Responsive image
 

Bulletin SAF 1880


Télécharger le bulletin 1880

Fouilles d’un tumulus et découverte de sarcophages gaulois à Mahalon

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes


et payèrent 100 livres d'amende. L'alloué d'Hennebont,' Julien
Aumont, manifesta de sp.mblables prétentions, il imita ses ho­
monymes et paya comme eux l'amende de 100 lIvres (Arrêts
des 1 er et 12 octobre et 23 novembre 1668). -
Julienne Le Puisson, dame Aumont, hérita, je ne sais à quel

titre, de la terre de Kerlozret, en Plœmeur, de dame Louis e-

Marie Aumont, religieuse-professe au couvent des Bénédictines

de Quimper (1694). '
En 1705, Julien Aumont, sieur de la Villeblanche, était pré­
sident du présidial de Nantes. Je suppose qu'il était fils du
lieutenant de Carhaix de 166S, Charles Aumont. Julien obtint
une pension de 1,600 livres.
En 1721, un marchand tanneur de Pontscorff, Pierre Pécart,
avait pour femme Perriné Aumont.

Enfin, Hélène Aumont était en 1765 épouse de maître Jean
Cibeau, notaire et procureur à Quimperlé.

M. Faty demande que cette lettre soit insérée au
Bulletin, attendu dit-il, qu'elle présente beaucoup d'in-
la connaissance qu'elle donne
térêt au point de vue de
les noms des différents membres de la
en désignant
famille de ce magistrat et que la publication de ces
détails sera certainement goûtée des sociétaires.
de M. Faty.
L'assemblée consultée acquiesce au désir
M. Audran entretient ensuite la Société de la décou­
verte d'un tumulus près 'de Pont-Croix .

FOUILLES D'UN TUMULUS ET DÉCOUVERTE DE SARCOPHAGES GAULOIS
A MAHALON
Aux dépendances du village de Stang-er-Rhun, sur le ter­
ritoire de la commune de Mahrtlon, et dans la partie qui confine
celle de Plozévet, on apercevait ' il y a quelques années, une
éminence ou mieux un tumulus, régulièrement arrondi dont la .
le diamètre de 38 centimè-
hauteur était d'environ 3 mètres et

tres; le tumulus était composé de pierres mêlées à de la terre;
vers Ip, milieu il existait un fossé ou talus en terre divisant l'é-
. lévation en deux parties à peu près égales. '
Il Y a environ trois ans le fermier de la portion nord voulant
la mett're sous culture la fit aplanir et en enlevant les pierres
il découvrit dans celte partie du tumulus, au niveau du sol, un
sarcophage composé de quatre pierres formant les parois, le '
couvercle n'existait plus; ce sarcophage qui probablement avait
déjà éte fouillé ne contenait rien: c'est du moins ce qui m'a eté
appris par M. le Recteur de ahalon.
Au mois d'avril dernier le fermier de l'autre partie du tumu­
lus voulant comme son voisin la mettre sous culture mit à
découvert deux sarcophages composés l'un et l'autre de quatre
les parrois et d'une cinquième faisant couvercle.
pierres formant
des tombes renfermait les ossements d'un homme et un
L'une
vase ou urne à anses en terre noire et commune pouvant, d'après
les morceaux que j'ai vus à la ferme de Stang-er-Rhun mesurer
29 centimètres de hauteur, 19 centimèLres de diamètre
environ
au milieu, et seulement 14 ou 15 au haut et au bas. Il con-
tenait, d'après ce que m'a dit M. Gourlaouen, secrétaire de
la mairie de Plozévet, témoin de la découverte, un peu de cen-

dre ou de sable fiti semblable à celui qui recouvrait le sol des
tombes; l'autre tombe renfermait le squelette d'une femme; ces
ossements bien conservés lors de la découverte ont été depuis

et brisés par les curieux et sont devenus la propriété
dérangés
d'un visiteur.
La tombe qui renfe~mait les ossements de l'homme était
composée de quatre pierres polies à ' l'intérieur et s'ajustant
aux quatre angles, la pierre fermant le tombeau
parfaiteme.nt
était aussi travaillée à l'intérieur, elle présentait de plus de ce

côté une rainure circulaire s'adaptant aux quatre pierres des
parOIS. '
L'autre tombe était composée de la même manière, mais le
travail était moins soigné et le couvercle n'avajt pas de rainure •

Voici au surplus les dimensions de ces tombes telles qu'elles
ont été relevées par M. Gourlaouen. L'une mesurait de longueur
au salim. 90c., à la partie supérieure t m. 45 c.; et de la1'·
geur à la tête 95 centimètre et 70 centimètres aux pieds; l'autre
ne mesurait que 1 m. 40 c. et 1 m. 18 C.; sa largeur était à la
tête de 65 cent. et de 55 aux pieds.
L'un des squelettes avait la figure tournée vers l'orient et
l'autre vers le ' couchant, les dimensions des tombes ne permet­
pas d'y coucher les corps, qui ont. dû être iuhumés assis'
taient
La sable fin qui g[lrnissait le fond des tombes a été enlevé
avec peu de soin et on n'y a trouvé ni médaille ni objet quel­
conque pouvant nous guider pour fixer même approximativement
à laquelle fut élevé ce tumulus; néanmoins il est pour
l'époque
nous certain qu'il n'est pas romain et l'absence de tout carac­
nous démon tré qu'il est an térieur à l 'introd uction
tère chrétien
du Christianisme en Bretagne; son érection pourrait donc être

fixée au commencement de notre ère.
M. Faty fait des observatîons très curieuses au sujet
par inhumation et par incinération.
des sépultures
Après avoir écouté attentivement l'intéressant mé-
moire sur la découverte d'un tumulus près Pont-Croix,
la conversation s'engage sur ce genre de monument
funéraire et sur les moyens employés pour l'agglomé­
ration des terres ou matériaux qui l'ont formé. M. Faty
regarde la Champagne et particulièrement le dépar-
tement de la Marne comme la contrée de la France où
les tumulus sont les plus nombreux. Les fouilles pra­
tiquées ont produit des découvertes extrêmement inté­
ressantes ; les archéologues qui ont visité l'Exposition
dernière n'ont pas oublié, un char, presque entier, des
harnachements de cheval et les armes qui accom­
pagnaient le squelette d'un personnage important qu'on

avait disposé avec ses attributs dans une fosse repré·
sentant exactement la position où on l'avait trouvé.

M. Faty s'est entretenu souvent avec des ouvriers
de ce pays formés en équipe, qui sous la direction des
MM. Lorain, Nicaise et Maillard procèdent à (~e
savants
genre de découverte. Un jour il leur demandait ce
qu'ils pensaient de ces tumulus qui différaient de
grandeur et d'élévation et quels étaient les procédés
employés pour le transport des terres.
" Voici leur réponse : On a toujours cru dans la
contrée, disaient-ils, que les plus élevés étaient destinés
à des personnages de haute naissance et que les plus
petits appartenaient à d'autres d'une situation plus
aux terres rapportées, comme les
modeste; quant
brouettes n'étaient pas encore inventées en ce temps-

,là, les gens et les soldats du seigneur inhumé les
transportaient, les hommes dans leur chapeau, les
et venaient les placer en mu­
femmes dans leur tablier
lon.
Ces braves gens en s'exprimant ainsi, s'inspiraient­
ils des conversations entendues près des antiquaires
qui les dirigeaient, ou rapportaient-ils une tradition

locale?
Je voulus m'en assurer, ils m'affirmèrent que cette
tradition existait bien avant qu'on eut songé à faire
remon­
dans le pays des fouilles dont les premières ne
tent pas au-delà d'une trentaine d'années.
A ce sujet il est assez intéressant de mettre en paraI:"
lèle l'opinion d'un savant militaire, M. le général baron
au commencement de ce siècle à
Bardin, qui écrivait
l'occasion des honneurs funèbres rendus aux guerriers

de l'antiquité. « Tout autorise à croire que les anciens
« habitants des Gaules ou que les armées d'invasion
« qui y dominaient honoraient les morts illustres ou

« les victimes du champ de bataille par une' in hu­
« mation pompeuse et en élevant un monceau de terre
«sur leurs restes. Pour édifier ce simple et durable
« monument, les soldats défilaient près du lieu de la
cc sépulture, et y déposaient chacun à leur tour une
« certaine quantité de sable ou de pierres qu'ils por­
« taient dans le casque ou le bouclier, telles paraissent
« être ces éminences encore désignées sous le nom de
« tombes et qui parsèment les plaines qui avoisinent
« Buremonde, Louvain, etc ... »)
. La religion chrétienne, ajoute M. Faty, remplaçant.
le paganisme a du dans le principe faire quelques
concessions aux anciennes pratiques, surtout à celles
~yant rapport aux inhumations; de nos jours on
retrouve encore les traces du vieux culte, et à ce sujet
je mentionnerai, dit-il, que pendant ma longue carrière,
ayant habité plusieurs contrées de la France, il m'a

été souvent fourni l'occasion de remarquer dans
quelques-unes, que chaque assistant après avoir
aspergé la fosse avec de l'eau bénite prenait une
poignée de terre et la jetait sur la bière du défunt.
Nulle part je n'ai vu qu'en Bretagne la fosse recouverte
d'un drap qui la dérobe à la vue .
Ne voit-on pas là une réminiscence des cérémonies
funèbres dont vient de parler le général Bardin?
Je vous rappellerai encore, Messieurs, ce que nous

rapporte notre savant confrère M. Le Men, à la page

volume de notre Bulletinau sujet de l'ancien
carn de Bern-Maïn, près du pic du Menez-Hoom et

d'un carn contemporain situé sur le territoire d'Hanvec,

qui ont été formés par des pierres jetées par les

. passants .
( Cet usage de jeter tine .pierre sur les tombeaux
( placés le long des chemins existe encore aujourd'hui
( dans quelques parties du Finistère; mais loin qu'on
acte s'accomplit
( y attache une idée de mépris, cet
( toujours avec un sentiment de respect pour les
sont l'objet. ») .
( morts qui en

Plusieurs pratiques qui me reviennent en mémoire,
paraissent en partie se rattacher aux souvenirs des
à Troyes· et
cérémonies funèbres de l'antiquité; ainsi
dans les environs, à l'office, on porte au prêtre qui les
bénit un pain et une cruche de vin. Cet usage s'observe

aussi dans quelques communes de la Meurthe, à Praye
particulièrement. Dans les pays qui avoisinent les
j'ai vu des pleureuses à gage, les hommes
Pyrénées
portant d'étroits manteaux qui rappellent ceux des
abbés dits petits collets, les femmes enveloppées dans
des mantes noires à capuchon, etc'.
D'autres coutumes ont une signification mystérieuse,
à Arraye, commune à 20 kilomètres de Nancy et

dans les localités voisines, lorsqu'une femme meurt en
couches, on plante aux quatre coins de la fosse des
attache un fil blanc tendu de
baguettes auxquelles on
l'un à l'autre.
En Bretagne, dans les environs d'Elliant, le convoi
mortuaire est précédé par un 'homme portant une
grande lanterne éclairée par un cierge; cette mission
est toujours confiée au plus proche parent du ' défunt.
Ces habitudes bizal res dont on ne connaît pas le

motif doivent remonter à des temps . très-éloignés et
appartenir à un rit dont le souvenir est perdu.
La séance est levée à 4 heures 1/4.

Le Secretai1'e-Adjoint,
L. TANGUY .