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SÉANCE DU 30 JUILLET 1881
Présidence 'de M. le Vicomte . HERSART
DE LA VILLEMARQUÉ
MEMBRE n'E L'INSTITUT
Etaient présents: MM. Audran, Trévédy, Fougeray,
Malen, Faty, Luzel et De Blois, secrétaire .
M. le major Faty, après la. lecture du procès-verbal
de ,la séance précédente, ,demande la rectification
d'une erreur de date qui s'est glissée dans l'analyse
du rapport présenté sur les comptes de la Société
d'archéologie. On lit, en effet, à la page 89, que la
vérification de ces comptes a été effectuée sur la
période du 15 juin au 31 décembre 1881; e'est une.
erreur, la période dont il s'agit, s'étend au contraire
dn 14 juin 1879 au 31 décembre 1880.
M. Audran ajoute quelques mots à ce qu,'il a pit,
. dans la séance du 25 juin, . à propos du moulage des
armoiries de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé,
qu'il a offert au Musée, et complète ainsi ses rensei-
gnements : _
( Tout récemment, le département faisait restaurer le '
cadran solaire qui décore le côté méridional de l'abbaye.
Au sommet se trouvait un écusson martelé, complé-
tement frustre et qu'une malqdroite réparation, faite /
vers 1840,- avait peint aux trois couleurs nationales .
Je fus consulté afin de savoir quelles pièces héraldi-
ques il convenait de rétablir sur l'écusson .. Que repré-
sentait-il dans l'origine? Telle était la question à
résoudre.
( Cet écusson n'était surmonté d'allCune couronne, ni
. . ducale, ni royale, il ne représentait donc ni les armes
de Bretagne ni celles de France; il ne reproduisait
pas non plus le blason de l'Abbé sous l'administration
duquel avait été construit)e cadran, car il n'était pas
timbré de la crosse et de la mître et ces dèux orn'e
ments surmontent toujours les armes de l'Abbé.
( Je conclus dès lors qu'ils devaient représenter les
armoiries de l'abbaye, telles qu'elles étaient au
XVIIe siècle, d' hermines à la croz"x haussée d'or .
( C'est celles qui figurent aujourd'hui et qui sont
reproduites par ]e 'moulage. ))
Sur l'invitation de M. le Président, M. Audran, en
sa qualité de délégué de la Société archéologique du
Finistère aux réunjo~s de la Sorbonne, rend un compte
un peu plus détaillé que dans la séance du 25 jUill,
des travaux du congrès et de sa mission .
. ( M. Livannen, dit-il, avait été délégué comme moi;
sui vant un usage établi, c'est au plus jeune de faire
le rapport; mais en l'absence de mon collègue, je
vais donner qu~lques renseignements qu'on m'excusera
de ne pas fournir plus complets.
( Les délégués ont été aussi nombreux, si non plus
nombreux que les années précédentes, dans les deux _
sections d'archéologie et d'histoire, aujourd'hui réunies
en une seule.
( Cinquante-quatre 'mémoires avaient été adressés au
, - comité et devaient être lus ; le nombre des mémoires
1880 n'était que de 45 ; 18 . pour l'archéologie et
27 pour l'histoire.
( p~u' de travaux intéressaient la Bretagne; cepen
dant, comme se rapportant à notre région, j'ai entendu
. a ve<; beaucoup de plaisir deux notices, .l'une de
M. Ledain, vice-·président de la Société des antiquaires
de l'Ouest et relative à la découverte d~un coffret en
pierre dans lequel il a cru reconnaître un autel porta-
tif du Xe siècle, contenant les reliques de saint Rutin; .
l'autre du Révérend père De la Croix, de la Compagnie
à des fouilles faites par lui à Jane-
d.e Jésus, relative
zeuiI (Vienne) et couronnées par la découverte d'une
villa et d'un acyueduc, traversant la voie romaine de
Poitiers à Saint-Maixant .
( M. Fierville, autrefois secr8taire de notre Société,
membre de l'Académie des Sciences, arts
aujourd'hui
·et belles-lettres de Caen' et qui nous apporte chaque
année d'intéressants travaux, a rendu compte de la
correspondance de Don Juan d'Autriche, de l'archiA
MathiaH et d'Alexand.re Farnèse (1577-1593) COll-
duc
servée aux archives de Saint-Omer .
( Je termine ici cette courte communication, laissant - .
à mon collègue le soin de la compléter avec les notes
qu'il a prises; mais permettez-moi 'de vous citer
Ull extrait du discours prononcé par M, le Président
du Conseil lors de la distribution des récomperises.
En parlant de~ secours accordés aux Sociétés savantes
• des départements, M. le Ministre de l'Instruction
publique et des beaux-arts a dit : ( lVous ne donnerons
( plus de m't'ettes, nous les conserverons et nous pourrons,
( comme noùs l' avons d~jà faü, doter une œuvre aussi
( 'intéressante que celle de la Société archéologz'que de -
( Qu't'mper, qui s'occupe de réunz'r une collection de
costumes nationaux, de ces' vieux costumes qui dispa-
( raissent tous les Jours et qu'z'l est temps de réunir
( dans les dépôts pubUcs,») .
. ( Ces paroles flatteuses sont pour nous, Més~ieurs, un
encouragement à persévérer dans la . voie que nous
nous sommes tracée. »
M. Faty entretient ensuite la réunion d'une décou
verte intéressante qui a été faite sur le territoire de
la commune de Carhaix ; des ouvriers en travaillant
dans les jardins possédés par les religieuses Ursulines
de cette ville, ont trouvé une bague antique en or d'un
mérite artistique réel et en parfait état de conserva-
tion.
Le cachet de cette bague représente deux têtes se
faisant face, autour desquelles se lit facilem'ent la
. légende suivante: ( Sabine m,·vas. ») .
M. le chanoine Téph~ny, dépositaire de ce curieux'
bijou, offre de le soumettre à l'examen des membres
de la Société à l'une de leurs prochaines réurlions.
M. le docteur Le Moalligou, transmet quelques
observations sur la traduction donnée par M. de la
• Villemarqué (voir p. 81) des .imprécations en langue
bretonne, contenues dans la vieille farce de l'-avocat
Pat.helin. Selon lui, douchaman (vers 6p.) devrait se lire
douj aman et se traduire ( obéissance id ») ; erux
(vers ge) répondait à la forme moderne hz'riz ( horreur»)
Larmerye écrit hz'rù;se, dans son dictionnaire
que
vannetais. M:tis si, cOlIlme le fait observer M. Luzel,
la substitution d'un terme à un autre .modifie fort peu .
le Eens· général du passage breton, maintenant assez
clair, les divers textes peuvent donner encore ma-
tière aux discussions des philologues qui essaieront à
leur tour de déterminer la meilleure version. •
nouveaux membres:
Admssion de trois
M. Richard, _notaire à Quimperlé, présenté' pâr
MM. Audran et de la Villemarqué ;
M.Dreux, inspecteur de l'Académie à Quimper,
présenté par MM. Luzel ,et de' la Villemarqué ;
M. l'abbé Euzenot, vicaire à Guidel, ' présenté par
MM~ de la Villemarqué et Audran.
, M. le Président dépose sur le bureau deux circulàires
par M. le Ministre de l'Ins- ,
qui lui ont été adressées
traction publique et des Beaux-Arts.
La première contient le programme des questions
qui seront soumjses à la discussion des délégués des
Sociétés savantes durant la prochaine session du Con-
grès de la Sorbonne pour l'année 1882. La seconde ' .
présidents de Sociétés savantes dans les
invite tous les
départements à réunir dans un mémoire destiné aux
bureaux du Ministère tous les Idocuments propres à
mettre en lumière l'origine et les travaux des Sociétés
- qu'fIs président, à faire connaître le nombre des socié
taires et les ressources de la compagnie, enfin à dres
, sel" un inventaire aussi complet que p,ossible des titres
ou pièces hi~toriques conservées dans les archives
, publiques ou-privées et qui n'auraient point encore vu
, le jour de la ,publicité.
M. Faty achève la lecture du mémoire qu'il a con
à l'étude du Rentier de l'aumônerie de Quimper
sacré
e~ 1580. (Voyez p. 97).
Corentin
M. Trévédy, Président du Tribunal ci vil de Quimper,
très-p~écieuse, sur un
donne ensuite lecture d'une note
_ PLAN DE LA VILLE DE QUIMPER EN 1764
On COnserve à la Mairie de Quimper un plan de la ville
• dressé en 1764. ' -
Il porte en tête: Plan de !a ville etfauxbourgs de Quim-
per levé par ol,dre de Monseign.eur le duc d) A i!Ju,illon.J afin,
de pouvoir ,y tracer les alignements nécessaires pour dres
ser les ruës et leur donner une largeur convenable et pro
portionn.ée à l'affluence des ]J(Çuples qui y passent, à l'uti
dé publique et a' r embellissement~ de la ville, par Gilles
'André, ingénieur des ponts et chaussées. Quimper, 1764. '
'Signé' André. "
Plus de cent cir;tquante ans avant cette date, le chanoine
Moreau écrivait son Histoire de la Ligue en Bretagne, où
est tant parlé' de Quimper, Quand on examine la plan en
le rapprochant du récit du chanoine, il semble que dans ce
changement important
long espace de temps presqu'aucun
ne se soit produit dans notre ville; et on peut dire sans
beaucoup se tromper que le plan de 1764 représente Quim-
pel' aux deux derniers siècles.
L'exemplaire-du plan est. unique,
Il m'a semblé qu'il serait intéressant de reproduire ce
pl9n; et j'ai pris la liberté de demander a +Vf. le Maire de
je n'avais pas
Quimper, en mon 'nom personnel (puisque
votre aveu) l'autorisation de faire copier ce document.
Cette autorisation m'a été très-gracieusement accordée.
n'a pas le fini et la
Le plan de l'ingénieur Gilles André
perfection des plans que dressent les ingénieurs de nos
jours; de plus il est de très-grande dimension: il mesure
2 m. 15 c. de long sur 1 m. 15 c. de large. *
Il importerait, je crois, en le rédmsant considérablement,
de lui conserver, si l'on peut parler ainsi, sa physionomie
propr.e. '
J'avais espéré que la photographie pourrait résoudre ce
je , me suis adressé a M'. Villard,
double problème; et
photographe a Quimper. Mais au premier examen M. Vil
. lard a reconnu et m'a fait reconnaître que les nombreuses
, gerçures du plan se reproduiraient sur le cliché et forme-
raient un véritable fouillis. Elles seraient même plus ap
parentes que le tracé des lignes. La photographie ne peut
que donner un plan réduit, qui ne pourrait pas être repro-
.duit photographiquement, mais qu'il faudrait recopier en
le corrigeant.
Ce serait en réalité un plan nouveau .
L'emploi de l'ingénieux instrument nommé pantographe
aurait le même inconvénient. Il donnerait une exacte re-
• production des lignes, mais ne reproduirait pas l'écriture
du plan.: .
Dans cette extrémité, j'ai recouru à l'expérience de notre
confrère M. Fénoux, ingénieur en . chef.' Voici le moyen
très-simple qu'il propose pour tourner la difficulté. Il faut
calquer le plan avec une extrême exactitllde et photogra
phier le calque à la cote qui conviendra.
M. Fénoux propose de faire calquer le plan par une
mam exercee. ""
De cette façon on aurait une reproduction exacte, non
seulement d~s lignes et des contours, mais des caractéres
du plan auquel on conserverait ainsi sa marque d'ol'igine.
M. Fénoux demande seulement que le calque lui reste
pour être déposé aux archives de ses bureaux.
Si vous trouvez bon d'user de l'autorisation de M. le
Maire de Quimper et de l'offre obligeante de M. Fénoux,
j'estime que nous ne serions pas quittes envers notre
confrère en lui abandonnant la copie . qui serait faite par
ses soins et nous lui devons en plus les mêmes remercÎ-
ments que nous devons à M. le Maire de Quimper .
La séance est levée à 5 heures.
Le Secrétaire,
"A. DE BLOIS .