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Bulletin SAF 1881


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Le rentier de l’aumônerie de Quimper-Corentin en 1580

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des tr~vaux du Congrès de la Sorbonne où la Société
archéologique du Finistère a reçu des éloges qu'elle
tâchera de justifier de plus en plus. Il soumet ensuite
~ l'examen de ses collègues un moulage des armoiries
Sainte-Croix de Quimperlé, une croix
de l'Abbaye de ,
sur un semis d'hermines, dont il explique la composi-
tion en accompagnant ses observations de quelques
sur l'art héraldique .
notions pratiques
Mlle Le Menn fait déposer sur le bureau le manus··

crit de la Biographie de Coetanlem écrite par son père
et déjà communiqué par lui à la Société.
M. le Président annonce l'envoi d'une étude inédite
M. l'abbé Euzenot, ce digne émule de l'abbé Cochet,
sur les anciens tombeaux du Morbihan .

M. Trévédy veut bien donner lecture d'un très-inté-
M. le Major Faty sur . '
ressant Mémoire de

'. LE RENTIER DE L'AuMÔNERIE DE QUI1V1PER-CORENTIN

Ce document, probablement le seul qui nous reste sur
les premiers temps de aette institution . de bienfaisance
dont l'origine remonte à une .époque très-ancienne, a ,été
, . nn instant égaré; retrouvé par.mi les archives de la Mairie
de Quimper, M. le Maire Astor a bien voulu nous permet .
tre d'en prendre connaissance. Nous allons ,d'abord en
faire une description qui précédera la Notice que nous ré­

digerons sur cet établissement charitable, noblj3 ancêtre
qui a devancé ceux qui secourent aujourd'hui les pauvres

de la cité Quimpèroise.
C'est un cahier de 27 centimètres de hauteur sur 19 cen­
timètres de largeur" revêtu d'une couverture en parchemin,
sur laquelle est inscrit un acte passé en 1515 devant le

Présidial de Quimper-Corentin; le titre de l'ouvrage man-·
que ainsi que les premières pages qui ont été détachées,.
en sorte que les articles du mois de janvier ont disparu,
on ne sait par quel motif ou accident, mais sans doute peu
de temps après l'établissement de ce rentier, car on les
trouve rétablis a la fin ' de ceux de décembre; 25 articles
de février manquent également, la série commence au
n° 26, plus un fi'agment du 25 • Cette lacune n'a' pas été

janvier; cependant on peut som-
comblée comme celle de

maire~ent la reconstituer avec les renseignements consi-
gnés dans un chapitre qui se trouve a la fin du .cahier,
donnant en abrëgé les rentes dues a l'Aumônerie.

Ce rentier a été établi pal' Pierre Lhonnoré, aumônier en
fonctions en l'année 1580. Son écriture est 'assez lisible,
les sommes dues sont indiquèes en chiffres romains, comme .

cela se pratiquait alors en Bretagne et même longtemps
après, car nous avons vu des comptes des hôpitaux de
l'année de 1650 où l'on en faisait encore usage. L'ortho­
graphe est un peu fantaisiste, la- ponctuation fait complè- .
tement défaut; les noms de familles" de paroisses, de
manoirs et des rues de Quimper sont énoncés dans des for-

mes qui varient a l'infini; ainsi dans le même article on
écrit jusqu'a trois ' manières diffé­ -
voit le nom du débiteur .

aussi est-il difficile d'arriver a la véritable dénomi-
,rentes,

n.ation. Ajoutons a cet embarras la difficulté de distinguer

les m, n, u, v, qui s'expriment par des jambages uniformes
~t donnent des termes variés aux mots de la langue fran-

çaise, qui, alors n'était parlée a Quimper que pàr un petit

nombre de personnes plus ou moins lettrées. Quoiqu'il en
rentier de l'Aumônerie de notre ville nous révèle
soit, le
de précieux renseignemens sur cette cité à Fépoque de 1580;
nous essayerons autant qu'il nous sera possible de les
mettre en lu.mière' dans uni Notice qui résumera les parti­
cularités que nous aurons remarquées et qui présenteront

un certain intérêt.

BULLETIN DE LA. Soc. ARcnEOL. DU FINISTÈRE. TOilE VIII. 7

L'Aum6nerie était autrefois ce que nous appelons aujour-
d'h_ ui le Bureau de bienfaisance. Cette institution philantro-
piqiJe, dont le nom a pu varier selon les temps, doit remonter
à une époque très reculée, il est incontestable que la charité
était exercée à ,Quimper par des assocIations privées ou par

des confréries religieuses avant que l'évêque Bertrand ~e
Rosmadec, dans sa large libéralité et dans sa touchante sol-

1icitude pour les pauvres, ne songeât à la régulariser et à

lui donner des statuts inspirés autant par sa haute sagesse
que par son humanité éminemment chrétienne.
Après avoir élevé les deux tours de sa cathédrale et ex~-
cu té d'immenses travaux qui illustrèrent son épiséopat, le
saint prélat étendit sa , tendre vigilance aux nécessités des
pauvres de la cité, il leur laissa, dit Albert le Grand -

« 260 livres de rente pour être aumônées par deux notables
« bourgeois de la' ville que le chapitre nommait. »

L'acte de donation qui est inédit, nous a été révélé par le

savant M. de Blois. ,C'est le 4 février 1431 qu'il fut dressé

au lieu des séances capitulaires de l'église de Quimper, en
présence du chapitre, des confréries de la ville, de plusieurs

notables bourgeois et aussi en présence de grand nombre

de témoins des cité et diocèse de Quimper .

Dans ce document relatif à la création ' de l'Aumônerie, ,

que nous regrettons de .ne pouvoir ' rapporter en entier,

Bertl'and de Rosmadec s'exprime ainsi-: « 'Il est bien connu
« qu'une somme placée et productive d'intérêts offre'
« beaucoup plus dé ressources qu'un capital dont l'emploi
« ne laisse plus de valeur disponible, c'est pourquoi nous

« avons recuelli 2,677 écus de bon et vieil or et de plus un
« petit agnel dJor semblable au coin du roi de France

« Charles ' de bonne mémoire dernièrement décédé, des
(1 quels écus il faut 64 pour former un marc d'or, nous les

« avons fait déposer dans un coffre à ce destiné sous la
a garde de nos vénérables frères du chapitre de cette

« église, en la. chambre de son trésor, pour acheter 200 li­
« vres monnaie de revenu annueL» Le ,donateur pres­
crit : « de faire choix par l'élection, parmi les habitans de

« Quimper, de deux hommes éclairés, fidèles, actifs, jouis­
« sant d'une honnête aisance et d'une bonne renommée
« qui prendront le titre d Aumôniers ,de Quimper. Leur
« mission dont ils devront rendre compte.au chapitre sera
~ d'une durée de deux ans. Ils auront le pouvoir 'de faire
« achat de rentes, de toucher et d'employer les revenus

. « qui en proviendront pour les besoins alimentaires tant
« des Hôpriaux que de la Léproserie et des autres pauvres
« de la ville. Ils devront avoir soin, qu'une provision raison­

« nable soit faite aux nécessités de chaque tems, sans, que
« les distributions d'une saison empiétent ou retrogradent
« sur celles d'une autre, et , de manière que l'on puisse
« aussi utiliser ces produits en acquisitions de bois, lard,

« beurr~, légumes et toiles et de toutes autres provenances
« de ce duché au plus bas prix qu'on le puisse obtenir. -
, « Nous voulons qu'ils établissent le compte et inventair.e
« des dits capitaux et revenus devant le Chapitre à l'effet

. « d'obtenir décharge et que deux fois par an ils viennent
« s'entendre avec ce corps sur le meilleur emploi à faire
« de ces deniers, savoir; le vendredi avant la Toussaint et

« pareil jour . d'avant Carème Prenant, afin d'avoir son
« avis sur les quantités et modes de distribution. Nous

« voulons aussi qu'ils soient présentés au Chapitre par
« leurs électeurs au prochain jour capitulaire qui ' suivra

« leur élection afin qu'elle soit confirrr~ée ou annulée s'il y
« a lieu, auquel cas, ce serait le Chapitre qui élirait. -
« Et nous, suivant la délibération sus mentionnée avons

« érigé et érigeons l'Aumônerie etc. » Suivent les signa­

tures au nombre .desquelles on remarque celles de sages
personnes Hervé Calvez ,.-Maurice Le Baron, Guy l'Orfèvre,
'Pierre Scaulet, bourgeois de la ville de Quimper.

Six ans après Bertrand dB Rosmadec ajouta à ce don

une somme dont le placement devait produire un revenu de
vingt livres, et sans doute un peu plus tard il constitua
40 autres livres de rente qui avec les 220 livres précé­
260 livres indiquée par
dentes forment la somme totale de
le Père Albert le Grand qui s'exprime ainsi, d'après un
titre autrefois conservé dans les archives déla cathédrale:
« ducentas sexagenta libras amnis redditus pro elemosynis
« faciendis pauperibus, quatuor hospitalibus villœ et civi­

« tatis corisopitensis peffiuos notabiles vivos distribuendas
« et a capitulo ecclesiœ corisopitensis instituel~dos dedit et
« donavit. »

'Les hôpitaux et la léproserie .dont les revenus étaient
insuffisants, sont les premiers à jouir de cette libéralité, le
est destiné aux autres pauvres auxquels on distri­
surplus
buait des aumônes soit en. nature soit en argent .
Nous ignorons le nom des deux premiers notables élus

aumôniei,s pour remplir les intentions· du saint évêque de,

Cornouaille, lesquels comme leurs successeurs entrèrent
en fonctions après avoir solennellerhent prêté serment, en

mettant la main sur les saints èvangiles, de s'acquitter
fidèlement et sans fraude, et de leur mieux de tous les'

devoirs de cette administration. Il est probable que ces deux
premiers mandataires figuraient au nombre des sages per-
sonn.es appartenant à la bourgeoisie de Quimper et dont les

signatures sont mentionnées dans l'acte de 143l.

leur entrée en charge les deux premiers aumôniers
Dès
durent s'occuper immédiatement de placer le capital que
prélat et de constituer des rentes
leur confiait le généreux

à des conditions qui nous sont inconnues; ces rentes qui
à 260 livres représentaient une somme énor­
s'élevaient
me en 1431, le po~ds de cette somme de 260 livres en
espèces du temps serait au taux du Dllarc actuel d'une valeur
de 2,000 francs environ, et si l'on tient compte de la rareté
du numéraire, à cette époque, on aurait obtenu par cette

valeur des denrées que nous payerions aujourd'hui environ
10,000 francs. Telle est du moins, d'après M. de Blois,
l'éva~uation peut-ètre exagérée de Leber. Au XVe siëcle
l'Etat ne connaIssaIt pas encore ce que nous appelons la

dette publique qui prend de nos jours une extension si in­
quiétante, on ne pouvait recourÏI' à lui; les aumôniers selon '
durent s'adresser à des particuliers
les habitudes du temps
pour opérer le placement de leurs fonds. On entra alors eh.

convention avec les personnes qui, ayant be~oin d'argent, .
empruntèrent une somme quelconque à l'Aumônerie avec

engagement d'en payer annuell.ement la rent<~ en un ou

plusieurs termes., offrant par contrat leurs propriétés ou
héritages en garantie. .

De l'année 1431, date de la fondation de l'Aumônerie/

à 1580, cette institution dût subir plusieurs modifications;
d'après les rares documents qui ) nous sont parvenus et qui
nous donnent des renseignements assez vagues, ses revenus
augmentés par la libéralité des fidèles, paraissent à cette

dernière époque uniquement consacrés au besoin des pau- '

vres à l'exclusion des . établissements hospitaliers ; nous
aussi qu'un seul ' aumônier depuis l'an 1549 èst
voyons
chargé de son administration, dont la durée pa,{'ait être res­
treinte à un an d'exercice. i L.'élection de ce fonctionnaire

s'effectue toujours avec l'autorisation du chapitre de la cathé-
drale devant lequel il est responsable de sa gestion. .
Après avoir . d,onné ces quelques renseignements sur

· l'origine de l'Aumônerie, renseignements à notre grand
regret bien insuffisants, nous allons nous occuper de son
rentier de l'année .15.80. Ce rentier contient 204 articles,
. chaque article indique le non). du débiteur, la somme qu'il

doit verser à l.'administra.tion, et · le mois dans lequel le. '
versement doit s~effectuer. A . cette époque 123 personnes

devaient . une rente exp.rimée par un seul article et recou-
vrable à une seule date, 27 autres débiteurs ver~aient en .

plusieul's termes 'leur dette garantie, comme celle des

premiers, par leurs propriétés, maisons ou héritages .
Certaines rentes ne s'élevaient pas au-delà de 2 à 7 sous,
la majeure partie yariait entre 20 et 50 sous, la plus

élevée montait à la somme de 28 livres 12 sous 8 deniers
par Hervé de Toulanlan, sieur de Kerfeuntunic, demeu-
due
rant en la paroisse de Plobannalec. Le total de la recette
s'élevait à 454 livres 10 sous; qui représenteraient aujour­
d'hui en argent une somme de 2,300 francs à peu prés. On
voit que 'comparativement à l'année 1431, la valeur du .

numéraire avait en 1580 considérablement diminué malgré
la notable augmentation des revenus de l'institution.
Le rentier se termine par la liste des aumôniers en

fonction, depuis 1549, nous la rapportons telle quelle est
. inscrite: il est regrettable qu'elle ne nous fasse pas con­
naître ceux qui les ont précédés ... cette lacune ne saurait
. être comblée que très-difficilement, le rentier lui-même ne

nous a transmis qu'un seul nom, celui d'Yvon Le Baud qui
était en exercice pendant l'année 1543.
Cest la nominacion de · ceulœ qui ont esté ausmonyers
tin
en fondation de lausmonery de Kerper depuiœ le
trante ans dernyer. •

ET PREMIER.

(Christophe Degénnés le fut
Xpofle
en lannée

Michel Perault le fut en lannée .

Jehan Lhonnoré fut en lan suivant.

Lorans Quemener en lan

Tourlanlan en lan
Maistre Hervé

Yves Roze.rch le jeune en lan.

lan
Louis Le Cluziou en 1555.

en lan.

en lan.

Le Goair en lan 1558.
Alain

François Le Mendec en lan . . . . . .

Bertram Drennaulx en lan.

Michel Foucher en Jan . . . . . . . . . .

en lan . . . .

en lan . . . . .

en lan. .

en lan .'. . . . . . . .

en lan . .

en lan . . . .

Maistre Renné Fouchon en lan • •

J eh an Alespée en lan. . . . . .

Guillaume Fily en lan . . . . . • . . . " . . .

Pierre Jaureguy le jeune en lan . . . . . . . . .
Provost en lan. . . . . . .
Maistre Yves

Jacques Lhonnoré en lan. . . . . . ; . . . ' . .

Maistre Pierre Bonnet en lan . . . . . .

Saubat de Gàrismendy en lan. . .

En la dicte année fut fermier Maistre Guillaume Nedellec

l'antes de la dicte Ausmonery dont sa dicte ferme deura
des •
troyes années.
Stanguer en lan . . . . . . . . . . 1576.
François Le
Jehan Provost en lan. . . . . . . . . . 1577.
Maistre
Predour en lan .' . . . . ... . . . . . 1578.
Bastien Le
Maistre Louis Rauallec en Jan. . . . .

Pierre Lhonnoré est en lan présente. . . . . . .

Pierre Bougant (ou Bougeant) en lan. . . .

Richard Guiniou en lan. . . . . . . . . . . . .

Pierre Dhariette en lan. _ . . . . . . . . . . .

Rolland Le Dennyc est en lannée presante . .

Maistre Giraudeau est en lannée presante . . . .
On remarquera que quelques-uns d'entre eux, pour des

maintenus dans leur
motifs que nous ignorons, ont été

charge au delà d'une année, qui parait être le terme déter-
miné pour la presque généralité. Nous voyons aussi que

Guillaume Nédéllec fut fermier de l'Aumônerie pendant
trois ans après la gestIOn de Saubat de Garismendy, sans
doute en raison du désordre dans lequel ce dernier laissa
sa comptabilité; epfin de 1580 a 1585, le rentier mentionne
cinq aumôniers ayant succédé a Pierre
Lhonnoré qui ré-

, digea ce rentier.

Les bourgeois :de Quimper élus comme administrateurs

de l'Aumônerie et dont les noms précèdent appartenaient
aux familles les plus distinguées de la cité; nous ne possé-
dons sur eux que peu de renseignements, auxquels nous
ceux que nous donne M. Le Men dans son inté­
ajouterons
ressante Monographie de la cathédrale Saint-Corentin. On
voit que trois personnes du nom de Lhonnoré figurent au
nombre des Aum6niers; l'un d'eux Jehan Lhonnoré, le 5 sep-

tembre 1594 payait un repas à l'év$ché aux principaux
habitants de 'la ville qui, ce jour là faillit par surprise être

enlevée par Lezonnet. Pierre Jaureguy appartenait à une
riche famille basque qui faisait un grand commerce de
poissons secs avec le littoral de la B'retagne et qui s'était
fixée à Quimper; elle était alliée à 'la famille d'Hariette qui
un administrateur à l'Aumônerie. Les noms
, donna en 1583

d'Alespée et du Cleuziou unis par une certaine. parenté, pa-
raissent aussi appartenir aux notables de cette époque.
Quant à Pierre Bougeant, on compte parmi ses descendants
pom. '
le célèbre jésuite de ce
Ce n'était pas, certainement, chose facile de recueillir à
cette époque les rentes dues à l'Aumônerie, la mission des
administrateurs devait être hérissée d'ennuis 'et de diffi-
cultés; outre les débiteurs récalcitrants, beaucoup étaient

de mauvaise foi; il en résultait selon le cas des procès

devant le Présidial ou la cour des Reguaires. Cette dernière
sur les rentes eonstestées dont le capital devait
, ' prononçait
partie de la fondation de Bertrand de Rosmadec. Pour
faire
comble d'embarras, un héritage grevé d'une hypothèque

passant successivement 'pendant un siècle entre les mains
de plusieurs héritiers pen accomodants créait un lon& conflit

parce que ces héritiers ne voulaient pas reconnaître la
dette ou avaient la prétention de la faire supporter par

leurs co-partageants. .
Parmi ces administrateurs élus avec tant de précaution
par les notables et choisis par le chapitre, il se trouva un .
mandataire infidèle qui jeta le désordre dans l'admiIiis-
tration autant par négligence que par malversation, il se

nommait Saubat (ou 8-a:uvat) de Garismendy et demeurait
rue Keréon. Nous allons d'après le rentier dévoiler un de ses

méfaits les plus graves. .

« En . l'an mil cinq centz soixante quinze, Saubat de Ga-
« rismendy lors ausmoyer, le signeur de Tremenec et de
« Kerdanet racquicta plusieurs somaire? de denyers qu'il

« deboict sur seshérittages en pltisieurs moys, scavoir en
« appril, juillet, octobre, et janvyer, enfin jusques à ·la

« sorne de douze livres, saeze soubz, ouict denyers monoye

« de rante, pour laquelle sorne le dict sieur de Tremenec
« poya au dict Garismendy la some de deux centz cinquante
« sept livres dix soubz monoye, laquelle sorne demeurat 0
. « (avec) le dict Garismendy sans les constituer en rantes et ·

« dempuix le di ct Garismendy et mort et décédé et demeuré
« pauvre sans auchun bien de sorte que la dicte sorne et
« perdu pour les pauvres, pour ce cadyc. »
Cette expression de Cadyc ou Cadic est une altération du
mot caduc qui s'emploie en jurisprudence pour exprimer
qu'une disposition entre vifs ou testamentaire, valable dans
son pripcipe a été par un évènement quelconque privée
de ses effets .

mort insolvable, comme mesure
Quoique Garismendy fut
d'ordre, ' Giraudeau~ le dernier des administrateurs qui
au rentier, ajouta à la hn de ce docùment cette
figurent •
annotation înspirée sans dou-te par une sage précaution,.,

mais qui probablement resta-sans résultats: «( Sur les hé­
« rittaiges de feu Saubat de Garismendy sy on le tr()Uvoict
« quelque bien debveront a la dicte ausmonerye la some de

« douze, livres, sèze soubz, ouict denyers monoye pour la
« some de deux çantz cinquante , sept livres, diz soubz
« monoye qu'il devoict sur ses hérittaiges par divers moys,
« pour ce XII 1. XVI s. VIII d. »
Garismendy laissa .la comptabilité de l'Aumônerie dans
un tel désordre que son successeur éprouva les plus grandes
difficultés pour opérer le recouvrement dé ses rentes. On
ne crut mieux faire pour obvier a cette confusion qu'en les
affermant pendant trois ans a' maître Guillaume Nédellec
somme convenue versée a la caisse se
qui moyennant une

chargea de percevoir les revenus a ses risques et périls.
Ce mode de procéder n'ayant eu qu'un médiocre succès, on

a l'ancienne méthode et Pierre Lhonnoré fut nommé
revint
au~ônier cinq après la gestion de Garismendy. Ce nouveau
d'une énergie et d'une activité qui
fonctionnaire fit preuve
grand honneur; pendant sori année d;exer~
lui font le plus
cice, son temps dut être laborieusement employé en re-
cherches et en poursuites incessantes pour remettre les
comptes -en bon état. _

Par l'aperçu suivant on peut juger dans quel désarroi
étaient les affaires de l'Aumônerie lorsque Pierre Lhonnoré
en prit l'administration. '
7 Procès avec eondamnation seule-
ment avaient été jugés sous ses cinq der-
niers prédécesseurs, l'importance des

rentes rentrées s'élevait a. . . . . . . 11 1. 15 s .
Sous la gestion de Pierre Lhonnoré on
compte:
18 Procès" avec condamnation dontles
rentes montaient a. .' . . . . . . . . 23

21 Procès en instance pour une rente

Il Procès arrangés à l'amiable repré­

sentant une rente de. . . . . . . . .

30 Articles dontles débiteurs ouhéri­
et qui devaient
tiers étaient recherchés
une rente de . . . . . . .. . . . . 46

Le tout montant à ..

Par l'importanc.e de cette somme résultant des arriérés
et des rentes contestées on remarquera combien en 1580, .à
une époque où la Bretagne jouissait d'un grand calme, les
étaient sujets à des éventualités et
revenus de l'Aumônerie
à des fluctuations qui devaient considérablement en di-
minuer le chiffre. Aussi Pierre Lhonnoré ~près avoir
totalisé toutes les rentes inscrites sur son rentier, prend-il
le soin de dire « Coment que ce monte le groz de ce qui est
tin
« deu à l'omonerye de la ville de Kemper comprys déché
« et cadys à la some de 1111 ctz LIIIf! Xs . »

Les cadys et déchets d'après le relevé s'élevaient à 85 1.
13 s.l d., ce qui réduisait le revenu de l'Aumônerie à 3681.

Jusqu'en 1585 la situation de cet établissement ne parait

pas avoir suivi la vigoureuse impulsion que lui avait un
instant Imprimée Pierre Lhonnoré ; les rentes restèrent il.
peu près dans l'état ou il les avait laissées et nous en

avons la preuve par cette annotation de Roland Le Dennyc,
administrateur pour l'annèe 1584. « Je ay payé
nommé
« aux pauvres pour mon temps de ungn an deux escuz et
« demy chacune sepmaine qu~y est pour mon anné le nombre
tin
« de six vingt escuz soU. Fait à Kimper le dernyer jour

« de janvier mil V ctz quatre vingt cincq. »
! Six vingt écus représentaient les 360 livres distribuées
pendant une année aux pauvres de la ville qui tecevaient
. à cette époque une allocation en argent remplaçant celle en
nature qui autrefois leur était accordée par les statuts de
Bertrand de Rosmadec. .

Aprés 1585 nous manquons de ,renseignements sur, les
revenus de l'institution. Le bon ordre rétabli dans les finances
par Pierre Lhonnoré ne fut pas de longue durée, les mal-
heurs du temps apportérent dans l'administration une per-
turbation et un désordre auxquels il devint impossible de
remédier; en effet nous voyons que les guerres de la Ligue
ensanglantérent pendant huit ann~es la Bretagne a chaque
, instant rançonnée par les chefs des 'deux factions; une

peste survenue en 1598 enleva une grande partie de la po-
pulation; les brigandages de la Fontenelle contribl1érent

aussi puissamment a sa ruine, de 1597 a 1605, deux années
de disette et les affreux ravages des loups y portèrent la
mort et la désolation. Enfin en 1594 la ville de Quimper fut
prise et rançonnée par le maréchal d'Aumont; il est probable
que dans cette dernière circonstance l'Aumônerie vit ses
titres et garants dispersés ou dérobés comme le furent ceux
des hôpitaux de cette malheureuse cité.
Pendant ces temps lamentable[S les perceptions ne purent
s'effectuer et les revenus de l'Aumônerie se tarirent; l,e
rentier de 1580 ne nous fournit a ce suj~t aucun rensei-
gnement ; nous y remarquons 5eulement quelques rares
annotations comme celles-ci mentionnées en 1616, époque
où l'on s'efforçait sans doute de remettre un peu d'ordre
après tant de désastres.
« PAROISSE DE TREGUENNEC. Guillaume Drennet, sieur

« de Kerguiffinec chacun moys de mars a cause du manoir ,

,« du ~ Run sept soubz six denyers monoye. » A la suite de
l'article l'aumônier a ajouté: « Il y a racq uict faict en
« l'an' 1616 et l'argent baillé au sieur et dame de la Ville-
« neuve ,Lanvillau au denyer 16 àpayer a la Saint-Michel. »
« PAROISSE DE KERFUNTUN. Le sieur du Loch et consortz
« a cause du village de Keranmoël (auJourd'hui Kermoal)
« douze soubz monoye. » Pui~ en marge on a ajouté
« Henry le Stang à-qui appartient. le dict lieu a passé no-

« velle reconnoissance du 9 octobre 1616 sur le Dial , de
« Vincent Le Gall. »

, On nommait Dial ou Déal un registre sur 'lequel on ins~
crivait les jugements,legs, testaments, achats et ventes de
importantes
rentes, conventions, etc., enfin toutes les pièces
rela tives à l'administration. .

Cette date de 1616 est la dernière que nous ayons ren-
contrée; rious n'en avons plus trouvé qui lui fussent posté-

rleures. ,
En 1580 une grande partie des propriétés de Quimper

devaient une rente à l'Aumônerie. Certaines maisons de

la ville se trouvent taxées sur le rentier; il m'est pas indif-

férent d'en relever le ilOmbre avec indicatiori de leur empla-

cement. , '
Rue Neuve, 15 maisons rapportant . » d.

Rue Quéréori, 10 maisons. . . . . .

Le Tour du Châtel sitùé autrefois au-
tour de la place St-,Corentin, 5 maisons. 17 '

Rue Mescloaguen, 3 maisons. . '. ~ » 6

Rue Billy ou Villy une maison . .. »

Rue des Reguaires, 2 maisons . . ~ »

Rue aux Febvres, ou aux Fèvres, ou

des Serruriers, de nos jours rue du ,

Chapeau-Rouge, 4 maisons,. . . ' . . "

Rue des Rossignols, actuellement rue

St-Mathieu, 2, maisons. . . . , . ' , '
Rue 'Brisiac, ou Briac ou de Briec,

rue qui , conduit à Kerfeunteun, on la

nommait aussi rue de la Tourbie, une

maIson. . . . . . . . . . . . . . .

Rue Obscure (vicus obscurus), au-

jourd,'hui rue Royale,s'appelait en breton
rue Demer, DemeJ, Devel, et enfin Tevel
qui signifie encore de nos jours sombre.

,La rue Obscure était ainsi nommée '

parce que la lumière y pénétrait à peine
tant les maisons étaient rapprochées
par le haut; 3 maisons rapportant. . .

Rue Viniou ou Biniou ou de la Vigne,
actuellement rue des Vendanges, 2 mai-

sons. . . . . . . . . . . . , . . .

Rue des La~vandières, 2 maisons .' .

Rue du Fr6ut, 2 maisons, " ~ . , » ,

Rue du Marché de la Chair Salée,

nommée aussi autrefois rue des Mer­
ciers, actuellement rue du Salé, 2 mai-

sons. . . . . . . . .. . . . . . . "

Rue Dase1 ou du Sel (Terre-au-Duc),

une maIson, . . . . . . . . .

Place Maubart, aujourd'hui
place
maisons. . . . . .
Maubert, 2

Quai de Quimper, s'appelait aussi rue
de Quimper-Corentin, 2 maisons . .. »

Rue Verderel, d'e nos jours rue Ver.-
delet, une maison. . . . . . , . .. »

Rue des Ruches, où se trouve main-

tenant la place au Beurre, une maison~

Rue du Guéodet, une maison. . . .

Rue aux Landiers, une maison

Au total 63 maisons rapportant un

revenu de, . . . . . . . . . . . ~ .

Nous venons de citer une maison située rue aux Lan-.

diers, nous ne saurions _ préciser où se trouvait cette rue
dont le nom nous apparaît pour la première fois, avec cette
indication du rentier qui sJexpriine ainsi: « Sur la maison
« auItrefoys apartenant à Henry Kersu1gar, à la rl:l8' aux

« Landiers, ce present procheu à la eynulyo1"e Sainct Ka-
( therine vers le mont Furguy etc, » Ce mot de cynulyore

nous déroute, peut-être est-il mal écrit, ou bien encore
a-t-on confondu Landiers avec Lavandiers qui pouvaient

désigner une même rue. •
Au suj et de la maison de la rue Verderel, rious dirons
léguée, en exécution du testament de Katherine
qu'elle fut
Bollot, veuve Jehan Montoban, a la chapelle de Notre-Dame
du Guéodet, avec(condition de donner chaque année a l'Au­
m6rierie une somme de vingt sous. C'était un ecclésiastique
administrateur ' des biens de cette
dit Gouverneur syndic,
était . chargé de servir cette rente. C'est le
chapelle, qui
cas de cette nature que nous ayons . remarqué sur le
seul
rentier, nous avons cependant souvent rencontré dans des
testamentaires, des rentes divisées et partagées entre
legs
'les différents hôpitaux de Quimper .

L'Aumônerie, outre les revenus qu'elle recueillait sur le
territoire de Quimper, percevait aussi des rentes considé-

rables dans cinquante trois paroisses de la Cornouaille et .
dans les évêchés de Léon et de Vannes. On en jugera par
le relevé suivant où nous donnons les noms de ces paroisses
inscrits sur.le rentier.
tels que nous les avons trouvés

Lomarya (Locmaria près Quimper) . » d.

Erguy-Armel (Ergué-Armel). . . . ' 13

Ergué-Gabellic (Ergué-Gabéric). . . ' 19 , 15
Sainct Avardec (Saint:Evarsec) .. » 40 »

' Kerfuntun . . . . . . .' . . . . . »

Pluguffan . . . . . . .

Penharz . . ' . . . , . . . . . . . »

Guengat . . . . . . . . . . . . . »

Tremouec (Treméoc) . . -. .

Combrit . . . . . . . . . . . . . 22

Lottu,dy (Loctudy . . . . • . . . . 8

Ploebannalec (Plobannalec) . . . . 8

Treziagat (Treffiagat) ~

Ploinnel ou Guilvinec. . . . .

Ploemeur (Plomeur). . . . . . . .

Tréoultre. . . . . . . . »

Ploezvan (Ploeven) . . . . . . . . 5 »

Pouldrezic. . . .

Tréguennec. . . . . . . ' . . . . . 11

Pemerit (Peumerit-Cap). .

Ploedevet (Plozevet). . .

Ploezinec (Plouhinec) . . . . . . .

Esquibien. . . . . . . 50 »

Cleden (Cap Sizun) . . . . .

Goulyen . . . . . . . . . . . . . . 8
Mazalon (Mahalon) . . . . . . .. »

Plodergat (Pouldergat). . . . . .. » 45 »
Ploerré (Plo~,ré). . . . . . . . .. » »

'Plogonnec . . . . . . . . . . . .

Le bourg de Saint-Réné du Bois ou

Locornan (Locronan).. . . . . . . .

Ploznevez-Porzay. . ' . . . . ' . . . »

Crauzon. . . . . . . . . . . . . »
Sainct-Mic (Saint-Nic). . . . .

Plomodiern. ' . . . . . . . . . 14 12

Lopezret (Lopérec) " . ' . ' . . . .

Lanedern. . . . . . . »

Ploegin Kerarass ,(Ploeguin en Car-
hai x). . . . . ' . . . . . . . . . . . 7

Gouezec. . .

Guiscriff. . . . »

. Scayer. . . . . .

Briziac (Briec) .

Coray . .' . . . »

Gourrin . . .

Elyant .•

Melgven ..

Nevez . . . »

Mellain

Treffou en Kemperlé.

La ville de Kemperlé

La ville de Conq (Concarneau) .

Tourch.

Landrevarzec (en Briec)

Foénant .

En levesché de Léon

En levesché de Vannes. »

Total. . . 299 1.

L'Aumônerie ne possédait pas de revenus e1\ nature,
ce qui était cependant dans le~ habitudes de l'époque;
nous voyons que Janne Denot., femme d'Alain Fily, devait
une rente de vingt sous, plus deux chapons et que sous
Pierre Lhonnoré ces deux chapons furent convertis en une
redevance annuelle de deux sous six deniers .
Notons cependant Guillaume Jac et sa femme qui payaient

'une rente de vingt sous et un justan, vêtement de femme
appelé de nos jours justin.
Les personnes appartenant à des corps de métiers sont ·
peu nombreuses, peut-être parce qu'on a omis la profession
des débiteurs; nous n'avons rencontré que les noms d'Olli­
vier Guillemeton, mercier, Guillaume Le Guyriec, couturier,
Lourans Le Guen, menuisier Ollivier Le Berre, barbier,
Yvon Le Goguella febvre (serrurier) et Laurens Le Mendec

pinthier ; un pinthier était un fabricant de pintes et de

vaisselle d'étain.

Une page spéciale du rentier rappelle aux aumôniers
une obligation qu'ils ont a remplir au sujet d'un legs qui a

été fait par un chanoine de la cathédl~ale de la Cornouaille

dans la pieuse intention d'enga*er les habitants a prier
pendant la.nuit pour les trépassés. Cette coutume qui parai!.
avoir été introduite pour la première fois en 1487 a Quim­
per semblé avoir persévéré jusqu'a l'époque cle.la Révolution
BDLLETl~ DE LA ~oc. Al\CHÉOL! DU Fll'lISIÈRE. TOME VIII.

Elle existait et re,montait à des époques bien plus reculées
dans la plupart des villes de France, surtout dans le Nord
et dans le 'Midi; il n'y a pas longtemps encore, que nous-
même, séjournant dans une petite locf\,lité dont le nom nous
'échappe en ce moment, nous avons entendu le cri du veil-
IE?Ul' s'exprimant ainsi: « Il est minuit passé, priez pour les
« pauvres trépassés!... »
Nous transcrivons ici, telle qu'elle est écrite sur le renti8r,
cette recommandation adressée aux Aumôniers; quoique
dans un laIigage suranné, elle se comprend facilement.
« Les Ausmonyers de l'Ausmonerye fondé en cette ville
tin
« de Kemper sont tenus respectivel?-1ent chacun an de son
« temps et durant leur chel'ge de poier et faire marché
« aquellque personne d'aler chacun dimanche au soer par
tin
« toute ceste ville de Kemper et ses faubours, bien tout
, « amprès lheure de menuyt, ayant ungne petitte clouche

« (cloche) quy est dédyé (destinée) pour le dict efeyct,
« criant par les rues et califfours (carrefours) di celle ville
« pour evillier et invoquer chacun a prier Dieu ' pour les
« trépascés, ainssin quy est contenu à la fondacion sur ce
« faict par Maistre Jehan Kernivynen, aultreffoys trésorier,
« et chanoène de Cornouaille, lequel a faict la dicte fonda-

« clon, constituant l'ante pour ce faire, en lan mil quattre
« cantz quattre vingtz sept avec du consant des bourgeois
« et ausmonnyers de la dicte ville que soubligent a ce
« faire. »

D'après le contrat de fondation le chanoine Jehan Kerni-
vynen « bailla a la dicte Ausmonerye un parc et un colum-
« bier estant au dict parc a ~ocmaria costoyant la rivière
« et yys a vys aû plus hauIt boult du quay de ceste ville et
( en oultre q uelq ues quiIlie escuz et ce a la cherge etc.»
Le rentier ne nous donne que peu de renseignemens sur
le cours de l'argent et sur la valeur de la rente des fonds
à intérêt; nous voyons qu'en 1572 l'écu à Quimper
places

valait cinquante-cinq sous, en 1580 cinquante sous seule-
ment. L'argent prêté par l'Aumôni~r produisant en 1543
quatre liyres huit sous huit deniers pour cent livres em­
peuntées, en 1577 cinq du cent, en 1580 sous Pierre Lhon­
noré le placement était plus productif, il s'élevait à sept
livres dix sous; mais généralement le débiteur qui ",roulait
se l'acquitter, comme l'on disait en ce temps là, rembouesait

le capital au tàux de cinq pour cent, sans doute en raison
des conventions stipulées antérieurement par contrat.
Ainsi une personne devant cinq livres de rente, se libérait
moyennant cent livres. Cette somme de cent livres replacée

-à 7 1/2 produisait un intérêt de sept livres dix sous; cette
mani'ère de procéder ne pouvait être que très avantageuse

pour l'Aumônerie. '

Le comptable, comme 110:'1'3 l'avons dit plus haut éprou­
vait les plus geands difficultés pour opérer ses recouvre­
mens, surtout pour retrouver le véritable débiteur l'orsqu'une
maison avait passé par plusieurs propriétaires ou héritiers,
Les différentes mutations subies par l'immeuble furent con­
signées avec soin au rentier établi par Pierre Lhonnoré
ainsi qu'on peut s'en rendre compte par l'article 21 du
mois de Juin : « Sur la maison que fut autreffoys à
« Jan Guedennec à la rue Neuffve soixante soubz monoye,
« laquelle maison à la fin demeura du tout à Locmaric et

« a quelques aultres créditteurs pour la dicte rante, enfin
« en l'an mil V ctz cinquante-quatre, la dicte maison fut -
« baillée à Pierre Mauguen 0 (avec, à) la charge de poyer
« la dicte rante chacun moys de Febvrier, par quoy la dicte
« rante se poinct (paie) à présent au dict moys de Febvrier
« et a été dempuix à Hervé Méryen, lequelle bailla novelle 0
« connoissance à Maistre Pierre Bonnet, anfin le dict
« Méryen,Oa vandu dempuix à Yvon Legoguel1a febvre à
« la cherge de poyer la dicte rante et m'a fait novelle
'« connoissance pour le dict moys de Febvrier, par ' quoy

« en present moys nyl (Nihil, rien) ». L~article annulé au

mois Juin est reporté au 25 article de Février, au nom

de Yvon Legoguella indiqué comme devant soixante sous
à rente.
A cette époque le numérotage des maisons était inconnu
à Quimper, et n'y fut introduit que bien (les années aprés . '
(en 1766), aussi l'Aumônier prend il le soin d'en décrire
la délimitation pour constater plus efficacement les r cntes
à percevoi.r sur ces immeubles; cette précaution nous donne
un aperçu sur la physionomie de l'ancienne topographie de
Quimper et quelques renseignements sur la demeure ~e
, plusieurs habitants de cette ville.
Ainsi nous voyons à l'article 37 du mois de Février' que ._

la maison d'Azilize Le Corre payant 15 sous de rente

était « sittuée en la rue Mescloaguen vys à vys du puis. »
- Ce puits existe encore.
Article 2 de mai. « Trante soubz sur ung maison vieille
« estant à la rue Neuffve vys à vys de la chapelle Saincte
« Katherine ». La chapelle Sainte Catherine apparte­
nait à l'hôpital de ce nom, et se trouvait alors un peu en
arrière de l'emplacement du Lycée. '

Article 11 d'Avril, « Vingt soubz de l'ante sur la maison
« à pr:.ésent à Pierre Furie sittuée en la rue Benyou (ou

« Viniou) qui est la grand rmaison et q,ui costoie la venelle
« ou rue Mayec (Saint-Mathieu) ' de la porte Médard à
« Sainct Nicolas, quelle maison par avant (appartenait
« sous entendu) à Hervé Furie. »

La famille Furie dont nous venons d'indiquer la rési-
dence était une des plus considérables de Quimper, elle
possédait de 1487 à 1731 le patronage d'une chapellenie
sur l'autel de la chapelle du Sacré-Cœur de la
fondée
Cathédrale; plusieurs de ses membees étaient qualifiés
sieurs du Run, de Keramener et de Kergourant. Elle avait
pour armes d'azur à 3 croissettes au pied haussé d'or. Ces

armoiries se voient . a l'intéeieur et au bas de la chapelle
de la mère de Dieu, près Quimper où les Furic avaient
sans Joute des préémimences. Une tradition probablemellt
erronée; . place un Furic dans la scène des trois gouttes de
sang représentée sur un viteail de la Çathédrale de Quimper,
et lui fait jouer le rôle du dépositaire infidèle. Cette vilaine
réputation persistait encore au commencement de ce siècle'

il est à notre çonnaissance qu'un instant elle faillit rompre
un mariage projeté entre un membre de la maison de

Trédern qui recherchait une personne de celle des Furic'
Nous ajouterons qu'en vieux langage bretonjurie signifie .
petit rusé.
Article 2 d'Août « vingt soubz non oye sur la maison à
« Jean Soubengny en la rue Quéréon, faisant le coing
« comme l'on va en la rue Vinniou. »
D'après les deux articles précédents on est fixé sur l'une .
des issues de la rue Viniou qui prenait naissance à l'extré­
mité de la rue Kéréon, à l'entrée de la rue des
Gentilshommes qui a remplacé au XVIIe siècle une grande
partie de cette rue Viniou, laquelle autrefois passant par
Saint-Nicolas, allait aboutir à la rue des Vendanges en
traçant un circuit très-étroit et très-tortueux. Telle est du
moins l'opinion de quelques personnes contrairement à .
celle de M. de Blois qui la fait aboutir à la place aux
Ruches, à présent place au Beurre; nous nous reconnais-
sons incompétent pour trancher la question.
Article 9 de Juillet: « quclttre livres cincq soubz monoye
« sur la maison cr Adelize Bernard là où elle demeure en
. « la place Maubart vys a vis cassy au croix (presque en

« face de la croix) laquelle a fait novelle reconnoys-
« sance du tems de Maistre Pierre Bonnet Ausmonyer

Article' Il du mois de Décembre ; (( Sur la maison a
(( présent à Renné Le Roy et Marye N'ynon sa feme

« sittné en la rue Quéréon fesant le coing comme on entre
( en la plase Maubart, estant d'un costé à maison à pré­
« sent à Michel Perault le jeune et d'aultre aux bouticles
« en forme d'apateix (boutiques en forme d'appentis)
« appartenant aux héritiers de Charles Goualichet, qua­
« rante soubz monoye. »
Les deux articles ,qui précédent nous apprennent que sur
la place Maubert, alors appelée Maubart,il existait autre-
fois une croix et qu'on y voyait des boutiques en forme -
, d'appentis comme presque toutes celles qui existai'ent à
cette époque; cet emplacement quoique trés exigu était
comme aujourd'hui le centre commercial de la ville.
33 de Février: « Sur la maison rue aux Febvres
Article
« qui fut aultreffoys il Margaritte Le Moign et à présent
« appartient il Pierre Allée et Azelize le Tilly sa feme,
« quelle maison est sittuée d'ugn cousté il maison à
« Maistre Pierre Bonnet et ou il demeure à la Terre au
« Duc, et d'aultee costé à maison appartenante à Bastien .
« Le PrédoUi' cincq soubz monoye ». Ici nous avons
, connaissance des habitations de deux Aumôniers, Maistre
Pierre Bonnet qui fut en fonction en 1574 et Bastien Le
Prédour en 1578.
Article 6 de Juillet: « Sur les herittaiges aultreffoys à
« Jehan Poul pic prestre cincq soubz monoye quelle l'ante
« estoict debu sur la maison du dict PoulplC estant en la

« rue Neuffve entre la Madellène' et le grand arbre ». La
ch3,pelle de la Madeleine qui servait en ces derniers temps
d'atelier à un forgeron et qui a été démolie il y a quelques
était un monument qui remontait au XIIIe ou au
amiées
XIVe siècle au plus tard, elle occupait l'emplacement de la
maison .n° 23 de la rue Neuve qui forme le coin à gauche
' lorsqu'on monte à Pen-ar-Stang ; le grand arbre men­
tionné dans l'article est souvent cité par les anciÈms titres

repert pour les délimitat~ons des propriété
comme point de

.du · voisinage. Cette maison n° 23 qui remplaça la chapelle
la Madeleine~ où fut pendant plusieurs siècles honorée

la grande pécheresse convertie au christianisme, par. une
étrange ironie .du sort, était, il n'y a pas encore longtemps
maison de tolérance.
une
16 de Juin . « ... Sçavoir vingt soubz monoye
Article

« da rante sur la maison ft presant à Jean Souhier là où

« demeure sa feme au Tour du Chattel entre
maIson
« Michel Caignart et maison prébendalle au
docteur .

« Théologal, etc. »
Jean Souhier est souvent cité dans le rentier comme
un rièhe propriétaire possédant de l1mnbreux · immeubles à
Quimper.

Janvier· « ... Sur la maison à Maistre
Article 28 de
« Hervé Toulanlan et Margaritte Kerlozrec sa feme, à
« présent à autre Maistre Hervé Toulanlan sieur de Ker­

« fentunyc leur filz, la dicte maison estant au Tour du
« Chattel, fesant le coing comme on va aux Reguères,
« et y a bon contraict et la maison bien describe (décrite)

« quarante sept soubz ouict deny~rs monoye.» Nous
dans un autre article que cette maison fut habitée
. voyons
par du Laurent sieur de" la Motte sénéchal de Cornouaille
à l'époque de la Ligue contraindre les habitants
qui voulut
à se soumettre au roi; 'le peuple se souleva et assisté des
Cordeliers qui étaient armés d'arquebuses, il chassa ce
magistrat qui se réfugia à Rennes. .

En 1580 le Tour du C1 Jatel devait être considéré comme
quartier aristocratique de Quimper, c'était aussi la rési­
dence des principaux membres du Chapitre de Saint-

Corentin; outre la maison prébendale que nous venons de
cit?r d'après l'article 16 du mois de Juin, à notre connais­
sance il en existait encore une autre, celle du chanoine
Moreau, l'historien de la Ligue en Bretagne, que M. Le
Men place vis-à-vis de l'une des portes septentrionales de

la Cathédrale, probablement celle qui a longtemps servi
presbytère et sur l'emplacement de laquelle on a bâti

la cure actuelle. .
Il n'est pas facile de nos jours de donner vne description

exacte du quartier dit le Tour du Châtel qui figura plus
tard au nombre des sept anciennes paroisses de la ville; il
avait remplace un ancien château (Castrum) celui que la

tradition désigne comme ayant été donné par le roi Grallon

à Saint-Corentin, premier évêque de Quimper et qui est
cité dans BOS vieux cartulaires aux années 1313, 1336 et
1348. Le Tour du Châtel « Turnus Castri», en breton
Tro-an-Castel, paraît avoir primitivement occupé l'empla-
cement de cette antique forteresse; ses abords s'étendaient
au confluent du Frout et de l'Odet qui le limitait à l'Est,

au Nord il était limité par la place Saint-Corentin et les
maisons qui l'avoisinent, à l'Ouest par une partie de la
rue Kéréon et au midi par la rivière de l'Odet sur les
bords de laquelle furent construits la Cathédrale et
l'Evêché: Telle était, propablement à sa naissance, l'en-
ceinte très-restreinte de notre cité qui ne prit un plus

grand développement qu?au XIIIe siècle lorsque de nou­
velles fortifications, que l'on voit epcore en partie, rempla­
cèrent les anciènnes. C'est alors que la paroisse du
Tour du Châtel, nommée aussi de la Chandeleur et en
dernier Îieu de Saint-Corentin prit une certaine e?ttension
en s'adjoignant la rlle des Reguaires, celle de l'Equerre,
aujG'urd'hui disparue, attenante autrefois à la rue Verdérel
et à la pl,ace Toul-al-Ler. De nos jours la paroisse Saint­
Corentin s'étend sur presq lle toute la ville et s'arrête à la
rivière du Stéir; la partie · au delâ, nommée autrefois
Terre-au-Duc, est comprise dans celle de Saint-Mathieu.
Article 19 de Janvier « Sur les hérittaiges aultreffoys
« à Patouat le Chastal et d'empuys à Jehan Kerfynien
près de la chapelle de Sainct Jehan desur le qué de cette

« ville vingt six soubz huict denyers.» Cette chapelle
de Saint-Jean qui s'élevait sur l'emplacement des premiéres
maisons de la rue Vis, situées à gauche de cette rue,
l'orsqu'on y pénétre en venant du quai, a été démolie il 'y a

comman­
quelques années; cet oratoire qui dépendait d'une
derie de Templiers était un des plus vieux monuments de
Quimper; nous y reviendrons dans une notice que nous
avons l'intention de rédiger sur les anciens hôpitaux de
cette ville.
Pierre Lhonoré aprés ' avoir établi son rentier, résume

par rues de la ville de Quimper et par paroisses de la
cOl~trée les sommes dues à l'Aumônerie. Ce travail qui
un chapitre spécial a été fait en vue de recher­
constitue
cher facilement les débiteurs demeurant sur les mêmes
lieux; c'est avec son secours que nous avons pu retrQuver
articles du mois de Février dont nous avons constatés
les
la disparition. Du reste nous ne saurions mieux exprimer

les intentions de cet Aumônier qu'en rapportant. ici l'entête
chapitre où il développe amplement le but qu'il se
de ce
propose; ses indications révélent un administrateur cons­
ciencieux et fidéle exécuteur des devoirs de sa charge.
« Rantier abrégé des l'antes debuz à l'Ausmonerye
tin
« de Kemper faict par Pieri'e Lhonnoré Ausmônier
« d'icelle Ausmonerye en l'an mil V ctz quattre vingtz,
« par lequel on pourra plus essement trouver les noms et
« demeurance des débittel,lrs dés ditz rantes et avec toutz
« les somaires que chacun particullier debvera par an et en
« toutz les mois à la dicte Ausmonerye sans qu'il faille
Il' rechercher article en chacun mois, dont le nom de cha-
« cun se vouera en la pa~oisse, ville, bourg et rue de sa
« demeurance a présent, et qui plus à plain vouldra veoyr

« et connoistre de la constitution de la dicte l'ante et ceulx

{( qui les ont constitués et les ipoutecques dicelles, trouvera
« la raison cy devant au grand rantier ainsin que le dict.

« Lhonnoré . les a peu comprendre tant des livres des
• « comptes par cy devant randuz aux chapittres des" dicts
« rantiers de l'Ausn10nerye et de vieulx rantiers des pré-
, « cédantz Ausmonyers qu'il a peu recoffryr (recouvrer,
« trouver), que aussi de la connoissance et infourmation
« que il a recherché des plus anciens du: pais pour avoir la
({ génaloye (généalogie) des constittues des l'antes et des
« ceulx qui jouissent à présent de leurs hérittaiges tant

« par succeSSIOn
que par ·acquetz, le tout selon le mois et
« article des ditz
consté en teste de chacun article
mois

« cy empres.» .
Les renseignements que nous transmet Pierre Lhonnoré
sur les anciennes familles bretonnei:? qui possédaient des
manoirs et des seigneuries situés en Cornouaille sont inté-
ressants à plus d'un titre; nombre de ces indications pour­
raient avantageusement compléter les lacunes qui existent
dans le dictionnaire d'Ogée, seulement il est regrettable

que le rédacteur du rentier ne nous ai pas transmis la date
des époques où ces personnages existaient, ce qui eùt

permis d'en constater la filiation avec plus de précision.
Nous allons mentionner quelques-unes de ces seigneuries .

Le Manoir de Poulguinan situé sur la rive gauche de
à quelques centaines de mètres de Loc-Maria est un
l'Odet,
des plus remarquables de la contrée; la tradition rapporte
que le roi Grallon en fit une de ses résidences. Le rentier
nous donne de précieuses indications sur plusieurs de ses
propriétaires; nous ne savons si d'autres documents en
font mention; en les rapportant ici et en y ajoutant ceux que
nous fournissent M. Le Men et le dictionnaire d'Ogée, on
pourrait presque reconstituer la liste des seigneurs qui ont
possédé ce manoir depuis le XVe siècle. Avant l'ari.
1431 il appartenait à tune famille du nom de Le Gluydic.
en 1490 et dont les armes étaient d'azur à
qui fut anoblie

trois poissons posés en pal. Cé sont des armes parlantp,,-,

Gluydic aujourd'hui Glizic signifie petit saumon. Pierre
Le Gluydic mentionné en 1467 dans -un titre cité par
M. Le M-en, épousa Lénévèze Cal vez issue d'une riche
famille d'artisans. Les Calvez comme charpentiers ont
considérablement contribué à l'édification de notre Cathé-
draIe, Lénévèze, fille de Jean était petite-fille d'Hervé
Cal vez qui en 1431, signa comme témoin à l'acte de fonda- .
tion de l'Aumônerie de "Quimpel'. Ces deux familles avaient
leur sépulture dans la chapelle du Saint-Sacrement de la
Cathédrale. Hervé Le Gl uydic, ms de Pierre, seigneur
de Poulguinan, devait sur ses héritages une rente de
quarante sous à l'Aumônerie de Quimper. . Ladite rente
fut ensuite payée par Jean de La Coudraye, seigneur de
Poulguinan qui succéda aux Gluydic et qui figure à la
montre de 1562 co'mme deyant fournir deux arquebusiers
à cheval. Sor}. fils, François de La Coudraye, vendit le
manoir de Poulguinan à uri membre de la famille Le Vestle .

probablement parent des La Coudraye. En 1580 Hervé
Le Vestle, sieur de Poulguinan et de La Coudraye, mari de

Guyone de Kerouant, mort qU81que temps avant l'établis-
sement du rentier, devait à l'Aumônerie une rente de dix
livres six sous huit deniers désignée en sept articles; sa
veuve, paraît-il, était d'humeur processive, car après le
décès de son époux elle eût à soutenir sept procès que lui
intenta Pierre Lhonnoré qui la fit condamner à payer à .
l'Aumônerie les rentes qu'elle prétendait ne plus devoir.
Vestle ne laissa pas de progéniture mâle. Sa fille .
Hervé le
Ester Le Vestle, dame de La Coudraye, de la Pallue et de
Poulguinan, épousa François de la Haye, seigneur du
Plessis au Chat; cette dame selon l'expression du chanoine
Moreau était une enragée huguenote, ses habitations de la
Coudraye et de la Pallue (aujourd)huî le grand séminaire)
furént pillées vers 1590 pendant les troubles de la Ligue.
-- Ce manoir pal:?sa ensuite dans la maison de Becdelièvre

une des plus anciennes et des plus riches de la Bretagne,

qui le vendit en 1760 au sieur de Vars, receveur général
des devoirs; celui-ci aprés l'avoir fait rebâtir le vendit en
1770 à 1\1. de Kerrnorvan Le Borgne; il ne reste plus de
l'ancien château qu'une petite tour qui a été adaptée au
nouveau bâtiment. Aujourd'hui c'est la famille de Blois
cette propriété.
qui posséde
La seigneUl'ie de Pratmaria, située à Loc-Ma.ria urès
Quimper, longtemps possédée par une famille du nom de \
à l'Aumônerie huit livres dix sous de
Coëtanezre, devait
Le Men mentionne Jean de Coëtanezre, qui en
rente. M.

1464 s'engagea à payer au chapitre de la Cathédrale de
rente pour divers anniversaires. Cette famille
Quimper une

portait au 1 de gueules à trois épées d'argent les pointes

en bas, rangées en bande; au 2 d'or à la molette de
gueules. En 1481 Guillaume de Coëtanezre à la montre
de cette année est remplacé par son frère Prigent comme
archer en brigandine; selon le , chanoine Moreau, il fit
reconstruire a neuf le château du Granec qui appartenait

à cette famille. , D'après notre rentier leurs successeurs
sont: Canevet de Coëtanezre,- Richard de COëtanezre, -
Michel de Coëtanezre, vieux capitaine, qui au mois de
janvier 1576" commandait les troupes catholiques 'qui
reprirent aux Huguenots la ville de Concarnéau dont ils
s'étaient emparés par surprise, et Vincent de Coëtanezre
qui possédait le château du Granec en Plonévez-du-Faou,
riche résidence qu'il affectionnait et qu'il avait 'considéra­
blement fortifiée; ' en 1593 le capitaine La . Fontenelle,
\ quoique du même parti, par un stratagème odieux, s'em­

para de ce château, le pilla et mit son propriétaire à la
porte. '
Le manoir du Run en Plougastel-Saint-Germain. Le

rentier nous donne le nom des seigneurs qui ont possédé ce
manoir qui est souvent cité dans les titres de la Cornouaille,
malheureusement les dates font défaut, cependant on peut
supposer que le Run appartenait depuis le commencement

du XV siècle jusqu'en 1580 à la famille Le Drenet (ou Le
Dreniel); nous transcrivons ici la liste des propriétaires
qui se sont tnansmis de père en fils ce manoir qui était re-

devable à l'Aumônerie d'une rente de 37 sous 6 deniers .
.. Nouel Le Drenet, . Jehan Le Drenet sergent féodé du
comte de Rohan, père d'un seigneur portant aussi les
noms de Jehan Le Drenet. Armel Le Drennet, fils du
précédent et père de Guillaume Le Drenet qui par alliance
devint seigneur de Kerguiffinec en la paroisse de Plogastel­
Saint-Germain; il vivait encore en 1580 ; vers 1620 le ma-
noir du Run appartenait à la famille Furie. .
Le manoir de Kerstang ,en Gourin, une des plus impor­
tantes seigneuries de la Bretagne payait 60 sous de rente. En
1500, Olivier fils de Guillaume de Kerguz par son mariage
avec Jehanne de Km'gouet devint propriétaire de cette terre.
Son fils Louis lui succéda et "fut père d'Antoine qui vivait
en 1580 et dont les descendants en ligne directe, d'après
Ogée, étalent représentés en 1770 par M. Kergus de Kers­
tango
l'article 1 du mois de juin la famille de Keratry devait

une rente de 20 sous à l'Aumônerie; cette rente était ga­
rantie sur une seigneurie située dans la paroisse de Ploaré
et qui est aujourd'hui divisée, il n'en reste plus qu'un seul
moulin qui a conservè le nom de Keratry et qui en rappelle
le souvenir. Cet article nous apprend que d'après les an­
ciens 'comptes et vieux rentiers les seigneurs de cette terre
qui se nommaient précédemment de Kervyre quittèrent ce
nom pour prendre celui de Keratry qu'ils ont depuis porté.
Cette particularité est probablement peu connue.
Nous voyons d'après le rentier que la haute société de
Quimper ne se composait alors que de la magistrature et
du clergé dont les principaux membres demeuraient Tour
du Chatel et aux environs. La noblesse quittait rarement
ses manoirs et vivaient dans ses domaines; ce ne fut que

plus tard, au milieu du XVIIe siècle, qu'elle vint en partie
s'établir dans la ville faisant choix de la rue Obscure (ou
et de celle des G~.ntilshommes dont le nom date de
Royale)

cette époque .
Nous donnons ici d'après le rentier la liste des personnes
hors de Quimper avec indication des
nobles résidant alors
à l'Aumônerie, nous y ajouterons
sommes qu'elles devaient
leurs noms et ]e lieu de leur résidence mentionnés aux
articles du rentier. Plusieurs de ces familles sont encore
par leurs descendants .
aujourd'hui représentées
Ensuilt les noms des gentizhomm,es qui demeurent hors la
tin
Kemper qui debvent rentes à r ausmonerye de
ville de
tin
Kemper reezues aux rentyerfs que ey devant et premier.
Le seigneur de Pratmaria (Vincent de
lOs. · »d.
par troyes articles. . . . .. 8 1.
Coetanezre)
Le sieur de Kergouvan (ou Kergonnan)

par deux articles. . . . . . . . . . .. ... »

Plus le di ct sieur de Kergouvan dem­
puix (depuis) en Ergué-ArmeL. . . ... 11
La Déme (dame) de Penanrun (dlle
Ergué-Gabéric).. 7
Marguerite Marion en

Le sieur de Kerfors (Jehan de Kerfors

en Ergué-Gabéric). . . . .
Le sieur de Kernaon) Louys de Ker­

sulgar en Ergué-Gabéric). . . . . . . .. »
Le sieur de Mesaullès (J ehan Kersulgar

en Ergué-Gabéric). . . . . . . . . - . . .. 4
Le sieur du Moustier (Guillaume Le Cor

en Saint-Evarzec). . . . . . . . . . . .. »

Le sieur du Louch et Consort (Le Loch

en Kerfeunteun) . . . . .' . . . . . . . ..» 12
L'hérittaige de Botmeur Kerinezre
Botmeur en Pluguffan). . . .• » 100
(Yves Le

Le sieur de Kerarmé (en Pluguffan).. » 1. , 30 s. » d.
La dème de Pratanrass (Jehanne Le-
songar en Penhars). . . . . . . . . , .. »

Le sieur du Marchallach (en Plonéis). »
Monsieur de Bois et de Guengat (J ehan
de Guengat) à Vannes par deux articles. 4
La dème de la Couldraye et Poulguinan .
(dame Guyone de Kerouant en Trèméoc)

garde de son fils par sept articles ...... 10
Le sieur de Kerferiguin (Rènè de Ker ...
feriguin en Loctudi) ...... '. ' . . .. ;1)

La dème de Pratgonarh,garde de sa fille

(en Loctudi). . . . . . . . . . . . . . .. »
. La dème de Penanrass (ou Penanros,
dlle Marie Toullanlan à Kerfuntunic
en Plobannalec). . . . . . . . . . . . .. » »

Le sieur de Kerfuntunic (Hervé de Toul-
lanlan en Plobannalec) par troyes articles 28
Le sieur de Kerjestin (Hervé Le Du en

Treffiagat). . . . . . . . . . . . . . . .. » 10
Le sieur de Penanlan (Jacques ou Yvon
Penanlan en Plomeur). . . .. . . . .. » »

La dème ·de Les Narvor (Leznarvor en
·Ploevan). . . . . . . . . . ~ . . . . . .. » »

Le sieur de Kerguinit (Jean Treffranc
en Pouldreuzic) ...... ' , ' . ,'. . .. » »
Le sieur de Gouandour (en Pouldreuzic) » »
Le sieur du Logan (sieur aussi de Les-
pervez en Pouldreuzic) . . . . . . . . .. » 7
Le sieur de Kerguifynec (Guillaume Le .
Drenet en Treguennec) en troyes articles » .

dempuix poie autres articles . . . . . .. 8
Le sieur .de Lesmadec (Alain de Les-

madec en Peumeurit-Cap) par deux ar-
ticles ,. . t • • • • • • • • • • • • 0 • • •• » 65

Le sieur de Kersaudy (Alain de Ker-
saudy, sieur de Trochault en Plouhinec). » 1. 20 s. » d.
Ladème de Kermabon,(MarieLe Doulze
veuve de François de la Thour en Esqui-
bien) . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..» 50
La dème de Keridiern garde de son
fils (Jehanne dé Kerferegun en Cléden-
Cap-Sizun). . . . . . . . . . . . . . . .. »

Le sieur de Lesouarch (aujourdhui Le-
zoualc'h en Goulien, appartenait à Jean

Aultre.t, sieur dudit lieu et de Lezergué)
poya 'six livres seullement, son fils le

sieur de Lesergay doict et les a pOy,ès .. 8

Le sieur et dème de Listenbech (en
Pouldergat. Le sieur et dame du Quilly,
le sieur du Quilly était aussi sieur de
Toulgoat). . . . . . . . . . . . . . . . .. » »
Le sieur de Keratry a présent mineur
(en Ploaré). . . . . . . .. . . . . . . .. »

Le sieur de Nevet (en Plogonnec) par
deux articles. . . . . . . '. . . . . . . . . 10
Le sieur de Treseoul (ou Tl!éséol en

Plonevez-Portzai appartenait autrefois à

Allain de Tréanna) . . . . . . . . . . .. »

Le sieur de Rubien (J acq ues Lezandevez) . »
Le seigneur de PouUès (Pierre Le Scanff

en Plonévez-Portzai ou en Plovan). . .. » •
Le sieur de Kerberiou (en Crozon) par

deux articles. . . . . . . . . . . . . . . .

Le sieur de Lanvuillère (aujourd'hui
Lanvuillau en Plomodiern, appartenait à
Yvon de Tréanna, sieur de LanvuiUière)

• par quatre articles le s'ieu!' de Kermorial,

garde. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. »

Le sieur de la Boixière-Lezcuz (Allain
de Lesongar en Plomodiern) . . . . . .. 7 1.
Le sieur de Penguern (Yvon de Penguern
en Loperhet). . . . . . . . . . . . . . .. »

Le sieur de Bodriec (En Lannèdern).. »

Madame Douarière , du Vieux-Chatel"
lle
(d du Bot en Ploeguin près Carhaix). »

La dème ·de Kergùern-Goizec garde de

ses enffan tz (en Goazec). . . . . . . . .. »
Le sieur de Kermelaouen (ou Kervel-
laounne, Jean du RestaI en Guiscriff) ... »
Le sieur de la Ville Neuffve Langoullen, .
garde de son filz par quatre articles (en
Brieç) .................... 8 108

Le sieur de Kreach-Pinidic (Louis

Kersulguen en Coray). . . . . . . . . .. » 60

Le sieur de Kerguz (Antoine de Kerstang
en Gourin). . . . . . . . . . . . . . . ., »

Le sieur de Kerminihy (Pierre du Plézis
en Elliant). . . . . . . . . . . . . . . .. » 25
Madame de Goetguanton, douairière de

Carpé (en Melgven) . . . . . . . ..... 20

Le sieur du Pon (ou du Pou). . . . .. » 15

Le sieur de Kerrenault et du Tron (ou

, du Trauff, Jehan Le Bœuf à Quimperlé), »
Le sieur et dème des Portes sénéchal de

Kemperellé (Marianne de Tréan!la, '- dame

de Kernech-Congar). . . . ,. '. . . . . .. »

Le sieur de Cloazrec (près Quimperlé). ~

• Le sieur de Guengan .M. Ollivier de la
Rivière (en Tourch) ............ 22

. Le sieur et dème du Plessix en Foué­
nant (Hubert Le Roy et Marguerite Ke­
rombert) partroyes articles. . . . . . .. »

BULLETIN DE LA SOC. ARCHÉOL. DU FINIsTÈItF.. - - TOHR VIII. 9

Le sieur de Kerjean en Léon ..... .

La dème de Guenauct en l'évesché de

Vannes (deIT).oiselle Jehanne Savary) ...

(Nota). Nous avons substitué des chiffres arabes aux
chiffres romains designant sur ' le manuscrit les diverses
rentes mentionnées ci-dessus.

Le comptable chargé de la gestion de l'Aumônerie, outre
le rentier dont nous venons de donner une description som­
maire et qui servait à percevoir les deniers de l'institution,
possédait aussi un registre nommé Déal dont nous avons
déjà fait mention et sur lequel on transcrivait les testa-
ments, dotations, les actes relatifs à la vente et à l'achat

des rentes, et les accords à la suite de contestations comme
le démontre l'article 3 du mois de mai qui spècifie: que le
Janvier 1581, au sujet d'une rente de 20 sous que la dame.
de Rubien refusait de payer, cette dame avec le consente­
ment de son mari noble homme Hubert Le Roy '« promict
, « poyer' et contynuer à l'adveunyr, dont les accords est ga-

« ranti sur le dial de ]' Ausmônerie, datté du dict jour et

« sigp.é des parties et des notaires.» Un troisième do-
cument devait ,former le. complément comptabiliaire de
)' Aumônerie, nous voulons parler du registre des dépenses;
malheureusement cette pi'èce importante ne nous est pas

parvenue, elle nous eût procuré des renseignements précieux
svr]e mode de distribution des aumônes, ]e nombre des
pauvres secourus; nous devons à ce sujet nous en tenir à

l'annotation bien abrégée que nous avons trouvée sur le
rentier qui nous apprend qu'en 1584 pendant son adminis­
tration 300 écus furent distribués aux pauvres par Rol­

land Le Dennyc à raison de deux écus et demj par semaine.

Cependant par analogie si nous considérons qu'à la fin
XVIe siècle, à l'époque où l'on se préoccupait de recons­
truire l'hôpital Sainte-Catherine qui avait été démoli
pendant les guerres de la Ligue, les administrateurs de cet

établissement distribuaient aux pauvres qu'on ne pouvait
y recueillir deux p,eniers par semaine, plus des fagots, une

potée de beurre et des fèves., nous saurons approximative-

ment la nature et la valeur des allocations accordées aux
malheureux secourus par l'Aumônerie. D'un autre côté
l'hôpital Sainte-Catherine, en 1590, prenait
nous voyons que
à sa charge les aumônes distribuées aux pauvres honteux
de la ville pour nne somme mensuelle de 15 à ~2 livres, ce

qui est l'indice de la décadence des revenus de l'Aumônerie
ou peut-être de leur extinction. En 1601 le~ pauvres
secourus par cet hàpital recevaient les uns 8 sous et les
autres 5 sous par semaine" sans doute en raison de leur
plus ou moins grande détresse. Pendant un long espace

de temps les documents font défaut et restent muets sur

l'existence, de l'Aumônerie dont les revenus probablement
très-réduits ou disparus en arrêtèrent le fonctionnement.
- Nous apprenons qu'en 1725 seulement, par ordonnance

l'Intendant de la Province, on ramassa les pauvres de
la ville et on les installa dans une, maison léguée par

l'abbé du Bourblanc en vertu d'un acte du 20 décembre
à l'hôpital général ou Saint-Antoine (aujourdr'hui la

prison départementale); cette maison avec un jardin joi­
gnant celui cludit hôpital général reçut pendant quelque
temps le nom de Petit Bicêtre; on la plaça sous la surveil-

lance d'un gardien qui avait aussi eelle de l'hôpital et
recevait une rétribution de 20 sous par jour. Les pauvres '

y étaient occupés et sur le!1-r travail on prélevait une

partie dè leur gain qui était versée dans la caisse de Saint­
Antoine; cette nouvelle institution parait avoir devancé
jours Dépôt de lVlendicité, désignation
celle appelée de nos
prendra plus tard. En 1728, Maître Louis
qu'elle
Procureur au Présidial et aux Reguaires de
Chatton,
Quimper, Administrateur et Gouverneur de l'Hôpital
général s'exprime ainsi : « Payé à M. de Kervazegan

« Dù-ecteur des r.evenus des pauvres honteu;JJ de cette

« ville, neuf livres huit sous pour la renté due à tA u-

« mônerie par . ledit hôpital J) D'après cet article qui

figure dans quelques comptes précédents on est fondé à
sans jouir de son
croire que l'ancienne Aumônerie,
ancienne prospérité, rsecollrait encore à cette époque une
certaine quantité de pauvres dont le n.ombre devait être
est probable que !ses rentes très­
bien peu considérable. Il
diminuées par suite des malheurs du temps furent versées

.à 1'Hôpital général qui en opérait le recouvrement sous
condition d'en remettre ùne certaine partie à l'Aumônerie

qui, en outre s'alimentait de quêtes périodiques et de dons
octroyés parla charité des particuliers. - Le 19 Août
1758, l'Intendant de la province décide que certains
malades détenus dans la maison de Dépôt de Quimper '
niême ville pour
seront transférés à l'Hôtel-Dieu de cette
y être soignés et traités comme les autres pauvres de la

ville. Le nombre de ces malades ayant pris un accrois­
sement considérable, leur traitement trop onéreux pour

l'Hôtel-Dieu, souleva une réclamation des ' administra­
teurs; l'Intendant sans en limiter le chiffre répondit le

16 septembre 1768, que désormais on ne recevrait dans.

cet établissement qu'une certaine catégorie de malades
seulement dans le cas d'une nécessité absolue, moyennant

une rétribution de ' sept sous par jour; q:t:t.'.à '1'avenir,
on devra faire traiter au dépôt de mendicité 'tous

ceux attaqués de fièvre, ~e la gàle ou de mala- '

die vénérienne et qu'on pourra même y faire accou-
cher les femmes enceintes. L'abbécle Kermorvan
Le Borgne, chanoine de la cathédrale avait établi une
filerie dans le Dépôt de mendicité; cette industrie créée
but de contribuer au bien être des pauvres paraît
dans ]e
avoir subsisté jusqu'à la Révolution; en 1781, M. de Ker-
morvan ' demanda . à MM. les Membres du bureau des

Hôpitaux, que MM. les Administrateurs voulussent bien

consentir « a ce qu'il fut autorisé a faire recevoir à l'hôpi-
« tal deux des plus anciennes femmes ayant besoin de ce
« secours, a son choix et tandis seulement que ladite
« filerie sera sur le pied où elle se tt'ouve aujourd'hu~.

« Sur quoi le bureau délibérant et désirant concourir aux

« vues ~ienfaisantes de M. l'abbé de Kermorvan, a arrêté
«. de recevoir au nombre des pauvres de l'hôpital les .d,eux
« pauvres femmes présentées par M., l'abbé de Kermorvan"

« qui les choisira ainsi qu'il voudra et pourra les rem pla-
« cel' de la même manière a la mort de chacune d'elles,

« le tout néanmoins au cas et pendant que la filerie .par
. « lui ètablie subsistera. » ' .

Jusqu'a présent nous n'avons trouvé. que fort peu de

renseignements sur l'ancienne Aumônerie et les établisse-
ments similaires qui lui ont succedé; si plus tard nous
som'mes assez heureux. pour découvrir quelques docu-

ments les concernant, nous nous empresserons d'en tirer
parti pour compléter cette notice ... a notre grand regret,

bien insuffisante.