Evêque de
Quimper et de Léon, qui témoignaient ainsi de l'intérêt
qu'ils prenaient à nos études.
M. Louis de Blois, père, M. Aymar de Blois, son fils,
qui fut si longtemps notre prèsident, et qui tous deux ont
laissé des travaux qui font la gloi~e de la Société.
M. le chevalier de Fréminville, dont les ouvrages sont
aux mains de tous les archéologues bretons. .
Louis de Jacquelot, le docteur Le Bir, restés fidèles
à la Sociétè et décédés récem ment.

. Parmi les survivants: M. Th. de la Villemarqué, aujour-
d'hui notre Président; M. l'abbé du Marc'hallach, notre
vice-président; M. Roussin, qui fut aussi notre vicè-prési­
dent; M. Bigot, architecte diocésain; M. Joseph de
J acquelot; M. Colomb, conseiller de préfecture honoraire,
etc., etc., qui tous encore sont inscrits aux contrôles de
notre Société .
Enfin, parmi ceux qui, pour des causes divel'ses, ont
cessé d'ètre des nôtres: MM. Du Chatellier, Prosper Le
Guay, Dorn, Cropp, etc., etc.
Dans cette réunion le règlement de la Société fut adopté;
il porte en substance:

ART. 1 • La Société d'archéologie du département du
Finistère a pour officiers: un Président, un Vice-Président,
un Secrétaire et un Trésorier élus pour quatre ans.
ART. 2. Les Membres de la Société font de droit
partie de l'Association bretonne, laquelle, aux termes de
ses règlements, doit se réunir chaque année dans l'une des
principales villes de l'ancienne province de Bretagne.
ART. 3. Les officiers formant le bureau de la Société
d'archéologie du Finistère, correspondent pour tout ce qui
se rapporte a l'Administration et aux travaux avec la direc­
la classe d'archéologie de l'Association bretonne.
tion de

ART. 4. Les fonds versés par les Membres de la So-

ciété sont à la disposition de la classe d'archéologie de
l'Association bretonne. La cotisation obligée est de 5 francs,
pour l'admission dans l'Association bretonne.
exigible
ART. 5. On ne sera admis dans la Société que sur la
présentation de deux membres déjà inscrits et avec l'agré­
ment de la majorité des Membres présents à la réunion qui
suivra la présentation. - \
ART. 6. ' La Société d'archéologie se réunira lorsque
son burea;.u le jugera con venÇl,ble. Ces réunions auront lieu

'au moins quatl'e fois par année. L'Assemblée pourra se

tenir dans d'autres localités que le chef-lieu du départe-
ment, siège ol'dinaire des séances. .
Après l'adoption de ce reglement il fut procédé a l'élec­
tion des officiers du bureau et les Membres présents
nommèrent:
M. Louis de Jacquelot, Président;

M. le Chevalier de Fréminville, Vice-Président;
M. de Courson, Secrétaire;
M. Bigot, Trésorier; ,
M. de Blois père, fut nommé Pr6sident d'honneur.
MM. Bourl'assin et Aymar de Blois rendent ' ensuite
compte de la découvÇlrte récente d'un tomb~au gallo-romain,

dans la propriété de Kerancoët, en Ergué-Armel, propriété
appartenant a M. Prosper Le Guay.
« Les fouilles que le propriétaire a fait exécuter d'un
« tumulus de trente-six pieds de diamètre sur envil'on trois

« pieds d'élévation,. y ont fait rencontrer douze vas~s ciné­
« l'aires, ajustés par quatre autour de trois bornes dont
« deux cylin(~l'iques ... etla troisième carrée; lesquelles étaient
« alignées au ' centre de cette élévation de terre dans la

« direction nord et sud. Deux de ces vases sont de la
« forme et dimension de ceux a puiser de l'eau et d'une
« pâte grossière. Les autres pIns petits sont de formes
« diverses; Pon a trouvé dans une de ces urnes une mé­
« daille attribuée a l'empereur Trajan. L'on a découvert
« aussi un poignard trés oxidé. » _
Avant de lever la séance MM. Bigot et Aymar de Blois
entrent dans quelques détails sur la démolition (alors
en cours) de la - belle église des anciens Cordeliers de
Quimper.
« Il eut été a souhaiter que cette démolition eut été
« exécutée avec ordre et de manière que les divers mem­
« bres de cet édifice et en particulier les piliers et les

« arcatures ·de ses belles travées eussent pu trouver leur -
« place dans une autre construction religieuse. Mais le
(c court espace de temps accordé pour l'enlèvement des
« matériaux n'avait pal' permis à la' municipalité d'imposer
cc cette charge à l'adjudicataire de ces ruines. »
La deuxième réunion eut lieu au mois de juillet 1845,
sous la Présidenée de M. Louis de Jacquelot assisté de
M. A. de Courson, Secrétaire.
A l'ouverture de la séance M. le Président exprime le
regret de n}avoir pu assister à la séance ou l'assemblée l}a
honoré de ses suffrages et prévenir par ses obse7'vations un
titre dont il est vivement flatté, mais dont il craint de ne
pouooir dignement remplir les jonctions; il prie la Société
de vouloir bien agréer ses remerciments sincères et en

même temps sa démission. .
On procède ensuite à l'admission de cinq nouveaux mem-

bres, au nombre desquels M. P. Le Vot, bibliothécaire de
la marine à Brest.
Puis on examine les diverses questions d'archéologi.e à

traiter au Congrès âè l'Association ,bretonne, qui doit se
tenir à Nantes.
en Bretagne et
L'origine des corporations municipales
en particulier de celle de Quimper donne lieu à qu,elques

remarques de la part de M. A. de Blois .
. « Les titres les plus anciens qui mentionnent la com-
« munauté de çette ville appartiennent au milieu du
« XIVe siècle. Ce sont des lettres du comte de Monfort,
« adressées aux habitants pendant les guerres de la suc-
tc cession. La milice armée était sous les ordres d'un bour­
« geois qui portaitle titre de connétable. Dans le cours du
« XVe siècle cette institution grandit et prend des forces
« et l'on voit par' les procès que soutenait, en 1490, la
« comn1lmauté de Quimper, contre l'évêque et le chapitre,

que la puissance féodale est contrebalancée par celle
« des communes. C'est au XVIe siècle que se place l'apo-

« gée de cette nouvelle puissance du tiers-état. Au XVIIe
« l'autorité royale qui avait favorisé ' ses progrès s'attache
« à réduire son indépendance. La création des intendants,
« empiétant peu à peu sur les libertés de la constitution
« communale, prépare les communes à la soumission ad­
« ministrative à laquelle elles sont assujetties depuis 1789.»
La réunion suivante eut lieu le 5 janvier 1846.
Ou procéda d'abord à l'élection d'un Président en rem­
placement de M. Louis de Jacquelot, non acceptant, et d'un

Secrétaire en remplacement de M. de Courson, qui n'ha-
bitait plus le Finistère. .
Furent nommés: Président, M. de Blois et Secrétaire
M. Verdun. .
L'Assemblée émet ensuite plusieurs vœux dont qu.elques-
uns ont eu depuis une exécution qui s'est fait cependant

longtemps attendre.
On demande d'abord la création d'un Musée archéolo­
gique ou tout au moins un local affecté au dépôt des ob­
jets d~antiquité du d~partement. On pourrait y réunir d~a­
bord plusieurs médailles enfermées sans classement dans
un tiroir de la bibliothèque publique; les douze vases ciné­
et dont M. Le Guay a fa if '
raires récemment découverts
hommage à la SQciété et les dons volontaires.
On demande encore le rétablissement de la ' statue du

roi Grallon, sur la cathédrale de Quimper; la restauration
de l'église du Folgoët; la conservation de l'église de
Gliipavas menacée d'une destruction complète.
On demande enfin que la Société intervienne pour
assurer la conservation des matériaux épars de la jolie
Plogastel-Saint-Germain, dont la chute est si
église de

regrettable, et des pierres, numérotées en vue d'une pro­
chaine reconstruction du clocher de Lanbadei' .

La quatrième sèance, porte la date du 15 février 1846.
M. le Préfet introduit pour la première fois au sein de
place au bureau comme Président
l'Assemblée prend
d'honneur, et « 'dans une chaleureuse allocution, écoutée
« avec une attention soutenue, il exprime le plaisir qu'il
« éprouve à se trouver au milieu d'une Société dont l'éta­
« blissement. lui a causé la plus vive satisfaction, soit
« comme breton, fier des monum'3nts dont nos pères ont
« semé le sol natal, soit comme administrateur chargé de
« veiller à la conservation de ces monuments. Il promet
« son concours aux utile's travaux de la Société, non pas '
. « dans la partie active., à cause des occupations dont il est
« surchargé, mais en ce qui touche les secours qu'il

« pourra obtenir du Gouvernement. »
« Répondant ensuite aux vœux émis dans la précédente
« réunion, M. le Préfet témoigne le regret de ne pouvoir

« disposer d'aucun local propre à l'établissement d'un
« Musée d'archéologie, mais il déclare qu'il affectera au
« prix du local choisi par les Membres, les fonds dont il
« pourra disposer.
« S'occupant de l'église de Guipavas, il fait connaitre
, « que d'après le plan déposé à la Préfecture, le portail
« sera conservé; les travaux à exécuter s'élèvent à
« 38,000, francs dont 30,000 francs sont assurés par la
, « commune et la fabrique; il espère que l'État fera le
« surplus. '
« En ce qui concerne l'église du Folgoët, les entrepre­
« neurs chargés de la restauration du jubé a'vaient brisé
« quelques pierres; mais après enquête il a été reconnu
« qu'il n'y avait pas de leur faute et que la solidité du
(( monument n'était pas compromise, en conséquence les
« travaux seront repris sous peu.
necessalres pour
« M. le Préfet a fait les diligences
« assurer la reconstruction du clocher de Lambader; la

« dépense est éVàluée à 18,000 francs. Quant à l'église de
« Plogastel-Saint-Germain, il n'espère pas obtenir les

« fonds nécessaires à sa reconstruction, parce qu'elle
« n'est pas paroissiale; il serait d'ailleurs difficile ' de
« retrouver aujourd'hui les matériaux dispersés et il consi­
« dère à son grand regret cette église comme un monu-
« ment à jamais perdu. » .

Le 30 avril 1846, la Société se réunissait pour la
cinquième fois.
l'attention de l'Assemblée sur le
M. de Blois appelle
mauvais état de l'église du Folgoët: « Elle est menacée
« d'une ruine prochaine. si l'on ne se hâte d'y faire ' des
« réparations, notamment à la toit1,lre, aux plombs et aux
« gargouilles; il y a lieu de refaire les lambris de la nef
« d'entourer d'une grille le jubé, de rétablir la galerie en

« face du chœur, de rétablir les arcs en ogive qui l'ap­
«. puy aient aux piliers de la nef, de consolider les angles

« du jubé; .
M. le Président recommande de plus « l'enlèvement de
cc quelques masures qui encombrent le monument, de con­

« server et restaurer la maison où logea Anne de Breta-
« gne. » Il indique enfin « quelques mesures à prendre
« pour arrêter les mutilations dont l'église est journellè-
ment l'objet.» . , . •
L'Assemblée décide d'appeler immédiatement l'attention
de M. le Préfet sur l'état actuel de l'église du Folgoët, en

invitant. ce magistrat à prendre les mesures nécessaires .

M. de Blois en- ;
Du 24 juin 1846. - Sixième séance. -
tretient l'Assemblée de divers ustensiles d'origine romaine
récemment découverts au Pouldu, à l'embouchure de la
rivière de Quimperlé. Les détails sur cette découveete
donnés par M. La Gillardaie, de Quimperlé, et publiés

clans le journal de la localité, sont ècoutés avec intér'et (1).
M. Lozac'h rend compte d'une découverte que vient de
faire dans la commune de Plomeur M. de Pascal, son
beau-frère. « Il a trouvé une urne intacte, légère, en terre
« noirâtre et ornée de petites vignettes, enfouie sous quatre
« pierres formant boîte. Elle contenait des fragments d'os
« calcinés. La même fouille a fait découvrir plusieurs •

« vases rompus et un fragment de poterie rouge de fa­
« brique romaine. »

La Société d'archéologie du Finistère se rèunissait
aoùt 1846.
pour la septième fois le 2
M. le Prèsident fait connaître qu'il s'est occupé de la re-
cherche d'un local pour l'ètablissement d'un Musée d'ar­
chéologie,et qu'une pièce qui lui a été indiquée comme
au premier étage du Collège de Quimper, sem-
disponible
ble propre à remplir provisoirement cette destination. Il
par écrit la demande à M. le Maire, ce
propose d'en faire

est accepté. .
qui
M. le Président fait ensuite observer que la maison ap-
partenant à Mme Bois et située ~n face de l'Evêché, devant
être prochainement démolie, il y aurait lieu de faire des
à la Société l'acquisition des sta­
démarches pour procurer
tuettes en bois qui en décorent la façade. M. l'abbé Alexan­
dre demande qu'avant d'être démolie la maison soit des­
et que le dessin qui en sera fait pour la Société soit
sinée
accompagné d'une notice sur. cette maison; notice dont les
détails doivent exister dans les titres de propriété que
Mme Bois aurait sans doute l'obligeance de communiquer .
Le 26 septembre 1846, huitième séance. M. de la Py- .
(f), Voir sur celte découverte la Notice publiée par M. Le Men dans
ses Etudes sur le Fmistère, p. f 86.
BULLETIN DE LA. Soc. ' ARCRÉOL. DU FiNISTÈRE: TOl\'1E IX. . j 4

laie résume dans un rapport verbal ses pl'incipales décou­
vertes archéologiques autour de la baie de Douarnenez et
celles qu'il vient de faire aux îles des Glénans . .

« En arrivant à l'île de Penfret sur laquelle est le phare,
il y remÇlrque un gros et antique rempart qui ferme l'entrée
de la presqu'île de Penglenanic et un menhir sur la hau­
teur, à côté de deux mamelons rocheux empi.errés par nos
ancêtres. Au dessous, du côté de l'ouest il signale une
espéce de petite enceinte, peut-être sépulchrale ; plus loin,
à l'occident, un monument composé de pierres dressées
et disposées de maniére à for-
plus ou moins verticalement

mer une petite avenue dirigée du nord au midi et se termi-
nant' à la rencontre d'un autl'e système transversal qui va
. de l'orient à l'occident.
« D'autres pierres enfoncées à fleur de terre ne sont
autres choses que les restes de coffrets funéraires mutilés,
analogues à ceux de l'île de l'Etang ou du Loc'h; enfin,
-on voit au dessus de la petite butte, au-dessus du menhir.
presque gisante sur le sol et qui ne peut être
une table
qu'un demi-dolmen, plus une table posée à plat, accom­
pagnée de deux pierres latérales, qui au lieu d~être par.al­
resserrent un peu jusqu'a leur terminaison par
léles se
quelques autres pierres enfoncées transversalement dans le
sol.
« Ces coffrets funéraires abondent à l'île du Loc . contient au moins deux cents. Ils consistent en quatre pier­
res placées de champ dans la terre qui les recouvre pres­
que entiérement. Les deux plus longues s'alignent ordinai­
rement d'orient en occident, les deux autres sont disposées
il angles droits, de manière à former avec elles
entr'elles
petite loge en carrè, long de 80 centimètres à 1 m. 35 c .
une
sur 50 à 70 centimétres de largeur. Ils sont remplis d'une
et comme celle-ci, ass~re-t-on, ne renferme
terre noire,
jamais d'ossements, il est présumable que ces coffrets n'ont

reçu que les cendres des décédés et sel"aient alors aqté­
rieurs au Christianisme. On rencontre encore quelques­
unes des tables qui 'les recouvmient.
« Notre zélé confrère a rencontré sur la pointe orientale
Saint-Nicolas un épais et antique retranche­
de l'île de
ment en terre et sable, formant une aire dans laquelle on

avait bâti une chapelle et des presses à sardines. Près des
restes de murailles qui en conservent le souvenir, se trouve ~

une petite enceinte, à la partie occidentale de laquelle s'élève
unpeulvar~ dont la hauteur est de 1 mètre. L'enceinte est
longue d'environ 2 m. 50 c. d'orient en occident.
« M. de la Pylaie a aussi porté ses investigations sur
les traces que les Romains ont laissées de. ieur séjour dans
nos contrées.

, « Après avoir étudié dans le département des Côtes ·du­
Nord la voie romaine qui se rend de Corseuil à Carhaix;
il en a recherché le prolongement dans notre département,
jusqu'au village de Troguer.
« De Carhaix, elle passait à Kergloff, puis traversait la
commune de Plounévez par ,un taillis nom.mé Coat .... , puis
celle du Cloître, laissant le bourg au nord ... d'où elle arrive
à l'église de Lannilis, coupe sur ce point la lùute de .?ley-
ben à Brasparts et continue sa direction du nord-est au sud~'
ouest pour arriver à Châteaulin à la 'hauteur de l'auberge

dite Le Pouillot. Là, elle atteint la route départementale'
n° 3 qui a sans doute suivi son tracé pour aboutir à Châ-
teaulin. De là elle passe vraisemblablement par Cast pour
joindre Plonévez-Porzay. Ici elle n'a pu être reconnue
autrement que dans la route vicinale de Douarnenez, où
l'on trouve le village de Kerstrat en Kerlaz et un autre du
nom en Ploaré; mais aux approches de ce bourg on
même
la voit reparaître large et droite au sud-est de l'église; elle
passé ensuite au sud-ouest à une distance de 4 à 500 pas,

ou elle traverse la route de Quimper pour se rendre à
Pouldavid . .
« Pour continuer vers le Cap, elle n'a 'pu sortir de
par l'ouest-nord-ouest en suiv~nt le chemin
Pouldavid que
creux qui forme aujourd'hui le commencement de la rDute
vicinale de Poulla-p. Dans cette direction, on retrouve, en
remontant sur la partie supérieure des landes, une certaine
longueur de ce chemin vicinal, très-solidement -empierrée
et sans doute assise sur la voie romaine. Elle passe ensuite
par Beuzec et Goulien pour aboutir au village de Troguer,
ou devait se trouver un établissement fort important puis­
que le sol est rempli de débris romains sur une étendue de .
sans doute un poste de surveil-
plusieurs hectares. C'était
lance pour le passage des navires traversant le Raz avant
d'entrer dans la baie de Douarnenez ou dans la rade de
Brest, et même de ceux qui doublant la pointe de Saint­
Mathieu entraient dans la lVlanche .
M. de la Pylaie termine sa communication par la nomen­
clature de 14 postes romains dont il a constaté l'existence
autour de la baie de Douarnenez, baie romaine dans

l'A l morique.
Les limites de cette notice ne nous permettent pas de
donner ici cette longue nomenclature, qui cependant ·est
pour nous d'une grande utilité et servira à la rédaction du
répertoire archéologique (1).
Dans cette réunion sont admis plusieurs membres, au
nombre desquels M. de Carné, député de Quimper ... membre
de l'Académie française et notre Président, . aprés le décès
de M. de Blois. . .

(1) 1° La position romaine située à l'entrée de la vallée de Saint-Laurent
et à l'extrémité de la pointe qui s'avance vis-à-vis l'î e de Laber .
2° Les l'estes de murailles romaines pL'ès et il l'occident du manoir
de Pentrès. .
3° Les tuile~-briqlle5 et quelques mOI'ceaux de ciment qui ont appar­
enu an petit établissement surveillant l'aecès du havre de Tréfentec.

La neuvième réunion des Membres de la Société archéo-
eut lieu le 18 octobre 1846.
logique
La lecture du Procés-verbal de la précédente séance
a M. du Châtellier l'occasion de parler d'une sta­
fournit
tuette en bronze, d'environ 8 centimètres de hauteur trouvée
sur ou près la voie romaine de Corseuil a Troguer.

4° Les restes d'une m'!raille romaine dans le petit vallon qui descend
Tresmallouen; muraIlle connue sous le nom de Ty-Couriket et qui se
trouve dans l'intérieur d'un camp entouré d'un fOl't rempart en telTe
avec fossé if sa base. '
0° A quelque distance au sud et à l'entrée du vallon du Ris, SUI' la
droite, des l))'iques, tuiles faitières ct morceaux de ciment, mêlés à
rive
, la terre de la haie qui borde la prairie; sur la rive opposée ct vers le '
pied du coteau des fondations de fortes murailles construites à bain de
mortier.
60 Au village de Plomarch un bout de muraille long de plus de
quarante {Jas et haut de 2 m. 1/2 . .
70 A Douarnenez entre la pointe du Guet et celle d'un moulin il
vent, autre bout de muraille romaine. La gl' a.nde quantité de débl'is et de
briques que l'on trouve en creusant les puits ou les fondations de mai­
sons semble démontrer que cette vilL: est superposée à une cité
romallle. .
8 Tout le sol de la pointe du Guet est rempli de débris romains. En
à l'extrémité du promontoire on a trouvé les fonda­
nivelant le terrain
tions d'nu édifice dont une pièce était pavée en mosaïque.
go A Port-Rhu les restes d'une longue mu raille arri vant jusqu'au bord
du chemin 4 1 1Ï descenù au pasRage de Tréboul t rejoignant à angle

un autre mur qui remonte le cbemlll sur une longueur de 20 pas.
droit
fO De l'autre coté du golfe, ou petit port ou havre de Tréboul d'au-
de bàtlmellts romains. . .
tres restes
1 fO Tout le Joug du senticr qni monte à l'emhï.rcadère de Pouldu
des morceaux de b"iques ; M. de la Pylaie noit que c'e,st là qu'il con­
vient de placer le Vindana portus qu'il avait d'abord cru devoir placer
il Audierne, où il o'a pu trol,ver aucune rUllle romaine . .
f2° Sur le monlicule qùî tel'mine la pointe du Guet le bas d'une fOI'te
muraille, prouabJement les bases d'un phare signalant l'enh'ée du port
truuve le lieu dit Kerlosquel (ville brûlée) Tana signifie brûler et cela
justifierait peut-être Iii translation proposée du port Vendana à

DOIJ amenez et Tréhoul. ,
Des briques romaines à l'onest de Trébo'ul-Coz; un édifice romain
de Jo mi>tres et rasé à fll~ur de t,~l'l'e; une petite forteresse qua­
long
de Ploaré; deux ou trois remparts en terre avec un
dl'an ·ulaire près
fossé qui les isole de la cote a lél pointe de Cas 'el-Mew".
14° Eufin le villil~u de Troguer (h'O, eirconfèrcnce et guer pOUl' ·.Her,
ville) le dernier vers l'extrémité du Cap. C'est là que s'arrêtait le hent
ahès ou Iwnt-meur, et M. de' la Pylaie en conclut que là sc tro ilvnit une
grande ville, principal établissement des hommes autour de la baie de
Douarnenez.

L'emplacement de l'ancienne ville d'ls, ajoute M. du
Châtellier, est nécessairement caché sous les sables que la
mer a déposés sur nos côtes eri les envahissant graduelle­
ment. « Sous les dunes de Plomeur on a découvert depuis
peu un sol où se distinguent aisément les traces de sillons
jadis tracés par la charrue; on y a aussi trouvé plusieurs
. urnes funéraires- contenant des cendres; l'une de ces urnés
(dont il est déjà, parlé dans la séance du 24 juin) porte en
relief un amour qui joue avec un oiseau. Les autres plus
ou moins détériorées ont été rejetées avec d'autres débris
antiques dans l'excavation d'ou on les avait tirés. M. du
M. de
Châtellier pense que de nouvelles fouilles auxquelles
Pascal est disposé à, concourir pourraient fournir quelques
sur l'emplacement de la ville d'ls. »
indices

M. le Président ajoute qu'une statuette à, grelot, un jouet
rl'enfant probablement, a été aussi trouvée aux environs de
, Troguer. Il dit ensuite que l'envahissement des côtes de
la Bretagne par la mer est facile à, constater sur divers
en rétablissant l'ancienne sacristie du Prieuré
points. Ainsi
o "Rénodet, M. Desseaux en a retrouveé l'aire à, 4 pieds
1/2 en dessous du sol que baigne la mer, dont le niveau est
encore plus élevé par rapport à, un canal d'écoulement qu'il '
a, remarqué au-dessous du seuil de la sacristie.
M. de Blois entretient ' ensuite la réunion de l'ossuaire
de la Cathédrale.

« L'Administration appréciant l"utilité des renseigne-
ments que peuvent fournir les Sociétés d archéologie a bien
demande!' notre avis sur la consel'vation de ' l'ancien
voulu
ossuaire adhérent à, la Cathédrale, et qui vient d'être
racheté des deniers de l'État, du département et de la ville,
avec le groupe d'échoppes dont il était entouré. ))
M. le Préfet vous invite à, examiner si cet ossuaire offre
assez dJintérêt sous le rapport de fart pour être conservé.
Dans le cas ou la Société se prononcerait pour la con8e r-

vation,vous êtes invités a indiquer le lieu ou il vous prtraîtralt
convenable de déposer les matériaux pour la réédification
du monument.
Les termes de cette lettre attestent l'idée préconçue
. d'éloigner cet édicule de l'emplacement qu'il occupait. .
très-intéressante, M. le Président
Après une discussion
résume les questions à résoudre comme suit:
1 ° L'ossuaire rnérite-t-il d'ètre conservé ~
2° Doit-il être conservé et restauré sur plllce ?, •
3° Y aurait-il lieu de la transporter sur un autre point ~
L'assemblée, à l'unanimité, résoud les deux premières
questions affirmativement et repousse l'idée d'une trans­
lation qui aurait pour résultat selon elle de détruire
. l'ossuaire comme monument historique et de le mutiler
monument d'art (1).
comme

Du 2 décembre 1846, dixième séance.
M. le Président donne lecture d'une lettre de M. le Préfet
qui lui fait connaître que l'Administration a résolu la
démolition de l'ossuaire de Saint-Corentin et offre à la

Société archéologique de faire enlever à ses frais les maté-
riaux de cet édicule qu'elle pourrait faire reconstruire sur
un autre point. .
La Société considérant que la reconstruction faite ailleurs
serait un non sens, qu'en raison des dégradations qu'a
subies le monument sa reconstruction occasionnerait des

dépenses que la Société ne peut faire, rejette la proposition

de translation au cimetière .

Je termine ici la première partie de cette notice. J'ai

·raconté bien brièvement la fondation de' notre Société et

(1) Voir pour la description de l'ossuaire ]J1onographie de la Cathé­
de Quimper par M. R.-F. Le Men, page 224.

lelS efforts que firent des hommes dévoués pour faire naître
chez nous le goût des études archéologiques. Dans la
seconde partie je me propose d'analyser les délibérations
à ]a dissolution de l'Association bre- .
qui suivirent, de 1847
tonne en 1859 ; je terminerai par un court exposé des tra­
vaux de la Commission départementale qui fut appelée
à remplacer notre .Société, et j'arriverai à Ra
reconstruction définitive en 1873.