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SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1880 .
Présidence ' de M. le Vicomte HERSART
DE LA VILLEMARQUÉ
MEMBRE DE L'INSTITUT .
Etaient présents: MM. Hémon, Faty, de Montifault,
Le Maigre, Fischer, Fougeray, Malen et Audran, ce
dernier remplissant les fonctions de Secrétaire.
A l'ouverture de la séance, M. le Président se fai
sant l'interprète des sentiments des membres de la
Société, paie un chaleureux tribut de regrets à la '
mémoire de M. Le Men, notre Secrétaire, récemment
décédé. La Société archéologique du Finistère, dit-il,
dont il avait été le fondateur avec le eomte Aymar de
Blois, fait en lui une perte irréparable. Je la sens plus
. que personne, ayant eu lieu d'apprécier, dans de fré-
quents et intimes rapports,les rares qualités intellectuel-
dont Dieu l'avait doué. Sous l'impression que j'é-
les
prouve et que je ne saurais dominer à mon gré, je -donne
la parole à un ami de M. Le Men, à notre cher Vice
Président, M. Audran, qui va nous lire la Notice '
au ~ongrès de
nécrologique qu'il a déjà communiquée
l'Association bretonne,réunie à Quintin ,il ya peu de jours.
M. R.-F. Le Men, archiviste du département du Finis-
tére, correspondant du ministère de l'Instruction publique
pour les monuments historiques) membre de la Commission
de topographie des Gaules, ' associé correspondan,t de la
Société nationale des antiquaires de F:rance, membre ho
noraire de l'Institut royal d'archéologie de la Grande-Br~"-
tagne et de l'Irlande, membre de la Société des antiquaires
d'Écosse, secrétaire de la Société archéologique du Finis-
tère, etc., etc., appartenait aussi à l'Association bretonne;
il était l'un des secrétaires de la Section d'archéologie au
Congrès de Quimper, dans lequel fui décidé la . reconstitu-
tion de notre Société. L'année suivante, je lisais pour lui
au Congrès de Vannes, une étude· sur la géographie de la
Ille Lyonnaise et la capitale des Osismii, à l'aide des ins-
. criptions relevées sur les bornes milliaires de Kerscao et
de Maël-Carhaix. Cette étude fixe l'emplacement bien dis
tinct de deux villes jusqn'alors confondues par les géo- '
graphes: Vorganium au nord du Finistère et Vorgium à
Carhaix.
M. Le Men collaborait à plusieurs revues de la France
et de l'ètranger.La Revue celtique, la Revue de Bretagne et
Vendée, contiennent de lui de nombreux articles, mais
les plus remarquables se trouvent dans le Bulletin de la
qu'il éclairait de sa
Société archéologique du Finistère,
SCIence.
En dehors de ces articles, nous devons à M. Le NIen, une
édition de l'Histoire de l'Abbaye de Sainte-Croix de'
Quimperlé, par Dom Placide Le Duc, religieux bénédictin
de la congrégation de Saint-Maur, publiée avec notes et
pièces justificatives (1). Cette histoire n'est pas seulement
précieuse pour les habitants de Quimperlé, elle l'est aussi
pour tous ceux qui étudient l'Histoire de Bretagne, à cause
des nombret2x emprunts faits au cartulaire de Quimperlé.
Sous le titre modeste de'Études sur le Finistère, M. Le Men
a réuni les principaux articles publiés par lui dans les
journaux du Finistère. On y trouve des épisodes de la Ligue
Bretagne: la capitulation de Kerouséré, la prise de
. Coet-Frec, le pillage de Mes'arnou, les fouilles du tu-
(1) Un vol. in-8 Quimperlé, Th. Clairet .
mulus de Carnoët et du sarcophage en plomb du Pouldu,
etc., etc.
la méme époque ... M. Le Men rééditait le Catholieon
Vers
Jean Lagadeuc, dictionnaire breton-français-Iatin, pu
blié pour la premiére fois à Tréguier en 1499.
Mais l'œuvre capitale de " M. Le Men, 'c'est la Mono-
de la cathédrale de Quimpe.r (xme-xv siécles),
graphie
,ouvrage du plus grand mérite et qui doit figurer dans
toutes les bibliothèques de ceux qui en France recherchent
les traces du passé (1). '
La Société arèhéologique du Finistère est redevable à
M. Le Men de la création du Musée archéologique auquel
il avait annexé dernièrement une curieuse galerie de cos
tumès bretons.
Notre ami, décédé à l'âge de 56 ans (il est né le 26 août
1824), laisse inachevés plusieurs travaux:
1 L'Inventaire sommaire des archives de l'important
dépôt qui lui était confié ;
2 Le Cartulaire de Landévennec, dont la publication
est impatiemment attendue des savants.
Par cette courte énumération, vous voyez combien a été
laborieuse la vie de notre collègue, et combien est grand
le vide qu'il laisse parmi nous.
M. Audran demande à la Société de permettre à un
vieux camarade de M. Le Men d'ajouter quelques
détails personnels :
Mes relations avec notre confrère, dit-il, datent des
bancs du collége ; c'était en 1842 ; il faisait sa troisième
à Quimper; l'année suivante il suivait le cours de rhéto
rique; il remportait les premiers prix de sa classe et:allait
ensuite à Rennes faire sa philosophie au collége royal.
(1) Un vol. in-12, Quimper, Caen dit Lion.
Muni de son diplôme de bachelier ès-lettres il suivit iL
Brest les cours de l'école de médecine et pendant son
séjour dans cette ville, il étudia la botanique et les langues
vivantes; aussi le retrouvons-nous peu d'années après
professeur d'anglais au collége de Quimper et bibliothè
caire de la ville.
En 1853 il se démit de ces deux fonctions et fut nonl
mé archiviste du département; c'est alors qu'il se livra
aux études archéologiques.
En 1862, le baron Richard, préfet du Finistère, en consé
quence d'une délibération du Conseil génèral portant
création d'un musée archéologique iL Quimper, institua ..
une commission chargée de reconnaître et de signaler les
anciens monuments de diverse nature existant dans le
département. Cette commission, dont notre Président et
moi faisions partie nomma iL sa première séance: pour
Président M. de Blois et pour Secrétaire, M. Le Men.
Telle est l'origine de la Société archéologique et du Musée
dans lequel nous sommes aujourd'hui réunis.
La part que prit M. Le Men tant iL la constitution de la
Société qu~iL la création du Musée est immense. Ses no
tices archéologiques sont nombreuses, et pour les énumé-
rer, il faudrait vous lire les' tables des sept volumes de
notre Bulletin. .
Dans ce grand travail de classement, M. Le Men fut
constamment aidé par une collaboratrice habile et zélée;
est-il besoin de la nommer ~ nous avons tous vu iL l'œuvre
la digne fille de celui que nous pleurons; si ' la Société
archéologique du Finistère avait un vœu iL émettre, ce
serait que Mlle Marie Le Men fût nommée conservatrice
du Musée en remplacement de son père.
M. le Président irouve dans une lettre qu'il a reçue
Mlle Le Men, la confirmation de ce que M. Audran
L'ordre du jour appelle la nomination d'un Secré-
taire en remplacement de M. Le Men; mais vu le
\ petit nombre des membres présents, elle est remise à
i la prochaine séance.
La parole est ensuite donnée à M. Audran pour une
Note que M. le comte A . de Bremond d'Ars se proposait
de lire. .
Je me trouvais dernièrement chez un de mes voisins,
M. Jacques Le Grand, propriétaire à Kerjoa et adjoint au
maire de Riec. En me parlant d'un de ses oncles, ancien
recteur, qui lui avait laissé sa bibliothèque, il me montra
un vieux livre imprimé à Quimper au XVIIe siècle et
composé par un de ses parents, le père François Le Grand,
de la Compagnie de Jésus.
C'est un petit in-12, peu connu, je crois, des bibliophiles
et dont je vous demande la permission de vous entretenir .
Il est intitulé:
. L'INSTITVTION DE LA
CONGREGATION
DES ECCLÉSIASTIQUES
DÉDIÉE AV S. ESPRIT
le tiltre de son Espouse sacrée
Sous
LA SAINTE VIERGE
Erlgée au Collége de la Qompagnie de IEsvs
A Quimper-Corentin.
A QVIMPER-CORENTIN
Chez JEAN HARDOVYN, Marchand
LIBRAIRE ET IMPRIMEVR.
Cet opuscule est divisé en deux parties, la première
porte le titre ci-dessus indiqué; la s~conde est intitulée:
Les Devoirs principaux que r Eglise impose aux Ecclé
siastiques. Il se compose de 218 pages, plus 5 autres pages
contenant l'office du Saint-Esprit. .