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Bulletin SAF 1881


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Le siège de Belle-Ile (1761)

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SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1880

Présidence de M. le Vicomte HERSART
DE LA VILLEMARQUÉ

MEMBRE DE L'INSTITUT

Etaient présents: MM. Trévidy, Président du Tri-
Faty, Malen, Le Noble,
bunal civil, Créac'hcadic,
Devaux, Serret et Audran, ce dernier faisant fonctions

··de secrétaire.
A l'ouverture de la séance M. le Président déclare
. ouvert le scrutin pour l'élection d'un Secrétaire et 'in­
vite les Membres présents à prendre part au vote, qui
sera dépouillé avant la fin de la séance .
. Puis M. le Président, au nom de M. Mauriès, Bi~
bliothécaire de la ville de Brest. donne lecture d'une
relation du S~ège de -Belle-Isle par les Anglais en 1761,

et collationnée sur l'original manuscrit .
copiée
Cette communication, précédée d'un avant-propos
très-instructif de .M. Mauriès et contenant des faits
nouveaux ou du moins peu connus, est écoutée avec
vif intérêt, et l'Assemblée décide qu'elle sera insé-

rée au Bulletin. 1

LE -SIÈGE DE BELLE-ILE (1761)

AV ANT-PROPOS

A Monsieur le Président de la Société archéologique
du Finistère.
J'ai l'honneur de. vous transmettre l'Extrait du Journal
du Siège de Belle-Ile en 1761, que j'ai eu le bonheur-de
BULLETIN DE LA Soc. ARCHÉOL. DU FINISTÉUR. - ' Tome VIII. 3

trouver parmi des papiers fort nombreux appartenant à
' M. le chevalier Sevin, capitaine au corps royal du génie.
Je crois que la: reproduction de cette pièce où se. réflète en
rayons éclatants l'héroïsme de la France monarchique né
déparerait pas les Bulletins dont le but est la glorification
de notre vieille et bien aimée Pàtrie. -
D.ans ce documEmt qui porte un cachet d'authenticité ir­
récusable, on suit jour par jour, et l'on peut diee sans être
. taxé d'hyperbole, heure par heure, les péripétie's dramati_
51 ues de ce fameux siège de Belle-Ile, où les v.aincus pou­
vaient dire que si le drapeau de la France se montrait dé­
chiré, il l'avait été par la victoire. -
est bon de montrer, pour rester dans l'impartialité qui

doit être une des qualités essentielles de l'historien, que le '
' règne même de ce Louis XV, dont le nom est jeté en pâ-
ture à toutes les chroniques scandaleuses, eut aussi ses

beaux jours de gloire. Ce fut surtout la Bretagne qui eut'

l'honneur d'être le théâtre de l'énergie, de la nationalité et ,

de l'héwÏsme du p~uple et de la noblesse, lorsqu'il s'agit de
défendl'e le sol sacré de la Patrie où dorment les aïeux en

attendant le jour du grand réveil. . .
Malgré toutes les recherches auxquelles je me suis li-

vré, je ne puis affirmer que le document en question soit
inédit. ' Le contraire me paraîtrait plus probable, car voici'
ce que je lis dans le Dictionnaire d'Ogée, dans la biblio-
thèque -historique du P . 'Jacques Lelong et dans le Catalo-
gue d-e la Bibliothèque nationale:
. « On a imprimé un journal de ce siège ... que tout le monde

connaît .
« Journal du Siège de Belle-Isle ... 1761. In-1'2, nO 24,785.

« Journal du Siège de Belle-Ile (7 avril, 7 juin) ... »

Il m'a été impossible' de pouvoir roe procurer un exem­
plaire imprimé de ce siège pour me mettre â même· de le

comparer au document manuscrit et de saVOIr par consé-
quent d'une manière certaine s'il est inédit ou non. .
D'ailleurs, en admettant qu'il le soit, il reste certain pour
moi qu'il est trés-rare, qu'il n'entre pas dans le domaine
public des lettrés et des érudits, qu'on nc? peQt se le procu-"
rel' que dans quelqués-uns de nos grands établissements
bibliographiques, et que par conséquent. la Société archéo-
logique du Finistére, en le reproduisant, rendrait. service
aux gens de lettres et qu'elle mériterait bien de la Breta-
. gae en vulgarisant l'ext]~ait duJournal de ce siège de Belle-
Ile, dont les héroïques défenseurs ont fait rejaillir sur la
France et sur la vieille Armorique quelques ~ayons de
gloire.
inutile de faire passer sous les
Il n'~st peut-être pas
yeux du lecteur quelques extraits historiques et géogra-
phiques, pour lui montrer toute la célébrité du siège et
toute l'importance de Belle-Ile.
« Le 7 juin 1761, après un long siège, elle passa au
pouvoir de l'Angleterre. Elle avait été attaquée par l'a­
miral Keppel et le général Hodgson. Le chevalier de
Sainte-Croix la défendit avec la plus grande bravoure,
. mais forcé de capituler, il le fit honorablement. Toute la
garni.son sortit par la brèche, avec trois piéces de canon et
tout l'attirail d'usage en pareille circonstance ... » (OGÉE).

« Les Bellilois ont donné en toutes circonstances des

preuv~s éclatantes de leur courage et de leur attachement
à la Patrie. Pour les récompenser, Louis XV leur accoJ'da
. trois drapeaux d'honneur, avec ces glorieuses légendes:

1 Nec pluribus impar; 2° In omni malo fldelis; 3 VLr-
tutem auciori refert, Le premier de ces drapeaux était
blanc, avec les armes de France et de Belle-Ile, trois fleurs
de lis d'or en champ d'azUr; les deux autres étaient bfancs
et jaunes, avec une croix blanche sur le fond jaune. »
. . (T. CHARLEU DE LA TOUClIE).

Les armes de Belle-Ile sont: parti .. le premier d'azur à
trois fleurs de lis d'or, deux et un; le deuxième de gueules
V une orle de chaîne d'or passée en croix et en sautoir.
« Les Anglais s'en sont rendus maîtres après un siège
également long et rneurtrier, et pendant lequel le chevalier
de Sainte-Croix qui y commandoit pour Sa Majesté, a
donné Les plus grande.s p1'euves dJinteUigence .. de fermeté
et de valeur.
« L'état-major de Belle-Isle consistoit en un gouverneur
aux appointements de 12,000 livres, un lieutenant de roi
qui avoit 2,400 livres d'appointements et" 900 li,vres de sup­

un 'aide-major, un . capitaine des portes
lement, un major,
. , et un aumônier, En temps de paix, la garnison ordinaire de
cette isle n'étoit ordinairement que d'un seul bat~illon, »
(L'abbé EXPILLY),

« Le 'Gouverneur de Belle-Isle, Sainte-Croix, et la plu-
part de la garnison, firent bravement leur devoir; après
avoir fait essuyer d'assez grandes pertes à l'ennemi, ils fi­

nirent toutefois par se voir enlever la ville d'assaut et par

être obligés de capituler pour la citadelle (7juin 1761), »
'. (H. MARTIN).

« Une escadre anglaise bloquait . Belle-Isle, et le Gouver-
neur, M. de Sainte-Croix., resté sans secours, était obligé
de capituler après une héroïque résistance. »
(L'Histoire de France racontée a mes petits enfants.
. GUIZOT). _
Nos le~teurs nous sauront gré d'ajouter à ces extraits
imprimés quelques obse~vations inédites tirées des papiers
du chevalier Sevin :
, « J'arrivay à Belle isle le 3 janvier 1766, après midy. Le
4 je visitay la citadelle et ses environs, Il semble que l'on

s'etoit occupé dans le tracé de ses fortifications à faire tout
ce qUI est contraIre a nos_prmClpes :

« 1 Les fronts sont irréguliers; particuliérement celuy
·1 et 2 dont la face droite du bastion 2 n'est que peu flan­
quée, ce qui cependant pouvait se faire.
« 2° Dans le front 3 et 4 le flanc à oreillon du bastion 3
est percé de 2- embrasures recouvertes de voûtes et dont ' .
l'une est tellement dirigée qu'on ne peut pas tirer contre

l'autre flanc .
(( Il est très reconnu que le front 3 et 4 est le plus foi­
ble, et cependant le 8 septembre 1761, les Anglais atta­
quérent celui 1 et 4; ce qu'ils feront toujours en pareil cas,
pouvant battre en brèche de la première 'parallèle et être
m'aître (sic) de la ville scituée au pied des hauteurs qù'ils
occupent.
( A la derniére attaque, il fut convenu de part et d'au- ,
tre qu'on ne tireroit point dessus.
(( A environ cent toises du glacis, il y a sur les hauteurs
six redoutes et quelques redans intermédiaires qui se flan­
quent,on ne peut mieux, et destinées à éloigner l'ennemy.
(( On ne peut qu'applaudir à la position que prit M. Bou-
cher, ingénieur, lorsque les Anglais furent ' maîtres de

l'île, au tracé et au relief qu'il leur donna: elles n'ont que
le défaut d'être un peu petites, ce qui peut contribuer à
l'abandon qu~on en fit; mais elles sont sy razantes, elles
estoient si bien palissadées, fraisées et environnées de
puits que les ennemis se dispozoient à les attaquer en rè­
gle, lorsqu'ils s'apperçurent qu'il y en avoit une qui n'é_
toit plus gardées (sic). ,
(( Belle-Ile en mer, ile des côtes de France, dépendant du
département du Morbihan, à 16 kilomètres S. O. de Qui­
béron et à 46 kilomètres Sud de' Lorient. 16 kilomètres de
longueur, 8 kilomètres de largeur. Périmètre 40 kilomè­
tres. Elle forme un canton dont Palais est le chef-lieu.
Comme le climat en est doux et le territoire fertile on lui

a donné le nom de Belle-Ile. Elle produit du froment en

abondance, et renferme des pâturages excellents où l'on
éléve annuellement sept ou huit cents chevaux de la plus
belle espèce. Les productions maraîchéres en sont fort es­
timées, et l'agriculture y a fait des progrès aussi brillants

que rapides.
« Suivant M. A. Desjardins; l'île de Vindilis représente
Belle-Ile, où les monuments mégalithiques de Bangor
témoignent d'une très-ancienne occupation. D'anville fait
remarquer en outre que Belle-Ile portait encore au XIe siè-
cle le nom de Guedel, dont l'analogie avec Vindilis n'é-

chappera il, personne.
« C'est un mouillage excellent, et l'on y remarque un
phare de premier ordre il, feu tournant. Au moyen âge elle
. dépendait de l'abbaye. de Quimperlé et fut erisuite cédée il,
Charles IX, puis achetée par le fameux surintendant Fou­
quet; enfin sous la Régence (1718) elle fut réunie il, la cou-

ronne) . .

« MAURIES,

" Bibliothécaire de la ville de Brest et

SeCl'étaire perpétuel adjoint de la So­
ciété d'agriculture de Brest. II

EXTRAIT DU JOURNAL DU SIEGE
« Le 7 avril 1761, à la pointe du jour, on eut connois- .
sance d'une escadre angloise qui ven oit du large et fesoit
route sur .la partie la plus méridionale de l'isle. Quelques
fregattes passèrent en dedans des cardinaux. Le régiment
de Bigore fut prendre poste à la hauteur de Sauzon, et du
grand Sable. Ce Régiment aux ordres de Monsieur Miche- '

let., lieutenant-colonel, étoit charger (sic) de pourvoir à la
deffense de la côte, depuis le grand Sable j'usqu'au Port
Endro. A neuf heures, la flotte doubla la pointe de St Foy,
et à midv elle étoit mouillée entre l'isle de Houat et Belle-

isle. Après midy, le Régiment de Nice sortit de la citadelle .
A l'exception d'un piquet, un bataillon aux ordres de Mon~
sieur du Bousquet, commandant de bataillon, alla camper
dans la partie de Sauzon et l'autre à Merezel. Dans le cou- .
rant de l'après dîner, on travailla à la qittadelle à blinder
les citernes. Le bataillon de . milice de Dinan étoit entré
dès le matin .dans la citadelle. Tous les gardes-côtes
étoient repartis à leurs batteries et dans les différents pos-
tes de la cote.

« Sur les 7 heures il se détacha de -la flote quelques gros
vaisseaux. avec deux galiotes à bombe qui se portèrent
vers Sauson. A 8 heures, les Anglais mirent leurs batteaux
plats en mer. Sur les dix heures plusieurs frégates ' mirent

à la voile : Quelques-unes allèrent du côté de Sauson, et
peu après les ennemis jettèrent des bombes et tirèrent du
canon, dans la mème partie. Plusieurs vaisseaux et fré- _
gates après avoir courru un peu au large, arrivèrent sur

la partie du port Endrô et de Lomaria, et les batteaux
plats a la file prirent la même route.
« Mr de St Croix se porta dans cette partie confiée au
Régiment · de Bigore, et fit approcher les compagnies de
Nice qui etoient à Merezel. Vers une heure deux vaisseaux
ou grosses fregates vinrent s'embosser à l'entrée du port
Andro et sy près du rivage qu'un d'eux échoua sur le
sable: la marée le releva; ils firent un grand feu de leur

artillerie sur les postes et sur la batterie de port Andro.
En même temps deux galiottes jettoient des bombes et des
petits boulets au lieu de grenades. Dans le temps de la
basse r11er à droite et à gauche de l'ouverture du port' An­
drô, le rivage présente une étendue de sable assez considé­
rable en longueur; la plus grande partie de ce sable est
couvert par la mer quand elle est haute, et allors elle bat

aux pieds des roche,rs fort escarpés et fort élevés, surtout
à la gauche en regardant la mer. .
« Sur les deux heures, trente six batteaux plats, portant
chacun cent hommes, s'avancèrent en trois divisions, la
première et la deuxième chacune de neuf batteaux et la
dernière de dix-huit. La mer commençoit à monter. La
première division mit pied à terre, les uns à droite, 1es
autres à gauche, et le plus grand nombre. au centre. Les
. troupes débarquées à nôtre gauche montérent par des ro-
chers jugés impraticables. On ne les découvrit que quand
elles furent formés (sic). Sur la hauteur estoient cent gre-
nadiers.

« Mr Grand qlli commendoit deux piquet (sic) du régi­
. ment de Bigore et qui étoit prés du Port-Andro se porta
sur eux, essuia leurs feux, et les chargea, la bayonnete
(sic) a~ bout du fusils (sic). Tous furent tués ou blessés, à

l'exception de cinq qu'on vit fuir. Monsieur Dumont, capi-
taine de Bigorre (sic) fut tué et Monsieur Grand blesse
d'un coup de bayonnete dans la poitrine. La descente à

notre droite fut apperçue par Mr de Melet, capitaine de
Nice qui la repoussa. Cet officier avoit avec luy trois com-
pagnies de son régiment et soixante gardes-côtes. .
« Après avoir repoussé l'ennemi dans cette partie, il
se porta dans un retranchement d'où il découvroit et faisoit
feu sur les Anglais. A l'attaqu,e du centre qui étoit la plus
considérable le régiment de Bigorre la soutenoit avec avan-
tage, mais secondée par les trois compagnies de Nice, les
ennemis furent bientôt dispercés, fort peu purent se rem-
barquer. Le reste fut pris ou tués (sic) et quelques batteaux
coulèrent bas. Monsieur Michelet fut blessé d:un coup de
fusil au genoüil et le lieutenant des grenadiers fut tués (sic).

Les batteanx plats restèrent fort près, ce qui fit craindre
une seconde descente, mais elle n'eut pas lieu.
« Les vaisseaux qui avoit tsic) courrü dans la partie de
Sauzon y étoient encore à l'entrée de la nuit et tirèrent de
tems en tems quelques coups de canon. Une par~ie des
bâtiments de tr.ansport gardèrent la position qu'ils avaient

prise: Les autres et plusieurs vaisseaux de guerre étoit
(sic) mouillée (sic) vis-à-vis Port-Maria et Port-Andro,
en tirant vers la baye.

« Ce II?-ême jour la'grande citerne fut blindée, la petite fut
a1;lssy, à l'exception des terres, et les blindages devant les
portes des souterreins (sic) sous le grand quartier furent
commences.

« Il s'éleva un vent violent du nord-est qui fit perdre aux
Anglais vingt-sept batteaux plats qu'ils n'avaient pas eu
le temps de rembarquer. Vers la fin du. jour, il y avoit qua­
torze à quinze bâtiments vers la pointe de Pouldu. Quoi
qu'on , eùt lieu dé croire qu'ils cherchoient ~ se mettre à
l'ab;y, Monsieur de St-Croix y envoya des troupes; c'étoit
le seul endroit où vù le vent, Il n'étoit pas absolument im-
possible de former une descente.

« Le vent siétant un peu calmé dans la matinée, on eùt
lieu de craindre pour Sauzon et Pouldu. Les ennemis n'en-
treprirent pourtant rien. Les 11, 12, 13, 14.., 15 et 16, et
même juSqU':~LU 21, il ne se passa rien de nouveau . Le soir
du 21 on remarqua seulement braucoup de signaux' dans
l'escadre.

«( A sept heures et demie du m.atin, six vaisseaux et trois
galJiotes à bombes firent un feu trés-vif et continuel, sur
la côte depuis la pointe Darzie jus~u'à celle de Lomaria,

et enfiloit (sic) les deux côtes de cette pointe. Enfin à trois '
heures et demie du soir, les chaloupes commencèrent à

débarquer dans une anse à gauche de la pointe, en regar-
dant la mer. Les troupes qui débarquèrent furent chargées,

tout fut tué ou pris par les piqtrets du régiment de Nice .
Rn même temps un .plus grand nombre d'Anglois descendit

à la pointe méme de Lomaria. La situation du terrein et
le feu des vaisseaux firent qu'on ne _rernarqua les enneinis
descendus que lorsqu'ils furent supérieurs en nombre, et

en bon ordre.
« NP' de Ste-Croix les ' fit charger à plusieurs reprise's,
mais il fut impossible de les renverser. Mr_ de St-Croix

voulant faire un dernier effort, ordonna à une partie du

régiment de Bigorre de prendre les ennemis par leur flanc

gauche, en même t'ems q lle Nice les prendroit par ]e droit.
Cet ordre ne fut point exécuté et le commande~nt de Bigorre

mena son corps à ' l?endroit où étoit Nice, ce qui empêcha

cette attaque d)avoir lieu; la plus grande partie des officiers

du bataillon de Nice, qui étoit à cette affaire, furent tués
ou blessés. Toutes les batteries de la côte furent enclouées

à un signal qui avoit été indiqué d'avance, et lc~) munitions

jettées à la mer. Vers les 9 heures, toutes les troupes

furent repliées aux environs de la citadelle. Sur-le-champ
on commença à travailler aux redoutes qui avoient été '
tracées d'avance .. et trois furent commencées la nuit mème .

« On travailla a force à 5 redoutes, et vers les huit heures
du matin on apperçut les ennemis arrivant sur la hauteur,
en vue de la citadelle .
. « Ils établissent leur camp près le village de Kerpoint et
portèrent des postes avancès jusqu'à Bortello et le Gouec'h .
On continua les redoutes et on commença à jetter bas les
couvertures des bâtiments de la ' citadelle, pour prévenir
un incendie qui est fort.-à craindre dans Un endroit aussy

resserré.

« Le travail des redoutes fut continué. Les ennemis éta-

blirent leurs postes avancés aux villages de Bortello, Le
Gouec'q et Borsgorsgued. La nuit du 24 au 25 les ennemis

se portèrent en force au village de Bordillia et ils enlevè­
rent une de nos p~trouilles. Dès qu'on les y apperçut le
matin, l'artillerie de la place fit feu sur eux, et sur les
neuf heures on les vit abandonner ce village', assez en
désordre, et le feu y prit en même temps. L'on s'y porta et

J'on trouva qu'ils avoient commencé à s'y reb;ancher. On
continua" avec· vivacité la construction des redoutes. On
reconnü, le jour, que les ennemis retranchaient les villages
de Gouec'h et de Bortello .

« On continua les .redoutes et les ennemis continuèrent à
se -retrancher aUx dits villages. Le soir il parti t un déta­
chement qui se porta à Sauzon et mena dans la place un
convoy de légumes" de beurre et de médicaments qui étoit

arrivé au vieux Château quelques jours auparavent. Le

même soir, les ennemis tirèrent quelques coups de canon.

« Les ennemis jettérent quelques bombes sur les redoutes
pour en interrompre le travail. Ils tirèrent quelques coups
de canon et d'obusier d'une redoute qu'ils avoient cons­
truite au village de Bortello .

« Une galiote à bombes s'approcha de terre du côté de la
pointe de Rammonet et jetta quelques bombes sur les
redoutes. Le même jour les trois redoutes du front d'atta-
que, menacées, se trouvèrent formées dans leur pourtour
par un fossé, un parapet de dix-huit pieds d'épaisseur. La
palissade inclinée en avant fut placée et un abattis d'arbres
tout autour en avant des palissades .

« Au jour on s'aperçut d'un ouvrage que les ennemis fai­
soient sur la hauteur qui conduit à la batterie de Rammo­
net. Cet ouvrage qui étoit à leur droite n'avoit point de
communication avec le , village de Bortello. Trois galiotes
à bombes tirèrent tout le jour sur la citadelle, sans beau- '

coup de succès. Le même jour on continua à creuser des
puits entre la palissade et les abattis des arbres du front
menacé. ' ,

« Les ennemis cherchèrent à interrompre notre travril

avec les pièces de canon qu'ils avoient à Bortello. Le feu de
la place troubla, autant qu'il put, le travail qu'ils faisoient
sur la hauteur qui conduit à Rammonet. On fut tranquille
du côté-de la mer.

Le 1 May

« Aujour on reconnut que l'ouvrage des ennemis était une
grande batterie. On vit quatre embrasures démasquées .
Cette batterie ne paraissoit soutenüe par aucnn paralléle
et n'avoit point de communication couverte par les flancs.
Une piécé de vingt-quatre, placée dans le flanc à orillon du
bastion 3 qui incommodait beaucoup les ennem}s, fut
obligée de cesser de tirer par l'ébranlement total et la chute
d'une partie de son embrasure qui étoit en maçonnerie de '
pierre de taille. L'expérience nous prouve que n'y les em­
brasures ny les plates-formes ne doivent point être en
maçonnerie. Peu de coups les mettent hors d'état de ser­
vir et la réparation n'en peut être ny promte ny bonne.
« La nuit du 1 au 2, le poste avancé du piquet placé à

Rozebosed, commandé par M. 'de la Bretonniére, capitaine
de Niçe, fut enlevé, il étoit d'un sergent et de douze hom-
mes. Il ne s'en sauva que trois, les autres furent faits

prisonniers: Le reste du piquet se reploya a la maison du

'potager, en avant de la redoute n° 4. Monsieur Du ~elet,
capitaine du même régiment y avoit été placé la veille, et
y commandoit à poste fixe et à la maison du potager. C'est
le même officier qui s'étoit distingué à l'affaire du 8 avril.
« Le village de Rosbozed est situé sur le penchant d'une
, hauteur dont le pied aboutit au potager .. On s'aperçut au
jour que les ennemis occupaient cette hauteur par un ou­
vrage semblable à celuy qu'ils avaient élevé sur la hauteur de
Rammonet, èt on jugea que c'étoit une baHerie. Notre ar­
tillerie dirigea son feu sur cet ouvrage. Dans l'aprés diner
les ennemis tirèrent de ce retranchement avec un obusiér
et une pièce de canon sur la redoute nO 3 et 4;ce qui n'.in­
terrompit pas le travail. La nuit du 2 au 3, les ennemis
marchèrent en forces sur le village de Cordilia, où on avoit
mis le feu quelques jours auparavant. Ce poste était
occupé par une compagnie de grenadiers du régiment de

. . Nice, commandée par Monsiem' de Lisun. Lorsque èet offi-
cier fut enveloppé par un nombre très-supérieur, il fit sa
retraite avec un sang froid et une intelligence qui méritent
des éloges. Les ennemis commencérent a s'y retrancher,
et on s'aperçut, à onze heures du Inatin, qu'ils cheminoient

par leur droite, s'étendant du côté dtl village de Nauseol, et
leur gauche gagnant un vallon derriére Bordilia. Le parti.
fut pris de les attaquer la nuit suivante. On continua de

perfectionnel; les l'edoutes de ce front SUl' lequel les enne­
mis déterminoient leurs attaques, les redans entre ces
redoutes furent finis, ils étaient simplement en tranchée .
« La nuit du 3 au 4,l\11' de la Garigu.e, colonel, à la tète

de dix piquets, deux compagnies de geenadiers et les
volontaires de Bertrancly, sortit pour attaquer la tranchée.
Ils y culbutérent l'ennemy. On combla la tranchée clans
plusieurs endroits, ensuite on se retira. Les ennemis ren­
trèrent dans la redoute ou redan, destinée à servir de bat-

terie. Ils en avoi~nt une aussi à leur gauche, et il parais-
soit qu'ils vouloient embrasser la redoute rio 2. En consé­
quence l'on traça deux batteries, près des redoutes nO 2 et
3. Leur direction étoit d'écharpe sur la tranchée, et leurs
feux se croisaient sur le terrain par où vraisemblablement
l'ennemy devait cheminer en· avant.

« Les ennemis firent feu sur les redoutes, principalement
sur la redoute nu 4. On continua pourtant les travaux. Vers
les 6 heures du soir, ils firent feu avec une douzaine d'obu­
siers et de mortier. Quelques coups vinrent dans la cita-
delle . -
« La nuit du 5 au 6 on travailla à la' construction des deux

batteries extérieures, elles ne purent être faites pendant la

nuit, une pourtant à la p-ointe du jour, celle de notre
gauche, mais on la jugea trop. exposée, d'ailleurs dans la

'journée on vit des piquets plantés dans l'alignement de la
tranchée à la droite des ennemis; ce qui fit croire que
dans la nuit, ils voulaient s'étendre par leur droite et em-
brasser la redoute n° 2, et Il fut résolü de porter cette bat-
terie dans le -redan entre les nOS 2 et 3.

« Dès la pointe du jour, les ennemis firent feu avec 12 à
15 mortiers ou obusiers SUl~ la redoute n° 3. Il·y eut qtlel-
ques travailleurs qui étoient clehOl's de tués, on fit rentrer
les autres. Le feu continua toute la journée sur cette partie
et ne flt d'autre mal a la redoutre que de rompre quelques
palissades; pendant la nuit on les remplaça. Le mème
jour, les ennemis battirent à coups de canon la redoute
n° 2, mais ils n'y firent aucun tort. On vit dans la journée '

établissaient différentes batteries le long de ra tran-
qu'ils

chée.

« Le nombre des ou mortiers 011 obusiers qui formoit la
grande batterie des ennemis et qui étoit dans un fond hors
des vües de la place, parut augmenter considérablement;
on compta jusq n'à vingt-cinq obus ou vingt-cinq bombes
dirigés sqr la redoute n° 3, d'autres tiroient sur la cita­
delle; presque tous ces coups manquoient la redoute et
tombaient dans le bourg du Palais, qui est dans un ravin
au pied de la citadelle. Les redoutes nOS 1 et 2 furent battues
à cOllps de cai1on .. , Les ennemis perfectionnèrent leurs

ouvrages et travaillèrent à leurs batteries.

« Les ennemis continnèrent à battre les redoutes et la
place avec des bombes, des obus, et à coups de canon. Les
ennehlis ayant paru du côté de Loctudy, l'on travailla la

nuit du 7 au 8 à la 'redoute n° 5., Dans la même journée au

matin on vit que les ennemis s'étaient emparés du village
de Loctudy. L'artillerie de la place fit feu sur ce village, et
au bout de quelques temps, ils abandonnent ce poste. On
envoya un caporal et quelques hommes qui rapportèrent
des outils que les ennemis avoient abandonnés. Dans la
journée les ennemis reprirent un petit poste que nous
avions sur le chemin de Rammonet et ils se portèrent au
village de P,prt-Halau.

. « La nuit du 8 au 9, on fit reconnoître le village de Port­
Allau, on y trouva les ennemis en forces. Comme ils n'y
travailloient pas, on ne jugea pas à propos de les y attaquer,
on pensoit que les ennemis reviendroient la nuit à Loctudy,
mais ils n'y revinrent pas. /

« Les ennemis firent grand feu de bombes sur la citadelle
et sur les redoutes. Les ennemis ne s'étoient étendus ny
par leur droite, ni sur leur gauche. Il paroissoit seulement

qu'ils construisaient des batteries, et qu'ils vouloient lier

leurs batteries à la hauteur de Rosbosec avec leurs tran-

chées, En traversant le ravin qui les séparoit, ils avoient
même un poste dans le ravin. On jugea qu"ils ne vouloient
pas s'étendre par leur droite, parce qu'on vit qu'ils avoient
faits en avant de cette droite une espèce de redan qui se
lioit par la gorge avec leur tranchée et qu'en arrière de
/ 'cette tranchée ils avoient un retours fort $tendu, presque
d'équerre sur le derrière de leur tranchée. Le même jour,
â dix heures du soir, il arriva une chaloupe de Quiberon
qui amenoit un ingénieur nommé Ml' Blaveâu et un officier

d'artillerie. '

« On reconnut quelques embrasures démasquées à la
droite des ennemis et depuis le village de Port-Halau. Ils

jettèrent beaucoup d'obus et tirèrent du canon à cartouche
sur la redoute n° 2. Ils continuèrent à jetter beaucoup de .
bombes dans la citadelle et des obus dans les redoutes. On
travailloit continuellement il. réparer les dégradations que
leurs bombes occasionnoient aux différents endroits de 'la '
place et surtout sur le parapet tant du corps de la place
que des ouvrages extérieurs. On continua aussy la redoute
n° 5. Les ennemis inquiétèrent le travail avec du canon et

des obus. Le même-jour le bombardement continua et le
feu du canon et d'obusier sur les redoutes; on reconnut
qu'ïls avoient travaillé en avant du village de Porthalau et
qu'ils y avoient établi une petite tranchée pour protéger
une batterie qu'ils construisoiÈmt.
« Le bombardement continue ainsi que le feu d'obusiers

et de quelques pièces de canon sur les redoutes du front
d'attaque. On vit neuf embrasures de gorges sur les
redoutes, et l'on jugea qu'une pa'rtie de leur parallèle seroit
bordée de batterie. .

« Dès la pointe du jour, sept pièces de' canon et vingt-six
obusiers tirèrent sur la redoute n° 2, et ils, continuèrent
toute la journée. Ils tirèrent en même temps de différents
endroits sur les redoutes et sur les batteries de la place. Le
bombardement continua vivement sur la citadelle. Il y eut
dans la redoute n° 2 sept ou 8 hommes de tués ou blessés .

Pendant la journée on, représenta à Monsieur de Sainte-
Croix que les redoutes ne pouvant être attaquées en plein
jour, on pourroit y ' lais~er moin~ de monde pendant le

jour. Mr de Ste-Croix consentit et donna ordre à l'officier
supérieur de piquet d~ jour de tirer a'u grand jour trente
BULLETIN DE LA Soc. ARCHÉOL. DU FINISTÈRH. TOJ\'IE VIII. 5

hommes de chaque redoute. Ces 30 hommes devoient res­
ter à couvert à portée de chaque redoute, et y rentrer au
moment que les ennemis feroient le moindre mouvement
pour y marcher.
« La nuit du 12 au 13, le feu continuasllr la redoute n° 2; .

cela n'empêcha pas l'Ingénieur de service de réparer les
dégradations que le feu des ennemis avoit fait le jour, et
une heure après minuit, les palissadés étoient remplacées
et le parapet remis au même état qu'il étoit avant que l'en­
nemi eut fait feu sur cette redoute.

« A cinq heuree du matin les ennemis sortirent au
nombre de trois cents hommes du vallon de Porthalon. Ils
attaquérent la redoute du n° 1. Monsieur de Guyenne, capi-
taine de Nice, la défendit vigoureusement. Monsieur de
Varre qui devoit y entrer s'y porta avec les trente hommes
qui étoient sortis, et voyant l'ennemi plier, il le chargea,
le chassa jusque dans' ses retranchements du vallon de
Porthalau et rentra dans la redoute.
« Dans le même tems les ennemis partirent en assez .
petit nombre de la droite de leur grande batterie qui étoit
aussi à la droite de leurs tranchées. Ils se portèrent sur la
redoute n° 2. Un capitaine de Bigorre qui y étoit en sortit
avec cinquante hommes: le lieutenant et la plus grande
partie de cette troupe se retirèrent au Palais. Le capitaine
et quelques hommes furent pris. Le capitaine du même ré­
giment qui devoit y rentrer avec les trente hommes qui en
étoient sortis n'y retourna point. Les ennemis ne perdirent
pas un moment à profiter de ce succés inespéré, ils y firent .
filer beaucoup de troupes de leurs trànchées et s'y trouvè-
en forces. L'officier supérieur de jour se porta en avant
pour reprendre la redoute. Il y trouva les ennemis en force
et se retira à l'entréè de la rue du Four. Les ennemis re-

vinrent en force attaquer la redoute nO 1 et y furent brave­
ment reçus par les troupes qui la défendoient; mais les
officiers qui y commandoient n'ayant presque plus de mu.­

nitions, voyant la redoute nO 2 au pouvoir de l'ennemi. les

troupes qui devoient les soutenir se retirer, et les ennemis
entrer dans le Palais, prit le party de faire sa retraite. Une
• partie commandée par M. de Varre y réussit. M. de Guienne
qui vouloit sortir le dernier, fut coupé et pris avec une
partie de son monde. On envoya ordre aux troupes qui dé­
fendoient les autres redoutes et les postes extérieurs de se
retirer. A onze heures du matin, nous fûmes renfermés
dans la citadelle et les ennemis furent maîtres de toutes les
redoutes et du bourg du Palais. Sur lechamp ils fermèrent
les entrées des redoutes, les ouvrirent aux angles flanqués
et ils élevèrent et renforcèrent le parapet des gorges
Comme nous avions dans le Palais les hôpitaux, des offi­
ciers et des soldats blessés, les commandants convinrent
verbalement entre eux qu'on ne fusilleroit point de la ville
à la citadelle et de la citadelle à la ville, tant que les enne- _
mis ne feroient aucuns travaux. Dans l'après-dîner, les
Anglois lièrent la redoute n° 3 avec le redan nOS 2 et 3.

« On vit que les ennemis avoient fait deux communications
des redoutes nOS 1 et 3 avec l'entrée de la rüe des Ormeaux .
Ils nous avoient fait grâce du bombardement, l'après-diner
du Id: mais, pendant la nuit, ils avoîent ètablis leur batte­
ries de mortiers dans le vallon entre Ramonet et le village
de Porthalau et ils recommancèrent à bombarder la cita-
delle et à y jeter des obus. .
« Le bombardement continua ainsy que la cannonade. Ils .
avoient tourné toute leur artillerie contre la citadelle. Elle

consitoit en sept pièces de gros canons et plusieurs pièces
de douze et de huit. Lés ennemis firent une communication
de la redoute nO 2 et une communication de la ronte n° 3
à leur ancienne tranchée.
. « Le même jour, les ennemis paroissent en nombre dans
le village de Rozière. M. le chevalier de Sainte-Croix com­
manda à M. de Baroville d'y mettre le feu, et l'ordre fut
exécuté, et la plus grande partie du village fut brûlée. On
avoit tracé des traverses dans le chemin couvert, on y tra-
. vail,la la nuit du 13 au 14, et on continua jusqu'à cette nuit.
Cette même nuit, on prit des mesures pour miner et faire
sauter un moulin qui ètait sur les glacis. On travailla
comme on avait fait dès le commencemeni à démolir les
charpentes et les planchers de tous les bâtiments, à enlever
les déblais et à remblayer les entonnoirs que formoient les
bombes tant sur les ouvrages que dans les rües.
« Depuis le moment que les ennemis eurent établi leurs
batteries de mortiers et d'obusiers dans le vallon de Por­
thalau, ils ne discontinuèrent point de jeter des bombes
et des obus. On vit clairement au jour qu'ils vouloient faire
une batterie en avant de la redoute n° 1. Ils voulurent la
déboucher en plein jour, mais l'artillerie de la place les
obligea de cesser ce trayail cette journée. Les ennemis
nous jettèrent des bombes pleines d'artifices. Ils mirent le
feu à l'ancien Gouvernement. On vint à bout de l'éteindre
avec beaucoup de peine. Le feu prit aussy à l'Arsenal et
ce bâtiment qu'on avait conservé pour conduire des eaux à
la cit.erne fut renversé dans la nuit. Pour préven~r un
pareil accident d'ailleurs les mancheres ayant été rompües
dans plusieurs endroits quand même il seroit survenu de la
pluye, elle n'eut pas étè conduite dans la citerne.
« On vit que les ennemis travailloient a une batterie en

avant de la redoute nO 4, au cimetière des soldats où vrai­
semblablement ils vouloient établir une batterie. On ne vit
aucune disposition pour entreprendre du côté du chemin
couvert. Pendant là nuit on détruisit la charpente de l'Ar­
senal et une partie des bois dont le grand quartier étoit
rernpli fut jettée à la mer ou dans la tenaille dont on avoit
retiré l'artillerie. .

« Le feu des ennemis continua comme le jour précédent.

Ils jettèrent des bombes, des pots à feu et des ôbus jour et'
nuit. Ils mirent le feu en différents eudroits; on eut le
bonheur de l'éteindre, même dans la tenaille ou le feu était
violemment allumé dans beaucoup de bois qu'on avait jetté
du grand quartie.r. Les ennemis continuèrent leurs tra­
vaux. Pendant la nuit on continua la démolition et ledeblay
des différentes parties des bâtiments qui etaient susceptibles

de l'incendie. Les ennemis continuèrent le jour et -la nuit
à faire un feu très vif de canons, de mortiers, d'obus et de
pots â feu. Le feu fut éteint partout.

« Je remis â Monsieur de Ste-Croix un état de la grande
citerne, parlequel il paraissoit qu'il y avoit dans ladite ci­

terne 4977 pieds cubes d'eau ou 174207 pintes d'eau. Ce jour
le feu des ennemis continua. Leur artillerie en avant du
nO 1 fut notamment incommodée par une batterie de quatre
piè.ces de canons que M. de Barouvil~e avait établie sur la
face du bastion du Gouvernement. .

« Les ennemis continuèrent à canonner et bombarder,
l'artillerie de la place fit retirer des obusiers qu'ils avoient
placés proche de la redoute n° 5. Ils travaillèrent à perfec­
fectionner leurs différentes batteries. Ils débouchèrent en

plein jour leur communication près le redan entre les re­
doutes nOS 2 et 3, et ils gagnèrent
par deux zizags (1) la

Croix de Mission.

« On vit clairement onze eri1brasures a la-batterie des en­
pernis proche la redoute n° 1. L'artillerie du bastion du Gou­
yernement et celle du cavalier dérangèrent beaucoup cette
batterie et interrompirent la construction et le feu des
a~tres batteries de la place fut dirigé sur différents points

où l'ennemi établissait des batteries.
« La batterie des ennemis proche la redoute n° 1 mena­
çant et voyant a découvert le bastion du Gouvernement, on
craignit que leur intention ne fut de le battre en brèche,
la brèche soit difficile dans cet eI].droit, Comme le
quoique

bastion renversé ouvre la place, on fit, cette nuit un p'etit
travail pour établir des fougasses dans la tenaille au pied
ennemis fut un peu ralenti par le
de ce bastion. Le feu des
mauvais temps, et d'ailleurs nos bombes avoient pu les in­
commoder.

«( Le feu des mortiers ennemis continua; il fut pourtant
moins vif., et on vit cinq embrasures de plus a leur grande
batterie. Nous jugeâmes qu'ils établissoient quelques bat-
teries de mortiers ailleurs. On dirigea sur leur grande bat­
terie le feu de nos mortiers et du canon qui voyoit cette
partie. Mr de Barouville traça une batterie sur la courtine
qui faisoit face a cette' grande batterie. Ce jour les four­
neaux sous le moulin furent finis et la mine chargée .

« On s'attendoit que la batterie des ennemis proche le n° 1
(f) Zizags, tranchée étroite fOl'fiant une suite d'angles aigus et dis­
façon qu'aucune de ses parties ne puisse être défilée de la place.
posés de

tireroit ; il n'en fut rien. On avoit pourtant entendu pen-
dant la nuit, mener des pi~ces à cette batterie, et au jour
on y vit une chèvre par dessus l'épaulement. Le feu de la
place interrompit ce travail et dérangea les embrasures.
On reconnut que l'ouvrage en avant de la Croix de la
Mission étoit destiné à faire une batterie. Il parut des em­
brasures à la batterie près cIe la redoute n° 4, et à celle
proche le cimetière des soldats. Le feu des mortiers enne-
mis ne fut pas vif, soit à cause du mauvais temps soit qu'ils
les eussent conduits ailleurs. Ce jour on couvrit avec des
palissades la communicatjon du souterrein crénelé avec le
pot à moineau . . La batterie commencée sur la courtine fut
finie et les pièces en batterie.

La grande batterie des ennemis proche la redoute n° 1,
commença à tirer avec seize piéces de canon; dans ce
nombre il y en avoit du calibre de trente-trois. Tous les
batterie furent dirigés sur celle que nous
coups de cette
avions sur la courtine; ils endommagèrent cette batterie et
les pièces qui la composaient. Cependant malgré leur.
grande supériorité, ils ne parvinrent point à éteindre son

feu, deux pièces tiroient encore. Le soir, le feu des bombes
et des obus fut très-vifs toute cette journée; on continua
les démolitions pour se mettre à l'abri des incendies; et
pour se procurer des bo is de blindage. Pendant la nuit du
23 au 24, la batterie de la courtine fut remise en état et les
pièces endommagées remplacées.

« La batterie de seize pièces recommença à tirer sur la
nôtre de la courtine: cette dernière fut fort incommodée.
Le feu des ennemis ruina en partie les 'murs du parapet
dans lequèl les embrasures étoient ouvertes, èt les terres

s'éboulèrent; à la fip. du jour, deux pièces tiroient encore.
On aperçut des embrasures à l'ouvl'age proche de la Croix
de la Mission, et la batterie proche le cimetière des soldats
degorgea des embrasures dont la direction étoit sur le ca­
valier. On tira et on t.ravailla à des traverses dans la partie
de l'enveloppe qui fait face au havre. Pendant la nuit on
retablit la batterie de la courtine.

« La batterie de la courtine fit feu dès la pointe du jour,
malgré celuy des pièces de l'ennemi, des obusiers et des
canons placés à la batterie du cimetière des soldats. Les
pièces des batteries de la place furent fort incommodées;
les ennemis tirant au-dessous du cordon pour degrader le
parapet de cette batterie, firent tomber une grande quantité
de pierres et de terres. On travailla pendant la nuit, à les
deblayer. Cette mème nuit la batterie sur la courtine fut
rétablie. On continua le travail des traverses de l'enveloppe,

« Les quatre pièces de la conrtine tirèrent encore, mais à
la fin du jour, l'artillerie des ennemis mit les deux pièce~
du centre de cette batterie hors d,'état d'être remises en
batterie, les moëlons étant detmits par une brêche : dans
la courtine, Monsieur de Barouville, commandant de l'ar­
tillerie fut blessé par une pierre q~lÎ lui tomba sur l'épaule.
On travailla à déblayer la brèche pendant la nuit. Les enne­
mis avoient établi de la veille une batterie de mortiers à
. l'entrée du bourg du Palais, une autrs derrière la redoute
n° 3 ; et celles proche la redoute nO 4 et du cimetière conti­
noient un feu très vif d'obusiers et de canons. La nnit pré­
cédente, le feu de msusqueterie de l'enveloppe et d'une'par­

tie du chemin couvert empêcha les ennemis de l'établir dans
une tranchée, sur le penchsnt de la hauteur, entre la

redoute n° 3 et le mur du Bour du Palais. Cette nuit ils
firent cet ouvrage: dès le matin, ils fusillèrent sur toutes nos
défenses et interrompirent la communication de nos po­
ternes aux ouvrage~ extérieurs, jusque dans les fossés du
. corps de la place. .
« On travailla cette nuit du 26 au 27 à couvrir les com-

munications susdites. On continua le travail de la batterie
sur le cavalier. Le feu prit aux décombres que l'on avoit
jetées dans la mer et qui formoient un brasier considérable:
on prit les précautions nécessaires pour éviter la commu-
nication soit aux poudres des batteries, soit aux différents
endroits de la citadelle ou il y avoit des matières inflam­
mables.

« Le feu des ennemis continua, et les · deux pièces qui
étoient sur la courtine faisoient feu; la grande batterie des
ennemis dirigea son feu sur la partie de l'enveloppe qui
couvroit la courtine à l'endroit ou ils avoient commencé
une brèche. Ils firent grand feu de mousqueterie sur l'en­
veloppe, sur le chemin couvert et même sur nos commu­
nications dans le fond du fossé. La nuit du 27 au 28, on
continua le deblay de la brèche. On couvrit la communi­
cation des fossés et on prolongea le rempart de l'enveloppe
à l'endroit. où elle n'étoit fermée que par un mur. Ils conti-
nuèrent à tirer au pied de l'enveloppe. On continua la cons-
truction de la batterie sur le cavalier. .

Deux pièces de la batterie sur la courtine tirèrent encore
toute la journée, et, à la fin du jour, elles se trouvèrent .
fendües. Les ennemis continuèrent à battre la courtine et
battirent en br-êche la face du demi bastion du grand ca­
valier. Dans l'après-diner, on eut connoIssance de l'arrivée

d'une escadre angloise; elle était composée de quelques
vaisseaux de guerre, de frégates et de bâtiments de trans­
port qui débarquèrent les troupes . Le feu de la batterie dès
et obus et de l~ batterie du cimetiére
seize pièces de bombes
fut vif comme à l'ordinaire. On vit les jjnnemis travailler
dans ue jardin de la ville. Leur tranchée qui s'étend oit par

la gauche jusques au mur qui ferme -le jardin de Mr Savi-
gnon, fit aussy un grand feu de mousqueterie. La nuit on

continua le déblai de la brèche de la courtine, et on fit un
blindage le long du pied de cette courtine pour pouvoir
faire jouer les fourneaux .

« La batterie du cavalier commença à tirer de ses trois
pièces. Les ennemis y dirigèrent une partie de leur feu,
mais lia grande batterie continua de battre en brèche l'en­
veloppe. On fit un retranchement dans le terre-plein de
_ l'enveloppe, pour qu'au moment que l'éboulement de ce re-
vètement qui est élevé de 54 pieds au-dessus du rocher fer-
meroit la brèche, elle se trouva retranchée. On travailla,

cette nuit à ceretrancherrient et à la réparation du cavalier
qui avoit beaucoup souffert pendant la journée. On ne .dira
plus que le feu des bombes, des obus, continu oit toujours;

ils les tiroient d\me batterie de la ville, d'une autre pr'oche
. la redoute n° 3 et d'une autre part celle du nO 4. On aban-

donna le moulin sur le glacis, parceque les ennemis l'ayant
battu, pendant deux jours à coups de canon, l'avoit percé.
On fit jouer les fournaux qu'on y avait prépàrés, et il fut
rase.

« Dès le matin, la batterie du cavalier se trouva r~tablie
- et ses trois pièces tirèrent' à la pointe du jour. On continua
le retranchement de la brèche. On s'aperçut que les ennemis
partoient du pont de l'hôpital par une communicat!on qui -
gagnoit un mur qui est au dessus des maisons placées dans

un fond au pied des glacis. Ils développèrent une tranchée
un peu en arrière de ce mur. La batterie de dix pièces
j~urs
que les ennemis avoient démasquées depuis quelques
tira. Enfin, à neuf heures du matin, avec sept pièces: les
autres tirèrent dans l'après-diner. Trois pièces des
trois
ennemis tiroient à la brèche de l'enveloppe et sept à la face
du bastion du Gouvernement et au flanc droit de ce bastion.
La nuit ... on continua le retranchement de la brèche et le
retablissement de la batterie du cavalier .

« Le feu du cavalier recommença et celui des ennemis
continua. La nuit on étoit assez tranquille de part et d'auüe.
Les ennemis avoient perfectionné l'ouvrage de leur gauche,
et ils avoient crenelé tous les murs d'où ils pouvoient faire
sur le chemin couvert et les autres ouvrages de la place.
feu
La plus grande partie du feu des ennemis étoit dirigée sur
le demi bastion de l'enveloppe où la brèche se formoit à .
vue d'œil. Mr de Sainte-Croix avoit été la reconnoître tous

les jours. Cette nuit, il envoya un soldat de Nice pour la
mesurer, et on reconnut que la maçonnerie n'avoit pas en­
core été percée. On continua le retranchement en arrière
de la brèche et l'on commença à y mettre des arbres en
abattis. On entend oit les ennemis démolir des maisons dans
le Palais.
« Il arriva cette nuit un officier de la compagnie des
Indes dans une chaloupe: il apportoit des paquets à Mr de
Ste-Croix. Cette mème nuit un accident mit le feu à quelques
matières d'artifices qui étoient sur un entre-sol sous la
voûte de la grande porte. Les troupes qu'on y tenoit ras-
semblées s'étant precipitées pour sortir, avoient foulé aux
pieds Monsieur de Laville, lieutenant de Roy qui passoit
. toutes les nuits dans le chemin couvert ou avec les troupes
qui devoient le secourir en cas d'attaque. Cet officier fut

blessé à la main et au genouil.

Le 1 el' Juin.
« A la pointe du jour, on reconnut une nouvelle batterie
de quatre pièces de canon que les assiègeants avoient
établie dans le bourg du Palais et qu'ils avoient démasquée
en démolissant quelques maisons. Cette batterie étoit des­
tinée à battre en brèche le bastion du Gouvernement et
deux pièces commencèrent à jouer du côté de l'épaule. On
fit feu de mousqueterie sur cette batterie, et dès ce moment
le feu des ennemis fut rompu pour la ville et les ennemis se
mirent à couvert derrière des retran~hements en barriques
pleines de sable dont ils avoient bordé le port et fermé les
avenues des piéces qui y aboutissoient; ils faisoient un feu
considérable de plusieurs maisons qu'ils avoient crénelées.
On commenca dans la journée une coupure dans le fossé
la face droite du bastion partant de l'angle de l'épaule

allant à la contrescarpe pour couvrir la retraite des troupes
par la poterne proche l'angle du flanc. Le fond du fossé du
corps de la place étoit sy en vue du feu de la mousqueterie
de l'ennenii qu'on fut obligé de faire cet ouvrage à sappe
pleine. Pêndant la nuit, on répara la batterie du cavalier
et on continua le retranchement en arrière de la brèche.
On lia les arbres entre eux avec des chaînes et on lee atta­
cha avec des cordes à des troncs d'arbres .et à des piquets
en terre sur le parapet du retranchement .
fichés

« La batterie de la brèche des ennemis continua à battre
ohacun leur objet. Le parapet de l'envelpppe n'étoit pas
encore abattu, mais le pied droit de la porte de la tenaille

fut culbuté. Pendant la nuit, on fit un parapet en arrière
de cette porte avec des bois de charpente et . des terres
entremèlèes. On acheva le retranchement en arrière de la
bréche de l'enveloppe, et on continua la coupure dans le
fossé proche de la poterne du flanc gauche du bastion du

grand cavalier. Nôtre batterie du cavalier continuoit tou­
jours de faire feu. On reconnut à la nuit que le parapet-de
la face du demi-bastion de l'enveloppe proche l'angle
flanqué se séparoit de la banquette.

« Au matin, nôtre batterie du cavalier ayant été rétablie
dans la nuit, elle recommenca à tirer. Celles des ennemis
continuèeent à battre en bréche à l'enveloppe et à l'angle
de l'épaule du bastion du Gouvernement. Dans le courant
de la journée, 'le parapet au-dessus de la brèche de l'enve-
loppe tomba en partie depuis l'angle sur la largeur de
soixante pieds. La banquette resta entière, et, à l'entrée de
la nuit, on reGonnut que les terres éboulées ne commen­
coient à former un talus qu'à huit ou dix pieds de la ban­
quette encore existante. Les terres en arrière étoient
coupées à plomb sur la hauteur de huit ft neuf pieds. On
continua le mur en bois et terres entremêlées proche la
porte de la tenaille. On acheva un petit parapet sur une
traverse dans l'enveloppe. On rompit une porte qui commu­
niquoit à cette traverse et à différentes coupures pour se
défiler des feux de l'ennemi dans les communications de la

gauche de l'enveloppe.

« Les ennemis continuèrent de battre vivement l'enve-
loppe et la face du bastion du Gouvernement. Ils firent
ébouler en partie l'escarpement qui étoit au haut de la
brèche. La batterie que nous avions sur le cavalier four-

nissoit toujours du feu pendant le jour. Les ennemis per-
cèrent un souterrain formant une batterie basse au flanc
de l'enveloppe attenant à la brèche; vers les onze heures,
les ennemis firent un signal de deux fusées: à l'instant
tous leurs mortiers et obusiers tirèrent à la faveur de ce
feu. Une troupe gagna le pied de la bréche. Les uns entré-

rent par le souterrain ouvert, les autres gravirent jusqu'au

haut de la brèche. Les premiers qui parurent furent tués. On
jeta beaucoup de grenades et d'obus sur la brèche. Il partit
un feu considérable de mousqueterie des maisons et des
retranchements qui bordoient le fort. Les maisons étoient
crénelées à tous les étages. Les ennemis s'étant retirés,
on vit qu:ils avoient attaché le mineur à la grande face de
l'angle saillant le plus près du pont. '
l'enveloppe proche
L'endroit où il étoit n'étoit vu que d'une guérite que le
canon avoit détruite. Pour le mieux reconnoitre un Ingé­
nieur -et un grenadier se portèrent à la batterie basse dont
jls trouvèrent la voûte renversée du ,côté de la brèche, un
fusil anglois et des outils de mineur dans les escaliers qui
y conduisoient : On vit qu'ils avoient profité de l'établisse-
ment de leurs mineurs pour tâter la brèche. Leur tranchée
qui règnoit dans le terrain au-dessus des maisons qui sont
au pied du glacis fut prolongée en coupant le chemin de
Sauzon et venoit aboutir sur le pied des glacis.

« Les batteries en brèche des ennemis continuèrent à
tirer vivement: La brèche de l'enveloppe fut élargie par la
chute du parapet sur une longueur de dix-huit à vingt
pieds. Dans la journée, l'angle de l'épaule du bastion du
gouvernement fut renversé. Le fossé du corps de garde et
le rempart de l'enveloppe étant abordables par cette partie,
on ferma le fond du fossè par un abattis de gros arbres et
les remparts par un retranchement qui fut commencé cette
nuit.
« Pendant cette même nuit, un ingénieur alla reconnaî­
tre la brèche du corps de la 'place : il la trouva de soixante
pieds de long et le mur sappé à quatorze pieds de profon­
deur. C'était dans la poterne de ce bastion qu'était l'hôpital.

« Le feu des ennemis continua et la brèche de l'enve-
oppe fut encore augmentée: ils battoient au bastion en
s'étendant du côté de l'angle flanqué, et une fente dans les
terres du terre-plain du bastion qui se communiquoit à la
maçonn~rie du flanc, nous annonçoit la ruine prochaine de
nôtre revêtement et de notre parapet. Sa chute ouvrait le
corps de la place et découvroît la voûte. On assembla un
conseil de guerre où je rendis compte de l'état de la place,
. et l'avis du conseil de guerre fut de capituler aux conditions
que Ml" de Ste Croix nous fit lire.
« Pendant la nuit, on continua lé retranchement sur le
rempart et on en fit un second en arrière. On garnit d'a­
battis le fond du fossé en avantde la caponnière (1) qui
couvrait la poterne la plus proche de la partie de l'atta­
que. A' une heure, les ennemis vinrent encore à la brêche

de l'enveloppe. On le découvrit en nombre de soixante ou
de quatre-ving1s; ils trouvèrent qu'on était en force. On fit
part et d'autre un feu considérable. Us se retirèrent,

après avoir attaché le mineur proche de la brèche, dans
un endroit qu'on ne pouvait voir de la place .

« Le feu des ennemis continua: nôtre batterie du cavalier
tiroit encore, et à neuf henres le drapeau blanc fut arboré.
« Le 9 les ingénieurs Anglois vinrent faire la visite de
la place et des souterrains des autres bâtiments. Il ne reste
que quelques murs très endommagés. On remit au Com-
mandant des Ingénieurs Anglois un plan au trait des ca-
semates et des poternes : les ouvrages n'y sont exprimés
(1) Caponnière, chemin large d'environ 4 mètres, qui est établi
dans le fos&é d'une place forte, quand il est sec, pour aller de la te­
à la demi-lune ..
naille

que par la ligne magistrale. Les troupes ainsy que Partil­
lerie ont été embarquées sur différents bàtiments qui ont
tous mis a la voile a une heure aprés midi et ont fait route '
pour le Port Louis où ils sont arrivés a. cinq heures du
SOIr. .
« Tous les travaux faits pendant la défense ont été pro­
posés et exécutés par MM. BOUCHET; BELAVAU, FAVART
et BEY LIÉ, ingénieurs ordinaires.
« Ce journal est le même que j'ai envoyé au Ministre.
« Au Port Louis, le 3 novembre 1761. .
« Signé: BOUCHET. Àl

(Copié et collationné sur l'originrll manuscrit par M. MAURIÈS).
Il est procédé au dépouillement du scrutin ouvert
pour la nomination d'un Secrétaire. .

M. Aymar De Blois ayant réuni l'unanimité des suf­
frages est prodamé Secrétaire.
M. Faty donne ensuite lecture d'une de3cription d'un
bas-relief qui se trouve dans la chapelle de Notre-
Dame de Kerdévot, en la paroisse d'Ergué·Gabéric .

LE RETABLE DE NOTRE-DAME DE KERDEVOT.
Sur les confins de la paroisse d'Ergué-Gabéric, du côté
d'Elliant, a huit kilomètres de Quimper, on trouve la cha­
pelle de Kerdévot, de fondation princière ainsi que l'attes­
tent les couronnes ducales sculptées sur les murs. Au-dessus
, de la porte de la tour, on remarque une hermine pa88ante~
et, sur les vitraux, des ducs de Bretagne la' couronne en
tête; en outre, de nombreux écussons peints sur les mêmes
vitraux témoignent de la piété des seigneurs des environs
qui s'étaient plu a dotel~ et a embellir cette sainte chapelle.
Parmi ces blasons, M. de Courcy cite ceux des familles de